Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes... Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage. Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas. A contre-courant...
Hier, 16 avril 2008, l'armée d'occupation des USA, en Irak, vient de libérer de ses prisons "privées", le photographe Bilal Hussein de l'agence de presse internationale AP (Associated Press), détenu depuis plus de deux ans. Sans motif d'accusation, et bien sûr, sans procès.
Il a été relâché à un checkpoint, en plein Bagdad, comme un otage l'aurait été d'un quelconque groupuscule armé.
Deux ans de sa vie ...
Reporters Sans Frontières (RSF), n'est pour rien dans sa libération. Il n'a jamais entendu parler de cette officine, s'occuper de son cas... Il est pourtant considéré comme un des plus talentueux et courageux reporters-photographes internationaux. Il a été récompensé, en 2005, par le prestigieux Pulitzer Prize for Photography.
Ce furent ses collègues de l'AP, et une association autrement plus sérieuse dans son éthique, qui se sont mobilisés durant ces deux années : Committee to Protect Journalists
(CPJ). Le siège de cette association est à New York.
L'armée d'occupation le "soupçonnait" d'entretenir des liens avec les résistants. Mais, n'avait jamais confirmé ces accusations, par le moindre commencement de preuve. Bilal Hussein, a
toujours démenti ces allégations, ainsi que son employeur AP.
En fait, les photos qu'il prenait, au cœur des atrocités commises par les forces d'occupation, gênaient par leur impact (1). Ce sont les US Marines qui l'ont arrêté, le 12 avril 2006, malgré ses
badges et ses laissez-passer en règle, alors qu'il effectuait un reportage à Ramadi, à 80 km à l'ouest de Baghdad. Une des zones martyres de l'Irak, où les tueries, et punitions collectives à
l'encontre de la population civile, sont les plus horribles.
A l'annonce de la libération de Bilal Hussein, le directeur du Committee to Protect Journalists, Joel Simon, a déclaré :
« Il fait partie de cette liste, en progression constante, de journalistes détenus dans des zones de conflits par l'armée US, pour de longues périodes, et souvent relâchés sans aucun motif de crime ou délit retenu contre eux.
La lutte contre cette déplorable pratique devrait être une priorité de tous les journalistes.
Elle permet pratiquement à l'armée US d'éliminer tout journaliste du théâtre des opérations, de les détenir, sans jamais se sentir obligée d'en expliquer les motifs » (2).
Il est certain que les armées d'invasion et d'occupation occidentales, instruites de l'impact négatif des reportages des médias auprès de l'opinion publique durant la guerre du Vietnam, ne
tolèrent plus la présence de journalistes. Les atrocités qu'elles commettent doivent rester : "Secret Défense"...
Rien qu'en Irak, depuis mars 2003, depuis le début de l'invasion, ce sont 127 journalistes et 50 auxiliaires de presse qui ont été tués.
Vous disiez : "Droits de l'Homme, Liberté de la Presse" ?...
Au même moment, hier, où l'on fêtait la libération de Bilal Hussein, on apprenait que les forces d'occupation sionistes en Palestine venaient de tuer, délibérément, un caméraman de l'agence internationale Reuters, Fadel Shana, 23 ans. Blessant grièvement, le preneur de son, une jeune femme d'une
vingtaine d'années aussi, Wafa Abu Mizyed. Elle est entre la vie et la mort.
Munis de tous leurs signes distinctifs et badges, ils filmaient un char d'assaut à l'arrêt, dans le camp de concentration de Gaza. Sans sommation, il s'est mis à les mitrailler, ainsi que leur véhicule...
Vous disiez : "Droits de l'Homme, Liberté de la Presse" ?...
Malgré la censure sur les informations en provenance d'Irak, quelques nouvelles filtrent. Ainsi, l'UNICEF, cette organisation de l'ONU chargée de la protection de l'enfance de par le monde, vient de sortir un rapport, à Dubaï : Arabic Humanitarian Action Report 2008. Le 10 avril dernier. On y apprend que 1.350 enfants croupissent dans les prisions irakiennes (3).
Ces statistiques sont, bien évidemment, édulcorées. Par le régime de marionnettes irakien, par le fait qu'elles ne prennent pas en compte les détenus dans les prisons "privées".
Car, la "privatisation" des lieux de torture, et d'emprisonnement, est un des principaux apports de la "civilisation occidentale" dans ce pays : prisons "privées" des armées d'occupation, essentiellement US et britanniques, des milices financées par l'occupant (shiites, sunnites ou kurdes), des sociétés de sécurité privées, en fait des mercenaires, etc.
On estime à environ 3.000 enfants et adolescents détenus, sans accusation, ni procès, dans des conditions inhumaines, en Irak. Souvent, violés et torturés, à Abu Ghraïb même, devant leurs pères ou leurs frères. Pour faits de résistance, réels ou supposés. Pour faire
pression sur des proches. Ou, dans une action de torture psychologique, pour terroriser des familles connues pour leur hostilité à l'occupation étrangère...
Pratiques rodées, en Palestine, depuis 60 ans...
Rien qu'en Irak, le rapport rappelle que c'est environ près d'un million d'enfants qui sont déplacés (displaced) ou réfugiés. Sous cet euphémisme se dissimule une réalité épouvantable,
ce sont des enfants sans toits, sans écoles, sans soins et souvent sans familles. Evidemment, sans eau potable...
Les réfugiés Irakiens en Syrie seraient environ 1 million, dont la moitié représentée par des enfants, vivant dans des conditions sanitaires et psychologiques effroyables. Leur nombre, en
Jordanie, n'est pas connu par l'UNICEF, malgré ses millions de dollars de budget annuels... Mais serait tout aussi important.
L'évidence est là : la finalité de l'invasion de l'Irak n'était pas de renverser un dictateur, mais de détruire un des pays les mieux équipés du monde, sur le plan scolaire, universitaire et
sanitaire. D'en casser la croissance démographique.
Les enfants et adolescents constituaient une des premières cibles. Les génocides commencent toujours par là.
« Nous ferons retourner l'Irak à l'âge de pierre », avaient prédit cyniquement les néocons : objectif atteint...
Tout cela, nos médias, en Occident, le censurent...
Vous disiez : "Droits de l'Homme, Liberté de la Presse" ?...
(1) Quelques unes de ses photos sont visibles, bien que filtrées et choisies, sur le site américain msnbc.msn.com.
(2) "He now joins a growing list of journalists detained in conflict zones by the U.S. military for prolonged periods and eventually released without any charges or crimes ever
substantiated against them. This deplorable practice should be of concern to all journalists. It basically allows the U.S. military to remove journalists from the field, lock them up and never be
compelled to say why."
(3) Preeti Kannan, Around 1,350 children languishing in Iraq jails, Khaleej Times, Dubaï, 10 avril 2008.