Vous devez connaître du Kenya, ses célèbres coureurs de fond, ses Masaïs folklorisés, ses safaris photos, avec les inévitables animaux “en voie de disparition”. Filon inépuisable des documentaires animaliers.
Ou ses Lodges, ces clubs de vacances dans des “réserves” pour frénétiques de la photo. Pour agrémenter votre petit déjeuner, des rabatteurs y dirigent, vers votre terrasse, des animaux prétendus “en liberté”, afin qu’entre le pot de marmelade et la tasse de thé, vous puissiez prendre le cliché de l’éléphant ou de la girafe, qui épatera votre entourage …
Romantique impénitent, j’ai vibré devant le couple Robert Redford et Meryl Streep, survolant le Kilimandjaro (1), lors de leur ballade amoureuse, vers Mombasa et ses plages, dans Out of Africa (2). Vous aussi, probablement, si vous avez vu le film… Tout en ne supportant pas le roman de Karen Blixen, d’une mièvrerie insipide (3). Très “petit blanc”, chez les gentils sauvages…
Kenya… Pays magnifique (4), béni des dieux se dit-on. Berceau de l’humanité, où dans la Rift Valley se trouve une concentration extraordinaire de traces des premiers êtres humains. Des ancêtres de l’Homo Sapiens. Il y a des millions d’années. Comblé par la nature, terres fertiles, savanes, déserts, lacs, rivières, montagnes et océan.
Toutefois, comme souvent dans ces contrées de rêve, derrière le rideau touristique, hors des circuits balisés par les agences de voyage, la
misère affleure, vous agrippe, vous colle aux yeux. Plus de 60 % de la population de Nairobi vit dans des bidonvilles. Le suintement de la révolte…
L’histoire du Kenya est une des plus tragiques du continent. Longtemps, il a lutté à armes inégales contre la colonisation européenne. J’avais appris, incidemment, que sa guerre d’indépendance avait été aussi atroce que celle de l’Algérie. Presque, la même période : 1952 – 1963.
Si vous voulez traverser le décor de papier glacé des catalogues des Tour Operators, et rencontrer l’authentique Kenya, mettez votre main dans celle d’un homme hors du commun : Ngugi wa Thiong’o.
Ecrivain, homme de théâtre et intellectuel africain. Aucun guide touristique ne le mentionne, ni ne le recommande, dans sa liste d’ouvrages à lire, avant de visiter le pays (5). C’est bon signe. Autre signe, plus sérieux : c’est un des écrivains préférés d’Edward Saïd, qui le cite souvent (6). Ce qui vaut plus qu’une référence ou un prix Nobel…
Renommé dans le monde anglophone. C’est l’âme du Kenya. Une des grandes voix de l’Afrique. Celle qui se tient debout, qui dit non au pillage de ses richesses, non à la destruction de sa culture, de ses langues. Exemple de courage, de dignité, de don de soi. Pour son peuple, son pays, l’Afrique et l’Honneur de l’Humanité.
Né en 1938, baptisé “James Ngugi”, il a rejeté ce prénom et repris celui de son ethnie Kikuyu : wa Thiong’o. Il décida, dès les années 70, d’écrire dans sa langue natale : le Kikuyu (7). Ses œuvres n’étant traduites en anglais qu’ensuite (8).
Il n’a jamais cessé de dénoncer la colonisation britannique. Il avait souffert du mépris et de la spoliation du colon. Vivant comme Crésus, de la culture, du café, du thé, de l’élevage, sur les meilleures terres volées aux habitants du pays. Dans l’arrogance du conquérant fort de ses armes, venu “civiliser des barbares”…
Traumatisé à 12 ans, d’avoir vu les instituteurs britanniques fouetter publiquement un de ses camarades de classe, pour avoir parlé Kikuyu dans la cour de l’école. Sa mère, comme beaucoup de femmes Kenyanes, a subi viols et tortures, pendant la guerre d’indépendance. Ses frères, plus âgés, étaient des combattants de la résistance.
Tout aussi vigoureusement, encore, il s’indignera de la néocolonisation qui suivra l’indépendance. Gérée par l’oligarchie corrompue de son pays, au service des anciens maîtres occidentaux. Des dictateurs formatés, soudoyés, protégés, par l’ancien colon. Son pays a enduré la dictature de Kenyatta, puis celle d’Arap Moi. Avec les simulacres d’élections imposées par le “civilisateur”, paravent de ses vols…
Ne pas se taire. Témoigner des ravages sur les subtils équilibres sociaux, économiques, et ethniques, élaborés par les siècles d’Histoire. Des saccages sur les liens familiaux, la culture, la mémoire, de sa civilisation ancestrale. Dans ses romans, son enseignement, ses pièces de théâtre. Passionné de théâtre, il avait fondé une troupe.
Irritant la crapulerie ambiante, la répression allait s’abattre sur lui. Fin 1977, une de ses pièces de théâtre (9) où il brocarde le pouvoir et sa corruption effrénée, est le prétexte pour l’arrêter. Emprisonné un an, sans procès, sous le régime du
Public Security Act, pour atteinte à "l’ordre public".
Aujourd’hui, on aurait trouvé des armes et des tracts sous son lit, comme par hasard. Il aurait été jeté dans les oubliettes, sous prétexte de “terrorisme”, ou enfermé dans une cage en fer. On n’arrête pas le progrès. La chasse à la liberté d’expression est identique. Mêmes méthodes, nouvelles formules sémantiques…
Sous la pression internationale, du moins des intellectuels et écrivains, il fut libéré au bout d’un an. Mais, tout lui était interdit et son poste d’enseignant, supprimé. Il ne lui restait plus que l’exil. Son talent reconnu lui a ouvert les portes de plusieurs universités, en Grande-Bretagne et aux USA, où il enseigna la littérature comparée.
Il avait juré de ne revenir dans son pays qu’après le départ du dictateur Arap Moi. Ce qu’il fit, en août 2004. Après 22 ans d’exil. Son retour a été vécu comme un moment de joie, acclamé par des milliers de ses concitoyens. Et, comme toujours en Afrique, par des chants et des danses. Dès l’aéroport. Manière, au peuple, de démontrer son mépris aux dictateurs.
Les crapules ont le bras long. A peine installé, quatre malabars, qualifiés le lendemain par la presse officielle unanime de “cambrioleurs”,
se sont introduits dans son domicile, lui faisant vivre l’horrible scène de violence d’Orange Mécanique (10). Tabassé, torturé (brûlures de
cigarettes, entre autres), devant sa femme. Sa femme violée, sous ses yeux. Volonté de le déshonorer, de l’intimider, de le détruire.
Trop grand pour la caste politique affairiste, corrompue et vendue à l’Occident. Trop dangereux, pour les intérêts de leur maîtres. Il a compris. Le règne, des Al Capone locaux et occidentaux, perdurait. Il est reparti en exil.
Kenya… Déchiré, actuellement, par une guerre civile larvée, que les médias sont incapables d’analyser. Se limitant au copié-collé des communiqués du secrétariat général de l’ONU ou de l'OUA, saucissonnés en Grande-Bretagne par les pubs des ONG : “… Donnez-nous de l’argent pour sauver les petits kenyans qui meurent de faim…”. Ce Charity Business, immonde escroquerie à la bonne conscience…
Endetté à n’en plus finir. Sous perfusion permanente de la Banque Mondiale, qui dirige en fait le pays. On nous présente un président soutenu par l’Occident, détesté, méprisé, s’accrochant au pouvoir dans des élections truquées. Kibaki, qui avait succédé à Arap Moi, en 2002. Face à lui, le représentant de "l’opposition", Odinga. Les deux, bourrés de milliards à ne plus savoir qu’en faire… Des “élections sous haute tension”, nous ânonnent doctement les médias…
Comment en arrive-t-on, devant ce théâtre de marionnettes, à gober ces saloperies ?...
Nguigi wa Thiong’o, le cœur et la mémoire de son peuple, pleure de rage. Sauvant son âme par la dérision, la satire. Nous… Anesthésiés…
Pour comprendre les racines de cette violence, je vous conseille un livre écrit par une historienne américaine, Caroline Elkins, spécialisée dans l’histoire coloniale du monde anglophone et
ses violences. Une œuvre magistrale. Un exemple de probité et de rigueur.
Accueilli, dès sa publication, dans la haine, par toute la presse officielle et les historiens de la nomenklatura britannique, défenseurs du “négationnisme colonial”. En Grande-Bretagne, cette mafia domine tous les médias et régente l’édition des livres scolaires… Phénomène similaire en France, ou dans d’autres puissances coloniales…
Dix ans de travaux, sur la guerre d’indépendance. Près de 500 pages de recherches minutieusement documentées, malgré les destructions des traces et preuves effectuées par l’ancienne puissance coloniale, dans plusieurs pays et sur le terrain, à la rencontre des résistants, hommes et femmes, survivants de cette ère de terreur (11).
A la lecture de ce livre, j’en ai eu l’estomac et le coeur retournés. Pourtant solidement arrimés, par des vécus qui vous forgent… Livre coup de poing. A vomir toute la logorrhée du “Clash des Civilisations“, pendant des générations... Au paroxysme de la violence de l’homme se croyant supérieur à l’autre, dans le racisme, le sadisme, et la bonne conscience de l’occidental s’estimant maître de l’univers :
Britain’s Goulag – The brutal End of Empire in Kenya
C’est la clé de la compréhension de la violence actuelle au Kenya. La colonisation britannique a duré presque un siècle. S’installant progressivement, dès 1873. Les colons britanniques ont pris les meilleures terres, repoussant les principales ethnies, Kikuyu, Masaï, Luo, dans des réserves. Chaque colon britannique régnant comme un roi, sur des milliers d’hectares et des milliers d’esclaves ou de serfs.
Les révoltes n’ont jamais cessé. Après la deuxième guerre mondiale, les principales ethnies se sont unies et révoltées, en 1952. A mains nues, pratiquement. Armées de leur seul désespoir. Entouré de colonies britanniques étroitement contrôlées, le Kenya n’avait aucune possibilité de recevoir armes et médicaments. Les indépendantistes le savaient. Ce fut la grande révolte, dite : Mau Mau.
Le colonisateur “civilisateur”, schéma classique, réagit avec “sauvagerie”. Appliquant les techniques les plus récentes dans l’usage combiné de la force militaire (aviation - infanterie), et de la propagande. Propagande à usage de l’opinion publique britannique et occidentale. De la guerre psychologique, à usage interne au Kenya, dressant les voisins entre eux, les membres d’une même famille entre eux… Tous les moyens étant bons : de l’intimidation, au chantage alimentaire, à l’épouvante…
Et, surtout, science et savoir-faire de l’organisation concentrationnaire : goulags, camps de concentration. Inimaginables d’un pays “civilisé”, à la sortie de la deuxième guerre mondiale… Gérés de façon industrielle, avec ses centres de tris, ses centres de traitements spécialisés, par niveau de résistance ou de personnalités pour mieux les briser, ses panoplies de tortures, ses manuels de procédures, ses organigrammes : l’industrie de l’horreur.
Tant d’atrocités, des milliers, des centaines de milliers de morts. Des humiliations extrêmes, délations forcées, mutilations, viols, noyades
dans les excréments, castrations, exécutions sommaires. Le tout, sur fond de tortures systématiques et innommables.
Voir des officiers britanniques, “spécialistes” de la torture, échanger entre eux sur les mérites comparés dans le traitement des prisonniers,
entre les cuire à petit feu, ou les déchiqueter par un chien féroce (12) … Les femmes, aussi maltraitées que les hommes.
Un génocide, une boucherie, contre l’ethnie la plus combative, Kikuyu. Jusqu’à 1,5 millions de personnes enfermées dans des goulags, des mouroirs.
Le plus incroyable : le Kenya n’a pas accompli le deuil de sa guerre de décolonisation. Habituellement, c’est le colonisateur qui prend soin d’occulter, chez lui, les monstruosités commises, contre les populations dont il occupait le pays. Dans sa représentation de lui-même, dans l’autosatisfaction de ses actes “civilisateurs”, jusque dans les livres scolaires, soigneusement censurés. Substituant les artifices de la propagande, à la vérité historique.
Fascinant, de voir comment l’ancienne puissance colonisatrice a réussi à maintenir son emprise : « Jusqu’à ce jour, il n’y a
jamais eu de réconciliation officielle au Kenya. Il n’y a aucun monument commémorant la révolte Mau Mau.
Aucun enseignement destiné aux enfants pour qu’ils apprennent cette partie de l’histoire de leur nation à l’école, peu parlent de cette période dans l’intimité de leur foyer.
Et, à l’exception des proches des victimes du massacre de Hola, il n’y a jamais eu d’indemnisation pour ceux qui ont perdu des membres de leurs familles dans les camps de concentration ou les
villages, ou pour les propriétés spoliées par les “collabos” (13) ».
Imaginons l’Allemagne qui aurait occupé, pendant près d’un siècle, la France. Qui à son départ, à part des bases militaires, aurait laissé pour gouverner notre pays : Laval et sa clique, une milice armée jusqu’aux dents, les collabos, les gangsters tortionnaires supplétifs de la Gestapo. Enrichis par les spoliations de leur collaboration. Avec interdiction de parler de La Résistance, d’ériger des monuments à la mémoire des résistants, de l’évoquer dans les livres scolaires. Avec défense, aux spoliés de réclamer la restitution de leurs biens…
Au Kenya, des violences ont explosé à la suite d’élections truquées, en décembre 2007, se prolongeant plusieurs semaines, jusqu’en février 2008. Ces “élections sous haute tension” pour reprendre la formule imbécile des médias, ne sont pas des conflits ethniques. Mais, une révolte des anciens résistants et leurs descendants qui n’ont rien, contre la minorité des anciens “collabos” et de leurs descendants qui ont tout. Au service de l’ancien colonisateur, ces collabos conservent leurs spoliations, poursuivant leur enrichissement et leurs détournements, sous couvert “d’élections” trafiquées, soutenues par les occidentaux.
La fracture se retrouve dans chacune des principales ethnies, saccagées par le colonisateur pendant des décennies : kikuyu, masaï, luo, turkana… Ce ne sont, donc, pas des combats “interethniques”. C’est à une véritable décolonisation qu’aspire le peuple.
« … Il y a un autre thème que j’explore dans mes livres, spécialement dans Wizard of the Crow. L’origine des problèmes de l’Afrique n’est pas exclusivement interne, ni externe. C’est une combinaison des deux. Un bon exemple, ce sont les dictatures du 20° siècle, en Afrique, qui ont été au service de l’Occident pendant la Guerre Froide.
Même aujourd’hui, l’Occident est foncièrement hostile à toute démocratie authentique en Afrique et dans le Tiers Monde, parce qu’une
authentique démocratie signifierait, d’abord et avant tout, que les ressources de l’Afrique seraient au service du peuple africain.
Jusqu’à présent l’Occident propose et dispose. Mais les régimes africains sont à blâmer pour se laisser réduire à des instruments de la
division et de la répression permanentes du continent… » (14).
(1) Plus haut que notre Mont Blanc (4.810 m), cet ancien volcan de 5.895 m, se trouve, en fait, en territoire Tanzanien, près de la frontière,
visible du “Amboseli National Park”.
(2) Film de Sydney Pollack (1985), couvert d’Oscars, en 1986. Avec des acteurs magnifiques, dans des décors naturels somptueux : Robert Redford, Meryl Streep et, surtout, un des
plus beaux rôles de l’acteur allemand Klaus Maria Brandauer.
(3) Blixen, Karen, Out of Africa, Penguin Books, Londres, 2001 (première publication : 1937).
(4) Près de 35 millions d’habitants, pour une superficie équivalente à celle de la France, 582.000 km. Frontalier de pays à “hauts risques” : Somalie, Ethiopie, Soudan, Ouganda
et Tanzanie.
(5) Exemple : le guide de la collection Lonely Planet sur le Kenya, y compris dans sa version en langue anglaise !…
(6) Saïd, Edward, Power – Politics and Culture, interviews with Edward Saïd, edited with an introduction by Gauri Viswanathan, Pantheon Books, New York, 2001, pp. 113, 154,
253, 254, 368, 370.
(7) On recense 70 ethnies. En fait, le peuplement du Kenya comprend trois grand groupes : Bantous (kikuyu, akamba, meru, gusii), Nilotiques autrement dit venant du Nil
(masaî, turkana, luo, sambaru), et en bord d’océan : Swahilis issus d’un superbe mixage séculaire d’africains, d’arabes et de perses qu’on retrouve sur toute la côte d’Afrique de l’Est. Le
Swahili est une des principales langues africaines. Lors d’un long séjour à Lubumbashi (RDC), loin de la côte donc, je me suis retrouvé dans un milieu Swahili.
(8) Ses œuvres les plus connues sont des romans :
=> Weep Not Child (1964), Heinemann, 1987, McMillan, 2005.
=> The River Between, Heinemann, 1965, Heinemann, 1989.
=> The Grain of Wheat (1967), Heinemann, 1992.
=> The Wizard of the Crow, Harvill Secker, août 2006.
(9) Ngaahika Ndeenda (I will marry You when I want) : “Je t’épouserai quand je le déciderai”.
(10) “Orange Mécanique”, film (1971) de Stanley Kubrick, adapté du roman (1961) d’Anthony Burgess A Clockwork Orange.
(11) Elkins, Caroline, Britain’s Goulag – The brutal End of Empire in Kenya, 475 p., Pimlico, 2005. Prix Pulitzer 2006. Publié
aux USA, sous le titre édulcoré (pressions obligent…) : Imperial Reckoning…
(12) “… torturing a prisoner over a slow fire… (ou)… setting a fierce dog on a prisoner…”. Counter-insurgency in Kenya : a study of military operations against Mau Mau,
Nairobi, Transafrica Publishers, 1976, pp. 44-45. Cité in Caroline Elkins, Op. Cit.
(13) “To this day there has never been any form of official reconciliation in Kenya. There are no monuments for Mau Mau, children are not taught about this part of their
nation’s past in school, few speak about it in the privacy of their own homes, and, with the exception of the relatives of the Hola massacre victims, there has never been any kind of financial
consideration given to those who lost family members in the camps or villages, or property to the local loyalists”. Caroline Elkins, p. 367, Op. Cit.
(14) Traduction d’un extrait d’entretien avec Davina Morris, Thiong’o is back, Voice on line, 11 août
2006 :
"This is another theme that I explore in my books, especially in Wizard of the Crow. The roots of African problems are neither entirely internal
nor entirely external. It is a combination of the two. A good example is the 20th century dictatorships in Africa, which often served the West in the politics of the cold war. Even today, the
West is basically hostile to any genuine democracy in Africa and the third world because any genuine democracy in the continent should mean first and foremost Africa's resources serving the
people of Africa. But up to now, the West proposes and disposes. But African regimes are also to blame for allowing themselves to become willing tools of the continued division and repression of
the continent."
commenter cet article …