“Ils ne respectent rien … ”.
Ce fut le premier commentaire de nos amis Chinois, du moins ceux intéressés aux enjeux diplomatiques et géopolitiques, sereinement fatalistes devant une évidence, apprenant l’invasion de l’Ossétie du Sud par la Georgie, dans la nuit du 7 au 8 août 2008. Au moment même de l’inauguration des Jeux Olympiques de Pékin.
Référence au principe de la trêve entre nations antagonistes, telle que l’appliquaient les Grecs dans l’Antiquité, lors des jeux olympiques. “L’idéal olympique”, sensé rapprocher les peuples et atténuer les différends…
Mais, aussi aux traités et accords internationaux signés entre l’ONU, la “Communauté Internationale”, et les anciennes républiques qui formaient la fédération de l’URSS, pour la résolution délicate et conflictuelle des choix nationaux de cette mosaïque d’ethnies, une quarantaine, vivant dans l’immense Caucase. Avec leurs langues, leurs traditions, leurs religions. Peuples imbriqués, frères souvent ennemis, depuis des siècles.
Massif montagneux, carrefour de vallées. Région instable, riche d’enjeux économiques déterminants pour les décennies à venir, pétrie de violences, meurtrie par des conflits, des déportations, des génocides. Une des régions du monde actuel qui ont le plus besoin d’apaisement, de dialogue, de concorde et de paix. Sur laquelle les prédateurs viennent jeter l’huile sur le feu.
Attiser les haines. Diviser pour régner…
Halhin Gol
Il existe peu de livres en langue française sur la région du Caucase, et la Russie en général, qui ne soient pas financés par la propagande russophobe. Parmi les rares exceptions j’en conseille un, publié en 2006, pour ceux qui voudraient comprendre ce qui se passe derrière l’écran de fumée de la désinformation ambiante : A la conquête du Caucase – Epopée géopolitique et guerres d’influence. Du sérieux, bien documenté, qui présente, en plus, l’avantage de se lire comme un roman d’aventure (1).
Evidemment, la Georgie (2), tout le monde le sait, n’étant qu’un protectorat forgé par les occidentaux depuis l’effondrement de l’URSS, renforcé par le coup d’Etat ayant éliminé Chevardnadze, le “ils” n’était que la désignation des castes au pouvoir en Occident.
Les Chinois retrouvaient les inévitables interférences et pratiques pour susciter, entretenir, financer, guerres civiles et antagonismes, dans un pays ou à ses frontières. Dont eux-mêmes avaient longtemps souffert lors de l’occupation de la Chine. Et, subissent encore, au Xinjiang, au Tibet ou dans les obstacles mis par l’Occident à la réintégration de Taiwan dans la Chine. En Georgie, c’est la Russie qui était visée.
Priorité était donnée, par les Chinois, au bon déroulement des Jeux. Une splendide réussite. Sur tous les plans. Mais, au plus haut sommet de l’Etat, dans la discrétion, les évènements de Georgie étaient suivis heure par heure.
Par une équipe pluridisciplinaire, constituant une Data Room. Compilant et analysant toutes les informations sur les manœuvres et les moyens employés dans le montage de l’agression. En liaison avec leurs homologues Russes. Aucun domaine n’y échappait : militaire (stratégie, tactique, systèmes d’armes et leur combinatoire), diplomatique (gesticulations publiques et manœuvres souterraines), désinformation, propagande …
Car, à l’égard de la Russie, un palier majeur venait d’être franchi en ce 21° siècle.
Majeur.
De la provocation, les occidentaux passaient à l’agression armée.
Jusqu’à présent, les attaques contre la Russie, depuis les entreprises de pillage et de démantèlement du pays en cheville avec les mafias sous Eltsine, se limitaient à des opérations de déstabilisation intérieure. Via des ONG “bidons” ou des “dissidents” médiatiques financés par les services spéciaux occidentaux.
Sur le plan extérieur, un encerclement systématique, avec pour bras armé l’OTAN, justifié auprès de l’opinion publique occidentale par d’intenses campagnes russophobes, appuyant des provocations par l’implantation de missiles à longue portée dans des Etats d’Europe centrale frontaliers de la Russie, par la pression dans l’urgence pour inclure l’Ukraine et la Georgie dans l’OTAN, et autres manœuvres d’harcèlement… Alors que l’équivalent de l’OTAN soviétique, Le Pacte de Varsovie, a complètement disparu.
La Chine est bien placée pour savoir que sa déstabilisation, sa partition même, sont programmées avec détermination par les occidentaux. Malgré leurs semblants de bonnes intentions hypocritement diplomatiques. Comme pour la Russie. D’où son intérêt dans l’examen attentif des rouages de cette opération.
La propagande occidentale n’a cessé de justifier son agression militaire antirusse, à partir de la Georgie, comme étant “ l’anti-Munich” (3). Ce qu’il aurait été courageux d’accomplir quand Hitler s’est emparé de la Tchécoslovaquie, au lieu de signer les accords de Munich en septembre 1938...
Mais, Russes et Chinois se réfèrent, s’agissant de la même époque, aux pressions et agressions japonaises contre la Russie soviétique. Le Japon, visant les immenses richesses pétrolières et minières de la Sibérie, avait provoqué et attaqué les soviétiques aux frontières de la Mandchourie et de la Mongolie, pour tester leur capacité de résistance. Sous le commandement du futur maréchal Joukov, cette tentative se termina par l’écrasement des japonais lors de la bataille de Halhin Gol du 31 août 1939. Suivi d’un cessez-le-feu le 15 septembre suivant.
“La Chasse à l’Ours” avait tourné au désastre, avec un effet secondaire capital : l’armée de terre japonaise, dominant la pensée géostratégique de l’Empire Japonais, perdit son influence au profit de la marine qui réorienta l’expansion militaire vers le Pacifique, au lieu de l’intérieur du continent asiatique et de la Sibérie…
Sans aller jusqu’à retracer dans le détail la chronologie de “La Chasse à l’Ours” occidentale en Georgie, retenons quelques faits marquants pour comprendre les points d’ancrage actuels de la géopolitique Russe. Et, en contrepoint, l’aveuglement géopolitique occidental.
Le Masque
L’agression armée occidentale, du mois d’août 2008, s’est avancée masquée. Derrière l’écran de la Georgie. Authentique colonie occidentale, gérée par les USA et leurs auxiliaires israéliens. Il y a, en effet, en Georgie une communauté de 12.000 personnes environ, possédant la double nationalité israélienne et géorgienne (4).
Communauté très influente, plusieurs de ses membres sont ministres du gouvernement géorgien, et très active dans le Business : commerce des armes notamment, immobilier, sociétés de sécurité ou de conseillers militaires, et établissements de jeux. Avec tout ce que cela suppose ou entraîne comme activités secondaires…
Régime de protectorat ou de colonie, officiellement entériné depuis 2002 (5). Militairement, le pays avait perdu son indépendance de facto lors de la signature des accords militaires signés par Chavernadze, cette année là, avec les USA. En contrepartie d’une aide financière, pour “sauver” son pays englué dans un endettement gigantesque alimenté par une corruption endémique dont les nomenklaturas occidentales, pas seulement les marchands de canons, sont les principaux bénéficiaires.
Un doute ?...
“ L’accord militaire signé entre les deux Etats est léonin : il donne un droit d’entrée sans visa aux soldats des forces américaines sur le territoire georgien. Les militaires américains disposent également du droit de porter une arme à feu personnelle, un privilège interdit aux soldats géorgiens eux-mêmes, et bénéficient de l’immunité diplomatique. Les avions et les véhicules militaires américains peuvent pénétrer dans l’espace aérien ou sur le territoire national sans taxe ni inspection. Enfin la Georgie ouvre ses aéroports au transit des appareils de l’US Air Force vers l’Irak et s’engage à fournir elle-même un contingent à la coalition proaméricaine en guerre contre Bagdad.” (6)
A cela s’ajoutait un volet économique interdisant, de façon plus ou moins voilée, tout investissement Russe en Georgie. La libre concurrence n’étant qu’un mythe chez ses prêcheurs… Chevardnadze, soucieux d’un rééquilibrage nécessaire à l’indépendance et à la modernisation de son pays, veut passer outre :
“Fin juillet (2003), il signe un accord de livraison de gaz avec le géant Gazprom valable vingt-cinq ans ; après quoi, le 7 août, il annonce la vente de la moitié du réseau d’électricité du pays à la société russe UES. La nouvelle entreprise mixte créée pour l’occasion appartiendra pour les trois quarts aux Russes d’UES et pour un quart à l’Etat géorgien” (7).
La foudre s’abat :
“… le 25 juillet 2003 le FMI exige une réduction immédiate du déficit budgétaire de 65 millions de dollars, ainsi qu’une hausse des impôts et des tarifs de l’électricité” (8).
L’étranglement. Le coup d’Etat est lancé. Intitulé La Révolution des Roses, pour faire soft dans les plans médias de la propagande occidentale. Etranglement financier, blocage des comptes, campagne de corruption et de communication à l’encontre de Chevardnadze. La démolition est en marche avec les inévitables ONG-CIA, radios “privées” aux financements occultes, distribution de dollars (en espèces) aux manifestants, aux milices et aux mafias locales. Toute la caisse à outils des coups d’Etat “new look”…
Chevardnadze, dépassé, isolé, est éjecté. Remplacé, en décembre 2003, par Saakachvili. Ancien avocat américain, membre du cabinet new-yorkais Paterson. Il possède la double nationalité américaine et géorgienne. Saakachvili ?... La docilité incarnée.
Et, soudain : le miracle ! L’avalanche ! Le torrent d’argent se déversant sur la Georgie est impressionnant ! Au point qu’en mai 2004, les USA assurent un cinquième du budget de l’Etat géorgien. Le FMI, oubliant subitement ses manœuvres de strangulation du temps de Chevardnadze, accorde 144 millions de dollars d’aide. L’UE obéissant aux ordres, en bon vassal, en accorde 150 millions.
Sans compter divers programmes privés américains, aux obscures ramifications, tel le Millenium Challenge Account, rajoutant des montants équivalents. Par habitant, la Georgie est désormais le pays le plus fortement alimenté en aide américaine et internationale, au monde, après Israël.
Encore plus fort :
“Lors de la conférence internationale consacrée à la Georgie qui se tient le 16 juin 2004, une surprise de taille se produit : la Banque Mondiale et les grands donateurs offrent un milliard de dollars, une somme plus de deux fois supérieure à celle demandée par le gouvernement géorgien. De mémoire de banquier international, on n’a jamais vu ça.” (8)
Une pluie de dollars et d’euros… “Son budget a plus que doublé…” (9). Mais, pour ne pas changer dans ce type d’aides, le pays reste aussi pauvre et corrompu. Pourquoi s’étonner ?... Le budget militaire “officiel”, en un an (2004-2005), est plus que quadruplé. En fait, l’augmentation exponentielle des aides est massivement basculée dans les poches des marchands d’armes.
La corruption s’en trouve renforcée. Santé, éducation, solidarité avec les démunis et les précaires ?... Pas possible : les caisses sont vides ! Le pauvre reste pauvre. La Georgie, mine d’or pour les corrompus et les marchands de canons, s’arme jusqu’aux dents.
Bref, la Georgie n’a d’indépendance que le nom. Véritable enclave occidentale ou colonie. Porte-avions en plein Caucase. Vocation ?... Surveiller les oléoducs, exercer une pression armée sur la Russie aussi bien que sur l’Iran, bouter progressivement la Russie hors du Caucase. Il ne restait qu’à en tester l’efficacité…
La Préméditation
Tout avait été préparé, programmé, planifié. Depuis des mois. Méticuleusement.
La Georgie, devait annexer définitivement l’Ossétie du sud et l’Abkhazie qui depuis l’éclatement de l’URSS souhaitaient leur rattachement à la fédération Russe, la Communauté des Etats Indépendants (CEI). Contrairement aux tracé des républiques décidé, en son temps, par Staline le Georgien. Maître tout-puissant de l’URSS, il avait agrandi sa terre natale en lui rajoutant d’un trait de crayon : l’Abkhazie et une partie de l’Ossétie. Dénommée, depuis : Ossétie du sud.
Le fondement stratégique de l’opération reposait sur une action militaire foudroyante, avec deux composantes essentielles : une surprise totale des Russes et leur paralysie face aux intenses campagnes de diabolisation du pays et de ses dirigeants.
Les aides colossales à l’échelon de la Georgie, engrangées depuis les cinq dernières années, ont servi en premier lieu à des achats massifs d’armement ultramoderne vendu par les principaux fabricants d’armes occidentaux : missiles de tous calibres et de tous usages (anti-aériens, en particulier), blindés, artillerie, systèmes d’armes électronique, optronique, drones, transmission et surveillance, appareils de vision nocturne, informatique militaire. Israël, à lui seul, en a vendu “officiellement” pour plus de US $ 200 millions. Tout l’arsenal d’une armée “dernier cri”.
A cet arsenal correspondaient des investissements sans compter, pour le plus grand profit des sociétés de construction liées au pouvoir mafieux, dans l’édification et l’agrandissement de bases militaires. Budgets et appels d’offres, contrats, comme toujours dans ce genre de Business, largement surévalués et sans contrôle des coûts de revient effectif… Que voulez-vous ?... Il faut bien caser tout cet arsenal et accueillir leurs utilisateurs !…
En plus, il convient de les former, de les encadrer. Là, encore, les budgets de “formation” explosent. Les “conseillers” militaires occidentaux sont envoyés en nombre. Pour l’essentiel américains et israéliens. Plus d’un millier d’instructeurs israéliens encadraient l’armée géorgienne, tout spécialement au niveau de son état-major, à la veille du conflit.
A cette dispendieuse préparation militaire, s’ajoute la planification de l’opération militaire. Une préparation militaire gérée par des conseillers militaires israéliens et américains, avec le général israélien Gal Hirsch à leur tête (10). C’est un des stratèges de l’invasion du Liban en juillet 2006, qui avait vu la destruction de l’intégralité des infrastructures du pays et le largage de milliers de bombes à sous–munitions qui explosent encore de nos jours. Il avait quitté l’armée israélienne à la suite des résultats de la Commission Winograd qui l’avait accusé d’incompétence …
Il est vrai que les stratégies actuelles, israélienne et américaine, sont des plus primaires. Pas besoin d’un génie : bombardement massifs, notamment d’infrastructures civiles (parmi les bombardements les plus déments : usines de conditionnement de lait au Liban ou stations d’épuration d’eau en Irak…), suivis d’un assaut de troupes surarmées face à des civils sans armes. Ou du moins, lorsqu’ils sont armés, avec un différentiel en qualité d’armement qui fonde la supériorité des troupes d’invasion.
Le bombardement de Tskhinvali, la capitale de l’Ossétie du sud, était donc essentiel pour en chasser les habitants et terroriser le reste de la population. A la suite de ce massacre, le nettoyage ethnique contre les populations Ossètes et Russes se mettrait en route de lui-même.
Un point avait été spécialement peaufiné. Pour neutraliser toute intervention de l’aviation russe, avait été mis en œuvre un système très sophistiqué de liaisons par satellite militaire, spécialement positionné au-dessus de la zone de guerre, pour gérer les batteries de missiles anti-aériens.
Dans les configurations classiques, les batteries antiaériennes sont équipées de radars pour repérer les avions ennemis et guider les missiles vers leurs cibles. Ce qui les rend vulnérables aux contre-mesures électroniques. Il existe même des missiles air-sol antiradars. L’emploi d’un satellite militaire pour ce repérage et guidage, permettant de se passer de radars au sol, rendait les avions russes vulnérables, dès leur décollage, et les batteries pratiquement invisibles. Très efficace.
Pour affiner l’organisation d’ensemble, un galop d’essai avait été organisé. C’est ainsi que trois semaines avant l’attaque surprise, à la mi-juillet 2008, des manœuvres avaient rodé l’appareil militaire et surtout la coordination interarmes. Rien que du beau monde dans ces manœuvres : plusieurs membres de l’OTAN, et aux côtés de la Georgie, l’Ukraine. La France, bien sûr, y a participé… Des manœuvres complémentaires entre la Georgie et les USA se sont, même, tenues à partir de la base militaire de Vaziani, à moins de 100 km des frontières de la Russie.
Cerise sur le gâteau : il était prévu d’opérer, par les autorités ukrainiennes, un blocus du port militaire russe de Sébastopol dans la province de Crimée, se trouvant pour le moment dans l’Ukraine actuelle, sous forme d’un bail locatif (11). Sous prétexte d’un embargo militaire pour calmer le conflit en cours… Profitant du désarroi probable des Russes devant l’attaque-surprise, renforcée d’une campagne d’intimidation des pays de l’OTAN.
L’agression était soutenue sur le plan médiatique par une écrasante campagne de propagande antirusse mobilisant tous les médias. Longuement élaborée avec ses déclinaisons thématiques décrivant les Russes comme d’implacables “agresseurs”, “revanchards”, “expansionnistes”, “ivres de conquêtes”, “destructeurs de démocraties”, qu’il convenait, bien évidemment, de condamner énergiquement. Mobilisant toutes les ressources médiatiques et académiques. Avec, bien sûr, les inévitables “spécialistes” de la Russie portant des noms à consonance russe, ou slave, pour conforter la crédibilité de leurs propos russophobes. Selon un argument central : montrer sa détermination en muselant L’Ours Russe…
Suprême raffinement : le déclenchement de l’opération devait s’opérer au moment du lancement des Jeux Olympiques à Pékin, en pleine période estivale. Plusieurs avantages : l’opinion publique internationale aurait l’attention détournée par l’évènement sportif. Poutine, le premier ministre, serait absent de Moscou pour représenter la Fédération Russe à Pékin, et le président Medvedev serait en vacances dans la résidence officielle de Sotchi.
Seul défaut de cette stratégie : considérer pour acquis l’acceptation par les Russes, sous le choc de l’attaque-surprise et des campagnes d’intimidation, du fait accompli.
(A suivre...)
N.B. Mille excuses auprès de mes lecteurs : j'ai été contraint de scinder cet article en deux, du fait du blocage de sa publication par l'hébergeur. Motif : "trop long"... Comme je le dis dans un commentaire : Patientons, nous n'en sommes qu'à la préhistoire d'internet.
(1) Hoesli, Eric, A la conquête du Caucase – Epopée géopolitique et guerres d’influence, Editions des Syrtes, 2006, 685 pages. Résultat d’une dizaine d’années de travail et de nombreux séjours dans le Caucase, avec une excellente cartographie. Lire, notamment, la sixième partie : “La lutte pour le contrôle des richesses pétrolières” (p. 505 – 612). L’auteur, Suisse, exemple de journalisme de rigueur et d’honnêteté, que nous n’avons plus en France, dirige les plus grands journaux de son pays.
(2) La Georgie a donné à l’URSS plusieurs de ses dirigeants. Avec leurs qualités et leurs défauts… Staline, né à Gori d’un père Géorgien et d’une mère Ossète. Ou encore, Beria, son implacable ministre de l’intérieur et de la police, grand pourvoyeur des goulags, né aux environs de Soukhoumi en Abkhazie. Plus récemment, un de ses plus influents ministres des Affaires Etrangères, Chevardnadze. Après l’éclatement de l’URSS, élu à la tête de la Georgie, les occidentaux le remplaceront par Saakachvili.
(3) Parmi les articles d’une russophobie abyssale sur ce thème de propagande, lire l’article paru dans Le Monde du 20-08-08 : Pusillanimité occidentale face à la Russie. Par Françoise Thom, présentée comme « historienne, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris IV - Sorbonne ». Savoureux ! Du fanatisme “ziocons” pur sucre. Pauvre Sorbonne, se dit-on. Du niveau des publications de l’American Enterprise Institute…
(4) Zarchin, Tomer et Blumenkratz, Zohar, We’ve reached a safe haven – say Israelis returning from Georgia, article du journal israélien Haaretz du 13 août 2008, http://www.haaretz.com/hasen/spages/1010833.html
(5) Dès 1998, profitant des énormes problèmes économiques et sociaux de la Russie, les USA sous Clinton renforcent l’axe Turquie – Georgie - Azerbaïdjan, réactivant l’organisation régionale à dominante militaire intitulée GUAM (Georgie - Ukraine- Azerbaïdjan - Moldavie).
(6) Hoesli, Eric, Op. Cit., p. 606.
(7) Hoesli, Eric, Op. Cit., p. 607.
(8) Hoesli, Eric, Op. Cit., p. 608.
(9) Hoesli, Eric, Op. Cit., p. 609.
(10) Melman, Yossi, Georgia Violence – A frozen alliance, Haaretz, 10 août 2008. De plus, un accord secret avait été conclu entre Israël et la Georgie pour la concession de deux bases aériennes devant servir aux bombardements de l'Iran par l'aviation israélienne : http://www.washingtontimes.com/news/2008/sep/04/israel-of-the-caucasus/
(11) Dreyfus, François-Georges, Une histoire de la Russie, Editions de Fallois, 2005, cf.chapitre “Poutine le temps de la reconstruction”, p. 253 :
“La crise ukrainienne de l’automne 2004 n’a pas réchauffé les relations Moscou - Washington et a refroidi un temps les relations avec Berlin. Pour les Russes, et historiquement ils n’ont pas tort, l’idée d’un Etat ukrainien repose sur un mythe, il n’y a jamais eu d’Etat ukrainien dans l’histoire : le particularisme ukrainien ne s’est vraiment développé qu’à l’ouest du Dniepr du temps des occupations austro-allemandes ou de l’autoritarisme tsariste après 1860. Il renaît après 1990, soutenu cette fois-ci par l’Etat polonais, qui veut établir un glacis entre la Russie et la Pologne, avec l’appui des Etats-Unis toujours en tête, pour déstabiliser la Russie. Cette politique contribue vraisemblablement à renforcer l’influence de Poutine sur le peuple russe : aux yeux du Russe moyen, Kiev est une ville russe !”
Caricature : de Steven Bell, publiée dans The Guardian le 15 août 2008. Avec Bush portraituré en singe bafouilleur, sautillant aux pieds de L’Ours symbole de la Russie, mélangeant, avec à propos pour une fois, “irrational” et “international” pour qualifier la “Communauté Internationale” …