Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes... Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage. Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas. A contre-courant...
“Ce qui compte aujourd’hui, le problème qui barre l’horizon, c’est la nécessité d’une redistribution des richesses.
L’humanité, sous peine d’en être ébranlée, devra répondre à cette question.”
Frantz Fanon (1)
Ras-le-bol !
Sortir des nécrologies interminables, imposées par notre industrie médiatique de l'abrutissement... De Johnny à Aznavour... Quand on ne nous repasse pas le plat Claude François ou Dalida...
Guerres successorales en prime... Money, money, money...
Respirons de l'air frais. De nouvelles générations d'artistes assurent la relève. Il suffit d'être attentif pour trouver de véritables pépites.
Je vous en offre une, pour ceux qui ne l'auraient pas déjà découverte : le trio Delgrès (2). Exceptionnel de talent et de créativité.
Le nom du groupe est dédié à la mémoire de Louis Delgrès officier métis de l’armée française, avec le grade de colonel, qui combattit contre les régiments envoyés par ce mégalomane déjanté qu’était Napoléon ; pour rétablir, en 1802, l’esclavage aboli par la Révolution de 1789.
Cerné par les troupes du tyran halluciné, il se fit sauter avec 300 de ses derniers combattants et le reste de leurs armes et munitions, le 28 mai 1802, dans leur dernier bastion à Matouba en Guadeloupe. Il avait 35 ans.
Car le fondateur du trio, chanteur et guitariste, est Pascal Danae originaire de Guadeloupe. Il est accompagné par deux talentueux musiciens : Baptiste Brondy à la batterie et Raphaël Gouthière au sousaphone ou soubassophone. Géniale trouvaille que d’avoir adopté cet instrument en tant que "basse", donnant un son et une harmonie d’une originalité toute en force, et sensualité.
Magnifique expérience musicale !...
J'écoute, et regarde, souvent le clip de leur déchirant "blues créole" qui a donné le titre de l'album : "Mo Jodi" (2). Le meilleur blues de l'année 2018, tous continents confondus et toutes langues parlées.
Nous l'oublions trop souvent, à force de contempler obsessionnellement notre nombril "eurocentré" : le créole fait partie de notre patrimoine culturel.
Des textes émouvants, denses, d'une rage contenue, porteurs de sens. Regardez cet autre clip, au titre d'avertissement, "Monsieur le Président" (transcription de Gawwelle Gaelle & traduction de "Boumbh") (3) :
Misié pwézidan
Ou entélijan
Fo ou espliké mwen sa ki ka pasé Misié pwézidan
Séw ka gouvèwné
Fo espliké mwen pou ki rézon nou ka goumé
Nou la ka goumé goumé goumé
Goumé goumé goumé woy
Lité lité lité
Lité lité lité
Misié pwézidan
Mwen pa konèt ayen
Mwen sé mizisien
Tout sa mwen pé fè sé chanté
Mè mwen voté baw
Mwen fèw la konfians
Fo espliké mwen sa ou pé fè ban mwen
Mwen la ka goumé goumé goumé goumé goumé goumé
Lité lité lité goumé goumé goumé
Misié pwézidan
Fo ou fè atansyon
Pas on jou ké vinn moun ké mékontan
Ou ni tout biten
Ou ni on lo lajan
Yo pa ni ayen pa mèm on ti lèspoiw
Yo la ka goumé goumé goumé goumé goumé goumé
Lité lité lité goumé goumé goumé
Traduction :
M. le Président,
Vous qui êtes intelligent,
Il faut me dire ce qu'il s'est passé.
M. le Président, vous qui nous gouvernez,
Il faut me dire pourquoi nous devons toujours nous battre (pour survivre).
On peut juste se battre, se battre, se battre...
Lutter, lutter, lutter...
M. le Président, je ne sais rien,
Je suis un musicien, tout ce que je sais faire c’est chanter.
Mais j'ai voté pour vous, je vous ai fait confiance,
Il faut me dire ce que vous avez fait pour moi.
On peut juste se battre, se battre, se battre...
Lutter, lutter, lutter...
M. le Président, il faut faire attention car un jour le peuple pourrait se fâcher.
Vous avez tout gagné, vous avez tout l’argent,
On n'a plus rien, plus même l'espoir.
On peut juste se battre, se battre, se battre...
Lutter, lutter, lutter...
Avec en chorégraphie, représentant la lutte entre les politiciens corrompus et le peuple, une belle démonstration de Kendo.
1. Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre, Editions La Découverte – Essais, 2002, première publication 1961, p. 96.
Je n'ai pu m'empêcher de reprendre, à nouveau, cette citation de Fanon ; fondamentale si l'on veut comprendre les racines des calamités qui ravagent notre planète. Tout en rendant hommage à ce courageux penseur et militant Martiniquais de la Dignité Humaine, que j'avais évoqué dans des textes de ce blog :
=> 19 février 2007, Irak : Les Damnés de la Terre,
http://stanechy.over-blog.com/article-28585031.html
=> 8 avril 2008, Haïti : Oublié du Marketing des "Bonnes Causes",
http://stanechy.over-blog.com/article-18567873.html
=> 3 mars 2009, Guadeloupe, Guyane, Martinique : Pourrir et Congeler,
http://stanechy.over-blog.com/article-28585031.html
2. Site officiel : https://www.delgresmusic.com/
3. https://www.youtube.com/watch?v=UTvw3OWvpIs&list=RDCaJmcRsCI5Y