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Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes... Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage. Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas. A contre-courant...

Escale à Gwadar…

 

 

 

« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique.

Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment.

Oui, ils sont très durs les américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde.

C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort . »


François Mitterrand

( in Georges-Marc Benamou, Le dernier Mitterrand, 1997)

 

 

 

 

 

 

Paysage lunaire, bordé de vagues. Un port.

 

Gwadar...

 

Depuis la nuit des temps, vivotant de pêche et de cabotage.

 

Alexandre et ses troupes dit-on, dans leur frénésie de conquêtes y passèrent, épuisées, assoiffées ; la flotte du conquérant, sous le commandement de son amiral Néarque, y aurait fait escale pour procéder aux inévitables travaux de maintenance de sa flotte de 120 navires et au ravitaillement de ses 10.000 hommes...

 

Longtemps enclave, comptoir, du sultanat de Mascate et d'Oman siégeant sur la rive opposée ou la rive sud de la Mer d'Oman, ou Mer d'Arabie selon atlas et mappemondes. Reliquat de sa puissance maritime qui couvrait l'Océan Indien, de la côte ouest de l'Inde à celle de l'Afrique de l'est, jusqu'à Zanzibar. Avant de succomber sous la tutelle de l'implacable "empire britannique" en 1891.

 

Oman vendit le port de Gwadar au Pakistan, en 1958, qui l'intégra administrativement dans sa province du Baloutchistan le 1er Juillet 1977.

 

Aujourd'hui : 100.000 habitants, en prenant en compte les villages voisins. Demain...

 

C’est-à-dire à la fin de ce siècle : un des premiers, si ce n’est le premier, complexes portuaires du monde par son volume de containers, de flux énergétiques, de trafic ferroviaire et autoroutier.

 

Escale à Gwadar…

Colossal projet, symbolisant le gigantesque basculement géopolitique en cours.

 

Ce port réputé en "eaux profondes", protégé par une péninsule, à la sortie du Golfe Persique, capable d'accueillir les plus grands navires pétroliers, méthaniers et porte-containers de la planète, a été acheté en 2013 au Pakistan par la Chine, via la structure étatique qui gère ses ports hors du territoire chinois, la China Overseas Port Holdings Limited.

 

L'impact de ce spectaculaire investissement se mesure sur deux plans :

 

i)   La Chine sécurise ses approvisionnements et son commerce en raccourcissant ses routes maritimes

 

Environ 60 % de ses ressources en énergie proviennent du Golfe Persique et doivent accomplir un périple risqué de plus de 15.000 km pour atteindre la Chine continentale, essentiellement la région de Shanghaï. Sous la menace constante de la marine de guerre occidentale, et de ses auxiliaires locaux, en embuscade au large de ses côtes ou des détroits à franchir ; notamment celui de Malacca. De plus, les réexpéditions vers la Chine de l'ouest à partir du point d'arrivée de Shanghaï imposent un rallongement de 5.000 km dans le sens opposé par voie terrestre.

 

Pour contourner ces dangers, difficultés, lenteurs et surcoûts, une liaison directe avec la Chine de l'ouest, la province du Xinjiang (ou Sin-Kiang, suivant les transcriptions), est en rapide construction dans toutes ses variantes :

=> Pipelines et gazoducs

=> voie ferrée et autoroute Gwadar - Xinkiang

 

Avec les énormes moyens financiers de la Chine qui vient de signer avec le Pakistan, lors de la visite d'Etat du président Chinois le 20 avril 2015, le pacte du Corridor Economique, en abrégé le CPEC (China - Pakistan Economic Corridor).

 

Escale à Gwadar…

ii)  La restructuration de l'économie du Pakistan et le "boom" du développement de l'Asie centrale

 

Ce corridor de 3.000 km reliera le port de Gwadar, et de sa zone franche, à la ville chinoise de Kashgar, au Xinjiang. Conçu comme une "bretelle" de celui, autre gigantesque investissement en cours, portant sur la réactivation actuelle de la Route de la Soie reliant Chine et Russie au travers des richissimes, en ressources énergétiques et minières, pays d'Asie centrale, le budget programmé est à hauteur de 50 milliards d'euros sur 5 ans.

 

En support de ce projet s'ajoutent plus de 50 autres milliards d'euros d'investissements dans les infrastructures annexes : télécommunications (fibre optique, en particulier), énergies renouvelables, aéroport international de Gwadar, 1.500 km d'autoroutes de montagne dans le nord du Pakistan (projet Karakorum), sans oublier le volet "éducation-formation-santé", etc. Et, ce ne sont là que les premiers jalons d'une longue suite de programmes...

 

A terme le Pakistan, englué dans une guerre civile larvée où s'affrontent en coulisses des oligarchies aux intérêts opposés, va retrouver le chemin du développement, et inéluctablement celui de la véritable indépendance et de la paix, grâce à cet apport massif d'investissements générateurs, d'après les premières estimations, de plus de 2 millions d'emplois qualifiés.

 

Notons que les occidentaux, crispés sur la "stratégie du chaos" imposée par l'extrême-droite américaine, loin de s'associer à ces projets qui pourraient être grandement profitables à leurs propres entreprises, grandes et petites, font tout, n'hésitant pas à recourir à l'hyperviolence la plus abjecte, pour saboter ces volontés, perspectives et programmes de développement...

 

Leurs "services spéciaux" (principalement : US, britanniques, israéliens et saoudiens) multipliant méthodiquement comme en Syrie, en Irak ou ailleurs (diviser pour régner...), sur fond de corruption, les attentats entre "communautés religieuses" (sunnites, shiites, chrétiennes, etc.) pour attiser les conflits et retarder le plus possible la croissance économique, et ses retombées positives pour les populations locales, du Pakistan et de sa région.

 

A ces "conflits religieux", sont rajoutés les "conflits ethniques", via de multiples mouvements autonomistes poussant comme des champignons. Plantureusement financés par l'Occident. La plupart articulés sur les trafiquants de drogue, seigneurs de guerre locaux et mafias diverses. Et, bien sûr, encensés par notre appareil de propagande, tous médias confondus, comme étant d'authentiques mouvements de "libération démocratique"...

 

Ainsi, ceux fomentés au Xinjiang étant étrangement similaires à ceux de la province du Baloutchistan où se trouve le port de Gwadar, à 120 km de l'Iran. Des mouvements terroristes transfrontaliers étant encadrés et puissamment soutenus par les occidentaux pour provoquer aussi des attentats dans le Baloutchistan Iranien voisin...

 

La France, dans tout ça ?...  Absente. Loin de ces fabuleux projets de développement, d'investissement, de croisssance et de prospérité, partagés avec tout un continent.

Nos diplomates sclérosés, nos badernes galonnées, nos médias putassiers, petit doigt sur la couture du pantalon de la servilité, la bedaine gonflée d'autosatisfaction d'avoir vendu 24 avions de guerre au Qatar (dont l'essentiel de la production, de la main-d'oeuvre, de la valeur ajoutée et de la marge bénéficiaire, est domicilié hors de notre pays...), après avoir donné des leçons de démocratie à la Russie en refusant de lui vendre des navires porte-hélicoptères Mistral...

 

Regardant le train de la réalité économique passer à toute vitesse sous les yeux, frétillant de béatitude pour avoir participé "en tant qu'invité d'honneur" au "conseil de gouvernement" de pétromonarchies aussi tyranniques qu'éphémères…

 

Emportées qu'elles seront par le vent de l'Histoire, créations artificielles issues du démembrement de l'Empire Ottoman, effacées par une bourrasque venue du désert dont elles ne sont qu'un décor de carton-pâte.

 

 

 

 

 

 


 

 

 



 

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R
excellent article, malheureusement tellement pertinent!<br /> Êtes vous vraiment parti en croisière? vers Souvarov?<br /> J'ai un peu délaissé la navigation à voile après des problèmes de dos, dommage.
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G
.<br /> Bonsoir Redrock<br /> <br /> Merci de votre commentaire !<br /> <br /> Problème de dos (très sollicité dans la navigation à voile effectivement) ? Le meilleur antidote - mais, tout dépend de la pathologie, évidemment, et du cas par cas - c'est de se forger une solide ceinture abdominale. C'est le paradoxe enseigné par les coachs sportifs :"De bons abdos pour un bon dos"... L'avez-vous pratiqué ?<br /> <br /> Amicalement<br /> .