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N.B. : Ce billet, dans sa première partie, a été publié le 27 août 2013. Complété, par apports successifs depuis, il est remis en ligne dans son intégralité.
Texte long pour un blog, peut-être. En réaction, dérisoire certes, à l’intense lavage de cerveau que nous inflige notre industrie de la désinformation.
Pour ne pas oublier, au-delà des ravages actuels en Syrie et ailleurs, que l’Egypte vient d’être plongée à nouveau, à la suite du coup d’Etat de juillet dernier organisé par l’Occident, dans un des régimes dictatoriaux les plus sauvages de notre planète.
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« Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi ! »
« Si nous voulons que rien ne change, il faut que tout change ! »
Guiseppe Iomasi di Lampedusa – Le Guépard (1)
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L’hystérie…
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Méticuleusement et puissamment orchestrée par nos industriels de la désinformation sur fond de gaz toxiques en Syrie, répandus par on ne sait trop qui, tuant on ne sait trop combien. Avec des vidéos de victimes "gazées", diffusées sur Internet la veille de l’évènement…
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Seule certitude : les mercenaires de l’OTAN, résidus des cuves de la délinquance de ses pays membres "recyclés" en "libérateurs" des peuples, s’illustrant sur place depuis de nombreux mois en rapines et massacres en tous genres, ne figurent pas parmi les victimes…
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Les cris d’horreur de La Bonne Conscience de nos menteurs professionnels, complices des pires crimes de guerre, politiciens et médias confits de cynisme et de corruption poussant le monde au bord du précipice d’une guerre mondiale, sont si couinants que carnages et saccages organisés en Egypte par les militaires, à la suite du récent coup d’Etat, en sont pratiquement oubliés.
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Morsi, président de la "République Egyptienne" depuis un an, vient de se faire renverser par la soldatesque aux ordres de l’Occident. C’est vrai : il n’était pas Allende, même si le général Al Sissi, patron du gang des putschistes, est pire que Pinochet.
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Un bain de sang. (2) Plus de mille morts officiellement, officieusement on parle du triple, des blessés par milliers. Après avoir mitraillé des manifestants pacifiques, certains brûlés vifs par des grenades au phosphore, qui avaient eu le tort de refuser le fait accompli. Le reste suit, inévitablement : emprisonnements arbitraires, enlèvements, tortures, par dizaines de milliers. Exécutions sommaires d’opposants par centaines.
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Oui. Aujourd’hui, nous sommes tous : Egyptiens.
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Mais, à quoi bon s’émouvoir ?... Nous serine la propagande, aux poches bourrées d’argent saoudien. Utilisant son instrument favori, le marteau-pilon de la diabolisation : "mieux vaut une bonne dictature au pouvoir que des islamistes". Entre méchants comment, et pourquoi, faire la différence ?... D’autant qu’ils sont interchangeables et installés au pouvoir par les mêmes donneurs d’ordre.
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De quoi perdre effectivement le nord dans ce brouillard de fausses informations, et perpétuel lavage de cerveau. Pourtant, loin de sa complexité apparente, le schéma de déroulement des évènements répond à une logique tout aussi simple qu’implacable…
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Un bain de sang occulté par notre appareil de désinformation
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Fausse complexité d’une planification limpide...
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Comment croire une seconde qu’un président récemment élu, après plus de trente ans de dictature, soit renversé par un coup d’Etat militaire "sous la pression de manifestations de rue", soi-disant "spontanées" ? Les folkloriques, et très tendances dans nos médias, "manifs-réseaux sociaux" censés être la source des révolutions avec pour prothèses : I-phones, Facebook, Tweeter, et autres farces et attrapes à connotations "publicité-marketing"...
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Au prétexte qu’au bout d’un an, lui et son gouvernement se seraient révélés incapables de mettre en œuvre une seule réforme ?...
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Aucun Egyptien n’est dupe.
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Ce n’est pas la démocratie qui est voulue. Avec ses inévitables imperfections et difficultés de mise en route à la sortie d’une interminable et sanguinaire tyrannie.
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i) Bref courant d’air démocratique
Au contraire, tout à été fait par tous les moyens, essentiellement un déluge d’argent corrupteur en provenance de l’étranger, pour entraver l’instauration de nouvelles institutions politiques, profitant des erreurs tactiques du nouveau gouvernement présidé par une marionnette cooptée par l’Occident.
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La révolte contre le régime détesté du général Moubarak, souvenons-nous, avait été rapidement récupérée, encadrée, gérée, par les occidentaux réussissant à imposer leur homme dans la place parmi les éligibles : Morsi. Ingénieur, diplômé de l’Université Southern California, il a enseigné dans une autre université californienne de 1982 à 1985 (California State University) et deux de ses enfants possèdent la nationalité américaine.
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Tout pour plaire à l'administration Obama, du moins au départ. Car, une fois élu président, ne pouvant appliquer à la lettre ce qui lui était dicté, malgré ses postures à la Turque concernant le dossier Syrien, il a été jeté. Son entourage, pro-Palestinien et anti-corruption, indisposait trop ses maîtres et commanditaires… (3)
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Révélateur, sur fond d’une inimaginable sauvagerie répressive : dès son renversement, les premiers actes des militaires ont été de dissoudre l’Assemblée Constituante en train d’élaborer une nouvelle constitution et destituer les 25 gouverneurs des provinces pour y placer des hommes à eux, dont une vingtaine de généraux et colonels. Et, de se précipiter pour faire sauter cinq tunnels construits sous la frontière entre Gaza et l’Egypte, pour alimentaire, soigner, soulager la population Palestinienne enfermée depuis 2006 dans le plus grand camp de concentration que l’Humanité ait conçu jusqu’à présent : plus de 1,5 million de personnes… (4)
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En fait, c’est la destruction de l’Egypte qui est souhaitée. Qui est en cours.
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L’Egypte, à la population supérieure à celle de l'Allemagne, deux fois la France en superficie, déchiquetée, réduite en loques. Prestigieux pays par son histoire dont traces, témoignages et vestiges remontent, en tant qu’Etat organisé, à plus de 4000 ans… Dont culture, savoir et rayonnement au cours des siècles, pharaoniques, grecs, romains, musulmans, luttes pour l’indépendance politique et économique, représentent un inestimable apport à la civilisation méditerranéenne. Délibérément, plongée dans la guerre civile…
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Destruction "souhaitée" ?... L’observation des guerres civiles actuelles dans les pays musulmans livre un imparable "indicateur de destruction programmée" d’une nation, dès lors que l’exécution de sa planification a été lancée : le pillage des musées.
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Pratiques similaires à celles qui ont accablé ces derniers temps Afghanistan, Irak, Soudan et Syrie, profitant de la répression d’un contexte de guerre civile provoqué par les ingérences étrangères, des pillards ont attaqué de nombreux musées. Jusqu’à tuer leurs gardiens.
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Tout particulièrement, celui de Minya (Malawi Museum) à 300 kilomètres du Caire : plus de 1000 pièces d’une valeur inestimable. Dont une statue de plus de 3500 ans, bijoux, monnaies et objets d’art en or et en bronze, poteries et sculptures d’animaux sacrés de l’ère pharaonique et gréco-romaine. Opération minutieusement organisée… (5)
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Une balle en plein cœur de l’identité d’une nation, de son passé historique, pour le plus grand profit du "milieu" international des "marchands d’art" recéleurs et des "collectionneurs privés" mégalomanes (le rêve : pas vus, pas pris, et pas d’impôts !)...
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Dissimulée dans la fausse complexité d’une situation politique apparemment inextricable, se déroule effectivement la destruction de l’Egypte. Son éclatement.
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Lutte de pouvoir caricaturée, par nos “décrypteurs de l’information” en combat titanesque entre méchants islamistes d’un côté, le côté obscur ; et, de vaillants laïcs adeptes bigots du Dieu Marché d’un autre côté, le côté lumineux et flamboyant. Du progrès et de la raison… "Islamists vs seculars", pour reprendre la formule de la propagande anglophone organisant la vente d’un match de catch ou de base-ball…
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Rideau de fumée.
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Il ne s’agit plus de l’implacable paupérisation du pays, artificiellement maintenue grâce au relais d’oligarchies inféodées à l’Occident. Politique constante : les occidentaux ne veulent pas d’un Etat puissant et prospère au sud de la méditerranée. Encore moins une union d’Etats, économique ou politique. Incompatible avec leur emprise coloniale sur le Moyen-Orient. Ou encore sur l’Afrique du nord, illustrée par une farouche opposition à la réalisation du projet d’un Grand Maghreb (unissant Maroc-Algérie-Tunisie-Libye-Mauritanie). (6)
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A présent, c’est l’accélération du processus de démembrement des Etats qui est activée. Tous les Etats de la région doivent être réduits en micro- nations et placés sous protectorat.
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ii) Diviser pour régner
Théorie du Complot ?... Même pas. Simple application du vieil adage : "diviser pour régner".
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Programme connu, publié, diffusé tous azimuts. Mis en forme détaillée, étayé idéologiquement, dans une sorte de sous-traitance, par les sionistes qui ne sont, en réalité, que les vecteurs de la stratégie coloniale de l’Occident dans la région. Une des meilleures synthèses est celle d’Oded Yinon publiée en 1982, sous le titre : A Strategy for Israel in the Nineteen Eighties. (7)
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En préliminaire, il est intéressant de relever dans cette étude que l’ancien premier ministre Yitzhak Rabin assumait publiquement la "responsabilité de la définition" (responsible for the design), par le gouvernement israélien, de la politique américaine au Moyen-Orient. Et ce : depuis 1967 !... (8)
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Tous les ravages actuels dans la région y sont clairement annoncés, avec la plus chirurgicale détermination. Trente ans à l’avance. Ainsi, la destruction de l’Irak et de la Syrie :
« La dissolution de la Syrie et de l’Irak… en zones fragmentées suivant des critères ethniques et religieux tels ceux du Liban est l’objectif prioritaire d’Israël sur le front de l’Est… » (9)
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Evidemment, dans cette planification le démembrement de l’Egypte est ciblé, avec de surprenantes précisions. Sa division en plusieurs mini-Etats y est spécifiquement définie selon des critères “religieux” :
« La vision d’un Etat Chrétien Copte en Haute Egypte aux côtés d’un certain nombre d’Etats faibles [weak states] avec des pouvoirs très limités localement et donc sans un gouvernement centralisé, représente la clé d’un développement historique qui n’a été retardé que par les accords de paix mais qui semble inévitable à long terme… ». (10)
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Cette pulvérisation de l’Egypte, telle qu’annoncée dans ce plan très élaboré, livre trois enseignements annexes importants :
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=> L’éradication de la Palestine est la conséquence du refus implacable de l’Occident de voir ce pays érigé en Etat souverain, en infraction aux dispositions initiales de l’ONU.
En conséquence, toutes les pseudo-négociations entre Israël et représentants de l’Autorité Palestinienne (ne surtout ne jamais employer, lorsqu’il s’agit du Peuple Palestinien, les mots Nation ou Etat : blasphème !...) annoncées à intervalles réguliers ne sont qu’opérations d’enfumage. Aussi illusoires que mensongères.
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=> Les dynamitages d’églises chrétiennes au Moyen-Orient, et tout particulièrement en Egypte, sont toutes, sans exception (et, je pèse mes mots…) l’œuvre des services spéciaux occidentaux ou liés à eux. Dans une stricte exécution du plan de fragmentation de la région. Afin de susciter les clivages et les radicalisations nécessaires à l’exacerbation des guerres civiles, d’où émergent anarchie et chaos propices à la mise sous tutelle du pays et de la région.
Avec pour objectif collatéral, via des opérations de désinformation aux colossales ressources, d’intoxiquer l’opinion publique occidentale afin de justifier les actions d’ingérence "humanitaire", militaire, ou autre, soutenues par certains hiérarques d’églises chrétiennes complices de l’arnaque. (11)
Les nombreuses églises chrétiennes, certaines existant depuis plusieurs siècles, témoignent tout au contraire qu’il est plus facile aux minorités chrétiennes de construire leurs lieux de culte dans les pays d’Islam, pour y vivre leur foi, que pour les musulmans de construire leurs mosquées en Occident…
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=> L’avilissement de la diplomatie française…
François Burgat, le meilleur spécialiste de cette mosaïque de tendances et mouvements appelée "Islamisme", dont certains sont largement infiltrés et encadrés par les agents occidentaux, dénonçait, dès avril 1996, l’attitude servile de la France. Dans son livre "L’islamisme en face", dont je recommande l’indispensable lecture pour ne pas rester analphabète sur le sujet, il résume ce qui se passe actuellement en Egypte (12) :
« La stratégie américano-israélienne avec laquelle la diplomatie de la France se confond chaque jour plus étroitement aboutit pourtant à défendre partout le seul statu quo politique arabe et à figer ainsi les plus légitimes dynamiques oppositionnelles dans le seul ciment de la répression. […]
[…] Répression féroce à l’intérieur, perfusion financière (et médiatique) occidentale à l’extérieur prennent irrésistiblement la place de toute forme de régulation démocratique. »
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Une oligarchie aux trois composantes soudoyées : militaire, judiciaire, affairiste
L’ampleur et la rapidité d’exécution du coup d’Etat démontre la conception d’un plan minutieusement mis au point. Dans la pure tradition de l’éradication d’un système représentatif contraire aux intérêts occultes d’une oligarchie locale associée à une spoliation coloniale étrangère.
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Ce n’est plus la chasse, avec leurs massacres, aux "communistes" comme en avaient connue de nombreux pays du temps de la Guerre Froide, de l'Amérique latine à l’Asie (plus de 500.000 morts rien qu’en Indonésie), mais la rafle aux "islamistes".
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Précisons que dans ces sauvages opérations de répression, dans un cas comme dans l’autre, ont été ou sont assimilés aux "méchants à abattre" tous ceux qui, sans être membres de ces mouvements, sont suffisamment suspects d’opposition aux volontés des putschistes pour signer leur propre éradication…
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Ainsi, après diabolisation préalable par les organes de propagande occidentaux et locaux, ont été incarcérés dans de nombreuses villes et localités tous les opposants au régime dictatorial de Moubarak, dirigeants, cadres, intellectuels. Certains abattus pour "tentative d’évasion". Dont de nombreux élus lors des dernières élections… Avec, inévitablement, fermeture des journaux, chaînes de radio et TV qui auraient témoigné de la sympathie ou le simple désir d’exercer la liberté d’informer.
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Sans entrer dans le détail de la mouvance des Frères Musulmans, de son évolution avec ses scissions aux nombreux partis actuels, trahisons (effet collatéral de la torture…), infiltrations, manipulations par les services spéciaux égyptiens et "OTANesques", je renvoie pour cela aux travaux de François Burgat (13), il est important d’en rappeler l’origine pour éviter les erreurs d’analyse, dues aux lavages de cerveau incessants de notre système de désinformation.
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Ce mouvement est indissociable de la vie politique de l’Egypte, par son encrage populaire depuis 1928, car constitué au départ pour lutter par la non-violence contre deux fléaux, deux "plaies", qui ravageaient le pays :
=> L’occupant britannique, imposant son « protectorat » policier et prédateur d’une extrême brutalité,
=> Le régime corrompu du roi Farouk qui livrait son pays aux occupants, assisté d’une nomenklatura totalement vendue.
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En fait, Les Frères Musulmans en Egypte sont issus de la bourgeoisie patriote, d’une grande valeur éthique, résistante, éduquée, beaucoup de cadres et membres de professions libérales dont de nombreuses femmes. Avec, lors de sa création notons-le, la solidarité de leurs pairs chrétiens coptes qui cofinançaient certaines œuvres caritatives. Loin d’être des fanatiques tels qu’on les décrits, ils se signalaient par une importante solidarité sociale et économique à l’égard de leurs compatriotes défavorisés : dispensaires, écoles gratuites pour les pauvres, etc. Par "centaines", financés sur leurs fonds propres du fait de la défaillance de l’Etat.
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Même s’ils se déclaraient "non communistes", ils n’en étaient pas moins détestés de la haute hiérarchie militaire. Du fait de leur influence auprès de la population, de leur revendication permanente d’un gouvernement émanant d’élections réellement représentatives, et de leur refus de la corruption. Intolérable pour des autocrates soudoyés par l’étranger, ils en on payé le prix le plus élevé. Une diffamation continuelle, torrentielle (avec peu d’effets en Egypte, mais plus d’impact dans un Occident désinformé) et, tragiquement, pour beaucoup : l’emprisonnement arbitraire, la torture et la mort. Souvent sous la torture.
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Il est, en conséquence, plus qu’ubuesque de voir de soi-disant "libéraux" et "socialistes" égyptiens, ultra-minoritaires dans les dernières élections mais bruyamment soutenus par notre propagande, s’allier aux militaires dans un coup d’Etat renversant un gouvernement élu pour le remplacer par une dictature !... En fait, prôner un retour à un régime dictatorial encore plus féroce que celui de Moubarak. Au nom de la défense de La Démocratie !
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Avec comme première mesure l’interdiction des Frères Musulmans ou assimilés. Déni de toute opposition. Déni de toute volonté populaire, à commencer par l’expression de son vote et de son droit à l’autodétermination. Vouloir sa suppression est une démonstration évidente de la nomenklatura égyptienne et de ses sponsors étrangers de l’ignorance d’un fait incontournable. Fondamental dans la vie politique égyptienne, il renaîtra encore plus fort. Sous une forme ou une autre. La "violence" ne peut rien contre la "légitimité". Le Temps est de son côté…
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Formidable régression : c’est tout l’appareil de répression et de prédation prospérant sous l’ère Moubarak qui revient en force au pouvoir, avec le soutien des occidentaux. Symbolisé par sa libération, camouflée en "résidence surveillée" dans un luxueux palais. On emprisonne les élus, mais on libère les "dictateurs-prévaricateurs".
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Appareil, régime, dont le nouveau gouvernement élu souhaitait arracher les racines. Mais en un an, il a perdu la course à la réalité du pouvoir avec cette puissante oligarchie. Servant de rouages au coup d’Etat, dans ses trois composantes corrompues : militaire, judiciaire et affairiste.
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i) Une hiérarchie militaire vermoulue
Le coup d’Etat, malgré l’hermétique censure en cours, révèle une profonde crise au sein de l’armée. Plusieurs régiments sont en quasi-mutinerie depuis les carnages et atrocités effectués dans plusieurs villes par certaines unités des forces armées.
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Les militaires surtout de rang subalterne, hommes de troupe et sous-officiers, vivant au contact du peuple égyptien par leurs familles et proches, sont hostiles dans leur écrasante majorité aux opérations de police et de répression. Défendre la nation, son territoire et son identité, n’est pas tirer sur des compatriotes réunis dans des manifestations pacifiques.
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A ce sentiment s’ajoute celui, tout aussi viscéral, de mépris envers « l’alliance imposée » par les occidentaux. Depuis la trahison de Sadate en 1977, opérant une purge du haut commandement et de la haute administration, pour soumettre son pays au contrôle total de l’Occident. Renforcé par Moubarak, lors de la première guerre du Golfe en 1991. Protectorat exercé au moyen de leur tête de pont dans la région agissant en "fondé de pouvoir" ou "administrateur-délégué" : Israël.
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Sentiment de rejet devant « l’hostilité imposée » à l’encontre des Palestiniens. Tout particulièrement ceux enfermés à Gaza, frontaliers de l'Egypte, dans un blocus inhumain. Devenu, on se doit de le rappeler sans cesse, le plus grand camp de concentration que "l’humanité" ait conçu.
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Toute analyse doit prendre en compte cette scission, entre une caste d’officiers supérieurs ou généraux et la majorité des troupes. Il contient en germe comme dans d’autres secteurs de la société, par delà tous clivages sociaux ou religieux, l’inéluctable et définitif affrontement entre "collabos" et "patriotes" qui forgera l’Egypte indépendante de demain.
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Affirmer que l’armée détient ou assure 1/3 du PIB doit donc être relativisé. Selon deux perspectives :
=> Seuls les "dirigeants" de l’armée gèrent ou détiennent le 1/3 du PIB du pays. Corrompus ou achetés par le « système ». Dans une prédation effrénée accaparant toutes les rentes de situation, en partage avec leurs sponsors occidentaux. A commencer par les plus immédiatement lucratives : des ressources pétrolières aux hôtels et poules aux œufs d'or touristiques, avec constitution rapide de patrimoines immobiliers fondés sur des crédits à "taux zéro" (souvent aussi, pour les plus hauts gradés, à "remboursement zéro"…) et d’abyssales exonérations fiscales.
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En contrepartie, il leur était fait obligation de ne pas penser une seconde à édifier une industrie d’armement et de défense, autonome et de qualité, suivant le modèle français, sous de Gaulle, sud-coréen ou iranien, par exemple. Pouvant constituer ultérieurement un ou plusieurs pôles de haute technologie pour le pays, générant des emplois haute qualification et des exportations à grande valeur ajoutée.
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=> Transite par cette caste de généraux et officiers supérieurs, une aide annuelle de 1,3 milliard de dollars des USA qui, après ponction de mirobolantes commissions locales, suivant le principe des vases communicants, retourne aussitôt à ses généreux dispensateurs se gavant eux-mêmes de commissions dans les paradis fiscaux.
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Travestissement d'une corruption sciemment organisée, dans l'intérêt des deux parties, sous forme de contrats d’achat d’armement et de maintenance. Précisons : matériels non adaptés aux besoins militaires du pays : bridés (en termes de performance et de formation/entraînement), obsolètes (pour ne pas rivaliser avec Israël), ou facilement "neutralisables" à distance, etc. (14)
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Entre autres bizarreries, on constate que 15 % du montant total de cette aide relèvent des frais de maintenance et d’entretien. Comme si les égyptiens, leurs ingénieurs et techniciens, n’étaient pas en mesure de l’assurer…
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Ou encore, que les pilotes Egyptiens des F-16 ne peuvent bénéficier que du ¼ des heures d’entraînement de leurs homologues internationaux sur le même type d’appareil…
Ou encore, que près de 30 millions de dollars sont alloués à un cabinet de consultants, dont ce n’est pas la spécialité, pour fournir une assitance pour les programmes aéraunotiques égyptiens (28,1 US$ millions pour Deloitte Consulting, par exemple).
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La liste de ces « n’importe quoi » serait tellement longue à dresser qu’elle necéssiterait plusieurs volumes.
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Un document rendu public, rédigé par le général David Petraeus en décembre 2008 suite à une inspection du potentiel de l’armée égyptienne alors sous commandement du maréchal Mohamed Tantawi, évoquait clairement l’état de "délabrement" [decay], tactique et opérationnel, des forces armées égyptiennes :
“The tactical and operational readiness of the Egyptian Armed Forces has decayed.” (15)
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Ainsi, après une quarantaine d’années de coopération militaire entre les USA et l’Egypte, l’armée égyptienne a donc atteint le "niveau zéro". Réduite, tout au plus, à une milice policière chargée de réprimer toute vélléité de révolte de la population.
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N’est-ce pas, en fait, l’objectif recherché et atteint ?...
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Si la "formation" des pilotes et agents de maintenance des "systèmes d’armes électroniques" est sabrée, un "endoctrinement", par contre, est particulièrement soigné. Sous forme de "lavages de cerveau" très élaborés, imposés à partir du moment où un militaire postule au rang d’officier : une méthodique islamophobie et une détestation de la Nation Palestinienne.
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Méthodes déjà rodées et appliquées par les anglo-américains sous le régime sanguinaire du Shah d’Iran. Ce qui, en fin de compte, n’a réussi ni aux uns, ni aux autres, puisque le peuple Iranien les a tous éjectés après s’être révolté en 1979.
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Méthodes similaires, sous des formes plus ou moins édulcorées, à celles que l’on retrouve dans beaucoup de pays noyautés par ces services d’action psychologique. Succès de carrière dans l’armée, haute administration, partis politiques, médias et édition, mode et showbiz, seront proportionnels, en vitesse et hiérarchie, à l’affichage de son sentiment antimusulman et "anti-Palestinien"… Notons que notre nomenklatura en France, sur ce plan, se comporte avec un zèle infatigable.
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Ramzy Baroud dans un article rappelle sa peur, alors qu’il n’avait que 18 ans et partait pour ses études en Egypte, de franchir la frontière à Rafah. Y sévissait, en effet, un officier égyptien qui faisait passer à tabac tout Palestinien qui prononçait les mots traditionnels de Salam Oualikum, à connotation musulmane, en guise de bonjour… (16)
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Remarquant que les campagnes "antipalestiniennes", avec incitations à la violence par les médias hystériques, ont repris avec une extrême virulence dès le lendemain du renversement du gouvernement élu ; qui avait eu le tort, en plus, d’ouvrir une zone de "libre-échange" à la frontière égyptienne, palliant de la sorte la destruction antérieure des tunnels de ravitaillement par l’armée, pour que la population de Gaza puisse s’alimenter et se soigner à nouveau !…
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Le nouveau gouvernement souhaitait donner un coup de pied dans cette fourmilière. Renvoyer les hauts gradés dans leurs casernes et fonctions militaires. Avec pour priorité : moderniser l’armée dans ses matériels et méthodes. La sortir définitivement des opérations de basse police, en lui redonnant sa vocation initiale : la défense de la souveraineté nationale. La rendre efficace et irréprochable, en mettant un terme à la corruption dégradante et épuisante pour le pays.
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Problème : le gouvernement envisageait, pour mettre à plat ces comportements mafieux, de traduire devant les tribunaux ses principaux acteurs et bénéficiaires. Mais, tout autant : criminels, voleurs et tortionnaires.
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Erreur fatale !... C’était déclarer la guerre à leurs protecteurs étrangers.
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Il est vrai que tout le monde n’a pas l’habileté politique d’un Mandela et ses compagnons de lutte qui avaient accepté de créer, avec leurs ennemis d’hier, une « commission de pardon et d’oubli » pour noyer le poisson, en faisant sauter quelques fusibles subalternes à la Kerviel afin de se maintenir au pouvoir…
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ii) Une hiérarchie judiciaire dévoyée
Structure identique à celle de l’armée, l’administration judiciaire comporte deux strates : une caste de hauts magistrats, cooptés par la dictature et ses sponsors étrangers (17), richissime minorité corrompue et aux ordres. Et, une majorité dite de "petits juges" essayant dans des conditions souvent difficiles d’assumer honnêtement leurs fonctions ; sans exclure, pour certains, les petits arrangements dès lors qu’ils n’enfreignent pas l’essentiel du droit.
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Illustration : l’interminable comparution de l’ancien dictateur déchu, Moubarak, placé en luxueuse résidence surveillée, devant une cour de justice qui, pour l’ensemble du peuple Egyptien, n’est qu’un « cirque ». Où paradent tous les magistrats longtemps les "favoris", comblés de bienfaits, de celui qu’ils sont chargés de juger…
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Plus grave : que ce soit avant ou après l’assassinat de Sadate en 1981, complices des pires crimes de la dictature dans d’ignobles simulacres de jugements. Constituant un des principaux et des plus féroces rouages de cette dictature, envoyant à la torture et à la mort des milliers de victimes pour simple "opposition" au régime. Cautionnant les éliminations ou assassinats extrajudiciaires par des « escadrons de la mort ».
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Fermant les yeux sur les faux attentats, organisés par les services spéciaux, pour permettre l’internement des intellectuels. Encourageant ainsi des rafles d’une ampleur inimaginable, sauf en Palestine occupée ou sous la dictature du Shah d’Iran, dans une :
« … vertigineuse dérive répressive du régime, qui vient alors de faire emprisonner mille cinq cent membres de l’intelligentsia politique, toutes tendances et toutes confessions confondues ». (18)
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Appliquant avec zèle les dispositions répressives d’une législation moyenâgeuse : loi d’exception de 1967 supprimant la quasi totalité des libertés individuelles et collectives ; délai de garde à vue porté à 6 mois en juillet 1992 ; élargissement du champ d’application au motif de terrorisme sans en définir les critères objectifs ; multiplication des peines d’emprisonnements de longue durée au motif réel ou simulé de détention d’écrits qualifiés « d’islamistes » : etc. (19).
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Horreurs et atrocités d’un arbitraire juridique exercé par des magistrats, dans la Bonne Conscience…
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Exemple tristement célèbre en Egypte : la servilité de la haute magistrature qui, le 30 janvier 1993, par la Cour Constitutionnelle entérine une loi d’urgence habilitant le président Moubarak à saisir les tribunaux militaires d’infractions dont il évalue seul la recevabilité, afin de rendre exécutoire une série de condamnations à mort prononcées par le Tribunal d’Alexandrie.
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Autre abjection, encore gravée dans la mémoire du peuple égyptien, en 1992 : avec la complicité de l’appareil judiciaire, appliquant les méthodes sionistes en Palestine, l’armée rase au bulldozer le village de Hujeirate wa Humeirate en Haute-Egypte au motif que ses habitants refusaient de dénoncer des hommes recherchés par la police secrète…
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Depuis plus de quarante ans, les nomenklaturas occidentales sont toutes, sans exception, au courant de ces atrocités et de l’ampleur des ravages de cette dictature à l’encontre du peuple Egyptien : nos partis politiques, gouvernements, médias (ses quotidiens "du soir" complices avec autant d’empressement que ses quotidiens "du jour")…
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Protégeant ce régime sanguinaire sans faillir à la loi du silence dans le cynisme le plus abyssal, cautionnant ces horreurs. Mitterrand n’adorait-il pas passer ses vacances, avec sa cour, épouses et concubines comprises, à Assouan dont "il appréciait la lumière" ?... Plus tard, Sarkozy, dans le même équipage. Fiers, l’un et l’autre, d’être reçus avec les honneurs, par un régime (20) :
« … qui craint moins en fait les quelques bombes de la périphérie extrémiste de son opposition que les millions de bulletins de vote de son centre, brandit alors cette violence pour justifier – notamment aux yeux de ses bailleurs de fonds internationaux – l’absolu verrouillage du système qui seul lui permet de survivre ».
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Le nettoyage de cet appareil judiciaire, véritable travail d’Hercule, était une des priorités du nouveau gouvernement. Sa volonté d’épuration par limogeage, et même par décision de justice, des magistrats les plus corrompus et les plus compromis dans les atrocités du régime Moubarak ne pouvait provoquer, en association avec les hauts gradés de l’armée, qu’une violente réaction. Soutenue, évidemment, par l’Occident.
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D’où ces images, que nous ont imposées nos organes de la propagande dans les médias, avec des "magistrats vertueux", boursouflés d’indignation, fustigeant le gouvernement régulièrement élu pour tentative d’atteinte aux "libertés", individuelles et collectives, et à la "démocratie"…
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iii) Une caste affairiste vorace
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Les oligarchies militaire et judiciaire n’ont pas été les seuls acteurs du coup d’Etat, préparé, conditionné, accompagné d'un « plan média » parfaitement coordonné, minuté même. Soutenu, déployé par tous les médias. A l’exemple du lancement d’une lessive qui "lave plus blanc" que la précédente…
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Tout particulièrement, par les "médias privés" : presse, radio & TV. Un déchaînement, un typhon, contre le gouvernement, dans une campagne de propagande, relayée et amplifiée en Occident. Evidemment, selon des lignes « architecturées » par les spécialistes de l’action psychologique de l’OTAN.
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Pourquoi ce soutien massif des « médias privés » ?...
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=> Les dinosaures aux dents médiatiques
Ils sont, en fait, tous détenus par des milliardaires, agissant comme hommes de paille ou associés officiels des membres les plus éminents du clan, ou régime, Moubarak, auxquels ils doivent leur fulgurante ascension et fortune. Ces barons de la dictature, dans une première phase, avait fait le dos rond face au peuple égyptien occupant la rue dans tout le pays, avec une ampleur inattendu, en attendant de reprendre la main.
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A terme, ils ne pouvaient tolérer, avec leurs protecteurs et partenaires étrangers, que le nouveau gouvernement élu place parmi ses priorités la "récupération" des milliards en devises du pays, volés, détournés et placés à l’étranger. Sur des comptes privés, ou via des sociétés écrans, des fiducies, classiques mécanismes très usités par les jongleurs en "ingénierie financière" de la City de Londres ou des places bancaires en Suisse.
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Devant l’état de faillite du Trésor du pays, il était en effet plus qu’urgent de mettre un terme à ce pillage organisé, depuis des décennies, atteignant des sommes colossales transférées, camouflées, en Occident. Compilations de détournements et de commissions occultes : sur les marchés publics ou les "privatisations" en faveur des groupes étrangers.
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Ou encore, sur les ventes et marges bénéficiaires des exportations égyptiennes… En moyenne annuelle de US $ 30 milliards, les exportations ne représentent «officiellement » que la moitié des importations atteignant US $ 60 milliards. Déficit commercial permanent qui maintient le pays dans un endettement à l'égard des bailleurs de fonds étrangers, sans cesse s’aggravant des annuités des taux d’intérêt.
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Chaude alerte : gouvernement britannique et suisse avaient été saisis officiellement par le gouvernement égyptien nouvellement élu !... Mais, en ce domaine, casuistique et faux prétextes sont sans limite. Ils opposèrent la nécessité de produire des décisions de justice égyptiennes, obtenir ensuite leur recevabilité auprès du système judiciaire britannique, suivant le schéma de procédure connue sous le jargon : « exequatur ».
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A ce jour, le gouvernement russe n’a pu récupérer l’argent détourné par les oligarques milliardaires réfugiés à Londres (certains propriétaires des grands clubs de foot britanniques…), depuis leur pillage de la Russie associés avec les occidentaux lors de la dissolution de l’URSS. Encore moins leur extradition, les plus recherchés obtenant même le statut de « réfugié politique »… Le gouvernement égyptien avait encore moins de chance.
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A commencer avec son propre appareil judicaire ultra-corrompu. Impossible d’obtenir des décisions de justice dans un délai raisonnablement rapide. Les plus hautes instances de la justice refusant même la saisie conservatoire au profit de l’Etat Egyptien des biens des délinquants financiers.
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Autre souffle du boulet de canon aux oreilles de ces milliardaires : téméraire, le nouveau gouvernement avait donné un coup de pied dans une fourmilière de malfrats de haut vol en mettant un terme à leur siphonage de la distribution de l’aide de première nécessité aux pauvres. Economisant, sur un an, plus de 4 milliards de Livres égyptiennes (au 22/9 : 1 EGP = 0,11 €), tout en améliorant ce service public prioritaire dans un pays où la majorité de la population est immergée dans la misère.
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Cette caste de prédateurs, de kleptocrates, que les Egyptiens surnomment les « dinosaures » (21) n’ont que faire de l’avenir du pays, encore moins de la majorité de la population. Seule la vision de leur propre avenir, celui de leur progéniture, au maximum de leur clan ou de leur clientèle, au sens romain ou politicien du terme, et bien sûr de leurs sponsors, est suffisant.
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Parmi ces milliardaires les plus tristement célèbres, méprisés, honnis, du peuple égyptien en « collabos » associés à la servitude de l’Egypte par les puissances occidentales, figurent :
- Ahmed Bahgat, propriétaire de Dream Channel, qui n'avait jamais remboursé ses énormes prêts bancaires depuis 3 ans et que le gouvernement poursuivait en justice, qui bien sûr, s’ingénia à retarder dans des artifices de procédure
- Mohamed al-Amin actionnaire de CBC Channel, chaîne TV spécialisée dans la promotion de l’islamophobie, notamment son émission Al-Misri Al-Yawm présentée par l’ineffable "pom-pom girl" du régime Moubarak et fanatique anti-Palestine : Lamis Hadidi
- Suleiman Amer, propriétaire de Tahrir Channel, accusé de détournement de fonds publics en collusion avec l’ex-ministre de l’agriculture Yusef Wali. Là encore, la hiérarchie judicaire a tout fait pour bloquer l’action en saisie du gouvernement pour récupérer les fonds publics
- Mohammed Abul-Enein, ex-chef du parti National Démocrate, propriétaire de Sada al-bilad Channel
- Naguib Sawiris, milliardaire possédant le bouquet de chaînes TV ONTV , à qui le gouvernement demandait un retard d’impôts dus à l’Etat pour un montant de US $ 2,3 milliards. Il avait, sous la pression, payé 1 milliard de dollar mais refusait de s’acquitter du reste. Préférant investir US $ 33 millions dans l'opération de collecte de signatures ("une poignée de dollars" pour une signature...) réclamant le renversement du gouvernement démocratiquement élu, appelé "Mouvement Tamarrod". (22)
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Ces dinosaures, défenseurs autoproclamés de la démocratie, détiennent tous les médias en Egypte et ont, inévitablement, leurs entrées avec tapis rouge dans les nôtres en Occident. Qui les magnifie, avec le brevet "occidentalisés" (westernized…), en "entrepreneurs" dynamiques, laïcs, adeptes du progrès, libéraux ou socialistes, suivant la cible traitée par la propagande. Héros modernes, dans ce jeu de rôles, luttant avec détermination contre des attardés, abrutis de religion, ne rêvant que de Charia et autres clichés à la louche.
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Ils ne défendent, en réalité, que leur terrain de chasse et, au-delà, tout un système international de prédation de l’Egypte. Allant jusqu’à torpiller les initiatives économiques du gouvernement qui court-circuitaient leurs filtres à racket.
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Contournant les blocages des intermédiaires, monnayant et entravant les investissements dans le nouveau terminal de conteneurs du Canal de Suez, le gouvernement élu avait, en effet, débloqué autorisations et engagements nécessaires au démarrage du projet représentant 10 milliards de dollars et des centaines d’emplois qualifiés : logisticiens, techniciens, informaticiens, etc.
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Dans le même élan anti-corruption, il avait débloqué 4 projets industriels orientés "haute technologie" pour essayer d’arracher le pays à ce faux semblant de développement qu’est le tourisme (entre 7 et 9 US $ milliards de recettes annuelles en devises, pour des emplois sous-payés de serveurs et femmes de ménage, équivalentes de celles des transferts des travailleurs égyptiens à l’étranger). (23) Assurant le décollage d’un projet d’industrialisation de la vallée du Nil, dans les hautes technologies, tourné vers le marché africain, en liaison aussi avec le voisin du sud, le Soudan.
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Cette politique commençait à donner des résultats positifs. En un an le nouveau gouvernement avait réussi à engranger des réserves en devises, alors qu’il avait trouvé les caisses vides, de plus de 1 US $ Milliard.
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Mais…
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"Lèse-corruption" impardonnable aux yeux des dinosaures.
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Tous ces projets ont été immédiatement bloqués par les militaires dès leur prise du pouvoir. Preuve que la lutte contre la corruption et la sortie de l’Egypte du sous-développement économique sont les derniers soucis des commanditaires, organisateurs et financiers du coup d’Etat.
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=> La négation du droit de vote dans le mépris du peuple
L’appareil de propagande occidental nous a ainsi vendu le masque derrière lequel se cachent les dinosaures. Dans le style des "révolutions colorées" des pays de l’Est, orange, verte ou blanche, surgissaient sur nos écrans, dans une bruyante mobilisation, se bousculant au portillon pour soutenir le Coup d’Etat : "démocrates", "modernistes", "libéraux" ou "socialistes".
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Tapage inversement proportionnel à leur poids électoral, n’ayant obtenu qu’un faible pourcentage de votes lors des dernières élections. N’étant aucunement crédibles pour le peuple Egyptien. Deux raisons :
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* Ils n’ont aucun programme économique et social s’attaquant aux racines du sous-développement, et à ce véritable cancer rongeant le pays que représente la corruption entretenue par la prédation occidentale. Alors que l’Egypte avec un marché intérieur de 85,5 millions d'habitants (estimation janvier 2012), la qualité de ses cadres diplômés très appréciés dans de multiples pays, qui pourrait être la locomotive économique de la région telle l’Allemagne en Europe, en est réduite à la mendicité internationale…
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* Ils sont perçus par le peuple Egyptien, en dépit de la propagande occidentale et de leur autopromotion, comme l’émanation de la caste affairiste qui a cyniquement prospéré sous la dictature Moubarak en collaborant à la servitude de leur pays au service des intérêts étrangers.
Dont la priorité a toujours été de bloquer son industrialisation afin de maintenir une économie totalement dépendant des importations. Pour la limiter à la sous-traitance, textile notamment, ou au tourisme : deux secteurs hautement volatils dès le moindre trouble entrainant des annulations de contrats instantanées. Entravant autant que possible son accès à la création d'industries liées aux nouvelles technologies.
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Derrière clichés et mises en scène de l’appareil de désinformation occidental, campant une fois encore la lutte entre "Le Bien" et "Le Mal", entre de "vertueux démocrates" et de "fanatiques islamistes", se profile une sorte de lutte des classes dépassant les clivages de l’école marxiste.
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Ramzy Baroud en trace une fine et chirurgicale analyse. Deux points, déterminants pour les années à venir, sont à retenir (24) :
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§. « Les Rabias d’Egypte [surnom des manifestants pacifiques réfugiés et massacrés dans la Mosquée Rabia et sur la place du même nom où il s’étaient réfugiés] ne sont pas seulement haïs, ils sont méprisés [par l’oligarchie]. Ils ont toujours été traités en sous-humanité, vivant dans leurs quartiers sales, bidonvilles incroyablement négligés [par les pouvoirs publics] empilements de constructions les unes sur les autres. Les Rabias d’Egypte luttent tout simplement pour leur survie quotidienne. »
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§. « L’incroyable union entre l’oligarchie égyptienne et une intelligentsia islamophobe a, dans une certaine mesure, occulté la profonde lutte des classes en cours en Egypte, où les couches les plus pauvres de la population, ouvriers et paysans, mènent un combat historique pour réclamer la démocratie à l’encontre d’une richissime classe supérieure et d’un milieu d’intellectuels. La première organisant les horribles massacres contre de pacifiques manifestants, le second justifiant le fait de faucher par la mitraille des milliers de personnes rassemblées dans des sit-ins pacifiques sur les places publiques de Nahda, et de Rabia Al-Adawiya… »
« […] De nombreux morts ont été vus et filmés pointant leur index vers le Ciel dans une dernière prière jusqu’à leur dernier souffle ».
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L’oligarchie au pouvoir a marqué ainsi sa volonté de ne pas accepter le vote de la majorité de la population, replongeant le pays parmi les plus violentes dictatures que notre humanité ait connues.
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Cette majorité de la population que le gouvernement élu voulait soulager de ses malheurs générés par l'injustice économique et sociale. Son président n’avait-il pas eu le tort de l’annoncer dans un de ses discours, provoquant la fureur des dinosaures :
« Quand nous parlons d’un système de marché libre, nous approuvons, mais cela exige des réformes. Parallèlement à un système de "marché libre" il est nécessaire que la société soit dotée de valeurs éthiques ».
[ “So when we talk about having a free market system, this is OK, but it needs to be somehow reformed. Besides a free market system you need to have ethical values for the society.”]
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Morsi avait cru en en s’alignant sur le modèle Turc actuel, violemment anti-Syrien, obtenir les coudées franches de l’Occident pour réformer l’économie et les institutions (les nouveaux élus travaillaient sur le projet d’une Constitution à soumettre au référendum) d’un pays sous dictature depuis des décennies. Il n’avait rien compris, lui et les membres de son gouvernement : ils ne détenaient que l’apparence du pouvoir.
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Pris entre le marteau de la domination occidentale, et l’enclume de la puissante oligarchie locale, bloc sans fissure, tenant solidement en main : armée, justice, et horde d’affairistes aux puissantes ramifications médiatiques et mafieuses.
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La « démocratie » dans un pays sous tutelle néocoloniale ne doit être vécue et jouée que sous forme d’une mascarade.
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=> Le renversement de Mossadegh
Le gouvernement égyptien sorti des urnes a donc été renversé par l’armée, tous les dirigeants du parti gagnant des dernières élections sont en prison. Ce dernier vient d’être dissous par "décision de justice", le 23 septembre 2013, avec confiscation de tous ses actifs, biens et immeubles. (25) A la grande joie des dinosaures qui vont s’en répartir les dépouilles. Et, au désespoir des "Rabias" qui bénéficiaient de l’aide sociale et sanitaire de cette organisation.
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Il est frappant de constater qu’il s’agit du même mode opératoire, séquences identiques, déclinaison idéologique similaire à la virgule près dans la propagande occidentale, avec un niveau de violence décuplé (26), du coup d’Etat militaire qui avait renversé le gouvernement élu du premier ministre Mossadegh, en Iran, le 18 août 1953.
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Presque, jour pour jour : il y a 60 ans…
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Ce coup d’Etat militaire, organisé par britanniques, américains et israéliens, chaque partenaire au complot ayant ses enjeux, avait renversé gouvernement et parlement iraniens régulièrement élus qui avaient la prétention de redonner l’autonomie économique et politique à ce grand pays ; en commençant par nationaliser ses ressources pétrolières et gazières exploitées par les étrangers, à leur seul profit. Les documents de la CIA déclassifiés, au mois d’août dernier, confirment ce que tout le monde savait depuis longtemps. (27)
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Mossadegh fut condamné à 3 ans prison, et assigné à résidence dans son village natal jusqu’à sa mort, 14 ans plus tard. Il s’agissait pourtant d’un grand patriote, issu d’une des plus prestigieuses familles d’Iran, incorruptible et généreux. Il distribuait son salaire de ministre aux étudiants nécessiteux et était connu pour le paiement scrupuleux de ses impôts. Il distribua, et exigea de ses enfants d’en faire autant, les grandes propriétés familiales, considérant que la lutte contre la pauvreté commençait par la redistribution des terres agricoles…
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Ce fut le général Zahidi qui prit le pouvoir, sous couvert du polichinelle de l’époque : le Shah d’Iran. La chasse à l’opposant fut terrible : emprisonnements, enlèvements, tortures, disparitions, avec un système répressif d’une incroyable férocité géré par une police secrète, la SAVAK, formée et encadrée de spécialistes occidentaux. Des milliers de personnes furent massacrées, beaucoup sous la torture. A l’époque ce n’était pas la chasse aux « islamistes » qui préoccupait ces sanguinaires prédateurs, mais aux « communistes »…
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Le pillage du pays par l’Occident repris de plus belle, et son oligarchie locale s’enrichit fabuleusement au détriment d’une population laissée à l’abandon. Ce sont les rejetons de cette caste qui, après avoir réussi à sauver une partie du magot familial à la suite de la révolution de 1979, jouent en Occident les « opposants-démocrates » au régime actuel…
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Notons que « l’éradication » de l’Islam était une des priorités du régime militaire aboutissant à la pantalonnade du couronnement du Shah à Persépolis, en 1971. Renouant avec Darius, dans une débauche de gaspillages mégalomaniaques, avec ses conseillers occidentaux, pour que les Iraniens oublient leurs profondes et brillantes racines religieuses musulmanes…
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De même en Egypte, ne doit exister, s’exposer, se visiter, que l’histoire des pharaons. L’apport inestimable de l’Islam à la civilisation égyptienne, de l’architecture aux calligraphies, de la pensée à la spiritualité, est à occulter…
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Illustration du programme à l’iranienne dont est accablé l’Egypte. Cinq points en interaction :
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a) Empêcher par tous les moyens, y compris la terreur, le libre exercice du droit de vote et du droit à l’autodétermination. La chasse aux intellectuels et "leaders", la neutralisation ou extermination de tous ceux pouvant fédérer une opposition au régime en place, seront un objectif prioritaire.
b) Empêcher le développement industriel et technologique du pays, le limitant à une économie de subsistance, essentiellement dans la sous-traitance et le tourisme de masse. En aucun cas, l’Egypte ne doit devenir une « puissance régionale », financière, technologique, pouvant édifier une autonomie de production militaire tout particulièrement.
c) Entretenir le chaos et la guerre civile, pour épuiser le pays dans une constante paupérisation ; son affaiblissement constant devant conduire à une division suivant le schéma réalisé au Soudan, en Irak, ou en Libye.
d) Entériner le fait colonial occidental au Moyen-Orient, représenté par l’entité sioniste et la totale spoliation de la Palestine.
e) Eradiquer la profonde culture et le sentiment religieux incarnés par l’Islam, seul courant de pensée et d'espoir, du fait de l’éradication de toute réflexion et critique organisées d’un milieu intellectuel ou politique, pouvant s’opposer à la corruption et à la servitude du pays.
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Notre diplomatie soutiendra, évidemment, ce programme d’asservissement aux côtés de ses glorieux alliés. Comme elle avait soutenu l’autocratie corrompue du Shah d’Iran, et bien d’autres. Parions-le, d’ici peu, nos politiciens se déplaceront avec leur Cour de favoris et favorites, pour « admirer la lumière du couchant sur Assouan »…
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Oubliant que l’abjection ne dure qu’un temps… Comment maintenir indéfiniment en esclavage plus de 85 millions de personnes, même si on arrive à en conditionner le tiers, de gré ou de force, en « collabos » ?...
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Le peuple d’Egypte réussira sa révolution, inéluctablement. Comme le peuple d’Iran a réussi la sienne en 1979 ; qui est à ce jour, quoi qu’on en dise, quel que soit le niveau de diabolisation dans nos médias, la seule révolution ayant réellement réussi dans la région en se libérant définitivement de la tutelle néocoloniale occidentale.
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Espérons qu’il ne faudra pas attendre 26 ans, longues années endurées par les Iraniens entre le coup d’Etat anti-Mossadegh et la réussite de leur révolution, pour que les Egyptiens réussissent, enfin, à se libérer du joug barbare qui leur est imposé par l’Occident…
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Oui, aujourd’hui je me sens Egyptien, frère des "Rabias"…
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1. Célèbre phrase extraite du roman Le Guépard (Il Gattopardo), publié en 1958, de Guiseppe Tomasi di Lampedusa (Editions du Seuil – 2007). Qui a servi de trame au magnifique film de Visconti, Palme d’Or au Festival de Cannes en 1963.
2. => Pepe Escobar, "Bloodbath that is not a bloodbath" : Why Egypt is doomed, RT, 15 août 2013, http://rt.com/op-edge/egypt-protests-terror-muslim-brotherhood-526/
=> Esam Al-Amin, Bloodbath on the Nile, CounterPunch, Weekend Edition August 16-18-2013, http://www.counterpunch.org/2013/08/16/bloodbath-on-the-nile/
3. Yuram Abdullah Weiler, Reviving Israel-Friendly rule in Egypt, lundi 26 août 2013,
http://www.presstv.ir/detail/2013/08/26/320527/reviving-israelfriendly-rule-in-egypt/
4. Egyptian army forces destroy tunnels between Egypt and Gaza, Gaza’s Ark, 22 août 2013, http://www.gazaark.org/2013/08/22/egyptian-army-forces-destroy-tunnels-between-egypt-and-gaza/
5. Biggest museum theft in Egytian history : Over 1,000 artifacts stolen, RT, 20 août 2013, http://rt.com/news/museum-theft-egypt-robbery-725/
6. Rappelons que le projet de l’Union pour la Méditerranée lancé en grande pompe sous Sarkozy, à part celui de vouloir entériner le "fait accompli sioniste" par les pays arabes (ce qu’a refusé, entre autres : la Syrie…), avait pour objectif principal d’entraver les projets d’association en fermentation tant en Afrique du nord que dans la partie méditerranéenne du Moyen-Orient.
En liant individuellement chaque Etat du sud par des accords bilatéraux avec l’UE ; au détriment de la réalisation préalable et indispensable de leurs propres projets d’union régionale formant une synergie économique et politique, avec pour conséquence une puissante force de négociation collective.
7. Oded Yinon, A Strategy for Israel in the Nineteen Eighties, publié par l’Association of Arab-American University Graduates, Inc. Belmont, Massachusetts, 1982, Special Document No1 (ISBN 0-937694-56-8), collection The Zionist Plan for the Middle East, translated and published by Israel Shahak. Cet article avait été édité auparavant dans la revue Kivinium (Directions) du Department of Information of the World Zionist Organization.
http://www.informationclearinghouse.info/article33220.htm
8. “ In his book, former Prime Minister Yitzhak Rabin said that the Israeli government is in fact responsible for the design of American policy in the Middle East, after June '67…”, note 8, Israel Shahak & Oded Yinon, Op. Cit.
9. Paragraphe 22 : "The dissolution of Syria and Iraq later on into ethnically or religiously unique areas such as in Lebanon, is Israel's primary target on the Eastern front in the long run…", Israel Shahak & Oded Yinon, Op. Cit.
10. Paragraphe 21 : "The vision of a Christian Coptic State in Upper Egypt alongside a number of weak states with very localized power and without a centralized government as to date, is the key to a historical development which was only set back by the peace agreement but which seems inevitable in the long run…", Israel Shahak & Oded Yinon, Op. Cit.
11. Georges Stanechy, Eglises d’Orient : Mascarades et Cordes de Chanvre, 21 fév rier 2010, http://stanechy.over-blog.com/article-eglises-d-orient-mascarades-et-cordes-de-45402807.html
12. François Burgat, L’islamisme en face, La Découverte, 1996, p. 274.
13. François Burgat, Op. Cit.
14. Eric Schmitt, Cairo Military Firmly Hooked to U.S. Lifeline, New York Times, 20 août 2013,
15. Eric Schmitt, Op. Cit.
16. Ramzy Baroud, Hated in Egypt, CounterPunch, 31 juillet 2013, http://www.counterpunch.org/2013/07/31/hated-in-egypt/
17. Rappelons que les hauts grades de l’armée égyptienne, comme celle de la Jordanie des pétromonarchies, et d’autres pays (Philippines ou Thaïlande étant les exemples les plus caricaturaux), sont soumis pour approbation préalable aux autorités compétentes, suivant les régions, du tandem USA / Israël.
Notons qu'actuellement la France n’échappe pas à ce mouvement, depuis son intégration à l’OTAN, notamment pour ce qui relève de son Etat-major, de ses services de renseignement, de sa diplomatie et de la nomination de ses ministres des affaires étrangères.
18. François Burgat, Op. Cit., p. 140.
19. François Burgat, Op. Cit., p. 149.
20. François Burgat, Op. Cit., p. 142.
21. Mohamed Malik et Mohamad Omar, Egypt’s Dinosaurs are Gasping for Air, CounterPunch, 2 septembre 2013, http://www.counterpunch.org/2013/09/02/egypts-dinosaurs-are-gasping-for-air/
22. http://blog.foreignpolicy.com/posts/2013/07/10/egypt_sawiris_interview
23. D’après la Banque Mondiale, ces transferts des revenus des travailleurs Egyptiens à l’étranger [3 millions environ] auraient atteint un niveau exceptionnel de 21 US $ milliards en 2012. Illustrant la solidarité des Egyptiens face au chaos de leur pays.
24. Ramzy Baroud, On Egypt’s Class-Struggle, CounterPunch, 22 août 2013, http://www.counterpunch.org/2013/08/22/on-egypts-class-struggle/
25. Egypt court bans all Muslim Brotherhood activities nationwide, RT, 23 septembre 2013, http://rt.com/news/egypt-court-muslim-brotherhood-235/
26. Mohamed Malik et Mohamad Omar, The Military Turns Really Ugly in Egypt [La Dictature Militaire Devient Réellement Atroce en Egypte], CounterPunch, 20 septembre 2013, http://www.counterpunch.org/2013/09/20/the-military-turns-really-ugly-in-egypt/
27. John Cassidy, The Lessons of Classified Information : From Mossadegh to Snowden, The New Yorker, 20 août 2013, http://www.newyorker.com/online/blogs/johncassidy/2013/08/perfidious-albion-from-mossadegh-to-miranda.html
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Caricatures du Brésilien Carlos Latuff
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