" On croit mourir pour la patrie ;
On meurt pour des industriels "
Anatole France
Le 18 août 2008. Premiers résultats du renforcement du contingent français en Afghanistan : 10 morts, 21 blessés. Accessoirement plusieurs véhicules blindés et camions détruits (1). En une seule embuscade. Notons au passage : aucun officier, encore moins "officier supérieur", parmi les morts et les blessés...
Une gerbe de sentiments...
Tristesse devant ces jeunes morts, et blessés, dans une guerre qui ne les concernaient pas et ne concerne pas notre pays. Compassion, pour les familles endeuillées. Certains de ces soldats avaient des enfants en bas âge ou étaient dans l'attente d'une prochaine naissance. Ils ne les verront pas grandir, et ces enfants ne connaîtront jamais leurs pères...
Mais aussi, révolte face à l'injustice d'un tel gâchis humain, conséquence de l'incurie des responsables qui ont envoyé ces soldats à la mort. Et colère, car encore plus choquante l'exploitation médiatique et politique de leur mort par les cyniques de la nomenklatura. Dans l'hystérie d'une propagande poussée à l'extrême de la désinformation.
Manipulation des opinions et de la volonté nationales
"Ces hommes sont morts, car leur métier était de risquer la mort et de la donner". Ce fut l'oraison funèbre récurrente qu'on pouvait lire, ou entendre, dans nos médias, chez nos politiciens ou certains porte-paroles de l'Armée. Je suis toujours estomaqué devant l'ampleur sidérale de pareilles idioties. Il montre l'état de décérébration, ou de l'hypocrisie, de la caste politique et de sa propagande, avec en ligne de mire l'anesthésie de l'opinion publique.
Cet argument relève du mercenariat.
Non. Le métier de ces jeunes, de nos soldats, n'est pas de mourir, ni de donner la mort. Ce ne sont pas des mercenaires au service de causes et d'intérêts douteux ou mafieux. Leur métier est de "défendre la Nation". Ce qui est un tout autre registre. Au même titre que la vocation d'un ouvrier du bâtiment n'est pas de tomber d'un échafaudage, lui et ses compagnons, mais de construire un immeuble.
L'avez-vous remarqué ?... Comme toujours, ces irresponsables "va-t-en-guerre" prennent soin d'éviter d'envoyer leurs progénitures, du même âge que ces morts, en première ligne. Progénitures, au même instant, paisiblement investies de responsabilités, même si ce sont des nuls ou des voyous, dans des Conseils Généraux et autres sinécures publiques, dans les appareils des partis politiques, ou, tout simplement, dans des entreprises "amies" vivant grassement des commandes de l'Etat ou de sa protection...
Pourtant, il s'agit de "défendre la civilisation", à les entendre (2). Qu'attendent-ils pour donner l'exemple ?... Ne disent-ils pas que protéger la France et notre civilisation commence par l'occupation de pays lointains ?... Cela leur ferait voir du pays, à leurs chers rejetons... Mais non, bien au contraire, dans leur inébranlable culot, tous ces politiciens en rajoutent, n'hésitant pas à nous annoncer des morts prochaines, appelés pudiquement des "pertes"... Pas pour leurs familles, mais pour celles des autres. Pur exercice comptable.
Rompus aux tours de passe-passe, ils en profitent pour demander de nous taire. Exigeant le silence, pour marquer le deuil, autour du drapeau pour respecter nos morts... Sous le vernis de cette revendication d'union nationale, l'astuce est claire : chloroformer notre esprit critique, étouffer toute contestation, devant leur politique aussi imbécile que criminelle.
En fait, on retrouve les mêmes comportements, vocabulaires, rhétoriques, des guerres coloniales. Inusables... Toutes nos guerres coloniales se sont nourries, des années durant, de pareils mensonges. Indochine, Algérie, parmi les plus récentes. Justifier une occupation sous prétexte de défendre la France ou la Civilisation contre des barbares, banalisant ainsi : destructions, spoliations, tortures et massacres de civils. Pour éduquer, assurer le bonheur des sauvages, ne faut-il pas tout casser ?...
Face à l'évènement, à l'engagement militaire de la France en Afghanistan, nos politiciens, à part servir les habituels clichés démagogiques, incapables de la moindre analyse, n'ont cessé de répéter devant micros et caméras, l'air supérieur : "Il faut expliquer aux français"... Sous-entendu : nous allons les bourrer de propagande (3).
L'arrogance servant de camouflage au cynisme, assimilant les français à des singes incapables de comprendre le monde. Brandissant un argumentaire identique, les voilà prêts à refaire le coup du "vote" sur la Constitution Européenne : le fameux vote au Parlement. La majorité de la population est contre l'engagement militaire en Afghanistan, mais nos "élus" vont s'arranger pour voter le contraire de ce qu'elle souhaite.
Comme en Grande-Bretagne. Les britanniques dans leur majorité, plus des deux tiers, sont hostiles à l'envoi de soldats en Irak et en Afghanistan. La caste politique a fait approuver cet envoi de troupes par le Parlement britannique, donnant ainsi une teinture démocratique à ces aventures guerrières.
Dans nos pays occidentaux, les citoyens souhaitent de la part de leurs élus, et des gouvernements, des engagements autrement plus exaltants et vecteurs d'avenir que des gesticulations guerrières porteuses de mort au service de causes inacceptables, coûteuses pour la collectivité, pour le plus grand bénéfice de quelques lobbies de l'armement, du pétrole ou des trusts miniers.
Ces aventures ne franchiraient pas un seul référendum, si elles étaient soumises à l'accord préalable du suffrage universel. Mais, nos politiciens s'en gardent bien. Contourner la volonté nationale par des manipulations du droit électoral ou constitutionnel, est devenu, à présent, la vocation de nos parlementaires...
Parlementaires incapables de percevoir les ravages en termes humains infligés à des populations martyrisées au nom de la Civilisation. Crimes de guerre succédant aux crimes contre l'Humanité. Quotidiennement.
Incapables de percevoir, tout autant, le naufrage d'une grande partie de notre propre jeunesse, en Occident. Celle dite "défavorisée", en premier lieu. Les héritiers de la ploutocratie régnante n'étant, comme par hasard, pas concernés...
J'ai vu, je vois, en plein centre de Londres, d'anciens soldats revenus d'Irak ou d'Afghanistan. Le soir, on peut les rencontrer autour de Leicester Square, et des stations de métro de West End, épaves imbibées d'alcool, brisées par leur vécu, sous l'uniforme, les atrocités commises sur ordre. Inaptes à se réinsérer dans une vie sociale, remplissant les prisons. La faute au "stress post traumatique", nous disent les professeurs Nimbus...
La population carcérale britannique est composée, à hauteur de 10 %, de vétérans d'Irak ou d'Afghanistan (4). Régulièrement, dans la presse britannique, surgissent des articles sur des blessés graves abandonnés, dès la fin de leurs relations contractuelles, avec à peine de quoi survivre dans une société où les riches sont immensément riches et les pauvres de plus en plus pauvres.
Au retour de ces saloperies coloniales, pour se reconstruire, certains vétérans militent au sein d'associations d'anciens combattants, contre ces guerres dévastatrices et injustifiées, telle la célèbre association US, The War Comes Home (5). Jusqu'à des officiers qui démissionnent ou accusent. Mais, beaucoup n'y arrivent pas...
Naïvement, la plupart s'étaient engagés dans l'Armée sur le fondement de belles publicités. Dans des économies dévastées par les délocalisations, l'institution militaire représente, souvent, le seul emploi possible. Ces jeunes signant des contrats d'engagement pour devenir des "smicards du casse-pipes". L'Armée puise ainsi, à son aise, dans l'immense réservoir humain que constitue le chômage. Jetant et renouvelant ses recrues, après usage, comme un kleenex à oublier...
On ne peut accepter, en notre siècle, qu'avec des simulacres démocratiques, des manipulations de l'information, une propagande datant des siècles antérieurs, des "responsables" politiques et militaires envoient des jeunes soldats au casse-pipes, sans aucune précaution, ni réflexion. Sans aucun sens. Dans des guerres étrangères à notre destin collectif, justifiées uniquement par des mensonges.
Notre Armée n'est pas au service des intérêts d'un suzerain, USA ou autre, ni d'intérêts privés jonglant avec les comptes secrets des paradis fiscaux. Elle n'a pas pour vocation, non plus, d'obéir au doigt et à l'œil du premier satrape immature ...
Une tactique n'a de valeur que celle d'une stratégie solidement arrimée sur les axes d'une orientation géopolitique. Cette dernière, servant de fondements aux intérêts de la collectivité nationale, et non pas à ceux d'une ploutocratie mafieuse repue de privilèges. La mort de nos soldats en Afghanistan, dans le respect qui leur est dû, doit être l'occasion à la Nation de condamner le comportement indécent de la nomenklatura qui nous "gouverne".
Le quotidien du peuple Afghan : enfants tués par les forces de l'OTAN. Sur la photo, quatre enfants de la même famille. Le plus jeune avait deux ans...
Une tactique criminelle d'imbécillité
Le 2 septembre dernier, le gouvernement a limogé le responsable de la sécurité en Corse à la suite d'une manifestation de nationalistes corses. Après être entrés dans la résidence secondaire de l'acteur-producteur Christian Clavier, ils avaient manifesté pacifiquement autour de sa piscine contre la spéculation immobilière dans la région. Motif : ce haut fonctionnaire n'avait "pas pris les mesures nécessaires pour protéger ce lotissement afin d'empêcher l'envahissement d'une propriété privée » (6).
Pour ce qui est de nos soldats tués en Afghanistan, on attend toujours les sanctions contre les responsables militaires qui "n'ont pas pris les mesures nécessaires pour protéger leurs hommes" afin d'éviter leur mort au combat. Aucune célérité. Pourtant, la "chaîne de commandement" dans l'opération militaire en cause, se révèle être une véritable "chaîne d'incompétence". Mais dans notre république, il semblerait qu'un "lotissement" ou des "people" aient plus de valeurs, aux yeux des politiciens, que les "smicards du casse-pipes" ...
Contrevérités, mensonges, sur le déroulement de cette opération militaire se multiplient. Nos courageux "journalistes d'investigation", nos Tintin au Tibet, n'arrivent pas à interviewer les 21 blessés soignés en France, et recouper les différentes informations. Sortis de leurs tartes à la crème sur les droits de l'homme en Chine ou ailleurs, les voilà subitement muets...
Sans entrer dans le détail, cette opération représente l'archétype d'une tactique criminelle d'imbécillité. Dans sa conception et dans son déroulement. Une certitude : des soldats tués dans une embuscade sont toujours le résultat d'une faute majeure de commandement, d'une incompétence crasse. J'insiste : toujours. Un mix de bêtise, de négligence, d'arrogance dans le mépris de l'adversaire, menant aux pires imprudences. Perdre des soldats dans la défense ou l'assaut d'une position est compréhensible. Perdre des soldats dans une embuscade : inadmissible.
Cette incompétence doit être sanctionnée, au même titre que des responsables d'entreprises seraient sanctionnés si leurs employés avaient eu un accident du travail mortel du fait de négligences dans l'organisation et la mise en place des moyens nécessaires à leurs travaux. Tous les officiers, ayant planifié et dirigé cette opération, sont à limoger. Tous.
Face à la désinformation, soyons précis : il ne s'agissait pas d'une "patrouille". Dispositif léger avec pour finalité la recherche ou la validation d'une information sur le terrain : présence ou pas de l'ennemi, etc. Une patrouille ne doit en aucun cas rechercher le contact. Si elle est "accrochée" par l'ennemi, elle doit rompre le combat et se retirer suivant des itinéraires et des points de regroupement planifiés, n'hésitant pas à se scinder en plusieurs éléments pour faciliter l'évitement.
Il s'agissait, ici, d'une "ouverture de route" : une colonne devait établir une jonction avec une autre, venant en sens inverse, sur une route qui n'était pas sécurisée. Les risques d'embuscade étaient particulièrement importants, avec des probabilités d'un combat de longue durée. Les premiers communiqués de presse étaient formels :
"Au sein de l'état-major de l'OTAN, à Kaboul, on confirmait, mardi soir, que la mission de ce convoi consistait à sécuriser une route jusque-là considérée comme dangereuse et peu fréquentée entre les districts de Saroubi, appartenant à la région de Kaboul où se trouvent des troupes françaises depuis 2002, et de Tag Ab, dans la province voisine de Kapisa où a été affecté le nouveau contingent envoyé cet été par la France."
Or, qu'apprend-on par quelques confidences de certains blessés, dans l'anonymat ?... Soldats à court de munitions ("...nous n'avions plus de munitions pour nous défendre..."), coincés pendant de longues heures sous le tir ennemi (de 13h30 jusqu'à la nuit), impossibilité d'obtenir le moindre soutien ou renfort pendant près de 4 heures, impossibilité d'évacuer les blessés avant 2h du matin, "... lenteur de la réaction du commandement et sérieux problèmes de coordination..." (7).
Compte tenu de l'ampleur d'une telle mission, toutes les précautions d'usage auraient dû être prises, pour ne lancer l'opération qu'une fois l'intégralité des moyens réunis : reconnaissance préalable aérienne et humaine, accompagnement du convoi par au moins un hélicoptère armé, approvisionnement en munitions, "appui feu" adapté au risque et au relief, etc.
On ne peut refaire l'opération. Les morts et blessés sont là. Mais, retenir trois premiers points d'analyse :
i) Les responsables de l'OTAN en Afghanistan sont des nuls prospérant au sein d'une Tour de Babel. Véritable caricature des bureaucraties truffées de planqués privilégiés. Bénéficiant d'une rente de situation très lucrative, ils sont incapables d'une analyse objective de la situation, de coordonner les immenses moyens mis à leur disposition par les contribuables, au détriment de leur système de santé et de retraite, et d'assurer une solution rapide au conflit. Car, cette solution du conflit n'est pas militaire, mais politique. Leur intérêt, comme dans toute guerre coloniale, est de le prolonger (8). Pas le contraire.
ii) A part dans les villes et leurs positions fortifiées, les troupes de l'OTAN sont aveugles et paralytiques. Le moindre déplacement prend des proportions titanesques. Un exemple très récent : pour livrer une turbine destinée au barrage de Kajaki (province d'Helmand), arrivée de Chine sur l'aéroport de Kandahar, l'OTAN a dû l'escorter avec 4.000 soldats soutenus par des hélicoptères et des avions. C'était le 3 septembre 2008... (9).
Nous sommes bien devant une guerre d'indépendance, un soulèvement national. Le déni de cette évidence est la source des désastres présents et futurs de l'OTAN dans ce pays.
iii) Les officiers et officiers supérieurs de nos troupes sont à recycler. En particulier, ceux issus des troupes d'infanterie coloniale et parachutistes coloniaux. Le niveau d'incompétence dont ils ont fait preuve, dans l'organisation et la conduite de leur mission, démontre qu'ils sont déconnectés de la réalité Afghane.
Habitués à servir de garde prétorienne aux dictatures africaines (10), installées et gérées par nos gouvernements successifs, ils sont incapables d'établir la distinction entre une mission de "maintien de l'ordre" en Côte d'Ivoire, au Gabon, au Congo ou en Centrafrique, et une "guerre d'indépendance" soutenue par tout un peuple.
Il y a un univers entre tirer sur des manifestants sans armes dans les rues d'Abidjan ou de Bangui en semaine, jouer les bellâtres bronzés dans les clubs de coopérants racistes le week-end, et affronter les résistants d'une guerre d'indépendance en Afghanistan.
Une stratégie coloniale sclérosée
Il est vrai que cette tactique n'est que le reflet d'une stratégie coloniale sclérosée. En Afghanistan, nous retrouvons le tragique aveuglement du militarisme qui en est le support. Avec ses deux tares classiques :
i) Le déni d'une guerre d'indépendance
Comme pour Napoléon et son état-major pendant la guerre d'Espagne, suivant le schéma de toute guerre de spoliation ou d'annexion, un homme luttant pour l'indépendance de son pays est considéré comme un "terroriste", un "insurgé". A partir de cet axiome, tout est permis. L'engrenage se met en place. "Un bon indien est un indien mort", disaient les massacreurs d'amérindiens...
Bombarder, massacrer, terroriser les habitants, défoncer leurs portes à coups de pieds et saccager leur peu de biens, de préférence la nuit. Quitte à vider le pays, les parquer dans des camps ou des réserves, les contraindre à fuir, à émigrer, pour ne garder que les "collabos" et la milice locale. La seule vision et le seul objectif étant d'assurer, ou de croire, que les "terroristes", les "insurgés", ne gagneront pas. Même s'il est impossible de tenir le pays, en dehors des villes.
Mais, tout n'est qu'une question de temps. La répression sauvage de l'occupant, renforçant la détermination de la résistance, l'indépendance finit par l'emporter, quelle que soit la disproportion des moyens en faveur des armées étrangères. Même s'il faut un siècle. Comme la Guerre de Cent Ans, quand la France s'est libérée de l'occupation anglaise.
Cette stratégie d'un autre âge, se dissimulant derrière une idéologie de la défense de la Civilisation, est une illusion. En notre siècle, usée jusqu'à la corde, il n'y a que des "stratèges paranoïaques" qui peuvent encore y croire.
Alors, dans leur mégalomanie guerrière, les états-majors gangrenés par cette mentalité coloniale, n'ont qu'un argument : toujours plus de moyens !...
ii) Le mythe du manque de moyens
Les résistants Afghans combattent avec des moyens dérisoires : pas de casques, de gilets pare-balles, de lunettes de play-boys, de camions, de blindés, d'hélicoptères, de drones, d'avions, d'artillerie, d'artillerie anti-aérienne, d'hôpitaux, de satellites. Leur seul luxe : des mules et des ânes. Tout est artisanal. Tout se fait à pied.
Pourtant, ils mettent en échec les armées les mieux équipées du monde, comme ils l'avaient fait déjà contre les armées soviétiques. A armes égales, ils balayeraient ces armées de luxe, en quelques jours. Il leur suffirait d'avoir un armement anti-aérien, comme les américains l'avaient compris en distribuant des missiles sol-air Stinger à la résistance Afghane contre les soviétiques, et les troupes de l'OTAN seraient jetées hors du pays en un mois maximum. Qui dit qu'un jour ils ne seront pas dotés d'un matériel équivalent ?...
Leur force ?...
Ils se battent pour l'indépendance de leur pays. Avec leurs ongles, avec leurs dents, s'il le faut. Comme les Espagnols sous l'occupation de ce qui était alors la première armée du monde, celle de Napoléon. Comme tous ceux qui ont lutté pour la liberté de leur pays. Comme nous le ferions nous-mêmes, français, si nous étions occupés. N'est-ce pas ?...
En face, les soldats de luxe de l'OTAN ne sont que des "envahisseurs". Dans leur inconscient, malgré le bourrage de crânes, ils le savent. Sans légitimité, ils ne peuvent avoir le moral nécessaire. Ce sont des loosers, des perdants, quels que soient leurs équipements de Superman...
Pour justifier, leur incapacité à maîtriser une guerre d'indépendance, les galonnés ne cessent de demander des moyens supplémentaires. Refrain habituel des guerres coloniales. Américains, Britanniques, Canadiens, Australiens, etc. Tous. Plus d'hommes, plus de propagande, plus de matériel. Matériel, si possible, le plus sophistiqué, le plus récent, le plus cher... Les lobbies de l'armement en frétillent.
Le lobby belliciste français, victime du syndrome du perroquet, ne cesse de le répéter aussi : "Plus de moyens !"... Mais, la France n'est pas en retard en termes d'équipement militaire, face à des combattants qui se déplacent à pied, avec des armes légères, pratiquement à mains nues, avec un armement artisanal.
Tout simplement, nos "stratèges" sont dans une impasse. Incapables d'anticiper. Incapables d'admettre que vaincre une nation, dans une guerre d'indépendance, est impossible pour un envahisseur. A moins d'en massacrer tous les habitants.
Se profile, alors, la tentation du génocide, accompli à doses homéopathiques...
Une géopolitique fanatique sans issue
La stupidité d'une stratégie fondée sur la répression coloniale d'une nation, par une armée d'occupation, est la conséquence d'une géopolitique sans vision sur l'évolution du monde. Si ce n'est la répétition des vieux schémas des guerres de conquête qui sont la caractéristique du monde occidental depuis le 15° siècle.
Les nomenklaturas au pouvoir, en Occident, sont inaptes à prendre en compte la rapide évolution des rapports de force. Les guerres de conquête ne sont plus admises dans un monde qui doit être géré comme un village, dans le respect mutuel de ses habitants. Le centre de gravité du monde bascule, l'Occident d'ici la fin du présent siècle ne sera plus qu'une puissance moyenne en interaction avec d'autres, aussi puissantes.
Ce n'est que dans le progrès économique partagé, pacifiquement, en muselant les lobbies bellicistes qui se nourrissent des contrats mafieux, que l'humanité pourra trouver un développement "équitable et durable".
Mais, pour ces castes privilégiées, avoir une vision sur les 30 prochaines années, et encore plus d'ici la fin de ce siècle, est hors de leur portée. "Après nous le déluge" pensent-elles, accrochées à leurs rentes et privilèges, concoctant sans répit un mélange explosif fait d'aveuglement mégalomaniaque sur leur propre puissance et de mensonges, avec pour résultat : le fanatisme colonial.
Cinq points permettent de mesurer, en Afghanistan, l'écart entre la réalité et le fanatisme sans issue prôné par les gouvernements occidentaux :
=> Jamais un Afghan n'a lancé une quelconque attaque contre un pays occidental et n'est en mesure de le faire. Au contraire, c'est un pays qui lutte depuis plus d'un siècle contre des occupations étrangères successives.
=> Ben Laden et son équipe, n'étaient pas Afghans. Mais, rappelons-le, des auxiliaires de la CIA, financés essentiellement par les USA et l'Arabie Saoudite, pour combattre les soviétiques en Afghanistan.
=> L'affirmation qu'il y aurait un centre de commandement, de coordination, de formation et de support du "terrorisme international" en Afghanistan est une pure affabulation. Tout un chacun sait que cela est, techniquement et humainement, impossible à partir d'un pays ruiné, dénué d'infrastructures efficientes, notamment en télécommunications, en moyens de transport et de liaisons rapides.
=> Les massacres quasi quotidiens de populations civiles commis par les forces de l'OTAN, s'apparentant à des châtiments collectifs et systématiques, décrédibilisent l'intervention de l'OTAN, non seulement en Afghanistan mais aussi dans le monde entier. Devant la répétition de ces authentiques crimes contre l'Humanité, même " le gouvernement de pacotille " mis en place par l'Occident se voit contraint de protester (11). Ces massacres ne font que renforcer la détermination de tous les Afghans, et la radicalisation de certains d'entre eux, pour chasser les troupes d'occupation de leur pays.
=> L'aide internationale, telle qu'elle est actuellement gérée par les occidentaux en Afghanistan, est une colossale machine à corruption. Corruption, source de l'enrichissement effréné des castes politiques et militaires occidentales. Les potentats locaux ayant les miettes, le reste est ventilé dans des paradis fiscaux sur les comptes secrets idoines, comme pour l'Irak, l'Afrique ou ailleurs. Au détriment, répétons-le, des systèmes de santé et de retraite des populations occidentales désinformées.
A partir de ces points de réflexion, le choix géopolitique de décision pour la France est simple :
i) Soit, nous respectons l'Afghanistan en tant que pays souverain, dans son indépendance, son droit à l'autodétermination, ses choix de société, et nous refusons de nous associer à une guerre coloniale et corruptrice. Sachant que c'est dans la paix et le développement que ses mœurs évolueront, comme les nôtres auront à évoluer sur d'autres plans.
ii) Soit, nous nous associons, en tant que vassal, à des entreprises impériales délirantes et suicidaires qui ne concernent pas notre nation. Ni dans son destin, ni dans les valeurs qu'elle prétend défendre. Engagés dans une répression sans fin, nous acceptons, en ce cas, de nous salir les mains dans le crime, le lent génocide d'un peuple.
Nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas... Par respect pour nos soldats morts en Afghanistan, nous nous devons, face à notre conscience collective et personnelle, de trouver le courage de dire : Non !
Sous prétexte d'une quelconque alliance, la France n'a rien à faire dans le mensonge, la corruption organisée, le crime de guerre, le crime contre l'humanité.
La France n'a rien à faire en Afghanistan.
Notre Grand Timonier nous délivre à intervalles réguliers ses Pensées, afin de nous guider, peuple ignorant, face aux bouleversements du siècle que nous vivons et que nous sommes supposés ne pas comprendre. Il conviendrait de nous les approprier, dans l'étendue de leur vision et la profondeur de leur analyse.
Ainsi, à tout politicien véreux, baderne militaire imbécile, ou "spécialiste" médiatique de la désinformation vendu au plus offrant, prétendant nous faire prendre une "guerre coloniale" pour la "défense de la civilisation contre la barbarie", reprenant une des expressions lumineuses de notre Phare de la Démocratie, n'hésitons pas à lui dire, sereinement mais fermement ...
... les yeux dans les yeux ... :
" Casse-toi, Pôv' Qong ... "
(1) D'après la résistance Afghane : 5 blindés et 8 camions détruits.
(2) Voir la vidéo des commentaires de Patrick Devedjian, hiérarque UMP : http://www.lemonde.fr/web/video/0,47-0@2-823448,54-1087806@51-1049814,0.html
(3) La mise en scène du "reportage" de Paris-Match (tellement "grosse ficelle" qu'il en est ridicule...), du 4 septembre 2008, sur des soi-disant "talibans", se laissant photographier
complaisamment (apparemment on entre en contact avec eux comme dans une agence de tourisme...) par "une photographe", avec des uniformes récupérés sur des soldats français, est un excellent
exemple des multiples coups tordus de la propagande officielle destinée à manipuler l'opinion publique. Activer le binôme "émotion-indignation" pour obtenir "l'adhésion" !... On se croirait
revenu à la guerre d'Algérie, avec les "reportages" du même hebdomadaire sur les "fellagas"...
(4) Record numbers of ex-soldiers in UK jails as combat trauma blamed - At least 8 500 former service personnel are in custody - nearly a tenth of the UK prison
population, Jamie Doward, The Observer, dimanche 31 août 2008.
(5) http://www.warcomeshome.org/wintersoldier2008, site intitulé The War Comes Home, réunissant les témoignages de
vétérans US d'Irak et d'Afghanistan, condamnant les atrocités et la stupidité de ces guerres coloniales. D'autres sites, tenus par des associations de soldats ou d'anciens combattants, sont à
visiter : http://ivaw.org/, http://www.afsc.org/ ,
http://www.bcm-net.org/ , http://www.zmag.org/znet/viewArticle/7227, http://www.farmsnotarms.org/ , http://www.objector.org/ , http://www.girights.org/
, http://www.veteransforpeace.org/ , http://www.thewitness.org/agw/myers040704, html http://www.mfso.org
(6) Le coordinateur des forces de sécurité en Corse démis de ses fonctions,
AFP, Le Monde, du 2 septembre 2008, http://www.lemonde.fr/web/depeches/texte/0,14-0,39-36804871,0.html,
ainsi que http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/09/02/le-m-securite-de-corse-limoge-apres-l-affaire-clavier_1090386_3224.html
(7) Les soldats blessés racontent l'embuscade, les combats, les erreurs..., Jacques Follorou, Le Monde, 20 août 2008.
(8) Un soldat français critique la désorganisation de l'armée française à Kaboul, Le Monde, 29 août 2008.
(9) N'ayant pas peur du ridicule de cette opération, la propagande de l'OTAN annonce triomphalement : Coalition troops brave minefields and Taliban attack to bring electricity to
1.8m Afghans, Richard Norton-Taylor, The Guardian, 3 septembre 2008.
(10) C'est en séjournant dans les pays d'Afrique, dite "francophone", que j'ai découvert que nos troupes présentes sur place (dont les parachutistes de marine) étaient détestées, méprisées, par
les populations, depuis des décennies, car au service des dictatures qui les oppressent et des multinationales qui pillent les ressources de leurs pays.
(11) Afghanistan : Karzaï furieux contre la coalition, Marie-France Calle, Le Figaro, 25 août 2008, http://www.lefigaro.fr/international/2008/08/25/01003-20080825ARTFIG00292-afghanistan-karzai-furieux-contre-la-coalition-.php