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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
chante la lutte des Peuples
contre la Prédation
 
 

Horizon...


Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes...
Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas.
A contre-courant...

 

 

 

Modération


Tous commentaires et propos contribuant à enrichir échanges et débats, même contradictoires, sont amicalement reçus. Ne sont pas acceptées les pollutions organisées, en particulier :

a)  Hors sujets et trolls

b)  Attentatoires à la Dignité Humaine :

.  Injures

.  Propos racistes

.  Incitations à la haine religieuse

 

Avertissement

Liberté d’expression et abus de procédure

 

Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 15:11

 


Quel fou rire !...

 

Quel spectacle, ce sommet de l’ONU à Genève sur le racisme !...

 

Voir les représentants de la glorieuse Europe sortir en procession, dans un défilé impeccablement réglé !... Vingt trois !...

 

Ils avaient dû répéter avec le maître de ballet du Lido ou des Folies Bergères. Il ne leur manquait que les plumes et le strass, comme les danseurs.

 

Seule différence : l’air outré, au lieu du sourire des “boys” professionnels. C’était obligé. La mine était de circonstance. Il convenait d’avoir l’air grave. En tant que chorégraphe, pour ma part, j’aurais souligné la solennité de l’instant en accentuant le contraste : conserver le regard furibard des sortants, mais en les faisant danser sur un rythme de claquettes…

 

A part cette remarque mineure, c’était un Show de bon niveau. Parfaitement organisé sur le plan logistique. La salle remplie d’agitateurs expérimentés, soigneusement filtrés et encadrés. Jusqu'à des clowns, perruques et nez rouges !

 

Les médias de la propagande, le doigt sur la couture du pantalon, prêts à démarrer au quart de tour. Dans une coordination éditoriale superbement huilée…

 

De la grande mise en scène. L’ONU dans sa splendeur : “le plus grand Cabaret du monde” !

 


Je les revois. A la queue leu leu, passant devant la tribune de l’orateur. Accompagnés du chœur des vociférations diabolisantes. Tordant !...

 

Il est vrai que l’orateur en question n’était autre que Lucifer en personne : Ahmadinejad. Un négationniste de la pire espèce : il ne cesse de nier que la Palestine est un immense village de vacances. Spécialement organisé et géré par l’Occident pour Palestiniens en quête d’identité.

 

C’est vrai, on les met un peu au rémige en ce moment, surtout à Gaza. Qu’est-ce qu’il veut l’Ahmadinejad, qu’on leur envoie des camions de langoustes et de foie gras ?...

 

Pas moyen de lui faire entendre et de lui faire dire le contraire. Une vraie tête de mule. Il persiste et il signe.

 

Ile ne veut pas comprendre : voler la terre des Palestiniens, les tuer, les bombarder, les torturer, les emprisonner, les affamer, amputer leurs champs et leurs villages par un mur de 10 mètres de haut, ce ne peut être qu’au nom de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme.

 

Il prétend que c’est du racisme. Et, on le dit intelligent, même très intelligent… Mais comment l’humanité engendre-t-elle des monstres pareils ?...

 

Si les européens, les nazis et leurs “collabos”, ont envoyé des juifs dans des camps d’extermination, pendant la seconde guerre mondiale, c’est la faute aux Arabes et, en particulier, aux Palestiniens.

 

Que voulez-vous : ils ont la violence chevillée au corps. Normal : ce sont des musulmans. C’est eux qui doivent payer la facture. Surtout pas, les européens ou les occidentaux. Parce qu’eux, ils ne sont pas racistes. Ils ont le sens des “valeurs”.

 

Lui prétend que c’est de l’injustice… Comment arrive-t-il à se regarder dans la glace tous les matins ?... Il est vrai qu’il ne se rase pas…

 

Gaza ?... Trois semaines de massacres, de bombes aux phosphores et autres feux d’artifice ?... Mais, non ! Ce n’étaient pas des massacres. Juste de la formation, de la pédagogie, pour apprendre aux Palestiniens à bien voter. Ils veulent que la quarantaine de décisions de l’ONU non appliquées à ce jour, le soient enfin. Et, vivre dans un pays où la citoyenneté ne soit pas fondée sur la religion.

 

Ils n’ont rien compris et Ahmadinejad, non plus.

 


Il est tellement entêté qu’il n’a même pas remarqué l’essentiel : tous les pays fondés sur le génocide et le racisme, à l’encontre des peuples d’origine, ne s’étaient même pas déplacés. Ils avaient “boycotté” le sommet :

=>  USA, génocidaires des Amérindiens dits “peaux-rouges”, sans parler des lois raciales et d’apartheid contre la communauté noire en vigueur jusqu’en 1964

=>  Canada, génocidaire des Amérindiens dits “peaux-rouges”

=>  Australie, génocidaire des Aborigènes

=>  Nouvelle-Zélande, génocidaire des Maoris

 

Une buse, cet Ahmadinejad.

 

Réputé pour son “intégrité” et son “courage”. Il ne manquait plus que cela… Traumatisé dans sa jeunesse, nous dit-on, quand son pays a subi pendant huit ans le choc des armées irakiennes soutenues, armées, par l’Occident.

 

Il a vécu aux premières loges les immenses massacres et destructions d’une guerre destinée à punir son pays pour avoir renversé une dictature sanguinaire. Et son souverain, le Shah. Marionnette à la solde des groupes pétroliers qui laissait piller les richesses énergétiques du pays, depuis le renversement d’un gouvernement régulièrement élu en 1953.

 

Il aurait dû comprendre pourtant : le “courage”, ce n’est pas de décrire ce que tu vois sous ton balcon. C’est de dire ce qu’on te dicte.

 

Cet Ahmadinejad… Incapable, pendant que défilaient les délégués occidentaux, d’en saluer symboliquement les éminentes puissances impériales, esclavagistes, racistes, même si elles ont perdu un peu de leur lustre après quelques siècles de domination : Grande-Bretagne, France, Espagne. Auteurs des plus grands massacres, atrocités, sur tous les continents, dans les pires guerres coloniales et d’indépendance, de l’histoire de l’humanité.

 

Il ne comprend rien à la situation et rien à son époque.

 

C’est évident : il se trompe de siècle, Ahmadinejad.

 

On est exactement comme au début du 17° siècle, quand l’Eglise brûlait ceux qui assuraient que la Terre était ronde, et non pas plate.

 

Au sommet de sa puissance économique, financière, diplomatique, l’Eglise a obligé le plus grand savant de son temps, Galilée, à abandonner son constat scientifique. En 1633. De se rétracter. Affirmer que la terre était ronde était une hérésie, passible du bûcher. Brûlé vif…

 

Alors, devant l’organisation internationale de l’époque, chargée de dicter les normes et usages, le Saint-Office, Galilée a renié ses découvertes et a dû admettre s’être trompé. D'admettre que l’Eglise avait raison : la Terre est plate.

 

Au fil des siècles, le nom des institutions change, mais les mécanismes restent. Du moins, ceux contrôlés par les adeptes de la Loi du Plus Fort.

 

Eh, bien en 2009 : le Saint-Office, c’est l’ONU ! Ou encore, la Communauté Internationale, c’est-à-dire les castes au pouvoir en Occident. L’équivalent des cardinaux et des évêques de la grande époque de la puissance de l’Eglise.

 

Aujourd’hui, prétendre que la Palestine n’est pas un club de vacances pour Palestiniens désoeuvrés, que le monde arabo-musulman n’est pas écrabouillé militairement, étranglé par des embargos pour le bien de la démocratie, c’est pareil. Une hérésie.

 

Alors, qu’on se le dise, Lucifer et les autres : l’Occident raciste, cela n’existe pas !

 

La Terre est plate !

 

Et, fermez-la !


 

 

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13 mai 2008 2 13 /05 /mai /2008 22:06



Notre président de la République a effectué une visite d’Etat, en Tunisie. C’était fin avril. Je n’en ai pas retenu grand-chose. Exercice habituel des échanges de bonnes intentions. Signatures officielles de projets, conventions et contrats, préparés depuis des mois…

 
Préalablement, notre fanfare médiatique nous a servi, à coups de grosse caisse et de trombones, sa volée de canards sauvages : “droits de l’homme”, “union méditerranéenne”, “gloire au génie de notre président ”…

 
Gloire, bien sûr, à l’ineffable “civilisation occidentale”, répandant ses bienfaits sur des contrées attardées, peuplées de bons sauvages… Car, même si nos hôtes ne sont plus porteurs d’os de tibia en guise de barrette, ce n’est pas la cravate ou la paire d’adidas qui en font des êtres supérieurs à l’occidental !...

 
Alors, à coups redoublés, stimulée par les “communicants élyséens”, autres cruches vides, la grosse caisse s’est activée… Jusque dans le discours présidentiel.

 
Devant une assemblée de 500 hommes d’affaires, tunisiens et français, notre président de la république a, donc, lu son discours (1). Du moins, celui qu’on lui a préparé.

 


Souhaitant concurrencer l’Asie, il a dressé l’éloge de “l’intégration” et de la “complémentarité” des pays de ce continent. Alors qu’autour de la Méditerranée, ce serait plutôt “l’exclusion et l’opposition” qui domineraient les relations entre voisins.

 
Jusque là, son “porte-plume” tient la route. Mais, le dérapage surgit. Ah ! Le verglas ne pardonne pas !... Le verglas de la morgue, de l’arrogance, du racisme… En plein dedans !...

 
Ecoutons le :

 

« … Vous avez une main-d’œuvre qui ne demande qu’à être formée

Nous avons beaucoup d’intelligence et beaucoup de formation

Ensemble, avec “votremain-d’œuvre, avec “nosécoles, “nosuniversités, avec ce que nous échangerons, nous pouvons créer un modèle qui triomphera dans le monde entier… » (2)

 
Le style pompier, ampoulé, de son "porte-plume" est difficilement supportable. Il provoque même l’hilarité des pays étrangers où il vient s’étaler, en forme de bouse imbécile. Ainsi, lors du dernier voyage officiel en Grande-Bretagne. Ridiculisant notre pays

 
Mais, le racisme, l’ignorance, la bêtise, qu’il concentre sont renversants … C’est compulsif. Pas moyen d’y échapper. Identique au venin du cobra cracheur : à chaque fois qu’il peut, il s’étale.

 
Nous avions eu, déjà, dans le fameux discours de Dakar (3), censé s’adresser à la jeunesse africaine (4), des propos bourrés de clichés racistes. Stéréotypes d’un autre siècle. A tel point qu’on se demandait où se trouvait la modernité, par rapport à l’archaïsme supposé être la tare de l’Afrique… (5)

 
En Tunisie, les mêmes clichés ont été resservis. Sous un habillage différent. Avec un niveau d’ignorance identique. Crasse… Le goudron de l’obscurantisme…

 
Visiblement, les représentations diplomatiques françaises (6), sources en informations des “cruches communicantes élyséennes", ignorent que le Maghreb est couvert d’excellentes universités, écoles de gestion ou écoles d’ingénieurs.

 
Visiblement, ces mêmes représentations méconnaissent que les pays maghrébins regorgent de talents, extrêmement bien formés dans toutes les disciplines, parlant plusieurs langues. La plupart ayant élargi les formations reçues dans leurs pays, par des diplômes complémentaires sur d’autres continents.

 
Visiblement, ils ignorent que beaucoup, ne trouvant pas d’emplois dans leurs pays, occupent des fonctions importantes en Occident ou ailleurs, dans tous les secteurs. Y compris les plus pointus : médecine, aéronautique, finance, recherche, etc.

 
J’en connais qui ont des entreprises dans les pays occidentaux les plus compétitifs, ou encore qui conseillent, à Londres, la réorganisation financière des plus grandes banques d’investissement mondiales. Ou, d’autres encore qui procèdent au “rating” (évaluation) des plus importantes sociétés cotées sur les bourses mondiales. Beaucoup sont “superformés”, et à la pointe des connaissances. Parmi eux, de nombreuses femmes. Contrairement aux clichés, véhiculés par les veaux racistes.

 
Le Maghreb est probablement, une des régions du monde qui a le plus fort taux de cadres formés, multilingues. Par leur ouverture intellectuelle, du fait de leurs vécus dans des milieux culturels différents, de leurs maîtrises linguistiques, de leurs niveaux de spécialisation, et, surtout, de motivation, je les trouve, dans beaucoup de disciplines, supérieurs à leurs homologues européens.

 
S’ils ne trouvent pas de travail dans leur pays, ce n’est dû qu’à l’incapacité des castes locales au pouvoir incapables de se défaire d’un modèle néocolonial, acceptant l’asservissement. Aucun contrat d’achat à l’étranger, par exemple, ne donne lieu, à des constructions locales intégrées dans un Maghreb fédéré par une union économique. Lorsqu’on achète des dizaines d’Airbus, on le fait à l’échelon d’un “Maghreb Uni”, permettant un montage local. Ainsi que l’imposent l’Inde, le Brésil ou la Chine.

 
En fait, ce que souhaitent les puissances occidentales, c’est un bassin de main-d’œuvre bon marché permettant de casser les revendications sociales dans leurs propres pays, et un bassin de consommateurs captifs assurant un écoulement, à prix exorbitants, des produits et services exportés (7). En aucun cas, ne sont encouragées les intégrations industrielles et économiques dans un partenariat égalitaire.

 
Ce modèle néocolonial tel qu’il est entretenu par les pays occidentaux, avec la complicité d’une élite locale corrompue, disparaîtra un jour. Se révèlera, dans ce basculement, l’extraordinaire réservoir de connaissances et de compétences, actuellement dispersées dans une diaspora, dont l'éloignement arrange les dictatures locales…

 
Alors, quand j’entends de la bouche de notre président un tel niveau de stupidité, d’obscurantisme, de prétentions idiotes, m’efforçant de rester poli, je me pose la question : comment son “porte-plume” peut-il être aussi “nul” ?...

 
On dit de notre président qu’il est “intelligent”, habile tacticien et homme d’appareil politique retors et implacable. Pour arriver à prendre la tête d’un parti politique et se faire élire à la présidence d’un pays, on lui doit le crédit de ces “qualités”. Par contre, sorti des schémas scolaires, son inculture et son analphabétisme en géopolitique, en histoire, en géographie, le rendent totalement ignare en politique étrangère. Il en est réduit, en conséquence, à lire les discours qu’on lui prépare.

 
Cela n’est pas un mal. Tout s’apprend. Il suffit de se former. A bonne école. Et, non pas en s’entourant de “nuls”… Où serait donc “l’intelligence”, si un président de la république française est incapable de sélectionner, sa “main-d’œuvre”, son “porte-plume” ?...

 
Apparatchik”, spécialisé dans les combines de partis politiques et d’élections, un homme politique, devenu président, se doit de se révéler un “leader”.

 
Le “leader”, à l’exemple d’un capitaine de voilier de course, est celui qui s’entoure de compétences. Supérieures aux siennes. A lui, de garder le cap et de fédérer les talents.

 
A défaut : “nul” on est, “nul” on reste.

 
Et, le chavirage est au détour de la vague…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Jarry, Emmanuel, Sarkozy veut unir main-d’œuvre du Sud et “intelligence” du Nord, Reuters, mardi 29 avril, 17h18.
(2)  Les notations en “gras” sont de moi…
(3)  Smith, Etienne, L’Afrique de Monsieur Sarkozy, 7 août 2007, in Mouvements, http://www.mouvements.info/spip.php?article143
(4)  Discours prononcé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 26 juillet 2007.
(5)  Mbembe, Achille, Le Président français, l’âme africaine et le continent immobile, 8 août 2007, in Mouvements, http://www.mouvements.info/spip.php?article144
(6)  Le Ministère des Affaires Etrangères et les représentations diplomatiques (que d’incompétence prétentieuse y rencontre-t-on…), de notre pays : voilà un dinosaure qui a un besoin urgent de réformes en profondeur !... Extraordinaire gisement d’économies substantielles à transférer (en milliards d’euros), en faveur des systèmes de santé, d’éducation et de retraites. Mais, on n’en parle jamais (tous partis politiques confondus), tellement les “fromages” à se répartir y sont délectables …
(7)  Quand je pense qu’à chaque pot de yaourt acheté et produit localement, le consommateur Maghrébin paye des royalties à des groupes occidentaux (donc, une sortie en devises) !... Comme si le Maghreb n’était pas en mesure de fabriquer un yaourt, sous sa propre marque… De même, pour ces multiples boissons bourrées de sucre et de gaz carbonique… La liste n’en finirait pas. Un véritable racket accepté par les “élites” locales, contre grasses rémunérations et autres avantages.

 

Idéogramme chinois : traduction de “Sarko”, Say Ghou. Métaphore et surnom empreints d’humour, aussi, qu’on pourrait traduire, pour en conserver la saveur, par “Pitbull”…

 

 

 

 

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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 21:34



Grenouille5-pecran.jpgEn bon crocodile pacifique dans son marigot, il m’arrive de lancer, de temps à autres, quelques bulles, sous forme de "posts", se baladant sur le web. Il me suffit d’en émettre un prônant la tolérance ou l’empathie, à l’égard de l’Islam ou de nos frères africains, pour voir surgir, subitement, une migration de grenouilles prenant mon marigot pour un bénitier. S’installant dans un
concert de coassements, s’interpellant les unes les autres, sans prendre le temps de s’écouter… Assourdissant !...

Je savais, vaguement, qu’il y avait des grenouilles "arboricoles", "fouisseuses" ou "volantes". Ne voilà-t-il pas que celles-ci se présentent comme étant « catholiques » !... Des Grenouilles de Bénitier. Avec une variété, dans leur tenue de camouflage, intrigante : catholiques "traditionalistes" ou "tradis", catholiques "laïques", catholiques "militantes", et j’en passe.

 
Certaines semblent avoir migré depuis Cuba, plus exactement de la baie de Guantanamo. Les plus bruyantes, les plus arrogantes aussi. Avec leur "dialectique", elles instruisent votre procès.


Tout juste si elles ne débarquent pas avec leur matériel spécialisé, comme si elles s’incrustaient à Abu Ghaïb, ou ailleurs : gégène, projecteur pour aveugler, pince pour arracher les ongles, chiens déchiqueteurs de testicules, et autres gadgets de haute technologie représentatifs de leur civilisation raffinée… 


"Tolérance" ? ...


Mot, fatal !... 


Il a le don de provoquer des pustules, chez les Grenouilles de Bénitier. Dès lors, vous êtes présumés coupables, sommés de répondre à toutes leurs questions, dans la seconde. Dans un procès d’intention où, quoi qu’il retourne, vous aurez tort.


Se prenant pour Torquemada. Ou, rêvant de vivre sous l’Inquisition. Reformulant, en boucle, les mêmes sommations, interpellations, injonctions. Coassant les mêmes clichés, préjugés, psychoses. Certains remontant au XI° siècle. Obsessionnellement.

 
Bien sûr, pour varier, elles introduisent des mots nouveaux, dans les mêmes questions. Quand, ce n’est pas Saint Augustin, c’est le Droit Canon, ou si ce n’est pas la référence au Saint-Père, c’est à celle de la Violence.


Du moins, celle des autres, pas la leur. Elles adorent porter Saint Augustin en étendard. Lui, qui disait : « Il y a une persécution juste, celle que font les Eglises du Christ aux impies... L'Eglise persécute par amour et les impies par cruauté. »

 
Les entendre coasser, quelques temps, aurait du charme. Une nuit d’été… Les changements d’ambiance étant propices à la réflexion, dit-on… Mais, le nombre de couacs devient, à la longue, insoutenable. Tout ça ne m’apparaissant "pas très catholique", j’ai été amené à faire comprendre, poliment, à l’une d’entre elles, divagant sur le Droit Canon, qu’elle était aussi "catholique" que moi, joueur de castagnettes à la Scala de Milan… Elle en a eu le coassement tétanisé. Langue avalée. Mon pacifisme s’est ému, devant ce risque d’apoplexie grenouillesque…

 
C’est moins de se faire traiter de "crocodile-dhimmi" qui est agaçant, que d’avoir à endurer le culot d’imposteurs incultes. Car, pas une de ces Grenouilles de Bénitier ne maîtrise les fondamentaux de la religion catholique. Des religions, en général. Ne parlons pas de spiritualité…

 
Apparemment lobotomisées, elles confondent Evangile et Eglise, Christianisme et Capitalisme (1), Judaïsme et Sionisme, Islam et Islamisme, Athéisme et Fanatisme… Dans la plénitude du vide de leur lobe frontal, elles ont toutes, cependant, un point commun inébranlable : le racisme et l’islamophobie. Leur boussole, leur point cardinal. Leur certitude. Leur identité de Grenouille.

 
Elles me font penser à ces caméléons qui se sont multipliés, pendant l’hystérie collective sur "le voile", camouflés sous l’appellation de "laïcs et républicains". En fait, d’authentiques racistes, bénéficiant de l’impunité garantie par ce label.


C’est l’AOF (Appellation d’Origine Fantaisiste) du raciste. Comme pour l’industrie du fromage ou du vin, dès l’obtention de ce genre d’appellation "d’origine", vous pouvez tout vous permettre : faire passer du plâtre pour du fromage, ou de la piquette vinaigrée pour un grand crû. Pareil avec "laïc et républicain", le racisme devient une défense de la démocratie

 
Inculture, imposture, servant de fondement à cette pathologie, sont facilement repérables derrière les artifices de la désinformation que ces spécialistes, en coassements racistes et islamophobes, claironnent. Les tics et travers sont les mêmes, dans leurs slogans et réclames.

 

 

Toussaint, Saint Valentin ou Saint Glinglin

 
Etonnant de constater que bien de ces gardiennes de bénitier ne soient pas en mesure de discerner les fêtes catholiques… Comme, s’il y avait un "bug" dans leurs fiches de propagande. L’une d’entre elles, d’un ton comminatoire, me disait qu’elle espérait que je fêterais la Toussaint à tous les catholiques…

 
Or, c’est une fête que l’on ne souhaite pas ! Contrairement aux deux grandes fêtes catholiques, de joie et d’espérance, que sont la célébration de la Naissance de Jésus, à la Noël, et celle de Sa Résurrection, à Pâques. Lui ayant fait remarquer qu’il s’agissait d’une tradition religieuse antérieure au christianisme, destinée à honorer les morts. Sous nos latitudes, dans le recueillement et le silence, avec des visites dans les cimetières, pour fleurir ou entretenir les tombes. Priant à la mémoire des disparus, dont nous avons partagé l’affection. Soudain, le gonflement de la caisse de résonance de ses cordes vocales s’est bloqué, en pleine course. Aïe !... Plus d’écho.

 
Curieux d’entendre, plusieurs d’entre elles, carillonner une "Bonne Fête" de Toussaint. Comme s’il s’agissait d’une manifestation d’allégresse, avec pétards, petits fours et chocolats !...


Bientôt, elles vont confondre : Toussaint, Saint Valentin ou Saint Glinglin. Tenez, je vous propose de déguster un de ces souhaits, parmi les plus savoureux, daté du 1er novembre dernier, intitulée : Bonne Fête à Tous !  Quel zèle "catho" !... Allez, encore une petite tranche de zèle, et pour peu qu’elles lisent mal leurs fiches, ces grenouilles agitées vont souhaiter Saint Carrefour, Saint Auchan ou Saint Casino…

 


Pro Vie ou Pro Massacres ?

 
Un des dadas de ces vertueuses grenouilles, c’est la défense de "La Vie". "Pro Vie", s’autoproclament-elles ! Formidable, se dit-on !... Enfin des êtres courageux, luttant contre le massacre des Innocents !  Le point bizarre, toutefois, c’est que cette défense de "La Vie" se limite à des déclarations enflammées contre l’avortement. Plutôt réduit comme champ d’application… En creusant un peu, dans une vision paranoïaque d’un envahissement démographique, d’un tsunami d’autres races ou religions…


Sous ce vernis, qui s’écaille au premier coup d’épingle, que trouve-t-on ? Le racisme, dans son expression la plus brutale. La peur, la haine de l’Autre.

 
Silence absolu, en contrepoint, sur les massacres d’enfants dans le monde par les armes occidentales, chrétiennes ou judéo-chrétiennes. En particulier, ceux qui se déroulent au quotidien, sous nos yeux, en Palestine, en Irak, en Afghanistan.


Tout aussi étrange, leur préoccupation du sort des chrétiens dans le monde entier. Magnifique élan de générosité, se dit-on ! Sauf, un trou noir, comme en astronomie : les Palestiniens chrétiens, spoliés, internés, humiliés, torturés, massacrés. Aux côtés de leurs frères musulmans.


Là aucune sollicitude. Motus et bouche cousue. Ils n’ont aucune existence à leurs yeux. Jamais la moindre mention. Des zombies. Curieuse approche d’une communauté de croyants…

 
Dans cette vision grenouillesque, on constate le même daltonisme dès qu’elles relancent les vieilles "théories économiques racistes". Même usées jusqu’à la trame. Leur dénonciation du sous-développement, dans certains pays à majorité de confession musulmane, ne cesse de puiser sa force dans la mise à l’index, haletante, psychotique, de l’Islam…

 
L’immense zone de pauvreté, d'humiliation et de souffrance qu’est le continent Latino-Américain, chrétien depuis cinq siècles, ne provoque, par contre, aucune réaction, ni réflexion. Pas plus que la misère en France, en Europe ou en Amérique du nord, contrées très chrétiennes. Chrétiennes depuis une vingtaine de siècles, pour ce qui est de la France et de l’Europe.


Aucune remise en cause, de leur raisonnement, de leur logique. Lobotomie, encore, probablement. Expliquant la sélectivité de leurs coassements.

 

 

Du Fenouil à la Miséricorde

 
Leur référence incessante au Saint-Père est touchante. Ah ! Le respect filial pour le Pape… La "caution morale" des Grenouilles de Bénitier. Glosant sans fin sur le moindre de ses écrits ou déclarations alambiquées. Apparemment plus simple d’entendement, pour elles, que la sereine lecture des paroles limpides de Jésus dans les Evangiles…

 
Une des lectures qui m’a le plus marqué est celle de l’enseignement de Jésus, tel qu’il est rapporté dans les quatre Evangiles. Difficile de trouver mieux dans l’exhortation à l’Amour de son Prochain, à la Tolérance, au Respect de l’Autre. Impossible de trouver sollicitude plus grande que celle de Jésus pour les exclus, les pauvres, les humbles et les humiliés. Il voulait aller plus loin que la solidarité, la compassion, il souhaitait la fraternité.

 
Cette lecture m’a appris à préserver, lucidement, une distinction entre la Parole de Jésus et les dévoiements d’une structure hiérarchique inéluctablement corrompue, par le pouvoir et la puissance temporelle : l’Eglise. Surtout dans sa représentation papale. Comme dans toute religion, entre la Parole initiale, révélée ou pas, et sa manipulation politique ou temporelle ultérieures.

 
Dans leur invocation frénétique du Saint- Père, nos angéliques grenouilles oublient, en effet, qu’il n’est ni un saint, ni un père, encore moins un prophète. Tout simplement, en langage d’aujourd’hui, il n’est qu’un PDG coopté par un conseil d’administration, la Curie, réunissant des administrateurs ayant le titre de cardinal. Ou, un chef de parti, coopté par un Comité central.


Les papes furent longtemps des chefs d’armées et d’Etat, comme les autres. Vivant dans le luxe, soucieux de leur gloire, de leur ambition et de leur fortune personnelles.

 
Il y eut des pourris comme les Borgia, dont le fameux Alexandre VI (2) couvert de maîtresses et d’enfants illégitimes. Ou, des traîneurs de sabres, comme Jules II (3), qui forniquait comme pas deux dans les écuries du Vatican, avec sa cour (4). Nous sommes loin de Jésus, de son exemple, de son engagement, de son abnégation.

 
Bien sûr, de nos jours, le côté licencieux de la haute hiérarchie a, à peu près, disparu (5). Mais le fond reste le même. Comme toute structure organisationnelle, l’Eglise et son PDG sont incapables de transcender leur époque. Ma pratique professionnelle des organisations m’en a convaincu. Ils ne peuvent en être que le reflet.


Le pape actuel, Benoît XVI (6) n’y échappe pas. Son dogmatisme, confinant au fanatisme, a été pris en flagrant délit à plusieurs reprises. D’où le sentiment de confort de nos grenouilles en invoquant le pape : elles se retrouvent en miroir.

 
Ancien Préfet de la Congrégation de la Pratique de la Foi, qui est l’organisation qui a succédé, au fil des siècles, à la sinistre Inquisition, après s’être appelée un moment le Saint Office. L’équivalent d’un "commissaire politique" sous le stalinisme, soucieux du respect de la "ligne idéologique". Colonne vertébrale d’un parti totalitaire.

 
En tant que cardinal, il s’est acharné sur "l’Eglise des Pauvres". Son terrain de chasse prioritaire a été l’Amérique latine. Tout un courant s’était développé,  fondé sur la solidarité avec les pauvres, au Brésil et en Amérique Centrale, notamment. Mettant en cause l’alliance entre les grands propriétaires fonciers, les forces militaires et l’administration corrompue. Avec des prêtres et même des évêques remarquables par leur "don de soi".


Ils ont tous été éliminés, par le cardinal Ratzinger devenu pape. Lire la belle lettre (7) de Claude Lacaille, Prêtre des Missions Étrangères, Trois-Rivières, au Canada : Lettre ouverte à mon frère Benoît XVI – Vivre l’Evangile avec les exclus.

 
En mars 2007, Benoît XVI a condamné le plus grand théologien d’Amérique latine : Jon Sobrino. Il avait le tort de rappeler que la communauté voulue par Jésus était celle de la Justice et de la Fraternité. Jon Sobrino ne cessait de condamner la corruption des dictatures militaires protégées par l’Occident, terrorisant les populations avec les "escadrons de la mort", les enlèvements et les exécutions sommaires. Au bénéfice des grands propriétaires et des multinationales pillant les économies du continent. Enfermant les peuples dans la misère.

 
Il y eut son fameux discours islamophobe (8) de Ratisbonne, en Allemagne, où il opposait la foi et la raison en Islam. Digne d’un curé de campagne analphabète du XIX° siècle, que les autorités coloniales recyclaient dans les colonies lointaines pour prêcher les bienfaits de la colonisation chrétienne, et au passage justifier la spoliation…

 
Ou encore, en mai 2007, lors de son voyage au Brésil, Benoît XVI a choqué les communautés amérindiennes par des propos « arrogants et irrespectueux », déclarant que les « populations indigènes d’Amérique latine avaient été purifiées par l’arrivée du christianisme sur leur continent ».

 
Oui, triste "caution morale" d’une hiérarchie que Jésus fustigerait, si nous avions la chance de l’avoir parmi nous. Comme il l’a fait une fois, chassant les marchands du Temple de Jérusalem, les poursuivant, les frappant à coups redoublés, Lui, le non-violent par essence, avec une corde…


C’est un camion de cordes dont il aurait besoin, pour nettoyer ce Vatican et ces Bénitiers…         

 
Ne cessons de le répéter : le monde est un village où nous devons respecter les croyances de chacun. Dans la fraternité.

 
Mais, sont-elles capables, toutes ces Grenouilles de Bénitier, d’écouter, excepté leur coassement ?… Peut-on leur conseiller de lire, de méditer, d’intérioriser, les Evangiles, avant de jouer aux "ferventes cathos" ?… Si tant est qu'elles le soient effectivement...

 
Je vais être charitable, avant de les éjecter, dans un éternuement, de mon marigot, le laissant à sa quiétude originelle, je leur offre comme cadeau de départ, une parole de Jésus (9) avec toutes ses senteurs méditerranéennes :

 

«  Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin,

après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la Justice, la Miséricorde et la Bonne Foi ;

c’est ceci qu’il fallait pratiquer,

sans négliger cela.  »…

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Il y a même des Grenouilles "Tradis" Boursicoteuses, justifiant la spéculation financière sauvage, sous forme des fonds spéculatifs appelés Hedge Funds. Lire, pour vous amuser, le numéro d’équilibriste en casuistique (20 octobre 2007) : "A quoi sert un hedge fund ?". Peut-être faut-il multiplier les petits pains, gratis, pour pouvoir mieux les partager ?...
(2)   Alexandre VI, né Rodrigo Borgia, Pape de 1492 à 1503. Connu pour sa débauche et ses crimes. Il avait pour fâcheuse habitude de faire occire les victimes de ses enlèvements et viols (cas célèbre du jeune seigneur de Faenza, Astorre Manfredi) en les faisant jeter dans le Tibre. C’est lui qui arbitra le partage de la colonisation en Amérique latine, entre le Portugal et l’Espagne, les deux super-puissances de l’époque, par le traité de Tordesillas (1494).
(3)   Jules II, archétype du "pape guerrier", du 1er novembre 1503 au 21 février 1513. Plus soucieux d’être à la tête de ses armées, de gérer ses territoires et sa fortune, que de s’occuper de l’évolution spirituelle de la communauté catholique. Sa cour était célèbre pour le luxe et la licence de ses mœurs, dont les excès choquèrent, entre autres, celui qui devint un des initiateurs de La Réforme : Luther.
(4)   Scène historique célèbre. Visitant avec sa cour les écuries du Vatican, le spectacle de la saillie d’une jument par un étalon provoqua une chute générale dans la paille. Les dialogues courtisans se poursuivirent dans de fougueux ébats empaillés... Pape, en tête !...
(5)   L’Eglise catholique des USA va verser plus de 800 millions de dollars d’indemnités (Evêché de Los Angeles : 660 + Evêché de San Diego : 198) à des victimes d’actes pédophiles imposés par divers dignitaires, de sa hiérarchie, reconnus coupables. Septembre 2007. D’autres évêchés vont être, probablement, concernés par ces actions en justice.
(6)   Benoît XVI, né Joseph Alois Ratzinger en Allemagne le 16 avril 1927. Elu Pape, le 19 avril 2005, à l’âge de 78 ans.
(7)   Lacaille, Claude, Lettre ouverte à mon frère Benoît XVI – Vivre l’Evangile avec les exclus, mercredi 16 mai 2007, Le Devoir , Montréal, Canada.
(8)   Discours islamophobe de Ratisbonne (Allemagne), du mardi 12 septembre 2006. Lire l’article  de Henri Tincq, Islam : un faux pas de Benoît XVI, Le Monde, 20 septembre 2006.
(9)   Evangile selon Saint Matthieu : Mt. 23, 1-33.

 

Crédit Photo : http://www.photo-ecran.com

 

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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 19:35


shaking-hands-thumb2848353.jpgL’Europe généralise une politique d’immigration destinée à protéger son "identité". La France, emboîte, donc, le pas du mouvement moutonnier.

Allant jusqu’à envisager des tests ADN, pour prouver les filiations, dans le cas des regroupements familiaux. Provoquant le hoquet dégoûté, mais non moins hypocrite, de la presse des milieux "néocons" new-yorkais (1).
 

Le grand argument étant de dire : « … mais ça existe déjà dans d’autres pays européens !... ». Vieille habitude française. Lors de l’application des mesures racistes, imposées par l’occupant au Gouvernement de Vichy, les politiciens disaient aussi que "cela" existait dans d’autres pays européens…

 
 

Démagogie politicienne : "la peur de l’Autre"

 

Quelle est l’identité européenne ? Se fonde-t-elle sur la couleur de la peau, les gènes, les croyances religieuses ? Ce sont des questions qui restent en suspens. Et, qui le resteront longtemps. Il n’y pas de réponse.

 

De tous temps, l’Europe a été un carrefour de civilisations, un creuset où se sont fondus de multiples flux migratoires. Beaucoup venant de fort loin. D’Asie centrale, pour les plus importants. Comme les Francs, les Burgondes, les Wisigoths, les Ostrogoths, les Vandales.


Peuples formés d’agrégats, de mélanges d’origines tribales, échelonnés dans le temps suivant les parcours de leurs nomadismes. Constituant l’ossature initiale de notre pays, sur les décombres de la civilisation "gallo-romaine", elle-même, fruit de la rencontre de précédents mouvements de populations.

 

L’Europe contemporaine des frontières est, en fait, une Europe du racisme. Ancrée, dans une interaction savamment dosée par les castes politiques au pouvoir, sur la manipulation de différentes peurs, suscitées, entretenues à intervalles réguliers : l'arrivée de barbares, terroristes dans l'âme, confisquant des emplois, mettant en déficit les systèmes de protection sociale, etc.


L’essentiel étant, pour les démagogues, de faire croire que, grâce à leur conduite "éclairée", elles sont maîtrisées. Tout en ayant, en permanence, sous la main, un bouc émissaire idéal : "L’Autre", "L’Intrus ", "L’Envahisseur", "Le Clandestin"…

 

Car, ce n’est qu’un jeu politique d’essence démagogique. Tous les gouvernements européens savent qu’il sera nécessaire de recevoir, d'ici le milieu du siècle, environ 160 millions d’immigrés. Si l’on veut faire le poids face à l’émergence du développement exponentiel du reste du monde : l’Asie, bien sûr, mais encore l’Amérique Latine, et aussi l’Afrique.

 

Saul Ralston le rappelle dans son livre, où il démonte pièce par pièce le mythe de la "Mondialisation", The Collapse of Globalism (2) :

« … Compte tenu du faible taux de natalité, [l’Europe] aura besoin de 160 millions d’immigrés d’ici 2025 pour maintenir le fonctionnement de ses sociétés… » (3).

 

Mais, bon, suivant la formule consacrée par les cyniques des appareils politiques : "Le racisme, en politique, ça ne coûte pas cher, et ça peut rapporter gros". Alors, on fonce dans les mesures et les postures démagogiques.

 

Entre autres mesures "stratégiques", tous les pays européens mettent, ainsi, en place des examens, destinés aux arrivants et à leurs familles, portant sur les langues, l’histoire, la géographie, les institutions du pays d’accueil. Autrement dit, si votre mari ou votre femme, vos enfants ou vos parents veulent s’installer avec vous ils devront parler couramment la langue du pays où ils s’installent. Bien sûr, si vous venez d’un continent "non occidental"…

 

Pourquoi pas ?...

 

A condition qu’il y ait réciprocité. Selon la clause, internationalement reconnue, de l’égalité de traitement pour les ressortissants de chaque nation. Soyons précis : dont l’application est internationalement reconnue, et appliquée, par les nations en mesure de l’imposer…  

 

Cela présenterait l’immense avantage de faire connaître des langues étrangères, des civilisations de pays où s’installent, et sont installés, des européens. Prenons l’exemple du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne : Sénégal, Côte d’ivoire, Mali, Togo, Gabon, Congo (les deux : Brazza et Kinshasa), etc.

 
 

Culture coloniale…                  

 

Combien de fois ai-je été sidéré de constater que les communautés françaises, et européennes en général, installées à l’étranger, dans leur majorité, ignoraient tout du pays d’accueil dans lesquels elles vivaient. Parfois, depuis plusieurs générations. Contexte professionnel à part, ils vivent uniquement entre eux. Pratiquant une sorte d’endogamie de l’ignorance. Pathogène. Quand je dis tout, c’est tout : langue, histoire, civilisation, religion, art, musique, coutumes vestimentaires et autres…

 

Une exception, peut-être : la géographie. Car, pour ces communautés, le pays dans lequel elles vivent, c’est un Disneyland, qu’on visite, photographie, paysages et animaux, comme un décor. Le reste, les habitants, c’est comme les palmiers et les cocotiers : cela fait partie du paysage. Du carton-pâte ferait aussi bien l’affaire…

 

Pour les ressortissants français, vivant dans les anciennes colonies ou protectorats, ces pays sont considérés comme francophones. Chez nos diplomates, c’est encore pire. Se prenant pour Chateaubriand ou Stendhal, ils véhiculent leurs schémas "fin du XIX° siècle" comme autant de bicornes emplumés.


Quant à nos Présidents, ministres, politiciens et autres parlementaires en déplacement, n’en parlons pas, c’est l’Apocalypse de l’ignorance "crasse" (4). De là, à penser que ces pays appartiennent à la France, sous réserve d’une autonomie de façade, le pas est vite franchi. Au moins, inconsciemment.

 

Il faut les excuser. Moi-même, je n'y ai pas échappé. J’ai mis longtemps, avant de me défaire de ce manteau de Nessus qui me collait à la peau. Ce lavage de cerveau, cette désinformation, cette propagande, inoculés dès l’enfance, dès mes premiers pas à l’école. Sur mes ancêtres les gaulois, les bienfaits de la colonisation, et de la francophonie…

 

Tant de clichés et de mythes…


Ouvrir les yeux, comprendre et découvrir. Impossible. Le relais à la sortie de l’école est pris par l’audiovisuel et les médias.  Avec des formes différentes, la propagande coloniale est aussi forte qu’au XIX° siècle.

 

Dans mon long cheminement initiatique, le jalon originel a été le Sénégal.


Lors de ma première visite, je me souviens d’avoir évoqué ce qu’on m’avait fait ingurgiter sur "la grande figure" de "Léopold Senghor". Mes amis Sénégalais, avec leur  patience et bonne humeur communicatives, se sont employés à éclairer ma lanterne.


J’ai découvert, par la suite, qu’il existait de remarquables études (5) donnant un coup de projecteur sur ce pan méconnu, chez nous, de l’histoire du Sénégal. Mais, elles sont occultées par la propagande française.

 

Léopold Senghor (6) fut le premier président du Sénégal. Cet agrégé de grammaire française n’a cessé durant les vingt ans de sa présidence, de 1960 à 1980, de lutter contre les langues sénégalaises. Mamadou Cissé, le rappelle : 

« Les objectifs du Président, grammairien et non moins linguiste, étaient, en réalité, de rendre difficilement applicable, sinon impossible d’application, toute mesure permettant une avancée significative des langues nationales.

Rappelons qu’il a participé et, ce pendant vingt ans, en tant que Président, à toutes les commissions sur le processus de promotion des langues nationales » (7).

 

Rédigeant, de sa main, dans le Journal Officiel du Sénégal, des pages sur la ponctuation et autres subtilités de la langue française. Ou, encore, interdisant par décret, certains modes d’écriture notamment de doublement de consonnes, la "gémination", d’une des principales langues du pays, le Wolof :

« Ces pressions juridiques débouchèrent sur une tension entre la communauté scientifique et l’Etat qui aboutit à la censure du film du cinéaste Sembène Ousmane Ceddo.

En effet, selon le décret présidentiel, il ne fallait qu’un seul d au titre. Il en fut de même pour le journal Sopi dont le titre devrait avoir un seul p au lieu de deux.

Ce journal obtempéra au risque de se voir interdire de parution, alors que le R.N.D. de Cheikh Anta Diop opta pour Taxaw au lieu de Siggi, contournant ainsi la contrainte juridique de ce décret présidentiel sur la gémination » (8).

 

Je découvrais, subitement, non sans stupeur, non sans honte, le colonialisme culturel, linguistique, dans ses formes les plus perverses, via un de ses relais, représentatif d’une nomenklatura détestée par son peuple. Mais, protégé, encensé par notre appareil de propagande.

 

Senghor "protégé" ?... Oui. Qui a entendu parler de l’autocratisme de Senghor ? Un exemple ? Il n’a jamais hésité à jeter en prison les opposants qui lui faisaient de l’ombre. Notamment, le premier diplômé de Normale-Sup sénégalais, Omar Diop Blondin.


La propagande de Senghor a toujours soutenu, il y tenait, que c’était lui le premier normalien africain de l’histoire. Et, bien : non. C’est faux.

 

Opposant à Senghor, il fut arrêté, condamné à trois ans de prison, retrouvé pendu dans la prison centrale de Gorée, le 11 mai 1973. Assassiné par la police secrète, d’après tous les témoignages. Certains affirment qu’il aurait été étranglé par le sinistre commissaire divisionnaire français en "détachement", Jean Colin, chargé de gérer la police politique de l’époque...


Un symbole : l'île de Gorée, d’où était expédiés les esclaves pour nos champs de canne à sucre de Martinique et de Guadeloupe.

 

Senghor "encensé" ?... Elu à l’Académie française en 1983, couvert d’honneurs, en France. Implacable fut le déboulonnage, méthodique et plein d’humour, par mes amis sénégalais, de cette prétendue "statue de la Liberté et des Lumières"…

 

Incrédule, je découvrais un bouffon.  Ubu Roi.

 

Je découvrais, surtout, le haut degré d’intoxication intellectuelle, culturelle dans lequel nous entretient l’appareil de propagande néocolonial, via ses médias et son système scolaire… Les ravages d’une destruction systématique de l’identité d’une nation, sous couvert de la « francophonie »… Mes périples africains, dans une dizaine d’entre eux qualifiés de "francophones", m’ont fait prendre la mesure de ces ravages.

 
 
… et  lâcheté identitaire
 

Alors, quelle magnifique porte ouverte que la réciprocité de ces dispositions de "sureté  identitaire" !... Ce serait une redécouverte par l’Europe de ces continents, civilisations, patrimoines historiques qu’elle ignore. Un encouragement à ce foisonnement culturel !

 

Mais quelles mesures de réciprocité, me direz-vous ? N’allons pas chercher loin. Tout simplement des mesures "en miroir" :

 

1) Tout européen entrant dans ces pays, devrait être soumis à l’obtention d’un visa, à partir du moment où celui-ci est imposé à leurs propres nationaux. Les frais d’obtention de ces visas contribueraient à établir une égalité de traitement entre nationaux, et, en outre, renforceraient les budgets des consulats en Europe. Cela créerait même des emplois !

2) Tout européen souhaitant le regroupement de sa famille (femme, enfants, parents, etc.) accepterait que les membres désirant le rejoindre et s’installer, soient soumis aux même types d’examens qu’en Europe. Ceux-ci portant sur la pratique de la langue, les connaissances géographiques et historiques des pays d’accueil.

 
Ainsi :
 

i)  Examen d’arabe et de civilisation musulmane dans les pays arabes, du Maghreb en particulier, avec les connaissances géographiques et historiques requises. 

ii)  Examen de langues africaines et de civilisation africaine dans les pays de la zone sub-saharienne : Wolof ou Pulaar au Sénégal, Sénoufo ou Baoulé en Côte d’Ivoire, etc. Les langues étant nombreuses, le choix ne serait pas limité.

 

 

3) Production des tests d’ADN pour les nationaux européens, dont les pays d’origine imposent ces tests.

 

Tests ADN, imposés à des européens ?...  

 

Oui. On ne sait jamais, avec toutes ces familles européennes, divorcées, recomposées, adoptées, cachées, polyandres et polygames, etc. Mitterrand, l’actuelle famille royale de Belgique, et autres personnages en vue, sont un exemple de cette complexité dans les filiations apparentes ou occultes, en Europe. On pourrait s’y perdre. Qui est le père de qui, en fin de compte ?

 

"Mon tourisme", vont pleurnicher les uns !... "Mes investisseurs potentiels" vont couiner les autres !...

 

Et, alors ? La dignité d’un pays, et de ses nationaux, ne se marchande pas.

 

Regardez la Chine. Elle a une politique d’admission et de visas très stricte. Elle n’a jamais eu autant de visiteurs, de touristes et d’investisseurs. Une des premières destinations mondiales. Et le mouvement s’accélère !...

 

Oui, mais les dirigeants Chinois, m’ont rétorqué des amis Ivoiriens : « … ne confondent pas développement économique et asservissement politique… ».

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

(1)  Le Figaro : Le New York Times écoeuré par les test ADN français.
(2)  Ralston Saul, John, The Collapse of Globalism – and the Reinvention of the World, Atlantic Book, 2005. "L’effondrement de la Mondialisation et la Réinvention du Monde".
(3) … « Given the continent’s low birth rate, it will apparently need some 160 million immigrants by 2025 to keep its societies functioning. » (p. 278). Op. Cit.
(4) Le discours du tandem Sarkozy – Guaino, lors du récent séjour de notre Président de la République à Dakar, est un modèle d’inculture et d’arrogance coloniales.
(5) Cisse, Mamadou, Langues, Etat et Société au Sénégal, Université Cheikh Anta Diop – Sénégal, Revue Electronique Internationale de Sciences du Langage, n° 5, Sudlangues, 2005,
http://www.sudlangues.sn. Remarquable étude, dont la lecture est indispensable à la compréhension du Sénégal.
(6) Léopold Senghor (1906 – 2001), Président du Sénégal de 1960 à 1980. Elu à l’Académie française en 1983. Magnifié par la propagande coloniale française, considéré comme un "farfelu", servant de paravent à la mainmise des intérêts français sur leur pays, par les Sénégalais. Sa famille s’est constituée une des plus grandes fortunes internationales.

(7) Op. Cit. p. 116.

(8) Op. Cit. p. 114 – 115.

 
 
 
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6 septembre 2007 4 06 /09 /septembre /2007 00:44


Tonneau.jpg« … Un plein baril d’oreilles… Les oreilles indigènes valurent longtemps dix francs la paire et leurs femmes, demeurèrent comme eux d’ailleurs, un gibier parfait… » (1).

C’est en ces termes choisis qu’un général français racontait les exploits de ses troupes pendant la guerre de conquête de l’Algérie (2)
.

 «… Tout ce qui vivait fut voué à la mort… On ne fit aucune distinction d’âge, ni de sexe… En revenant de cette funeste expédition plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances… ».

Extrait de la description, par Pellissier de Reynaud, du massacre de la tribu des Ouffias par les troupes sous le commandement du Duc de Rovigo. Toujours à la même époque et dans le même pays (3).
 
« … J’ai laissé sur mon passage un vaste incendie. Tous les villages, environ deux cents, ont été brûlés, tous les jardins saccagés, les oliviers coupés… Il est impossible de se figurer à quelle extrémité nous avons réduit ces malheureuses populations ; nous leur avons enlevé pendant quatre mois, toutes leurs ressources en blé et en orge. Nous leur avons pris leurs troupeaux, leurs tentes, leurs tapis, tous leurs objets de ménage, en un mot toute leur fortune… ».

Orgueilleuse satisfaction de la mission accomplie extraite d’une lettre, datée du 25 mai 1851 (4), écrite par un archétype de ces traîneurs de sabres, aussi sanguinaires que mégalomanes, que produisent des armées à intervalles réguliers, le Général de Saint Arnaud, lors d’une de ses campagnes en Algérie.
 
Ce sont des extraits d’un "Maître Livre", écrit par un professeur d’Université, de sciences politiques et de philosophie politique, Olivier Le Cour Grandmaison : "Coloniser – Exterminer, Sur la Guerre et l’Etat Colonial".

Il existe des livres récents sur la colonisation, plusieurs sont remarquables (5). Bien sûr, le système médiatique et les lobbies qu’il représente les occultent soigneusement : négationnisme oblige !... Pour ne pas changer, en cette "rentrée des livres", les médias nous asphyxient, à nouveau, dans les vapeurs et le nombrilisme des cocottes littéraires… Un véritable déluge tropical. L’art de noyer le poisson.
 
Mais, celui-ci est un véritable "coup de poing". Lisez-le. Ses recherches et leurs références, ses analyses, ses notes de bas de pages sont d’une rigueur implacable. Sa traque de la faillite de l’intelligence, et du naufrage des valeurs fondatrices de la Dignité Humaine, inexorable.

On reste tétanisé, intellectuellement, émotionnellement, devant le récit de ces massacres, tortures, destructions et souffrances infligés à longueur de siècles. Immenses. Véritables génocides planifiés et exécutés par un colonisateur imbibé de racisme jusqu’à la moelle.

Dans ce livre dense, il s’agit de la France, au Maghreb, en Afrique, en Indochine et en Nouvelle - Calédonie. Jusqu’aux massacres de Madagascar. Jusqu’à ceux du Cameroun, auxquels
Pierre Messmer, notre ancien premier ministre récemment disparu, a participé en tant que militaire.
 
D’autres, encore, auraient pu être abordés, comme ceux commis par notre pays en Syrie, avec les massacres de Damas tout spécialement, au cours desquels l’armée française tirait au canon sur la population. La synthèse qui est présentée donne, toutefois, un tragique et complet aperçu des méthodes et moyens d’une guerre coloniale.
 
Les autres colonisateurs européens, perpétrant des crimes contre l’humanité similaires (6) sont aussi évoqués. En particulier, le génocide des Hottentots par les allemands, en Namibie.

Comment a-t-on pu et peut-on perpétrer de pareilles abjections dans la bonne conscience ?...
 
Ce qui prend le plus aux tripes, c’est de mesurer les ravages d’une idéologie fondée sur le racisme. Combien elle imprégnait des intellectuels qui la relayaient, la justifiaient, l’amplifiaient. Complices. Et, fiers de l’être…
 
Des auteurs qu’on aimait ou vénérait : Lamartine, Maupassant, Victor Hugo, Tocqueville ou André Gide, et d’autres... Découvrir qu'ils soutenaient de telles monstruosités, fondées sur  la conception d’une race supérieure, préfigurant l’idéologie raciste des nazis, un siècle plus tard. Ou, celle des racistes occidentaux actuels dont on peut contempler les œuvres quotidiennes, en Palestine, en Irak ou ailleurs.

On retrouve la même rhétorique du "choc des civilisations", structurée par une mégalomanie de la suprématie de l’Européen, de l’Occidental, les mêmes termes, les mêmes idées, arguments, imaginaires, fantasmes et pulsions. Même paranoïa. Cent cinquante ans plus tard…
 
On souffre à la lecture des propos de Victor Hugo dans un dîner, tenus en janvier 1841, au général Bugeaud, le premier gouverneur général d’Algérie, véritable brute psychopathe en uniforme (7) :
« … C’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit… Nous sommes les Grecs du monde ; c’est à nous d’illuminer le monde. Notre mission s’accomplit… ».
 
Ou encore, Victor Hugo notant, au lendemain d’un dîner mondain, les atrocités de l’Armée d’Afrique, comme s’il s’agissait d’une chasse aux perdreaux :
« … Algérie, le général Flô me disait hier soir que, dans les razzias, il n’était pas rare de voir des soldats jeter à leurs camarades des enfants qu’ils recevaient sur la pointe de leurs baïonnettes… » (8).
 
Et, Tocqueville, longuement cité dans l’ouvrage de Le Cour Grandmaison, dont on ne célèbre, habituellement, que son œuvre La Démocratie en Amérique. Mais, dont on tait tout le travail de parlementaire "colonial" qu’il accomplissait à l’époque. Aussi glacial et méthodique qu’un parlementaire "néocon" ou membre du Likoud : 
« … J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les maisons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont-là, selon moi des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre… » (9).
 
Des décennies, des siècles de colonisation, et leur cortège d’abominations, ont imprégné l’inconscient collectif. Surgit, alors, la vision prémonitoire d’Aimé Césaire :
« … Au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et "interrogés", de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent… » (10).
 
Pas étonnant que notre Président de la République soit allé ânonner, devant des universitaires, des cadres et la jeunesse de Dakar, des leçons de "civilisation", de "modernité", de "rationalité"... En fait, des inepties, pétries, faisandées de racisme colonial… En 2007… A la louche, en plus. En veux-tu, en voilà… Avec une morgue à faire pâlir d’envie un hippopotame sortant des eaux…
 
Raison ? Modernité ? Monde de Demain ?...
 
Logorrhée de l’arrogance, dissimulant la sclérose d’une "caste" française vivant encore à l’âge de pierre…
 
Ou, plutôt, à "l’âge du tonneau"…
 
 
 
 
 
  
 
(1)   Le Cour Grandmaison, Olivier, Coloniser - Exterminer – Sur la guerre et l’Etat Colonial, Fayard, 2004, p. 158-159, note 1.
(2)  La propagande coloniale, qui perdure, dissimule le fait historique que l’Algérie était une province semi-autonome de l’Empire Ottoman, extrêmement riche sur le plan agricole : blé, olivier et élevage, en particulier.
Ce fut le plus important fournisseur de blé de la France, pendant les guerres napoléoniennes. La France, de l’après Napoléon, refusait d’honorer les créances de l’Algérie, ce qui provoqua une tension entre les deux pays.
Ce fut un motif déterminant dans la conquête. Rien à voir avec le coup d’éventail du Dey à notre ambassadeur, et autres niaiseries sur un pays que la France aurait trouvé vide de cultures et peuplé de sauvages...
Le deuxième objectif immédiat fut de s’emparer des importantes réserves d’or de son gouvernement…
Il faut espérer que le cinéma algérien s’approprie, un jour, ce pan de l’histoire de son pays. Il y a des films passionnants à réaliser !…
(3)  Coloniser – Exterminer, Op. Cit., p. 159.
(4)  Coloniser – Exterminer, Op. Cit., p. 147.
(5)  Lire, notamment :
=> Branche, Raphaëlle, La Torture et l’Armée pendant la guerre d’Algérie – 1954 -1962, Gallimard, 2001.
=> Manceron, Gilles, Marianne et les Colonies – Une introduction à l’histoire coloniale de la France, La Découverte -Poche, 2003.
=> Plumelle-Uribe, Rosa Amelia, La Férocité Blanche, Des Non-Blancs aux Non-Aryens, Génocides Occultés, de 1492 à nos jours, Albin Michel, 2001.
(6)  Une résolution de l’ONU, du 11 décembre 1946, déclare que "… le génocide bouleverse la conscience humaine…".
(7)  Coloniser – Exterminer, Op. Cit., p. 98.
(8)  Coloniser – Exterminer, Op. Cit., note 1, p. 98.
(9)  Tocqueville, Alexis (de), Travail sur l’Algérie, cité in Coloniser – Exterminer, Op. Cit.
(10) Césaire, Aimé, Discours sur le Colonialisme, cité dans Coloniser – Exterminer, Op. Cit., p. 342.
 
  
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4 juillet 2007 3 04 /07 /juillet /2007 20:32


batte-4.jpgLille, 2 juillet 2007. Deux gendarmes viennent d’être arrêtés et placés en garde à vue. Un homme et une femme. Motif : agression à caractère raciste…
 
On a pu entrevoir, dans certains JT, le visage d’une femme, tuméfié par les coups reçus de ces deux gendarmes. Fugitivement. Je n’ai pas réussi à en retrouver la photo, dans un seul journal ou hebdomadaire français, de ce visage… Censure, ou autocensure, quand tu nous tient !...
 
Elle avait 68 ans. Avec ses filles et ses petites filles, elle sortait d’une fête de mariage, pour rejoindre leur voiture. Elles étaient attendues en embuscade, au bout de la rue, par ces gendarmes qui les ont roué de coups. Dans un cauchemar de violence, avec des battes de base-ball, ils ont défoncé le pare-brise et saccagé la voiture.
 
Le tort de cette femme et des enfants qui l'accompagnaient, était d’être des français qui n’étaient pas de "souche". Au regard de ces sauvages. Musulmanes, arabes, tous les ingrédients qui nourrissent le racisme tel qu’il est encouragé dans la société française et européenne (1). Une femme et six jeunes filles et fillettes… L’acte raciste, islamophobe dans la nudité de sa sauvagerie, sa lâcheté…
 
La nausée…
 
La même agression serait advenue à un membre d’une autre communauté, tout le monde aurait, l'air grave et catastrophé, brandi la menace d’une vague raciste, anti-machin ou anti-trucmuche, en train de submerger la France. Tous les "philosophes médiatiques" auraient débité leurs pâtées pour chats : Finky, BHL, Glucks, Bruck et tutti quanti.  Pas un présentateur télévisuel qui n’aurait  couiné, la larme à l’œil. Souvenons-nous de ces ministres, se précipitant entourés de caméras et de micros au premier incident antisémite bidon, comme celui qui avait été monté dans le RER… Le cirque habituel. Mais, là, bizarrement non. Cette violence raciste, ici, se réduit à un simple fait divers, vite relativisé…
 
Le laxisme le plus total. Une agression dans la nuit du 10 au 11 décembre 2005. Et, il a fallu attendre le 2 juillet 2007, pour obtenir une garde à vue et une suspension de ces gendarmes ! Un an et demi ! Dans une conférence de presse, le général Marc Watin-Augouard, commandant de la gendarmerie pour le Nord-Pas-de-Calais, a dit : "Nous devons nous montrer extrêmement fermes, indépendamment des poursuites judiciaires". A se demander si les généraux de la gendarmerie savent compter sur leurs doigts : 18 mois de délai de réaction… Ou, 18 mois d’inertie… Est-ce cela, se montrer "extrêmement ferme" ?...
 
Oui, ces femmes n’étaient pas "de souche". Car, en France, il y a des obsédés, des fanatiques de la "souche". On les appelle les "souchiens", par dérision. Bien sûr, les racistes, n’étant pas à un paradoxe près, retournent l’appellation en disant qu’on traite ainsi les français de "sous–chiens". S’en offusquant dans une posture, de victime outragée, bafouée, sans crainte du ridicule.
 
Mais, essayons de rester sérieux : Les "souchiens" se disent seuls membres légitimes d’une nation du fait qu’ils en sont originaires, par rapport aux "autres", les "étrangers". Même, si ces soi-disant "étrangers" ont la nationalité française et sont issus d’une deuxième, voire d’une troisième génération de français, nés sur le territoire français. Et c’est là le problème : on ne sait pas à partir de quand, on peut être considéré de "souche" ou pas. N’importe : les "souchiens" se considèrent comme la race des purs, la race supérieure, civilisée. Ils en sont restés à la Marseillaise, lecture 1er degré : "… le sang impur qui abreuve nos sillons…". 
 
Le sang impur… Je me souviens d’un documentaire, il y a quelques mois, sur une TV d’outre-manche. Les auteurs ont fait une enquête auprès de fervents adeptes de la "souche britannique". Tous les pays occidentaux, soumis à la même propagande islamophobe obsédante, souffrent des mêmes pathologies identitaires… Les britanniques n’y échappent donc pas. Certains faisant remonter l'origine de leurs ancêtres aux "résistants" ayant lutté contre l’invasion des Normands ! C’est dire la solidité de la "souche", dans leur esprit.
 
Les producteurs avaient financé un examen ADN, auxquels s’étaient donc volontairement soumis ces "fervents de la souche". Examen qui, par statistiques, peut déterminer quel est le pourcentage exact des différentes composantes de votre patrimoine génétique, par grands groupes ethniques. Les résultats étaient décapants : tous avaient des variables issues du monde caucasien, asiatique, ou pour certains, égypto-soudanais. Certains à haute dose !
 
Il ne faut pas oublier, par exemple, que la Grande Bretagne a été occupée, longtemps, par des armées romaines. Ses contingents étaient composés de diverses nationalités, avec des troupes venant d’Asie mineure ou d’Afrique du nord, d’Egypte et de Syrie notamment. Il fallait voir la tête des "souchiens britanniques", pris au piège de l’absurdité de leurs préjugés et de leurs ignorances !... Tordant ! On ne verra probablement pas ce documentaire dans Envoyé Spécial, Sept à Huit, et autres points de ventes des pois chiches grillés de la propagande officielle, en France… Dommage.
 
Mais, en Grande Bretagne, en France ou ailleurs en Occident, cette permissivité vis-à-vis de l’islamophobie plonge ses racines très loin. De plus, elle est soutenue et encouragée par la politique étrangère de l’Europe. Sans frein, sans barrière, sans balise, on tombe vite dans l’acte le plus barbare. L’agression de Lille est le signe que notre société est gravement contaminée, quand ceux qui doivent représenter l’ordre et assurer la cohésion de la société, sont les premiers à en démolir les repères.
 
Du délire à l’acte…
 
C’est vrai que l’éducation des européens et des français est à refaire fondamentalement sur ce plan. Houria Bouteldja a tout à fait raison d’attirer l’attention sur ce point, totalement occulté. J’admire son courage, sous les insultes, sous les cascades de la haine des racistes, de poser les problèmes de fond. La censure sur le colonialisme et ses ravages est à supprimer dans les manuels scolaires, l’apprentissage du respect de l’autre est une éducation à reconcevoir.

Cette censure, aussi, qui fait qu’il est quasiment impossible de trouver des romans français sur notre passé colonial, ses horreurs, et les luttes d’indépendance, alors que des écrivains dans d’autres pays ont pu en écrire. Je pense à
Lidia Jorge, au Portugal, que j’ai évoquée dans un post. Tant d’actions sont à mener…

Long chemin que le développement de l’humanisme dans notre société occidentale, française en particulier, hyper violente…
 
Par où commencer ?...
 
Je crois que je vais aller faire brûler un cierge, le jour où je passerai par le V° arrondissement, à l’Eglise Saint-Nicolas-du-Chardonnet. C’est un Saint qui aurait pour vocation ou pour vertu, dit-on, de calmer la paranoïa des racistes, des fanatiques, des intégristes de la "souche"…
 
Alors, Saint-Nicolas-du-Chardonnet priez pour eux…
 
 
 
 
 
 
(1) Je recommande un ouvrage collectif, publié en mars 2007, intitulé Dictionnaire de l’Extrême Droite, sous la direction d’Erwan Lecoeur, chez Larousse – Collection A présent. On y retrouve toutes les idées, axes de propagande, actions, phraséologies, programmes et biographies des "chefs", plus ou moins charismatiques.
 


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27 juin 2007 3 27 /06 /juin /2007 00:39



Les dernières nominations gouvernementales ont été l’évènement mondain de la politique spectacle de ce mois de juin.

 

Rumeurs d’abord, conjectures et certitudes, ensuite. Chacun y allant de son scoop, dans l’agitation médiatique.

 

La nomination que je retiens, est celle de Fadela Amara.

 

Symptomatique du degré de désinformation  et de manipulation qu’atteignent, actuellement, les médias.

 

C’était trop !...

 

Dans la flagornerie, la plus obséquieuse, amusant de lire ou d’entendre le concert de louanges sur cette "spécialiste des banlieues et de la défense de la femme". Et, au passage, encenser l’habileté de Sarkozy.

 

La courtisanerie, en pleine effervescence…

 

Encore plus rigolo, les commentaires regrettant le ralliement d’une personnalité de "Gauche" à la "Droite" au pouvoir…

 

Fadela Amara  "de Gauche" ?...

 

Il y a longtemps que le terme de "Gauche" ne veut plus rien dire ! "Gauche" ou "Droite", sont les étiquettes des affairistes en politique qui ne représentent, en termes d’idées, que l’ambition au service de leurs intérêts personnels. 

Depuis, sa création médiatique, j’ai toujours considéré Fadela Amara et son mouvement, Ni Putes Ni Soumises (NPNS), comme étant, ce que j’appelle, de « l’Esbroufe au Carré ». Le culot, puissance dix.  Du vent, du courant d’air, de l’image, du bruit.

Du business, aussi.
..

 

La représentation même de la manipulation politique dans la démagogie. Et, dans le cas de NPNS, le symbole de l’aliénation. Au service du racisme et de la haine.

 

Car, Fadela Amara et son mouvement NPNS ont été au cœur de toutes les campagnes, anti-arabes et antimusulmanes, qui ont ravagé la France ces dernières années. Elles ont joué un rôle moteur lors de l’hystérie collective qui avait submergé notre pays, avec pour thème central le fameux « foulard ».

 

Je me souviens, les archives télévisuelles sont là pour en témoigner, de la méchanceté hallucinée de Fadela Amara, sur les plateaux de télévision, à l’encontre des adolescentes portant le "foulard". Souhaitant qu’on les « brise ». Soutenant leur exclusion du système d’enseignement…

 

Je la vois, encore, postillonnant son inculture… Elle ne connaît ni l’Islam, ni le monde arabe, ni la civilisation, l’histoire, la philosophie et la spiritualité musulmanes. Rien. Le vide. Seuls les clichés, souhaités par ses sponsors, sont débités en rafales. Oui, les "néocons" franchouillards, tous partis confondus.

 

Tant de haine…

 

Je comprends la discussion, la contestation, la polémique. Mais, la haine ? Cette explosion ne pouvait avoir pour ressort qu’un profond mépris de soi, face au courage des convictions de ces jeunes filles inoffensives.

 

Je me souviens encore, les archives sonores sont là, d’une autre des dirigeantes de NPNS, soutenir dans une station de radio, à un auditeur, qu’il ne fallait surtout pas se mêler de ce qui se passait en Palestine ou en Irak. Autrement dit : "Taisez-vous, ne vous montrez pas, et ne vous posez pas de question sur ce qui peut se passer ailleurs"… La propagande à l’état brut. 

Je me souviens…

 

Je m’arrête là. Je voulais écrire une série de posts, sur ce qui restera dans notre histoire comme une des manipulations, une des impostures majeures, générées par notre « habitus » colonial. Probablement, un des derniers soubresauts.

 
Mais, tout a été dit et bien dit, sur ces propagandes et désinformations. J’ai rencontré des textes excellents : rien à enlever, ou à rajouter. Pas une virgule. Je vous les recommande et je les laisse parler. Faites-les circuler et lire autour de vous. Je me limiterai à deux textes :
 
=>      Ni Putes Ni Soumises : un appareil idéologique d’Etat, par Stéphanie Marteau et Pascale Tournier
 
=>     Ni Putes Ni Soumises ou la logique du bouc émissaire - aux sources du Fadela-Sarkozysme, par Pierre Tevanian

Je sais. On ne peut qu’avoir la nausée devant ce grouillement d’arrivisme (1), prêt à toutes les manipulations, compromissions et reniements.

Alors, positivons et goûtons l’antidote. J’en propose deux, il y a en d’autres. C’est vrai.
 
Deux femmes.
 
Si je les ai choisies, c’est qu’elles sont représentatives de ces femmes citoyennes, qui sont un exemple de discernement et de volonté refusant la manipulation du mouvement NPNS, malgré la pression médiatique.

Premier antidote, je vous propose Diam’s.
 
Oui, la chanteuse de rap. J’aime sa fraîcheur, son courage. Tout en étant discrète, car elle  se sent avant tout artiste, elle appelle un chat, un chat. Elle a été sollicitée par NPNS, mais a toujours refusé (2). Leur "combat" n’est pas le sien. La diabolisation des banlieues, des garçons ou des hommes, ce n’est pas son style. Et, pourtant, elle a connu les coups. Mais, elle refuse l’amalgame et, encore plus, de véhiculer un discours d’exclusion, de diabolisation, de racisme.


Diam-s3.jpg
 
 
Le deuxième, une militante à qui je tiens à rendre hommage : Houria Bouteldja.
 
Une Grande Dame. Qui anime le Mouvement des Indigènes de la République. Elle a été une des premières à dénoncer l’arnaque politique de NPNS. Elle me réconcilie avec l’action politique par sa dignité, sa combativité et sa force de conviction. Au service des valeurs humaines.


Houria-Bouteldja.jpg
 
 
Rien à voir avec ce que la caste au pouvoir veut imposer, via son monopole des médias, à notre imaginaire et notre crédulité…
 
Ce sont ces femmes qui sont "le sel de la terre".
 
Pas les autres…








 
(1)  NPNS est une émanation du clan, ou lobby, du militantisme sioniste du PS, représenté par Julien Dray, fondateur de SOS Racisme. Comprendre les racines de NPNS, demande de connaître le montage de SOS Racisme et les différentes manipulations de ce mouvement. Lire à ce propos, l’excellent article de Leila Salem : Histoire Secrète de SOS Racisme.
(2)  Diam’s :
« Au début, elles m’ont plu.
Et puis j’ai vu leur discours changer, et je me suis rendu compte qu’elles faisaient mal aux quartiers.
Quand j’ai vu qu’elles posaient aux côtés de Raffarin et du PS, je me suis dit : “C’est foutu" ».
Cité dans : Ni Putes Ni Soumises : un appareil idéologique d’Etat (Op.Cit.).



 
 
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11 avril 2007 3 11 /04 /avril /2007 15:16

 

Une campagne de désinformation (1) s’intensifie. Elle a pour thème le Darfour et des cibles bien précises. Organisée dans tous les pays occidentaux, bénéficiant du support des médias spécialisés dans la propagande des milieux de l’extrême-droite américaine et israélienne, avec des stars du show business affiliées à cette mouvance. La plus médiatique étant George Clooney.

 

Un documentaire, dont il est la vedette principale, a été traduit en plusieurs langues, et fait l’objet d’une vaste diffusion, avec campagne de publicité, sur les TV privées et publiques européennes.

 

En France, la chaîne de TV publique française (2) n’a pas hésité à diffuser ce documentaire. Et, selon son habitude, sans esprit critique, sans analyse, sans recoupement d’information, sans débat contradictoire.

 

Dans ce concert, en complément de cet acte de propagande, sous couvert d’humanitaire, on retrouve les inévitables spécialistes français du marketing des bonnes causes et du Charity Business, comme disent les anglo-saxons : Kouchner, BHL, suivis de leur cohorte de groupies.

 

Pourtant, aux USA, cette campagne rencontre une forte opposition (3). Cette mobilisation se traduit par des caricatures, des manifestations et des analyses remarquables comme celles de Sara Flounders. Beaucoup ne sont pas dupes de la manipulation de la souffrance de populations civiles par des intérêts et des lobbies qui, en réalité, s’en fichent complètement.

 

 

Protestations aux USA contre la propagande des « néocons » sur le Darfour (*)

 

De quoi s’agit-il ? Quels sont les enjeux ?

 

Le Darfour est une province du Soudan, limitrophe du Tchad, aussi grande que la France. Des troubles ont éclaté en 2003. Le Soudan sortait à peine d’une longue guerre civile entre le nord et le sud, conclue sur un accord de paix, qu’une révolte, avec des soulèvements de différentes tribus, éclatait dans l’Ouest du pays : le Darfour.

 

Ce fut un choc pour le pays. Surtout lorsqu’il découvrit l’implication des occidentaux et, tout particulièrement, d’Israël. Des populations civiles seraient attaquées et des exactions entraîneraient leur fuite, dans des conditions dramatiques, vers des camps où elles survivraient dans un complet dénuement. D’où viennent les approvisionnements en armes de ces tribus et quelle est la finalité de ces actions ?

 

Les seules informations disponibles, dans les principaux médias occidentaux, évoquent un « génocide » décidé par le gouvernement central à l’encontre des populations du Darfour. Un peu simpliste comme explication, et, en France comme ailleurs, certains ont remis en cause, de façon claire, les rouages de cette désinformation (4).

 

Je ne m’attacherai donc qu’au documentaire de Clooney dans ses contrevérités majeures et ses "non-dit", que des professionnels sérieux de l’information, des journalistes intègres, auraient dû mettre en évidence en visionnant ce documentaire.

 

Ce que Clooney ne dit pas :

 

1. Le Soudan, avec sa province du Darfour, est riche, très riche : pétrole, gaz, et surtout uranium de grande qualité. Notamment dans les régions de Nuba Mountains et Hufrat an Nahas. Les principaux gisements d’uranium se trouvant à la frontière des "néocolonies françaises" du Tchad et de la République Centre Africaine.

Des compagnies minières américaines avaient obtenu des permis de recherche et d’exploitation, il y a une trentaine d’années (5). Elles ont eu largement le temps d’en recenser les richesses. De nombreuses multinationales occidentales, y compris françaises, sont en lutte pour s’approprier ces immenses richesses et souhaitent une indépendance de cette région afin de créer un gouvernement aux ordres, laissant l’Occident procéder à leur pillage en toute tranquillité.

 

2. L’implication des lobbies des évangélistes et de l’extrémisme sioniste (6), les plus fervents soutiens de la politique de Bush au Moyen Orient, est totale et parfaitement assumée. Sa conférence devant les parlementaires américains, avec Elie Wiesel, en est une parfaite illustration.

Elie Wiesel est très représentatif de ces "humanitaires", comme Kouchner en France, qui ont soutenu la destruction de l’Irak, de la Palestine ou du Liban sans sourciller. S’inquiétant du sort des civils au Darfour, mais silencieux et la conscience tranquille devant les 655 000 morts (7) recensés en Irak à ce jour, ou devant la progression incessante des souffrances de son peuple (8), au milieu des destructions commises pour "renverser un dictateur et apporter la démocratie". "Humanitaires" imperméables aux souffrances et dévastations commises, depuis un demi-siècle, en Palestine, comme BHL et tous ces activistes du même acabit…

 

3. Les "arabes", le mot est clairement prononcé par l’acteur, massacreraient des populations noires dans l’application d’une politique génocidaire. Sous entendu, aussi, des musulmans extermineraient des chrétiens…

Il s’agit, bien évidemment, d’une contrevérité dénoncée par toute personne un tant soit peu documentée sur la région.

En France, le directeur de recherche du CNRS, Marc Lavergne, spécialiste du Soudan, rappelle que les milices "janjawids", qui seraient les auteurs des exactions à l’encontre des populations, sont composées de noirs aussi noirs que leurs victimes :

«… Tout le monde est noir dans cette histoire. La notion de racisme n’a pas sa place. Les milices tribales janjawids sont des mercenaires qui ne se revendiquent pas du tout "arabes"… En exagérant, on pourrait dire que ce sont des pauvres qui se battent contre des pauvres. (9)».

Qui plus est, tout le monde est musulman et le conflit n’a aucune connotation religieuse.

Notons, au passage, que fidèle à son "éthique", l’acteur n’a jamais cherché à discuter et entendre la version officielle du gouvernement central.

En fait, cette diabolisation des arabes, une fois de plus, dans le contexte du Darfour, répond à deux objectifs racistes :

=> dresser les noirs contre les arabes, notamment les communautés noires occidentales

=> dresser les chrétiens contre les musulmans.

 

4. Il est demandé à la Chine de mettre un terme à ses échanges commerciaux avec le Soudan. Echanges commerciaux qui existent actuellement entre les multinationales et le Soudan, occidentales, y compris françaises, et asiatiques, notamment indiennes.

Le cynisme n’a, par définition, aucune borne. Cette diabolisation de la Chine en est un excellent exemple. La Chine n’a jamais colonisé l’Afrique et n’y entretient aucune base militaire. Contrairement aux USA et aux anciens colonisateurs. Ce serait donc la Chine qui serait responsable du conflit au Darfour.

Grotesque.

Mais les relais de la propagande foncent tête baissée. Depuis des siècles, l’Afrique est pillée, occupée militairement, dans un système néocolonial abject.

La Chine, par des accords commerciaux limités à des échanges d’égal à égal, inaugure avec ce continent un mode de relations qui n’est pas fondé sur la prédation. L’Occident ne peut l’accepter…

 

5. Le documentaire affirme que l’acteur aurait consulté plusieurs organisations humanitaires. Ce qui est faux. La seule qu’on aperçoit (il suffit de lire sur les portières des véhicules) est « The IRC.org ».

Curieuse ONG.

Elle est le résultat de la fusion de deux associations, en 1942, de l’International Relief Association (IRA) constituée en 1933 pour aider les juifs persécutés en Allemagne sous les nazis à fuir le pays, et de l’Emergency Rescue Committee (ERC) fondée en 1940, destinée à secourir les juifs persécutés par le régime de la France occupée par les nazis, le régime dit "de Vichy".

Pour le reste, son action s’est concentrée sur les victimes des "répressions soviétiques". Son éclectisme semble très limité, toutefois : difficile de savoir quelles ont été ses actions en faveur des Palestiniens, Irakiens, Afghans, et autres victimes des atrocités commises par l’Occident en Amérique du Sud, en Iran (du temps du Shah) ou en Indonésie du temps de la répression anticommuniste de Soekarno (de 500 000 à un million de morts), par exemple…

 

6. Ces qualifications de "génocide", et cet appel à la mobilisation émotionnelle des opinions publiques occidentales, permettent aux "néocons" d’occulter les horreurs dont ils se sont rendus coupables et qu’ils perpétuent au quotidien. Leurs propres "génocides". Tant en Irak, en Afghanistan, ou en Palestine, pour ne mentionner que les pays les plus durement touchés en ce moment.

Se blanchir, en jouant les héros de la compassion face à la souffrance humaine…

 

D'autres points pourraient être soulevés, mais arrêtons la liste...

 

Clooney ? Vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes !... La calomnie et la diffamation pour de l’information !...  La propagande pour de la charité !...

 

Retirons son masque, ce sourire mécanique aux dents vernissées, que reste-t-il ?...

 

 

 

 

 

 

 


(1) Deux livres sont à lire pour comprendre les mécanismes de la propagande et de la désinformation :
· La Psychologie des foules, de Gustave Le Bon, 9° édition, 1905, publication sur internet.
· Les nouveaux désinformateurs, de Guillaume Weill-Raynal.

(2) Emission Envoyé Spécial « Urgence au Darfour », du 5 avril 2007.

(3) Not So Fast… Save Darfur ?, Joshua Frank, 11 mai 2006, counterpunch.org.
(4) Bruno Guigue, Le Darfour et ses faux amis, Leader Africa, 26 mars 2006, publié aussi sur oumma.com ou africatimes.
(5) Les entreprises minières américaines ont obtenu des concessions dès les années 1976-1979, telles que la Minex Company.Library of Congress, Country Study for Sudan Report.
(6) Les juifs américains dirigent la planification du rassemblement en faveur du Darfour, Jérusalem Post, 27 avril 2006.
(7) Owen Bennett-Jones, Iraqi deaths survey ‘was robust’, BBC World Service, 14 mars 2007.
(8) Misery grows, says Red Cross (Les souffrances de l’Irak ne cessent de croître, déclare la Croix Rouge), BBC, 11 avril 2007.
(9) In Le Darfour et ses faux amis, Op.
Cit.

 

Cartoon et photo anti “néocons” : indymedia.org.

 

 

 

 

 

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9 mars 2007 5 09 /03 /mars /2007 16:01

Yasmina n’avait pas encore bouclé le financement de son projet de film sur Saladin. Par contre, elle avait réuni des fonds pour produire deux documentaires pour la télévision : deux "52 minutes", comme on dit dans le milieu. Le contexte était différent, elle souhaitait les vendre avant de les tourner, afin d’être sûre de pouvoir rembourser ses créanciers.

C’était un projet ambitieux avec un tournage prévu dans six pays, auquel s’ajoutaient la postproduction et le doublage, à Londres. En français et en anglais. Il avait pour finalité de corriger la manipulation de l’image de la femme musulmane, en sortant des clichés répétitifs imposés par la propagande des médias occidentaux.

Elle avait choisi un échantillon de femmes, dans différents secteurs d’activité et de différents milieux socio-économiques : une chef d’entreprise, deux ouvrières, une biologiste, deux femmes du monde agricole (petites exploitations agricoles), une présentatrice d’émission de télévision, une directrice de journal, une fonctionnaire, une directrice de banque, "un" commandant de bord, une conductrice de train,"un"
chauffeur de bus, etc.

Toutes musulmanes et travaillant dans des pays musulmans différents : Maroc, Tunisie, Egypte, Liban, Syrie et Turquie. Montrer leur manière de vivre leur métier, leur religion, leur vie de famille, leurs problèmes matériels et leurs préoccupations quant à leur avenir et celui de leurs proches, était le fil conducteur de ce travail d’investigation. Pour découvrir autre chose que les images misérabilistes d’usage, elle souhaitait montrer les cybercafés ultramodernes, les galeries marchandes des grands boulevards des villes, les complexes balnéaires, sans équivalents en Europe, les multiples librairies, cinémas… Visitant au passage quelques-uns des plus beaux glaciers et salons de thé, où se réunissent garçons et filles des pays bordant la Méditerranée. Ou encore, les plages où garçons et filles se baignent, bronzent ou jouent au volley ensemble. Tout ce que les occidentaux ne voient pas.

Le problème était d’en assurer la distribution, en le pré vendant auprès de distributeurs pour l’Europe et l’Amérique du Nord, essentiellement : aucun intérêt de garder un documentaire dans un tiroir. Je l’avais mis en contact avec Peter, un ami, professionnel connu pour son efficacité dans la production et, surtout, la distribution de documentaires sur le marché international. J’ai assisté à l’entretien qui eut lieu à Londres. Chaleureux, cultivé, fraternel même, je me souviens du rire de Peter :

"- Yasmina, réfléchis ! Tu veux entrer dans le marché du documentaire ? Si tu n’adoptes pas une approche "marketing", tu vas te planter. Il faut coller au marché. Nous avons plus de 50 millions de chômeurs en Europe. Pas une famille qui ne soit touchée, à part une catégorie de privilégiés. Et, tu veux me montrer que ce ne serait, somme toute, pas très différent ailleurs… Non, il faut montrer que c’est pire ! Sinon, ce serait insupportable à regarder. Tu me montres de la misère, des femmes obligées de se prostituer, battues, des mecs qui s’étripent entre eux en crevant de faim, des gosses sniffant de la colle ou du cirage pour pouvoir faire la manche … Tout ça, en dehors de l’Europe, bien sûr ! Là, oui, je te vends çà, tout de suite. Ecoute, Yasmina, ton énergie et ta motivation me plaisent. Je te propose autre chose : fais-moi, plutôt, un animalier.

- Un "animalier" ?

- Oui, un documentaire sur le monde animal. Il n’y a pas des braves bêtes en voie d’extinction, dans les coins que tu fréquentes ? Même des insectes : je prends. De préférence, une histoire d’espèces en voie de disparition ou de mutation, sinon c’est trop banal. Il faut une tonalité d’angoisse ! Rassurer les gens, par l’angoisse ! La baleine et le rhinocéros, c’est usé… Par exemple : le pingouin rouge cendré qui disparaît progressivement de Papouasie, parce que les Papous ne respectent plus l’équilibre de l’écosystème, depuis qu’on leur fait avaler des amuse-gueules industriels ! Trois coups de fil et je te le vends dans toute l’Europe et en Amérique du nord. Je ne sais pas… Cherche et je sais que tu trouveras ! Tiens : ou
"l’abeille Tsé-Tsé" envahissant la Sibérie …

-
La mouche (1)…

- Mais, non !… Suite à des manipulations génétiques incontrôlées, une mouche Tsé-Tsé se serait transformée en une abeille, qui résisterait aux grands froids ! Çà, je te le vends… En plus, on fait une opération de "merchandising", en arrière plan : ventes de casquette et de T-shirt, numéro de téléphone payant pour prendre des nouvelles de l’évolution du phénomène, versements de contributions contre un agenda et toute la déclinaison. Avec, bien sûr, comme pivot "pompe à fric ": la création d’une association de défense de "
l’abeille Tsé-Tsé". Là, on se ramasse mille fois l’équivalent de la cession des droits de ton documentaire.

- Mais, l’extinction des espèces et moi …

- Ecoute, ton histoire de musulmanes, avec leurs joies et leurs soucis, bien intégrées dans leur métier, leur pays, leur couple, leur vie de famille, leur religion ; et bla, bla, bla... : aucune chance. Aucune ! Désolé. Ce serait pagayer à contre-courant.

- C’est que …

- Ou, alors, fais-moi quelque chose sur le super–luxe. Je ne dis pas : le luxe. C’est ringard. Pas la quincaillerie de chiffonnier à la Dior, nouvelle mouture. Le : "super luxe" ! Le yacht, 50 mètres minimum, amarré sur un port privé, au pied d’une immense résidence privée, sur une île paradisiaque privée, avec le jet privé, qui attend sur la piste de l’aéroport privé. Là, tu fais rêver. Et, tu vends très bien. C’est très "tendance". En plus, ce n’est pas cher à la fabrication…

- Mais, informer de manière distrayante …

- Informer "de manière distrayante" ? Mais, non !... Il faut vendre du rêve ou de la misère. Choisis ton créneau.

- Pourquoi ce choix ?…

- Parce qu’il est extrêmement réduit, si tu ne veux pas faire dans " l’écolo-sauve-planète ", rentable ; " l’historico-archéolo ", les bouche-trous subventionnés qui assurent les frais fixes ; ou " l’anti-islam ". Si tu fais de " l’anti-islam ", avec comme "packaging" la "Défense de l’Occident ", tu le sais bien, tu gagnes le jack pot. Et, ce n’est pas fini… Dans quelques temps, c’est l’Iran qui va être le cœur de cible. Beaucoup, beaucoup d’argent qui arrive…

- Mais, Peter, que vient faire l’Iran ?…

- C’est comme la mode, nous préparons la prochaine "collection". La défense des femmes iraniennes opprimées va être au centre du dispositif. Comme on va les bombarder pour les libérer, il faut faire pleurer les chaumières occidentales, au préalable. Sinon, les gens ne comprendraient pas : comment peut-on libérer les "femmes opprimées" en rasant les maisons, les écoles, les dispensaires, les usines, les centrales électriques, les stations de traitement de l’eau, les routes, des pays où elles vivent… ?

- Et, on va faire pleurer comment ?

- On va pratiquement refaire le coup de la "burqah" avec déclinaisons : "docus", bouquins, presse, colloques et défilés sur les plateaux de télé. La presse féminine assure le relais. Excellentes ventes en perspective. Tu te souviens ? Même baratin, il n’y aura qu’à changer la "burqah" par le "tchador". Le problème, c’est filmer les extérieurs : on circule moins facilement en Iran que chez les chefs de guerres afghans. Il suffisait de payer et on faisait la mise en scène qu’on voulait. Seule obligation qu’on avait : ne pas filmer les champs d’opium, ni l’évoquer. Tout le monde y trempait. Même les icônes médiatiques. Mais, tabou ! Là, il va falloir faire de la reconstitution dans des pays voisins, à cause des paysages. Pas beau ça ?

- Mais, il doit y avoir la possibilité d’une autre approche sur la femme musulmane…

- Tu n’y es pas du tout, et c’est là où tu veux nager contre le "mainstream". Ce qui est très recherché, en ce moment, c’est la repentie "femme". La musulmane, ou prétendue telle, capable de balancer toutes les saloperies possibles, qu’on lui dira de dire sur sa religion. Il faut un "sponsor" à gros chéquier ! Comme le scoop de la Somalienne de Hollande qui a fait la une des journaux américains, britanniques et tutti quanti. Elle est allée même réciter son texte chez Larry King, je crois ; tu sais, le mec qui fait son talk-show en bretelles super larges. Un truc génial, avec plein d’argent sur le coup. Les "networks" s’arrachent çà, même son bouquin où elle raconte n’importe quoi… Finalement, avec beaucoup de fric, on arrive à retourner les gens, comme des crêpes !

- Mais…

- Le "
must" en ce moment : celle qui a abjuré sa religion et qui est menacée par son ancienne communauté. On a des documentaires venus d’Allemagne qui se vendent très bien. Si je me souviens bien, les franco-allemands de ARTE, en ont acheté à la pelle...

- Mais, c’est du délire ! Le Coran (2)
dit clairement et formellement : " Point de contrainte en religion, car le vrai se distingue du faux". N’importe quoi …

-
Yasmina, c’est très simple. Ou, tu mets en scène la misère des autres, je veux dire hors de l’Occident, à part quelques banlieues bien balisées, et tu rassures les gens qui se disent finalement, malgré ma vie de chien, je suis un privilégié ; je suis même intelligent, puisque les autres sont illettrés. Ou, tu mets en scène des boucs émissaires. Les politiques y trouvent leur compte : ils jouent sur la peur pour éviter de traiter les vrais problèmes. Ou, alors, tu montres le rêve : les gens s’évadent dans l’imaginaire et, en plus, çà présente l’avantage de légitimer les dépenses somptuaires des puissants. Et, ils apprécient…

-
Merci de cet éclairage, Peter…

-
Yasmina, je ne voudrais pas t’avoir choquée… Entre nous, ce n’est pas moi qui décide du "trend", ce n’est pas le téléspectateur, ce n’est pas le patron de chaîne, ce n’est pas le lecteur du journal, ce n’est pas le rédacteur en chef, non plus. Ce sont les marchands de canons et de pétrole qui dictent l’information internationale et qui dirigent le monde… J’en suis le premier désolé. Mais, il faut bien vivre … Et, je sais que tu sais … "Come on" … Pour nous changer les idées, ce soir on dîne tous ensemble et on oublie tout ça !".
 
 
 
 
(1) Crédit photo : ypix.org.
(2) Sourate 2, verset 256.
 
 
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8 mars 2007 4 08 /03 /mars /2007 16:20


Yasmina, jeune réalisatrice musulmane d’Afrique du Nord, brillante, dynamique, son synopsis sous le bras, essayait de trouver un financement international pour son projet de film qu’elle destinait au marché européen et nord-américain.


Elle voulait mettre en scène un passage de la vie de Saladin, au XII° siècle. Souverain, qui a régné sur l’Egypte, la Syrie, la Mésopotamie et la Palestine, célèbre pour ses talents d’organisateur, son courage, son respect de la parole donnée et sa profonde générosité. Il était aimé et respecté de ses ennemis avec, souvent, autant d’intensité que de ses propres amis.


Pour toile de fond : histoires d’amour, trahisons, batailles, embuscades, arts martiaux, effets spéciaux, châteaux forts et grands paysages. Avec aussi des femmes, partageant le destin de leurs hommes, belles, courageuses, capables de tirer à l’arc et de jouer du poignard aussi bien que du luth. Elle voyait  Jean Réno dans le rôle de Richard Cœur de Lion et Marc Dacascos, l’indien du "Pacte des Loups", dans le rôle de Saladin. "Avec une barbe bien taillée, Dacascos ferait un superbe Saladin", me disait-elle. 

Ce qu’elle voulait montrer c’était la noblesse des personnages, le respect de l’adversaire, l’estime et l’entraide qui pouvaient surgir du chaos du monde. Montrer la profonde estime qui unissait Richard Cœur de Lion et Saladin, hommes de paix et de compassion essayant de maîtriser la violence qui les entourait. Ce qui, à l’époque déjà, ne plaisait pas à tout le monde. Saladin eut à subir plusieurs attentats, dont un où il fut blessé, organisés par la sinistre secte des "Assassins".


Apprenant que Richard Cœur de Lion était immobilisé par une forte fièvre, Saladin lança des cavaliers chercher de la glace dans les montagnes du Liban pour qu’on la lui apportât. Le service sanitaire de ses armées était remarquablement organisé. Son médecin personnel était juif et il avait recruté de nombreux médecins de plusieurs nationalités ou religions, même des chrétiens nestoriens, heureux d’être à son service car ils étaient persécutés par les chrétiens de Byzance. Il lui arrivait d’envoyer les chirurgiens de son armée, après les combats, pour soigner les croisés qui en étaient totalement démunis.

"Trop cher, trop ambitieux, thème délicat en ce moment, ne correspond pas à notre ligne éditoriale, n’entre pas dans notre cahier des charges, en tant que femme essayez un thème plus intimiste, présentez des problèmes contemporains que vivent les femmes…" 
: telles étaient les réponses que Yasmina recevait des milieux du cinéma français. Elle avait compris. Je me souviens, comme si c’était ce matin, de ses propos désabusés et révoltés, à la sortie d’une réunion de travail :

 
" -  Georges, ils veulent que je fasse de la prostitution intellectuelle.

-  Que veux-tu dire ?

-  Tu sais les thèmes qu’ils me proposent, ces "professionnels" ? Un film sur les filles maghrébines et la "violence des traditions familiales musulmanes". Pour ces gens, quelques drames familiaux dans quelques banlieues françaises, similaires à ceux d’autres familles françaises religieuses ou athées, sont représentatifs de toutes les familles, de toutes les banlieues, de tout le Maghreb, de tout l’Islam ! 

- Calme-toi, Yasmina, tu exagères… On ne peut pas ne pas tenir compte, dans une société, des drames qui peuvent se passer ici ou là …

-  Je leur ai dit que dans ma famille et autour de moi, dans mon pays, les filles aiment leurs pères, leurs frères et vivent dans le respect mutuel. Je leur ai parlé de l’immense tendresse du Prophète pour ses filles, notamment Fatima. Ils étaient déçus, les nanas, encore plus que les mecs présents ! Mais, comment peuvent-ils être aussi hypocrites ?

- Souvent, les fictions partent de cas particuliers … Et puis, Ridley Scott
 a sorti un film sur Saladin avec un budget de 150 millions de dollars. Même raté, son film doit faire peur…

- Oui… Ils me disent que ce qui marche quand on parle du monde musulman, au cinéma ou à la télé, c’est traiter la situation "moyenâgeuse" dans laquelle vivent les femmes de la communauté musulmane, montrer la perpétuation de l'esclavage. Je dois montrer obligatoirement que l’héroïne du film, a été violée ou battue, et qu’elle s’en est sortie grâce à l’école de la République ! 

-  C’est une vue effectivement partiale, mais tu pourrais l’amender par une touche personnelle …

-  Détrompe-toi, le "story board" contient des ingrédients très précis. Leur petite cuisine est toute prête. La toile de fond doit faire ressortir que le personnage principal est "un pur produit de l'école laïque et obligatoire", grâce à laquelle un enfant maghrébin peut parfaitement s'en sortir. Bien sûr, montrer que c’est rendre service aux peuples du Maghreb que de prouver qu’être antimusulman, c’est l’avenir. Ils souhaitent beaucoup, une réalisatrice arabe et francophone, en mesure de signer un tel film…  Si je le tourne, on me garantit le soutien des mouvements féministes subventionnés, avec leur presse sponsorisée et une couverture médiatique du tonnerre. Et bien sûr, avec des mots choisis dans leurs sous-entendus, plein de fric …

-  Essaye de faire une contre-proposition. Il y a certainement des gens bien parmi eux.

-  Tu sais, voir ces féministes jouant les "Jeanne d’Arc
" de la condition de la femme musulmane, voir ces nanas s’en mettre plein les poches, grâce à ce fonds de commerce… Alors qu’elles se fichent du sort des femmes qui meurent sous les bombes, dont les enfants sont tués, dont les enfants sont mutilés, dont les enfants ne peuvent pas être soignés, dont les enfants ne peuvent pas être scolarisés, dont les enfants n’ont aucun avenir… Quelle hypocrisie ! Ça me dégoûte …

-  Yasmina, ce sont des gens qui sont plein de bonnes intentions mais, mal informés. Ne les juge pas, aussi rapidement …

-  La meilleure ! Pour actrices, ils proposent, pour ne pas dire "imposent", de prendre des beurettes de leur réseau, déjà dans le circuit de la télé, du cinéma ou du théâtre, qui ont eu une éducation poussée, qui ont  été choyées par leurs parents. Tu te rends compte de l’arnaque ?

-  Yasmina, ne déprime pas. Tu arriveras à le faire ton film …

-  Pas en France. Pas avec cette bande de racistes. En fait, ils veulent des films de propagande antimusulmans. Ni plus, ni moins. Ils veulent que j’en réalise un. Et moi, me prostituer en faisant du misérabilisme avec des fanatiques antimusulmans, je n’y arriverai pas. Dire qu’on retrouve ces mêmes nanas, "luttant contre la prostitution", sur les plateaux télé et dans les journaux…

-  N’exagère pas… Tu sais, ils ont l’argent de la production et sont très influents dans le système de distribution et de promotion.  Si tu veux faire un film, essaye de prendre le problème plus posément et de convaincre …

-  Georges, ne joue pas avec les mots. Regarde, même en littérature, c’est la même chose. Si on veut être publié en Occident, on doit se livrer à "l’exhibitionnisme de la misère" et la femme musulmane doit être une folle, épuisée de chagrin, une violée ou une prostituée. Que ce soit en Europe, dans les banlieues, ou dans nos pays. Tahar Benjelloun et les autres, l’ont bien compris. Les médias ne laissent passer que cela. Ils ont raison, ces écrivains. Ils déclinent en boucle ces thèmes et vendent très bien leurs livres. S’ils s’aventuraient à présenter une autre image de notre vie, de notre civilisation, de nos pays, de notre religion, aucun éditeur ne les publierait.
"

Elle m’annonça son départ pour Londres et le Canada.

Pour la consoler, je lui ai raconté les déboires de Vincent Monteil auprès des grandes maisons d’édition françaises, y compris celle qui était liée par contrat avec lui. L’un des meilleurs connaisseurs de l’Islam, de son histoire, de sa civilisation, de ses textes religieux et de ses mystiques, n’arrivait pas à faire publier un livre sur Louis Massignon
, orientaliste éminent et l’un de nos plus grands esprits. Sa connaissance et sa représentation de l’Islam ne cadraient pas avec la campagne de diffamation lancée contre cette religion. Et, bien sûr, les principaux journaux français refusaient ses articles et opinions sur l’Islam. C’était, il y a, bientôt, une vingtaine d’années…

Je n’ai pas osé lui dire qu’en Occident les privatisations les mieux réussies étaient celles de la censure et de la propagande…

 

 

 

 

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