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Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes... Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage. Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas. A contre-courant...

Gilets US : A "Stupified Plutocracy"…

 

 

« Aujourd’hui, les formes dominantes d’institution et de pouvoir sont la forme totalitaire et la forme mafieuse avec une forme intermédiaire qui serait la combinaison des deux. »

Gérard Haddad (1)

 

 

 

 

Je fais le crédit à mes Amis-Lecteurs de comprendre l’anglais, avec l’accent US…

Mettant en ligne une vidéo d’une quinzaine de minutes d’un entretien sans trouver le temps nécessaire de traduire, encore moins de sous-titrer. (2)

 

Intitulée : « Can America Survive a "Stupified Plutocracy" ? »…

 

Rendre la subtilité du titre se révèle délicat : « Les Etats-Unis peuvent-ils renaître d’une "Ploutocratie Pétrifiée" ? » ; est mon choix de traduction.

 

« Stupified », selon le contexte, recouvre une multitude de sens : stupéfié, médusé ;  ou encore tétanisé, rendu inconscient de son environnement, déconnecté de la réalité, par un état de choc ou la prise de drogue. En français plus courant, on pourrait dire "sclérosé" ou, plus brutalement : "abruti", de drogue, d’alcool, ou plus certainement dans le sens du propos, d’imbécilité mégalomaniaque…

 

Elle illustre une lame de fond s’accélérant en vitesse et force : la remise en cause grandissante de la Ploutocratie aux Etats-Unis : régime spoliateur mis en place par les grandes fortunes s’emparant des richesses de la nation ; augmentant exponentiellement leur fortune pendant que l’appauvrissement de leurs concitoyens ne cesse de s’approfondir.

 

Aucun pays dit "occidental", figurant dans les premiers PIB de la planète, n’échappe à ce type de tyrannie politique, dissimulée à l’abri du paravent « démocratie ».

 

Un rapport du parlement britannique, sous la direction de l’ancien ministre Travailliste Liam Byrne, vient de mettre en garde sur les violentes crises (employant le terme « explosions ») à venir dans nos sociétés. Du fait de l’accroissement exponentiel, au rythme minimum de 6% l’an, la fortune des 1% les plus riches de la planète d’après les estimations, atteindra 64 % de la richesse mondiale d’ici 2030 (3).

Dans son rapport publié le 22 janvier 2018, OXFAM International était encore plus sévère, estimant qu’en 2017, 82% de la richesse créée dans le monde avait été accaparée par le « 1% » … Alors que près de 4 milliards de personnes n’avaient enregistré aucune augmentation de leurs revenus. (4)

Dans cette vidéo, la présentation d’un livre par son auteur : Money and Class in America. (5) Rien de nouveau à ce genre d’exercice ou de promotion, mis à part dans ce cas : le site diffuseur et l’auteur.

Gilets US : A "Stupified Plutocracy"…

Aux Etats-Unis, la contestation contre l’injustice sociale et économique est très vivace, comme celle emblématique du mouvement Occupy Wall Street (OWS). Malgré son occultation par les grands médias, par peur de la contagion.

 

Et ce, depuis de nombreuses années et même décennies. En 2007, j’avais évoqué dans un billet (6) le bouleversant témoignage de Barbara Ehrenreich, dans son livre : “Nickel and Dimed” (7) sur la précarité et la détresse d’une partie grandissante du peuple américain ; pour avoir effectué, elle-même dans le cadre de ses recherches, les petits boulots de serveuses, vendeuses, etc.

 

Dès 1932, John Dos Passos avait écrit un "livre coup de poing" sur les violentes luttes sociales, véritable guerre civile larvée rongeant les grandes villes industrielles, en réaction à l’exploitation du patronat américain : L’An Premier du Siècle – 1919 (7).

Cette vidéo donne un coup de projecteur sur l’extension de ces mouvements de contestation du modèle économique, imposé par la caste au pouvoir, que j’ai surnommés les "Gilets US". De plus en plus, rejoints par des membres éminents de l’oligarchie du pays ; suffisamment lucides pour se rendre compte que leur nation va droit dans le mur.

 

Trois points marquants :

 

i)  Le site diffuseur est celui du Institute for New Economic Thinking. Un organisme d’économistes et de chercheurs qu’on ne peut taxer comme on le fait systématiquement aux Etats-Unis de "communiste" ou "cryptocommuniste", dès lors qu’on se livre à une remise en cause du sacro-saint Libéralisme Economique.

Ce blasphème, en France, provoque un qualificatif diffèrent, mais tout aussi immédiat dans le procès d’intention : on est "rouge-brun" ou "populiste". Pour étouffer toute velléité de contestation, chez les plus émotifs, on rajoute la louche traditionnelle : "antisémite", "homophobe", et bla-bla-bla…

 

Cette plateforme de réflexion propose de changer de paradigme du fait de l’échec des théories, modèles économiques et sociaux actuels ; que nos amis anglophones appellent : « Neoclassical Economics ». Qui n’engendrent qu’inégalités croissantes et chômages à tous les niveaux. Sachant, d’après leur propre constat de chercheurs, que « … la résistance au changement est substantielle – tant dans la discipline que dans le monde en général » (… "… the resistance to change is substantial — both inside the discipline and in the world at large").

ii)  L’auteur du livre, Lewis H. Lapham, est issu d’une des familles les plus renommées des USA. Son grand-père était maire de San Francisco ; son arrière grand-père fut un des fondateurs de Texaco. Un de ses fils est marié à la fille de l’ancien premier ministre canadien, Brian Mulroney.

 

Quant à lui, après avoir transité par les établissements d’enseignement les plus huppés (Yale, entre autres), il est devenu écrivain, essayiste, éditeur, directeur de publications dont le prestigieux Harper’s, (fondé en 1850)

 

Rien d’un "casseur-populiste-encagoulé"…

 

 

iii)  Et, pourtant, il cogne… Dur.

Dénonçant les sybarites au pouvoir, déglingués de stupidité et de mégalomanie, promoteurs de l’injustice économique et sociale et de l’éradication du rêve américain d’une démocratie rayonnante ; dans leur propre pays et dans le reste du monde…


Chronique d’une évolution, peut-être même d’une révolution annoncée.

 

 

 

 

1.  Gérard Haddad - Lumière des Astres Eteints - Grasset - 2011 - p. 66
2.  Institute for New Economic Thinking, Can America Survive a "Stupified Plutocracy" ? , 24 octobre 2018, https://www.ineteconomics.org/perspectives/videos/can-america-survive-the-rule-of-a-stupified-plutocracy
3.  Richest 1% will own two-thirds of global wealth by 2030, RT, 9 avril 2018,
https://www.rt.com/business/423587-richest-wealth-shocking-inequality/
4.  Richest 1 percent bagged 82 percent of wealth created last year – poorest half of humanity got nothing, OXFAM International, 22 janvier 2018,
https://www.oxfam.org/en/pressroom/pressreleases/2018-01-22/richest-1-percent-bagged-82-percent-wealth-created-last-year

5.  352 pages • Paperback ISBN 978-1-682191-57-6 • E-book 978-1-682191-58-3

https://www.orbooks.com/catalog/money-and-class-in-america-by-lewis-h-lapham/

Sous sa forme E-book, le livre est facturé US$10 ou UK£7.
6.  Georges Stanechy, Barbara Ehrenreich : Les USA "d’En Bas", 15 juin 2007, http://stanechy.over-blog.com/article-10888996.html
7.  Traduit sous le titre : « L’Amérique pauvre : Comment ne pas survivre en travaillant ». Publié en 2001 - Gallimard.

 

 

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