Davos ! C’est la réunion annuelle des « décideurs de la planète » ne cessent de nous répéter les
journalistes économiques et autres vecteurs de la propagande néolibérale. Avec ce mélange d’effroi et d’admiration qu’ont les adeptes de la
servilité.
Propagande ? Je dirais plutôt « vulgate »… Car, on croirait assister à un Concile de cardinaux, comme lors des Conciles de Latran du temps de la
puissance de l’Eglise. On y décidait de tout : de dispositions théologiques, comme de l’interdiction de l’usage de l’arbalète. Oui, c’était l’arme de destruction massive de l’époque. Ses
flèches avaient l’incorrection de traverser les armures… En fait, le monde d’alors continuait son évolution malgré les prétentions fumeuses de ces bureaucrates coupés de la réalité
humaine.
Aujourd’hui, le plus amusant est de voir l’énervement de ces journalistes qui accusent d’avance de toutes les tares ceux qui ne prendraient pas au sérieux cet
aquarium à requins. Le Concile n’a même pas commencé qu’on se fait traiter de « schizophrènes » ! Quant à la France qui n’y envoie pas son Président de la
République et ses candidats à l’élection présidentielle, elle serait complètement « out » : « Si le monde est schizophrénique, la France l'est au
carré », écrit Eric Le Boucher dans Le Monde (1). Rien
que cela. On n’y va pas avec le dos de la cuillère !
Le concile va se tenir ! La messe va être dite ! Et, on n’y assisterait pas ? La rage… Ce n’est plus la grenouille qui se
transforme en bœuf, mais le journaliste en bedeau ou sacristain. Pour ne pas dire en grenouille de bénitier. Tant de componction, d’obséquiosité… Que ces journalistes se
laissent impressionner par ce pouvoir apparent et temporaire, on veut bien. Qu’ils s’identifient à cette richesse ostentatoire, passons. Il y a des « groupies » dans tous les milieux.
Mais, c’est affligeant de bêtise et de prétention…
Sans aucune analyse, ni esprit critique, ces gens-là nous servent le « copier-coller » des dossiers de presse de cette organisation de propagande. Ils
considèrent qu’une idéologie tient lieu de prospective et de destin pour nos sociétés développées ou en développement. La croissance exponentielle du chômage, de la misère et des sans-logis dans
nos riches sociétés ne les inquiète pas plus que la spoliation des richesses de zones entières occupées militairement par d’autres pays et dont les populations sont massacrées au
quotidien.
"Ces gens-là ne pensent pas, Monsieur"…, pour reprendre la chanson de Jacques Brel, ils déclament des slogans…
Pour ne pas se laisser étouffer par cette propagande et mourir idiot, ou d’inculture économique, avec eux, on peut se rafraîchir en lisant deux ouvrages
fondamentaux :
i)
Globalization and its discontents , de Joseph Stiglitz (2), Penguin Books - 2002.
ii)
The Great Transformation – The Political and Economic Origins of Our Time, de Karl Polanyi,
préfacé par Joseph Stiglitz, Beacon Press - réédition 2001.
(1)
Le Boucher, Eric, Mondialisation schizophrénique, Le Monde, 24 janvier 2007.
(2) Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’Economie
2001, a été responsable des études économiques à La Banque Mondiale, qu’il a quittée en janvier 2000. Il enseigne la Finance et les Sciences Economiques à Columbia University. Il dirige aussi le
département de recherches sur la pauvreté à l’Université de Manchester (UK).