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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
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contre la Prédation
 
 

Horizon...


Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes...
Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas.
A contre-courant...

 

 

 

Modération


Tous commentaires et propos contribuant à enrichir échanges et débats, même contradictoires, sont amicalement reçus. Ne sont pas acceptées les pollutions organisées, en particulier :

a)  Hors sujets et trolls

b)  Attentatoires à la Dignité Humaine :

.  Injures

.  Propos racistes

.  Incitations à la haine religieuse

 

Avertissement

Liberté d’expression et abus de procédure

 

Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 19:06

 

 

« La chétive Pécore s'enfla si bien qu'elle creva »
La Fontaine (1)





Un confetti

Qatar…

Excroissance côtière du Golfe Persique, péninsule de 160 km de longueur face à l’île de Bahreïn, confetti géographique frontalier de l’Arabie saoudite, couvrant 11.437 km2. Superficie, à 10% près, similaire à celle du département français de la Gironde.

En population, l’équivalent d’un autre département celui des Vosges : 400.000 habitants ou nationaux. Car le chiffre de sa population globale, approchant les 2 millions (2), est composé pour les 4/5° de “non nationaux”, travailleurs immigrés venant d’Inde, du Pakistan, du Bengladesh, des Philippines, du Sri Lanka, et d’autres pays arabes. L'essentiel des postes de direction du pays étant monopolisé par des expatriés, essentiellement, anglo-saxons.

Habile à s’entourer des meilleurs spécialistes en communication et en image, le Qatar est mondialement courtisé pour ses largesses. Inondant à profusion médias, milieux académiques, sportifs et artistiques. Achetant des clubs sportifs comme des petits pains, même des bateaux de courses avec leur équipage (3). Accueillant les Jeux Asiatiques en 2006, promoteur de nombreux évènements sportifs généreusement dotés : moto, tennis, tennis de table, golf, cyclisme, etc.

Tant et si bien que le Qatar sera, en 2015, l’hôte de la coupe du monde de handball. Jusqu’à la FIFA, renommée pour sa “rigueur éthique”, qui l’a choisi comme organisateur de la coupe du monde de football, en 2022 !...

Son meilleur “coup de pub”, celui qui a fait connaître ce pays, a été la création de la chaîne télévisée à diffusion internationale Al-Jazeera, en 1996. Avec, au démarrage, une excellente équipe de BBC Arabic Television qui venait d’être licenciée pour ne pas respecter la ligne éditoriale exigée par le gouvernement britannique. Emettant à partir de 1998 en continu, en arabe puis aussi en anglais, elle était célèbre pour sa liberté de ton par rapport aux autres télévisions de la région. Seul bémol, évidemment : éviter de parler de la politique intérieure et extérieure du Qatar.

Dans un surprenant revirement la fragile indépendance d’Al-Jazeera a, toutefois, fondu comme neige au soleil lors du « Printemps Arabe ». Ses meilleurs éléments l’ont quittée devant l’obligation de s’aligner scrupuleusement sur la propagande de l’Empire, imposant la diabolisation de ses futures proies au Moyen-Orient.

 

A présent, rabaissée au niveau des autres chaînes arabes, notamment saoudiennes, spécialisées dans la glorification des tyrans locaux adoubés par l’Occident et la désinformation, allant jusqu’à des mises en scène en studio et des faux témoignages interprétés par acteurs et figurants. (4)

Ce Micro-Etat, par ses postures et mises en scène médiatiques, se revendique à présent en "hyperpuissance", financière et militaire. Lors de la récente opération de "démocratisation" en Lybie, nos journalistes ne cessaient de s'extasier devant son impressionnante présence armée, éclipsant pratiquement les corps expéditionnaires coloniaux de la Grande-Bretagne et de la France : forces aériennes, forces spéciales, instructeurs, aviation de transport ravitaillant les "rebelles" en armes et munitions, etc.

Nous savons que les soldats du Vatican ont, par tradition, la nationalité suisse. Mais, quelles étaient, quelles sont, les authentiques nationalités des hyperactifs porteurs d’uniforme qatari ?... Question que journaliste et « expert » du Moyen-Orient ne doivent surtout jamais formuler…

Le chef de cet “Etat” est un émir : Hamad bin Khalifa Al-Thani. Son “gouvernement” est dirigé par un premier ministre, Hamad bin Jassim Al-Thani. Oui, tout se passe en famille. Cette autocratie ubuesque est, en effet, un clan familial gérant le pays comme s’il s’agissait de sa ferme, ou de son patrimoine personnel. Ce qui n’empêche pas, comme dans toute féodalité, des règlements de compte réguliers entre pères et fils, frères et cousins…

D’après le classement et les estimations du magazine américain Forbes, publié en juillet 2010, la fortune personnelle de l’émir était estimée à 2,4 milliards de dollars. Possédant un des yachts privés les plus grands du monde (Al-Mirqab, 133 mètres…), résidences somptueuses et chapelet de palaces sur les principales places financières de la planète (5). Ce montant est évidemment à multiplier, au minimum par dix, du fait des insondables astuces et artifices comptables, mettant en jeu la nébuleuse des ascendants, descendants, collatéraux, fondations, holdings, cascades de sociétés-écrans et paradis fiscaux.

Aucune élection (6). Aucun parti politique. Aucun syndicat. Aucune presse indépendante. Aucun opposant. Aucun dissident. A l’exemple des autres pétromonarchies du Golfe Persique.

L’incarnation du rêve ploutocratique…

Bizarre.

D’ordinaire en proie aux plus ravageuses hystéries « droits-de-l’hommiste », nos vestales médiatiques et politiciennes, gardiennes des “valeurs républicaines”, se révèlent étrangement silencieuses devant ce déni des libertés élémentaires, fondement de la dignité de tout citoyen. (7) Jamais ne sera évoqué le commencement d’une allusion à l’impérieuse et urgente nécessité d’un « changement de régime » !

Tétanisées, probablement, par la vision féérique de cette caverne d’Ali Baba. Croulant sous les excédents financiers à ne pas savoir qu’en faire, d’autant plus qu’il lui est interdit par son suzerain de les réinvestir dans les pays de la région non producteurs d’hydrocarbures, le Qatar peut tout acheter.

Avec autant d’efficacité, de rapidité, de récurrence, que luxe, faste, caprices, armes et mercenaires, starlettes et sportifs, l’argent n’achète-t-il pas les consciences ?...

 Qatar-V-Kremlev-RT-06122011.jpg
 

Qui cherche la bagarre ?!!!



Sur une bombonne de gaz

Richissime producteur de pétrole mais, avant tout, troisième producteur mondial de gaz naturel après la Russie et l’Iran, le Qatar est, actuellement, le premier exportateur de gaz liquéfié. Le hasard de son positionnement géographique dans le Golfe Persique octroie au Qatar, sous ses eaux territoriales, une des plus grandes réserves de gaz de la planète : le fameux gisement North Dome Field (6000 km2), mitoyen du South Pars (3700 km2) relevant des eaux territoriales de l’Iran.

Curieux destin que cette entité lilliputienne. Pendant des siècles, noyée dans les immenses territoires de la Perse. Stérile, désertique, seuls subsistant de petits villages côtiers vivant de la pêche, du commerce ou, suivant les saisons, de la contrebande et de la piraterie. La seule importance que lui ont trouvée les Portugais, lors de leurs explorations et implantations de comptoirs au XVI° siècle, était son eau potable. Vitale pour les équipages de leurs voiliers. Expliquant leur présence pendant une vingtaine d’années, de 1517 à 1538. Avant d’en être chassés par l’expansion de l’Empire Ottoman.

Profitant de son affaiblissement, au XIX° siècle, les britanniques ont imposé leur protectorat sur la région. Organisant la sécession du Qatar, rattaché alors à Bahreïn, en 1867 en application du dogme de la prédation coloniale : "diviser pour régner". Créant un émirat, bombardant comme premier « émir » le plus riche commerçant du coin avec qui ils étaient en affaires, un certain : Al-Thani…

Renforçant leur emprise dès la chute de l’Empire Ottoman à la suite de la première guerre mondiale et, surtout, devant la découverte des hydrocarbures. L’indépendance du Qatar en 1971 n’étant qu’une couverture pour un protectorat de l’Empire administré, de fait, par les compagnies pétrolières anglo-saxonnes. C’est le Qatar qui servit de Quartier Général des forces US lors de l’invasion et la destruction de l’Irak. Elles y détiennent une de leurs plus grandes bases aériennes hors de leur territoire : Al-Eideïd.

La France n’est pas en reste. Nos gouvernements, tous partis confondus, ne savent que faire pour complaire à ces despotes. Ouvrant une base navale, accordant, entre autres faveurs, des privilèges fiscaux inimaginables.

Rappelons quelques termes de la Convention fiscale du 4 décembre 1990 avec le Qatar (8), sous couvert d’éviter les doubles impositions, notamment (9) :
=> art. 9.1.  Les revenus de créances provenant d'un Etat et payés à un résident de l'autre Etat ne sont imposables que dans cet autre Etat.
=> art.10.1.  Les redevances provenant d'un Etat et payées à un résident de l'autre Etat ne sont imposables que dans cet autre Etat.
=> art. 19.2. Les personnes physiques qui sont des résidents du Qatar et qui disposent d'une ou plusieurs habitations pour leur usage privé en France sans y avoir leur domicile fiscal au sens de la législation française sont exonérées de l'impôt sur le revenu établi sur la base de la valeur locative de cette ou de ces habitations.

L’avenant du 14 janvier 2008, entré en vigueur le 23 avril 2009, est encore plus croustillant. Extraits :
=> art. 3.1. Les dividendes payés par une société qui est un résident d'un Etat à un résident de l'autre Etat ne sont imposables que dans cet autre Etat si la personne qui reçoit ces dividendes en est le bénéficiaire effectif.
=> art. 3.5. Lorsqu'une société qui est un résident d'un Etat tire des bénéfices ou des revenus de l'autre Etat, cet autre Etat ne peut percevoir aucun impôt sur les dividendes payés par la société […]
=> art. 3.6. Une société qui est un résident de l'Etat du Qatar et qui est imposable en France selon les dispositions des articles 5, 6 ou 11 n'est pas passible en France de la retenue à la source sur les revenus réputés distribués […]

Véritable légalisation de « l’évasion fiscale », permettant à nos gouvernants de se lamenter sur le « vide » des caisses de la France…

L’Occident protège, encourage ces pétromonarchies, ploutocraties baignant dans la gabegie et l’irresponsabilité, aussi indécentes que stupides. Se croyant tout permis devant une telle complaisance, elles se permettent depuis peu de donner des leçons de « démocratie » et de « droits de l’homme » à certains de leurs voisins. Le Qatar se distinguant, tout particulièrement, dans ce nouveau jeu de rôle en décuplant déclarations fracassantes, agitations diplomatiques, organisations de sommets.

D’abord, pour participer à la destruction de la Lybie afin de libérer le pays d’une “infâme dictature”. Ensuite, ne cessant de fustiger le gouvernement syrien, d’y attiser la guerre civile, sommant son chef d’Etat de quitter immédiatement ses fonctions. Dernièrement, souhaitant que des troupes envahissent la Syrie. Rêvant, peut-être ou sûrement, de doubler, tripler son pactole, en bénéficiant de l’embargo imposé par l’Empire sur le pétrole et le gaz iraniens, dans la multiplication des contrats de substitution…

Alors que depuis de nombreux mois, l’île de Bahreïn au large de ses côtes est à feu et à sang. Le peuple ne veut plus endurer la tyrannie de leur émir Al-Khalifa et de sa famille. L’atroce répression de cette courageuse révolte populaire sur fond de fusillades, tortures, enlèvements, disparitions, s’effectue par des troupes saoudiennes et des mercenaires. Toute la région côtière saoudienne du Golfe Persique notamment à Qatif est, elle aussi, en révolte contre la tyrannie des Saoud.

Mais, solidarité "pétromonarchique" oblige : le Qatar se tait. Aussi hermétiquement que notre propagande médiatique.

Jusqu’à quand pareille imposture ? Question de temps, de hasard ou de nécessité…

Comme les autres aberrations territoriales héritées de la colonisation occidentale dans la région, cette satrapie impériale de carton-pâte sera balayée par les vents de l’Histoire.

Ou, telle la grenouille de la fable de La Fontaine explosant dans son fantasme bovin, emportée par le souffle des prochains champignons atomiques que nous promettent les fous de guerre qui nous gouvernent…


 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Fable : La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf
(2)  Chiffre officiel de la population, nationaux et non nationaux, pour 2010 : 1 696 563 habitants.
(3)  La navigatrice britannique Tracy Edwards a empoché 55 millions d’euros, en 2005, pour enregistrer son bateau dans ce pays et le baptiser “Qatar”.
(4)  A titre d’exemple, voir le document Wikistrike du 14 décembre 2011 : Al-Jazeera pris en flagrant délit de faux reportages !, http://www.wikistrike.com/article-al-jazeera-pris-en-flagrant-delit-de-faux-reportages-92420183.html
(5)  Parmi ses actifs en France : Le Royal Monceau et la résidence Lambert (hôtel particulier) à Paris, ou encore une luxueuse propriété à Mougins. Propriétaire du Manhattan Palace à New-York, etc.
(6)  Pour la forme ou le folklore, mentionnons des « élections » de conseils communaux sur des listes soigneusement filtrées par le pouvoir, depuis 1999. Et, celle d’un « conseil consultatif », faisant office de « parlement » de 45 membres, dont 15 sont nommés directement par l’émir. Tout cela à titre « consultatif » et, bien entendu, sans parti politique, ni critique autorisée de la gestion du pays sur le mode de la “cassette personnelle” ou, encore moins, de la « politique étrangère » du clan Al-Thani.
(7)  Pour le “fun”, souvenons-nous des attaques d’apoplexie de Daniel Cohn-Bendit hurlant sa rage antichinoise au parlement européen la veille des Jeux Olympiques de Pékin. Ou, encore sur le même thème, les séances d’incantation antichinoise organisées par la célèbre ONG : Reporters Sans Frontières. Affublés de leurs T-shirts de boycott des Jeux…
(8)  Convention du 4 décembre 1990, signée par Cheikh Mohamed Bin Khalifa Al-Thani, Secrétaire d'Etat aux finances et au pétrole, et Michel Charasse, Ministre délégué chargé du budget
(9)  Textes téléchargeables : Convention signée à Paris le 4 décembre 1990 (http://www.impots.gouv.fr/portal/deploiement/p1/fichedescriptive_2100/fichedescriptive_2100.pdf), et, Avenant à la Convention avec le Qatar du 14/01/2008 – en vigueur au 23/04/2009 (http://www.toutsurlesimpots.com/convention-fiscale-france-qatar.html)




Caricature de Kremlev dans RT : http://rt.com/news/qatar-russia-syria-usa-115/



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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 22:10

 

 

Les hurlements du vent ne font pas trembler la Montagne
Proverbe Chinois

 

 


Silence

 

Silence des médias occidentaux, presse, radio, TV, chroniqueurs obsédés de buzz, praticiens patentés du "bashing" capables de s’emparer du moindre prétexte dès qu’il s’agit de diaboliser Russie, Chine, Cuba, Venezuela et autres boucs émissaires désignés à la vindicte d’une opinion publique droguée de désinformation… Censure privatisée, parfaitement rodée.

 

Parfois, dans la presse européenne ou nord-américaine, quelques maigres entrefilets, comme à regret, de reprises de communiqués d’agence de presse, lénifiants, noyés dans la masse de ce qu’on n’a pas le temps de lire. Alors que les médias du reste du monde n’ont cessé d’en faire leurs titres et articles ces jours derniers, particulièrement en Asie.

 

L’évènement qui s’est produit le dimanche 4 décembre 2011 présente, pourtant, des implications immédiates et une portée géopolitique d'une colossale importance. Composant un cocktail qui devrait passionner “journalistes d’investigation” et “experts médiatiques de politique étrangère”, esprits curieux et friands d’actualités, amateurs de jeux vidéo, lecteurs de BD et de romans d’espionnage assaisonnés aux missions ou exploits “impossibles”.

 

Coup de théâtre fusionnant tous les ingrédients des hautes technologies : aéronautique futuriste, guerres secrètes entre services spéciaux ou renseignements militaires, CyberWars ou conflits mêlant télécommunications cryptées et informatique bardée de codes et pare-feux, ruses minutieusement architecturées face aux foucades de l’arrogance stupide…

 

Silence, expression d’un déni.

 

Celui d’un désastre militaire et technologique majeur, immense, ravageur, pour les USA, dans leur prétention hégémonique à dominer le monde. Aux conséquences multiples.

 

Ce désastre vient de leur être infligé par l’Iran.

 

Ses spécialistes en CyberWars, en « guerre électronique »,  se sont emparés d’un exemplaire de son drone technologiquement le plus sophistiqué. Avion sans pilote à bord, radioguidé au moyen d’un système satellitaire, qui avait décollé d’Afghanistan. Le faisant atterrir en douceur, après en avoir neutralisé les systèmes de sécurité, avec une parfaite maîtrise, sur une de leurs bases aériennes.

 

L’appareil avait pénétré l’espace aérien iranien, se croyant indétectable pour l’avoir effectué précédemment à plusieurs reprises, sur une profondeur de 225 km au nord-est du pays. Survolant Kāshmar, capitale de la province de Razavi Khorasan.

 

Kāshmar, à 926 km de Téhéran, célèbre pour la beauté veloutée de ses tapis laine et soie à l'extraordinaire finesse des motifs rehaussés, dans leur brillance, d’un subtil équilibre de couleurs et nuances. Amateurs et collectionneurs de tapis persans, notamment dans les pays de l’Eurasie, en raffolent. A 220 km de la frontière afghane dans le nord-est du pays, près du magnifique désert de Loot, un des plus beaux de la planète. La proximité de l’air chaud lui permet de cultiver une quarantaine de variété de raisins, avec une des plus savoureuses productions mondiales de safran (1). Réputée, aussi, pour la qualité de deux universités : Payame Nur University, spécialisée dans l’enseignement à distance, et Azad University.

 

Le drone n’était pas là pour photographier universités, hôpitaux, stations d’épuration d’eau et centrales électriques de la ville. Photos et plans sont disponibles au public. Les Iraniens savent que ces infrastructures civiles figurent parmi les cibles prioritaires, malgré l’interdiction internationale des Conventions de Genève, en cas de bombardements par “La Communauté Internationale”. Comme ce fut le cas en Palestine-Gaza, Irak, Afghanistan, Liban, ou en Libye récemment réduite en cendres. (2)

 

Pas davantage pour inventorier les sites touristiques de la région…

 

Pang-Li-ChinaDaily-05122011.jpg 

Rires en Chine sur la diabolisation obsessionnelle de l’Iran par les occidentaux

 

 

Le Chihuahua

 

Il ne le savait pas, impatiemment attendu ce jour-là. Une réception spéciale lui était réservée, s’agissant d’un drone d’exception. De loin, beaucoup plus perfectionné que les “drones-tueurs”, armés de missiles, spécialisés dans les massacres quotidiens de civils en Afghanistan ou au Pakistan, aux noms sanguinairement évocateurs : “Reaper” (La Faucheuse), “Predator”... (3)

 

Non. C’était la superstar de l’arsenal US qui franchissait la frontière iranienne, un « drone espion » : le RQ-170 Sentinel. La crème de la crème, en termes de haute technologie aéronautique et militaire, un concentré de tout le savoir et de la technicité la plus secrète, même auprès de ses alliés et vassaux, du complexe militaro-industriel US.

 

Peu d’exemplaires construits. Si précieux que seule la CIA en détient l’exclusivité : mise au point, programmes des missions, pilotage, exploitation des informations recueillies. Son pilotage s’effectue à partir de la base de Tonopah dans le Nevada, via des relais satellite. Les RQ-170 Sentinel chargés d’espionner Iran, Pakistan et Chine, limitrophes de l’Afghanistan, sont dans leur majorité physiquement positionnés et gérés par la CIA, depuis 2008, sur la base aérienne de Shindand, avec leurs équipes de maintenance, même s’ils sont pilotés à partir des USA.

 

Située à 1.500 mètres d’altitude dans la province de Hérat à l’ouest de l’Afghanistan, face à l’Iran, la “Shindand Air Base” est destinée, chez les stratèges US, à servir de plateforme logistique dans l’éventualité, souhaitée par tous les traîneurs de sabre à Washington, d’une invasion de ce pays. Car, rien ne justifie une telle démesure de moyens face à une guérilla de résistance nationale, faiblement armée, en Afghanistan. Cette gigantesque base vient de faire l’objet d’un triplement de son infrastructure et pistes en 2011, et une nouvelle piste va encore être rajoutée début 2012. La longueur de ses pistes permet de recevoir les avions de transport géants C-17 Globemaster III. (4)

 

Le RQ-170 Sentinel, drone à long rayon d’action capable de voler à 15 000 mètres d’altitude, sa forme en delta lui donne une envergure de 26 mètres en largeur, 4,5 mètres en longueur, 1,84 en hauteur. Equipé d’un réacteur General Electric TF34 connu pour sa robustesse et sa fiabilité. Son équipement, son “design”, son “avionique”, pour reprendre le jargon du métier, sont dérivés du fameux bombardier B-2, réputé indétectable par tout système radar. D’où son qualificatif de “furtif” selon l’expression technique, “stealth” en anglais. (5)

 

RQ170122011.jpg

Cette merveille aéronautique a ainsi une “signature”, une identification ou un repérage, parmi les plus faibles : acoustique, infrarouge, visuelle et radar. Quasiment, impossible à détecter, passant inaperçu. Quand il l’est, c’est trop tard, ayant disparu ou déjà frappé. En raison de deux caractéristiques :

=> Son aérodynamisme en forme d’aile-volante en matériaux composites, au profilage offrant peu de prise aux ondes radars adverses

=> Son revêtement spécial, sa “peau” (wing skins) comme disent les spécialistes, dont la composition multicouche est ultrasecrète, absorbant tous types d’ondes de détection radar. 

 

Il embarque le nec plus ultra de ce que science et technique ont pu rendre opérationnel sur le plan de la détection, de la surveillance, du radioguidage, et des transmissions cryptées : interception de communications, prélèvement par capteurs (sniffers) d’émanations chimiques ou radioactives même à doses infimes, prise de photos et de films par tous temps et toutes résolutions de nuit comme de jour, identification des positions radars ennemies, centres de commandements, localisation de bunkers et souterrains, etc.

 

L’ensemble de cet appareillage est si sophistiqué et sensible qu’il est nécessaire d’abriter ce drone, en dehors de ses missions, dans un hangar climatisé.

 

Pareil « trésor volant » évolue, évidemment, dans un environnement sécurisé à l’extrême. Quatre systèmes de sécurité le rendent quasiment invulnérable :

i)   Systèmes antibrouillages (“anti jam”) et de guerre électronique les plus récents et les plus puissants

ii)  Doublement systématique des éléments essentiels de sa motorisation et de son pilotage, avec basculement immédiat de l’un à l’autre dès l’amorce d’une panne improbable

iii)  En cas de perte de contact avec son pilote à terre, procédure de mise en pilotage automatique avec programmation de son ordinateur de bord en guidage autonome lui permettant de retourner à sa base initiale, dans une sorte de « retour au pigeonnier »

iv)  En cas de défaillance du pilotage automatique, ou du système de « retour au pigeonnier », phase terminale par destruction automatique, ou plutôt pulvérisation en vol, pour qu’il n’y ait aucune possibilité de récupérer une quelconque pièce ou trace éventuelles à récupérer par des mains autres que celles des agents de la CIA.

 

Dans leur mégalomanie coutumière, les experts militaires et du renseignement US l’avaient surnommé “The Beast of Kandahar”, où il fut exhibé et filmé en vidéo au décollage en 2007 pour la première fois. La Bête, le Monstre… Mais encore, en argot anglais, The Beast c’est le flic méchant, à la matraque facile, la brute, la terreur légitimée par l’insigne et la loi du plus fort…

 

Les ingénieurs Iraniens ont apprivoisé, domestiqué, The Beast.

 

Le transformant en Chihuahua docile, couettes enrubannées au vent, allant sagement se coucher selon leurs instructions, et dans la soumission, sur le coussinet qu’ils lui avaient assigné. A son insu, coupant ses relations satellitaires, se substituant au pilote du Nevada, gérant tous les recoins de son ordinateur de bord, son cerveau, le manipulant de brillante façon au point de le faire atterrir, sur ce qu’il croyait être sa niche ou son “pigeonnier” d’origine : la “Shindand Air Base”. Intact.

 

Saluons, sportivement, ce fantastique et historique exploit.

 

drone-2011-official-picture.n.jpg

Spy drone Iran Dec 2011


RQ-170-Iran-December-2011.jpg

 

Présentation du RQ-170 Sentinel intact par l’Iran. La grille qu’on aperçoit est l’entrée du réacteur, situé au milieu de “l’aile volante”, conçue pour éviter “l’ingestion d’oiseaux”.

 

 

Un cadeau impérial

 

Mais, allons au-delà.

 

Conséquences, perspectives, bouleversements, impacts, s’amoncèlent : juridiques, économiques, technologiques, militaires, géopolitiques. Un regard sur les plus déterminants s’impose pour qui veut comprendre l’ampleur de l’évènement. Reste deux attitudes : soit examiner d’un œil clinique et logique les faits, soit en nier l’évidence, l’importance, en se réfugiant dans une idéologie sclérosante.

 

Essayons la première voie, en retenant brièvement quelques dimensions :

 

i)  Droit International et Bellicisme

« Acte hostile », gravissime, dénoncent les Iraniens, en saisissant les instances de l’ONU. Sachant qu’ils n’obtiendront rien. Mais, ils ont raison sur le fond, en droit international, et pour le principe : une fois de plus, tendre à l’ONU le miroir de ses postures hypocrites, son double jeu et son incurie. Imaginons qu’un drone russe ou chinois ait pénétré de 225 km à l’intérieur des frontières des USA… Dans l’hystérie médiatique, ce ne seraient que cris, résolutions, sanctions, en cascade, de “La Communauté Internationale”.

 

Plus révélateur est le comportement de la nomenklatura US. Lundi dernier sur CNN, l’ancien vice-président Dick Cheney, le second de Bush, reprochait à Obama de ne pas avoir immédiatement donné l’ordre de bombarder l’endroit où avait été vu pour la dernière fois le drone capturé par les Iraniens :

« La bonne réponse à cette affaire était de réagir immédiatement dès que l’appareil a été capturé et le détruire… Cela peut être fait à partir d’une opération aérienne. Cela peut être réalisé par une rapide frappe aérienne ». (6)

 

Non seulement, aucune volonté de s’excuser ou de regretter un tel « acte hostile », mais, au contraire, il paraît naturel de passer aussitôt, jouant les outragés, à un « acte de guerre ».

 

Position partagée par les politiciens du Congrès US. Notamment, chez les candidats "républicains" aux primaires présidentielles en cours dans une surenchère délirante : tels, l'ancien président de la Chambre des Représentants Newt Gingrich, (7), ou encore Rick Santorum, qui ne cessent de préconiser l’assassinat des dirigeants de l’Iran ainsi que celui de ses scientifiques. Exigeant, outre ses centres de recherche atomique, le bombardement de ses productions de pétrole et de gaz, ses infrastructures portuaires, etc.

 

Un tel degré d’inconscience, d’irrationalité, de fanatisme, à ce niveau de responsabilité, démontre combien la caste dirigeante américaine est gangrénée par un ramassis de milliardaires-voyous, analphabètes de la situation du monde. Etalage d’arrogance, de mépris des peuples, de la vie humaine et des principes élémentaires du respect du Droit à l’Autodétermination. Véritables gangsters psychopathes de la violence, substituant l’Assassinat, le Bellicisme, au Droit International.

 

Face au désastre militaire et technologique que représente la saisie intacte du RQ-170 Sentinel par les Iraniens, leur fureur aveugle ne semble pas se calmer…

 

ii)  Science et Technologie

Le Président Ahmadinejad, ingénieur de formation, s’en délecte dans l’ironie. Synthétisant, dans un entretien avec une télévision latino-américaine, un des aspects majeurs de cette opération, évoquant un “cadeau” :

« Les américains ont peut être décidé de nous offrir cet avion espion … »

 

Assurément, “cadeau”  est bien le terme. Impérial. Au minimum, d’une valeur de 50 milliards de dollars. Et, je pèse mes chiffres !... Ce n’est pas simplement le prix de l’appareil et de son équipement. C’est aussi celui de la masse des brevets, fournis gratuitement à l’Iran.

 

Celui de l’ensemble, de l’aboutissement sur plusieurs décennies, des programmes, budgets, financements, centaines de milliers d’heures de recherches, d’essais, de mises au point, de savoir-faire (know how), dans une multitude de disciplines et de techniques : aéronautique, motorisation, matériaux composites, réseau de fibres optiques embarqués, logiciels de bord, interfaces satellitaires, radars, télécoms et radioguidages, optiques et systèmes électro-optiques, photos, système d’imagerie hyperspectrale, systèmes de piratages téléphoniques et informatiques, d’écoutes, prélèvements chimiques-bactériologiques, sondes ou sniffers de particules radioactives, etc.

 

L’équivalent d’une visite guidée, portes ouvertes, par le Pentagone, au cœur de l’arsenal et du "secret défense" de son industrie de l’armement. Le complexe militaro-industriel US soudainement nu comme un ver, sous les projecteurs. Tous les systèmes de navigation, de radar, de furtivité, de mesures et de contremesures électroniques, intégrés aux appareils les plus perfectionnés des forces aériennes US et occidentales, offerts aux patientes investigations des spécialistes Iraniens.

 

Non seulement le fameux bombardier B-2, mais aussi le chasseur de dernière génération F-35, qualifié de “furtif”, qui a le même fabricant que le drone espion : Lockheed Martin. Chasseur polyvalent (Multirole Joint Strike Fighter) qui équipe progressivement l’aviation, la marine, le corps des marines (modèle spécial à décollage vertical), des USA, ainsi que la Royal Navy britannique. Prochainement une vingtaine pour Israël, livrables à partir de 2018, avec une option sur 55 supplémentaires. Sous la pression du lobby sioniste, le Congrès US a bloqué la vente du F-35 à l’Arabie saoudite qui devra se contenter du F-15 de conception ancienne, et de plus, dans une version bridée...  

 

Paradoxe, l’Iran bénéficie dès aujourd’hui des technologies les plus secrètes et précieuses de l’aéronautique US que l’Arabie saoudite, un des plus fidèles alliés des USA, n’obtiendra jamais, et qu’Israël ne pourra utiliser que dans sept ans !  “Cadeau”, faisant apparaître ridicule, dérisoire, caduc, l’embargo obsessionnel des occidentaux sur le transfert de technologie à l’Iran …

 

Mais, rien n’y fait. L'arrogance indécrottable des responsables US et de leurs « experts militaires » demeure. Exemple : un analyste du Teal Group (expertise en aéronautique et spatial), Richard Aboulafia, minimise le cataclysme dans une métaphore méprisante :

« D’un point de vue du secret, c’est comme si on avait fait tomber une Ferrari dans une culture du char à bœuf ». (8)

 

Fanatisés, conditionnés, niant les faits, abrutis d’idéologie coloniale, la nomenklatura US ne peut fantasmer l’Iran qu’en désert technologique, peuplés de sauvages, incapables de décoder, adapter, tirer le moindre enseignement de la saisie d’un appareil de haute technologique que ses ingénieurs ont fait atterrir comme une fleur sur leur territoire. L’arrogance n’est-elle pas une manifestation imbécile, une pathologie déconnectant de la réalité, précipitant droit dans le mur ?… Symptôme du pathétique suicide intellectuel d’une oligarchie.

 

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Rires en Chine sur les menaces des va-t-en-guerre contre l’Iran
L’Oncle Sam tient dans ses bras le rapport de l’IAEA
sous le regard impatient de Netanyahou

 

Le Lièvre et la Tortue

 

Certes, sur le papier le rapport de forces théorique entre l’Empire et l’Iran reste inchangé. Une vague de bombes atomiques peut réduire en poussière l’Iran, en quelques secondes. Toutefois, utiliser la force atomique, contre un Etat qui n’attaque personne, n’occupe aucun pays dans la violence ni la spoliation, serait pour l’Empire se mettre au ban de la planète entière. Même, sous prétexte de guerre préventive fondée sur des mensonges. D’où l’intensité de la “guerre secrète” imposée à l’Iran.

 

Comme dans la fable du "Lièvre et la Tortue", rattrapant dans beaucoup de domaines le retard accumulé sous la dictature du Shah inféodée aux industries de l’armement occidentale, pour préserver son indépendance l’Iran a édifié une performante industrie de la défense et du renseignement. Adossée à une infrastructure scientifique et technique de premier plan, aux nombreuses universités, multiples centres de recherches et milliers d’ingénieurs (ce qui va exiger des services occidentaux beaucoup d’assassinats pour les exterminer jusqu’aux derniers…).

 

Ce coup terrible, envoyé en pleine figure de l’appareil militaire américain et occidental dans son ensemble, est révélateur. L’opération réussie d’arraisonnement du drone espion, préparée de longue date, méticuleusement mise au point, en est une éclatante démonstration.

 

L’Iran, sur les 10 dernières années, a abattu, neutralisé, de nombreux drones franchissant ses frontières. La plupart ont été récupérés sous forme de débris et reconstitués, certains en bon état. D’autres ont été complètement perdus, dont deux abattus au-dessus des eaux territoriales du Golfe Persique. Les autorités iraniennes vont prochainement organiser une exposition, destinée dans un premier temps aux ambassadeurs et aux professionnels de l’information, pour présenter le drone espion arraisonné, encadré de 7 autres drones en bon état : 4 israéliens (violation des frontières est) et 3 américains (violation des frontières sud et ouest).

 

A partir de cette mine d’informations, les Iraniens avaient organisé des équipes multidisciplinaires de recherche et développement afin de pénétrer tous les secrets du fonctionnement de ces aéronefs sophistiqués. D’autres équipes, se relayant nuit et jour, se sont spécialisées, par type de drone, dans un véritable travail de fourmi : suivre  toutes leurs évolutions, en Iran, en Afghanistan. Et, même au Pakistan, où une de leurs équipes était présente en permanence.

 

Le drone a un grand défaut : il est excessivement bavard, une pie jacassant sans interruption. Ne pouvant cesser de communiquer avec son pilote au sol pour savoir où se diriger, envoyant un flot continu d’images, d’informations et prélèvements divers. Une masse de communications faciles à enregistrer, même en langage codé. Ce bavardage continu facilite grandement l’apprentissage de son langage. Rien de plus facile : quel que soit son niveau de cryptage, un langage codé « se casse ». Les Iraniens comptent parmi eux les meilleurs mathématiciens et logiciens du monde (dont de nombreuses femmes…), jonglant avec les algorithmes et les supercalculateurs avec autant de facilité qu’un joueur de frisbee. (9)

 

Dernière étape, à partir du décryptage, décortiquer le fonctionnement de son cerveau. Qui n’a rien à voir, pour le moment, avec la complexité du cerveau humain. Un simple logiciel de bord qui, par définition, livre celui utilisé au sol. Avec leurs différents modes d’échanges d’instruction via les satellites. C’est ainsi que la “feuille de route” du RQ-170 Sentinel destiné à violer les frontières de l’Iran pour l’espionner, était connue de la défense iranienne dès son décollage…

 

S’amusant à pénétrer les ordinateurs de la “Creech Air Force Base” dans le Nevada et y infecter de quelques virus retors, pendant plusieurs semaines à l’insu des spécialistes US, l’ensemble de leur flotte de drones. Générant de multiples incidents, jusqu’à provoquer l’écrasement d’un drone de type Reaper aux Seychelles cette semaine. (10)

 

S’il est possible de disposer de tous les codes sources pour arraisonner des drones adverses, en gérant leurs liaisons terrestres et satellitaires parmi les plus fortement protégées, il faut savoir que la maîtrise d’algorithmes et de logique est encore plus simple dans le contrôle des stations de radars, avions, bateaux, chars d’assaut, missiles. Jusqu’aux relations satellitaires coordonnant les troupes au sol…

 

Constat implacable : les forces armées iraniennes, sur le plan opérationnel de la « guerre électronique », ont atteint l’excellence. Faisant au moins jeu égal, si ce n’est plus, avec leurs adversaires potentiels. Ceux qui prétendent l’envahir auront en face d’eux non pas un pays sans "défense électronique" comme la Palestine, le Liban, l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan ou la Libye, qu’ils sont habitués à écraser dans la facilité et l’impunité, après avoir “aveuglé” leurs défenses aériennes quand ils en ont, mais des forces comparables aux leurs… (11)

 

The Beast, emblématique d’une géopolitique mégalomaniaque de l’absurde, subitement devenue l’ombre d’elle-même.

 

Préfigurant le sort d’un Empire décadent…

 


 

 


 

(1)  Safran qu’on retrouve sur nos tables, du fait d’un embargo hypocrite profitant surtout aux intermédiaires véreux, dans un conditionnement "espagnol", "turc", ou autres appellations d’origines non contrôlées…

(2)  Cf. in Justice ou Injustice internationale, Daniel Lagot, Edditions L’Harmattan, 2009, Les Conventions de Genève, art. 85.5, énoncent parmi les crimes de guerre :

- « soumettre la population ou des personnes civiles à une attaque »

- « lancer une attaque indiscriminée atteignant la population civile ou des biens de caractère civil, en sachant qu’elle causera des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens civils, “excessifs par rapport à l’avantage militaire et concret attendu” ».

(3)  Ces “drones-tueurs” sont responsables des plus grands massacres actuels de civils en Afghanistan et au Pakistan, sous prétexte de tuer des “commandants Talibans ou membres d’Al Qaïda”. Comme lors de la guerre du Vietnam, à l’exemple des luttes des puissances coloniales contre une révolte face à leurs prédations, tout chef de village est assimilé à un rebelle, un insurgé, un terroriste, ou un Taliban. En conséquence : tué avec sa famille, quand ce n’est pas avec l’ensemble de son village. Dans la stratégie de lutte contre une résistance nationale, le premier objectif étant de déstructurer une société en éradiquant un quelconque “leadership”.

(4)  L’USAF y a affecté le 838th Air Expeditionary Advisory Group, cohabitant avec les services spécialisés de la CIA.

(5)  Le coût “officiel” de chaque B-2 avec ses pièces détachées et sa maintenance, est évalué à 2,13 milliards de dollars ("B-2 Bomber: Cost and Operational Issues Letter Report, 14 August 1997, GAO/NSIAD-97-181." United States General Accounting Office).

Attaquant toujours de nuit, les B-2 ont été le fer de lance de l’écrasement de l’Irak sous les bombes en 2003, au cours duquel ils ont lancé plus de « 1,5 millions de pounds » (1 pound = 0,45359237 kg) de bombes de tous calibres. Jusqu’à une tonne par bombe.

Trois d’entre eux, furent les premiers appareils de l’OTAN, à pénétrer dans l’espace aérien Libyen pour y bombarder des aérodromes en mars 2011, déversant une quarantaine de bombes.

Dans les deux cas, pour « renverser » un dictateur… Ils ont été aussi utilisés au Kosovo et en Afghanistan, pour annoncer l’arrivée de « la démocratie »…

(6)  "The right response to that would have been to go in immediately after it had gone down and destroy it," […] "You can do that from the air. You can do that with a quick air strike.”, http://rt.com/news/iran-obama-drone-request-713/ 

(7)  Inconnu de l’opinion publique internationale jusqu’à sa récente et délirante déclaration qualifiant les Palestiniens de « Peuple inventé et terroriste »…
(8) "From a secrecy standpoint, it's like dropping a Ferrari into an ox-cart technology culture", http://www.defensenews.com/story.php?i=8517205&c=AIR&s=TOP

(9)  La Chine possède le deuxième plus puissant supercalculateur du monde, et le plus rapide, avec son Nebulae Dawning de 1,2 pétaflop et 55 680 cœurs Intel…

(10)  http://rt.com/usa/news/seychelles-drone-us-iran-711/ 

(11)  Avec d’autant plus de facilité quand ils leur ont vendu le matériel de défense antiaérienne dont ils connaissent toutes les caractéristiques, emplacements, systèmes de surveillance et de communication, disposant de tous les codes sources qu’ils peuvent neutraliser en un claquement de doigt. Exemple : les missiles antiaériens “crotale” livrés par la France à la Lybie (9 unités d’acquisition & 27 unités de tir) n’ont abattu aucun avion ni hélicoptère …

 

 

Caricatures talentueuses de Pang Li et Luo Jie du ChinaDaily Europe

 

 

 


 

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 16:30

 

 

 

Mission Accomplie !

 

Dans ce cri, célébrant la destruction, la pulvérisation de l’Irak, l’instauration de la démocratie et des libertés dans un pays en cendres, Bush exultait. Enivré d’autosatisfaction, sur un porte-avions dans la baie de San Diego face à la plus grande base aéronavale des USA, en Californie du sud.

 

En Libye, le tyran a été renversé. Son bras droit, intronisé chef du gouvernement provisoire au milieu des ruines du pays. Avec abnégation, pétri d’émotion, il est venu quémander cette semaine, à la tribune de l’ONU, une “aide alimentaire et matérielle” internationale pour son pays. La Libye en voie de “Somalisation”… Hourrah !  Alléluia !  Youppie ! On a gagné !

 

Cameron et Sarkozy, maîtres d’œuvre de l’opération militaire par délégation de l’Empire, n’ont pas dérogé au rituel colonial. Mais, plus téméraires, ils sont allés célébrer leur victoire en Libye. Sur le terrain de leurs exploits narcissiques, encadrés de leurs gorilles, de leurs propagandistes et de leur claque applaudissante, figurants aux poches bourrées de dollars.

 

Par prudence, il est vrai, en des endroits bien balisés et sécurisés. Bien sûr, ne sont jamais montrés à ceux qui appuient sur le bouton de la mort et des massacres, en signent les ordres d’exécution, les effroyables effets. Que des médias pourraient, accidentellement, montrer au JT. “Aseptiser le contexte”, disent les communicants galonnés… Dans nos médias “dominants”, tambours, trompettes, cymbales de la désinformation et de la propagande, reprenant en fanfare la glorification des promoteurs des bombardements humanitaires et libérateurs.

 

Toutefois, au cœur de ces mêmes médias quelques irréductibles, déterminés, tenaces, tels des Astérix de l’info, ont pourfendu la stupidité, le mensonge, le cynisme des castes au pouvoir : les caricaturistes. En France, où ces talents existent (1), peu de dessinateurs ont accès à une grande visibilité lorsqu’ils prétendent contester l’ordre établi, le politiquement correct : « Nous sommes magnifiques, les autres sont des barbares. Ils n’ont que ce qu’ils méritent ».

 

Bâillonnés (2) ou censurés (3)…

 

Réduits, que nous sommes, à visiter des médias étrangers pour voir illustrer en ridicule cette prétention civilisatrice aussi hypocrite que violente.

 

The Guardian, par exemple, qui laisse les dessinateurs s’exprimer (en couleurs, en plus !) dans une totale liberté de ton. S’opposant à la ligne éditoriale de leur propre journal qui, depuis la guerre d’Irak, s’est complètement alignée sur l’idéologie fanatique de l’extrême-droite US, pudiquement appelée « néoconservateurs ». Bel exemple de diversité d’opinions au sein d’un même média.

 

Parmi ces talents, Steve Bell et Martin Rowson, ne cessant de dénoncer l’irresponsabilité et la voyoucratie de la nomenklatura britannique. Tout particulièrement le monde de la Finance ou de la City : les fameux Fat Cats, les “chats grassouillets”, s’empiffrant dans la spéculation et les privilèges fiscaux !

 

Petit échantillon de ce festival de courage et d’humour. Courage, sous le déluge de la propagande, pour démonter, dénoncer, fustiger, mégalomanie et infantilisme des dirigeants de nos pays. Humour, noir aussi, dans le regard stoïque face à leur stupide folie sanguinaire anesthésiée de Bonne Conscience

 

Un dessin de Steve Bell sur la “libération bombardée” de la Libye. Sarkozy s’étant arrogé la fonction de « boss » de l’expédition coloniale, il l’a caricaturé en Napoléon. Reprenant le surnom de Sarkozy, ou l’image, souvent utilisés à l’étranger pour le représenter. Son alter ego dans cette opération, le premier ministre britannique Cameron, en Napoléon aussi, par clonage !

 

Arborant l’un et l’autre le nouveau drapeau de la “Libye démocratique”, qui était antérieurement celui de la monarchie libyenne. Cameron jetant derrière les conquérants, d’un furtif coup de talonnette, le drapeau de la Libye de Kadhafi. Jetons vite dans l’oubli les plantureux contrats et accords signés avec lui !

 

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Martin Rowson a choisi de présenter les conquérants dans la lignée des légendes de Lawrence d’Arabie flanqué de ses compagnons d’aventures, sur des dromadaires. Libérant, soi-disant à l’époque, les pays arabes de l’oppression de l’Empire Ottoman…

 

Sarkozy y est coiffé du shako avec son protège-nuque des armées d’Afrique et de la Légion, son coursier harnaché du drapeau français. A l’extrême gauche du dessin, esquissée, la chevelure blonde représentant Hillary Clinton, aussi férocement belliciste que celles qui l’ont précédée dans les mêmes fonctions de ministre des affaires étrangères US : Condolezza Rice ou la sinistre Madeleine Albright.

 

Avec chacun, en tandem sur son dromadaire, son “révolutionnaire libyen” brandissant le “nouveau” drapeau de la Libye démocratique, qui n’est, comme on l’a vu dans la précédente illustration, que “l’ancien” de la monarchie corrompue renversée par Kadhafi. Etendard, symbole, aveu : surtout ne rien changer, pas d’innovation, faire du neuf avec de l’ancien… Excellente illustration du rôle des services spéciaux occidentaux, sponsorisant chacun un clan ou un gang, servant de couverture aux prédations locales de leurs maîtres.

 

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Notons le militaire britannique, en bas à droite du dessin, sous son casque colonial en uniforme rouge des années de gloire de l’empire Victorien, sollicitant les militants de demander à Cameron de s’occuper de son armée le week-end. Du fait des économies budgétaires, des licenciements d’hommes de troupe sont, en effet, programmés par le gouvernement britannique. Expliquant son geste distributeur des formulaires P45, qui sont ceux des demandeurs d’emploi…

 

Les smicards de la guerre deviennent de moins en moins nécessaires. La guerre de conquête est fondée, à présent, sur la haute technologie. Electronique, informatique et télécoms, drones et missiles de croisière, forces spéciales et mercenaires spécialisés, propagande et désinformation : finis gros bataillons et godillots !

 

Un autre caricaturiste britannique s’est mobilisé contre l’intervention des pays occidentaux. Exceptionnel militant de la paix et de la justice : Leon Kuhn. Ses dessins présentent la particularité de mêler photos et dessins.  

 

Dans un impressionnant montage, il évoque les massacres d’innocents, victimes des bombardements aveugles de l’OTAN. Tout le monde se voilant la face. Mettant en scène l’hypocrisie des politiciens représentés par Cameron, (Whitehall désigne le Parlement et Downing Street, bureaux et résidence du premier ministre), dissimulant, sous des discours de prouesses militaires et d’aide humanitaire, la sauvagerie des massacres et destructions.

 

Rappelons que Cameron se veut un des plus fervents donneurs de leçons de droits de l’homme et de civilisation au reste du monde. Son dernier discours à l’ONU est une éclatante démonstration du cynisme sanguinaire de l’oligarchie occidentale (4).

 

Le drapeau britannique, totem de gloire et de panache, est ainsi utilisé pour cacher des cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants. Recouvrir, étouffer, dissimuler, occulter… D’où le titre du dessin : The Cover Up.

 

cover_up_sp_20110906.jpg-Leon-Kuhn.jpg

Leon Kuhn décrit, dans un autre dessin, le nouveau gouvernement Libyen : Front Bench. Référence aux premiers rangs du Parlement britannique, de part et d’autre du pupitre du président de séance, occupés par les responsables gouvernementaux et, face à eux, les responsables de l’opposition (Shadow Cabinet).

 

En Libye, ceux qui vont diriger le pays : les soldats de l’OTAN avec leurs armes et uniformes. Exécuteurs des lobbies de l’armement, du pétrole et des BTP. Sur l’épaule droite des trois soldats au premier plan, les drapeaux de leur armée respective, de gauche à droite : France, USA et GB. L’un d’eux tient entre ses mains un dossier intitulé : « contrats pétroliers »…

 

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Pour terminer, une illustration de ce que tout le monde a compris, l’Occident colonial veut s’en mettre plein les poches, du moins sa ploutocratie, quitte à plonger le pays dans la misère, la guerre civile. Le pomper jusqu’à extinction de ses ressources. Jeter l’écorce, après en avoir extrait tout le jus...

 

Victor Kremlev, de l’excellent média Russia Today (RT), a parfaitement résumé le véritable enjeu, la programmation du pillage, dans un dessin évoquant les partages coloniaux des siècles antérieurs. 

 

Sur fond de puits de pétrole, grande bagarre entre compagnies pétrolières occidentales pour se partager le gâteau. Un “révolutionnaire libyen” stupéfait de voir les occidentaux rivaliser pour se partager les dépouilles du pays, sans un regard pour lui. Sans aucune considération pour le projet actuel de son peuple, son avenir. Essayant de rappeler à la réalité les prédateurs, du moins la sienne :

« Hé les gars, vous n’auriez pas vu Kadhafi, par hasard ? »

 

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Dessins, caricatures, fulgurantes analyses en fait, décrivant l’immuable ordre du monde. Avec sa nouvelle sémantique, sa nouvelle rhétorique, que La Mère Pipe dans la pièce Tueur sans gages (5) d’Eugène Ionesco, avait clairement formulées dès 1958 (6) :

  « Nous n’allons plus persécuter, mais nous punirons et ferons justice. Nous ne coloniserons pas les peuples, nous les occuperons pour les libérer. Nous n’exploiterons pas les hommes, nous les ferons produire.
La guerre s’appellera la paix…
La tyrannie restaurée s’appellera discipline et liberté. Le malheur de tous les hommes c’est le bonheur de l’humanité ! ».

 

 

 

 

 

(1)  Exemple Emmanuel Chaunu (http://chaunu.fr/). Voir aussi le site collectif d’un groupement de professionnels du dessin de presse : http://www.caricartists.com/public/pages/caricaturistes_accueil.php

(2)  En France, dans un grand quotidien matinal, propriété d’un richissime industriel, un caricaturiste est payé (le propriétaire actuel l’ayant “trouvé” dans les “actifs” du quotidien, au sens comptable et financier, lors de son rachat) avec interdiction de publier le moindre dessin. Motif invoqué : le propriétaire n’aime pas les caricatures…

(3)  Pendant l’invasion et la destruction de l’Irak, même un journal satirique bien connu “s’autocensurait” en s’interdisant la publication de toute caricature mettant en cause comportements et carnages démesurés des forces de la coalition, notamment US…

(4)  Cf. le discours du prince héritier d’Espagne lors du VII° Congrès International des Victimes du Terrorisme, tenu à Paris (15 – 17 septembre 2011) :

« Rien ne justifie la barbarie ».

Rien que l’édification et le maintien de l’Empire espagnol, du XV° au XX° siècle, a provoqué la mort de dizaines de millions de personnes. Une des plus violentes, cruelles, inhumaines, colonisations de l’Histoire de l’Humanité. Au minimum, rien qu’en Amérique latine plus de 200 millions de victimes, non compris les victimes du trafic d’esclaves à partir de l’Afrique… Quant à la "barbarie occidentale" actuelle... « La Bonne Conscience »…

(5)  1re version, Théâtre II, Gallimard, Coll. « Blanche », 1958, pp. 59–171.

(6)  Eugène Ionesco, Tueurs sans gages, Editions Gallimard, Folio Théâtre, 1958/2003, Acte III, pp. 131-132.

 

 

 


 

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20 août 2011 6 20 /08 /août /2011 15:00

 

 

De mon hamac bercé d’alizés, plongeant la main dans ma besace de livres et documents, le hasard m’offrit l’ouvrage le plus surprenant de l’année, désopilant, bourré d’humour “décalé”, le plus passionnant aussi : un rapport du FMI !

 

Oui ! Daté du mois d’août 2011, tout frais, le dernier rapport du FMI sur l’Iran ! (1)

 

Pipeline-Iran-Turkey-Flags.jpg

 

Qui dit mieux ?... 

 

A sa lecture, loin des diatribes hystériques coutumières, ce pays de 75 millions d’habitants, trois fois la France en superficie, apparaît comme un des meilleurs exemples actuels de gestion économique d’un Etat !   

 

Le titre en est un peu lourdingue, style maison, bureaucratie assumée. Mais, ce mille-feuilles de commentaires, chiffres, pourcentages, et graphiques, mérite la dégustation pour ceux qui s’intéressent un tant soit peu aux « puissances économiques émergentes » :

Islamic Republic of Iran: 2011 Article IV Consultation—Staff Report; Public Information Notice on the Executive Board Discussion; and Statement by the Executive Director for Iran

 

Ironie décoiffante !

 

Des experts du FMI en pleine galère ! Malgré eux, au terme de mois de travaux, contraints de déconstruire les clichés de la propagande impériale, l’iranophobie compulsive des « spécialistes » et « géopoliticiens » de la désinformation instrumentalisés par les lobbies prédateurs, dont les imprécations récurrentes ne cessent de se déverser, dégouliner, dans nos médias… Repris en chœur par nos politiciens ignares et corrompus. (2)  

 

Cinquante et une pages de contorsions, pour reconnaître, après visites, inspections, discussions, passage au microscope des statistiques et de leur méthodologie d’élaboration (3), que de fantastiques progrès sont en cours.

 

En dépit de la fréquence des tremblements de terre (dont celui du 14 août dernier), exceptionnelles sècheresses [… severe drought … in 2008/09…] (4), embargos, sanctions, anathèmes, et autres “coups tordus” (5).

 

Jusqu’à concéder une croissance annuelle de 3,2 % pour le dernier exercice (l’année fiscale iranienne se termine ou commence le 20 mars de chaque année). (6) Avec des réserves en devises de 100 milliards de dollars, estimées à 109,7 milliards pour 2011/2012, pour être précis. (7)

 

Qui dit mieux ?...

 

Dans l’acharnement des occidentaux à déstabiliser ce pays, rappelons les mesures foncièrement illégales au regard des résolutions de l’ONU et engagements internationaux. Celles d’entraver, d’empêcher l’Iran de se connecter au réseau bancaire international et donc au système de paiements internationaux, pour effecteur ses transactions commerciales courantes. (8) Au point qu’un pays comme l’Inde, qui importe 20% de ses ressources énergétiques de l’Iran (12 % en pétrole), éprouvait récemment des difficultés pour le règlement de son fournisseur. (9) Mais, la solution vient d’être trouvée : toutes les idioties, même les plus perverses, sont contournables…

 

Obligés d’admettre que le pays connaît une croissance soutenue. Pas seulement grâce aux cours internationaux du pétrole et du gaz, mais aussi sous l’action conjointe d’une forte croissance du secteur agricole (“… strong rebound in agricultural sector and rapid credit expansion …”. (10) Auquel s’ajoute l’effet moteur d’une rapide extension du crédit en faveur d’un important secteur industriel, bien diversifié, tout particulièrement des petites et moyennes entreprises [… Iran has a relatively well-diversified economy with a sizeable industrial base…]. (11) Afin d’améliorer leur productivité, leur compétitivité, et faciliter la création de nouvelles initiatives.

 

Le gouvernement Iranien tout en développant l’habitat social a limité, en effet, les crédits hypothécaires spéculatifs dans l’immobilier, généralement captés par une poignée (pour ne pas dire “mafia”…) de grands propriétaires et entreprises du bâtiment, pour concentrer les ressources financières disponibles sur l’investissement réellement productif. Ce que fait apparaître l’ “Index of real estate prices at constant prices in Tehran”, descendant de 110 en février 2008 à 75 en juin 2009, pour se stabiliser depuis à ce niveau. Un des rares pays où la spéculation immobilière est jugulée… (12)

 

Tout en maîtrisant le risque d’inflation et améliorant les rentrées fiscales (“… Inflation was contained while fiscal and external positions improved …”. (13) Preuve que les grands équilibres macroéconomiques sont sauvegardés. Des finances ultra-saines, semblent se lamenter les experts. Aucun endettement auprès du FMI, ni accords spéciaux. (14)

 

Mieux encore : les perspectives sont bonnes (With prudent macroeconomic policies, the medium-term outlook is positive…) avec une croissance estimée par prudence à 4,5 % (la cible étant 8%), avec une inflation chutant de moitié pour se situer au niveau des pays européens de 12 % dès 2011/2012. Malgré un doublement prévisible de ses importations de biens et de services, les réserves sont évaluées à 305,3 milliards de dollars en 2016/2017. Soit un triplement par rapport au niveau actuel ! (15)

 

La lutte contre le chômage, notamment chez les jeunes, est une priorité du gouvernement et du parlement Iraniens. Avec un taux de 14,5 %, en 2010, il est comparable au niveau des pays européens. L’objectif immédiat étant de l’abaisser à 7% dès 2012. Politique volontariste, inscrite dans le 5° Plan de Développement Socio-Economique quinquennal [Socio-Economic Development Plan (2010-15)], lui-même  intégré dans le plan de développement global du pays sur 20 ans : The 20-Year Outlook Plan (2005-25). L’Iran a créé 1,6 millions d’emplois lors du dernier exercice et vise, pour 2012, la création de 2,5 millions d’emplois. Avec comme objectif à terme : le plein emploi…

 

Pipeline-Iran-Turkey.jpg

 

Remarquable réussite des réformes économiques

 

Au-delà de ces performances, ce qui est à retenir de la lecture du rapport du FMI c’est le “constat” de la remarquable réussite, à l’étonnement des experts eux-mêmes, portant sur la profonde rénovation en cours du système économique de l’Iran. Dans trois domaines majeurs, tout particulièrement :

 

1.  Réforme des mécanismes de subventions

 

En décembre 2010, les subventions des prix de l’énergie et des produits agricoles ont été supprimées. Facteurs d’injustice sociale (le "riche" paye, pour des produits identiques, le même prix que le "pauvre") et de corruption (cf. les fortunes personnelles dans l’huile, le blé et le sucre, fondées sur ces mécanismes ...), les subventions sont extrêmement délicates à réformer. Il est essentiel de ne pas passer d’une injustice sociale, à une plus grave encore, accablant les précaires et les démunis. D’habitude, pour en oublier le volet social (la caste politique mettant la différence dans ses coffres), ces réformes provoquent les révoltes dites du « pain » ou de la « faim ».

 

Les autorités Iraniennes y ont été attentives, l’enjeu étant un énorme transfert équivalent à 15% du PNB : 60 milliards de dollars. Agissant sur trois plans, avec un sens de l’organisation exceptionnel : une intense campagne de communication, une action sociale méticuleusement menée, et une redistribution soigneusement contrôlée.

  

Les produits pétroliers, électricité, et blé, en particulier, ont subi une forte augmentation. Pendant une période transitoire, le montant économisé est redistribué aux ménages sous forme d’une allocation en espèces librement utilisable (30 milliards de dollars), aux entreprises pour activer leur restructuration et leur modernisation en termes d’économies d’énergie (15-18 milliards), et aux administrations publiques pour financer leur modernisation (10-12 milliards). 

 

Les experts du FMI, ébahis, parlent de plein succès dans la mise en place de cette réforme (The successful early implementation of the subsidy reform…), jusqu’à en reconnaître les avantages immédiats : amélioration de la redistribution des revenus, réduction de la pauvreté, et stimulation de la demande intérieure (… improving income distribution, reducing poverty, and supporting domestic demand…). (16)

 

A retenir que l’indice de pauvreté, établi à 2 $ par jour, est tombé de 12 % à 2% à la suite de cette réforme. Le coefficient GINI passant de 0,45 à 0,37. Effet collatéral positif : l’augmentation des produits pétroliers a diminué leur consommation (jusqu’à 20% de baisse pour certains carburants) et réduit la pollution…  

 

 

2.  Réforme du Système Bancaire et des Finances Publiques

 

Depuis deux ans, l’Iran s’est engagé dans une vigoureuse réforme de son système bancaire sous le contrôle d’une Banque Centrale connue pour la qualité de son encadrement et son efficacité. Mixant établissements privés et publics, mettant de l’ordre (à la fureur des “barons” locaux…) dans l’immense secteur des 1700 coopératives de crédits, privatisant quatre grandes banques pour les inscrire à la côte de la Bourse de Téhéran [ Tehran Stock Exchange – TSE ], cette action se poursuit dans deux directions.

 

La première, l’exigence du renforcement des capitaux propres, réserves et provisions des banques. La deuxième, le “nettoyage”, et la récupération, des prêts à risques ou des créances litigieuses, dans le jargon du métier : les NPLs (Non-Performing Loans).

 

Ce dernier travail, toujours en cours, provoque une forte “opposition” de certains intérêts privés “hauts placés”, habitués à ne pas rembourser les considérables crédits bancaires dont ils ont bénéficié pour édifier leurs fortunes personnelles… Mais, le FMI en prend acte : le montant global de ces prêts est tombé de 24,5 % en janvier 2010 à 13,5 % en mars 2011. Comme quoi : quand on veut, on peut… (17)

 

Parallèlement, l’Etat Iranien a entamé un programme de privatisation d’entreprises et activités non liées à des services publics et à la défense nationale : 589 entreprises ont été privatisées pour une valeur de $ 83 milliards. Contrairement au schéma classique qui consiste, dans les économies émergentes notamment, à les brader à des intérêts étrangers en cheville avec de richissimes familles locales, les autorités ont veillé à une scrupuleuse répartition des actions :

◊ 20 % détenues par l’Etat

◊ 40 % réservées aux foyers à faibles revenus

◊ 40 % sous forme d’introduction en Bourse

 

Cette politique d’assainissement et de restructuration induit deux effets positifs :

 

=>  La forte attraction de la Bourse de Téhéran auprès des Iraniens, perçue non pas comme un lieu de spéculation hasardeux (économie-casino) mais comme un vecteur de valorisation de l’épargne dans des investissements productifs. C’est une des Bourses qui a connu la plus forte croissance en valeur (200 %) dans le monde, depuis 2009.

Toutefois, l’analyse des experts du FMI considère qu’il ne s’agit pas d’une bulle spéculative mais d’un fort dynamisme créé, sur de solides fondamentaux, par la restructuration de l’économie sous forme de privatisations, fusions et acquisitions (… staff analysis suggests that stock prices have not yet reached bubble levels, with supportive fundamental factors, including high levels of IPOs, having been at play…). (18)

 

=>  Le rial Iranien est apprécié à sa juste valeur, après une dévaluation technique intervenue le 8 juin dernier, de 11,5 %, démultipliant l’exportation de ses produits non pétroliers, tout particulièrement (qui avaient déjà évolué de $ 6,4 milliards en 2004 à 26,3 milliards en 2010, atteignant 30% de ses exportations).

Ni “sur”, ni “sous” évaluée, la monnaie du pays correspond aux grands équilibres macroéconomiques (…The macroeconomic balance approach estimates an equilibrium current account (norm) from a set of fundamentals employing a generalized method … no evidence of exchange rate misalignment … broadly in line with its medium term fundamentals.) Signe évident d’une bonne gestion des finances publiques. (19)

 

 

3.  Maîtrise de la gestion des exportations de gaz et de pétrole

 

Le volet certainement le plus prometteur pour l’avenir du pays : la gestion maîtrisée de ses richesses pétrolières et gazières. L’Iran, membre de l’OPEP, étant un des premiers producteurs mondiaux et le deuxième pays, après la Russie, à détenir les plus importantes réserves de gaz. Leur contrôle, dans l’indépendance de leur exploitation et la bonne affectation de leurs revenus, est considéré comme un vecteur essentiel de développement et de garantie pour les futures générations.

 

Les Iraniens se souviennent que Mossadegh, leur premier ministre régulièrement élu et réputé pour son intégrité, avait été renversé par un putsch militaire manipulé par les services spéciaux occidentaux en 1953. Il avait eu le tort d’exiger la présentation des livres comptables de l’exploitation du pétrole et du gaz monopolisés par les compagnies étrangères qui pompaient, exportaient, et réglaient à l’Etat ce que bon leur semblait ; et de les nationaliser…

 

La révolution iranienne de 1979 a permis l’éviction des grandes compagnies occidentales qui en pillaient les ressources naturelles dans l’impunité, sous couvert d’une des plus atroces dictatures de l’Histoire, celle d’un empereur d’opérette : le Shah. A présent, c’est donc une seule compagnie nationale qui contrôle l’exploitation et l’exportation de ces ressources : National Iranian Oil Company (NIOC).

 

Mais, pas n’importe comment. Pour bien assurer la traçabilité des flux, deux ensembles de procédures et de comptes budgétaires, étanches, rigoureusement surveillés, ont été mis en place pour le suivi et la répartition des revenus provenant des exportations énergétiques (20) :

 

=> Le premier, affecte et ventile les recettes budgétées sur un taux estimé ($ 75 le baril [1 baril ≈ 159 litres environ] pour le budget 2010/11, par exemple) :

 63,5 %  au Budget de l’Etat

 20 %     au Fonds de Développement National (National Development Fund - NDF), destiné en priorité au financement des infrastructures (il est interdit au gouvernement d’y effectuer le moindre emprunt)

  2 %     au Budget des régions (notamment non productrices de pétrole ou éprouvant des difficultés économiques)

14,5 %  aux fonds propres et réserves pour la compagnie nationale elle-même (NIOC) : investissements / prospection-production-recherche-développement.

 

=> Le second, est destiné à réguler les surplus, ou les diminutions, de recettes par rapport au prix du baril estimé lors de la préparation et de l’application du budget de l’Etat : variation des cours internationaux en hausse ou en baisse, diminution ou augmentation en quantité des exportations de pétrole ou de gaz.

 

Pour le moment, les chiffres sont à la hausse par rapport au prix du baril antérieurement budgété, notamment en raison des hausses de cours ($ 80-90 en moyenne le baril, actuellement). La différence est, en ce cas, affectée pour :

 85,5 %  à un Fonds de Stabilisation du Pétrole (Oil Stabilization Fund – OSF), dont 50% sont versés en fin d’année fiscale au Fonds de Développement National

 14,5 %  aux fonds propres et réserves pour la compagnie nationale elle-même (NIOC) : investissements / prospection-production-recherche-développement.

 

Pour encore mieux valoriser ses ressources et éliminer un certain nombre d’intermédiations, l’Iran a inauguré mi-juillet dernier sa propre Bourse internationale des produits pétroliers sur l’ile de Kish (surnommée la perle du Golfe Persique), à l’entrée du Golfe Persique : The Kish Commodity Exchange. Les transactions quotidiennes sont estimées à 50.000 barils/jour pour commencer. Mais, il est à prévoir une forte croissance de ce type de ventes. Ainsi, le jeudi 18 août 2011, 500.000 barils de pétrole brut ont été vendus au prix d’ US $ 105,49.

 

Cette gestion des ressources pétrolières et gazières « en bon père de famille » est une rareté dans la région, habituée aux gaspillages pharaoniques dans les achats d’armes ou la construction spéculative de multiples tours de bureaux et appartements aux hauteurs démentielles, avec vue imprenable sur le désert …

 

Bien sûr, des critiques sont distillées dans le rapport du FMI. Curieusement, elles ne portent pas sur des chiffres, des catégories d’investissements, des éléments techniques. Non. Uniquement : sur des orientations idéologiques. L’Iran est en retard, réticent, dans l’instauration de l’Ultralibéralisme ou du Capitalisme Sauvage, censés procurer prospérité et bonheur à l’espèce humaine. Têtus, ces Iraniens…

 

On y retrouve l’inévitable florilège des incantations antisociales (21) :

i)  Le système de protection du chômeur est trop généreux, jusqu’à 50 mois d’indemnisation (The existing unemployment benefit system [of up to 50 months] is too generous) 

ii)  Les procédures d’autorisation de licenciement devraient être simplifiées (The administrative approval process to allow companies to terminate redundant workers could also be simplified)

iii)  Les autorités devraient progressivement supprimer les surveillances et les interventions sur les prix (The authorities should gradually relax any remaining supervision and interventions over product prices)

iv)  Encourager la participation des investisseurs étrangers dans le processus des privatisations qui est à accélérer (Greater participation of foreign investors … and accelerating the ongoing privatization process).

 

Evidemment, beaucoup reste à faire pour un pays qui demain comptera 100 millions d’habitants…

 

Surmonter “l’opposition” d’une « bourgeoisie affairiste », friande de spéculations (sur l’immobilier et les prix), de corruptions, de monopoles, de rentes de situation, générées par les produits d’importation et les privatisations « soldées ». Affronter l’hostilité des puissances étrangères et leur volonté de s’emparer à nouveau de ses immenses ressources naturelles, de ses services publics, de ses infrastructures, et de ses avoirs en devises. Rituelles danses du scalp des prédateurs.

 

Mais, d’après ce rapport du FMI, l’Iran travaille, progresse, s’organise, prépare l’avenir. Malgré diabolisations délirantes et menaces d’apocalypse, dont il est l’objet obsessionnel. Méthodiquement. A grands pas.

 

Néanmoins…

 

Prétendre aujourd’hui, comme le fit Galilée en son temps, qu’après observations la Terre est ronde et non pas plate peut s’avérer dangereux. Nos pays prétendument “laïcs” se révèlent, en effet, inflexibles quant au respect des croyances et dogmes édictés par les grands prêtres de la propagande de l’Empire. Implacable religion “mondialisée”, avec son Clergé et son Inquisition.

 

Espérons que les experts du FMI s’étant permis quelques libertés à l’égard des injonctions cléricales de la démonologie actuelle, sous forme de propos objectifs ou mesurés sur l’Iran, ne soient pas excommuniés, brûlés en place publique ou médiatique, pour “blasphème” et “hérésie”…

 

 

 

                                                                            

 

 

 

 

 

(1)  IMF Country Report No. 11/241 - Islamic Republic of Iran: 2011 Article IV Consultation—Staff Report; Public Information Notice on the Executive Board Discussion; and Statement by the Executive Director for Iran - August 2011 

N.B. Document accessible en ligne, pouvant être lu, téléchargé ou imprimé : http://www.google.fr/search?q=IMF+Islamic+Republic+of+Iran%3A+2011+Article+IV+Consultation&ie 

(2)  Cf. l’archétype du cliché de cette désinformation caricaturale dans l’article de Wikipédia sur l’Iran, à la date du 18 août 2011, dans le paragraphe “Relations extérieures et perspectives économiques” : 

« L’économie iranienne ne se développe toujours pas, et les revenus pétroliers représentent une bouée de sauvetage pour un pays possédant une économie administrée et inefficace »…

Référencé d’après un document sponsorisé, comme indiqué sur la couverture, par les lobbies du pétrole, de l’armement et de l’uranium : Total, EADS, CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), édité par la Fondation de la Recherche Stratégique (sic…) en date du 17 mai 2006, intitulé : “Où va l’Iran ? ”…

(3)  Cf. l’excellente appréciation des experts du FMI sur “l’appareil statistiques” de l’administration iranienne, in APPENDIX III. ISLAMIC REPUBLIC OF IRAN : STATISTICAL ISSUES, Informational Annex, Prepared by Middle East and Central Asia Department (In consultation with other Departments), July 5, 2011, p.5, Op. Cit., p. 39.

Notamment, citations :

=>  National accounts statistics are reasonably sound
=>  Price statistics are sound and released in a timely manner
=>  The accounting system for foreign exchange receipts and payments of the CBI and
banks is being implemented in line with the methodological guidelines of the Fund’s Balance of Payments Manual, fifth edition (BPM5)  

(4)  Op. Cit., p. ­6. Rien à voir avec nos “sécheresses” médiatiquement bidonnées annuellement, rituellement, à chaque début de saison estivale, par la “grande agriculture” [richissimes céréaliers & éleveurs] pour remplir ses poches de subventions…

(5)  Parmi les “coups tordus” habituels des services spéciaux occidentaux : sabotages permanents (sur territoire Turc, principalement) des gazoducs exportant le gaz iranien, ou encore assassinat et enlèvement des scientifiques Iraniens, etc.

(6)  Cf. § 4 :  … 3.2 percent 2010/11.”, Op. Cit., p. 5. 

(7)  Cf. § Table 2. Islamic Republic of Iran: Balance of Payments, 2007/08–2016/17, Op. Cit., p. 22.

(8)  Cf. § 3 : “New international sanctions in 2010 have in practice increased the cost of doing business, limited FDI and technology transfer, and have affected international trade and financial transactions… particularly in the Euro and the U.S. dollar…”, Op. Cit., p. 4-5.

(9)  “Many Directors noted the authorities’ concern about the impact of sanctions on the transfer of oil export proceeds, including potential adverse effects on oil markets, and some Directors called on the staff to monitor and assess Iran’s access to the international payment system”, IMF Executive Board Concludes 2011 Article IV Consultation with the Islamic Republic of Iran, p. 3, July 20, 2011, Op. Cit., p. 44.

(10)  Op. Cit., p. 3.

(11)  Op. Cit., p. 12. 

(12)  Figure 2. Iran: Macroeconomic and Price Developments, 2005/06-2010/11, Index of real estate prices at constant prices in Tehran (In percent), Op. Cit., p. 7.

(13)  Op. Cit., p. 3.  

(14)  Cf. § IV. Outstanding Purchases and Loans : None, § V. Financial Arrangements : None, in APPENDIX I. ISLAMIC REPUBLIC OF IRAN: RELATIONS WITH THE FUND (As of May 31, 2011), Op. Cit., p. 36.  

(15)  Medium-Term Outlook, Text Table 1. Islamic Republic of Iran: Medium-Term Scenario, 2008/09–2016/17, Op. Cit., p. 10. 

(16)  Cf.:  I Overview, § 2, et Box I Initial Impact of the Targeted Subsidy Reform, Op. Cit., p. 4.

(17)  Op. Cit., p. 8.

(18)  Cf. Box 2. Is there a Price Bubble in the Tehran Stock Exchange ?, Op. Cit., p. 9. 

(19)  Op. Cit., p. 30. 

(20)  Cf.: Figure 3. Distribution of Oil Revenue for 2011/12, Op. Cit., p. 8.

(21)  Op. Cit., p. 15.

 

 

Illustrations : infrastructures du gazoduc Iran-Turquie. Source : Press-TV.

 

 

 


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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 20:51

 

 

« Saladin ! Réveille-toi ! Nous sommes revenus ! »

 

C’est en ces termes que le général Henri Gouraud, corseté dans sa morgue, essuyant la semelle de ses bottes sur la tombe de Saladin, lance ce défi lors de son entrée à Damas en 1919 à la tête du corps expéditionnaire français. (1)

 

General_Gouraud_1923.jpg

Général Henri Gouraud, le « Saigneur » de la Syrie (1919 – 1923)

 

 

La Diplomatie de l’Histrion 

 

Posture histrionique tristement célèbre dans la région, évidemment totalement occultée en France, depuis nos livres scolaires jusqu’aux travaux académiques. (2) Ce représentant de la France était chargé d’assurer le mandat confié à notre pays par la SDN, ancêtre de l’ONU, sur la “Grande Syrie”. Dans le cadre du partage, entre “vainqueurs de la Grande Guerre”, des nations et richesses antérieurement sous tutelle ou administration de l’Empire Ottoman. Qui avait eu le tort de s’allier à l’Allemagne pendant la première guerre mondiale.

 

Saladin, Homme d’Etat hors du commun, organisateur méthodique, fulgurant stratège. Chevaleresque dans l’action, mais implacable face à la lâcheté. D’une immense générosité, mais intraitable à l’encontre des voleurs, corrompus et assassins. Le libérateur de Jérusalem, au XII° siècle. Après en avoir chassé la soldatesque européenne qui prétendait s’être installée en Palestine pour « libérer le tombeau du Christ », au grand désespoir des chrétiens d’Orient qui n’en avaient nul besoin…

 

C’était au Moyen-Age. Les Croisades. Le Vatican, l’OTAN de l’époque, avait pris l’habitude d’envoyer par vagues successives les armées de tous les pays d’Europe au Moyen-Orient, pour y piller, rançonner, spolier, s’y tailler fiefs, royaumes et colonies, sous les prétextes les plus vertueux et sanctificateurs. L’essentiel étant qu’en Europe ils ne se fassent pas la guerre.

 

Certainement, à armes égales, face à un Saladin vivant, qui écrasa l’armée des “croisés” à la bataille de Hattin (4 juillet 1187), le général Gouraud n’aurait rien perdu de son abyssale imbécillité, mais beaucoup de son arrogance…

 

Rien d’étonnant dans cette gesticulation, aussi stupide que grotesque, d’un général se considérant en pays conquis. Archétype des traîneurs de sabre, ganaches analphabètes de l’Histoire, générés, dégénérés devrait-on dire, régulièrement par des armées. Non pas “nationales”, au service du peuple, garantes de la souveraineté d’une nation. Mais, dans le dévoiement de leur vocation initiale, devenues des instruments au service d’intérêts privés bâtissant leurs rapides et colossales fortunes sur le mensonge des fausses valeurs, pour mieux dissimuler la réelle finalité de leurs objectifs : la spoliation des peuples et nations. Dans le temps, on osait parler du « parti colonial »…

 

A longueur de guerres coloniales surarmées, massacrant peuples sans défense, terrorisant populations innocentes, ce général était devenu mégalomaniaque comme beaucoup de ses pairs. A vaincre sans péril, on triomphe idiot. Boursouflé de l’indécrottable « habitus colonial » de notre inconscient collectif. Parmi ses faits d’armes : la sanglante répression, en 1912 au Maroc, du soulèvement de la ville de Fès contre le protectorat français.

 

Les allemands, qui n’étaient pas en reste sur ce plan, le surnommaient « einarmiger Draufgänger », le « manchot cinglé » (il avait perdu son bras droit aux Dardanelles, suite à une gangrène mal soignée). (3) Stupéfaits de le voir, jour après jour, multiplier les vagues d’assaut suicidaires des soldats français, placés sous son commandement, contre leurs rideaux de barbelés et de mitrailleuses sur le front français.

 

Se croyant au temps des croisades, formaté par les bains de sang des guerres coloniales et les tueries des combats de tranchées, le général Henri Gouraud devint ainsi le « Saigneur » de la Syrie, lors de son “proconsulat” de 1919 à 1923. Un des artisans les plus furieux du dépeçage de la Syrie : le plus gros morceau arraché étant le Liban et la Transjordanie. Dans les massacres, tortures, humiliations ; villages rasés, montagnes incendiées, charniers à profusion (4). Chars, aviation, bombardements navals. Toute la panoplie mortifère, dans le contentement de soi. Avec pour vecteur idéologique en guise de vision : un racisme anti-arabe, islamophobe, poussé à son paroxysme.

 

Inaugurant une trentaine d’années d’occupation française, l’implacable application de La Loi du Plus Fort, dans la sauvagerie d’une colonisation méprisante face au Peuple Syrien qui jamais ne l’accepta. Révoltes multiples, répressions sauvages. C’est ainsi qu’en 1945, le lendemain de l’armistice de la 2° guerre mondiale, la France tirait encore au canon sur la population de Damas :

« Le 29 mai 1945, après dix jours de manifestations ininterrompues, les Français, sous l'ordre du général Oliva-Roget bombardent Damas pendant 36 heures d'affilée. Les morts et les blessés se comptent par centaines. Une partie de la ville est détruite par ce bombardement dont le parlement syrien. » (5)

 

Il est vrai que l’encre à peine séchée de l’armistice du 8 mai 1945 avec l’Allemagne, la France tout juste libérée, nos Gouraud de l’époque couraient, fusaient dans tous les sens, pour « reprendre en main notre empire colonial » qui montrait quelques velléités d’indépendance. Ce furent des semaines et des mois d’atrocités depuis l’Indochine jusqu’au Cameroun, avec les sommets de l’horreur dans les tueries à Sétif en Algérie et à Madagascar. Des massacres de populations par dizaines de milliers. (6)

 

Le Peuple Syrien ne put échapper à cette folie répressive. Mais, quelle que soit son appartenance ethnique et religieuse, il a toujours résisté. La France ne l’a jamais supporté.

 

Et, cela continue …

 

L’équipée de notre ambassadeur en Syrie ces jours derniers, accompagnant l’ambassadeur américain dans la ville de Hama, pour “soutenir les manifestants contre le régime” me rappelle par son mépris affiché des devoirs et usages de la diplomatie, sans parler des lois élémentaires de l’hospitalité, la pantalonnade du général Gouraud. Sauf que la France de l’époque nourrissait la prétention d’élargir son “empire”…

 

 

Qu’importe ?... 

 

Imaginons un instant en France, l’ambassadeur du Brésil accompagné de l’ambassadeur de Chine allant soutenir des manifestants à Marseille, par exemple. Leur voiture blindée escortée de nervis et casseurs, les poches bourrées de cash et d’armes fournis par leurs services. Ce serait vécu comme une ingérence dans les affaires intérieures de notre pays, fomentant une sédition armée, une guerre civile. Chacun de ces diplomates serait immédiatement déclaré « persona non grata », et vigoureusement expulsé dans la foulée. Avec en prime, des représailles sous une forme ou une autre…

 

Les Syriens ont réagi. Venant en masse jeter souliers et cailloux sur la façade des ambassades française et américaine. La propagande occidentale, véhiculée par les médias de la désinformation, parle « d’attaque » ; l’ONU allant jusqu’à « condamner les attaques contre les ambassades américaine et française en Syrie » :

« Des partisans du régime syrien ont attaqué lundi, pour la deuxième fois en trois jours, les ambassades américaine et française afin de protester contre la visite, à la fin de la semaine dernière, des ambassadeurs américain et français dans la ville rebelle de Hama (centre), théâtre de deux manifestations monstres contre le président Bachar Al-Assad ce mois-ci. » (7)

 

Relevons, au passage, les hyperboles de la propagande : « … des partisans du régime syrien… », « … ville rebelle …», « … deux manifestations monstres contre le président… », etc.

 

Mensonger et ridicule.

 

Mais, « Paris hausse le ton » clament les agences de presse…

 

Je comprends l’indignation de nos amis Syriens. Face à cette provocation coloniale, comme eux, j’aurais réquisitionné toutes les vieilles paires de chaussures de la famille pour les déverser sur les façades de ce qui s’apparente davantage à des tripots de comploteurs, des casernes de pompiers incendiaires, qu’à d’authentiques représentations diplomatiques.

 

Place-des-omeyyades---Damas---Jullet-2011.jpg

Damas – manifestation d’union nationale contre les ingérences étrangères - 17 juillet 2011

 

Car, ce déplacement de diplomates accrédités dans le pays, cette “virée de voyous”, sont en soi un aveu, une signature. Celle de l’immixtion, l’implication, l’intervention, des pays occidentaux dans la déstabilisation par la sédition armée et la guerre civile, méticuleusement et de longue date organisées, d’un pays souverain. Loin de soutenir un mouvement démocratique.

 

Mais, je ne suis pas Syrien. Je suis français, limité et contraint, rageusement triste, à constater, une fois encore, l’état de la diplomatie de mon pays : en lambeaux. De la Chine au Mexique, de Cuba à l’Iran, en passant par pays arabes et africains, nos diplomates se comportent en crétins et freluquets.

 

Notre pays, notre diplomatie, nos forces armées, ravalés aujourd’hui à un rôle d’auxiliaire, de supplétif, au service d’intérêts étrangers. Exécutant ordres et instructions à la lettre, à la virgule, d’une politique extérieure élaborée dans les officines de l’Empire Washingtonien. Tels “nos ancêtres les gaulois”, fournissant richesses et escadrons de cavalerie gauloise à l’Empire Romain.

 

Obséquiosité zélée à l’égard d’un suzerain, servitude assumée… (8)

 

Bien sûr, se donner Bonne Conscience pour justifier sa participation à de basses œuvres est primordial. Tous nos médias et leurs affidés, les “jeteurs d’anathème patentés”, ne cessent dans le martèlement d’une propagande stalinienne de diaboliser le « régime syrien ». Les mêmes muets, dès lors qu’il s’agit de couvrir exactions, corruptions, des pires dictatures “pétromonarchiques” dans la région. Ou des crimes répétés contre le Peuple Palestinien.

 

Oubliant, tout aussi consciencieusement, les régimes tyranniques en Afrique protégés ou installés par nos forces armées, comme on l’a vu récemment en Côte d’Ivoire. Dissimulant les dynasties autocratiques, sinistrement burlesques et héréditaires de père en fils, des Bongo au Gabon ou des Eyadema au Togo, sur fond d’élections truquées. Il y aurait tant d’autres exemples… 

 

Pour ceux qui voudraient sortir la tête du goudron de la désinformation déversée par nos "journalistes d’investigation-décrypteurs de l’information", "experts-charlatans", “politiciens vendus”, et autres polichinelles, sur la Syrie, je leur propose un livre fondamental :

“Quand la Syrie s’éveillera…”, de Richard Labévière et Talal El-Atrache. (9)

 

Publié cette année, agréable surprise tant le niveau de qualité de la production d'études géopolitiques françaises sur ce pays et sa région est traditionnellement “nul”, il présente l’avantage d’avoir été rédigé par deux véritables « connaisseurs » de la Syrie. Précisons que Talal El-Atrache est l’arrière petit-fils de Sultan Talal El Atrache, l’un des prestigieux chefs de la « grande révolte Syrienne » (1925-1927) contre l’occupation française.

 

Ouvrage remarquable par la pertinence de ses analyses, sans complaisance à l’égard de chacun des acteurs, et la richesse de sa documentation : références, bibliographie, cartes réalisées par Hugues Dumont. Un régal d’intelligence : comprendre les enjeux actuels des luttes ouvertes et souterraines à partir d’un contexte historique sciemment masqué, enfoui, par la propagande de l’Occident. Percevoir l’extraordinaire héroïsme du Peuple Syrien face aux entreprises impériales permanentes souhaitant sa mise sous tutelle, son éclatement en une mosaïque d’ethnies en guerre permanente.

 

Caramel sur la chantilly, il bénéficie d’une décapante préface d’Alain Cholet, ancien directeur du “Service de Renseignement de la Sécurité - chargé de la lutte antiterroriste, de la contre-criminalité et du contre-espionnage à l’étranger” de la DGSE (10).

 

Oui. Il arrive que, dans les services secrets, des “responsables” ne se contentent pas des stéréotypes d’une propagande, des compulsions racistes ou idéologiques, lorsqu’ils analysent une situation, un continent, une région ou un pays. Exerçant ce “mix” indispensable : connaissance, expérience et, surtout, honnêteté intellectuelle.

 

C’est avec une lassitude amusée qu’Alain Cholet résume les inusables clichés “diabolisateurs” de la propagande atlantiste à l’encontre de ce pays :

« … la Syrie est régulièrement présentée par les médias occidentaux, en particulier français, comme une sorte de dictature ubuesque sur le modèle de la Corée du Nord  avec laquelle elle partage d’ailleurs le douteux privilège d’être classée dans “l’Axe du Mal” par l’administration américaine.

Toujours selon ces mêmes médias, les dirigeants syriens cultiveraient la volonté obsessionnelle de maintenir leur population sous une chape de plomb, de rayer Israël de la carte, d'annexer le fragile Liban, de se doter d’armes de destruction massive y compris nucléaires, de soutenir toutes les entreprises terroristes, d’entretenir un désordre permanent dans l’ensemble du Moyen-Orient et d’être le dernier obstacle de la paix dans la région. » (11)

 

Comment lutter contre le confort intellectuel d’une propagande qui vous assure, flattant votre narcissisme, que susciter, organiser, financer, armer, la guerre civile dans un pays, est un acte hautement civilisateur engendrant, sur ses morts et décombres, les délices paradisiaques de "La Démocratie" ?... Piqure d’anesthésie des aventures coloniales, imparable : se "shooter" à la Bonne Conscience

 

Les grands inquisiteurs, dans leurs prêches hystériques, ont lancé l’anathème : le « régime syrien » est une des incarnations du Diable sur cette planète !... L’excommunication pour satanisme étant édictée, il ne reste plus qu’à brûler le pays médiatiquement et l’écarteler, le démembrer, en morceaux sous les bombes de l’OTAN, avec la bénédiction déculpabilisante des résolutions de l’ONU…

 

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Place des Omeyyades à Damas – immense manifestation du Peuple Syrien contre les ingérences étrangères - 17 juillet 2011

 

 

Alors, qu’importe que la Syrie ait accueilli à bras ouvert de multiples populations au cours de sa longue histoire ?... Les juifs chassés d’Espagne par les chrétiens au XV° siècle et ceux chassés par les pogroms tsaristes au XIX° siècle. Les 500.000 réfugiés Palestiniens subissant la spoliation de leur terre et les nettoyages ethniques récurrents depuis la Nakba en 1948 jusqu’à nos jours, avec ses villages détruits par centaines, ses oliviers rasés par milliers. Les 2 millions de réfugiés Irakiens, suite à la destruction méthodique de leur pays par l’Empire et ses vassaux…(12)

 

Qu’importe qu’une partie de son territoire, le Golan, soit toujours occupé malgré les résolutions de l’ONU et les engagements internationaux ? Qu’importe qu’il soit régulièrement survolé et même bombardé par avions et navires de l’Occident ?

 

Qu’importe que lui soient imposés « sanctions » et « embargos » aussi illégaux qu’injustes par l’Empire et ses vassaux, entravant le pays dans le financement de son commerce extérieur et intérieur, son transport aérien et maritime, son système bancaire, la légalisation d’un marché des devises, encourageant ainsi contrebande, corruption et marché des changes parallèle ?... (13)

 

Qu’importe, malgré ces obstacles permanents, le peu de ressources naturelles par rapport à ses voisins de la région, le poids des réfugiés de toutes nationalités représentant 15% de sa population, que la Syrie connaisse un taux de croissance moyen de 5% par an, avec une dette extérieure de 8% du PNB (un des moins endetté au monde), des investissements multipliés par 12 depuis 2001, des exportations doublées depuis 2000… (14).

 

Qu’importe qu’en Syrie il y ait, depuis une quinzaine d’années, une évolution politique inconnue chez une dizaine de pays “alliés” de l’Occident dans la région :

« … un parlement élu où siègent les représentants de différents partis politiques, dont un parti communiste … les femmes disposent dans les institutions syriennes des mêmes droits que les hommes… le gouvernement […] compte en son sein plusieurs femmes à des postes majeurs… les élections […] ne se différencient guère des pratiques électorales du Maroc ou de la Jordanie pourtant présentés comme des modèles de démocratie en marche… » ? (15)

 

Qu’importe que la Syrie ait été diffamée pendant des mois par La Communauté Internationale et ses instruments de propagande, sous l’égide de l’ONU, au prétexte qu’elle aurait organisé l’attentat contre le premier ministre libanais Hariri ? Pour reconnaître ensuite que ce n’était pas le cas… Sans regret, excuses, ni sanctions à l’encontre les diffamateurs et leurs relais…

 

Qu’importe que dans le contexte de tensions, de menaces, et d’agressions incessantes qu’il subit, le pays se soit organisé en gouvernement d’union nationale, qu’il tienne à son droit à l’autodétermination, au respect de sa souveraineté nationale ?

 

 

Le Saut du Cabri 

 

Pourquoi cet acharnement de l’Occident contre la Syrie ?...

 

Très simple à comprendre : le Moyen-Orient doit être morcelé en micro-Etats “ethnico-confessionnels” sous tutelle israélienne. Plan géostratégique exposé, détaillé, en particulier, par Oded Yinon dans la revue Kivunim (Orientations) publiée par l’Organisation Sioniste Mondiale à Jérusalem, le 14 février 1982. Trente ans déjà…

 

Avec l’objectif clairement affirmé, revendiqué, dans la légitimité et l’impunité de son bellicisme :

« L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces Etats ». (16)

 

Meilleur moyen ?... Devenu à présent un classique : l’intervention de l’OTAN sous couvert de sauvetage humanitaire dans une guerre civile. En agissant sur deux plans :

 

1.  Créer les conditions réelles, ou même apparentes, d’un conflit entre groupes ethniques, religieux, qualifiés « d’opposants au régime ».
Dans le cas de la Syrie, ce ne sont pas des manifestations similaires à celles de Tunisie ou d'Egypte qui ont surgi, pacifiques, toutes tranches d’âge et de conditions sociales réunies sur des places publiques pour manifester dans une ambiance festive et solidaire. Mais de véritables raids de commandos parfaitement organisés avec des snipers équipés de fusils à longue portée. (17) Opérations coups de poing se déroulant, par rotation, de la frontière jordanienne à la frontière turque. Beaucoup de militaires et de policiers ont été ainsi tués et des administrations publiques brûlées. Les morts étant systématiquement attribués au « régime » à renverser.

 

Deux opérations d’envergure ont retenu l’attention par leur mode opératoire, démontrant une puissante organisation logistique avec l’apport d’éléments infiltrés, couplée à une mise en scène de la désinformation médiatique immédiatement diffusée à l’échelon des pays membres de l’OTAN :

=> Le mitraillage de nuit d’un convoi militaire (simples camions bâchés), sur l’autoroute côtière de Lattaquié, par un commando débarqué puis exfiltré à partir de la mer. Probablement par un sous-marin. La propagande occidentale faisant état, plusieurs jours de suite, d’exécutions sommaires de militaires par des « policiers fidèles au régime » du fait qu’ils refusaient de tirer sur la foule. Le récit des survivants et des blessés, officiers et soldats, n’a jamais été diffusé par nos médias. Leurs témoignages concordants font tous état d’une embuscade menée par des professionnels “hautement qualifiés”… 

=> L’attaque surprise et l’occupation de la localité de Jisr al-Choughour par des commandos puissamment armés et cagoulés. Massacrant tous les représentants de l’ordre, jetant les corps dans deux charniers. Incendiant les bâtiments publics. Terrorisant la population, entraînant de force plusieurs dizaines d’habitants, avec leurs enfants, de l’autre côté de la frontière turque. Afin de simuler l’exode de « milliers » de syriens « fuyant la répression du régime », hébergés dans des tentes, devant des caméras de TV de la propagande. Désinformation complaisamment relayée par nos médias, faisant état d’au moins 10.000 réfugiés, etc.

Les 198 habitants enlevés ont tous pu retourner en Syrie, le 18 juillet dernier, libérés par le commando une fois l’opération d’intox terminée et dans la crainte d’une opération militaire turque. Les tueurs s’exfiltrant par la partie turque du Kurdistan.

 

 

2.  La « diabolisation du régime » par une désinformation qui atteint une dimension délirante, rappelant la période précédant l’invasion de l’Irak par l’Occident. Nombreux sont ceux qui ont compris et réagi devant ce cumul de contrevérités, prenant souvent des tournures rocambolesques. Comme celle de « la lesbienne syrienne persécutée par le régime », qui était en fait un américain gérant cette opération mensongère depuis un site en Ecosse…

 

Le refrain principal, obsessionnel, de la propagande est "le nombre de morts", ne cessant d’augmenter dans une progression exponentielle. Il est frappant de voir les médias énoncer des morts par ville et village, mais être incapables d'établir le nombre des victimes des bombardements et tueries effectués par les membres et associés de l’OTAN en Irak, en Afghanistan, à Gaza, au Liban ou ailleurs.

 

Avec d’autant plus d’aisance que les sources sont invérifiables, se reprenant en boule de neige, d’une agence à l’autre, d’un média à l’autre, se citant les uns les autres à partir d’un courant d’air. Dans l’inflation. Officiellement, les “sources” seraient : des organisations humanitaires sans préciser lesquelles, des particuliers « sous réserve d’anonymat », des comités de coordination régionale inconnus, des groupes de l’opposition… Toute une faune, aussi bigarrée que fantomatique. Le principe est simple : tout mort, se multipliant comme des petits pains, est le fait des « partisans du régime ».

 

Dans cette arnaque à l’information, sur le fond et la forme, prenons au hasard un exemple caricatural des multiples dépêches d’agence : celle de l’agence Reuters du 19 juillet 2011, qui précise que 10 personnes ont été tuées à Homs. (18)

 

Quelles sont les sources de l’agence de presse ? Un « comité de coordination régionale », nous n’en saurons pas plus. Les responsables de ces morts ? Même pas les "forces de l’ordre", ou les "policiers du régime". Non, on passe à un degré supérieur dans la personnalisation de la diabolisation : ce sont « les partisans du président syrien »… Donnant ainsi le titre de la dépêche : Les partisans du président syrien tuent 10 personnes à Homs.

 

Les Syriens ont compris la manipulation par l’Occident de leurs souhaits et espoirs. Contrairement aux schémas de la propagande des membres de l'OTAN, ils aspirent à une évolution démocratique de leur pays, dans la prospérité et la paix. Mais, refusent l’ingérence étrangère. D’immenses manifestations, se sont déroulées dans les principales villes, notamment les 17 et 18 juillet 2011, pour signifier leur volonté d’indépendance nationale, leur droit à l’autodétermination. Bien sûr, aucun média de l’Empire n’en a fait état. Aucune image. Aucune vidéo… L’autocensure de nos médias…

 

Le rejet de l’intervention des puissances étrangères est clair : les Syriens ne veulent pas subir, comme l’Irak ou la Libye, un pseudo « comité de transition » composé "d’opposants bidons" soi-disant en exil qu’ils considèrent comme d’authentiques « collabos », figurant depuis des années sur les livres de paye des services secrets occidentaux. Pour les Syriens, l’évolution de leur pays viendra de l’expression populaire de l’intérieur, et non pas des « vendus à l’étranger » camouflant les manœuvres de l’Empire.

 

Evidemment, il ne s’agit pas de défendre un régime par rapport à d’autres. Ou ignorer absence d’alternances, emprises de la corruption chez les uns et pas chez les autres.

Qui ne souhaite pas « La Démocratie », pour tous ? De Gaulle disait que la construction européenne ne consistait pas à « … crier  “l’Europe !”, en sautant comme un cabri ». Il en est de même pour « La Démocratie ». Une lente et permanente construction, avec ses avancées et ses régressions, en Syrie ou ailleurs, comme chez nous.

 

Notre diplomatie doit-elle continuer à hystériser, s’impliquer dans une politique extérieure imposée par des Etats étrangers, réputés être des « alliés », fondée sur l’agression et l’arrogance, contraire aux valeurs que nous prétendons représenter, et à nos propres intérêts ?

 

Sachant que les prétentions de l’Occident, au Moyen-Orient, ne résisteront pas au Temps. Malgré la violence de son idéologie conquérante dissimulée sous le masque démocratique ou humanitaire pour anesthésier son opinion publique, sa propagande hallucinée de mensonges permanents, l’utilisation de sa force militaire jointe à la menace de son arsenal nucléaire. Ses implantations coloniales directes ou indirectes, ne pourront s’opposer à l’évolution et aux réalités de l’Histoire. Encore moins, celles fondées sur l’imposition d’un apartheid organisé selon des discriminations religieuses. L’effondrement des royaumes francs ou latins, imposés par les Croisades, en témoigne.

 

Notre diplomatie n’est pas un vecteur d’idéologie à la disposition servile d’intérêts étrangers au destin de notre pays, mais un outil d’analyse géopolitique, de compréhension, de résolution, et non pas de création, des tensions et conflits. Proposant respect mutuel, conciliation, dialogue, et coopération pour enrayer radicalisation et surenchère.

 

La paix, lorsqu’on la souhaite véritablement, nait de la coopération économique et culturelle. Non pas du mépris, de la menace, de la diabolisation, de l’agression. Surtout au Moyen-Orient, le plus grand foyer actuel de tensions et de risques de guerre mondiale.

 

C’est une action d’apaisement, de désarmement atomique, d’incitation au respect du droit international qui doit être encouragée. Une action d’incitation à l’application des multiples résolutions de l’ONU non encore mises en œuvre à ce jour, notamment en Palestine. Certaines depuis plus d’un demi-siècle.

 

Paroles et actions de Paix, avant tout. Telles devraient être les priorités de la politique étrangère de la France.

 

Mais, qu’importe ?...

 

Comme ils viennent de le faire pour la Libye. Dans l’euphorie de la veulerie pour ne pas changer, les “représentants du Peuple Français” à qui ils ne demanderont surtout pas son avis, dans un vibrant élan pour « la promotion de La Démocratie - la défense de notre civilisation et de nos libertés… » nos députés voteront la guerre coloniale contre la Syrie.

 

Qui ne nous a rien fait. Ni, menacés. Ni, provoqués.

 

Et, nos Gouraud d’aujourd’hui astiqueront frénétiquement leurs bottes, devant TV et imprécateurs de la propagande, rêvant d’en essuyer les semelles sur la tombe de Saladin.

 

La France asservie…                                       

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Richard Labévière, Talal El-Atrache, préface d’Alain Cholet, cartes réalisées par Hugues Dumont, Quand La Syrie s’éveillera…, Editions Perrin, 2011, p. 39.

(2)  Général Henri Gouraud (1867 – 1946). Amusons-nous de constater que dans Wikipedia son rôle au Moyen-Orient se limite à 3 lignes, avec la mention sirupeuse : « Gouraud débarque à Beyrouth en 1919 ; il y reçoit un accueil chaleureux ». L’inoxydable désinformation …

(3)  Julie d’Andurain, Le général Gouraud durant la grande Guerre, http://crid1418.org/doc/textes/gouraud_dandurain.pdf, (note 10).

(4)  Lire le témoignage d’une française sur ces pratiques, Alice Poulleau. Choquée par la sanguinaire répression des autorités d’occupation françaises, et sa mise en scène macabre, lors des massacres de Damas pendant la révolte syrienne de 1924-1926.

Extrait de son livre : Damas sous les bombes. Journal d’une Française pendant la révolte syrienne (1924-1926), in Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit. p. 44.

(5)  http://fr.wikipedia.org/wiki/Syrie_mandataire

(6)  L’omerta est assurée avec vigilance par nos historiens sur ces massacres de masse, d’une incroyable barbarie, programmés et gérés par notre appareil colonial à partir de  mai 1945. Bien avant les tueries des guerres d’indépendance, on estime l’ensemble des populations civiles exterminées par la France dans ses “possessions coloniales”, sous l’appellation « d’opérations de pacification » sur trois ans 1945 -1948, à plus de 300.000 personnes. L’équivalent des massacres de Nankin par les Japonais.

Rien qu’à Sétif et ses environs, plus de 50.000 personnes massacrées. A Madagascar (le summum en 1947), plus de 100.000 personnes assassinées par nos forces armées aidées des colons organisés en milices, suivant le même procédé opératoire. Une orgie de violences cauchemardesques.

(7)  L’ONU condamne l’attaque des ambassades américaine et française en Syrie, Le Monde, 13 juillet 2011, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/07/13/l-onu-condamne-l-attaque-des-ambassades-americaine-et-francaise-en-syrie_1548073_3218.html#ens_id=1481132

(8)  Cf. publication en ligne du  philosophe Manuel de Diéguez, “Les imbéciles n’apprennent que par l’expérience” (Voltaire), notamment § 3 : « Guérit-on de l’esprit de servitude ? », 10 juillet 2011.

(9)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit.

(10)  Précision pour nos amis lecteurs non francophones utilisant la traduction automatique, DGSE : Direction Générale de la Sécurité Extérieure. Autrement dit, les services secrets français à vocation "théâtre de renseignement et d’opération" hors du territoire français.

(11)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., préface d’Alain Cholet, p. 9 – 10.

(12)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 28.
(13)  Tout particulièrement, le Syrian Accountability Act voté par le Congrès américain en mai 2004, unilatéralement et en infraction au droit international, repris et appliqué servilement par les autres gouvernements occidentaux…
(14)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 97-98.
(15)  Alain Cholet, préface, Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 10.

(16)  Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 84.
(17)  Dont des mercenaires, grassement rémunérés, issus des féroces milices chrétiennes du Liban à la solde des services secrets occidentaux qui se sont illustrées de longue date dans les massacres des Palestiniens, (notamment les camps de Sabra et Chatila lors de l’invasion du Liban par Israël), les dynamitages de mosquées et lieux de pèlerinage (chiites et sunnites) en Irak (oui, ces milices travaillent aussi à “l’export”…) pour créer les conditions d’une guerre civile à dominante religieuse, et autres opérations d’assassinat.

Maitrisant parfaitement les habitudes et dialectes locaux, bénéficiant de solides couvertures identitaires et d’un support technologie du plus haut niveau (télécommunications, en particulier), ces commandos et cellules de tueurs sont « indétectables »…

(18)  Agence Reuters, Les partisans du président syrien tuent 10 personnes à Homs , 19 juillet 2011.

 

 

 

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 08:43

 

 

 

Saisissant contraste …

 

A Doha au Qatar, dans l’ambiance triomphaliste des grandes agapes coloniales des siècles passés, l’Empire et ses vassaux, servilement encensés par les pétromonarchies corrompues et sanguinaires de la région, viennent de se partager les dépouilles de la Libye. Sur fond de bombardements et de carnages.

 

Accessoirement, intronisant les « marionnettes-révolutionnaires » chargées d’exécuter les directives du dépeçage en tant que “gouvernement officiel et démocratique” de leur nouvelle possession.

 

Pratique d’une époque révolue, dans l’aveuglement, la violence, l’arrogance d’un Empire finissant

 

Au même moment sur un autre continent, le 14 avril 2011, se tenait une réunion beaucoup plus riche de sens pour la planète, porteuse de changement. Dans l’indifférence des médias, politiciens, et financiers occidentaux. Tout au plus, la condescendance lorsqu’il leur arrivait de l’évoquer.

 

A Sanya, sur l’île de Hainan dans le sud de la Chine. Une des vitrines touristiques de la Chine.

 

Un mot sur cette splendide île, délicieusement tropicale, au printemps éternel avec une température moyenne de 25°. Magnifiques plages de sable fin au pied de montagnes, sources minérales et forêts. Centres de thalassothérapie réputés et établissements hôteliers d’une qualité de service au niveau exceptionnel. Attirant une clientèle venant de Chine même (notamment Hong Kong), du Japon et autres pays asiatiques (1), mais aussi de Russie et pays européens.

 

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S’y retrouvaient, pour la troisième fois, les chefs d’Etat du “BRIC”. Groupement réunissant de manière informelle : Brésil, Russie, Inde et Chine. Après Iekaterinbourg, en Russie, le 16 juin 2009 ; puis Brasilia, le 16 avril 2010, au Brésil.

 

Confirmant l’esquisse de l’inéluctable basculement géopolitique en cours, dès 2025 – 2050. Pas seulement l’émergence de l’Asie-Pacifique comme première puissance économique. Celui du monde de demain, affranchi de l’hégémonie de l’Empire. Innovation : l’Afrique du sud, South-Africa, a été admise officiellement dans ce “club”, le BRIC devenant BRICS… D’autres pays se joindront ultérieurement. Le prochain ? Probablement, la Turquie pour représenter le Proche Orient.

 

Bien sûr, l’avenir de nos collectivités n’en sera pas révolutionné si les pensées restent coincées sur le "libéralisme sauvage", la "mondialisation" du charabia des hypocrites, dans son fonctionnement actuel. Evidemment, les membres du BRICS sont loin d’être des modèles de justice sociale et économique. Ils n'annoncent pas l'instauration du paradis sur Terre, confrontés qu’ils sont à de colossaux enjeux de développement “équilibré”.

 

Toutefois…

 

Une population de 3 milliards d’habitants, environ 45 % de la population mondiale. En 2010, les pays du BRICS ont assuré 60 % de la croissance mondiale, et absorbé plus de 50 % des capitaux internationaux. Représentant près de 20 % des échanges commerciaux internationaux et du PNB mondial. PNB qui va progressivement doubler, atteignant 31 % dès 2020, dans moins d’une décennie, alors que les économies occidentales sont en récession.

 

Pas plus que sur les ricanements et soupirs des sceptiques du BRICS, ne nous focalisons sur les indicateurs économiques, démographiques, et inévitables discours officiels. L’important se trouve aussi dans ce qui ne s’énonce pas, off the record, les non-dits, avant, pendant et après ce sommet de chefs d’Etat : travaux préparatoires, réunions de travail, créations des commissions techniques, études multilatérales et confidentielles, entretiens en aparté. Que retenir ?

 

Cinq points :

1. Gestion du naufrage de l’Empire

 

L’idée-force de ce sommet est simple, mais détermine un ensemble de mesures, d’orientations, de choix, qui vont marquer les décennies à venir. L’Humanité se doit de préparer le monde de demain non pas « contre l’Empire », mais devant son incapacité à s’adapter : « sans lui ». Les vingt dernières années démontrent son inaptitude à maîtriser ses propres dysfonctionnements, exerçant leurs ravages sur le reste du monde.

 

Ce lent et chaotique naufrage de l’Empire, dans la déliquescence de ses institutions et son abyssal endettement, inquiète par le développement accéléré de deux pathologies géopolitiques extrêmement dangereuses :

 

i)  Idéologie de l’hyperviolence

 

L’appareil militaro-industriel de l’Empire est devenu ingérable. A lui seul, le budget militaire annuel des USA de 1000 milliards de dollars représente plus de 10 fois celui de la Chine dont la population est quatre fois supérieure. Autant que l’ensemble des budgets militaires des autres pays de la planète. Chiffre qu’il convient de doubler si on ajoute celui de l’Union Européenne et des autres pays occidentaux (Australie, Canada, Corée du Sud, Japon, Nouvelle-Zélande, Taïwan, etc.).

 

Une telle puissance incontrôlée, fanatisée, constitue une menace permanente pour la paix mondiale, générant, dictant une idéologie fondée sur la résolution armée des conflits d’intérêts, la croyance que seules les « solutions » aux problèmes de nos collectivités et de leur cohabitation sont répressives, sécuritaires et militaires.

 

ii)  Spéculation mondialisée

 

Le développement économique, tel que l’impose l’Empire, est perverti par un système financier qui fonctionne non pas en « régulateur »,  mais en « générateur » de crises. La « spéculation-prédation » étant le maître d’œuvre dans la gestion des pays et nations, imposant ses mécanismes aléatoires d’économie-casino aux ressources énergétiques et minières ; de plus en plus, aux produits alimentaires et à l’eau.

 

Cette volonté de puissance, aberrante dans son fonctionnement et sa finalité, est incompatible avec l’impératif pour le BRICS d’assurer la sécurité alimentaire et sanitaire de ses populations, se chiffrant en dizaines voire en centaines de millions ; de les sortir rapidement d’une pauvreté ou d’une précarité devenues explosives.

 

 

2.  Gestion de l’émergence de l’Afrique

La main tendue à l’Afrique s’est concrétisée par l’intégration de l’Afrique du sud, 50 millions d’habitants, dans le BRICS. Normalement d’autres Etats africains, plus peuplés, au potentiel plus large et diversifié, auraient pu précéder ce pays. Le Nigéria riche de son pétrole par exemple, 155 millions d’habitants en 2009, mais rongé par des guerres civiles larvées, récurrentes ; ou encore, le Maghreb s’il avait instauré une union économique.

 

Acte symbolique, de charité à l’égard de l’Afrique ? Non. La prise en compte lucide d’un fait : le plus fort taux de développement, de croissance, va se produire le siècle prochain sur ce continent immensément riche des prodigieuses ressources de son sous-sol. Auxquelles s’ajoutent les talents inexploités de ses hommes et femmes. Dès que sera mis fin à son pillage. Dès l’écroulement de l’Empire.  

 

L’attitude actuelle de la France dans la sauvagerie d’une extraordinaire régression coloniale en Côte d’Ivoire, rappelant les tueries et manipulations au Cameroun et ailleurs en Afrique, témoigne de la féroce crispation de l’Empire sur ses « possessions » et chasses gardées. Son refus d’accepter l’autodétermination, la pleine indépendance des peuples et nations de ce continent.

 

En fait, dans cette démarche le BRICS lance une invitation aux groupes miniers internationaux : repenser de nouvelles configurations, relations, partenariats, à la lumière des rapides évolutions et contraintes en cours. Ce sont ces groupes miniers « mondialisés » qui “administrent” l’Afrique du sud, dans la misère de son peuple, et le reste du continent. Qui pillent l’Afrique, à l’abri d’autocraties sélectionnées sous travestissement électoral.

 

Ce « Business Model » est à revoir. Obsolète. Tout en la formatant en interaction, suivre aveuglément l’idéologie de l’Empire fondée sur la spoliation, l’accaparement, des richesses minières et énergétiques des pays mis sous tutelle armée : terminé. Sont venus les temps de la réflexion et de la remise en cause du schéma d’exploitation coloniale de la planète. Ceux qui l’auront compris seront gagnants. Les autres…

 

 

3.  Promotion du dialogue et de la coopération entre nations 

 

Les membres du BRICS estiment qu’il leur revient de jouer un rôle modérateur dans la politique internationale et casser le monopole actuel des pays occidentaux dans l’orientation de cette politique.  Avec, là encore, une réforme inéluctable : celle du Conseil de Sécurité, et autres instances de direction de l’ONU. 

 

Une volonté, une obligation, communes s’appliquant aux relations internationales ont été fermement rappelées :

« Tout différend doit être résolu par des moyens pacifiques et par le dialogue ». (2)

 

Martelé, jusque dans la déclaration finale du sommet (Sanya Declaration) :

« Nous partageons le principe que l’usage de la force doit être évité ».

 

Le représentant de l’Inde, Singh, a tout particulièrement insisté en séance plénière, sur la nécessité, l’urgence d’une “résurrection”, d’un renforcement, d’un « authentique » droit international :

« Nous soutenons un ordre mondial fondé sur des règles claires et partagées par tous. Dans le respect des systèmes politiques et des niveaux de développement de chacun. Notre priorité est le rapide développement socio-économique de notre peuple et de ceux qui partagent le même destin. Notre coopération n’est dirigée ni contre ni au dépens des autres. » (3)

 

La position du BRICS, sur ce plan, est déjà une réalité entre pays membres.

 

Il est frappant de voir des pays aux contentieux frontaliers épineux, douloureux, car chargés de guerres et de tensions dans le passé, se respecter, se parler, coopérer, échanger, construire, envisager l’avenir ensemble : Inde et Chine dans l’Himalaya, Russie et Chine sur des tracés entre Sibérie et Manchourie, et autres énormes espaces qu’ils partagent.

Un exemple, pour les autres pays. Tout spécialement, ceux composant le Maghreb empêtrés dans leurs stériles et interminables disputes sahariennes

 

 

4.   Promotion du commerce et des investissements entre membres du BRICS

 

Certainement, le domaine où la coopération se révèle la plus facile et efficace. Le volume du commerce et des échanges, entre pays du BRICS, connaît une progression annuelle de 30 % par an. Il va être démultiplié. La Chine est déjà le premier investisseur étranger au Brésil, le premier partenaire commercial de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du sud.

 

Reste à contourner le « protectionnisme technologique » des pays occidentaux, refusant d’exporter, de vendre ou de partager, même par la cession de brevets, leurs avancées technologiques. Aucun problème : la R & DResearch & Development (Recherches et Applications) est érigée en priorité du BRICS. Universités, centres de recherche vont être mis progressivement en réseau.

 

Développer les recherches scientifiques et l’innovation entre membres devient ainsi un objectif majeur. Notamment, dans les secteurs de la santé (“indépendance pharmaceutique”), du développement durable, de l’écologie. Sans oublier les volets éducation et culture.

 

 

5.  Réforme du système financier international

 

Le BRICS est sans illusion sur les manœuvres dilatoires de l’Empire bloquant toute réforme du système financier international. A commencer par la refonte du FMI, Banque Mondiale, OMC, et autres organismes internationaux, afin de prendre en compte les changements en cours dans l’économie mondiale et la voix, ou les aspirations, des puissances économiques émergentes ou des pays moins développés.

 

Deux priorités sur ce plan :

 

=> La maîtrise de la volatilité des prix des produits agricoles

 

La spéculation internationale, avec ses ramifications locales, est considérée comme inacceptable. Des groupes de travail sont mobilisés pour la contourner entre membres du BRICS. Et, pour l’éradiquer sur le plan international. Jusqu’à l’inclure parmi les crimes contre l’Humanité…

 

=> L’indispensable réforme du système monétaire international

 

Officiellement, le principe a été rappelé d’une urgente réforme portant sur ces mécanismes, afin d’instaurer un système procurant stabilité et sécurité. En language diplomatique:

"A broad-based international reserve currency system providing stability and certainty."

 

En clair : un système monétaire qui ne soit plus fondé sur le monopole du dollar dans les transactions et les réserves monétaires. D’où la création extrêmement stimulante, quant aux perspectives et conséquences, de “groupes de réflexion” sur l’éventualité d’une monnaie commune entre membres du BRICS, différente du dollar et de l’euro… (4)

 

Finalement…

 

Le BRICS deviendrait-il le seul espace de rencontres de chefs d’Etat réfléchissant sur l’avenir des communautés humaines d’où serait bannie la rhétorique médiévale, inquisitoriale, diabolisante, des croisades "humanitaires" et "civilisatrices" rythmées par les tambours de guerre : sanctions, embargos, occupations, bombardements ?...

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Curieux, d’y rencontrer des vacanciers Thaïlandais fuyant Phuket, Indonésiens Bali, Indiens Goa, hauts lieux de villégiature progressivement envahis par un tourisme occidental gangréné de beuverie industrielle, drogue et prostitution, dans des rassemblements nocturnes “techno” assourdissants, sur les plages…

(2)  Liu Linlin, BRICS set out global agenda, Global Times, 14 avril 2011,  http://china.globaltimes.cn/diplomacy/2011-04/644817.html

(3)  Wu Jiao & Li Xing, Leaders call for peace and prosperity, China Daily, 15 avril 2011, http://europe.chinadaily.com.cn/china/2011-04/15/content_12330957.htm

(4)  Dmitriy Astakhov, BRICS summit pushes for IMF reform, RT, 14 avril 2011, http://rt.com/politics/brics-summit-imf-reform/

 

 

Photo : Coucher de soleil sur une plage de Sanya

 

 

 

 

 

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 16:38

 

 

« Operation Earnest Voice (OEV) est le programme fondamental qui regroupe moyens et ressources pour synchroniser nos activités opérationnelles d’Information […] via les médias traditionnels, mais aussi les sites internet ou encore les blogs.
Dans chacun de ces domaines, nous suivons le principe que nous avons appliqué en Irak, celui d’essayer d’être “les premiers avec la vérité” ».

General David H. Petraeus (1)

 

 

 

Dupés. Bernés. Floués.

 

Reconnaissons-le.

 

Encore une fois, l’opinion publique conditionnée, tétanisée, dans son écrasante majorité, a foncé tête baissée dans le panneau. Avec une remarquable maestria, une foudroyante réactivité, la propagande de l’Empire a su faire assimiler son agression coloniale en Libye à la “protection” d’une révolte populaire semblable à celles de la Tunisie ou de l’Egypte.

 

Car, il n’y a pas plus de volonté de protéger le peuple Libyen par les Occidentaux qu’il n’y a eu de massacres de population libyenne par son dictateur. Ainsi qu’en témoignaient les réactions des premiers “expatriés européens” à leur descente d’avion, devant micros et caméras. Témoignages rapidement occultés, par la suite…

 

Soulignant que jamais ne s’étaient produites des manifestations réunissant toutes les couches sociales, avec femmes et enfants, sur une place publique, face à une présence massive et violente de forces de répression, comme Egyptiens et Tunisiens en avaient longuement vécu l’expérience et partagé l’émotion.

 

La Libye reste avant tout une société tribale où chacun bénéficie de la protection de son clan. Son dictateur n’est pas plus, ou est tout autant, sanguinaire, corrompu, débauché, et autres qualificatifs, que ceux protégés par l’Empire dans la Péninsule Arabique, en Asie Centrale, en Amérique latine, en Afrique subsaharienne, ou ailleurs, quand ils se conforment à ses diktats.

 

cartoon-peace-mcdonald honduras

 

“Philosophie” de la canonnière

 

Il s’agit tout simplement d’un coup d’Etat, minutieusement préparé à l’instigation des puissances coloniales, sur fond de partition, de sécession, semant guerre civile, chaos et anarchie dans le pays. 

 

Le pivot étant la ville de Benghazi, dans l’est de la Libye, s’opposant à Tripoli au cœur des provinces de l’ouest fidèles au dictateur actuel. Cyrénaïque contre Tripolitaine. Benghazi, fief des tribus Zuwayaa et Senoussi, d’où était issue la dynastie du dernier roi Idriss, un Senoussi, renversé lors du Coup d’Etat de Kadhafi en 1969.

 

Ces “monarchistes” sont regroupés autour de l’ancien ministre de la justice Mustapha Abdel-Jalil, connu par ses propres concitoyens pour sa corruption effrénée et son appartenance à la CIA. (2) Ce qui explique l’apparition subite de milliers de drapeaux monarchistes, aux trois couleurs, pavoisant Benghazi dès le premier coup de feu, et bien d’autres bizarreries ou incohérences dans les bobards de la propagande...

 

Pris au milieu d’un règlement de comptes entre deux bandes de gangsters, celle du clan d’un dictateur et celle des prédateurs de l’Occident n’aspirant qu’à le remplacer par des marionnettes plus dociles, tel est le sort du peuple Libyen. Assistant impuissant à la régression de son pays au niveau de la Somalie ou du Soudan, dans un déchirement entre tribus rivales, une guerre fratricide entretenue par les Occidentaux. (3)

 

Comment ne pas éprouver compassion et honte, à la fois ?...

 

L’apparition bondissante, d’un plateau TV à un micro radio, d’un BHL, son omniprésence, dans tous les médias francophones, (4) étaient pourtant la signature d’une arnaque de l’appareil de désinformation. Volant au secours d’un Juppé, notre ministre des affaires étrangères à peine capable de lire le texte imposé par notre suzerain et de sourire béatement devant les caméras, pour vendre cette expédition coloniale. Cette énième mise en scène destinée légitimer ce qu’on appelait, au XIX° siècle, la “diplomatie de la canonnière”…

 

Son histrionisme exalté, son fanatisme à la Torquemada, confits de mépris et d’appels à la haine, avaient rythmé l’anéantissement de l’Irak sous les bombes et les mensonges de la propagande. Donnant d’autant plus de relief à son silence, pendant des semaines, lors de l’écrasement dans le souffle et le feu des explosions, obus à uranium appauvri, et épandages de phosphore blanc, de milliers d’innocents : Liban, juillet 2006 ; Gaza, décembre 2008 - janvier 2009…

 

Mutisme de cette Belle Ame, tout aussi monumental, sur les horreurs des dictatures de Ben Ali en Tunisie ou de Moubarak en Egypte. Tout aussi verrouillé, quand il s’agit des pétromonarchies écrasant la révolte de leurs peuples sous la répression depuis des décennies : Bahreïn, Yémen, Arabie Saoudite, Jordanie, Oman, Emirats Arabes Unis. Régimes aussi barbares que pourris, ne connaissant aucun bureau de vote. Seule la Jordanie s’autorisant des simulacres électoraux…

 

Cultivant le mensonge avec un incommensurable culot lors de l’agression par la Géorgie, avec l’assistance de l’Empire et son bras armé l’OTAN, des provinces autonomes du Caucase Russe en août 2008. Contre toutes les évidences, faits et preuves, il n’hésitait pas une seconde à affirmer que c’était la Russie l’agresseur…

 

Alors, entendre un BHL se vanter dans tous les médias français d’avoir "présenté" les dirigeants du Conseil National de Transition de Libye (le mystérieux et autoproclamé CNT) à Sarkozy donne une idée de ce qui est, et était, en train de se préparer… Cela me rappelait son acharnement à vouloir introniser officiellement le Commandant Massoud auprès du gouvernement français de l’époque. Alias "le lion du Penshir" dans nos médias, féodal, chef de guerre, grand baron de l’opium et un des plus fidèles pions de la CIA en Afghanistan. Plus “indépendant” que notre gouvernement actuel, il avait flairé l’embrouille…

 

 

Cynisme et casuistique

 

Le cynisme de l’homme, posant en sauveur de la Civilisation, n’est pas une surprise, mais une norme. Après tout, cette  nouvelle guerre contre un pays arabe producteur de pétrole vient d’être lancée par un Prix Nobel de La Paix, faisant office de “président” de l’Empire. Postures clonées par tous les charlatans cathodiques, payés pour entretenir le ronronnement de la désinformation dans nos médias : experts en stratégie, politologues, spécialistes du monde arabe, géopoliticiens. Lui, nullement gêné par l’imposture, c’est en « philosophe » qu’il interpelle la planète…

 

Ethique…. Morale… Connaissance de l’Autre… Logique… Méthodologie d’analyse… Où est la « philosophie » dans sa logorrhée belliciste, du niveau de la rhétorique des animateurs médiatiques des JT, singeant leurs ancêtres des “actualités cinématographiques” qu’on peut apercevoir dans certains documentaires sur nos désastres coloniaux : expédition de Suez, guerre d’Indochine, guerre d’Algérie ?… Mots, argumentations, triomphalismes, identiques, devant les indispensables exploits des glorieux militaires à la pointe du combat et de la technologie, pour écraser les ennemis de La Liberté

 

Plus préoccupant que les gesticulations de ce propagandiste, archétype de l’habitus colonial de notre caste au pouvoir, est de voir des hommes politiques, se disant hostiles aux néoconservateurs US dictant notre politique étrangère, au premier claquement de doigts prêter allégeance à l’Empire !... Dans une casuistique acrobatique, rappelant les discussions byzantines sur le sexe des anges.

 

La conscience tranquille, approuvant une "zone d’exclusion aérienne" pour protéger une résistance populaire qu’ils comparent, dans un analphabétisme géopolitique sidérant, à la Guerre civile d’Espagne de 1936. Dès lors que la décision est avalisée par l’ONU. Quand on sait les ravages que cela entraîne, liés à un embargo inhumain, pour les pays qui les subissent, comme l’Irak avant sa pulvérisation définitive…

 

« L’ONU, rien que l’ONU, toute l’ONU », comment claironner, ânonner pareille stupidité ? Me faisant penser à ces preux chevaliers s’enrôlant dans une « guerre juste », « l’âme en paix » : ils avaient reçu la bénédiction papale. Clamant, avant de charger sur leurs destriers : « Au Diable les dégâts collatéraux ! Dieu reconnaîtra les siens ! ».

 

Ont-ils oublié que l’ONU, depuis sa création, n’est que la chambre d’enregistrement des décisions, pillages et atrocités de l’Empire ?...

 

L’ONU n’a jamais été capable de protéger les populations civiles, de faire respecter les Conventions de Genève, de faire appliquer le droit international, ne serait-ce qu’au cours des atroces guerres d’indépendance coloniales : Afrique du sud de l’apartheid, Algérie, Angola, Guinée équatoriale, Indochine puis Vietnam, Kenya, Mozambique, et tant d’autres. Massacres, blocus, de Palestine et de Gaza, de Yougoslavie et d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan, centres de torture de Guantanamo, Abu Ghaïb, Bagram, resteront des hontes ineffaçables pour l’ONU.

 

Ont-ils oublié que de multiples pays sont pillés par les groupes miniers occidentaux avec l’aval de l’ONU légitimant partition et mise sous tutelle, du Congo (ex-Belge notamment) au Timor oriental, en passant par le Darfour et la pantalonnade de la sécession du sud-Soudan ?... L'ONU incapable de faire respecter ses propres résolutions en Palestine, incapable de faire respecter des élections libres, des gouvernements légitimes, renversés dans des coups d’Etat militaires en Amérique latine, en Algérie, au Burkina, au Togo, en Côte d’Ivoire, en Indonésie, et ailleurs…

 

Et Martin Nesirky, porte-parole du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, d’affirmer sans rire, à propos des violences en Libye :

"Tous ceux qui violent le droit international humanitaire et les droits de l'homme devront répondre de leurs actes". (5)

 

 

Vidéos & cocoricos 

 

Kadhafi ?... Avec l’usure du temps, devenu une caricature de dictateur, dérapant d’extravagances en gaspillages. En comparaison, un Franco ou un Pinochet, si longuement appréciés en Occident, paraissent austères, très BCBG …

 

Bien sûr, il a dilapidé les richesses de son pays, au lieu d’investir avec ses voisins dans le développement de la région. Inapte à promouvoir un Etat moderne, fort, indépendant, comme avait su le faire un Atatürk en Turquie sur les débris de l’empire Ottoman. Il avait été mis au pas, après des velléités d’autonomie à l’égard des occidentaux, mais la servilité affichée ne lui enlevait ni mépris raciste, ni rancune de ses maîtres.

 

Beaucoup lui en voulaient. Les Britanniques pour son soutien à la cause de l’indépendance irlandaise de l’Ulster, les Français pour avoir soutenu les diverses tentatives de libération du Tchad et autres Etats africains pourvoyeurs quasi-gratis de son uranium, les Italiens pour les avoir contraints à reconnaitre les atrocités de leur colonisation libyenne, les Israéliens pour avoir soutenu la Palestine, les USA pour avoir osé les défier et mettre les doigts dans le nucléaire.

 

Jusqu’aux Saoudiens et les pétromonarchies du Golfe, pour les avoir copieusement traités de “vendus” à l’Empire à chaque “sommet” de la Ligue Arabe, fustigeant leur lâcheté dans l’abandon des Palestiniens, 

 

En fait, il était mûr pour tomber. Comme Saddam Hussein, à la veille d’être renversé, si l’Irak avait été laissé en paix. Il n’était aucunement nécessaire de bombarder le pays, y répandre mort, souffrance, destruction, humiliation, ressentiment. Ses concitoyens, son propre clan, s’en seraient chargés, sans guerre civile.

 

Mais l’Empire, les relations internationales ne sont pas fondées sur la négociation, ni la gestion des équilibres entre Etats dans le respect d’un droit international. On cogne d’abord, on discute après, éventuellement. L’usage de la force est prioritaire. La Loi du Plus Fort et les lobbies de l’armement l’exigent. Amen.

 

Il n’existe aucun « Ordre International », l’Empire s’y opposant farouchement, imposant des règles de gouvernance à La Communauté Internationale suivant de réelles règles d’éthique, bannissant, sanctionnant :

i)  pour des dirigeants, de tirer sur leurs propres peuples
ii) pour des pays étrangers, d’intervenir militairement dans des Etats souverains qui ne se sont livrés à aucune agression militaire à l’égard d’autres nations.

 

Car, la Libye n’agresse personne, ne bombarde ni ne détruit aucun de ses voisins, n’enferme pas 1,5 million de personnes dans un blocus illégal comme à Gaza. Non. Mais, lorsque l’Empire décide de l’écrasement d’un pays, son pillage et son appropriation, il commence par diaboliser celui qui le dirige.

 

En conséquence, il ne sera pas mis "hors la loi", mais "hors de l’humanité". Transformé en monstre, si ce n’est en terroriste. C'est "l’excommunication", nouvelle formule. Légitimant ainsi toutes les violences à l’encontre de son pays, puisque nous sommes face au “Diable”…

 

Poutine n’a pas hésité à le reconnaître :

« La résolution 1973 adoptée par le Conseil de Sécurité est défectueuse et mal rédigée ; elle permet tout et rappelle l’appel médiéval à la Croisade. Car elle autorise une intervention dans un Etat souverain […] Sous prétexte de protéger des civils. Où sont logique et conscience ? Il n’y en a pas. Les évènements actuels en Libye confirment que la Russie à raison de renforcer ses capacités de défense. » (6)

 

Tout est bon, dans un terrorisme intellectuel chloroformant notre inconscient collectif : une pluie de fausses vidéos, faux blogs et bloggeurs, faux chiffres, faux témoignages, fausses joies de faux combattants. En corollaire, une inflation galopante dans le morbide, le macabre : milliers de morts, dont on ne retrouvera jamais trace, imposant l’urgence des bombardements, sinon on arriverait à des centaines de milliers. Pour peu on atteindrait les “300.000 Irakiens assassinés” faussement imputés à Saddam Hussein. Et, dans le cas de la Libye, pays de 6,5 millions d’habitants, cela ferait beaucoup…

 

La meute est, ensuite, lâchée. Plus de 350 avions et des dizaines de navires, de tout l’Occident avec sa mosaïque de nationalités. Chacun considérant le pays comme un champ de manœuvre “vivant”, réactif mais sans danger réel. Avec l’avantage pour les marchands de canon de tester les matériels, recevant l’indispensable label « Combat Proven » favorisant les ventes, et pour les commandements de coordonner leurs carnages.

 

Ne fermons pas les yeux : bombarder un pays sans défense efficace équivaut à un « carnage ». Ainsi celui commis par nos avions, à Tika notamment, sur des véhicules en retraite ne menaçant pas Benghazi. Choquant même les correspondants de presse étrangers, parlant de la "férocité" des français. (7)

 

Mais Cocorico !  La France se veut “en pointe”, avant de passer le relais à l’OTAN :

 

« La France en pointe de l'opération. "Il est clair que la France assure le leadership de l'action militaire dans l'espace aérien libyen", a reconnu le premier ministre belge Yves Leterme. En effet, Paris a été à l'origine de la mobilisation diplomatique, et c'est le président français qui a annoncé seul le lancement de l'opération militaire, samedi. » (8)

 

Il est vrai que cette opération devenait urgente, plus qu’urgente, pour les pays occidentaux. Quatre objectifs immédiats :

 

i) Faire oublier la contre-révolution en marche, non seulement en Tunisie et en Egypte, mais surtout dans la péninsule arabique réservoir de pétrole de l’Occident, les atrocités de l’oppression : Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Oman, Yémen, sans oublier le Qatar et la Jordanie.

 

Notons par exemple, le silence total de nos médias et de l’ONU sur la terrible répression du dictateur de Bahreïn, Al Khalifa, soutenue, encouragée par l’Empire. Où, l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis viennent d’envoyer plus de 1000 hommes de troupes, chars  et hélicoptères de combat, pour mater une révolution aussi pacifique que l’étaient celles des Tunisiens et des Egyptiens. Noyée dans le sang.

 

Rappelons que Bahreïn, depuis des décennies, est un pays où la population vit dans la terreur et l’atrocité des tortures. S’y est illustré pendant 25 ans, le sadique Ian Henderson, écossais connu pour avoir forgé ses techniques de torture lors des guerres d’indépendance au Soudan et au Kenya. Les horreurs commises par le colonisateur lors de la lutte pour l’indépendance du Kenya, contemporaines de celle de l’Algérie, sont parmi les plus terribles qu’aura connues l’Humanité.

 

A Bahreïn, Ian Henderson a fondé la State Intelligence Security (SIS), équivalente de la SAVAK en Iran sous le règne du protégé de l’Occident, le Shah, à la même période. Avec une équipe de spécialistes en tortures britanniques, dont le général Jim Bell qui avait gagné ses galons dans cette discipline contre les indépendantistes de Birmanie et d’Irlande du nord. En comparaison, un Klaus Barbie ferait figure d’amateur dans la sauvagerie des tortures qu’ils ont fait subir aux Bahreïnis et que perpétue l’appareil répressif qu’ils ont mis en place. (9)

 

ii) Faire oublier aux opinions publiques les implacables politiques antisociales mises en œuvre par les Etats occidentaux, en Amérique du nord comme en Europe. La volonté des populations de “défendre la justice et le droit” dans les rues inquiète les gouvernements. La révolte gronde contre les gaspillages de la ploutocratie dans des budgets militaires et sécuritaires sans limites, au détriment de la création d’emplois et de la redistribution de la richesse nationale.

 

Ainsi à Londres, le samedi 26 mars 2011, ce sont plus de 500.000 personnes qui ont manifesté. (10) Les USA n’y échappent pas. Dans l’Etat du Wisconsin les manifestants, jusqu’à 100.000 dans les rues, crient « Mort aux tyrans ! » à l’encontre de leur gouverneur du parti républicain Scott Walker, dans leur colère contre l’injustice sociale…

 

iii) Faire oublier le pillage des richesses pétrolières de la Libye. Une guerre civile, un état d’anarchie, sont les occasions rêvées pour pomper pétrole, gaz et autres richesses minières. Autant qu’on veut et sans payer !... Si ce n’est d’accorder des miettes aux chefs de guerres et potentats locaux. De quoi entretenir l’anarchie en les opposant les uns aux autres. Un des pires exemples, dans ce genre de spoliation, est la RDC (ex-Zaïre) et ses immenses ressources.

 

Avec un double avantage pour la nomenklatura occidentale : un enrichissement personnel, sous prétexte de "remplissage des caisses électorales", via les paradis fiscaux pour les promoteurs et les organisateurs de cette dévastation, et la fermeture de l’accès des Chinois au marché du brut Libyen, un des meilleurs du monde par sa qualité…

 

iv) Faire oublier le soutien aux dictatures des Ben Ali et Moubarak, le manque de réactivité face aux revendications démocratiques des peuples de Tunisie et d’Egypte. D’une façon générale, faire oublier le soutien passé, présent et à venir, aux dictatures ou autocraties inféodées à l’Empire et au service de ses seuls intérêts.

 

 

Intox & CyberWar 

 

Le camouflage des guerres coloniales en sauvetage humanitaire exige un appareil de propagande hautement réactif et performant. D’où l’importance des budgets généreusement accordés à la propagande de l’Empire. L’armée américaine, à elle seule, consacre chaque année un minimum d’US $ 200 millions aux opérations de désinformation sur internet, blogs et réseaux sociaux. (11)

 

Cette action d’infiltration et de noyautage, considérée comme prioritaire, est gérée 24h/24h à partir de la base aérienne de MacDill, près de Tampa en Floride, siège des opérations psychologiques et de propagande (US Special Operations Command) de l’appareil militaire américain. Avec, en complément, huit autres “serveurs virtuellement privés” (virtual private server), répartis dans le monde. Dans toutes les langues, tout particulièrement en Arabe, Farsi (Iran - Pakistan), Ourdou et Pashtoun (Pakistan - Afghanistan). (12)

 

Assisté de logiciels spécialisés, un même opérateur peut emprunter simultanément 10 identités ou “personnalités” différentes, avec des IP distincts, utilisant tous les vecteurs internet, dans le jargon : blogposts, tweets, retweets, chatroom posts, etc. Indétectables, simulant leur présence dans le pays cible pour communiquer de fausses informations, vidéos truquées, fausses photos prises soi-disant à partir de téléphones portables, et autres astuces. (13)

 

Ces techniques de faux bloggeurs, appelées « sock puppets » (marionnettes de chaussette), déjà connues et pratiquées, deviennent de plus en plus sophistiquées dans la crédibilité. En mai 2010, s’était tenue une conférence réunissant les experts les plus pointus en la matière, avec un titre révélateur : InfoWar (14). Des pays, comme Cuba, l’Iran, la Chine, le Venezuela, sont soumis en permanence à cette pression, manipulation et subversion. (15)

 

Sont ainsi fabriqués des “héros de la dissidence” sur des blogs ou Facebook, à partir de la Floride… Parfois, il arrive que des journalistes (du moins, les rares en mesure d’effectuer un travail sérieux…) insistant pour les rencontrer, on soit obligé de les faire “disparaître” comme les héros de séries TV en fin de contrat au cours du tournage : prétendument abattus ou jetés dans les oubliettes. Par le régime à diaboliser, évidemment.

 

Après la Libye, à qui le tour ?...

 

La procédure inquisitoriale, l’excommunication, sont lancées : la Syrie !  La "fatwa" a été officiellement émise par The Jerusalem Post, le 23 mars 2011 :

For all his faults, Assad is the devil we know”

 

Le grand mot est lâché : “Devil”, le Démon, le Diable !... (16)

 

Pays de 25 millions d’habitants, non pétrolier, qui ne menace personne, mais accueille des milliers de réfugiés, Palestiniens puis Irakiens, chassés par la violence occidentale dans leurs pays. Se débattant dans une des pires sècheresses depuis des années, sous embargo non justifié, il a effectivement le tort de ne pas accepter La Loi du Plus Fort et de défendre sa souveraineté face à l’Empire.

 

Alors son dirigeant, Bachar Al Assad, certainement, le plus sérieux, honnête et courageux de la région, en comparaison des despotes moyenâgeux des pétromonarchies et de la Jordanie qui l'entourent, est en cours de diabolisation. D’ici peu, parions-le, nous allons apprendre que ce chef d’Etat, ophtalmologue de formation ainsi que son épouse, a ordonné d’étrangler les bébés de ses opposants dans leurs couveuses…

 

Pendant ce temps, les "manifestants" crient dans les rues des slogans surprenants par rapport à la situation économique et sociale que traverse le pays :

" No Iran. No Hizbullah. We want a Muslim who believe in God ! ".

 Traduction :

"Non à l'Iran. Non au Hezbollah. Nous voulons un Musulman qui croit en Dieu !"

Oui, parce qu'Assad appartient à la minorité religieuse Alaouite, une des multiples branches du Shiisme. Alors, créer des conflits religieux par-dessus le marché... (17)

 

Dans les médias et les couloirs du Congrès des USA, on présente déjà le successeur d’Al-Assad : Ammar Abdulhamid. Présenté comme un porte-parole de la « révolution syrienne », un héros, par The Washington Times du 29 mars 2011, par exemple. C’est le Chalabi syrien, play-boy au catogan, soutenu avec des moyens financiers considérables par tous les « ziocons » (lui-même membre du Brookings Institute) auxquels il a fourni tous les gages de servilité.

 

Résident et citoyen américain, se déclarant entre autres « haut et fort » athée, après avoir écrit un pamphlet contre l’Islam (Menstruation : A Novel) qu’il décrit comme un instrument d’oppression morale et sexuelle en Syrie. Bien sûr, ouvrage primé…

 

Leur marionnette en poche, prétextant l’exemple Libyen, les extrémistes du Congrès notamment au Sénat, faux-nez des lobbies bellicistes et sionistes, ne cachent même pas leur jeu. Ainsi :

=> John McCain, dans l’émission CNN “State of the Union” :  

“This is an opportunity to get rid of an enemy of America. And this administration is playing a repeat of their inaction on Iran in 2009”

ou encore,
=> Joe Lieberman, dans l’émission "Fox News Sunday" :  

“There is a precedent now. … We’re not going to allow Assad to slaughter his own people.” (18)

 

Mais, soyons rassurés, l'ONU veille !...

 

Tournant le dos, pour mieux se concentrer, aux bombardements quotidiens de Gaza, aux orages permanents de drones tombant sur les villages des vallées d'Afghanistan et du Pakistan, Navi Pilla, Haut Commissaire aux Droits de l'Homme (UN High Commissioner for Human Rights) a exigé des autorités Syriennes d'enquêter sur la répression et de "mettre un terme à l'usage excessif de la force" ... (19)

 

 

 

 


 

 

 

 

(1)  General David H. Petraeus onThe Posture of U.S. Central Command - Senate Armed Services Committee, March 16 – 2010, p. 7, http://www.centcom.mil/en/about-centcom/posture-statement 

(2)  Georges Kazola, Imperial Hypocrisy – The Libyan Crusade, CounterPunch, 22 mars 2011, http://www.counterpunch.org/kazolias03222011.html

(3)  Pepe Escobar, Endgame : Divide, rule and get the oil, Asia Times, 25 mars 2011, http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MC25Ak01.html

(4)  Exemple : Canal +, Edition spéciale, 18 mars 2011

(6)  In Gaddafi triggers Kremlin rift, by M K Bhadrakumar, 23 Mars, 2011, http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/MC23Ag02.html 

(7)  L'intervention française en Libye qualifiée de "jeu de massacre" - Accusés d'un "carnage", dimanche matin à Tika, les militaires français démentent s'être trouvés sur la zone, Le Point.fr - Publié le 21/03/2011 à 13:41, http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel/l-intervention-francaise-en-libye-qualifiee-de-jeu-de-massacre-21-03-2011-1309359_53.php

(8) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/03/19/qui-participera-aux-operations-militaires-en-libye_1495866_3212.html

(9)  Jean-Pierre Perrin, Ian Henderson, un Britannique de l'ombre au service du Bahreïn - Depuis 30 ans, il dirige d'une main de fer les services secrets de l'émirat, Le Monde, 31 mai 1995, http://www.liberation.fr/monde/0101141069-ian-henderson-un-britannique-de-l-ombre-au-service-du-bahrein-depuis-30-ans-il-dirige-d-une-main-de-fer-les-services-secrets-de-l-emirat

(10)  Voir les photos de cette impressionnante manifestation publiées dans The Guardian du 26 mars 2011 : http://www.guardian.co.uk/world/gallery/2011/mar/26/thousands-march-against-cuts-in-pictures?picture=373067834#/?picture=373059557&index=0

(11)  Statement Of General James N. Mattis - U.S. Marine Corps Commander - U.S. Central Command - Before The Senate Armed Services Committee On The Posture Of U.S. Central Command, 1 Mars 2011, pp. 39 - 40, http://armed-services.senate.gov/statemnt/2011/03%20March/Mattis%2003-01-11.pdf

(12)  Nick Fielding & Ian Cobain, Revealed : US Spy operation that manipulates social media – Exclusive : Military’s “sock puppet” software creates fake online identities to spread pro-American propaganda, The Guardian, 17 mars 2011, http://www.guardian.co.uk/technology/2011/mar/17/us-spy-operation-social-networks

(13)  Ces photos truquées sont repérables, si on prête attention au fait que les visages ne sont pas montrés (prises de loin, de dos ou avec des lunettes noires pour en brouiller l’authentification), car elles sont souvent reconstituées, après avoir été prises en studio avec des acteurs et figurants …

(14)  Voir le programme de ce colloque : InfoWarCon, 20 mai 2010, http://www.crows.org/the-io-institute/infowarcon-2010-agenda.html
(15)  Deisy Francis Medidor, Marina Menendez et Jean-Guy Allard, Cuba : Opération Surf, 20 mars 2011, http://www.legrandsoir.info/Operation-Surf.html
(16)  Yaakov Katz, For all his faults, Assad is the devil we know, The Jerusalem Post, 23 mars 2011, http://www.jpost.com/MiddleEast/Article.aspx?id=213368

(17) http://www.joshualandis.com/blog/?p=8692

(18) A titre d'actualisation et de complément d'information pour faciliter la compréhension du "contexte Syrien", ce paragraphe ainsi que les deux précédents sont une reprise d'une partie de mon commentaire n° 8, en date du 30 mars 2011.

 

Caricature de l’artiste du Honduras Allan Macdonald

 


 

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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 13:46

 

 

"En pénétrant sous le morceau de plafond en délabrement de ta mosquée, autrefois sainte et pour les prosternations, que je foulais à présent en homme qui simplement veut voir, je sentis une brusque chaleur dans ma poitrine, un mouvement de mon cœur."

Michel Vieuchange à Smara – Sahara Marocain (1)

 

 

                                                

 

 

C’était la “Guerre Froide”.

 

Et, je survolais le désert…

 

Dans un petit bimoteur à hélice, un Piper Navajo.

 

Fasciné.

 

Pas une trace de végétation. Quelques bouquets d’épineux parfois, autour d’une trace d’eau, un puits, peut-être. D’immenses étendues de pierres, de rochers, alternant avec drapés et crêtes de dunes.

 

Gigantesques, dessinant des courbes majestueuses dans la violence de l’aridité, des méandres, de ce qui avait dû être des fleuves glissant vers la mer au cours des millénaires, au travers de végétations luxuriantes peuplées d’oiseaux, gazelles, singes et lions. A présent à sec, tel un paysage envoyé d’une des sondes de la planète Mars.

 

800px-Near_Ouarzazate-Marocco-.JPG

 

Partis d’Anfa, nous avions fait escale à Goulimine, Tan-Tan, Tarfaya, Laâyoune, nous dirigeant vers Smara.

 

Bien sûr, je pensais à St-Ex et ses copains de l’aéropostale, traçant les premières routes aériennes vers Dakar, dans la même région, puis franchissant l’horizon de l’Atlantique, vers Rio et la Cordillère des Andes.

 

Aux commandes, hors pair, un américain passionné de pilotage. Il avait traversé le Groenland, survécu à tempêtes et crashs. Un joyeux drille. Astrophysicien diplômé de l’Université de Cornell, c’était un spécialiste des quasars. En année sabbatique, pour sortir la tête de ses galaxies, il louait ses services. Ne parlant pas un mot de français, qu’il considérait comme une langue morte. C’était son humour… En représailles, je le traitais d’extraterrestre analphabète. On s’aimait bien.

 

Tout jeune, j’accompagnais dans ce voyage, quatre ou cinq vieux briscards, baroudeurs des TP en “conditions extrêmes”. De ceux capables de vous construire une route, un aérodrome, entre la poire et le fromage, dans n’importe quel continent, sous une pluie tropicale, dans des vents de sable, ou une grêle d’obus. Ils avaient pour unique credo : vitesse d’exécution. Problème, j’exagère à peine : ils n’avaient aucune notion des coûts de revient.

 

J’étais là pour rappeler, discrètement, ces nécessités. Dérisoires, face aux impératifs du Temps. Autant dire que j’étais un végétarien égaré chez des cannibales. Ils me détestaient. L’empêcheur de tourner en rond. Mais, je les comprenais. Ils n’étaient pas maîtres du “coût final”… J’admirais leur courage, leur ardeur à la tâche. De grands professionnels.

 

Ce sont eux qui ont “animé” les travaux de construction de l’aérodrome d’Atar, en Mauritanie. Autre désert. J’avais été envoyé aux USA pour finaliser un achat d’engins de TP destinés à ces travaux, parmi les plus gros sur le marché. En particulier, des D9.  Le plus difficile avait été de trouver un bateau qui veuille bien faire escale au port mauritanien de Nouadhibou, pour livrer ce matériel qui devait, ensuite, emprunter la voie ferrée jusqu’à Choum, puis de là, par un épique cheminement terrestre arriver au chantier.

 

Le port n’étant pas équipé, à cette période, de moyens de levage assez puissants pour décharger ces engins, ce fut la tournée des armateurs de New York. Trouvant, enfin, un bateau qui accepte un détour vers la Mauritanie, équipé de ses propres grues pour déposer les engins sur le quai. La routine.

 

 

Le losange et la baguette de pain

 

Cette expérience a été l’occasion de mes premiers pas en géopolitique.

 

Pas la poudre aux yeux, qu’on enseigne, ou les “cartes” biseautées de la désinformation qu’on affiche dans les médias. Observant, sur le terrain, dans les coulisses, les jeux et enjeux, entre grandes et moins grandes puissances. Le plus souvent, stupides, cruels. Pour une poignée de dollars, d’orgueil, d’obscurantisme, d’infantilisme…

 

Pourquoi cette irruption d’aérodromes, à construire, rénover, allonger, renforcer, doubler, dans le désert, aussi soudaine qu’une crise d’urticaire ?...

 

Une guerre venait d’éclater.

 

Fratricide.

 

L’Algérie, alliée à la Lybie, attaquait le Maroc. Par surprise. Instrumentalisées, dans cette partie de bras de fer obsessionnellement imbécile, entre deux nomenklaturas planétaires idéologiquement antagonistes : Ouest et Est…

 

L’Espagne, Franco agonisant, venait de “rétrocéder” le Sahara Marocain qu’elle occupait, malgré une longue résistance armée du Maroc qui a duré de 1884 à 1937. A l’exemple d’autres pays colonisateurs, ignorant pendant des années les injonctions de l’ONU. Du temps où l’ONU avait encore un semblant de respectabilité. Notamment sa résolution 2072, du 16 décembre 1965, lui imposant de prendre les mesures :

« … immédiates et nécessaires pour la libération des territoires sous administration coloniale de Sidi Ifni et du Sahara Occidental… ».

 

Immédiates et nécessaires…

 

Car, France et Espagne avait découpé le Maroc comme une baguette de pain. En 1900, puis 1904. Du nord au sud.

 

En tranches alternées : une tranche du nord pour l’Espagne correspondant aux provinces du Rif, une tranche au centre pour la France accaparant les meilleurs terres agricoles et les mines, la suivante pour l’Espagne avec la portion du Sahara dit Occidental ou en espagnol Rio de Oro, plus au sud, la dernière tranche du Sahara Marocain pour la France qu’elle a érigée, par la suite, en Etat indépendant : la Mauritanie.

 

Et, encore avait-il fallu calmer l’Allemagne qui estimait que le Maroc lui revenait en tant que colonie, dans son intégralité !... La Conférence d’Algésiras en 1906 avait calmé son empereur, avec le renfort des Anglais qui commençaient à s’inquiéter des appétits germaniques. Il en était reparti avec des lots de consolation : Togo, Cameroun, Tanganyika, une partie du Congo, etc. Des trocs de prédateurs, suivant l’usage des mœurs diplomatiques entre « grandes puissances ».

 

Almoravid Empire

 

L'Empire Almohade

 

Le Maroc présentait, en effet, une réalité plus qu'enviable pour les puissances coloniales par sa situation géographique, sa civilisation et ses traditions, ses richesses agricoles, halieutiques et minières, son potentiel. Depuis des siècles, sous l’appellation d’Empire Chérifien, avec son administration directe, ou autonome selon un système d’allégeance renforcé par des liens matrimoniaux, il s’étendait de la Méditerranée au fleuve Sénégal et même au-delà, dont une partie du Mali actuel. Toutes ses prestigieuses dynasties n’ont-elles pas le Sahara pour berceau ?...

 

Son voisin, l’Algérie, avant la colonisation française, vivait depuis le début du XVI° siècle sous suzeraineté de l’Empire Ottoman. Cette prospère province ne s’étendait pas au Sahara qu’on lui connaît à présent. Les cartes historiques établies lors de la plus grande extension de l’Empire Ottoman (1683-1699) en attestent. Les Ottomans ne s’intéressaient qu’aux riches régions agricoles et commerçantes, réservoirs de soldats ou de contributeurs fiscaux fiables.

 

C’est la colonisation française qui a apporté le Sahara actuel à l’Algérie, en dépouillant les parties sahariennes de ses voisins, Maroc et Tunisie (les champs pétroliers d’Hassi Messaoud devraient être Tunisiens), y rajoutant les immenses territoires indépendants des ethnies Touaregs. En fait, authentiques détenteurs des richesses pétrolières et gazières de la région dont ils sont spoliés et oubliés (2).

 

Traçant ainsi, il suffit de regarder une carte, un colossal “losange” à son avantage, dans ce que la France pensait être des départements et territoires français pour l’éternité… Pourquoi se gêner quand on est en position de force ?...

 

Un exemple : le 15 mars 1900, partie d’Aïn Salah une colonne française de 1500 hommes, avec deux canons, massacrèrent, dans une orgie sanguinaire, les populations marocaines des oasis de Touat (entre 500 et 600 personnes) avant de rattacher ces régions à l’Algérie : Gourara, Tidikelt, Sbaa, plus tard Tindouf. (3)

 

Autre exemple : la France s’emparant des mines de fer du Sahara Marocain de Zouerate, M’Haoudat, El Rhein, F’derik, qu’elle rattacha à la Mauritanie. Regardez le tracé de la frontière entre Sahara Marocain et Mauritanie : de rectiligne, en escalier, il évolue en demi-cercle pour englober les bassins miniers…

 

Le Sahara dans son ensemble, de l’Atlantique à la Mer Rouge, représente 10 millions de KM2. Seuls deux endroits font l’objet d’une campagne médiatico-politique “d’indépendance”, de la part de certains lobbies. Bizarre. Le Darfour, au Soudan, mais là c’est plus que facile à comprendre puisqu’il s’agit, pour les pays occidentaux, de s'approprier les immenses gisements d’uranium. Mais, le Sahara Marocain ?...

 

Je cherche à comprendre…

 

A ce moment là, il convient pour les “zélotes de l’Indépendance” d’être cohérents et de lutter pour “la libération” de toutes les ethnies du Sahara dans une balkanisation, une libanisation, ou une fédération, de ces populations en redessinant Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan, Lybie, Egypte, etc. A commencer par le Sahara Algérien…

 

Pourquoi pas ?... On pourrait, par exemple, définir un pays en regroupant les populations parlant la langue mère de tous les dialectes Touaregs : le Tamacheq. Les Kel Ahaggar, les Kel Ajjar d’Algérie ont plus de points communs avec les Kel Aïr ou les Kel Gress du Niger, ou encore les Kel Achar ou les Iullemmeden du Mali qu’avec les paysans de la Mitidja ou les montagnards de Kabylie…

 

Subitement, là : silence !...

 

Alors que le Sahara Marocain fait l’objet d’un acharnement curieux de la part de l’Algérie (la Lybie a fini par quitter la partie …), ni gaz, ni pétrole, même réduit à sa portion congrue par la colonisation européenne dont elle a bénéficié des “plus gros morceaux”…

 

carte-ottoman empire

 

Empire Ottoman à son apogée

 

Et pourtant c’est un tas de ruines que, de mauvaise grâce, les espagnols rétrocédaient au Maroc… Pas de quoi être envieux !...

 

Quand les espagnols sont arrivés, le Sahara Marocain vivait en équilibre harmonieux avec ses voisins, dans des échanges commerciaux par les grandes routes caravanières, allant des villes impériales marocaines et des riches régions agricoles du Souss Massa jusqu’aux fleuves africains. Une zone tribale certes, mais prospère et vitale pour le commerce entre Afrique méditerranéenne et sub-saharienne.

 

Le colonisateur espagnol n’était pas intéressé par ce commerce séculaire entre pays dont il n’avait aucun contrôle. Trop aride pour y fonder une colonie de peuplement s’appropriant les meilleures terres, aucune richesse minière facilement exploitable, nous n’étions pas au Pérou, il en a tout simplement fait une plateforme de contrebande. Pour écouler les produits de son industrie à travers l’Afrique. Tout, jusqu’aux casseroles et, plus tard, la bassine en plastique. “Tout”, sauf, les armes, évidemment.

 

Cassant l’essor économique de la région en bouleversant les circuits d’échanges, la précipitant dans la paupérisation, car ses marchandises n’acquittaient aucun droit de douane, ni taxe. De plus, à des prix de dumping, cette contrebande tuait dans l’œuf toute émergence d’une petite et moyenne industrie locale dans les pays inondés de ses produits auxquels, s’ajoutaient ceux du colonisateur français ou anglais.

 

C’était une chasse gardée de l’armée espagnole, qui y entretenait le minimum d’infrastructures. Vivant confortablement, du moins sa hiérarchie, je parle évidemment des galonnés vivant dans les dorures des palais madrilènes, avec leurs copains industriels, soutenus par leurs politiciens et médias ripoux. Nullement gênée d’installer la misère, jouissant du partage de la contrebande entre commerçants des Iles Canaries et chefs de tribus "au service de l’Espagne", chargés du transport.

 

Un pays laissé à l’abandon, pratiquement sans route, ni écoles, universités, hôpitaux, dispensaires, centres de formation. Ils n’avaient même pas formé un télégraphiste ou un mécanicien. Rien. Du pur bénéfice pour les “patrons” de ce système mafieux.

 

Evidemment, la « rétrocession du Sahara » au Maroc perturbait un fructueux trafic …

 

 

Du sang dans le sable

 

Soudain, au moment où le Maroc, mobilisant ses meilleurs cadres, ingénieurs et techniciens, s’employait à redresser la situation désastreuse laissée par le colonisateur, apparurent des colonnes infernales, surgissant, déferlant, avec une puissance de feu inimaginable. Semant la mort et la désolation.

 

Visiblement, une action longuement, minutieusement préparée. Des colonnes de centaines de pickups Toyota 4x4 tout terrain, militarisés, dotés d’un équipement ultramoderne, télécommunications, mitrailleuses de gros calibre, mortiers lourds, missiles antiaériens, missiles antichars.

 

Maîtriser pareil équipement suppose une longue formation, une coordination de grande fiabilité, une organisation logistique de haut niveau : approvisionnement en continu de munitions, pièces détachées et pneumatiques, eau, carburant, etc. En cumul, des milliers d’heures d’entraînement. En matériel, des dizaines de millions de dollars.

 

La planification opérationnelle d’actions d’un tel niveau d’intensité, repérages, choix des objectifs, agencement des moyens, implantation des dépôts-relais, demande des mois de conception et d’études. Lancer une telle guerre dans le désert représente au minimum : cinq années de méticuleuses préparations. Seules des armées professionnelles, adossées à des budgets considérables, peuvent maîtriser cet ensemble de paramètres.

 

Officiellement, ce n’était pas une guerre. Dans ce désert de cailloux et de sable, c’était le “mouvement de libération” d’une population se soulevant contre une invasion marocaine… Version des médias et politiciens aux poches bourrées de pétrodollars. Dans le jargon des traîneurs de sabre, on appelle cela une guerre “proxy” : par procuration, sous un masque, le pyromane se déguisant en pompier...

 

J’ai des souvenirs qui me hantent.

 

Comme cette équipe d’entretien d’une route ensablée par les vents entre Tan-Tan et Tarfaya, pourtant partie sud du Maroc non contestée par les voisins, dont on n’a plus retrouvé trace. Sauf des camions brûlés, criblés de balles et une niveleuse, la cabine du conducteur, déchiquetée, maculée de sang. Les trous dans les tôles épaisses montrant qu’on avait tiré sur un engin civil avec une arme de guerre lourde de type mitrailleuse. Les commandos algéro-libyens avaient emmenés avec eux, mêmes les corps des tués. Repartis, leur forfait accompli de l’autre côté de la frontière. Qui était vivant ou mort ?...

 

Il se trouve que le DRH de cette entreprise marocaine était Algérien. Les familles venant lui réclamer le corps de leurs parents, ou des nouvelles, je voyais dans son regard qu’il pleurait de rage silencieuse devant cette tragédie enfantée par des politiciens voyous.

 

Car, des Algériens travaillaient en paix au Maroc. Occupant souvent des postes de responsabilité, mariés avec des marocaines pour certains. Alors que tous les Marocains venaient d’être expulsés d’Algérie pour cause de « solidarité dans la lutte pour l’indépendance du Sahara », son gouvernement fermant hermétiquement la frontière. Obligeant ainsi des familles, pour se réunir, à transiter par la France ou l’Espagne…

 

Un autre souvenir : Bir Anzaran.

 

Pas une ville, au Maroc, qui n’ait une avenue ou une place portant ce nom. Chargé d’émotion, de respect, de symbole. Dont on ne parle jamais, parce qu’il est inscrit dans le cœur de chacun.

 

A une centaine de km de Dakhla. Un matin du 14 novembre 1979, plusieurs colonnes composées de centaines de véhicules, on en a dénombré 500, encerclent la petite garnison. A 6 combattants en moyenne par pickup cela représente 3000 hommes. La garnison s’est battue pendant des heures, sans possibilité de renfort. A court de munition et au corps-à-corps, le chef de la garnison, avant de détruire sa radio et ses codes, a demandé aux mirages de l’Armée de l’Air Marocaine de bombarder ses retranchements plutôt que de se rendre.

 

L’héroïsme de ces hommes a marqué un coup d’arrêt à ces agressions d’envergure. Et, accéléré la réactivité du pays soumis à des attaques aussi cruelles qu’injustes.

 

C’était oublier que le Maroc, s’il bénéficie d’excellents agriculteurs, artisans et maçons, possède parmi les meilleurs officiers et hommes de troupes, ingénieurs et cadres. Au moment de l’attaque de son territoire, le Maroc était un des Etats qui avait le budget de défense parmi les plus faibles par rapport à son PIB.

 

Il fallut acheter du matériel militaire qu’il n’avait pas, du moins en quantité suffisante pour faire front à l’énormité de l’assaut qui lui était livré, notamment des hélicoptères, blindés, missiles et toute la quincaillerie qui va avec. Première conséquence néfaste imposée par toute guerre : investir dans l’armement ce qu’on devrait affecter au développement.

 

Mettre rapidement un terme aux ballades sanguinaires des colonnes infernales, se déplaçant impunément à travers sable et rocaille, était tout aussi urgent. Elles avaient même occupé pendant une journée la ville de Tan-Tan, bombardé Laâyoune avec du calibre 120mm…

 

La solution était simple, personne ne l’a soufflée, ni proposée au Maroc. Connue dans l’histoire musulmane, elle se trouve dans la célèbre bataille dite du Fossé, en 627, lorsque la communauté refugiée autour du Prophète dans l’oasis de Médine était menacée d’extermination par l’arrivée imminente d’une armée Mecquoise de plus de 10.000 hommes dotée d'une puissante cavalerie : on construisit un fossé avec un remblai, là où il n’y avait pas de rempart.

 

Le Maroc édifia donc un “mur”, de terre, de pierre et de sable. Seule différence, avec l’époque médinoise, c’est qu’on l’équipa d’électronique de détection, radars et autres appareillages extrêmement coûteux.

 

Si mes souvenirs sont bons, la “facture électronique” était de 200 millions de dollars. Qui alla dans les caisses de l’américain Westinghouse. En actualisant, en dollars constants, cela fait très, très cher. C’est l’Arabie Saoudite qui paya, dit-on. Exact et faux, à la fois. Peut-être a-t-elle sorti le chéquier, car il fallait faire vite. Mais, dans ce jeu de poker, tout se paye, tôt ou tard, sous une forme ou une autre…

 

En fait, ce sont 6 murs que le Maroc construisit entre 1982 et 1987. Le temps qu’ils deviennent opérationnels, pour parer à toute attaque surprise de grande envergure, tout particulièrement les regroupements nocturnes de colonnes de véhicules, la France prêta quelques avions d’observation non armés.

 

Séjournant à Dakar, je voyais décoller les Breguet Atlantic de l’Aéronavale française, en début de soirée, pour patrouiller la nuit au-dessus du Sahara Marocain, surveillant d’éventuelles colonnes motorisées se dirigeant vers leurs points de rassemblement. Spécialisés dans la lutte anti-sous-marine, leurs moyens de détection leur permettaient de repérer les émissions infrarouges émises par les pickups armés. Alertant leurs contacts. Les régiments mécanisés marocains, extrêmement efficaces et bien équipés à leur tour, se chargeant de l’accueil au sol. Avec du lait et des dattes…

 

Paysage-du-Sahara-Marocain.jpg

 

Raminagrobis, la Belette et le Lapin

 

Nous approchions de Smara. Subitement silencieux. Nous étions prévenus des risques de missiles antiaériens SAM 7 utilisés par les commandos algériens. Plusieurs avions, dont des mirages avaient été abattus. Pour neutraliser les leurres destinés à détourner les missiles, ils tiraient des  salves de SAM 7 !... C’était faire étalage de gros moyens, la Caverne d’Ali Baba…

 

Le pilote devait éviter une approche à basse altitude, se positionner à la verticale de la piste, à environ 1000 mètres d’altitude, et descendre en spirale, pratiquement directement sur le tarmac. Du sport.

 

Une piste chaotique, à construire, à rallonger. A chaque extrémité, enterré jusqu’à la tourelle, je remarquais un char AMX 13 en veille. Smara et ses environs étaient harcelés en permanence, les routes coupées.

 

Nous avons attendu l’obscurité, pour décoller tous feux éteints et respecter la même procédure en spirale. Ascensionnelle, cette fois. Avant d’embarquer, j’ai vu les soldats de l’armée marocaine dans la pénombre, à pied, silencieux, se glisser en patrouille, prendre position à l’extérieur de l’agglomération, pour élargir, pendant la nuit, le périmètre de sécurité. Comme si c’était hier. J’ai une pensée pour ces hommes.

 

Smara, autrefois prestigieuse ville sainte. Cheik Ma El Aïnain, représentant du souverain Hassan Ier, en avait fait un carrefour d’échanges et un centre spirituel renommés sur la route des caravanes, avec ses confréries religieuses, sa mosquée, ses écoles, sa bibliothèque. Homme de paix, mais d’honneur, ce fut un des plus farouches résistants aux soldats espagnols. (4)

 

Smara, après un demi-siècle d’occupation espagnole, réduite à une bourgade aux rues de poussières de sable et d’oubli… Symbole de ces colonisations prédatrices, suivies  de ces guerres montées de toutes pièces qui font la joie des marchands de canons, le jeu des anciennes puissances coloniales.

 

Les armements coûtent une fortune à des Etats qui ont d’autres priorités que s’armer à l’infini. Les “aides généreuses”, tout autant. Elles ont un coût invisible et, encore plus, dévastateur.

 

Comment résister à des investissements dans des privatisations sans avoir à les brader pour "renvoyer l’ascenseur", lorsqu’on vous a “rendu service” ?... Comment ne pas brader ses matières premières pour entrer dans les bonnes grâces de celui dont on recherche le soutien diplomatique ?... Comment refuser des importations sans transferts technologiques, clés en main, pour plaire et complaire aux faux amis de" La Communauté Internationale", ou de l'Empire ?...

 

De concessions amicales, en abandons progressifs de souveraineté, en commençant par la souveraineté économique, technologique, on entrave sa prospérité, son développement et son accès au Savoir. N’oublions pas que l’accès au Savoir et aux sciences de l’avenir est devenu un objectif militaire pour lequel, aujourd’hui, on assassine des chercheurs en pleine rue.

 

Les campagnes actuelles d’agitation, de déstabilisation, organisées dans le Sahara Marocain, soutenues par une campagne de diffamation inacceptable par son niveau de bassesse, particulièrement en Espagne et dans les couloirs de l’UE, à l’égard du Maroc, reformant les anciens clivages de la "Guerre Froide", pourquoi ?...

 

Croire que financer par des monceaux de dollars une stratégie de la tension avec le voisin, voire un conflit armé, va détourner l’attention, le ressentiment de sa propre population devant les échecs répétés d'une politique économique et sociale, le niveau de corruption intolérable, et les montées de chômage insupportables pour les familles ?...

 

Il ne s’agit pas de faire l’apologie, ou la critique, de tel régime contre tel autre, car avant de critiquer un régime quel qu'il soit, il convient toujours de balayer soigneusement devant sa propre porte. Mais, de faire preuve de responsabilité face aux souhaits des peuples qui veulent la paix et l’emploi. Ce qui était compréhensible de stupidité pendant la Guerre Froide est devenu à présent criminel contre les peuples du Maghreb.

 

Tous les peuples, qui le composent, souhaitent l’édification d’un Grand Maghreb. Une union économique, et ultérieurement politique, de communauté de destin, à l’exemple de ce qui se passe ailleurs, en Amérique latine en ce moment, capable d’affirmer son indépendance économique et ses choix politiques qui ne sont pas ceux des "grandes puissances" en pleine décadence économique et morale.

 

On sait que l’Europe, l’Empire, s’opposeront, par tous les moyens à l’édification d’un Maghreb uni, d’un Grand Maghreb. N’acceptant jamais, qu’un ensemble solidaire et fédéré d’une population de 100 millions d’habitants, aux immenses richesses et talents, émerge en Méditerranée.

 

Suscitant tensions, guerres civiles et fratricides, pour maintenir sa partition. A l’exemple de ce qu’ils ne cessent de travailler : l’éclatement, la pulvérisation en multitudes ethniques, de l’Irak, Afghanistan, Pakistan, Iran. Et, sur d’autres continents, comme en Amérique latine.

 

Le sachant, pourquoi tomber dans le piège du culte de la désunion et du conflit se demande-t-on ?... Ouvrant la voie aux arbitrages et sollicitudes qui ne sont que de la servitude imposée. Plaçant peuples et richesses dans la main des prédateurs.

 

Oubliant la sagesse des fables de nos ancêtres, avertissant du danger des conflits entre ceux qui devraient s’entendre, mise en scène par Jean de La Fontaine dans la dispute entre la belette et le lapin sollicitant l’arbitrage, le soutien, du chat, Raminagrobis ou Grippeminaud :

 

« … Aussitôt qu'à portée il vit les contestants,
Grippeminaud, le bon apôtre,
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre
. »

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Penseur, poète, explorateur, frère des Hommes. Il effectuera un voyage extraordinaire, dans le sud du Maroc, en 1930 : 1400 km, partant de Tiznit pour arriver à Smara. Mourant, à 26 ans, d’une dysenterie, à Agadir, au retour de son périple le 30 novembre 1930, http://www.moncelon.com/vieuchange.htm.

(2)  Et, même, persécutés, massacrés, humiliés. Notamment au Mali et au Niger. Cas de tortures et de viols, avec comme en Palestine déshabillage public des hommes, à Ménaka, Tessalit, Aguelhok, Kidal, etc.

(3)  Mohamed Cherkaoui, “Morocco and the Sahara : Social Bonds and Geopolitical Issues”, The Bardwell Press, 2007, http://www.bardwellpress.co.uk/pdf/Sahara_2nd_Sample.pdf

(4)  Mohamed Cherkaoui, Op. Cit.

 

 

 

 

 

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 04:00

 

 

Une analyse par le caricaturiste Allan Mcdonald, du Honduras, sur "La Paix" vue et pratiquée par "La Communauté Internationale".

 

Autrement dit, l’Empire et ses multiples casquettes : ONU, OTAN, Prix Nobel de La Paix, etc.

 

 

cartoon-peace-mcdonald honduras

 

« - “Paz", "Paix" en espagnol,
s’écrit “
Peace" en anglais
et se prononce “
Pisse"… »

 

 

 

 

 

 

Caricature d’Allan Mcdonald : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=7986&lg=en

 

 

 

 

 

 

.

 

 


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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 14:47

 

 

 

« Le régime “néolibéral” sape les fondements de la souveraineté populaire en transférant le pouvoir de décision des gouvernements nationaux à un “parlement virtuel” d’investisseurs et de prêteurs, préalablement organisés dans de grandes firmes. »

Noam Chomsky  (1) 

 

 

 

 

Iaroslavl. 

 

Prestigieuse cité, dans un site superbe offrant la rencontre de la Volga et de la Kotorosi, à 300 km au nord-est de Moscou. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Fêtant, cette année, son millénaire.

 

Davantage que Moscou, capitale devenue une mégalopole anarchique de clinquant, pollution et embouteillages. Mieux que la brillante Saint-Pétersbourg aux lumineuses façades du XVIII° siècle, inspirées de l’architecture baroque, italienne ou française. Nous sommes dans la Russie profonde, à taille humaine, où la sobriété des bâtiments historiques est plus proche de la ferveur que de la tristesse, où respirer n’est pas s’asphyxier, où déambuler n’est pas se perdre…

 

Les 9 et 10 septembre 2010, s’y est tenu un Forum politique international au titre inévitablement ambigu, comme l’exige ce genre de manifestation, pour rassembler le maximum de chalands :

« Etat moderne : standards de la démocratie et critères d'efficacité ».

 

Créé l'année dernière à l'initiative de la présidence russe, il a pour ambition d’attirer du monde entier : responsables politiques, “managers”, “businessmen”, analystes financiers, “leaders” d’opinion et médias. Avec, évidemment, les incontournables “experts” en tous genres : sciences politiques, économiques, techniques, juridiques, éducation, investissement, sécurité...

 

Pour y discuter, nous indique le sous-titre de ce colloque, tout aussi brumeux que son titre :

« Du rôle de l'Etat moderne dans la sécurité et la stabilité du monde dans le 21ème  siècle ».

 

Ces manifestations entrent dans la stratégie de communication de la Russie. Accomplissant, depuis peu, des efforts considérables pour améliorer son image. Tout particulièrement auprès des investisseurs et des fonds d’investissements internationaux, afin de multiplier financements de projets et créations d’entreprises accélérant son développement économique.

 

Luttant ainsi contre la politique de diffamation, organisée par une “industrie de guerre psychologique”, aux moyens gigantesques, héritée de la Guerre Froide. Véhiculée par des pseudos “experts” de la Russie. En fait : “spécialistes” en propagande antirusse, aux visions apocalyptiques prédisant son effondrement imminent dans une ambiance de Guantanamo cyrillique.

 

Pour ne prendre qu’un exemple, en France, un de ces cuistots de la désinformation, Thierry Wolton, n’écrivait-il pas récemment (en 2008 !) :

« Les héritiers du KGB sont probablement fiers de l’image qu’ils donnent à voir de leur Russie d’ordre, alors qu’elle reflète l’incapacité chronique de ce pauvre pays, qui a déjà tellement souffert, à s’adapter au reste du monde. » (2)

 

Se débarrasser de ce goudron intellectuel, s’étalant à profusion sur tous les présentoirs des maisons d’édition, librairies et médias occidentaux, exige évidemment d’employer des instruments de communication efficaces…

 

Forum ou colloque, écouter et analyser les “non-dits”, “trous”, “manques”, derrière discours officiels, interventions savantes, et autres déclarations en séances plénières, sont essentiels. Tous ces bruissements, échanges, libres propos, « backstage », dans les coulisses. Là, se nouent, se dénouent, ou se découvrent, les enjeux véritables.

 

A Iaroslavl, s’est dévoilée une formidable poussée. Un véritable putsch. Non violent, nous ne sommes pas en Equateur. “Soft”. Feutré. Néanmoins : redoutablement efficace. Car, il ne s’agissait pas d’une horde de policiers voyous et corrompus, instrumentalisés par des services secrets étrangers…

 

Mais, d’une caste s’autoproclamant “élite du pays”, se revendiquant “atlantiste”. Dans un refrain muet, silencieusement repris en chœur, dans la hargne, la servilité ou la béatitude, suivant les tempéraments, étouffant son hurlement : « L’Intégration à l’Otan ! ».

 

Se ruant à l’assaut de la doctrine défendue jusqu’à présent par la nation Russe, depuis son redressement succédant à son quasi-naufrage des années 90 : participer aux échanges internationaux, dans un monde « multipolaire ». Ces putschistes ne souhaitant qu’une “intégration” dans un Occident mythique, pôle de “La Civilisation”, la Russie se devant d’admettre la suzeraineté des USA… 

 

Ce putsch va-t-il réussir, durer, prendre racine ?... La Russie est-elle prête à sacrifier son indépendance pour un développement promis par des pays en plein déclin économique ?... (3) Où sont les véritables intérêts de la Russie, pour la fin de ce siècle, et le siècle prochain ?

 

Ces forces centrifuges qui sont-elles, et sont-elles maîtrisables ?

 

Iaroslavl-Alexey-Bogolyubov-Procession-de-Paques-1863.jpg

 

Alexeï Bogolioubov – Procession de Pâques à Iaroslavl - ­1863

 

 

Forum politique ou cérémonie d’allégeance ?

 

S’immerger en Russie, venant d’Occident, c’est découvrir une intensité du débat, des tensions entre courants opposés, portant sur les conceptions et les orientations de la société Russe, au sein des membres du gouvernement, des responsables de l’administration, des dirigeants d’entreprises, de l’armée et des industries de l’armement, dont on a perdu l’habitude sous nos clochers.

 

A des années-lumière du monolithisme de la pensée et de l’action politiques des nomenklaturas occidentales imposant à nos nations, via leurs médias de propagande, le « parti unique », avec son ballet à deux casquettes et son alternance bidon.

 

Entre “démocrates” et “républicains” aux USA, “conservateurs” et “travaillistes” en Grande-Bretagne, UMP et PS en France, impossible de glisser une feuille de papier à cigarette, pour ne prendre que trois exemples. Tant visions, objectifs, pratiques, sont similaires. Hors slogans électoraux élaborés par les agences de Pub, appliquant les mêmes ficelles que pour distinguer deux lessives sortant de la même usine…

 

En Russie, ça bouge, en ce moment… Confrontations, bras de fer, ordres, contre-ordres, se succédant dans une cacophonie, une agitation, qui se ressentent de la diplomatie aux marchés de l’armement (4), de la gestion des municipalités à celles des régions autonomes, des investissements d’infrastructure à la hiérarchisation des grands projets.

 

Le meilleur historien français de la Russie, Michel Heller, le rappelait :

« Les contradictions, les conflits, les exigences de réformes  et la résistance aux changements constituent le mode d’existence de tout Etat. En Russie, toutefois, conflits et contradictions prennent parfois un caractère plus aigu qu’ailleurs… ». (5)

 

Symptômes de mutation ?

 

Inévitable que ces courants, convergents ou hostiles, se soient retrouvés lors de l’organisation et la tenue du Forum. Trouver un point commun, un consensus, apaisant tiraillements et circonvolutions, étant difficile, tout le monde se mit à table autour de la tarte à la crème du moment : « La Sécurité »…

 

Florilège…

 

Le directeur de l'Institut du Droit Européen auprès du ministère russe des Affaires Etrangères, Mark Entine :

«  Est-ce que le droit international est un système de sécurité réagissant aux menaces ? A l'évidence, la réponse est négative. Il nous faut donc avoir en tête toutes ces menaces mais discuter, avant tout, d'un moyen qui nous permettra de réagir à toutes ces menaces. » (6)

 

Le président de l’Institut du développement contemporain et modérateur de la section “Systèmes régionaux de sécurité mondiale” du Forum, Igor Iourgens, quant à lui :
«… prône la création d’une union Russie-OTAN et l’intégration ultérieure de Moscou à l’Alliance renouvelée. » (7)
On comprend qu’une partie de la classe politique russe soit obsédée par la volonté de désarmer l’hostilité traditionnelle de l’Occident, notamment chez les anglo-américains. (8) Les nostalgiques de la Guerre Froide, manipulés par les lobbies de l’armement. Même fossilisée, “la bête” réapparaît, comme ces mammouths enfouis sous les glaces ressuscitant de vitalité débordante dans les musées, pour une seconde vie.
Subitement, nier le “droit international” pour “intégrer l’OTAN” afin d’assurer sa “sécurité”, ce n’est pas simplement tourner le dos au « multipolaire », c’est plus que verser dans « l’unipolaire »…
Contrer les “menaces”, assurer la “sécurité”, lutter contre le “terrorisme”, que recouvrent ces mots ?...
Le terrorisme, on le sait depuis longtemps, n’est que le mélange explosif de prédateurs gorgés de richesse s’imaginant cohabiter paisiblement avec des populations qu’ils spolient et humilient. Il suffit de respecter le droit des peuples à l’autodétermination, dans l’équité économique et sociale assurant leur prospérité, pour que le problème soit résolu.
L’ennemi de la liberté, c’est la pauvreté imposée. Ni plus, ni moins. Le mythe du terrorisme, succédant à la lutte contre le communisme international, est l’emballage de l’idéologie impériale charpentée par La Loi du Plus Fort, fondant sa prospérité sur la spoliation.
La Russie, issue des cendres de l’URSS, n’a aucune ambition impériale, éprouvant les plus grandes difficultés, avec sa faible démographie aggravée par la saignée de la deuxième guerre mondiale et ses 30 millions de morts, à peupler son immense territoire, aux colossales richesses naturelles. Comment un pays avec une population équivalente à 2 fois celle de la France et à 37 fois son territoire, au sous-sol débordant de trésors, nourrirait-il des volontés de prédation à l’égard d’autres pays ?...
En ce cas, pourquoi s’aligner sur un Occident déclinant, dont les ressources proviennent de pays assujettis et pillés ?... Tenir un même discours, pour quels objectifs communs ?...
Céder, par faiblesse ou par peur, aux pressions de l’OTAN exerçant sans discontinuer son encerclement : fusées à ses frontières avec la Pologne ; tensions entretenues en Ukraine, aux Pays Baltes ; agressions en Géorgie, Tchétchénie et dans l’ensemble du Caucase ; manœuvres hostiles du Japon autour des îles Kouriles et presqu’île du Kamchatka ?...
Apaiser les campagnes de déstabilisation a répétition sous prétexte des “droits de l’homme” et autres fariboles, que l’Empire et ses vassaux sont les derniers à respecter dès que leur soldatesque exerce ses talents de soudards en dehors de leurs propres frontières ?... Par un milieu d’affaires occidental rêvant de s’emparer de l’appareil d’extraction de ses ressources naturelles, et des rentes de situation que sont la privatisation des services publics.
Souscrire au délire de l’Empire de rassembler dans un même bloc avec l’Otan, Russie et Inde, contre la Chine ?... Vision entretenue par des bellicistes travaillant avec fébrilité dans la perspective d’un conflit avec la Chine pour la fin du XXI° siècle, afin de préserver son hégémonie pour le XXII° siècle ?... 

Questions que le président Medvedev s’est bien gardé de soulever et, surtout, d’y répondre dans son discours du 10 septembre, devant le Forum réuni. Reprenant la rhétorique de l’idéologie néolibérale, avec l’inévitable couplet sur la démocratie rempart contre le terrorisme,  dans ce qu’il a présenté comme un programme en 5 points (9) :

 Renforcer le cadre juridique des “valeurs et des idéaux humanistes”

 Multiplier les incitations de l’Etat pour assurer un haut niveau de développement technologique

  Renforcer le rôle de l’Etat, en veillant à l’indépendance de la justice, dans la protection de ses citoyens, par des programmes de lutte contre : terrorisme, drogues, trafics et immigration illégale

 Assurer un haut niveau de culture, d’éducation et de méthode de communication, en reconnaissant l’importance d’Internet en tant qu’apporteur d’information, d’espace de discussion et de débats, nécessaires à toute démocratie

 Encourager le rôle actif des citoyens indispensable à la vie d’un Etat démocratique.

 

Apparaissent en filigrane les “tabous” du Libéralisme : ne jamais évoquer les problèmes fondamentaux de justice économique et sociale, de redistribution des richesses nationales qui sont, en fait, les causes des profondes crises qui déchirent nos sociétés.

 

Mais, reprendre une rhétorique, une figure de style imposée, n’est-ce pas plier un genou face à celui dont on accepte la règle, reconnaître la suzeraineté de celui qui dicte cette doxa ?... Dont on sait, pertinemment, qu’elles ne recouvrent que ce qu’oligarchies et ploutocraties veulent bien accorder aux peuples qu’ils régentent. Main de fer dans un gant de velours à l’intérieur de leurs frontières, main de fer dans un gant d’uranium appauvri ou de phosphore blanc à l’extérieur…

 

Dans cet acte d’allégeance, le « monde multipolaire » auquel aspirait la Russie, érigé en principe cardinal de sa politique nationale est fortement, violemment, remis en cause. Par deux forces centrifuges. Leur travail de sape est si acharné, obstiné, puissant, qu’il commence à déstabiliser l’Etat au plus haut niveau.  

 

 

Impact du “lobby des Russes-Israéliens” 

 

Parmi les partisans exaltés de l’intégration de la Russie dans l’OTAN, et sa soumission aux USA, figure le puissant « lobby des Russes-Israéliens ». Idéologie, vision, action : un copié-collé de celles des néoconservateurs US et des extrémistes sionistes. 

 

Un exemple…

 

Evgueni Satanovsky représente une des personnalités les plus éminentes et les plus actives de ce lobby de Russes à la double nationalité. Arborant le titre de “directeur de l’Institut du Proche-Orient”, il est portraituré en "expert" Russe du Moyen-Orient, y compris dans les médias occidentaux. En fait, il ne véhicule que l’idéologie coloniale de l’extrémisme sioniste le plus fanatique. Si j’étais moins gentil, je dirais : le plus crade…

 

Pour avoir une idée de ce niveau halluciné, je vous invite à regarder la vidéo (5mn18) de son interview traduite du russe en français, diffusée par RIA Novosti. Un concentré des pires clichés. LaFlottille de la Liberté”, sauvagement arraisonnée par les commandos sionistes, y est qualifiée, sans rire, de tentative « d’invasion d’Israël » !... Il faut se pincer très fort pour en croire ses oreilles et ses yeux. (10)

 

Cet « expert Russe du Moyen-Orient », très présent dans les médias et les couloirs du pouvoir, a été président du “Congrès Juif de Russie” de 2001-2004. Créé en 1996, apprend-on, par des « hommes d’affaires » en liaison avec le réseau international de ces congrès relevant de la même affiliation religieuse.

 

Confusion des genres, scrupule déontologique, ne semblent pas gêner outre mesure cet “expert”… Encore moins les médias, bien sûr, qui adorent batifoler dans cette tambouille.

 

Pas de quoi fouetter un chat, pourrait-on se dire. S’agissant de propagande, nous y sommes habitués. En France, ou ailleurs, nous subissons depuis longtemps les mêmes “experts” du Moyen-Orient, directeurs des mêmes “instituts” en carton-pâte, paravent des propagandes identiques. Il ne faut s’étonner de rien : le "fast-food" de la désinformation…  

 

Sauf que l’impact du « lobby des Russes-Israéliens », commence à dépasser le cadre de la Russie et à inquiéter sérieusement certains responsables internationaux par son fanatisme, son radicalisme, son entêtement, obsessionnels.

 

Jusqu’à Bill Clinton, dont on connait pourtant le soutien inconditionnel aux positions les plus extrêmes d’Israël, avec sa pétulante épouse Hillary actuel ministre des affaires étrangères de son pays, qui vient de s’en émouvoir. Au point, de s’en inquiéter publiquement dans une conférence.

 

Ce lobby va trop loin !... La coupe est pleine !... Par son opposition résolue à toute application des résolutions de l’ONU, à toute paix en Palestine. Déterminer à perpétuer dans l’indifférence, l’horreur et l’injustice permanentes…  (11)

 

C’était le 22 septembre dernier, à New York, au cours d’un entretien enregistré face à Maria Bartiromo de la chaîne CNBC, dans un programme intitulé “Meetings of Minds” de la Fondation Clinton Global Initiative.

 

Sacrilège, pour ne pas dire "blasphème" !...

 

Bill Clinton, le gai luron, devenu soudainement grave, osait déclarer :

« ‘Russian Israelis’ key obstacle to peace » (Les ‘Russes-Israéliens’ sont l’obstacle majeur de la paix).

 

Dénonçant l’afflux massif de colons venus de Russie en Palestine. Produisant des statistiques pour preuves : 16% de la population israélienne parle russe. Soulignant le rôle néfaste d’une majorité de jeunes recrues dans l’armée, d’origine russe, hooligans hyperviolents et racistes votant majoritairement pour l’extrême-droite. Condamnant la "colonisation à outrance"…. (12)

 

Panique dans les cuisines de la propagande !... Ce fut la course à l’étouffoir, à l’éteignoir… Immédiatement, méticuleusement, les médias occidentaux, se sont arrangés pour ne donner ni diffusion ni écho à pareils propos. Silence presse, radio & TV ! Préférant traiter du sort tragique des babouins dans les forêts en voie de disparition du Kalimantan.

 

Car, Bill Clinton en est sidéré. On le sent excédé. Il rappelait dans sa conférence qu’en fin de son mandat présidentiel, essayant de rapprocher les positions des deux parties dans une négociation, il se heurtait constamment à l’intransigeance inflexible, fanatique, du “Russe-Israélien” Nartaan Sharansky, ministre du gouvernement du régime sioniste de l’époque.

 

A croire que cette fureur implacable, à l’encontre des Palestiniens, est vécue comme une vengeance par ces descendants des tribus Khazars converties au judaïsme au VIII° siècle (sur injonction de leur prince, Bulan, pour s’opposer à Byzance et à la Bulgarie chrétiennes), alors qu’ils colonisaient les bords de la Mer Noire et une partie du Caucase avant d’être dissous dans l’Empire Russe deux siècles plus tard, pour toutes les décennies de frustrations, d’humiliations, d’oppressions, endurées sous le communisme stalinien. (13)

 

On retrouve les mêmes Khazars, à l’origine turco-mongols venus d’Asie centrale, en Géorgie, sous la double identité « Géorgiens-Israéliens ». Temur Yakobashvili, ministre de la défense de la Géorgie s’est rendu célèbre en Russie pour avoir clamé en hébreu sur la radio militaire israélienne, les premiers jours de l’attaque surprise contre la Russie (les commandos géorgiens avaient égorgé et tué au silencieux, dans leur sommeil, les Russes “observateurs internationaux” d’interposition entre Ossétie du Sud et Géorgie, à l’aube de l’invasion) :

Israël doit être fier de son armée qui a entraîné les soldats géorgiens !”.

 

Ce sont les israéliens, avec les USA, en effet, qui financent, arment la Géorgie jusqu’aux oreilles, entraînent leurs forces armées, multipliant provocations, agressions et déstabilisations dans le Caucase. Le mettant à feu et sang. Sur le palier d’une des portes d’entrée de la Russie...

 

Autre personnalité phare « du lobby "Russes-Israéliens" » : Avigdor Liebermann, russophone, actuel ministre des affaires étrangères d’Israël. Connu pour être un extrémiste, fanatique de la pire espèce, il a donné un aperçu du niveau d’éthique de sa conception de la diplomatie par son discours lors de la dernière assemblée générale à l’ONU. Choquant plus d’un, dans ce milieu pourtant blasé…

 

D’après lui, la solution la plus simple pour « résoudre le problème Palestinien » est d’abandonner le fondement de l'ensemble des résolutions, dispositions, accords antérieurs, pour ne tenir compte que de la réalité d’aujourd’hui : le fait accompli. Sous-entendu : l’application de "La Loi du Plus Fort". Droit international et accords internationaux n’étant, en fin de compte, que des chiffons de papier…

 

Certains Russes, accablés par tant de stupidité, n’ont pas hésité à brocarder ses outrances : « Les idées de Liebermann sont si larges qu’il faudrait les rétrécir », écrit Dimitri Babich dans RIA Novosti. (14)

 

Les coups de boutoir répétés et sauvages de ce lobby permettent de comprendre comment volonté et position d’apaisement ou d'équilibre, que la Russie s'imposait et souhaitait faire partager sur certains problèmes internationaux, fondent comme neige au soleil : Palestine, Iran, Syrie… Jusqu’à quel point ?...

 

 

Corrosion du cynisme affairiste

 

Une deuxième force centrifuge a pour vecteur le milieu des affaires, du moins une large proportion. Pour être plus précis : un milieu “affairiste”, se livrant à une corrosion des piliers de la nation Russe.

 

Ce sont les nouveaux riches, non pas ceux de l’ère Eltsine et de l’écroulement de l’URSS qui n’étaient que des mafieux. Déterminés à s’enrichir, par des valises de “cash”, inconscients des enjeux, en bradant les richesses nationales dont ils s’étaient rendus maîtres en cheville avec la nomenklatura décadente, aux groupes internationaux de l’énergie et des mines.

 

A présent, il s’agit d’une nouvelle génération plus instruite des mécanismes économiques et spéculatifs, moteurs du “Libéralisme” et de la “mondialisation”. Devenus riches, certains immensément riches, ils aspirent à le devenir plus encore. Toujours plus, avec leurs seconds couteaux, leurs médias, leurs courtisans et leurs bouffons.

 

Une richesse familiale surgissant en moins d’une génération, sans fondement d’une “découverte” répondant aux besoins ou à l’engouement d’un marché, sans spoliation, ne peut avoir pour origine qu’un mix de corruptions, délits d’initiés et trafics de marchés publics.

 

Le terreau de cet enrichissement rapide et exponentiel est toujours composé, quel que soit le pays, de marchés d’infrastructure (BTP, barrages, ports, aéroports, réseaux ferroviaires, oléoducs, etc.), d’armements (internes ou à l’export), ou de privatisations (notamment, le secteur banques & assurances, énergies, mines, aciéries, etc.). Marchés, ententes, arrangements, octrois de licences ou autres, opaques et générateurs de commissions occultes considérables. En proportion avec le montant des transactions.

 

Jamais ne s’édifie une fortune, en moins d’une génération, dans l’investissement industriel à partir de zéro (from scratch, comme disent les anglophones), hors marchés publics ou découvertes majeures (PC, dynamite, pénicilline, etc.). “Jamais”.

 

Mais, ces nouveaux riches, convaincus de leur génie, en junkies de l’affairisme, drogués au narcissisme ventilé par leurs courtisans ramassant les miettes, ont leur nombril pour centre du monde du fait, estiment-ils, d’appartenir à « l’élite des riches ». Adeptes du darwinisme social le plus extrême, ils n’ont ni le temps, ni le goût de s’intéresser aux autres. Même pas celui de dire au peuple, s’il n’a pas de pain pour calmer sa faim, de manger des brioches, comme nos aristocrates en talonnettes et bas de soie la veille de la Révolution.

 

Sentiment enivrant d’appartenir à une Caste supérieure représentant la quintessence du Libéralisme… Ils ne s’en cachent pas, en sont fiers.

 

Ces zélotes du capitalisme sauvage, ont encore moins le réflexe des grands barons du capitalisme américain appelés, dès la fin du XIX° siècle, les Barons Voleurs (Robber Barons) les Carnegie, Morgan, Rockefeller, Vanderbilt. S’intéressant à l’éducation en créant des universités, ou aux pauvres par des actions caritatives.

 

Tradition philanthropique toujours vivace aux USA (en France, une Liliane Bettencourt ne donnera qu’un vingtième de sa fortune à un copain photographe, mais c’est déjà un commencement…) :

« Une quarantaine de milliardaires américains et leurs familles se sont engagés mercredi à donner au moins la moitié de leur fortune à des organisations caritatives ».  (15)

Ceux-là soignent leur image, pour faire oublier les voies et moyens de leur enrichissement.

 

Seule préoccupation, dans leur volonté d’enrichissement, de conserver leurs privilèges : se lier à « l’élite de l’Occident ». Pour cela, soumettre la Russie aux intérêts étrangers, dans l’abandon de son indépendance. Rêve d’une ploutocratie persuadée que renoncer à la souveraineté de son pays, dans la servilité, les couvrira, eux et leurs rejetons, de richesse infinie…

 

Les observant dans leur impatience d’intégrer l’OTAN et se coucher à la botte de l’Empire, on pourrait prendre à rebours la déclaration enflammée, en 1914, la veille de la première guerre mondiale, de l'intellectuel nationaliste allemand Adolf Bartels, du genre fanatique, auteur d’un mémorandum politique :

« Le prix de la victoire : une Russie occidentale allemande »  (16) 

 

Le credo de ces affairistes :

« Le prix de la fortune : une Russie "Atlantiste" ! ».

 

Evidemment, ils représentent la tête de pont des milieux d’affaires occidentaux qui les bichonnent, les font passer pour des génies dans leurs médias de propagande. A condition de reprendre et réciter la rhétorique souhaitée : « La Russie doit améliorer ses relations »…

 

C’est-à-dire ?...

 

Le Forum de Iaroslavl ne vibrait que de ce leitmotiv : “créer des conditions favorables aux investisseurs étrangers”, y compris aux expatriés occidentaux sur place, pour « moderniser » la Russie. Et, bien sûr : "intégrer l’OTAN".

 

En clair : ne pas payer d’impôts sur les bénéfices, si ce n’est symbolique comme l’immatriculation des Rolls et Ferrari, libre circulation des capitaux spéculatifs, ne pas payer ses ouvriers dans la "paix sociale"... En bref : Tout pour nous, « élite ». Et, repris en chœur par les affairistes le poing levé : que les autres crèvent !

 

J’exagère ?... Je vais vous décevoir : même pas.

 

Connaissez-vous Maksim Shevchenko ?... C’est un analyste politique Russe, très influent dans ce Forum et ailleurs. Fondateur du “Strategic Research Center for Modern World Religion and Politics”, en 2000… Un “institut” censé réunir spécialistes et “experts” des problèmes politiques, sociaux et religieux, contemporains…

 

On se doit de l’écouter attentivement. Je vous invite à lire son interview en anglais, sur le média russe RT, du 13 septembre dernier. Vous serez édifiés. (17)

 

A mon avis, il s’agit d’un des meilleurs analystes politiques actuels. Non pas en raison de la pertinence de ses analyses, dont je ne partage pas la finalité, mais parce qu’il énonce clairement, cartes sur table, sans hypocrisie, les croyances et objectifs du “milieu” qu’il représente. Du moins, en tant que porte-parole de ce qu’il appelle : « l’élite Russe ». Ce qu’il dit est révélateur de la mentalité de cette caste d’affairistes.

 

Singeant les aristocrates de la Cour de Catherine II, ils prétendent ne vouloir qu’intégrer « La Civilisation » !... Méprisant à l’égard de leur propre peuple, considérant la Russie en pays attardé, composé de paysans arriérés, ces descendants de moujiks ne peuvent être que des ploucs incapables de comprendre l’évolution du monde. Tellement bornés qu’il n’est pas utile de perdre son temps à le leur expliquer. N’ayant le droit que de se taire et de suivre ce que l’élite leur dicte.

 

Parlant au nom de tout le pays, ils estiment que la “modernisation de la Russie” passe par l’application des règles du “club” qu’ils veulent rejoindre, impliquant une totale coopération avec les « élites » occidentales. La Russie ne veut pas être un pays du tiers-monde qui enrichit l’Occident. Préférant être une province éloignée de l’Occident que “leader” des pays de l’Est. Assumant un rôle d’auxiliaire au sens où l’entendait les romains. Payer tributs, fournir armes et troupes à l’Empire.

 

S’il y a une guerre déclenchée par l’Occident ?... Quels qu’en soient les motifs (contre la Chine, l’Iran, la Corée ou autre…), c’est à ses côtés qu’il faut se joindre. Ceux qui génèrent et gèrent "les crises", et non pas ceux qui les subissent, puisque "les crises" ne sont que l’expression de rapport de forces et de guerres économiques.

 

"La mondialisation" n’a pas pour objectif de sauver l’humanité, c’est une "domination absolue" de l’Occident fondée sur la "suprématie militaire et économique". C’est pour cela que jamais il ne tolérera le même niveau de développement de l’Afrique et de l’Asie, etc.

 

Deux passages méritent d’être retenus.

 

Pauvreté, misère du monde, famine et maladies ravageant plus de la moitié de la planète ?... D’après Maksim Shevchenko, la ploutocratie russe ne marque aucune hésitation :

They don’t want to be with the poor and the persecuted […] They prefer to side with the West, which is what the Russian elite have dreamed about for the past 300 years, except during the Soviet period.”

Traduction :

« Ils (les membres de l’élite) ne veulent pas être du côté des pauvres et des persécutés […] Ils préfèrent être du côté de l’Occident, qui représente ce dont l’élite russe a rêvé pendant les 300 dernières années, excepté pendant la période soviétique. »

 

Mégalomanie élitiste atteignant son paroxysme avec cette déclaration rendant désuète, en termes de métaphore, la célèbre formule « après nous le déluge ! » :

 So Russia wants to get on the ship called the Big West and sail to the shining city on a hill, from the foot of which flaming chaos will spread throughout the world”.

Traduction :

« La Russie veut monter à bord du vaisseau du Grand Occident et se diriger vers la Cité Radieuse sur la colline, au pied de laquelle les flammes du chaos se répandront sur le reste du monde ».

 

On se croirait dans un roman de science-fiction de Philip K. Dick "La Cité Radieuse", réservée à une caste, dans un monde livré au chaos…

 

Pétrifié par cette vision d’apocalypse, se terminant en apothéose pour « l’élite du Grand Occident » : c’est « la fin de l’Histoire », s’exclame-t-on ! Pour reprendre l’expression d’un historien-bidouilleur, un temps, à la mode.

 

Toutefois…

 

Dans les couloirs du Forum de Iaroslav, on entendait grincer quelques cailloux dans les chaussures en crocodile vernis de cette brillante élite, se précipitant à la queue-leu-leu pour embarquer sur le radeau de l’OTAN, en partance pour la Cité Radieuse. Le même grincement : Poutine 2012, Poutine 2012

 

Oui, car suivant l’alternance, Poutine se présentera aux élections présidentielles de 2012.

 

Cette perspective semble déranger ce milieu. Du temps de sa présidence, Poutine était détesté par les gouvernements occidentaux, mondialistes, businessmen dominateurs, et, bien sûr, l’OTAN. Il avait donc droit au même traitement qu’un Chavez et autres épouvantails médiatiques de la propagande occidentale.

 

S’il sait se montrer accommodant, conciliant, il est vrai, Poutine n’est pas du genre à courber l’échine. Surtout sous la menace. Pas le genre impressionnable.

 

Les couloirs du Kremlin résonnent encore des éclats de rire suite à ses commentaires “off the record”, du temps de Bush Junior, sur Dick Cheney et Condolezza Rice (vice-président et ministre des affaires étrangères US du moment) qui prétendaient à grands moulinets menacer la Russie, et lui donner des leçons de "Droits de l’Homme" du haut de la pile des corps suppliciés d’Abu Ghaïb, de Guantanamo, de Bagram et des dizaines de centres de torture de la CIA de par le monde…

 

Homme de dossier, très pointu, à l’humour pince-sans-rire, Poutine pouvait réciter par cœur, au centime près, la rémunération de ces deux compères sur les 10 dernières années par les groupes pétroliers et de l’armement US… De Dick Cheney qui, dans un accident de chasse, avait tiré du plomb dans son pied ainsi que dans celui de son voisin, il suggérait d’apprendre à tenir un fusil avant de menacer la Russie …

 

Alors, le cynisme affairiste, prenant ses désirs pour la réalité avec son copain l’OTAN, le laisse de marbre…

 

Aussi pragmatique que lucide, Poutine sait qu’il faut du fumier pour faire pousser les plantes. Mais, ce n’est pas au fumier à régenter le jardin. Il pourrait faire sienne la citation de l’écrivain, et courageux journaliste, américain Ambrose Bierce, rapportée par Michel Heller (18) :

« L’histoire est le récit généralement inexact d’évènements le plus souvent insignifiants, engendrés par l’action de gouvernants qui, dans leur immense majorité, sont de fieffés gredins, et de soldats presque tous imbéciles ».

 

Il n’est ni l’homme providentiel, ni le tsar au pouvoir absolu. Lui-même en est conscient. Trop serein, pour revendiquer ces rôles illusoires. Simplement, un Homme d’Etat au centre d’enjeux, de rapports de force, de conflits entre clans, où le conseil sincère côtoie le mensonge le mieux bétonné.

 

Mais, dont la force est de croire en l’avenir d'une Russie puissante, indépendante, abordant le siècle prochain dans la paix et la prospérité. Pour tous les Russes. Depuis qu’il est premier ministre, il n’a cessé de sillonner la Russie dans tous les sens, jusque dans les régions les plus reculées de la Sibérie. A la rencontre du “pays réel”, prenant à bras-le-corps les problèmes locaux, au contact des habitants les plus modestes. Sa popularité est immense.

 

Pour cela, il est craint par une partie de l’oligarchie corrompue. Encore plus en Occident que dans la chorale “atlantiste” de son pays.

 

Museler les grands oligarques qui dépassent les bornes, oubliant les intérêts premiers de la nation, ne le fait pas trembler. Le maire de Moscou, Luzhkov, se croyant intouchable du fait de la fortune considérable qu’il avait accumulée, de plus marié à une des femmes milliardaires de Russie, une des plus riches du monde, vient de l’apprendre à ses dépens. Se prenant pour un Grand Duc, voulant parler d’égal à égal avec le président de la Fédération Russe, il vient d’être remplacé par le bras droit de Poutine, le vice-premier ministre Sergey Sobyanim, authentique gestionnaire incorruptible.

 

Les affairistes sentent le vent de la steppe siffler à leurs oreilles…

 

La veille du Forum de Iaroslavl, au cours d’un déjeuner-débat avec les membres du club Valdaï, club truffé d’atlantistes, "d’experts" et journalistes, il s’y est montré souverain d’aisance face aux questions navrantes de bêtise des journalistes qui prétendaient vouloir le “déstabiliser”. Notamment, ceux des médias The Economist ou The Times : minables. Lisez ce court compte-rendu, un petit régal. (19)

 

Who knows ?... Qui sait ?...  

 

A l’invitation souriante de Poutine, peut-être qu’en Russie les putschistes, « atlantistes » de tous poils, devront-ils descendre de leur Cité Radieuse perchée sur la colline, prendre pelles et seaux, pour contribuer à éteindre l’incendie du chaos que prédation et bellicisme des prétendues « élites du Grand Occident » ne cessent de répandre dans le monde ?...

 

 

 

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(1)  Noam Chomsky, Raison & Liberté – Sur la nature humaine, l’éducation et le rôle des intellectuels, préface de Jacques Bouveresse, Editions Agone, Collection Banc d’essais, 2010, p. 235.

(2)  Thierry Wolton, Le KGB au pouvoir – Le système Poutine, Buchet-Chastel, 2008, p. 220.
Ouvrage caricatural de propagande antirusse… A la thématique identique pour la Chine, Cuba, Venezuela, Iran, etc. Il suffit de changer le nom des personnes et des lieux, en y ajoutant une pincée de couleur locale.

(3)  Paul Craig Roberts, America’s Third World Economy – The Great Transformation, 8-10 October 2010, CounterPunch, http://www.counterpunch.org/roberts10082010.html

(4)  Exemple : le projet de vente de porte-hélicoptères Mistral par la France. Ce fut la commande d’un, puis 4, puis 2 construits en France et 2 en Russie sous licence, puis l’annulation du marché au profit d’un navire du même genre et moins cher à La Corée du Sud : le Dokdo, puis finalement l’annulation du marché pour relancer un nouvel appel d’offres international… La valse à mille temps...

(5)  Michel Heller, Histoire de la Russie et de son empire, Editions Plon, 1997, pp. 923-924.
Ouvrage fondamental à lire, pour sortir des feuilletons antirusses pondus par les primates de la propagande, et comprendre tensions ou mutations de la Russie actuelle.

(6)  http://en.globalpolicyforum.ru/presscenter/publications/L-elite-intellectuelle-mondiale-se-reunira-au-forum-politique-a-Iaroslavl 

(7)  http://www.armees.com/Forum-de-Iaroslavl-creer-une-union,33810.html 

(8)  Beware friendship with Moscow, (Trad : Attention à l’amitié avec Moscou !)
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/sep/28/beware-friendship-moscow-russia-medvedev-putin
 

(9)  Russia’s president addresses the Yaroslavl Forum,
http://rt.com/Politics/2010-09-10/yaroslavl-forum-medvedev-address.html

(10)  Entretien vidéo de Evgueni Satanovsky en tant que directeur de l’Institut du Proche-Orient, par RIA Novosti, le 12 août 2010,
http://fr.rian.ru/video/20100812/187228048.html

(11) PO : Les "Israéliens Russes" capables de torpiller le règlement (Clinton), RIA Novosti, 22 septembre 2010,
http://fr.rian.ru/world/20100922/187486981.html

(12)  Sergey Borisov, Bill Clinton : “Russian Israelis” key obstacle to peace, RT, 23 septembre 2010, http://rt.com/Politics/2010-09-23/israel-clinton-russian-immigrants.htm

(13)  Michel Heller, Op. Cit., p. 26.

(14)  Dimitri Babich, Les idées de Lieberman sont si larges qu’il faudrait les rétrécir, RIA Novosti, 1er octobre 2010,
http://fr.rian.ru/discussion/20101001/187545097.htm

(15)   40 milliardaires américains prêts à offrir la moitié de leur fortune, InfoSud – Tribune des droits humains, 5 août 2010,
http://infosud.org/spip.php?article8590

(16)  Cité par Michel Heller, Op. Cit., p. 924.

(17)  Maksim Shevchenko, RT, 13 septembre 2010,
http://rt.com/Politics/2010-09-13/shevchenko-yaroslavl-forum-global.html

(18)  Michel Heller, Op. Cit., p. 9.

(19)  Prime Minister Vladimir Putin meets with participants of the 7th meeting of the Valdaï International Discussion Club in Sochi, 8 septembre 2010,
http://en.rian.ru/valdai_context/20100908/160517335.html

 

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