"Il y a sur cette terre des fléaux et des victimes ... Il faut, autant que possible, refuser d'être avec le fléau."
Georges Braque (1)
Je ne m'en lasse pas...
Feuilleter ce joyau de la littérature latino-américaine : « La mort d’Artemio Cruz » de Carlos Fuentes.
Flamboyant de poésie, de sensualité et de violence. Crépusculaire portrait d'un richissime mexicain, magnat de la presse, des mines, industries, transports, exploitations agricoles et forrestières. De la finance, inévitablement. Qui pourrait être, sous nos latitudes, n'importe quel de nos "grands patrons" médiatiques, boursouflés de prétentions, la dimension épique en moins.
Mégalomane lucide se regardant mourir, revivant ses trahisons, ambitions, haines et amours. Au sommet du pouvoir, jonglant cyniquement avec politiciens et affairistes, nationaux et étrangers, après l'abandon de ses utopies et combats révolutionnaires.
Requin des eaux profondes de la prédation, corruption et mensonge, prenant conscience qu'il n'emportera rien dans sa tombe. Même pas l'affection, ou le mépris, de ses proches...
Dans mon hamac dominical, ce livre s'est télescopé avec un autre ouvrage. Etrange rapprochement entre deux destins marqués par une frénétique volonté de puissance, dans le rejet de leurs rêves de jeunesse.
"Le Vrai Visage de Manuel Valls" (3)
Précisons qu'Emmanuel Ratier représente un des plus précieux spécimens d'une espèce en extinction dans notre pays, et plus généralement en Europe. Espèce non protégée par les luxueuses gargotes sous label ONG, débordantes de subventions, chargées de défendre la "Biodiversité" dès lors qu'elle ne concerne pas la "diversité de l'information", encore moins "l'exercice de l'esprit critique".
En clair : le "Journaliste d'Investigation".
Son engagement dans la défense de la liberté d'expression et d'information va jusqu'à gérer une librairie dans le 9° arrondissement de Paris. La librairie "Facta". Régulièrement vandalisée par des actions de commandos et nervis, chargés d'intimider, neutraliser, éradiquer, ces fondements de notre vie "d'hommes libres" que sont la Liberté d'Opinion, d'Expression et de Réunion.
Preuve évidente, en Occident tout particulièrement, de l'inéluctable et rapide évolution de nos sociétés actuelles, sous l'emprise de nomenklaturas aussi cyniques qu'implacables, vers un régime autocratique de type féodal. Pour ne pas employer le terme galvaudé de : "fascisme"...
Livre totalement occulté par notre appareil de désinformation, si ce n'est sous les clichés diabolisants des médias de la propagande, trempés dans la fureur et la lâcheté des journalistes "vendus". Hystérie, excommunication, inquisitoriales : parfait exemple de la "Presstitution", comme disent nos amis aglophones.
Comment ne pas les comprendre ?... Il s'agit d'un des plus décapants du genre !... Donc à lire, à promouvoir et faire circuler. La valeur des informations qu'on y découvre étant proportionnelle à la méthodique manoeuvre d'étouffement en cours...
Dans la trajectoire d'un Rastignac, le plus captivant à observer ne sont pas les luttes, ruses, alliances changeantes, pour gravir les marches de l'ambition personnelle, mais : les "reniements".
Le plus significatif pour ma part est, en effet, de constater dans cet ouvrage l'étendue du passé vigoureusement "pro-Palestinien", et farouchement "antisioniste" du personnage !... Allant, il y a peu de temps, jusqu'à se déplacer en Palestine avec des sympathisants français pour visiter des camps de "réfugiés", chassés de leurs maisons et de leurs terres, vicitmes du nettoyage ethnique des extrémistes sionistes.
Quel retournement de veste, depuis !
L'extrait d'un de ses discours, visible dans une vidéo sur Youtube (encore accessible...), en solidarité avec la Résistance Palestinienne, n'en est que plus émouvant ou pathétique... (4)
Récemment, Manuel Valls était donc en mesure d'opérer une distinction évidente entre le "Judaïsme", religion monothéiste dont on se doit de respecter fondements et rites dans le cadre de la Loi de 1905 sur la protection de la laïcité et des religions (5) ; et, le "sionisme", idéologie coloniale fondée, au Congrès de Bâle de 1897, par l'Austro-Hongrois Thedor Herzl.
Idéologie fondée sur l'instrumentalisation, ou la manipulation, d'une religion, que tout citoyen est en droit de remettre en cause ou de critiquer dès qu'elle prétend nier "La Dignité Humaine". Et, la "Vie Humaine", tout court.
Au même titre que tous les "radicalismes religieux" infestant à intervalles réguliers l'espace politique de nos pays, sur tous les continents. Les longues guerres de religions opposant pendant des siècles, en Europe, "Protestants" et "Catholiques" dans d'innommables atrocités, en sont un tragique exemple.
Au-delà de ces considérations relevant de l'Histoire ou de la Géopolitique, et non pas de la Théologie, le fanatisme sioniste de Manuel Valls voulant, à présent, "criminaliser" les débats, quelles qu'en soient les formes, s'appliquant à une idéologie prônant la spoliation du Peuple Palestinien et son apartheid, dans l'hyperviolence et la négation permanente des Conventions de Genève sur la protection des populations civiles, sans oublier les multiples résolutions de l'ONU n'ont appliquées à ce jour, conduit à formuler des "doutes"...
"Doutes" quant à la "cohérence" de la réflexion humaniste ou éthique, "l'équilibre" intellectuel, voire psychologique, d'un individu sujet à des revirements aussi opposés que féroces, en très peu de temps. Ou, encore plus préoccupant, sur la "sincérité" de ses engagements successifs...
A moins, pour paraphraser Pascal, qu'un politicien professionnel, "apparatchik" des arcanes et coulisses des appareils politiques, n'ait pour justifier d'aussi drastiques abjurations ou volte-face :
"... ses raisons que La Raison ne connaît pas " ?...
1. Alex Danchev, Georges Braque - Biographie, Hazan, 2005, p. 220.
2. Carlos Fuentes, La mort d'Artemio Cruz, Folio, Gallimard, 1966.
3. Disponible, entre autres, sur Amazon :
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