« Comme Faust, ils ont fait le choix de la haine pour devenir immortels.
La haine est une force malfaisante et mortifère de destruction qui donne de l’énergie. »
Saverio Tomasella (1)
Le général Iranien Soleimani a été assassiné, le 3 janvier 2020, à sa descente d’avion sur l’aéroport international de Bagdad sur ordre du président des Etats-Unis. Il revenait de Beyrouth avant de rentrer à Téhéran. Faisant escale en Irak à l’invitation de son gouvernement, au cours d’un voyage officiel.
Pour justifier cet acte, l’industrie de la désinformation a activé les fourneaux de ses cuisines pour nous servir la bouillie de sa propagande diabolisante, la France se distinguant par son zèle : presse, radio, TV, ‟censure-occultation” des moteurs de recherche, trolls automatisés distillant leurs commentaires sur les réseaux sociaux ; avec, brassant de leurs louches cette soupe, les "prêcheurs-bonimenteurs" travestis en "experts" autoproclamés du Moyen-Orient et de l’Iran.
Objectif : Blanchir les auteurs du crime et anesthésier les opinions publiques, dans une soporifique ‟Bonne Conscience”…
Dressant de ce général, dans le meilleur des cas, un portrait à
Cet évènement par sa dimension symbolique a une portée aux conséquences majeures pour la région, dont les enjeux échappent totalement à ceux qui l’ont organisé ; révélant leur abyssale imbécillité, leur analphabétisme crasse : culturel, historique, géopolitique. Et, même, spirituel.
Leur fanatisme colonial. D’un autre âge.
Essayons la simplicité et la précision, pour en délimiter les contours…
Un Soldat d’Elite…
Il était un ‟soldat”. Et tel, il se revendiquait. Tout simplement et uniquement.
‟Soldat” d’élite. Au service de sa Nation, en premier lieu. Mais aussi, des Peuples de la région occupés, dévastés, spoliés par la soldatesque étrangère, d’une cruauté sans borne, venue de pays situés à des milliers de kilomètres ; avec ses hordes de mercenaires et coupeurs de gorges. (2)
Non pas un ‟Homme de l’Ombre”, comme l’affirme la propagande francophone ; copié-collé du qualificatif ‟Shadow General”, de la propagande anglophone. Il ne se cachait pas, dans des grottes ou des souterrains. Il était connu de tous, dans son pays et au-delà.
Homme discret pourtant, dont l’humilité était une qualité fondamentale, il devait sa notoriété à ses faits d’armes.
Il commandait la brigade Al Qods, qu’il avait contribué à forger, secondé par un remarquable encadrement issu, comme lui, des tranchées, marais et combats de rue des 8 ans de la guerre Irak-Iran. (3)
Cette Unité des forces spéciales est intégrée aux Forces Armées des Gardiens de
Nous sommes loin, très loin, des descriptions caricaturales de la propagande décrivant les Gardiens de
Normal : les propagandistes n’ont jamais lu, ni cherché à comprendre,
… Membre d’une Armée d’Elite
Deux forces armées coexistent, en effet, en Iran.
Les Gardiens de
Deux armées se répartissant la protection du pays en étroite collaboration, et sous la coordination d’un Ministère de
Les forces armées des Gardiens de
Le Guide Suprême, assisté d’un Conseil aux membres cooptés, n’a aucun pouvoir exécutif qui relève du gouvernement, ni pouvoir législatif qui est exercé par le parlement élu. En tant que "gardien de
Imaginons que le CNR (Conseil National de la Résistance), à qui nous devons tous nos acquis sociaux (Retraites, Sécurité Sociale, etc.) que nos oligarchies successives (4), depuis la présidence Pompidou, s’acharnent à démanteler sous couvert de "modernisation" du pays (6° pays le plus riche du monde…) ait conservé à la fin de la deuxième guerre mondiale les FFL (Forces Françaises Libres) de
Il n’est pas certain que nos oligarques, officiels et dissimulés, agiraient à longueur d’année dans l’impunité et le mépris de la volonté populaire. Crevant des yeux et arrachant des mains… (5)
Des centaines de milliers de personnes ont participé aux funérailles du général Soleimani dans les priipales villes du pays
Un Homme d’Honneur et de Valeurs
En dehors de ses responsabilités militaires, il menait une vie simple. Hors des coteries politiques - elles sont aussi nombreuses et vibrionnantes en Iran qu’ailleurs - et sans aucune relation avec les milieux d’affaires, sans lesquels aucun destin politique n’est possible. D’une rigoureuse probité, il se tenait à l’écart de cette sphère.
Prétendre, comme certains médias l’ont claironné, que le général Soleimani aurait été un probable candidat à la présidence du pays, pour succéder à Rouhani, est d’un ridicule intergalactique… Mais, chacun sait que nos médias débitent des bobards à la chaîne.
La propagande, il est vrai, veut faire croire que l’Iran est "décapité", selon les termes d’un journal du soir : ‟le numéro 2 du régime” vient d’être ‟éliminé” !... Comme un poulet dont la tête vient d’être tranchée d’un coup de sabre et qui continue à courir en battant des ailes, sans savoir où il va…
C’est prendre ses désirs pour la réalité…
Il était un général parmi d’autres. Tous aussi valeureux et décorés que lui. Certes, le général Soleimani commandait une brigade d’élite, couvert de gloire, admiré et aimé de ses frères d’armes, ce qui ne faisait pas de lui ‟le numéro 2 du régime”, ou de l’Etat. Proférer de telles affirmations est aussi grotesque que prétendre que le général commandant
Vieille mentalité coloniale, considérant qu’assassiner un chef de tribu permet d’assurer l’asservissement du reste de la collectivité…
L’Iran "décapité", apeuré ?...
C’est démontrer, là encore, une idiotie, une ineptie, de dimension sidérale. Héritier d’une des civilisations les plus brillantes que l’Humanité ait connue, des siècles de connaissances et de réalisations accumulées, plus de 3 fois
Evidemment, ce courageux général était détesté des Occidentaux qui voulaient sa peau, le portraiturant en" terroriste" ; eux, qui détruisent des pays, et sèment le chaos, pour mieux piller... Il le savait, mais ne craignait pas la mort.
Il avait développé une activité importante, au sein de sa brigade, dans la formation et l’entraînement des armées alliées ou partenaires de l’Iran, à leur demande.
En Syrie, avec ses collaborateurs, en association avec les forces russes et syriennes, il avait fortement contribué à reprendre villes et villages, occupés et saccagés par les mercenaires de l’OTAN. Rue par rue, tunnel par tunnel, immeuble par immeuble, étage par étage, les principales agglomérations furent reconquises. Plusieurs de ses hommes, dont des officiers supérieurs, y laissèrent leur vie.
Se retrouvant face aux forces spéciales américaines, britanniques et françaises, armant et encadrant chacune leurs propres milices sous des noms différents.
Les vociférateurs de l’OTAN ne pouvaient lui pardonner.
D’autant qu’il avait, par son charisme, sa patience et sa compassion, un formidable talent diplomatique "de terrain" ; sachant convaincre et rassurer, lors des nombreuses négociations de reddition, ou de retournement, de certaines milices.
Un Résistant Intransigeant face à la prédation Occidentale
On le disait anti-américain, anti-occidental… Même pas. C’était pour lui, l’archétype du faux problème.
Le général Soleimani se considérait foncièrement comme un "résistant" face aux prédateurs, quelle que soit leur nationalité, se comportant en terre conquise. Il ne voyait pas pourquoi sa Nation, sa Région, devaient être livrées au pillage de pays étrangers, dictant leur mode de gouvernement, d’organisation économique et sociale, ou sociétale. Dans le mépris, l’humiliation, les destructions et les souffrances les plus horribles. (5)
De quel Droit ?... Droit Divin ?... Droit Biblique ?... Droit Chamanique ?... Droit sorti de la cuisse de Jupiter ?...
Il était né peu de temps après le renversement du gouvernement démocratique de Mossadegh, par les services secrets britanniques et américains, en 1953. Les Iraniens en ont été marqués. Renversé par un coup d’Etat fomenté par des puissances étrangères pour avoir eu l’audace de demander des comptes sur les extractions de pétrole et de gaz des compagnies anglo-américaines et, devant leur refus, les avoir nationalisées…
Les Occidentaux installèrent, alors, leur polichinelle mégalomane, le Shah d’Iran, dans une des plus atroces et sanglantes dictatures - avec sa sinistre police secrète
Ils n’acceptèrent jamais la révolution populaire de 1979 qui provoqua l’exil du Shah.
Il n’oubliait pas, pour l’avoir vécu et vu beaucoup de ses concitoyens y mourir, que les Occidentaux armèrent et poussèrent Saddam Hussein à envahir par surprise l’Iran en 1980. Imposant (les Iraniens le qualifient de "Guerre Imposée") un conflit qui dura 8 ans, et provoqua d’immenses destructions.
Particulièrement visées, toutes les installations pétrolières et gazières furent détruites, l’Iran se trouvant otage d’un blocus l’empêchant de s’armer ou de se procurer des pièces détachées pour se défendre ; l’Union Soviétique frontalière étant entravée par son effondrement ne pouvait apporter aucune aide. Tout son matériel étant, sous le Shah, quasi intégralement de fabrication anglo-américaine…
Il était intransigeant, comme la majorité des Iraniens, sur le respect de la souveraineté de sa Nation, et la protection des acquis de
Son assassinat est sa dernière victoire… Dans d’immenses, et émouvantes funérailles, le Peuple iranien s’est uni dans une réaction solidaire face à l’arrogance sanguinaire des Occidentaux.
Il avait une sereine confiance en l’avenir de son Pays, qu’il savait à présent solide, en état de se défendre. En pleine Renaissance, malgré menaces et embargos qui ne l’impressionnaient pas. Avec une jeunesse pleine de vitalité et confiante dans son avenir.
Une vidéo très récente, tournée par un couple de français lors des dernières fêtes de fin d'année. Pour en finir avec "l'iranophobie" délirante de notre industrie de la désinformation...
Quand je vois le niveau d’avilissement de nos oligarques, corrompus, vendus, vassalisés, dans l’obséquiosité la plus abjecte, j’éprouve à l’égard d’un Homme de la trempe du général Soleimani un immense respect et la plus profonde admiration.
1. Saverio Tomasella,
2. Georges Stanechy, Noël : Les Enfants de Fallujah, 14 décembre 2012,
http://stanechy.over-blog.com/article-noel-les-enfants-de-falloujah-113449774.html
3. Georges Stanechy, Khorramchahr : Le Verdun Iranien, 18 juin 2014,
http://stanechy.over-blog.com/2014/06/khorramchahr-le-verdun-iranien.html
4. Georges Stanechy, Macron : Le Masque de L’Hyperviolence Oligarchique, 11 mars 1917,
http://stanechy.over-blog.com/2017/02/macron-le-masque.html
5. Georges Stanechy, Où Va l’Argent ?..., 15 janvier 2019,
http://stanechy.over-blog.com/2019/01/ou-va-l-argent.html