« Les mots, dans le monde où nous vivons, sont souvent employés pour déformer, dissimuler, ou manipuler, le sens qu’ils sont censés véhiculer… C’est devenu un langage de mensonges.
Ces mensonges peuvent atteindre une telle force persuasive, envahissante, que le menteur lui-même est convaincu de dire la
vérité. »
Harold Pinter
Une “prière punk”
Je me délecte, en cette période estivale, des feuilletons médiatiques. Mieux que « Plus Belle la Vie », contempler « Plus Belle l’Imbécillité », pour rester poli : quel régal ! Le record dans le genre : l’hystérie collective de tous nos médias s’emparant de l’affaire “Pussy Riot” en Russie…
Ce groupe de Rock-Punk, composé de trois femmes Russes, vient d’être jugé pour délit d’incitation à la haine religieuse, atteinte à l’ordre public et aux institutions de l’Etat, provocation à l’émeute, insulte au chef de l’Etat, dégradation d’édifice, violence physique sur personnes et autres délits qualifiés de “hooliganisme”.
Verdict : deux ans de camp de travail.
Deux ans… Excessif, se dit-on dans un premier temps à l’écoute de nos médias, pour des artistes pris en flagrant délit artistique de la provocation. Même si la juge, Marina Syrova, a réduit la peine d’un an par rapport aux réquisitions du procureur qui en avait demandé trois. La peine maximale étant de 7 ans. Le Président Poutine, de son côté, avait sollicité la clémence du juge.
Le journaliste du Figaro nous certifie (1) :
« En février, elles avaient chanté une "prière punk" dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir. »…
L’envoyée spéciale du Nouvel Observateur, Audrey Salor, nous livre une version étrangement copiée-collée. A savoir qui copie qui, qui copie quoi… (2) :
« Les jeunes femmes étaient jugées pour avoir chanté une prière anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou le 21 février dernier, encagoulées, avec leurs guitares électriques, demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir. »
Une « prière punk » ?… Une « prière anti-Poutine » ?...
Côté Russe, les éléments probants sont d’un tout autre caractère.
Motif : ce groupe aurait chanté une chanson obscène, dans des tenues et des postures obscènes, après avoir fait irruption dans la plus grande cathédrale orthodoxe du pays, la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou. Au pied de l’autel, avec cagoules, guitares électriques et sono. "Organisation spontanée" se traduisant par des violences à l’encontre des personnes présentes, fidèles en prières, personnel religieux et d’entretien de l’édifice, qui avaient eu l’indécence de s’opposer à leur indubitable création artistique…
L’émotion a été grande en Russie. Beaucoup de Russes ont été choqués, pas simplement orthodoxes mais aussi athées. Non pas, par la comparution de ces “artistes” devant la justice, mais par leurs actes et les paroles de leur chanson.
Contrairement à l’image, cadre, contexte, déroulement des actes incriminés, complètement inversés, véhiculés par nos médias.
Qui croire ? Que croire ?
D’autant que le nom du groupe, par son raffinement artistique dans l’art de la provocation, sème quelques doutes. "Pussy Riot" : "Les Chattes Emeutières", "Les Chattes en Révolte", "La Révolte des Chattes", suivant les traductions. Impliquant, dans tous les cas, le jeu de mot de l’assimilation du sexe féminin avec "Pussy"…
Facteur accélérateur dans le déclenchement de l’esprit critique : l’unanimité subite de la sempiternelle cohorte des "Belles Ames" de circonstance, connues pour leur "Bonne Conscience" à géométrie variable, puissamment relayées par l’appareil de propagande russophobe.
Le mieux est d’aller à la source, au texte.
D’autant que rien n’est plus facile, grâce à Internet : les textes des chansons sont disponibles et traduits sur des sites spécialisés, dans toutes les langues. Il suffit de frapper à la porte et d’entrer. Ce qu’aucun média évidemment n’a eu le temps de faire, encore moins les “Belles Consciences” : « Mettre les mains dans le cambouis… ». Ou, dans ce cas précis : « Fouiller dans la poubelle, en se bouchant le nez… ».
Les raffinements de l’Art
Prenons un des plus sérieux : http://lyricstranslate.com. Examinons les textes, d’abord l’original en langue russe (3), puis sa traduction en anglais (4), enfin sa version en français (5). Et, essayons d’y voir clair…
Putin Zassal (Путин зассал)
К Кремлю идет восставшая колонна
Атака на рассвете? Не стану возражать
Бунт в России - харизма протеста
Выйди на улицу, (проигрыш на квадрат)
Недовольство культурой мужской истерии
Режим идет к цензуре сновидения
Бунт в России - харизма протеста
Выйди на улицу,
|
Putin wet himself
A column of insurgents moves toward the Kremlin
Attack at dawn? I will gladly
Riot in Russia - from the charism of protest
Get out in the street (bridge x2)
We are not satisfied with the culture of masculine hysteria
The regime goes toward dream censorship
Riot in Russia - from the charism of protest
Get out in the street
|
Poutine s'est pissé dessus
Une colonne insurgée avance sur le Kremlin.
Une attaque à l'aube ? Je ne refuserai pas
Emeute en Russie - du charisme de la protestation
Descends dans la rue, (bridge x 2)
Nous ne sommes pas satisfaits de la culture de l'hystérie mâle
Le régime va vers la censure des rêves
Emeute en Russie - du charisme de la protestation
Descends dans la rue,
Notes du traducteur :
(1) "райот" c'est la transcription phonétique de "Riot" (émeute, donc). |
A la lecture de cette “œuvre d’art”, la première réaction est celle de la sidération devant son niveau primaire de scatologie "pré-ado". Mais, après tout, n’est-ce pas le type de provocation qui est à la source du fructueux business de certaines chanteuses à succès en Occident ?...
La seconde, est la question immédiate : si cela arrivait chez nous ?... Exemples, que plusieurs ont formulés. Autour de moi, et ailleurs.
Des "punkettes" s’introduisant par effraction à la cathédrale Saint-Paul de Londres pour chanter que la reine "se pisse dessus", "l’anglicanisme est la religion du pénis cruel", "les chiennes pissent par-dessus les murs" de Westminster ?...
Ou, même scène, à Notre-Dame de Paris, avec Hollande "se pissant dessus", le catholicisme en "religion du pénis cruel", "les chiennes pissant par-dessus les murs" de l’Elysée ?...
Ou encore, avec un refrain identique pour Obama à l’église Saint-Patrick de New-York, dans un temple évangéliste au Texas, ou dans le grand temple mormon à Salt Lake City, ville de Mitt Romney le candidat républicain de confession mormone ? Avec "les chiennes pissant" sur le gazon (il n’y a pas de murs..) de la Maison Blanche.
En France, plusieurs groupes de chanteurs, de rap notamment, ont eu des condamnations judicaires pour beaucoup, beaucoup, moins que cela. Et que dire, de ceux qui ont osé se promener dans la rue avec un écriteau portant la caricature de Sarkozy, avec écrit une de ses phrases célèbres : « Casse-toi Pov’Con ». Prison, amendes, et autres retours de bâton bien ajustés…
D’autres pays européens ont des législations qui prévoient les mêmes délits contre la haine religieuse, comme le rappelait le porte-parole Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères (6) :
"Selon le Code pénal allemand, les délits perpétrés contre la religion et la croyance (les articles 166 et 167), notamment des actes de hooliganisme dans les lieux de prière, sont passibles d'emprisonnement jusqu'à trois ans ou d'une amende.
L'article 189 du Code pénal autrichien prévoit pour les mêmes délits blessant les sentiments religieux des peines de prison de six mois ou une amende équivalente au salaire de 360 jours".
Mais cela n’a rien à voir, nous rétorquent certains spécialistes en discussions byzantines sur le sexe des anges. Ne pas confondre pays "fascistes" et pays "démocratiques" !
Dans les pays "fascistes", du moins ceux que nous avons désignés ainsi, on se doit de « chasser » les dirigeants au pouvoir, même s’ils sont élus comme Poutine ou Chavez. A partir du moment où un dirigeant conteste l’ordre impérial, comme la Russie avec ses vetos contre l’invasion et la destruction de la Syrie et de l’Iran, il n’est plus légitime d’après nos critères de sélection.
Si ce sont des pays musulmans, on ne se limite pas à « chasser » leurs dictateurs, on peut aller jusqu’à assassiner leurs chercheurs, enseignants, médecins, massacrer leurs peuples. Et, détruire leurs pays. Impunément. Normal, nous sommes en guerre. Larvée ou pas, déclarée ou pas. A la guerre comme à la guerre…
Dans nos pays "démocratiques", au contraire, nous nous devons de vénérer nos dirigeants. Parce qu’eux n’oppriment pas le peuple. Ils lui laissent faire ce qu’il veut, tant qu’il ne remet pas en cause l’ordre social qu’on lui impose et la paupérisation qu’on lui inflige.
Ah !... La casuistique des “Belles Ames” ! Je ne m’en lasserai jamais…
La bousculade des chantres de La Liberté
Les fourneaux de la diabolisation Poutinienne ronflant à toute vapeur, ce ne sont, dès la condamnation des “Pussy Riot”, que lamentations et dithyrambes. Cascades, déluges, ruissellements de déclarations. Dans une mobilisation courageuse et unanime.
Depuis les habituels vecteurs, en France, de la propagande de l’extrême-droite américaine dont ils soutiennent aveuglément les pires délires coloniaux, tel Courrier International (7) :
« Et pour cela, le pouvoir a décidé de les châtier avec une cruauté extrême. Dans cette affaire, ce ne sont pas les Pussy Riot qui sont sanctionnées, c’est l’individualisme humaniste. »
Jusqu’à la nébuleuse de l’extrême-gauche, dont on peut lire dans un de ses communiqués :
« Cette décision de justice, inique et scandaleuse, pourrait prêter à rire au regard des faits - une chanson satirique pour dénoncer la collusion de Poutine avec la hiérarchie de l’église orthodoxe - si les conséquences n’étaient si dramatiques pour les trois jeunes artistes moscovites. »
En écho, évidemment, aux postures des grandes organisations internationales "humanitaires", ainsi que le rappelle The Guardian (8) :
« Amnesty International and Human Rights Watch called the sentence a bitter blow to freedom of expression inside Russia. »
(Amnesty International and Human Rights Watch ont qualifié la sentence de coup sévère porté à la liberté d’expression en Russie).
Jusqu’à une des supérettes du prêt-à-porter culturel dans notre pays, “Les InRocks”, qui a envoyé son reporter sur place ! Enfin, quand elle dit sur place… Sur place à Paris, dans la manifestation de solidarité avec le groupe “Pussy Riot”. Tombant en pâmoison. Dans son enthousiasme, n’hésitant devant aucune généralisation : « Paris soutient les "Pussy Riot" », glousse-t-il, le vaillant reporter, en titre de son article. (9)
Citant les grandes autorités morales et civiques, mobilisées sous la bannière des "Droits de l’Homme" :
[…] « Pierre Tartakowsky, le président de la Ligue des droits de l’homme, prend le micro pour rappeler « le lien profond entre la liberté d’expression et la création ». Il prévient : « Ce procès pour délit de blasphème est une mauvaise nouvelle pour nous aussi en France où des groupes religieux s’agitent aussi dans ce sens ».
[…] « Au milieu de la foule, on croise le philosophe Didier Eribon. « Je suis frappé que les grands partis politiques soient absents, c’est incroyable et révoltant. Aucun représentant du Parti Socialiste ou d’Europe-Ecologie Les Verts. Le PS ne veut pas de vague avec la Russie et EE-LV est lié par son accord gouvernemental. Ils devraient être verts de honte », critique ce spécialiste de Michel Foucault. »
Les mêmes qui ne bougent pas le petit doigt devant les plus grands massacres, les plus violentes injustices, dès lors qu’ils reçoivent consigne de ne rien voir, rien entendre, rien dire.
Un exemple. Dans mon précédent billet, Nucléaire Iranien : Prétexte & Préméditation, j’ai évoqué la libération de la scientifique Iranienne, Shahrzad Mir-Qolikhan, le 7 août dernier, après 5 ans d’internement dans des prisons des USA. Enlevée à Chypre lors de vacances familiales, sous couvert d’une extradition, par les autorités américaines en 2007, arbitrairement condamnée et emprisonnée. Au prétexte d’avoir essayé, elle et son mari, d’acheter du matériel dit « à double usage »…
Shahrzad Mir-Qolikhan, qui n’a pas pu voir ses filles durant toute sa détention, raconte dans un anglais parfait, au cours d’un entretien de 18 mn (la vidéo en anglais est téléchargeable) (10), le calvaire, les humiliations, les tortures subies dans les prisons US. Dont l’une de 18 heures, dans une cellule chambre froide, enchaînée, pour la faire « craquer ».
Aucune de ces grandes voix et médias donneurs de leçons, n’a écrit, prononcé, un mot, un seul, pour condamner de pareils comportements, par de soi-disant « Etats de Droit »…
J’imagine la tête de ces mêmes Belles Ames, BHL en premier, si une prestation analogue à celle des “Pussy Riot” se produisait à Tel-Aviv : trois punkettes s’introduisant dans la Grande Synagogue de la capitale, chantant, en solidarité avec les 10.000 Palestiniens actuellement emprisonnés sans procès et ceux enfermés dans un blocus à Gaza depuis 2007. Chantant :
« … Netanyahu s’est pissé dessus … Le Judaïsme est la religion du pénis cruel … Les chiennes pissent par-dessus les murs de la Knesset … La meute des salopes du régime sexiste demandera pardon à la phalange féministe… »
Que se passerait-il ? BHL, titrerait-il sa chronique hebdomadaire dans Le Point :
i) « Un odieux (un de ses mots favoris) acte antisémite dans la profanation de la plus Grande Synagogue de Tel-Aviv »,
Ou
ii) « Un magnifique hymne d’appel à la Liberté réalisé par trois artistes dans la plus Grande Synagogue de Tel-Aviv » ?...
J’ai vu un comique en France, talentueux, de loin le meilleur d’entre eux, brûlé en place publique, ou médiatique, ce qui revient au même, pour avoir exercé son art de la dérision et de la provocation en caricaturant au cours d’une émission de TV : un “fasciste sioniste”. Tout le monde riait à gorge déployée : spectateurs, autres invités, présentateur. Tous, sans exception. Mais, dès le lendemain, tout le monde a dû s’excuser : sujet tabou.
Il aurait “blasphémé”....
En tant qu’hérétique, il a donc été traîné dans la boue, mis en pièces. Avec d’autant plus de vigueur que le bougre ne se laissait pas piétiner de bon cœur. Rendant coup pour coup. Accusé d’être antisémite, lui qui a démarré et exercé son métier pendant des années avec son meilleur pote de l’époque : un juif…
Lui, il n’a pas eu droit à l’excuse de l’artiste qui “provoque”, jouant son rôle de “fou du roi”… Liberté d’expression, liberté de conscience ?... Il est banni de toutes les stations de radio ou de TV, on lui interdit des salles, multiplie procès et menaces. Diabolisé à un tel point, qu’on n’a même plus le droit de prononcer son nom. Sauf à lui cracher dessus. Sinon, on va droit en Enfer…
Et, comme je tiens à ma place au Paradis… Je scotche mon bec ! Promis, juré, je ne prononcerai pas son nom !
Alors, “Pussy Riot” ?... De l’Art ?... Provocateur et, donc, par essence : Contestataire, Novateur, Libérateur ?... Individualisme Humaniste ?... Défense de la Liberté d’Expression et des Consciences ?... Défense des Femmes et de la Jeunesse ?...
De la propagande de caniveau.
Dont la caste au pouvoir nous bourre le crâne.
Pour nous faire oublier que si nous avons des droits, dans notre Occident “démocratique”, c’est au premier son du claquement de fouet à l’oreille celui, d’abord, de courber l’échine.
Et, ensuite, pour reprendre les mots poétiquement ciselés des “Pussy Riot”, de :
« Se pisser dessus ».
De peur.
(1) Le Figaro, “Pussy Riot Coupable de Hooliganisme”, 17 août 2012, http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/08/17/97001-20120817FILWWW00312-pussy-riot-coupables-de-hooliganisme.php
(2) Audrey Salor, "Les Pussy Riot condamnées à deux ans de camp pour "hooliganisme", Nouvel Observateur, 17 août 2012, http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120817.OBS9773/russie-les-pussy-riot-fixees-sur-leur-sort-dans-la-journee.html
(3) Original russe : http://lyricstranslate.com/en/pussy-riot-putin-zassal-%D0%BF%D1%83%D1%82%D0%B8%D0%BD-%D0%B7%D0%B0%D1%81%D1%81%D0%B0%D0%BB-lyrics.html
(4) Version en anglais : http://lyricstranslate.com/en/putin-zassal-%D0%BF%D1%83%D1%82%D0%B8%D0%BD-%D0%B7%D0%B0%D1%81%D1%81%D0%B0%D0%BB-putin-wet-himself.html
(5) Version en français : http://lyricstranslate.com/en/putin-zassal-%D0%BF%D1%83%D1%82%D0%B8%D0%BD-%D0%B7%D0%B0%D1%81%D1%81%D0%B0%D0%BB-poutine-sest-piss%C3%A9-dessus.html
(6) "Pussy Riot : les hooligans en église encourent aussi des peines de prison en Occident", Ria Novosti, 18 août 2012, http://fr.rian.ru/world/20120818/195716745.html
(7) Oleg Noskovitch, "Pussy Riot à l’avant-garde des nouveaux contestataires", Courrier International, 16 août 2012, http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/16/pussy-riot-a-l-avant-garde-des-nouveaux-contestataires
(8) Miriam Elder, “Pussy Riot sentenced to two years in prison colony over anti-Putin protest”, The Guardian, 17 août 2012, http://www.guardian.co.uk/music/2012/aug/15/pussy-riot-supporters-detained-protest
(9) Les InRocks, “Paris soutient les Pussy Riot”, 17 août 2012, http://www.lesinrocks.com/2012/08/17/actualite/paris-soutient-les-pussy-riot-11286355/
(10) “Released Iranian national: US imprisonment, one’s most horrifying
ordeal”, Press TV, 16 août 2012, http://www.presstv.ir/detail/2012/08/16/256646/us-jail-ones-most-horrifying-ordeal/#.UC_gJqAUOrE
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