Je voulais fêter l’anniversaire de Pedro Juan Gutiérrez, un de mes artistes favoris(1). Né le 27 janvier 1950 à Cuba, où il réside toujours, il vient d’avoir 57 ans.
Immense écrivain, poète, couvert de prix, traduit dans le monde entier. Il s’est mis aussi à la peinture, qui est une de ses passions. Ses tableaux, très appréciés, ont été exposés dans les plus grandes capitales culturelles. Pour lui, la peinture est le prolongement de son écriture : une poésie visuelle.
Il a exercé tous les métiers, voyagé dans des dizaines de pays, connu la faim et la gloire. Toujours lucide et égal à lui-même.
Il ne supporte pas l’Europe, sa frénésie de consommations et de relations artificielles, désincarnées, mercantiles. Il vit dans une semi retraite, au coeur de La Havane, au huitième étage d’un des immeubles historiques qui ont vue sur la baie, loin des mondanités et de ses illusions. Là, où d’autres écrivains sud-américains se sont compromis et ont sombré. Tel Vargas Llosa.
A l’exemple des poètes zen chinois et japonais, qu’il admire, il se consacre à l’écriture et à la peinture, dans la sérénité.
Il y a chez lui du Frank Kafka et du Julio Cortázar, ses deux écrivains préférés. Mais aussi du Rabelais ou du Henri Miller. Un mix, une fusion de musiques : rumba, flamenco, rap avec des fulgurances de solos de saxo, soudain, dans le silence d’une rue, la nuit.
Un monde absurde et cruel, où il chante la fureur de vivre et la liberté intérieure.
Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, au moins de deux de ses livres (2) sont à croquer, comme ces pommes stylisées, acides et juteuses qu’il aime peindre :
· Trilogie sale de La Havane
· Animal Tropical
(1) Photo : Jean Fugere
(2) Albin Michel. La traduction, malgré ses mérites, ne peut rendre la musicalité et le rythme de la langue espagnole de Cuba. Alors, pour ceux qui le peuvent : ne goûtez qu’à l’original.