Le libéralisme est une des dernières utopies, des siècles derniers, en cours d'extinction.
Bien sûr, avec encore quelques bonnes décennies devant elle, avant de s'écraser dans le mur. Son mur de Berlin : le ras-le-bol des exploités, dans ses propres sociétés et dans les régions qu'elle pille en permanence.
Mais comme toutes les utopies vieillissantes, elle se crispe sur son credo, se sclérose, elle y croit dur comme du fer :
"La Loi du Plus Fort"
Incapable d'évoluer, toutes les idéologies sombrent, à terme, dans le sanguinaire ou la schizophrénie, le plus souvent les deux à la fois : le discours ne recouvre plus la réalité. Les belles intentions initiales sont évacuées par la force brutale de la prédation. Comme la mauvaise herbe chassant la bonne...
Le libéralisme n'échappe pas aux perversités de cette évolution. Comme les autres, cette idéologie est devenue incontrôlable et hyper violente.
Accroissement fabuleux de la richesse des riches, progression vertigineuse du chômage édulcorée dans des statistiques "bidonnées", spoliations par la violence des pays asservis dont les atrocités sont camouflées sous les nouvelles technologies de la mort : bombardements "chirurgicaux", destructions au nom de la propagation de la démocratie et de la "lutte antiterroriste", etc.
Tout cela nous le constatons.
Mais, dans cette évolution, deux phénomènes sont intéressants à observer :
=> La dégradation continue du fonctionnement des institutions démocratiques issues des idéaux du XVIII° siècle.
James Madison (1) l'avait constaté, et anticipé son développement, dès 1792, parlant de :
"... l'impudente dépravation de notre temps, les pouvoirs privés devenant la garde prétorienne du gouvernement, à la fois ses outils et ses tyrans corrompus par ses largesses et l'intimidant par leurs clameurs et leurs intrigues" (2).
Corruption, propagande, désinformation, sont les outils majeurs de nos sociétés démocratiques pour en maintenir la cohésion : peur par l'incitation au racisme et à la haine religieuse, violence, exclusion dès qu'il y a amorce de débat, de contestation.
Un exemple, à propos du névrosé libéral adepte de l'exclusion, parfaitement mis en lumière par Jean-Claude Liaudet, dans un livre remarquable (3), Le complexe d'Ubu ou la névrose libérale :
" ... [ il ] refuse la culpabilité que pourtant il éprouve.
Il la transforme en une injuste persécution dont il pense être la victime.
Ainsi retourne-t-il la faute contre celui vis-à-vis de qui il se sent coupable... tous les exclus du système libéral sont des persécuteurs : jeunes, chômeurs, beurs, immigrés, exploités et colonisés divers.
La preuve, il leur arrive de ne pas accepter leur sort et d'être violents !".
On remarquera qu'aucun des candidats "libéraux" à l'élection présidentielle française, à l'exemple des simulacres d'élections démocratiques d'autres pays occidentaux (Grande Bretagne, USA, Hollande, Australie, et divers...), n'aborde la nécessaire réforme des institutions politiques et économiques, inadaptées au siècle actuel ; avec pour fondement le suffrage direct et la refonte de la gestion des comptes de la collectivité, (notamment de la fiscalité, des marchés publics, des mouvements de capitaux, de la défense nationale et des crédits de coopération avec les pays en développement, entre autres).
=> Le "Parler Requin"...
Le discours des adeptes du "libéralisme" est intéressant à analyser. Peu d'observateurs le font.
Jean Véronis, professeur de linguistique et d'informatique, procède dans son blog à une intéressante dissection des discours des candidats aux élections présidentielles.
Cela donne un éclairage sur leur personnalité ou la conception de leur charge, s'ils sont élus. Soyons charitables et ne disons pas : sur leur niveau de "mégalomanie"... Avec des surprises : la fréquence du terme "je veux", par exemple, employé par Royal (69 %), Sarkozy (59 %) ou Le Pen (5%)...
Mais, les analyses sur les manipulations, quant aux subtilités de l'idéologie en elles-mêmes, ne sont pas traitées. Ce sont les postures du "vecteur", mais pas les non-dits idéologiques.
Prenons l'exemple d'un des nombreux mythes véhiculés par les adeptes du libéralisme : "le libéralisme est une conception de la démocratie fondée sur le travail et le mérite".
Pour s'amuser un peu, il suffit de dire à celui qui tient pareil propos qu'on le croira lorsqu'il se décidera à voter une loi déclarant la suppression de l'héritage. Celui-ci étant versé à la collectivité dans un fonds de solidarité pour la Santé ou les Retraites...
Respectons la logique : tout salaire, revenu et fortune de chacun ne devant provenir que de son seul mérite. Ainsi, la fortune d'un inventeur. En vertu de quel mérite les héritiers de l'inventeur de la dynamite, Nobel, profitent-ils d'une rente de situation ?
La rente n'est pas le mérite !
Mais, là, soudain, c'est l'indignation...
En fait, nous sommes dans le "parler requin", ou le "parler pervers" (4) si bien décortiqué par Jean-Claude Liaudet dont je ne peux résister à vous faire partager quelques succulentes bouchées :
"La nature des choses : "Si le capitalisme l'emporte partout, c'est qu'il est inscrit dans la nature de l'homme."
"La rationalisation (apparemment logique) : "C'est en créant de la richesse que l'on crée de l'emploi " ; "Trop d'impôt tue l'impôt".
"Le progrès et le passéisme : "L'Etat - Providence et la sécurité appartiennent au passé" ; "Comment peut-on encore défendre le principe d'un service public ?"
"Renversement en son contraire : "Davantage de marché, c'est davantage d'égalité" ; "L'égalitarisme condamne des millions de personnes à la misère".
"Les euphémismes et litotes scientifiques ou technocratiques : "dérégulation" ; "compétitivité" ; "réactivité » ; "évolution technologie" ; "combattre l'inflation" ; "abaisser les coûts du travail" ; "réduire les dépenses sociales"...
« Tout pour nous, rien pour les autres ! »...
Tel est "l'hymne à la joie" des tenants du libéralisme. Alors, rions de la posture de ces bons tartuffes.
Aristophane !... Molière !... Si vous viviez de nos jours, vous vous régaleriez...
(2) In : Chomsky, Noam, Le profit avant l'Homme, Fayard, 2003.
(3) Jean-Claude Liaudet, psychanalyste et psychosociologue, Le complexe d'Ubu ou la névrose libérale, Fayard, 2004.
(4) Jean-Claude Liaudet, p. 105, Op. Cit.
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