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Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes... Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage. Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas. A contre-courant...

Le Café : L’Or Noir de la honte bue…


Le café, vous aimez ? Je vous en propose un. Serré…

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Savez-vous qu’il s’agit d’un énorme business, évalué à 60 milliards d’euros par an (1) ? Au bas mot. Il est cultivé dans une cinquantaine de pays, mais sa distribution est concentrée entre une poignée de multinationales (2). Environ 2 milliards de tasses de café consommées chaque jour, sur notre planète. Colossal chiffre d’affaires et profit tout aussi colossal. Oui, mais pas pour tout le monde. Les producteurs n’en perçoivent que 1% du prix payé par le consommateur… Dans le meilleur des cas.

L’Or Noir… Le café. Deuxième matière première à porter ce nom, après celui du pétrole. « Black Gold », à la source de ce méga business. C’est aussi le titre d’un film qui vient d’être réalisé par deux jeunes britanniques, Nick and Marc Francis. La trentaine, ils sont frères.

Leur film a été présenté au célèbre Festival de Sundance, animé par Robert Redford. C’est là où il s’est fait connaître. Obtenant un énorme succès dans d’autres festivals : Melbourne, Rio de Janeiro, Rome et autres pays. Cela continue. Bizarrement, le Festival de Cannes ne l’a pas retenu. Le comité de sélection doit être allergique au café…

C’est un film sur les nouvelles formes de l’esclavage, au XXI° siècle. L’archétype de l’exploitation de l’homme par l’homme. L’esclavage n’existe plus en droit, mais seulement en fait. C’est déjà un progrès diront certains, en inaugurant la larme à l’œil, sous le regard attendri des médias, tel ou tel monument célébrant la « fin » de l’esclavage…

Un produit récolté par des femmes, des enfants, gagnant un demi dollar par jour. Là encore, dans le meilleur des cas… Les producteurs arrivent difficilement à couvrir leurs charges tellement le prix d’achat de leur récolte est faible. Ils sont, ainsi, parmi les plus pauvres du monde.

Ils ne comprennent pas : les théoriciens du Libéralisme Economique leur disent : « travaillez plus »… Pourtant, ils se lèvent tôt et ne rechignent pas à la tâche. Mais, ils n’arrivent pas à sortir de la pauvreté… Ils sentent qu’il y a un « bug », une arnaque dans cette « logique » économique. La sueur, la précarité c’est pour eux, les yachts c’est pour les autres…

Les auteurs de « Black Gold » posent la question : comment des pays producteurs de café (3) peuvent-ils connaître la pauvreté, alors qu’il s’agit d’un produit agricole très demandé ? La demande excède l’offre en permanence. Produit dont le chiffre d’affaires et les marges, au niveau des revendeurs et distributeurs, ne cessent de progresser.

Dans leur film, ils posent cette question à travers les tribulations d’un personnage, Tadesse Meskela. Un éthiopien, directeur d’une association de coopératives (4) qui comprend près de 75.000 membres au bord de la faillite. De Londres, à Seattle, au marché boursier des matières premières de New York (5), et à Genève à l’OMC (6). Il veut trouver une réponse, il veut trouver un meilleur prix pour les producteurs afin qu’ils puissent couvrir leurs charges, investir et pouvoir se développer.

Pour l’anecdote, aucune des multinationales, monopolisant le commerce mondial du café, n’a voulu recevoir les auteurs pendant le tournage du film. La Transparence, le Développement Durable, disent-ils !... Dans leur communication, leur pub, leurs tee-shirts et leurs casquettes…

Subitement, à la suite du succès du film, et la prise de conscience du consommateur final dans certains de leurs plus importants marchés, ces mêmes groupes leur adressent des invitations pour des entretiens avec leurs dirigeants… Quel courage !...

« Black Gold » : les lunettes noires des membres du comité de sélection du Festival de Cannes ne l’ont pas «vu»… Si ce film passe à votre portée, ne le ratez pas !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

(1) Lire l’article de David Smith paru dans The Observer, du 27 mai 2007 : British film-makers ask : what is the hidden cost of your £ 2 latte ?
(2) Notamment : Kraft (propriétaire de la marque Kenco), Nestlé, Procter & Gamble and Sara Lee, avec les grandes chaînes de café type Starbucks.
(3) Parmi les principaux pays producteurs de café, on trouve : Brésil, Colombie, Kenya, Ethiopie, Côte d’Ivoire et Vietnam (devenu le premier producteur mondial de « robusta »). Le café le plus côté est, actuellement, celui de la Jamaïque, le célèbre «arabica» : Blue Mountain.
(4)
Ethiopie : 1er producteur africain d’arabica, 2eme producteur africain toutes catégories confondues derrrière la Côte d’Ivoire, 7eme producteur mondial.
(5) Le cours de l’Arabica est fixé à New York et celui du Robusta à Londres.
(6) Organisation Mondiale du Commerce. En fait : «Organisation Mondiale des Multinationales»...

 
 



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C
Pierre Assouline en posant avec sa tasse de café sur son blog, ne s’imagine certainement pas qu’il boit là le produit d’un esclavage moderne (je plaisante) ;) ! « En 2003, la palme de la plus importante libération d’esclaves en un coup revient à des inspecteurs de la province de Bahia, au Brésil. Au mois d’août dernier, ces policiers ont libéré 850 personnes assujetties au travail forcé par un planteur de café de la région. Qualifier celui-ci de producteur véreux serait un pléonasme. Passons. La plupart d’entre eux étaient des Indiens d’Amazonie, des adultes. » http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=2582 La culture du cannabis et son commerce passent par les mêmes rouages que tu nous expliques ; mais le cannabis est un autre sujet où se croisent hypocrisie et mafia !
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G
@  ChahidBien vu !    Ah !...   Ce Cher Passou !... Archétype de l’intelligentsia française dominante… Il m’amuse, souvent, dans ses critiques littéraires d’ouvrages qu'affectionne le milieu de l’édition : contempler son nombril à la loupe… Et surtout, prouver combien ce nombril est le plus sensible, le plus génial et le plus généreux sur cette planète sauvage.Né à Casablanca… Au coeur de toutes les campagnes anti-arabes et antimusulmanes. Même les plus crasses. Il n’en rate pas une !  Jusqu’à figurer dans le comité de soutien d’un des plus abjects islamophobes, apparu sur le « marché » français, de ces dernières années : Redeker… Bien sûr, au nom de la "défense de la liberté d'expression"...Finalement, ton rapprochement dans sa « perspective coloniale » est pertinent !...