En bon crocodile pacifique dans son marigot, il
m’arrive de lancer, de temps à autres, quelques bulles, sous forme de "posts", se baladant sur le web. Il me suffit d’en émettre un prônant la tolérance ou l’empathie, à l’égard de l’Islam
ou de nos frères africains, pour voir surgir, subitement, une migration de grenouilles prenant mon marigot pour un bénitier. S’installant dans un concert de coassements, s’interpellant les unes les autres, sans
prendre le temps de s’écouter… Assourdissant !...
Je savais, vaguement, qu’il y avait des grenouilles "arboricoles", "fouisseuses" ou "volantes". Ne voilà-t-il pas que celles-ci se présentent comme étant « catholiques » !... Des
Grenouilles de Bénitier. Avec une variété, dans leur tenue de camouflage, intrigante : catholiques "traditionalistes" ou "tradis", catholiques "laïques", catholiques "militantes", et j’en
passe.
Certaines semblent avoir migré depuis Cuba, plus exactement de la baie de Guantanamo. Les plus bruyantes, les plus arrogantes aussi. Avec leur "dialectique", elles instruisent votre
procès.
Tout juste si elles ne débarquent pas avec leur matériel spécialisé, comme si elles s’incrustaient à Abu Ghaïb, ou
ailleurs : gégène, projecteur pour aveugler, pince pour arracher les ongles, chiens déchiqueteurs de testicules, et autres gadgets de haute technologie représentatifs de leur civilisation
raffinée…
"Tolérance" ? ...
Mot, fatal !...
Il a le don de provoquer des pustules, chez les Grenouilles de Bénitier. Dès lors, vous êtes présumés coupables, sommés
de répondre à toutes leurs questions, dans la seconde. Dans un procès d’intention où, quoi qu’il retourne, vous aurez tort.
Se prenant pour Torquemada. Ou, rêvant de vivre sous l’Inquisition. Reformulant, en boucle, les mêmes sommations, interpellations, injonctions. Coassant les mêmes
clichés, préjugés, psychoses. Certains remontant au XI° siècle. Obsessionnellement.
Bien sûr, pour varier, elles introduisent des mots nouveaux, dans les mêmes questions. Quand, ce n’est pas Saint Augustin, c’est le Droit Canon, ou si ce n’est pas la référence au Saint-Père,
c’est à celle de la Violence.
Du moins, celle des autres, pas la leur. Elles adorent porter Saint Augustin en étendard. Lui, qui disait : « Il
y a une persécution juste, celle que font les Eglises du Christ aux impies... L'Eglise persécute par amour et les impies par cruauté. »
Les entendre coasser, quelques temps, aurait du charme. Une nuit d’été… Les changements d’ambiance étant propices à la réflexion, dit-on… Mais, le nombre de couacs devient, à la longue,
insoutenable. Tout ça ne m’apparaissant "pas très catholique", j’ai été amené à faire comprendre, poliment, à l’une d’entre elles, divagant sur le Droit Canon, qu’elle était aussi "catholique"
que moi, joueur de castagnettes à la Scala de Milan… Elle en a eu le coassement tétanisé. Langue avalée. Mon pacifisme s’est ému, devant ce risque d’apoplexie grenouillesque…
C’est moins de se faire traiter de "crocodile-dhimmi" qui est agaçant, que d’avoir à endurer le culot d’imposteurs incultes. Car, pas une de ces Grenouilles de Bénitier ne maîtrise les
fondamentaux de la religion catholique. Des religions, en général. Ne parlons pas de spiritualité…
Apparemment lobotomisées, elles confondent Evangile et Eglise, Christianisme et Capitalisme (1), Judaïsme et Sionisme, Islam et Islamisme, Athéisme et Fanatisme… Dans la plénitude du vide de leur
lobe frontal, elles ont toutes, cependant, un point commun inébranlable : le racisme et l’islamophobie. Leur boussole, leur point cardinal. Leur certitude. Leur identité de
Grenouille.
Elles me font penser à ces caméléons qui se sont multipliés, pendant l’hystérie collective sur "le voile", camouflés sous l’appellation de "laïcs et républicains". En fait,
d’authentiques racistes, bénéficiant de l’impunité garantie par ce label.
C’est l’AOF (Appellation d’Origine Fantaisiste) du raciste. Comme pour l’industrie du fromage ou du vin, dès l’obtention
de ce genre d’appellation "d’origine", vous pouvez tout vous permettre : faire passer du plâtre pour du fromage, ou de la piquette vinaigrée pour un grand crû. Pareil avec "laïc et
républicain", le racisme devient une défense de la démocratie…
Inculture, imposture, servant de fondement à cette pathologie, sont facilement repérables derrière les artifices de la désinformation que ces spécialistes, en coassements racistes et
islamophobes, claironnent. Les tics et travers sont les mêmes, dans leurs slogans et réclames.
Toussaint, Saint Valentin ou Saint Glinglin
Etonnant de constater que bien de ces gardiennes de bénitier ne soient pas en mesure de discerner les fêtes catholiques… Comme, s’il y avait un "bug" dans leurs fiches de propagande. L’une
d’entre elles, d’un ton comminatoire, me disait qu’elle espérait que je fêterais la Toussaint à tous les catholiques…
Or, c’est une fête que l’on ne souhaite pas ! Contrairement aux deux grandes fêtes catholiques, de joie et d’espérance, que sont la célébration de la Naissance de Jésus, à la Noël, et celle
de Sa Résurrection, à Pâques. Lui ayant fait remarquer qu’il s’agissait d’une tradition religieuse antérieure au christianisme,
destinée à honorer les morts. Sous nos latitudes, dans le recueillement et le silence, avec des visites dans les cimetières, pour fleurir ou entretenir les tombes. Priant à la mémoire des
disparus, dont nous avons partagé l’affection. Soudain, le gonflement de la caisse de résonance de ses cordes vocales s’est bloqué, en pleine course. Aïe !... Plus d’écho.
Curieux d’entendre, plusieurs d’entre elles, carillonner une "Bonne Fête" de Toussaint. Comme s’il s’agissait d’une manifestation d’allégresse, avec pétards, petits fours et
chocolats !...
Bientôt, elles vont confondre : Toussaint, Saint Valentin ou Saint Glinglin. Tenez, je vous propose de déguster un
de ces souhaits, parmi les plus savoureux, daté du 1er novembre dernier, intitulée : Bonne Fête à
Tous ! Quel zèle "catho" !... Allez, encore une petite tranche de zèle, et pour peu qu’elles lisent mal leurs fiches, ces grenouilles agitées vont souhaiter Saint Carrefour,
Saint Auchan ou Saint Casino…
Pro Vie ou Pro Massacres ?
Un des dadas de ces vertueuses grenouilles, c’est la défense de "La Vie". "Pro Vie", s’autoproclament-elles ! Formidable, se dit-on !... Enfin des êtres courageux, luttant contre le
massacre des Innocents ! Le point bizarre, toutefois, c’est que cette défense de "La Vie" se limite à des déclarations enflammées contre l’avortement. Plutôt réduit comme champ
d’application… En creusant un peu, dans une vision paranoïaque d’un envahissement démographique, d’un tsunami d’autres races ou religions…
Sous ce vernis, qui s’écaille au premier coup d’épingle, que trouve-t-on ? Le racisme, dans son expression la plus
brutale. La peur, la haine de l’Autre.
Silence absolu, en contrepoint, sur les massacres d’enfants dans le monde par les armes occidentales, chrétiennes ou judéo-chrétiennes. En particulier, ceux qui se déroulent au quotidien, sous
nos yeux, en Palestine, en Irak, en Afghanistan.
Tout aussi étrange, leur préoccupation du sort des chrétiens dans le monde entier. Magnifique élan de générosité, se
dit-on ! Sauf, un trou noir, comme en astronomie : les Palestiniens chrétiens, spoliés, internés, humiliés, torturés, massacrés. Aux côtés de leurs frères musulmans.
Là aucune sollicitude. Motus et bouche cousue. Ils n’ont aucune existence à leurs yeux. Jamais la moindre mention. Des
zombies. Curieuse approche d’une communauté de croyants…
Dans cette vision grenouillesque, on constate le même daltonisme dès qu’elles relancent les vieilles "théories économiques racistes". Même usées jusqu’à la trame. Leur dénonciation du
sous-développement, dans certains pays à majorité de confession musulmane, ne cesse de puiser sa force dans la mise à l’index, haletante, psychotique, de l’Islam…
L’immense zone de pauvreté, d'humiliation et de souffrance qu’est le continent Latino-Américain, chrétien depuis cinq siècles, ne
provoque, par contre, aucune réaction, ni réflexion. Pas plus que la misère en France, en Europe ou en Amérique du nord, contrées très chrétiennes. Chrétiennes depuis une vingtaine de siècles, pour ce qui est de la France et de
l’Europe.
Aucune remise en cause, de leur raisonnement, de leur logique. Lobotomie, encore, probablement. Expliquant la sélectivité
de leurs coassements.
Du Fenouil à la Miséricorde
Leur référence incessante au Saint-Père est touchante. Ah ! Le respect filial pour le Pape… La "caution morale" des Grenouilles de Bénitier. Glosant sans fin sur le moindre de ses écrits ou
déclarations alambiquées. Apparemment plus simple d’entendement, pour elles, que la sereine lecture des paroles limpides de Jésus dans les Evangiles…
Une des lectures qui m’a le plus marqué est celle de l’enseignement de Jésus, tel qu’il est rapporté dans les quatre Evangiles. Difficile de trouver mieux dans l’exhortation à l’Amour de son
Prochain, à la Tolérance, au Respect de l’Autre. Impossible de trouver sollicitude plus grande que celle de Jésus pour les exclus, les pauvres, les humbles et les humiliés. Il voulait aller plus
loin que la solidarité, la compassion, il souhaitait la fraternité.
Cette lecture m’a appris à préserver, lucidement, une distinction entre la Parole de Jésus et les dévoiements d’une structure hiérarchique inéluctablement corrompue, par le pouvoir et la
puissance temporelle : l’Eglise. Surtout dans sa représentation papale. Comme dans toute religion, entre la Parole initiale, révélée ou pas, et sa manipulation politique ou temporelle
ultérieures.
Dans leur invocation frénétique du Saint- Père, nos angéliques grenouilles oublient, en effet, qu’il n’est ni un saint, ni un père, encore moins un prophète. Tout simplement, en langage
d’aujourd’hui, il n’est qu’un PDG coopté par un conseil d’administration, la Curie, réunissant des administrateurs ayant le titre de cardinal. Ou, un chef de parti, coopté par un Comité
central.
Les papes furent longtemps des chefs d’armées et d’Etat, comme les autres. Vivant dans le luxe, soucieux de leur gloire,
de leur ambition et de leur fortune personnelles.
Il y eut des pourris comme les Borgia, dont le fameux Alexandre VI (2) couvert de maîtresses et d’enfants illégitimes. Ou, des traîneurs de sabres, comme Jules II (3), qui forniquait comme pas
deux dans les écuries du Vatican, avec sa cour (4). Nous sommes loin de Jésus, de son exemple, de son engagement, de son abnégation.
Bien sûr, de nos jours, le côté licencieux de la haute hiérarchie a, à peu près, disparu (5). Mais le fond reste le même. Comme toute structure organisationnelle, l’Eglise et son PDG sont
incapables de transcender leur époque. Ma pratique professionnelle des organisations m’en a convaincu. Ils ne peuvent en être que le reflet.
Le pape actuel, Benoît XVI (6) n’y échappe pas. Son dogmatisme, confinant au fanatisme, a été pris en flagrant délit à
plusieurs reprises. D’où le sentiment de confort de nos grenouilles en invoquant le pape : elles se retrouvent en miroir.
Ancien Préfet de la Congrégation de la Pratique de la Foi, qui est l’organisation qui a succédé, au fil des siècles, à la sinistre Inquisition, après s’être appelée un moment le Saint Office.
L’équivalent d’un "commissaire politique" sous le stalinisme, soucieux du respect de la "ligne idéologique". Colonne vertébrale d’un parti totalitaire.
En tant que cardinal, il s’est acharné sur "l’Eglise des Pauvres". Son terrain de chasse prioritaire a été l’Amérique latine. Tout un courant s’était développé, fondé sur la solidarité avec
les pauvres, au Brésil et en Amérique Centrale, notamment. Mettant en cause l’alliance entre les grands propriétaires fonciers, les forces militaires et l’administration corrompue. Avec des
prêtres et même des évêques remarquables par leur "don de soi".
Ils ont tous été éliminés, par le cardinal Ratzinger devenu pape. Lire la belle lettre (7) de Claude Lacaille, Prêtre des
Missions Étrangères, Trois-Rivières, au Canada : Lettre ouverte à mon frère Benoît XVI – Vivre l’Evangile avec les exclus.
En mars 2007, Benoît XVI a condamné le plus grand théologien d’Amérique latine : Jon Sobrino. Il avait le tort de rappeler que
la communauté voulue par Jésus était celle de la Justice et de la Fraternité. Jon Sobrino ne cessait de condamner la corruption des dictatures militaires protégées par l’Occident, terrorisant les
populations avec les "escadrons de la mort", les enlèvements et les exécutions sommaires. Au bénéfice des grands propriétaires et
des multinationales pillant les économies du continent. Enfermant les peuples dans la misère.
Il y eut son fameux discours islamophobe (8) de Ratisbonne, en Allemagne, où il opposait la foi et la raison en Islam. Digne d’un curé de campagne analphabète du XIX° siècle, que les autorités
coloniales recyclaient dans les colonies lointaines pour prêcher les bienfaits de la colonisation chrétienne, et au passage justifier la spoliation…
Ou encore, en mai 2007, lors de son voyage au Brésil, Benoît XVI a
choqué les communautés amérindiennes par des propos « arrogants et irrespectueux », déclarant que les « populations indigènes d’Amérique latine avaient été
purifiées par l’arrivée du christianisme sur leur continent ».
Oui, triste "caution morale" d’une hiérarchie que Jésus fustigerait, si nous avions la chance de l’avoir parmi nous. Comme il l’a fait une fois, chassant les marchands du Temple de Jérusalem, les
poursuivant, les frappant à coups redoublés, Lui, le non-violent par essence, avec une corde…
C’est un camion de cordes dont il aurait besoin, pour nettoyer ce Vatican et ces
Bénitiers…
Ne cessons de le répéter : le monde est un village où nous devons respecter les croyances de chacun. Dans la fraternité.
Mais, sont-elles capables, toutes ces Grenouilles de Bénitier, d’écouter, excepté leur coassement ?… Peut-on leur conseiller de lire, de méditer, d’intérioriser, les Evangiles, avant de
jouer aux "ferventes cathos" ?… Si tant est qu'elles le soient effectivement...
Je vais être charitable, avant de les éjecter, dans un éternuement, de mon marigot, le laissant à sa quiétude originelle, je leur offre comme cadeau de départ, une parole de Jésus (9) avec toutes
ses senteurs méditerranéennes :
« Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de
la menthe, du fenouil et du cumin,
après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la Justice, la Miséricorde
et la Bonne Foi ;
c’est ceci qu’il fallait pratiquer,
sans négliger cela. »…
(1) Il y a même des Grenouilles "Tradis" Boursicoteuses, justifiant la spéculation financière sauvage, sous
forme des fonds spéculatifs appelés Hedge Funds. Lire, pour vous amuser, le numéro d’équilibriste en casuistique (20 octobre 2007) : "A quoi sert un hedge fund ?". Peut-être faut-il multiplier les petits pains, gratis, pour pouvoir mieux les
partager ?...
(2) Alexandre VI, né Rodrigo Borgia, Pape de 1492 à 1503. Connu pour sa débauche et ses crimes. Il avait pour fâcheuse habitude de faire occire les victimes de ses enlèvements et
viols (cas célèbre du jeune seigneur de Faenza, Astorre Manfredi) en les faisant jeter dans le Tibre. C’est lui qui arbitra le partage de la colonisation en Amérique latine, entre le Portugal et
l’Espagne, les deux super-puissances de l’époque, par le traité de Tordesillas (1494).
(3) Jules II, archétype du "pape guerrier", du 1er novembre 1503 au 21 février 1513. Plus soucieux d’être à la tête de ses armées, de gérer ses territoires et sa fortune,
que de s’occuper de l’évolution spirituelle de la communauté catholique. Sa cour était célèbre pour le luxe et la licence de ses mœurs, dont les excès choquèrent, entre autres, celui qui devint
un des initiateurs de La Réforme : Luther.
(4) Scène historique célèbre. Visitant avec sa cour les écuries du Vatican, le spectacle de la saillie d’une jument par un étalon provoqua une chute générale dans la paille. Les
dialogues courtisans se poursuivirent dans de fougueux ébats empaillés... Pape, en tête !...
(5) L’Eglise catholique des USA va verser plus de 800 millions de dollars
d’indemnités (Evêché de Los Angeles : 660 + Evêché de San Diego : 198) à des victimes d’actes pédophiles imposés par divers dignitaires, de sa hiérarchie, reconnus coupables.
Septembre 2007. D’autres évêchés vont être, probablement, concernés par ces actions en justice.
(6) Benoît XVI, né Joseph Alois Ratzinger en Allemagne le 16 avril 1927. Elu Pape, le 19 avril 2005, à l’âge de 78 ans.
(7) Lacaille, Claude, Lettre ouverte à mon frère Benoît XVI – Vivre l’Evangile avec les exclus, mercredi 16 mai 2007, Le Devoir , Montréal, Canada.
(8) Discours islamophobe de Ratisbonne (Allemagne), du mardi 12 septembre 2006. Lire l’article de Henri Tincq, Islam : un faux pas de Benoît XVI, Le Monde, 20
septembre 2006.
(9) Evangile selon Saint Matthieu : Mt. 23, 1-33.
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