« Toute une société a un système de pensée qui est fondé non sur ce qui est réel mais sur ce qui est agréable et commode pour les intérêts des puissants. »
John Kenneth Galbraith (1)
La chanson de Jacques Brel, Vesoul, du moins des bribes, tambourine dans ma tête :
J'ai voulu voir Anvers - On a revu Hambourg ♪♪♪
Signe que je suis sur le sentier de la colère. Cheveux hérissés de plumes d’aigle, balafré de peintures incendiaires. Mon chant de dépit, quand je me sens floué. Dont je change les mots, suivant le motif :
J’ai voulu voir “Jaurès” - On a revu “Ferry” ♪♪♪ …
Pas Luc, un de nos récents et pitoyables ministres de l’éducation nationale. Non : Jules.
Jules Ferry.
Jules Ferry autocélébrant sa politique coloniale
Le Tonkinois
C’est lui qui, transitant par plusieurs postes ministériels jusqu’à devenir premier ministre, à l’époque on disait “président du Conseil”, de la IIIe République dans les années 1880, a eu le mérite de rendre l’enseignement laïc, obligatoire, et gratuit. Devenant, au fil du temps, la figure patriarcale, tutélaire, de la “laïcité” française et de “l'identité républicaine”.
La législation instaurant cette avancée républicaine est toujours appelée “Lois Ferry”. Que progressivement ses lointains successeurs de la V° république se sont attachés, s'appliquent, à déconstruire, tout spécialement sur le plan de la "gratuité" et de la "qualité"…
Mais, ce "républicain" est aussi l’archétype de ceux pour qui les valeurs fondamentales de "l’identité républicaine" française, Liberté-Egalité-Fraternité, ne sont valables, légitimes, qu’à l’intérieur des limites frontalières d’une métropole arrogante, mégalomane, droguée de Bonne Conscience.
Car, Jules Ferry fut un colonialiste forcené et viscéralement raciste.
Se voulant un des plus fervents, acharnés, bâtisseurs de “l’Empire français”. Renforçant la mainmise sur les “terres” déjà conquises et, surtout, ne cessant d’en arracher à d’autres nations et continents : Tunisie, Congo, Madagascar, conquête de l’Indochine. “Républicain” au service de la prédation financière et industrielle, acier et armement inextricablement liés, d’une caste bâtissant d’énormes et rapides fortunes. Evidemment, au mépris de la volonté des populations locales.
Sa féroce obstination, dans la conquête de l’Indochine, le fit surnommer “Le Tonkinois”. Habituellement, biographies, manuels scolaires, documentaires, en occultent avec soin ravages et obscurantismes. Car ce "laïc intransigeant", sur le territoire de la mère-patrie, encourageait l’envoi du missionnaire chrétien, évangélisateur de barbares, dans les fourgons de ses bataillons coloniaux. Il existe même des publications hagiographiques où cet aspect de sa personnalité et de sa politique hyperviolentes, dans le mensonge, le délire devrait-on dire, est totalement gommé, censuré… (2)
Ses discours, et déclarations sur sa politique coloniale, représentent une cynique actualisation de l’argumentaire des croisades remontant au XI° siècle. Renonçant à coloniser pour « répandre la parole évangélique », mais pour : « civiliser les races inférieures ». En témoignent les célèbres débats parlementaires des 28 et 30 juillet 1885 :
« Messieurs, il y a … un second ordre d’idées que je dois également aborder [...] : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. [...]
« Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. [...]
« Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. [...]
« … De nos jours, je soutiens que les nations européennes s'acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation.»
Au cours des mêmes débats, Clemenceau s’était illustré par une courageuse et cinglante réaction (30 juillet 1885), sauvant l’honneur de l’assemblée nationale :
« Races supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit. Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. […]
« Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! […]
« Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. […]
« Non, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu'à mesure que nous nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit. Mais n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. […]
« Parler à ce propos de civilisation, c'est joindre à la violence l'hypocrisie. »
Mais le raz-de-marée de la propagande, financée par l’argent facile de la prédation de la "Loi du Plus Fort", va engloutir l’ensemble de la classe politique et du pays. Culminant dans l’Exposition Coloniale de 1931 à Paris et les lamentables affirmations, le 2 juillet 1931, de Paul Reynaud (futur président du Conseil au moment de la débâcle de juin 1940) aux journalistes accrédités auprès de l’ancêtre de l’ONU, la SDN :
« La colonisation est un phénomène qui s’impose, car il est dans la nature des choses que les peuples arrivés à un niveau supérieur de l’évolution, se penchent vers ceux qui sont à un niveau inférieur pour les élever jusqu’à eux. » (3)
Malgré la deuxième guerre mondiale, les sanglantes guerres de décolonisation qui l’ont suivie, les grandes déclarations des droits de l’homme et de l’autodétermination des peuples, démultiplié par une méticuleuse désinformation, cet « habitus colonial » imprègne profondément l’inconscient collectif de nos sociétés, de leurs dirigeants et d’une grande partie de l’opinion publique.
Récemment, en France, les élucubrations d’un ministre de l’intérieur sur la “supériorité de la civilisation occidentale” sont révélatrices de ce chancre intellectuel. Dans une gymnastique sémantique, méthodiquement entretenue par une propagande permanente, la confusion, l’amalgame, entre « race » et « civilisation » sont complets. Englobant, aujourd’hui : le « régime » !
Se livrant, dans une vertigineuse philosophie politique, à une analyse des mérites comparés entre « régimes ». Il y aurait, ainsi, des régimes supérieurs, et des régimes inférieurs qu’il conviendrait “d’élever” jusqu’à eux… Aux forceps : dans les bombardements, massacres, occupation militaire et torture. Plus concrètement, abstraction faite de la tartuferie, suivant des critères d’appréciation, de "notation", arbitrairement déterminés. Relevant, non pas de valeurs universelles, mais d’intérêts spoliateurs monopolisés par une oligarchie impériale.
En fait, ce n’est pour notre pays que suite, résurgence, de ces politiques et pratiques néocoloniales qui ont été la tare de nos républiques, y compris la V° république avec la création de la sinistre “Françafrique” de Jacques Foccart. Système mafieux qui existe encore, comme on peut s’en rendre compte malgré le silence des médias dans le soutien aux dictatures, “régimes agréés”, sous habillages démocratiques aux élections truquées, dans l’ex “Afrique française”. Avec des présidences héréditaires, comme au Gabon ou au Togo. Ou encore, des putschs encadrés par l’armée française, tels que ceux pratiqués avec régularité en Côte d’Ivoire. La liste de ces cirques despotiques est longue.
“Droite” ou “gauche”, restons équitables : la présidence de Mitterrand n’y a pas échappé. Le pittoresque népotisme déambulatoire et affairiste, de la Mauritanie à Madagascar en passant par l’Angola, de son fils Jean-Christophe “chargé des affaires africaines” que les chancelleries surnommaient « Papamadi » (Papa m’a dit), représente une honte pour la France. Ridiculisant notre pays, sa diplomatie, tout autant que sa fonction présidentielle.
Mais, quel spectacle de voir tous les aspirants-candidats à l’élection présidentielle, en cours dans notre pays, barboter dans la gadoue de la trilogie « race-civilisation-régime » !...
Chacun s’abritant derrière le mot alibi : « régime », moins sulfureux que les autres. Servant à camoufler son soutien à la politique de l’Empire, tel régime dictatorial étant condamné, et tel autre soutenu. La sélection s’opérant au coup de sifflet de la propagande. Aboyant avec la meute, de crainte d’en être exclu…
Jean Jaurès prononçant son discours du 24 mai 1913 au Pré-Saint-Gervais
De Machiavel à la casuistique
Venant de notre parti unique à double casquette, “droite” et “gauche”, au pouvoir en permanence, ces pulsions coloniales d’un autre âge sont compréhensibles compte tenu de l’archaïsme idéologique de la caste qu’il représente. Mais, de mouvements se réclamant de Jaurès, héros de la justice et de la paix, dont Trotski écrivit en 1917 qu’il « tomba sur l'arène en combattant le plus terrible fléau de l'humanité et du genre humain : la guerre »...
« Ce samedi 11 Février (2012), plusieurs organisations - dont le Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche, le Parti Socialiste (PS), le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), le parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV), la Confédération générale du travail (CGT), la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et le Mouvement de la Paix - appelaient à une manifestation de « solidarité avec la révolution syrienne ».
Dans leur communiqué commun, les organisateurs présentaient le peuple syrien comme « un peuple qui affronte la mort depuis plus de dix mois avec une audace et une ténacité imbattables ». (4)
D’autres, se livrant à des exercices de casuistique appliquée, nous transforment en jésuites. Affirmant qu’on ne peut lutter, à la fois, contre les forces économiques dominantes, mondialisées, agissant en prédateurs à l’intérieur de la collectivité et, en même temps, ferrailler contre son suzerain. Chaque chose en son temps, et nous irons tous au paradis…
=> “économique et sociale”, considérée comme un espace de contestation tolérable, car théorique, du fait qu’il est corseté et ficelé par les traités et règlements de l’UE
=> “étrangère”, véritable domaine « tabou » dont décisions et orientations relèvent de la seule direction de l’Empire, relayées par ses fondés de pouvoir dans les pays vassalisés pour en superviser la bonne exécution. Le peuple ne doit rien savoir et surtout pas être consulté. Comme le reconnaissaient platement les candidats, s’agissant pour eux d’une norme, par la formule rituelle et déculpabilisante :
« Nous n’y sommes pour rien. C’est Washington qui décide »…
Oubliant le grand principe démocratique que ne cessait de clamer Mikhaïl Bakounine :
« Les aristocrates de l’intelligence trouvent qu’il est des vérités qu’il n’est pas bon de dire au peuple. Moi, socialiste révolutionnaire, ennemi juré de toutes les aristocraties et de toutes les tutelles, je pense, au contraire, qu’il faut tout dire au peuple. Il n’y a pas d’autre moyen de lui rendre sa pleine liberté. »
En plus d’être « réalistes », il nous est prescrit d’être « disciplinés » : serrer les rangs ! Encore mieux : serrer les rangs en silence ! Pour ne pas faire “division” au moment crucial. Nous trouvant ainsi au pied d'un infranchissable mur : « la ligne du parti ». Autrement dit : « l’aliénation politique », cette « vision sacerdotale de la politique qui s’est imposée, au point de jeter dans la culpabilité ceux qui n’entrent pas dans les jeux politiques ». (6)
Enfants Afghans dans la neige à Kapisa en 2012 – Après destruction de leurs villages et maisons par les bombardements de l’OTAN
Avaler notre grille-pain
Avaler des couleuvres, notre grille-pain ? Dans quel but ? Au nom d’une stratégie électorale ? Pourquoi est-il impossible de défendre une vision, une ambition, pour notre pays autres que les diktats de l’Empire ?
Un grand dessein à la Jaurès : promouvoir l’Apaisement et la Paix dans les relations internationales, dans le respect de la souveraineté et du droit à l’autodétermination des peuples et nations. Sachant que la paix, le développement des relations commerciales et culturelles sont le meilleur moyen d’éviter radicalisations et conflits.
D’autant plus que notre planète comme le rappelle l'économiste, John Kenneth Galbraith, est confrontée à des priorités autrement primordiales que la création ou la provocation, l’organisation et l’entretien, de guerres coloniales à répétition :
« La prévention de telles tragédies de masse est, avec la recherche d’une solution au problème des pauvres de la planète, la tâche la plus urgente de toute société qui a pour volonté de défendre et protéger l’humanité. » (7)
Au lieu de commercer, d’échanger, de discuter, nous nous enfermons dans les incantations paranoïaques d’exclusion, de diabolisation : Sanctions ! Sanctions ! Incapables d’esprit critique, pour ne pas dire d’un simple libre arbitre. Regardez : notre balance commerciale est déficitaire se lamentent nos gouvernants, alors que nous refusons de nouer des partenariats avec des pays au formidable potentiel qui ne représentent ni des menaces, ni des ennemis, pour nous. Au contraire.
Ainsi, l’Empire nous interdit de commercer, d’investir, dans toute une série de pays : Cuba, Venezuela, Bolivie, Equateur, Syrie, Iran. Jusqu’au Pakistan (8), et même en Chine pour ce qui est du matériel dit « sensible », aux contours si imprécis qu’il justifie tous les arbitraires. Docilement, nous appliquons les instructions que son ministre des finances nous dicte.
L’Empire, par contre, n’hésite pas à mener une véritable guérilla économique contre notre économie nationale, et même européenne, dès que les intérêts de ses milliardaires au Congrès l’exigent.
Parmi ses multiples manœuvres et pour n’évoquer que les grands projets, rappelons qu’il a tout fait pour tuer notre avion supersonique Concorde du fait qu’il était en avance sur ses propres technologies. Interdisant la vente sur son territoire et dans plusieurs pays (du fait qu’il n’autorisait son atterrissage que sur une poignée de villes), bloquant ses futurs développements. Il a failli tuer Airbus qui ne s’en est sorti qu’en fonction d’un partage du marché mondial en sa défaveur. Actuellement, c’est notre TGV qu’on ne peut pas vendre dans plusieurs Etats des USA (les Chinois vendent le leur en Iran…) sous une avalanche de prétextes. En Floride, ils ont même organisé une campagne diffamatoire, invoquant la collaboration de la SNCF avec les nazis …
Notre pays sous tutelle impériale, sera-t-il réduit au fil du temps à ne devenir qu'un parc d’attraction pour touristes (Aghhh !... Les beautés du terroir…), avec des emplois sous-payés dans un désert industriel ?... Son économie transformée en "économie de guerre" pour assurer les rentes de situations à une poignée de groupes privés s'engraissant sur les "privatisations-spoliations" dans des néocolonies, logeant leurs bénéfices dans les paradis fiscaux ?... Ses habitants hébétés, à crier obsessionnellement cocorico, avec nos médias, à chaque vente d’avions de chasse Rafale-Dassault, largement subventionnés à l’export par le contribuable ?…
Au Moyen-Orient, la région la plus explosive du monde, est-il si difficile de travailler sur un plan de paix ?... Proposer, par exemple, sa dénucléarisation dans la concertation amicale avec l’ensemble des pays concernés.
Non.
Souscrivant aux campagnes de diabolisation, contribuant à jeter de l’huile sur le feu, attisant haines et peurs, on assiste au spectacle pathétique de présidentiables véhiculant les mensonges les plus éhontés de la propagande, enfermant cette région dans les pires délires guerriers.
Notamment, le plus grave à propos de l’Iran qui souhaiterait, d’après la désinformation, “le génocide des juifs”. Si les Iraniens sont antisionistes, comme beaucoup de Juifs tels Gilad Atzmon et tant d’autres, ils n’en éprouvent pas moins le plus grand respect pour le Judaïsme, ainsi qu’il leur en est fait obligation dans leur religion. Les juifs sont d'ailleurs représentés en tant que religion au Parlement iranien. Parmi les Iraniens de confession juive qui en ont été membres depuis 2000, figurent des personnalités respectées telles que : Minoucher Elyasi, Maurice Motamed ou, encore, Ciamak Moresadegh…
Je me permets de citer l’extrait d’un texte que j’avais publié, le 20 août 2010, à propos de ce mensonge, pivot d’une campagne iranophobe abjecte, qu’il est inacceptable de voir repris par des candidats à la présidence de la république. Car, de deux choses l’une comme je ne cesse de le rappeler à propos des “responsables” politiques ou médiatiques qui véhiculent pareilles désinformations :
[…] « Affirmer, par exemple, que le président Iranien a déclaré, dans un discours prononcé en 2006, vouloir “rayer Israël de la carte”. Pur mensonge de la propagande : il n’a jamais prononcé ces mots. Tous les spécialistes en Farsi, langue officielle de l’Iran, qui ont examiné à la loupe ses discours n’en ont trouvé la moindre trace.
Quelques journalistes soucieux d’honnêteté tel Jonathan Steele dans The Guardian, malgré le soutien de la politique étrangère britannique par direction et actionnaires des médias, se sont fait l’écho, à plusieurs reprises, de cette désinformation. (10)
Désinformation d’autant plus grotesque que les 25.000 Iraniens juifs sont parfaitement intégrés et traités avec respect. Libres de voyager à l’étranger et d’aller où bon leur semble. Avec une totale liberté de culte. Rien qu’à Téhéran, il y a 11 synagogues et plusieurs écoles juives. Récemment, l’hôpital juif de Téhéran a même reçu une subvention de la présidence de l'Etat. Lors des élections, ils sont connus pour être les plus fervents soutiens de la "candidature Ahmadinejad", tant à celle de la présidence du pays, qu’à la mairie de Téhéran, dont il fut un maire réputé pour son acharnement au travail, son incorruptibilité et son humanisme.
Qu’importe ! Le slogan de cette propagande est martelé en continu, depuis quatre ans, par politiciens et médias dans une hystérie que même les services de propagande de Staline n’auraient pu atteindre par son niveau de paroxysme. Dans les pays occidentaux, à l’unisson, tout le monde répète cette “incantation diabolisante” pour en convaincre l’opinion publique. » […]
Oui, je me suis trompé.
Rêvant d’une VI° république fondée sur la justice et la solidarité, sociale et économique, la souveraineté fondée dans la concorde avec les autres nations, dans la volonté d’assurer un développement sain et durable pour notre planète, qui a un urgent besoin de notre sollicitude…
J’ai cru voir surgir de l’horizon de flamboyants cavaliers, dans l’éclat du soleil levant, menés par un Jaurès. Accourant pour faire renaître mon pays, genoux à terre sous trique et cravache d’une ploutocratie, assistée de sa domesticité, au service de la prédation financière et d’un Empire délirant de mégalomanie. Obligé de subir la mise en scène de la comédie de l’alternance présidentielle, dans le mensonge et le cynisme…
Illusions… Mirages…
Ce ne sont que “Républicains” à géométrie variable, à la Jules Ferry ... Ou, dans leurs voitures de fonction, à la “Demonque”, si bien croqué dans l’étude de Bourdieu sur la Noblesse d’Etat :
« Marcel Demonque, l’ancien patron des Ciments Lafarge, “tirait des larmes de ses pairs en évoquant ses préoccupations sociales”, mais il avait une poigne de droite. » (11)
(1) John Kenneth Galbraith, Economie Hétérodoxe, Seuil 2007, p. 397.
Dans cette phrase, Galbraith résume les travaux du génial et méconnu (et pour cause !...) économiste américain d’origine norvégienne Thorstein Veblen (1857-1929), qui a été le premier à déconstruire le régime ploutocratique des USA, dissimulé derrière une méthodique propagande de “modèle démocratique”.
(2) Exemple caricatural : Philippe Guillhaume, Jules Ferry, Albin Michel, 1992.
(3) Catherine Hodeir & Michel Pierre, L’Exposition Coloniale (mai à novembre 1931 – Paris), Editions Complexe, 1991, p. 139.
(4) Jean-Pierre Dubois, Syrie : Consensus pro-impérialiste à gauche, 11 févier 2012, http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/archive/2012/02/11/syrie-consensus-pro-imperialiste-a-gauche.html
(5) Jean-Pierre Dubois, Op. Cit.
(6) Pierre Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Essais-Points, Editions du Seuil, 2001, p. 279.
(7) John Kenneth Galbraith, Op. Cit., p. 1141.
(8) “L’attentat de Karachi”, réalisé par des services spéciaux « alliés », visait la collaboration militaire de la France avec le Pakistan dans la fourniture et le transfert de technologies relatives à la vente et au montage sur place de sous-marins. Le “buzz” sur les rétrocommissions, systématiques sur tout “grand contrat à l’export” y compris “civil”, n’est que poudre aux yeux…
(9) Exemple : Which Path to Persia ? Options for a New American Strategy Toward Iran, The Brookings Institution - The Saban Center for Middle East Policy ((financé par le roi de Jordanie…) – Analysis Paper (156 pages) – Number 20, June 2009.
(10) Jonathan Steele, Lost In Translation, Experts confirm that Iran's president did not call for Israel to be 'wiped off the map', The Guardian, 14 juin 2006,
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2006/jun/14/post155
Notons qu’en France, aucun média n’a eu le réflexe déontologique de vérifier l’information (en fait, cette « désinformation ») en procédant à une traduction du, ou des, discours en cause par, au moins, trois traducteurs indépendants (Farsi-Français). Servilement, on se contente de reprendre les slogans de la propagande iranophobe.
(11) Pierre Bourdieu, La Noblesse d’Etat, Les éditions de Minuit, 1989, p. 452.