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Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes... Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage. Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas. A contre-courant...

Tahar Ben Jelloun et les Talibans : Tartarin et les Lions… (2)

 

 

N.B. Le texte étant tronqué par le serveur, il a été scindé en  deux.

Suite de la première partie :

Tahar Ben Jelloun et les Talibans : Tartarin et les Lions… (1)

 => Tartines de Tartarinades

 => Emballage au ruban de soie

 

 

 

Hamburger au hachis de porc

 

 

La cohorte des chasseurs d’islamistes et de Talibans ne cesse de s’étoffer, en France. Parmi les plus pétulants figurent des représentants de la sphère arabo-musulmane, dans sa spécificité franco-maghrébine.

 

Prenons l’exemple de l’écrivain Tahar Ben Jelloun, qui déploie une activité fébrile sur ce terrain, depuis quelques temps. Son argumentation, son niveau d’analyse, la fiabilité de sa documentation ou de ses sources, méritent l’intérêt.

 

Se proclamant Musulman, ses positions ont de l’écho auprès de ceux qui connaissent mal et l’Islam et les pays musulmans. Son influence dans les médias, notamment auprès des journaux dits “de gauche”, n’est pas négligeable. C’est devenu un notable du monde des Lettres.

 

J’admire Tahar Ben Jelloun dans son art de “la chasse aux barbus”. Il arrive, grâce à ses dons de pisteur Apache, jusqu’à débusquer des “islamistes” derrière des porcs !... Difficile de faire mieux. Oui, il s’indigne de l’abattage des porcs ordonné par le gouvernement égyptien dans le cadre de la lutte contre la grippe porcine.

 

Ses cris d’indignation sont d’autant plus impressionnants qu’il s’était révélé d’une remarquable discrétion pendant le massacre des Palestiniens de Gaza, fin décembre et courant janvier 2009 (8). Plus muet qu’une carpe…

 

Il est vrai que ses couinement déchirants, dans la défense des porcs, ont pour finalité sa solidarité avec les Coptes visés dans cette mesure prophylactique, nous explique-t-il, par les Frères Musulmans. (9)

 

Seul problème…

 

François Burgat, le meilleur spécialiste français et européen de la question (de très loin !...), le rappelle : le Mouvement des Frères Musulmans a été créé par des membres de la bourgeoisie égyptienne : commerçants, médecins, architectes, ingénieurs, enseignants, fonctionnaires, artisans. Beaucoup de femmes, aussi, instruites et occupant des postes de responsabilité, notamment dans la santé publique, la justice et l’enseignement.

 

Créé conjointement, par des Musulmans et des Coptes. (10)

 

Pour lutter contre le féroce colonialisme britannique qui rançonnait l’Egypte, dissimulé derrière le rideau de la royauté de pacotille du roi et de son entourage, débauchés et corrompus, Farouk 1er.

 

Et, tenter de subvenir aux besoins de la population oubliée, des plus démunis (au Caire, il n’y avait pas que Soeur Emmanuelle…), par des créations de dispensaires, écoles, orphelinats. Ils en ont fondé, financé, des centaines. Sur leurs propres derniers.

 

Musulmans et Coptes : à la fois “résistants” au pillage colonial exercé via une nomenklatura corrompue, et “militants” pour une société démocratique fondée sur la justice sociale et économique. Beaucoup sont morts sous la torture, dans des exécutions sommaires, ont croupi de longues années dans d’atroces conditions de détention.

 

D’abord sous les coups des tortionnaires britanniques. Puis, sous ceux des nassériens, bien qu’ils se soient alliés à eux pour renverser le régime colonial. Les généraux putschistes n’admettaient pas le refus de la dictature militaire par les Frères Musulmans. Malgré l’évidence : s’ils avaient participé au renversement d’une monarchie corrompue, ce n’était certainement pas pour accepter qu’une dictature militaire succède à un régime policier…

 

Bien sûr, depuis s’est constituée une branche “radicale”, histrionique, guignol médiatique, largement infiltrée et instrumentalisée par les services spéciaux égyptiens et occidentaux. Spécialisée dans les déclarations obscurantistes, sous couverture “fondamentaliste”, l’organisation d’attentats et la création de tensions artificielles avec la communauté Copte.

 

Intense travail de désinformation pour justifier, auprès de l’opinion internationale, le soutien occidental à la dictature militaire du général Moubarak. Diviser pour régner. Neutraliser la seule opposition organisée et puissante. Supprimer, entraver toute liberté d’expression. Avec pour finalité de caricaturer, diaboliser, l’image du Mouvement des Frères Musulmans. En Egypte et ailleurs.

 

La partie la plus éduquée de l’Egypte ployant sous la dictature du général Moubarak et ses persécutions, similaires à celles du roi Farouk, membre, sympathisante du Mouvement des Frères Musulmans, sait très bien que les attentats, aussi tragiques que stupides, avec leur mise en scène impeccablement formatée, sont contraires à ses intérêts économiques et politiques. Ils n’ont pour but que de déconsidérer toute opposition à un régime détesté pour sa corruption, et son déni des libertés au nom de la lutte contre le terrorisme. L’action violente ne fait pas partie de son credo.

 

En Egypte, hors la caste dirigeante, les cadres comme l’ensemble de la population du pays, qu’ils soient Musulmans ou Coptes, formulent exactement les mêmes souhaits. Musulmans et Coptes sont avant tout Egyptiens, fervents défenseurs de leur identité nationale. Souhaitant vivre dans un pays libre, dans la justice et la solidarité, et non pas dans une colonie américano-israélienne encadrée par une nomenklatura imposant une dictature militaire.

 

Défendre les porcs pour sauver les Coptes… Pourquoi nous présenter un tel un hachis de désinformation, aussi grossier ?...

 

Ce n’est pas par malhonnêteté intellectuelle que Tahar Ben Jelloun nous sert ce coulis de clichés. Non. Probablement, ne connaissant pas l’Egypte, encore moins le Mouvement des Frères Musulmans dans ses différentes composantes, y compris celle créée en trompe-l’œil par l’appareil répressif de la dictature militaire, s’est-il laissé emporter par son émotion. Voler au secours des Coptes !...

 

Confondant, ainsi, “marketing éditorial” avec recherche historique et sociologique. Mais, ce n’est pas voulu.

 

L’émotion, que voulez-vous…

 

 

 

Sauce “blue cheese”

 

 

Agghhh, l’émotion !...

 

On retrouve ce même emportement fatal, quant à l’exactitude des faits, la fiabilité des informations, dès que Tahar Ben Jelloun armé de son escopette et de son tromblon part, en valeureux Tartarin, chasser le Taliban. Sautant de l’Egypte en Afghanistan. Ou vice-versa. Selon la direction du vent médiatique.

 

Il s’emporte dans un article (11), suffocant de rage, sur l’obsession possessive des Talibans pour le sexe féminin. A le lire, sous son cri d’indignation, l’émotion nous étreint tout autant :

“… Les talibans, par exemple, imaginent un monde où la femme s'est retirée du monde. Elle existe, mais cloîtrée dans la maison et n'ayant aucun droit de sortir. Cela ne veut pas dire qu'ils crachent sur le plaisir sexuel, au contraire, ils aiment ça au point de vouloir le posséder et d'être les seuls à en jouir”.

 

Waouh !... Face à ces mâchoires de carnassiers baveux, il ne reste plus qu’à déclarer les Talibans anthropophages !... Prochain épisode, certainement…

 

Une pincée d’analyse politique, pour conforter le propos dans le sérieux :

“… C'est le sens du projet de loi que le président Hamid Karzaï a voulu déposer. Un projet qui souhaitait rendre légal "le viol de l'épouse" et interdire à celle-ci de sortir sans l'autorisation du mari.

“… Cette loi aurait visé les femmes chiites (10 % de la population).

“… Hamid Karzaï comptait sur ce projet de loi pour s'attirer la sympathie et les votes des chiites lors des prochaines élections”.

 

Une pointe de doute, toutefois, devant l’extrême excitation de ses transes. Notre Tartarin maîtriserait-il son sujet ou exorciserait-il ses propres obsessions ?...

“… Une femme qui jouit est une "salope" ; elle est considérée comme une prostituée (sauf que les malheureuses travailleuses du sexe ne jouissent pas, ce n'est pas un plaisir, c'est un travail, une corvée pour gagner leur vie). Il serait intéressant de faire lire aux hommes ayant peur de cette jouissance quelques-uns des témoignages de femmes qui racontent leur vie sexuelle”.

 

D’autant plus que sa conclusion est plus que bâclée, comme si l’auteur, épuisé par ses propres incantations, avait perdu le fil de sa crise d’hystérie :

“… Cette image résume la situation : la guerre en Afghanistan tourne autour du l'opium et de la femme. Il faut contrôler les deux, sinon, c'est la fin de la tragédie entamée par la barbarie au nom d'un islam totalement étranger à ces pratiques”.

 

Ainsi, faut-il "contrôler l’opium et la femme" pour en terminer avec la catastrophique situation afghane… Nous déclare Tartarin dans sa fulgurante vision géopolitique !

 

Sous la sauce “blue cheese” que nous déverse Tahar Ben Jelloun, cette fantasmagorique obsession sexuelle telle que l’Occident la projette sur les autres en l’occultant chez lui, que trouve-t-on ?...

 

Tout simplement, trois vecteurs de la propagande du lobby militaire occidental justifiant sa colonisation de l’Afghanistan et sa stratégie anti-iranienne, aisément repérables :

 

 

i)  Le mythe de l’instauration de la démocratie par l’Occident

 

Tout cela à partir d’un projet de texte de loi, destiné à satisfaire des tribus chiites, nous assure-t-on. Façon de nous dire : vous voyez, grâce à l’instauration de la démocratie que nous avons réussi à imposer, chez ces sauvages, ce texte a pu être bloqué. Heureusement que nous sommes présents sur place !

 

Tous les observateurs attentifs au contexte afghan avaient compris qu’il s’agissait d’un “hoax”, un coup monté par les “services d’action psychologique”, les “PsyOps”, relayé au quart de tour, dans une parfaite coordination, par tous les médias occidentaux. Et, leurs relais sponsorisés : les “leaders d’opinion”.

 

Les évidences crevant les yeux :

=> Il n’y a pas plus de “parlement” en Afghanistan qu’il n’y en avait sous l’occupation par les nazis ou les staliniens en Europe, au sens d’élections libres, selon des programmes de gouvernement librement débattus dans la diversité des opinions.

=> Les pseudo “parlementaires” ne sont que des chefs de guerre ou de gang, parmi les pires “collabos” ultracorrompus et complaisants, que les forces d’occupation ont pu ramasser dans les différentes provinces.

=> Les “textes de loi” qui leur sont soumis sont, uniquement, ceux concoctés par les forces d’occupation. Celui sur le “viol des femmes dans l’espace conjugal”, véritable provocation ne correspondant à aucune nécessité, n’avait pour but que de déclencher une campagne de propagande à l’intention des opinions publiques en Europe, et en Occident de façon globale, afin de renverser leur opposition à l’aventurisme de leurs gouvernements en Afghanistan.

 

L’irréalisme de ce texte, son niveau d’absurdité, d’imbécillité (appliquer une loi dans une chambre à coucher…), sous le prétexte de réunir 10% de voix chiites au bénéfice de Karzaï (contesté actuellement par les militaires américains du fait de ses condamnations répétées des bombardements aveugles...), démontrent que la propagande, confiante dans l’énormité de ses moyens, n’hésite pas à solliciter cyniquement les niveaux de crédulité les plus primaires, et les plus pervers…

 

 

ii)  La diabolisation du Chiisme

 

La population chiite en Afghanistan ne représenterait que 10% des musulmans. C’est le deuxième palier de la manœuvre : la diffamation incessante du Chiisme. En fait, c’est l’Iran, où se trouve la majorité des musulmans chiites, qui est visé.

 

Nous avons tous subi cette propagande incessante, très souvent sans nous en rendre compte, sur la diabolisation du Chiisme. En Irak a été entretenu artificiellement une guerre de religion à grand renfort d’opérations commandos, faisant sauter mosquées, lieux de pèlerinage, alternativement Chiites et Sunnites. Ou encore, luttes armées entre “milices” armées chiites et sunnites.

 

Alors que pendant la longue guerre contre l’Iran, qui a duré 8 ans, les Irakiens sunnites et chiites combattaient côte à côte… Tout le monde sait au Moyen-Orient, que ce sont les occidentaux qui sont derrière ces manœuvres de division et de propagande.

 

Qui n’a pas subi ces discours fumeux, répandus par les “experts” patentés dans nos médias, sur le spectre de “l’Arc Chiite” qui menacerait le monde musulman sunnite, et de là l’Occident ?... Par ses fusées et sa prétendue fureur nihiliste.

 

Dans la propagande, le Chiisme se résumerait à une secte de sauvages, acharnés à la destruction des “valeurs de l’Occident”. Pire, une horde de primitifs, pervers frustrés, assoiffés de sexe, acharnés dans la violence faite aux femmes.

 

Le Chiisme n’a rien à voir avec les descriptions sordides, dégradantes, que peuvent en laisser croire une poignée de radicaux ou de charlatans, bien souvent instrumentalisés, comme toute religion en période de crise, de tension et de guerre. Et, bien sûr, diabolisé par une propagande hostile aux pays où il est majoritaire, pour des raisons coloniales ou idéologiques.

 

Cette branche minoritaire de l’Islam, comme le protestantisme dans la chrétienté, représente par son apport dans les domaines de la philosophie, de la spiritualité et de la mystique un immense patrimoine universel.

 

Ceux qui en ont approché l’étude parlent d’un véritable “continent” de la connaissance humaine, pratiquement ignoré en Occident. En tout cas, systématiquement occulté par l’appareil de désinformation. Patrimoine que nous devons reconnaître avec respect comme un bien commun, un héritage incomparable de la pensée collective (12).

 

Henry Corbin, par exemple, éminente figure du protestantisme français, d’une exceptionnelle élévation morale, spécialiste de Karl Barth, Heidegger, Ibn’Arabi, a passé une grande partie de sa vie à étudier le Chiisme en Iran, la gnose Chiite.

 

Il en a rédigé, entre autres ouvrages sur le sujet, une somme impressionnante : En Islam Iranien : aspects spirituels et philosophiques (13). Quatre volumes, que je vous invite à feuilleter pour sortir des âneries véhiculées sur le Chiisme, par les bonimenteurs pullulant sous forme “d’experts”, “islamologues”, ou  “psychanalystes de l’Islam” dans la sphère médiatique. 

 

Il est certain que dans des pays apaisés et prospères, lorsqu’ils ne seront plus en état de siège, le Chiisme trouvera sa juste place de religion dans une société civile, à l’exemple des autres religions et croyances dans le monde.

 

 

 

iii)  L’islamophobie sexuée

 

Instrumentaliser le sexe de la femme musulmane, pour exciter le mépris à l’égard d’un peuple. Thème devenu traditionnel dans la propagande occidentale. Représentation du racisme dans toute sa perversité, dans son fanatisme absolu, via l’instrumentalisation du sexe de “l’Autre”, celui que l’on veut opprimer. Expression de la psychose actuelle et structurelle de l’Occident.

 

Racisme sexuel, d’abord, à l’encontre de la femme musulmane, afghane dans le cas présent. L’argumentaire restant le même.

 

Femme totalement infantilisée, déclarée, réputée, définie, sans personnalité, sans caractère. Incapable de se faire respecter à l’intérieur de son couple, de “gérer” sa relation sexuelle, sans le secours et la tutelle de l’Occident, via son “Business Féministenoyauté par les services spécialisés dans la désinformation (associations de “défense” de la femme, presse féminine et autres médias…).

 

Femme, bien sûr, encore moins en mesure de partager respect, tendresse, complicité, affection, amour, passion, avec son homme. Dans l’imaginaire, l’imagerie de la propagande, ces sentiments sont inaccessibles aux peuples et nations n’ayant pas encore été “civilisés” par l’Occident. Dans le fantasme raciste, les musulmanes, les afghanes, et leurs hommes, sont considérés encore au stade animal, inaptes à l’Amour.

 

En Afghanistan !... Dans un pays qui regorge des plus beaux poèmes, chansons, légendes d’amour de l’histoire de l’humanité… Avec des figures de femmes magnifiques de beauté et d’héroïsme comme la célèbre Malalaï de Maïwand, que j’ai eu l’occasion d’évoquer.

 

Racisme sexuel, ensuite, à l’encontre de l’homme musulman. Trouver les images les plus choquantes provoquant horreur et haine, dans l’opinion publique, pour des hommes que notre soldatesque se doit de massacrer sans états d’âme. Pour avilir le courage exceptionnel de “résistants” capables malgré des moyens dérisoires de s’opposer, avec succès, aux armées les mieux équipées et entraînées du monde.

 

La propagande actualise, ainsi, un argumentaire digne du temps des croisades et des premières aventures coloniales. Seule différence avec les siècles précédents, évolution des mœurs oblige, les références sexuelles y sont, à présent, dominantes.

 

Justifiant, ainsi, l’asservissement d’un peuple, pour l’éduquer, lui apprendre la civilisation. Le bon usage du sexe. Classique. Rallier l’opinion au mythe du sous-homme ne méritant que la violence et l’esclavage. A la Daniel Pipes, un des gourous islamophobes des gouvernements US toujours très actifs : “Les Palestiniens sont misérables et ils méritent de l’être”. (14)

 

 

 

Trous de gruyère ou de mémoire

 

Dans sa diatribe, en donneur de leçons, Tahar Ben Jelloun pointant du doigt la sauvagerie des mâles afghans, évoque la possession sexuelle, la prostitution, la confiscation du sexe de la femme à l’usage exclusif d’une obsession.

 

Pour compléter sa leçon de morale, il aurait pu prendre pour exemple les algériennes violées par des militaires français pendant la colonisation de l’Algérie, contraintes à la prostitution, enrôlées de force dans les Bordels Militaires de Campagne, les fameux BMC.

 

Certaines de ces prostituées algériennes avaient même été affectées en Indochine, à Dien Bien Phu, à 10.000 km de leur pays, pour satisfaire les besoins sexuels du corps expéditionnaire français. Dans le camp retranché, lors de sa reddition, les troupes de la résistance vietnamienne du général Giap, ébahies, ont trouvé deux BMC avec 18 filles, algériennes et vietnamiennes…

 

Pour illustrer son prêche, Tahar Ben Jelloun aurait pu parler du célèbre tortionnaire israélien portant le surnom de Kojak. Spécialisé avec son équipe dans les viols et sévices sexuels à l’encontre des femmes Palestiniennes. Les forçant dans des mises en scène pornographiques, les prenant en photo lors des séances de viols collectifs.

 

Menaçant, dans un chantage implacable, de les montrer à leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs fiancés ou maris, leurs enfants, si elles ne collaboraient pas avec les services secrets d’occupation. Pendant des années. Pour certaines, ces tortures sexuelles ont duré 9 ans…

 

Pour émouvoir ses paroissiens, Tahar Ben Jelloun aurait pu égrener quelques uns des multiples forfaits sexuels commis par les troupes d’occupation occidentales en Irak. En général, ils sont systématiquement étouffés. De temps en temps, il arrive qu’on en coince un. Alors, on fait un exemple. Uniquement lorsqu’il y a crime de sang.

 

Comme la semaine dernière, en ce 21 mai 2009, où ont été condamnés aux USA, Steve Dale Green, 24 ans, et quatre de ses collègues. Ils ont violé une jeune irakienne de 14 ans, Abeer Qassim Hamza Al-Janabi, alors qu’ils servaient en Irak en tant que soldats, chargés d’apporter civilisation, liberté et démocratie…

 

Ils l’avaient repérée lors de leurs patrouilles. Elle leur plaisait. Ils ont organisé une descente chez elle et l’ont violée, collectivement, devant sa famille. Puis, ils l’ont jetée comme un kleenex. Mais, ils ont un peu dépassé les bornes…

 

En fait, ils l’ont tuée, après usage, avec son père, sa mère, et sa jeune sœur âgée de six ans. Tous. Ces vaillants soldats sont revenus sur les lieux pour brûler le corps. Ne pas laisser de traces…

 

Comme des centaines de femmes et jeunes filles Irakiennes. Violées, il ne leur reste que la prostitution. Phénomène social, inconnu sous la dictature de Saddam, atteignant à présent des chiffres considérables, là encore, occultés par la propagande.

 

L’obsession du sexe en Occident ?... Des milliers d’exemple. Rien que nos campagnes de pub, ne serait-ce que dans la presse féminine, en sont noyées. Mais, non. Pour être un obsédé sexuel, de la possession sexuelle, d’après la propagande, il faut être “enturbanné”.

 

Tahar Ben Jelloun a raison de s’indigner. C’est bien !  C’est beau, un acte solidaire, citoyen, défendre des “valeurs”. Il suffit de ne pas s’égarer dans le manichéisme, sinon l’indignation devient posture. De Tartarin on termine en Tartufe.

 

Regardez le “courage” de nos parlementaires exprimant leur “émotion” et leur “solidarité”, dans un message de soutien officiel de l’Assemblée Nationale, à l’opposante birmane Aung San Suu Kyi qui comparait pour un procès public dans son pays. Eux, si silencieux lors des massacres du Liban, d’Irak, de Gaza, d’Afghanistan. Femmes et enfants, il est vrai, à partir du moment où ils sont musulmans, du moins ceux qui ne mangent pas de camembert et ne boivent pas du vin, n’y ont pas droit…

 

Indignation sélective ?... Racisme ?...

 

Normal en Occident, en matière des “droits de l’homme”, il ne faut jamais confondre la “tendance” et le “tabou”… Le “In”, et le “Out”…

 

Problème : où passe la frontière entre la “tendance” et le “tabou” ?... Où se situe la norme ?... Beaucoup d’intellectuels semblent y perdre le nord. Surtout, quand le gagne-pain est en jeu…

 

 

 

Intellectuels ?...

 

Julien Benda  les fustigeait sous l’appellation de “Clercs”. Du moins, ceux qui trahissaient leur engagement dans des petits calculs partisans, courtisans  ou carriéristes. Au détriment de la défense des valeurs universelles, de la Dignité Humaine.

 

En 1927, il a publié ce grand classique de l’histoire des idées : La Trahison des Clercs (15). La droite de l’époque, extrême ou bien-pensante, fulminait de rage. Juif, elle le traitait de “Rabbi Bendada”. Homme rigoureux, exceptionnel de ténacité, il avait des tripes. Peu lui souciaient injures et diffamations. Peu lui importaient Prix Littéraires et autres colifichets honorifiques. Un exemple pour tous les intellectuels.

 

Et, si Tahar Ben Jelloun, délaissant les Tartines de Tartarinades, avec son talent d’indignation, son courage, nous comblait d’un ouvrage actualisant, dans une suite, celui de Julien Benda ?...

 

Au risque, peut-être, de se fermer les portes de l’Académie française, mais quel panache avec pareil titre :

 

L’Abjection des Clercs !

 

 

 

 

 

 

 

 

(8)  Je fais partie de ceux (nombreux) qui cherchent en vain le moindre écrit de Tahar Ben Jelloun, dans un média francophone, condamnant les atrocités des bombardements de Gaza… J’offre un grille-pain à manivelle au lecteur qui m’en trouvera un.

(9)  Grippe : le massacre des porcs se poursuit en Egypte, Le Monde, 17 mai 2009.

(10) Burgat, François, L’islamisme en face, La Découverte, première publication 1995, dernière mise à jour décembre 2007. Ouvrage indispensable pour comprendre le contexte et les enjeux politiques, au Moyen-Orient en particulier. Excellentes analyses et documentation, d’un niveau introuvable dans les médias français.

(11) Tahar Ben Jelloun, Afghanistan : l'opium et l'obsession de la sexualité féminine, Le Monde, 9 avril 2009.

(12) Je recommande un excellent ouvrage d’initiation ou de vulgarisation sur les religions et spiritualités, avec une iconographie très soignée, Les Grands Maîtres de la Spiritualité, Collection « La Mémoire de l’Humanité », Larousse-Bordas, 1998.

Y sont présentés quelques grands mystiques iraniens qui ont marqué l’histoire de la spiritualité : Al-Hallaj, Ibn Sînâ (Avicenne), Ghazâli, ’Attâr, Sohrawardi, Ibn’Arabi. Ainsi que Djalâl Ad-Dîn Rûmî (admiré de Goethe et Hegel), né en Afghanistan et fondateur en Turquie de la confrérie des Derviches Tourneurs.

(13) Corbin, Henry, En Islam Iranien : aspects spirituels et philosophiques, 2e éd., Gallimard, 1978, 4 vol.

(14) Washington Report on Middle East Affairs, July 2001.

(15) Benda, Julien, La Trahison des Clercs, Les Cahiers Rouges, Grasset, 2003 (première publication 1927).

 

 

 

 

 

Photos d’un échantillon de “Femmes Musulmanes” démontrant leur épanouissement sous la botte “démocratique et droits de l’hommiste” de la soldatesque occidentale. Clichés réalisés par différents auteurs, en Palestine, dont Nayef Haslamoun.

 

 

 

 

 

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N
Salam Georges,et vous tous,Attente au check-point de Naplouse, ville située à une trentaine de minutes de Ramallah.  Mêlée à ces femmes Palestinienne, j'ai échangés discrètement quelques mots et quelques sourires avec Elles, c'était sûrement un instant pour oublier ou faire semblant d'oublier l'humiliation des contrôles de l'armée.
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N
Cher Georges,J'ai inséré içi même une photo et je découvre qu'il n'y rien ce matin ainsi que dans ma galerie. Je renouvelle plus tardà bientôt!
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D
Cher ChahidEncore une fois, tu te trompes de cible. Je ne suis pas une "conscience occidentale révoltée" mais une conscience arabe solidaire de celle-ci dans la mesure où la révolte d’un Stanechy rejoint presque naturellement celle d’un Palestinien de Gaza et fédère tous ceux que révulsent les humiliations coloniales et la pensée raciste. C’est un combat universel quelle que soit la langue dans laquelle il s’exprime. Je ne vais pas rappeler à Georges ce qu’il connaît très bien, lui qui a été ému par le discours prononcé à Tunis par un Mahmoud Darwish incapable de retenir ses larmes à l’évocation des martyrs tombés en Tunisie. Je n’ai rien à ajouter, non plus, à l’auteur des lignes sur le Goncourt descerné à Atiq Rahimi. Tout a été dit et bien dit.Quant aux noms que tu cites, je peux t’écrire un article sur chacun d’entre eux ayant travaillé vingt ans sur ce sujet. Permets-moi de ne pas partager ton appréciation sur el-Jabri et de te rappeler que, bien que s’exprimant en français, Laroui est un penseur arabe de premier plan, (beaucoup d’arabophones pensent en français ou en anglais et écrivent en arabe. Je t’invite à une analyse linguistique, des formules, des clichés, des tournures de phrases et même de la syntaxe, en prenant justement un écrit de el-Jabri). Laroui (comme Djaït) croise le fer avec les meilleurs historiens de son temps, en mettant en cause notamment leur conception de l’ « histoire universelle » qui fait démarrer l’histoire moderne depuis la Grèce antique avec une liaison directe avec la Renaissance, plaçant l’apport arabo-musulman dans une drôle de parenthèse, suspendue entre ciel et terre. Cette bataille est essentielle pour percer la mauvaise foi à sa source. C’est la bataille de la Raison.J’ai dépassé depuis longtemps les querelles formelles. Je ne vais pas y revenir maintenant. (Si tu le désires, M. Stanechy peut te communiquer mon adresse mail). Je continue à affirmer qu’il n’y a pas d’intellectuels dans le monde arabe dans le sens occidental du terme : des hommes de lettres ou d’art qui interviennent dans le champ politique en usant d’une notoriété acquise dans un autre champ. Les poètes qui le font  régulièrement (Darwish, Qabbani, parmi les plus connus) sont dans leur rôle car, dans la pensée arabe, ils viennet juste derrière le Prophète et avant le philosophe. Adonis, comme son surnom l’indique, est un Narcisse. Un Néjib Mahfuz, sans doute grisé par son prix Nobel, a essayé en Egypte d’user de son renom pour intervenir en politique, en reconnaissant l’usurpation de la Palestine par un Etat imposé au monde arabe par des puissances qui l’occupaient militairement et le colonisaient presqu’entièrement. Il a recueilli l’opprobre de son peuple.Dans les années 1920, l’écrivain et homme politique égyptien, Muhammad Husayn Haykal, appelait de ses vœux l’émergence d’une « littérature nationale » coulée « dans les moules occidentaux, afin que les Égyptiens y voient le signe qu’ils sont aussi avancés que l’Occident, et peut-être le devancent, dans les domaines de la civilisation ». Mahfuz est une illustration de cette démarche dictée par l’aliénation occidentale. Ce qui ne l’empêche pas d’être un grand écrivain.J’espère que tu me permettras de clore la discussion, à ce sujet tout au moins, ce blog ne s’y prêtant pas.AmicalementHédi
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C
Suite du commentaire …<br />  <br /> Sa réflexion et la qualité de ses écrits sur la « Pensée arabe », « balaie » d’un coup les Adonis (le syrien), les Arkoune (Arkoune qui confond d’ailleurs la Pensée arabe avec la Pensée islamique…) etc. <br />  <br /> Qui entend parler en France ou en Europe de Feu El-Hbabi, de Mehdi Elmandjra, de Bennis ?<br />  <br /> Rassurez-vous cher Hédi, hier, aujourd’hui et demain, l’éclosion en terre arabe et musulmane d’intellectuels de la trempe d’un Lamartine, Voltaire, Paul Valéry, Bourdieu … est une réalité que certains milieux comme la « tribu » ziocon de Bernard Lewis et ses parasites sionistes tentent en vain d’entacher et de passer sous silence. <br />  <br /> Amitiés
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C
Cher Hédi<br />  <br /> Rassurez-vous cher ami, je suis très mal placé pour donner des leçons à qui que ce soit. Je ne commente, ni interpelle absolument pas la personne de Hédi, que je salue et respecte pour son honnêteté, bonne foi et « conscience occidentale révoltée ». J’ai seulement réagis sur un passage très précis « (…) le terreau n’est pas propice à l’éclosion, en terre arabe ou musulmane d’intellectuels de la trempe d’un Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola… capables d’exprimer la conscience de leur peuple et de leur temps » et qui laisse entendre que la « terre arabe ou musulmane » n’était et n’est qu’un désert intellectuel ! <br />  <br /> Comment peut-on trancher ainsi en une seule phrase et être sûr de l’existence ou de l’inexistence de cette éclosion ? <br /> Avez-vous fait une recherche approfondie sur la question et sillonné assez les bibliothèques et sociétés arabes et musulmanes pour en être aussi sûr ?<br /> Lisez-vous la culture arabe et musulmane en arabe, persan etc. ?<br />  <br /> Ce n’est pas à moi de vous rappeler et de vous conseiller de ne pas vous contenter des traductions en langue française pour juger une culture ou un auteur n’importe lequel…<br /> Shakespeare en français n’est pas Shakespeare et Baudelaire en arabe n’est pas Baudelaire !<br />  <br /> Les milieux qui s’accaparent la traduction, l’édition etc., en Occident, ne cachent pas leur hostilité envers tout ce qui est arabe et musulman. Comment peut-on leur faire confiance ? <br />  <br /> Pourquoi cette obsession en France et en Occident à ne traduire ou promouvoir que des auteurs soi-disant soufis ou des auteurs qui haïssent leur origine et culture ? Pourquoi que des Salman Rushdie ? Pourquoi que des Omar Al-Khayyam ?<br />  <br /> Darwich ne doit son accès au « marché » français que grâce à ses amis franco-palestiniens. Pourtant le regretté Darwich n’a cessé lui-même de le rappeler « je ne suis qu’un nain devant les géants de la poésie palestinienne et arabe ».<br />  <br /> Qui en France ou ailleurs en Europe entendait parler d’Abdelwahhab El-Missiri http://chahids.over-blog.com/pages/AbdulWahhab_ElMessiri_et_la_fin_dIsrael_par_IA-615855.html  avant sa disparition, et pourtant l’homme a consacré toute sa généreuse vie à dénoncer l’injustice sioniste et à vouloir changer la société égyptienne et le monde arabe. Même Edward Saïd (remplacé aujourd’hui apparemment par Azmi Bishara dont l’ascension se confirme jour après jour) s’inclinait devant El-Missiri. Un vrai et grand intellectuel. Mais bien avant lui au début du dernier siècle, les Hassan El-Banna, Muhammad Abdou, Jamal Addin Al-Afghani, Rashid Réda, Chekib Arslan http://fr.wikipedia.org/wiki/Chekib_Arslan  étaient les précurseurs du changement de leurs sociétés et du monde arabe et musulman. Sans oublier le grand penseur algérien Malek Bennabi http://fr.wikipedia.org/wiki/Malek_Bennabi  …<br />  <br /> Et que dire du pakistanais (né indien bien sûr) Muhammad Iqbal http://fr.wikipedia.org/wiki/Muhammad_Iqbal  ? Il est l’âme, le cœur et l’esprit du Pakistan à tout jamais. Muhammad Iqbal était le « père spirituel » d’Edward Saïd. Pourtant l’un est musulman l’autre est d’origine chrétienne… <br />  <br /> Certes, en  France on évoque souvent en parlant des intellectuels et écrivains marocains, Abdallah Laroui ou même Driss Chraïbi…, oui je respecte ces hommes et je les salue (tout en ayant quelques réserves), mais qui en France a entendu parler du philosophe et penseur marocain Mohamed Abed Al-Jabri http://www.aljabriabed.net , et pourtant il est sans conteste l’un des plus grands intellectuels marocains et arabes encore en vie. Sa notoriété dans le monde arabe est incroyable. Sa réflexion et la qualité de ses écrits sur la « Pens&eac
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N
Re-Salam GeorgesJe vais craner en te  disant que j'ai commencé à lire le premier des quatres volumes.de l'Imam Al Boukhâri Et toi qu'est ce que tu lis?!
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N
Salam à tous,Le MIR nouvelle appelation contrôler! mépris ignorance racisme l'un ne va pas sans l'autre et ça devient viscérale et génétique chez certains. La France je serais bien en mal d'en parler. Ce que je remarque c'est une France qui se barricade derrière ce MIR grandissant, ce MIR qui touche aussi des personnes "savantes". La France n'attendra pas pour le payer douloureusement, elle est en pleine souffrance, mais elle l'ignore.
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D
Cher Chahid,Il y a incompréhension! Elle ne justifie d'ailleurs pas ce ton de donneur de leçons que tu prends dans ta note et que je trouve désagréablement infantilisant. Ma réponse à Georges Stanechy est située dans la sphère européenne, à l'intention d'une opinion occidentale, avec des références à la culture et à l'histoire française, au sujet d'une problématique franco-française (celle des "intellectuels", disons, "musulmans") et de l'intérieur de la France où je vis. Je n'interviens pas en avocat du monde arabe, qui, à mon avis, n'en a nullement besoin : il est en train de faire l'histoire, ceux qui savent voir le savent; mais en procureur d'une pratique néocolonialiste consistant à désigner les "bons" et à stigmatiser les "méchants" parmi les aliénés qui ont succédé aux colonisés.La référence aux auteurs cités a une prétention historique, elle n'est pas un naïf étalage de culture littéraire dispensée à tous les lycéens. Ces auteurs sont à à  l'origine de ce que l'on entend aujourd'hui par ce mot d' "intellectuel", parce, pour la première fois, ils ont utilisé leur notoriété d'artistes pour intervenir dans la société sur des problèmes politiques. Ils ne sont pas à mettre au même plan qu'un Moutanabbi qui, lui, interpelait le Prince depuis la sphère (plus souveraine) de la poésie, et ose comparer son qalam (l'arme de l'écrit), à une épée. La notion d'inelligentsia n'existait pourtant pas dans sa société. Mais je sais bien que certains intellectuels désireux font remonter la démocratie à la pratique arabique du mad'h et du haj'a (l'éloge et l'opprobre) à l'usage des souverains, et le communisme aux Qarmates. Libre à eux. Avec le marxisme apparaîtront les intellectuels qui ne voudront plus se contenter de penser le monde mais voudront le changer, autre nouveauté historique. C'est dans l'une de ces deux traditions que se situent aujourd'hui les "intellectuels", en France, dont font partie les Benjelloun et autres Meddeb (ce dernier ayant le culot de s'adosser sur la pensée d'Ibn Arabi, ô désolation!…Pour moi, la pensée est d'abord quelque chose de vivant et s'incarne avant tout dans l'action des hommes et se déploie dans leur imaginaire sous les formes les plus diverses (le film d'Elia Suleiman, "Intervention divine", est à cet égard une magnifique leçon des choses.Si j'éprouvais le besoin de faire référence à d'éminents intellectuels arabes, je n'aurais pas besoin de remonter loin dans les siècles, et je me contenterais d'en citer parmi ceux qui sont de notoriété internationale, connus en France même, et qui sont, bien sûr superbement ignorés, sauf des spécialistes. Je pense notamment à Abdallah Laroui, à Hichem Djaït, à Georges Corm, à Al Majraha dans un autre registre …. Mais par respect pour eux, jamais l'idée ne me serait venue de les opposer à un… Benjelloun! Ce serait les insulter. Je ne pratique pas non plus la défense de la personnalité arabe. Je n'en éprouve ullement le besoin. J'éprouve seulement une fraternité de lutte avec M. Stanechy, dans l'aire culturelle qui est la sienne et dans laquelle je me trouve impliqué : il incarne une conscience occidentale révoltée (belle parce que révoltée), et je lui manifeste ma solidarité parce que je crois aux trésors culturels et intellectuels de l'Occident et partage la même révolte que lui face à la remontée du cynisme, de la barbarie et de l'arrogance qui sont en train de tout occulter, de tout dévaster. La culture arabe n'a absolument aucun complexe d'infériorité ou de supériorité à nourrir. Elle arme les rares peuples insoumis de cette terre (encore la révolte). Les esprits honnêtes connaissent et reconnaissent ses apports et attendent beaucoup d'elle. Si un jour on venait à parler spécifiquement du monde arabe, je me garderais de faire référence au passé, à ses trésors et à ses figures qui ne font plus rêver la jeunesse, car c'est l'invention de l'avenir qui m'intéresse. J'espère que ces précisions permettront de dissiper les malentendus. On gagnera certainement mieux à se connaître.Avec mon estime pour tout ce que tu fais sur ton blog et que j'ai découvert par le détours de Georges.Hédi
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C
Bonsoir Hédi<br />  <br /> Je réagis amicalement à ce passage et j’espère ne pas avoir mal compris « « (…) le terreau n’est pas propice à l’éclosion, en terre arabe ou musulmane d’intellectuels de la trempe d’un Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola… capables d’exprimer la conscience de leur peuple et de leur temps » …<br />  <br /> C’est méconnaître ou mésestimer la culture arabe ou musulmane tout simplement ! <br /> J’ai l’habitude avec Georges de mettre « intellectuels arabes » entre guillemets pour dénoncer tous ces faux « intellectuels » maghrébins, ces « marionnettes-tartufes » qui se considèrent comme « francophones » et qui sont vendus au public français par certains médias, milieux etc.  À savoir les Mdeb, Ben Jelloun, Cherfi, Sensal, Chabal etc., mais qui ne représentent en aucun cas la vraie intelligentsia arabe ou musulmane ignorée par les chercheurs et traducteurs occidentaux (il y a des exceptions bien sûr). Je parle de traducteurs connaissant le mépris qui règne en général en Occident vis-à-vis de la langue arabe pourtant autrefois passerelle de l’Europe vers la science et la connaissance … (Rappelons que la langue arabe est classée actuellement quatrième dans le monde alors que le français n’est que huitième et d’ici quelques décennies l’arabe trônera parmi les trois premières !). <br />  <br /> Si j’ignore une culture ça ne veut pas dire qu’elle n’existe pas, idem pour les intellectuels.  <br />  <br /> Je ne connais pas la culture ou la langue du peuple Zoulou par exemple, mais j’imagine et je suis convaincu qu’ils ont aussi leur « Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola » … il suffit d’aller à leur rencontre et faire le pas. C’est l’ « éclosion » de notre ouverture d’abord. <br />  <br /> Maghrébin que je suis, je connais très bien les « Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola » … et je sais comment les « déguster » et les partager avec mes amis français ou autres, même chose pour les auteurs anglais… (Tous les maghrébins instruits sont supposés maîtriser au minimum trois langues…), mais hélas personne ne « déguste » ou partage avec nous nos auteurs arabes et musulmans (Georges de son estime et connaissance profondes du monde arabe et musulman étant une exception qui m’enchante et touche profondément).<br />  <br /> Quand un maghrébin parle ou écrit, il n’hésite pas à citer des auteurs français, preuve de son ouverture d’esprit et de son estime pour la culture française, pourquoi les français en général ne citent jamais des auteurs arabes ou musulmans ? Pourtant la bibliothèque arabe et musulmane compte des millions et des millions d’ouvrages, il suffit de lire ! <br />  <br /> La question qui me préoccupe donc c’est : pourquoi ?<br />  <br /> Est-ce par ignorance ?<br /> Est-ce par mépris ?<br /> Est-ce par racisme ?<br /> …<br />  <br /> Je cherche toujours des réponses à ces questions. Et l’idée d’animer un blog visait et vise toujours cet objectif.    <br />  <br /> Apparemment les français ont décidé de mandater aux BHL & Co la « tâche » de leur sélectionner les ouvrages à lire et à traduire. Certainement la culture française en payera le prix douloureux à long terme. <br />  <br /> Je suis disponible pour partager avec vous les Chateaubriand, Lamartine (mon préféré !), Hugo, Zola … mais êtes-vous disponible pour partager avec moi les Al-Motannabi, Al-Akkad, Chawqui, Al-Hakim, Mahfouz, Kanafani etc. etc. ? <br />  <br /> Amitiés
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G
Cher Hédi<br />  <br /> Je partage votre analyse. Notamment, dans le fait de rappeler que de plus en plus, en Occident comme dans le reste du monde, libre arbitre, exercice de l’esprit critique et de la liberté d’expression, se réduisent comme peau de chagrin, sous l’effet de législation et de propagande robotisant l’espace citoyen.<br />  <br /> Jusqu’à la réalité du droit de vote, détourné par les nomenklaturas, comme on l’a vu en France lors du référendum sur la Constitution Européenne. Et, comme on va le voir en Irlande, puisque l’oligarchie européenne a demandé à son gouvernement de faire voter le peuple irlandais autant de fois qu’il le faudra pour obtenir l’approbation de ce texte qu’il a eu l’audace, lui aussi, de refuser.<br />  <br /> La métaphore que vous citez est saisissante de vérité, si notre capacité de résistance n'est pas assez forte, il ne nous restera plus que “la liberté du prisonnier de taper sur sa gamelle”…<br />  <br /> C’est vrai que les intellectuels sont avant tout ce que les nomenklaturas ont décidé de faire entendre. Même Harold Pinter, qui est pour moi une référence en ce domaine, avec toute sa notoriété et son courage avait de plus en plus de mal à partager, échanger idées et visions, avec le “grand public”, sur les problèmes de société. “Parasité” dans son propre pays, caricaturé sans cesse, comme l’était Bourdieu dans nos médias. Mais, il luttait et persévérait.<br />  <br /> C’est ce reproche qu’on peut formuler, tout spécialement, à l’intention des “intellectuels arabes”, notamment dans l’espace “francophone”. Ne pas lutter et ne pas persévérer. Une fois satellisé dans la notoriété, ne rien faire pour, au moins, témoigner contre le racisme et l’islamophobie. Ils ont la chance, colossale, d’avoir eu accès à une “double culture” : arabo-musulmane et occidentale.<br />  <br /> Au lieu d’être des passeurs de connaissance, d’empathie, de respect, de dignité humaine, ils passent leur temps à diaboliser la civilisation dont ils sont originaires. Allant jusqu’à participer aux campagnes de propagande les plus primaires, dans l’abjection. Comme vous le dites, ils “réfléchissent” ce qu’en attendent leurs sponsors, à qui ils doivent leur carrière et leur “célébrité”.<br />  <br /> Evidemment, tous ne peuvent pas avoir le talent et le courage d’un Edward Saïd. Palestinien chrétien, à la nationalité américaine, qui dans ses travaux n’a cessé de dénoncer, notamment dans son ouvrage Culture et Impérialisme, l’hypocrisie, la profonde malhonnêteté de ces intellectuels qui contribuent, ainsi, à enfoncer davantage l’Humanité dans l’obscurantisme.<br />  <br /> Amicalement<br />  <br />  <br />  
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D
Cher Georges,Il est important de s’entendre sur ce terme  d’ « intellectuel arabe». Si l’on entend d’un intellectuel qu’il soit représentatif de sa société, l’intellectuel arabe qui s’exprime en France, sur des supports français et qui s’adresse à une opinion française, n’a d’arabe que le nom ! Qui l’a fait roi ? A qui destine-t-il son discours? La réponse est évidente. Ceux qui l’ont fait « intellectuel » le reconnaissent comme tel et cherchent à l’imposer.Pourquoi ? Parce qu’il « réfléchit » ce qu’ils pensent et parce qu’il ne pense pas de lui-même.Derrière tous ces « intellectuels », montreurs de foire en réalité, il n’y a aucune pensée, sinon la pensée dominante : la doxa occidentale. La situation que vous décrivez dans votre dernière note en réponse à Chahid montre que le terreau n’est pas propice à l’éclosion, en terre arabe ou musulmane d’intellectuels de la trempe d’un Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola… capables d’exprimer la conscience de leur peuple et de leur temps (ce que d’ailleurs vous faites très bien dans votre blog).Dans l’aire arabo-musulmane, comme de plus en plus en Occident, on a « la liberté du prisonnier de taper sur sa gamelle » (J.L. Godart). Que l’on songe au sort fait en France aux derniers vrais intellectuels (Bourdieu, Baudrillard, Deleuze, dont les noms, aussitôt prononcés, devaient obligatoirement sentir le soufre !). Il est faux de croire que le reste du monde vit une réalité très différente. Partout, ceux que l’on montre, ceux dont on parle, sont les «intellectuels » des médias et de l’argent.C’est une main-mise, un « hold-up » de la pensée visant à tuer dans l’œuf le libre arbitre. Orwell l’a prophétisé, Ray Bradbury (Farenheit 451) et Aldoux Huxley (Le meilleur des monde) l’ont imaginé)… Il y a comme une sourde pulsion de mort dans le rêve de gloire occidental que le philosophe, feu Michel Henry, analyse avec une rare profondeur dans « De la bardbarie »La barbarie qui traque le vivant en nous. Car tout ce qui vit se bat. Comment peut-on supporter cela ?Avec toute ma sympathieHédi
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G
Cher Chahid BonsoirEffectivement, cet abaissement dans la soumission, la servilité, la trahison, la corruption, l'humiliation acceptée, le renoncement assumé, est pathétique de la part de ces "intellectuels".Il n'est, toutefois, que l'illustration d'une situation géopolitique qui est appelée à durer, au moins jusqu'au milieu de ce siècle. On y retrouve le noyautage complet des organisations dites "internationales", notamment de l'ONU et de ses institutions spécialisées (OMS, FAO, UNESCO, etc.), par le pouvoir "ziocons". Durban II en a été le dernier avatar (alors que Durban I, tenu en Afrique du sud, avait su garder un semblant d'indépendance...). On y retrouve, surtout, la totale servitude de ce grand pays qu'est l'Egypte à l'égard du pouvoir "ziocons". Et, qui n'est absolument pas, et ne sera jamais, acceptée par la majorité des égyptiens. Le nier serait mentir.L'attitude, plus que choquante, du gouvernement égyptien pendant les massacres de Gaza restera longtemps comme une honte majeure de ces nomenklaturas corrompues jusqu'à la moelle, qui asservissent leurs populations, leurs citoyens, pour le compte de puissances étrangères. L'Egypte, nous le savons, n'est pas le seul pays dans ce cas... Tous les pays de la région en souffrent. C'est le troisième point de cette illustration qui, sans être apparent dans les médias, est fondamental dans sa réalité sociale : le fossé immense entre une majorité de citoyens, et une oligarchie dictatoriale (avec sa cour d'intellectuels et d'artitstes...) soutenue par l'Occident. Fossé se comblant progressivement, à force de souffrance et de rage, d'un ressentiment qui tôt ou tard explosera et renversera ces gouvernements. Qui aurait cru que le Shah, son gouvernement, sa puissante armée, sa terrible police, son soutien aveugle par l'Occident, seraient un jour balayés par le vent de la Révolution ?... Qui aurait cru en l'effondrement du stalinisme ?...La géopolitque est un immense Jeu de Go où lentement les pions se déplacent, enserrant les positions réputées les plus fortes qui, à un moment donné, tombent d'elles-mêmes. Comme un fruit pourri...Amitiés
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C
Bonsoir Cher Georges<br />  <br /> En parlant de ces fameux « intellectuels » arabes ou maghrébins, je viens de lire cette terrible et scandaleuse capitulation de Farouk Hosny ministre égyptien de la culture, devant le lobby sioniste qui dirige l’Unesco. Pour faire sa compagne, il se voit obligé de ramper et de se repentir d’avoir soutenu les palestiniens un jour et dénoncé la barbarie sioniste. <br />  <br /> Ecoutons-le gémir et lécher, le pauvre « (…) Je veux dire solennellement que je regrette les mots que j'ai prononcés (…) Les attaques violentes dont je suis l'objet de la part des milieux les plus intolérants dans mon propre pays témoignent de la réalité de cet engagement : mon échec serait leur victoire ; ils ne manqueraient pas d'y voir la preuve que l'ouverture que je défends est une duperie. »<br />  <br /> « Notre  échec serait leur victoire, et notre victoire leur échec » quel touchant leitmotiv pour tous ceux qui veulent une place au soleil tout près de DSK & Co bien sûr ! <br />  <br /> Amitiés
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G
Cher Chahid BonsoirMerci pour ces infos complémentaires.Je profite de l'occasion de t'avoir en ligne pour faire référence à un de tes articles sur l'attitude des intellectuels, les courageux et les autres, quand il s'agit de prendre position sur les problèmes fondamentaux de nos sociétés. Il est daté du 1er avril 2008, mais ton analyse par rapport aux points que j'évoque est plus que d'actualité.Tu y dénonçais ces "marionnettes-tartufes", notamment certains "intellectuels arabes", avec une magnifique citation d'Edward Saïd résumant parfaitement ce que nous essayons, toi, comme moi et d'autres, de stigmatiser. "Intellectuels" qui, par leur complaisance aux discours dominants, représentent une lèpre obscurantiste dans la connaissance du monde musulman et du monde tout court...J'en recommande la lecture : http://chahids.over-blog.com/article-18331985.htmlAvec mes amitiés
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C
Bonsoir cher Georges<br />  <br /> Rappelons à Tahar Ben Jelloun, qui fait semblant de l’ignorer, que l’abattage du cheptel porcin en Egypte a été décidé par les autorités égyptiennes, ennemi déclaré des « Frères musulmans », et que tous les responsables coptes de l’administration (sanitaire, vétérinaire etc.) ont participé à cette décision « sage » pour les raisons que tous les égyptiens connaissent, à savoir entre autres, la clandestinité de l’élevage et le non-respect des conditions d’hygiène etc. Des milliers de « zabbalines » (chiffonniers) coptes élèvent leurs porcs dans les décharges publiques surtout à Moqattam et à Khanka (25 km au nord du Caire). Un « paysage » d’une saleté inimaginable… <br />  <br /> J’apprends grâce à toi cher Georges que Tahar Ben Jelloun prend ainsi la place de Sœur Emmanuelle pour défendre les chiffonniers coptes, tant mieux pour tout le monde, mais apparemment, monsieur n’a jamais mis les pieds en Egypte, ni en Afghanistan d’ailleurs, mais c’est toute la « tragédie » de Tahar, il ne sait pas qu’il ne sait pas !<br />  <br /> Ses maîtres le savent eux !<br />  <br /> Amitiés
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G
Bonsoir Philippe VladMerci pour le lien !Bien à vous
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P
enfin quelques paroles intelligentes sur "l'isalmisme"pour lire quelques commntaire sur durban jetez un oeuil surhttp://kokomag.wordpress.com/bien à vous
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N
Salam Georges,Commentaires interessants je ne sais pas! Certains Autres sont toujours prioritaires sur ma personne. Qualité ou défaut je ne sais pas. L'écriture est un bon moyen de partager ses passions ses colères ses joies et ses espoirs. Faut il encore avoir la classe pour le faire, la rhétorique pour éviter les malentendus. à suivre...
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G
Chère Nadine/NoorJ'ai vu ton commentaire sur le mail. Tes commentaires sont toujours intéressants. De préférence, poste les sur le blog pour en faire profiter nos amis lecteurs.Amitiés
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G
Bonjour TruthMerci de ton commentaire sur un sujet délicat : comprendre ces ombres qu'on veut nous faire prendre pour la réalité...Amitiés
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T
JUSTE UN BREF !BONJOUR ET MERCI STANECHY Je comprends tes longues absences - ce n'est pas un reproche mais juste la mention de combien tu nous manques - quand je vois le  temps qu'il faut  pour  ciseler ce texte que je viens de lire d'une traite avant d'aller au travail .  Je reviendrais rajouter quelques infos qui vont, bien sur! dans ton sens car,, comme le disais un electeur arabe "quand je t'écoute je m'entends ". Bonnes journées Ami .
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