Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes... Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage. Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas. A contre-courant...
L’Imbécillité Tragique de “l’Intelligentsia” Française
La lecture de “Syngué Sabour” m’a procuré la même sensation que ces barquettes de plats préparés d’hypermarché. Transitant par le micro-ondes, avant ingestion et digestion. “Produit” parfaitement calibré pour le marché français, et occidental. Dans le business de l’édition, les traductions ou les cessions de droits à l’export, avec si possible des adaptations cinématographiques, sont planifiées pour diffuser un “produit vendable”. D’où, la nécessité de réunir les ingrédients basiques.
On retrouve, dans ce Goncourt, le cocktail d’astuces indispensables aux bonnes ventes dans l’édition bien de chez nous : violence, incitation à la haine raciale et religieuse, à mots couverts bien sûr car il convient de respecter un minimum de convenances, femme “victimisée” pour ratisser du côté des organisations féministes ouvrant grande la promotion dans les magazines “féminins”. Et, ingrédient essentiel : du sexe…
Dans Syngué Sabour, tout y est. Parfaitement dosé. Tous les clichés sont là pour plaire à la cible de clientèle, le “bobo” occidental, flatter son racisme et stimuler sa libido fatiguée par le stress…
Tranches de sexe, entrelardées d’une couche de voyeurisme, alternant avec les imprécations de “la femme” contre les hommes et son pays, personnage central du roman, dont on ne connaîtra pas le nom. Un coulis de sauce sanguinolente, pour fin, car il faut bien une fin en apothéose : la femme se faisant fracasser la tête par son homme, contre un mur, sur le sol. Rêve ou réalité, le fait est là. Pour bien signifier le “sort tragique de la femme Afghane”.
Pour toile de fond, une femme veille un homme dans une maison. Son mari. Dans une demie folie.
Plagiat, pur et simple, du thème et du cadre d’un des chefs-d’œuvre de l’écrivain espagnol Miguel Delibes, Cinco horas con Mario, publié en 1966 et traduit en français en 1971, sous le titre de Cinq heures avec Mario. Même monologue d’une femme devant le corps de son mari décédé, l’accablant de reproches et exprimant ses frustrations devant son incompréhension.
Il est dans le coma, sous perfusion, blessé dans des combats. Ambiance de guerre. Elle soliloque, prenant son homme pour "pierre de patience".
On entend les bruits extérieurs : tirs, chenilles et moteurs de char d’assaut, cris.
Quelle guerre ?... Une de celles, successives, imposées par les envahisseurs de l’Afghanistan, Russes, Américains, coalisés occidentaux de l’OTAN ?...
Chut ! Tabou ! Nous n’en saurons rien.
Des hommes entrent et sortent, en hurlant, fouillant la maison, malmenant le blessé. Ils portent des “turbans noirs”. Se ravisant de leur méprise. Nous sommes bien en Afghanistan. Mais on ne voit, ni n’entend, jamais, des soldats casqués, vêtus d’uniformes étrangers au pays, défonçant des portes, saccageant des maisons, bombardant, mitraillant, criant des ordres dans une langue inconnue des dialectes locaux. Jamais.
Des Corans un peu partout, certains traînent par terre, des hommes qui prient, sans bien savoir ce qu’ils font, ni ce qu’ils disent. Des mollahs qui “crient” pour appeler à la prière, n’appréciant pas que “la femme” ait ses règles. Les mollahs, cliché oblige, ne peuvent que crier et être allergiques aux règles des femmes.
Des pères méprisés par leurs fils, pour cause de folie. Suivant, à l’interligne près, le catalogue des stéréotypes : dans ce pays de barbares, le sens, la valeur de la famille, sont inconnus. On enfonce le clou, par la tragique histoire de “la tante” exclue de la famille, pour stérilité, finissant dans “une maison close”. Manque, toutefois, le coup de la femme à qui on a “brûlé le visage à l’acide”. Peut-être qu’au moment de l’écriture du roman, les officines de désinformation n’avaient pas encore mis la touche définitive au scénario…
Nous sommes bien en “terre d’Islam”.
Les hommes y sont noircis encore plus que les turbans dont les affublent l’auteur, à longueur de page.
Les hommes ?...
Dans ce pays de musulmans sauvages, ils ne peuvent être que des brutes. Aux “turbans noirs”. Aghhh !... Le “turban noir”, l’auteur en fait une fixation. Probablement pour que le lecteur remarque le génie inventif dans le cliché : avant on disait les “barbus”, maintenant on dira les “turbans noirs”…
Des obsédés sexuels qui ne savent que se “branler” en “matant”, par une fenêtre, l’héroïne du roman lorsqu’elle prend son bain, pour reprendre les propres termes de l’auteur. On aura droit à la description complaisante de sa masturbation d’une main, tenant de l’autre le sexe inerte du comateux. Puis, pour varier le menu, on assistera à son dépucelage d’une jeune brute, ensuite à ses coucheries avec le même ou on ne sait trop...
Quel imaginaire ! Quel souffle romanesque !...
Confondant érotisme et pornographie, sensualité et vulgarité de sex-shop.
Je ne suis pas un intégriste de la pruderie. Ce qui me met à l’aise pour considérer cet “ouvrage” comme un concentré de folklore islamophobe, sous cellophane porno, empaqueté dans un style de notice de garantie de machine à laver. Sauce : “diabolisation de la résistance afghane”.
Ça, Prix Goncourt ?...
Je me suis interrogé sur les motivations, les critères de sélection des membres du Jury. A se demander s’ils ont lu le livre. Me posant la question :
“Comment en arrive-t-on à primer dans un pays réputé, à tort ou à raison, de grande culture, une telle barquette ?...”.
Les commentaires (8) des membres du jury me laissent perplexe. Parmi les ténors :
=> Edmonde Charles-Roux, présidente du Prix Goncourt : “C’est un livre qui défend la cause des femmes”. Ah, bon ?...
=> Françoise Chandernagor: “Le livre s'est imposé par son actualité. L'Afghanistan est un pays qui nous intéresse et qu'on cherche à comprendre” (9). Ah, tendance !...
=> Bernard Pivot : “C'est important que le Goncourt renoue avec la tradition qui consiste à parler du monde”. Parlant d'une « double audace », qui va sans doute « faire polémique » parce que « Syngué Sabour » aborde la question de la condition de la femme…”. Ce qui s’appelle du “marketing de publication” ou de “l’argumentaire publicitaire”…
Polémique ?... Soyons sérieux : le jury nous sert un charabia de vendeurs de lessives. Pas plus. Certainement pas, une approche de découvreurs de talents.
Evidemment, les critiques, suivent, dans un mouvement moutonnier, tonalité et tempo imposés par les médias. Les commentaires imbéciles se multiplient. Parmi les perles glanées, je vous en propose une, représentative de toutes les autres:
“… Et en « révélant » cette vérité des femmes en terre d'islam, Atiq Rahimi se veut aussi « prophète » d'un changement, d'un espoir...”. (10)
A désespérer de l’intelligence …
Auteur Franco-Afghan ?... Le dossier de presse repris à l’identique d’un journal à l’autre, ou d’un hebdomadaire à l’autre, coquilles comprises, nous en dresse le portrait.
On apprend ainsi que l’auteur, installé en France pendant l’occupation soviétique, appartient à “l’aristocratie du pays”. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le journaliste de L’Express (11). Béat d’admiration.
“Ce fils d’aristocrate afghan”, dont le père était gouverneur de la vallée du Panchir, a fait toutes ses études au Lycée français de Kaboul. Oubliant de préciser que les frais d’inscription et les places disponibles au Lycée français de Kaboul sont, effectivement, inaccessibles à qui n’est pas un rejeton de la nomenklatura. Ou, de “l’aristocratie” par euphémisme.
Appartenir à la jeunesse dorée d’un pays n’est pas une tare. L’essentiel est l’utilisation ultérieure de la chance qu’on a eue… Pour son pays, et l’avenir de la collectivité à laquelle on appartient.
L’auteur partage son temps entre sa résidence en France et l’Afghanistan. Où, nous dit-on, “… il est l’auteur à succès d’une sit.com, d’une « StarAc » du rire et du business” !...
C’est pas beau la culture d’un “aristocrate” retournant apporter “la modernité” dans son pays ?... Un exemple de dépassement des tabous de sa culture d'origine, comme dirait l’éditorialiste du journal Le Monde. Cet “aristocrate” me fait penser aux aristocrates français qui s’en retournaient d’exil “dans les fourgons” des armées coalisées, caricature d’alors, à la chute de Napoléon. Pour restaurer la monarchie, avec Louis XVIII …
Au passage, le dossier de presse assimile le quartier de Kaboul, où sont concentrés les occidentaux et les membres de l’oligarchie locale, de “l’aristocratie”, avec le pays tout entier. Belle manipulation de l’information. Comme si le reste du pays avait le temps, et les moyens, de s’intéresser à la « StarAc » d’Atiq Rahimi…
Au-delà de l’éclat de rire qu’il provoque, ce dernier point est à retenir.
Il illustre, prenant en défaut la propagande occidentale, le fossé abyssal entre une nomenklatura et le reste d’une nation occupée, colonisée, par des forces étrangères. C’est-à-dire, sa quasi-totalité. Avec le rôle souvent désastreux des centres culturels étrangers, véhiculant un colonialisme implacable derrière le rideau culturel. Ces “élites”, occidentalisées à outrance, sont détestées, méprisées, dans leur pays.
Loin de représenter le progrès ou la modernité, elles ne sont considérées que comme des relais de l’oppression et du pillage colonial. Des “collabos”. Lors des dernières émeutes populaires en Côte d’Ivoire, si des jeunes ivoiriens ont saccagé le “centre culturel” français d’Abidjan, ce n’est pas parce qu’ils étaient “sauvages”, contrairement à la caricature raciste de la propagande médiatique française, mais parce que ce symbole “d’aliénation” leur était insupportable.
Le plus grave est de voir certaines “élites” adopter les thèses coloniales, à l’encontre de leur propre pays, jusqu’aux extrêmes. Ainsi, concernant l’Afghanistan, la rhétorique classique des colons expliquant la révolte populaire, contre leur autorité, par la présence et l’action “d’étrangers”, venus de l’autre côté de la frontière de leurs possessions ou de leurs conquêtes.
Révolte ? Jamais de l’intérieur du pays conquis. Impossible. Impensable. Parce que la population locale, ne peut qu’éprouver vénération pour ses oppresseurs, apporteurs de civilisation et de démocratie.
Se développe, à présent, la théorie fondant la paix en Afghanistan, autrement dit l’acceptation de la colonisation occidentale, par l’attaque et l’occupation du Pakistan. La finalité des “ziocons”, partisans acharnés de cette stratégie qu’ils ont réussi à imposer à la France et à L’Europe, étant de “l’exploser”, ultérieurement, entre plusieurs micro-Etats indépendants sur une base ethnique.
Ecoutons, lisons, l’incantation des chamans “ziocons”, reprise à l’identique, par Atiq Rahimi :
“Il y a une zone tribale entre l'Afghanistan et le Pakistan où sont installés non seulement les talibans et tous les terroristes venus du monde entier, qui créent leurs écoles militaires et coraniques, qui endoctrinent les jeunes gens désespérés, qui les envoient pour mener des opérations-suicides et pour tuer des populations afghanes et les soldats de la force internationale.
Ensuite, une fois l'opération terminée, ils rentrent au Pakistan. Il faut donc se poser la question de savoir d'où viennent leurs armes et leur argent. A mon avis, il faut s'attaquer aux sources. Mener uniquement des opérations de protection en Afghanistan, cela ne sert pas à grand-chose...”. (12)
Incontestablement, avec pareil acte d’allégeance brandi à bout de bras, voilà un “auteur-aristocrate” dont carrière, gloire et richesse, sont assurées …
L’Islamophobie Tragique de “l’Intelligentsia” Française
Raisonner par clichés, préjugés, à l’égard des “Autres”, sans au préalable s’informer, se documenter, échanger, discuter, visiter, vivre avec, est le symptôme de l’imbécillité. Imbécillité qui accable l’intelligentsia française, du moins celle qui est médiatiquement visible.
Loin de jouer son rôle moteur d’éclaireur, de découvreur de talents. Loin de susciter approches nouvelles, compréhension du monde, dans le respect et l’empathie à l’égard des civilisations et peuples différents, elle ne véhicule que bêtise, fondée sur le mépris, l’intolérance. Justifiant, ainsi, la violence armée à leur égard.
Le fondement de cette imbécillité est une pulsion viscérale, un conditionnement profondément ancré dans l’inconscient collectif de l’intelligentsia : l’islamophobie. Edward Saïd, longtemps professeur de Littérature Comparée à Columbia, en a donné les clés.
Dans deux ouvrages fondamentaux, pour qui veut comprendre ce phénomène de perversion de l’intelligence et du savoir, dont je recommande toujours la lecture. Qu’on me pardonne, mais je ne dispose que des éditions en langue anglaise : Orientalism et Culture & Imperialism (13).
L'ethnocentrisme, ce racisme sous camouflage “intello”, justifiant toutes les entreprises coloniales. A présent, l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan. Le prétexte de la chasse au terroriste ne pouvant l’expliquer à lui seul. Avec comme pivot de propagande : “le sort tragique de la femme afghane”. Pour faire pleurer dans les chaumières et provoquer l’adhésion.
Micheline Centlivres-Demont, à la suite de ses travaux d’ethnologue, a été une des premières à dénoncer l’instrumentalisation de la femme afghane :
« … il y a le discours sur la femme aliénée, dominée ; il y a la femme sous le châdri, qui est pris comme symbole extérieur de l’aliénation féminine. La grande majorité des femmes en Afghanistan ne portent cependant pas le châdri, mais un simple voile de tête. Le châdri est un phénomène urbain, récent. Son port correspond à l’accession à la petite et moyenne bourgeoisie. C’est une forme de promotion. » (14)
Remettant en cause l’hypocrisie des “analyses” de la réalité afghane :
« … L’enjeu principal de la plupart des “analyses” n’étant pas tellement de dire ce qui se passe en Afghanistan… il faudrait peut-être … montrer qu’elle (cette analyse) est ethnocentrique, et …(cette analyse ethnocentrique) interdit de penser le problème de la femme. » (15)
Stigmatisant l’ethnocentrisme maladif, et mensonger dans leurs conclusions hâtivement ou habilement construites, des praticiens de la désinformation :
« … les Occidentaux se représentent les femmes d’Afghanistan à partir d’une condition telle qu’ils ne peuvent décrire sa situation que comme archaïque, réactionnaire, féodale. Pourtant dans mon travail d’ethnologue, je me suis trouvée souvent dans une situation paradoxale où c’était moi que les femmes afghanes plaignaient…
… La femme se trouve ainsi au centre d’un réseau de relations qui passe en dehors du mari et qui ne correspond pas à l’image qu’on a chez nous de la famille, du couple, du ménage.
… C’est dans les villes que l’on rencontre les cas les plus tragiques d’aliénation féminine, non dans les campagnes…
… Ce que je veux critiquer, ce sont les images toutes faites de l’arriération ou du progrès calquées sur nos propres représentations. » (16)
Effectivement dans des villes, Kaboul et Kandahar essentiellement, des femmes isolées socialement, non protégées par leurs familles ou leurs clans, ont eu à subir des violences inadmissibles. Comme dans tous pays livrés à l’anarchie provoquée par des guerres, permettant l’accès temporaire au pouvoir de factions violentes et radicales.
Mais, s’il s’agit d’être honnête, il convient de ne pas oublier cinq points fondamentaux :
i) Dans un pays ravagé, pendant plusieurs décennies, dans des
guerres imposées par des envahisseurs successifs, les enfants et les hommes en sont autant victimes que les femmes.
ii) L’amélioration de la condition d’un peuple, sexes et âges confondus, a pour fondement la paix.
iii) La paix a pour fondement l’arrêt immédiat de toute occupation étrangère et le respect du droit, du peuple concerné, à
l’autodétermination de ses choix politiques.
iv) Les luttes d’influence ou rivalités éventuelles, suite au
départ des envahisseurs, sont à résoudre par le peuple lui-même. Comme nous, occidentaux, l’avons fait au cours de notre histoire dans nos propres pays. Elles n’ont pas à servir de prétexte
hypocrite au maintien d’une occupation militaire.
v) L’autodétermination a pour fondement le respect des intérêts économiques de la nation concernée, dans l’exploitation à son profit de ses
ressources naturelles, avec son intégration équitable dans les échanges économiques internationaux. Excluant la pratique criminelle de l’embargo, dont femmes et enfants sont les premières
victimes.
Oublier ces points, ne serait que pratiquer du misérabilisme médiatique, le “marketing des bonnes causes”, avec pour finalité la justification d’une colonisation et des horreurs qui la sous-tendent inévitablement. Dans le cas de l’Afghanistan : justifier la présence de nos troupes.
Oublier ces points ne serait que jouer aux Belles Âmes, incapables d’expliquer ces silences :
Qui se soucie du sort tragique, depuis ces soixante dernières années, de la femme Palestinienne ?... La Palestine ?... “Jamais entendu parler”, vous diront les Belles Âmes… Leurs connaissances en géographie font penser à celles des géographes du 15° siècle. Quand on ne connaissait pas un territoire, ou une partie de la planète, on marquait sur les cartes et mappemondes : Terra Incognita…
La femme Irakienne ?... Son sort tragique ?... Pays laïc, avant sa destruction par l’Occident, où la femme avait le meilleur statut social de la région. Un des plus enviés, malgré la dictature. Elles occupaient les plus hauts postes dans l’armée, l’enseignement, l’administration, les entreprises, la recherche. A présent, misère et prostitution des femmes, inconnues jusqu’à l’invasion, explosent…
Qui se soucie du sort tragique de la femme latino-américaine, bolivienne, kenyane, mozambicaine, ivoirienne, congolaise, sud-africaine, indienne ?... L’espérance de vie dans les régions pauvres de ces pays tourne autour de la quarantaine d’années. Encore moins, pour les hommes.
Qui se soucie de toutes celles qui crèvent de misère, de faim, de maladie, dans le pillage des richesses de leurs pays par les multinationales, via les dictatures ou simulacres de démocraties, imposées par les armes occidentales ?...
Dans nos contrées hyper riches, que dire du sort tragique des femmes et des hommes qui meurent de faim et de misère ?... En France, les femmes “travailleuses pauvres”, figurant dans les 2 millions vivant en dessous du seuil de pauvreté, dont 30 % renoncent à se soigner, incapables d’accéder aux mutuelles. Pays dans lequel, en plein Paris, au Bois de Vincennes, on trouve ce mois-ci trois hommes morts de froid. Dans un parc où survivent sans abris, plus de 200 personnes.
Dans nos contrées hyper riches, que dire du sort tragique de ces jeunes femmes, vêtues à la dernière mode, qu’on peut voir tous les samedis soirs sortant des pubs, en plein centre de Londres, ou dans d’autres capitales occidentales, titubant sur leurs talons aiguilles, minijupes ras des fesses, épaules dénudées, même dans le froid, vomissant dans les caniveaux, s’affaissant sur le trottoir ?... Ivres d’alcool, quand ce n’est pas de cocaïne, ou des deux à la fois. Le Binge. C’est ainsi qu’on appelle ces soirées où on se “défonce” collectivement, chaque fin de semaine, pour satisfaire l’aliénation imposée par la “société de consommation”.
La dignité humaine n’a ni sexe, ni couleur, ni religion, ni frontière. C’est son respect qui donne une âme à une civilisation, à une communauté.
Une intelligentsia qui instrumentalise le cas du “sort tragique” de la femme d’un pays, pour en justifier le bombardement, l’occupation militaire, trahit sa vocation et sa conscience. Se donnant, à bon compte, bonne conscience. Jouant, en histrion, les Belles Âmes.
Restons lucides.
Atiq Rahimi n’est que la énième mouture de ces écrivains à la mode dans les médias de la propagande. Issus des pays qui ont eu à subir, ou qui subissent, la colonisation occidentale, qu’ils soient “francophones”, “anglophones”, “hispanophones” ou autres. Instrumentalisés, il ne leur est pas demandé du talent, comme l’a magistralement démontré Edward Saïd dans son œuvre, mais simplement de savoir agencer les clichés souhaités par le colonisateur. Les exceptions, confirmant la règle.
Ce n’est que le filon exploité, chez nous, par certains auteurs “francophones”, maghrébins et libanais en particulier, qui ne savent décrire “la femme” de leurs pays, “en terre d’Islam” comme on dit, qu’en folle, prostituée, loque écrasée de chagrin, victime d’hommes arriérés, de sombres brutes, dotés d’instincts primaires. Dans une société où le rire, la joie, le plaisir et la fête sont inconnus.
Quant aux guerres, occupations, tortures, massacres, humiliations, pillages imposés par l’Occident à leur pays, à leur peuple, à leur culture, à leurs racines, à leur Histoire : silence !
Ecriraient-ils le contraire, qu’ils ne trouveraient aucun preneur de leur camel crap.
Certains vont plus loin. Le “must” : cracher sur la religion de leurs parents et de leur enfance. Même s’ils en connaissent à peine les rudiments. L’important étant la provocation. Lorgnant, au passage, la fortune de Salman Rushdie. Décrocher la fatwa d’un illuminé crédible, et, présentés en champions de la liberté d’expression, c’est le jackpot médiatique…
En soutiers de la culture coloniale, ils alimentent en charbon, la chaudière islamophobe. Assurés, ainsi, de vendre et prospérer. Se baladant de prix littéraires, en centres culturels, studios de radios, plateaux TV, interviews magasines, et salons du livre. Or, gloire et renommée… Que ne ferait-on pas ?...
Paix à leur conscience…
La mentalité coloniale, antimusulmane, se porte bien. Propagande, manipulation et intox, aussi.
Nos “littérateurs” du cirque médiatique, confits de bêtise et de racisme, ronronnent de satisfaction.
Le Business des marchands de canons tourne à plein régime.
Les Belles Âmes, repues d’autosatisfaction, en rotent de contentement.
Tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes…
(9) Pour ceux qui voudraient s’informer sur l’Afghanistan (y compris sur les mécanismes du marché de l’opium), plus sérieusement que Françoise Chandernagor, je suggère le splendide livre, avec des photos magnifiques et le témoignage émouvant d’un français ayant vécu aux côtés des résistants afghans du temps de l’occupation soviétique : Afghanistan – Visions d’un partisan, de Stéphane Allix, Editions Transboréal, mai 2003.
(10) http://l-or-des-livres-blog-de-critique-litteraire.over-blog.com/article-24239899.html
(11) http://livres.lexpress.fr/entretien.asp/idC=14405/idTC=4/idR=5/idG=
(12) Rahimi, Atiq, “Je me bats avec les mots”, Le Monde, 12 novembre 2008.
(13) Saïd, Edward,
=> Orientalism, Penguin Books, London, 2003 (first published 1978).
=> Culture & Imperialism, Penguin Books, London 2003 (first published 1993).
(14) Centlivres-Demont, Micheline, Op. Cit. p.288.
(15) Centlivres-Demont, Micheline, Op. Cit. p.288-289.
(16) Centlivres-Demont, Micheline, Op. Cit. p.290.