« Toute une société a un système de pensée qui est fondé non sur ce qui est réel, mais sur ce qui est agréable et commode pour les intérêts des puissants. »
Cynisme sans borne…
En expansion continue, dans un Big Bang de l’hypocrisie et du mensonge….
Panier de crabes où s’entremêlent politiciens, technocrates, médias, oligarques de la finance spéculative, patrons de rentes de situation ou pompes à subvention, notre nomenklatura vient encore de l’étaler. A grandes louches. Dans l’euphorie de la Bonne Conscience, de l’Infaillibilité ou de l’Impunité ?...
Difficile de trancher.
En tout cas, dans la réalité de "La Loi du Plus Fort", imposée par la cléricature de la nouvelle divinité, Veau d’Or célébré en permanence par notre appareil de propagande : « Le Marché » et « sa main invisible ».
Ecoutons, lisons, dévotement, la dernière homélie prononcée par un des Grands Prêtres de cette secte, qui a pour nom Louis Gallois. Le titre :
“Pacte Pour la Compétitivité de l’Industrie Française” (2).
Ce cardinal new look était assisté dans sa vertigineuse réflexion de deux coadjuteurs. Dénommés, dans la présentation du texte : “rapporteurs adjoints”. Ou, encore : “hauts fonctionnaires”. Le premier, Clément Lubin, référencé au Ministère de l’industrie (3). Le deuxième, Pierre-Emmanuel Thiard, plus connu pour son activisme dans les “jeunesses sarkozystes” (4).
De quoi rassurer le profane, quant à la rectitude théologique soufflant dans les trompettes à la gloire du dieu de la secte et de ses saints.
Qualifié de « Pacte », ce texte est repris, pratiquement mot pour mot, par le gouvernement actuel dans son programme politique destiné à “relancer” l’industrie française et “redresser” la balance commerciale déficitaire du pays.
En fait, religieusement, nous sommes invités, au nom de notre soumission au « Marché » et en repentance du “manque de productivité” invoqué de notre économie, à nous flageller d’austérité. Afin de rejoindre, en procession, le sort de la Grèce, de l’Espagne, de la Grande-Bretagne, du Portugal, des USA, de l’Italie…
Ardente obligation sermonnée par les adeptes de la vénération de Sainte Ploutocratie…
Vénérons Sainte Ploutocratie
Règle d’Or : Dissimuler & Mentir
Lorsqu’on me présente un rapport sur une situation donnée, j’ai pour méthodologie de l’évaluer sur trois plans, à coefficient égal. Le “contenu”, évidemment. Mais, encore plus important, car plus révélateur : le “contexte” dans lequel il a été initié, commandité, et traité. Et, aussi : les “non-dits”, zones d’ombre sciemment non-explorées, cœur, nœud du problème, ou plus précisément des intérêts en jeu, qu’on ne veut surtout pas résoudre ou remettre en cause.
Comprendre le “contexte” des Saints Préceptes Ploutocratiques, compilés par Louis Gallois et ses bedeaux, est particulièrement éclairant. D’entrée, c’est « Le Choc » : incohérence d’une stupéfiante ampleur !
Comment un gouvernement peut-il nommer (5) dans une fonction de « Commissaire Général à l’Investissement », le sollicitant de formuler des propositions pour “redynamiser” l’industrie de notre pays, un homme responsable de “la plus colossale” (je pèse mes mots…) opération de délocalisation industrielle et technologique de cette décennie, au détriment de la France, sur fond de dumping fiscal et social, en 2012 ?...
Je n’ai pas encore compris… Partagé entre fou rire et sidération !...
Un peu de chronologie, pour bien saisir les faits.
Louis Gallois est nommé, le 2 juillet 2006, co-président d’EADS (6) et PDG de l’activité, branche ou division, “civile”. Il s’agit en effet d’un des premiers groupes mondiaux industriels, spécialisé dans l’aéronautique et le spatial, aussi bien militaire que civil. Parmi les joyaux du groupe figure Airbus, lui-même groupe tentaculaire…
Le 16 juillet 2007, il est nommé PDG d’EADS. Son mandat se terminant le 31 mai 2012. Prenant immédiatement, moins d’une semaine plus tard, sa nouvelle fonction officielle dans notre pays.
Or, durant tout le mandat du PDG d’EADS, Louis Gallois, se sont déroulées des négociations secrètes, ultraconfidentielles, qui ont duré des mois. Mobilisant des équipes aux membres de différentes nationalités liés par le secret professionnel, du groupe EADS, de cabinets juridiques, de consultants, des administrations locales concernées. Airbus a décidé, en effet, d’investir dans une nouvelle usine et de la construire… (7)
Où ?...
Aux USA ! Dans l’Etat de l’Alabama, dans la ville de Mobile.
La nouvelle a été soigneusement étouffée pendant toute la campagne présidentielle française. Pour ne pas faire désordre… Nos partis politiques, du moins notre “parti unique à deux casquettes”, craignant toute fuite. Parler à profusion de l’adoption des canards par les oies sauvages : oui ! Mais, brandir l’investissement Airbus aux USA : surtout pas ! L’omerta de la nomenklatura a parfaitement fonctionné…
Comment justifier, en effet, que le groupe Airbus gavé, à en faire éclater ses hangars de montage, de subventions, d’exemptions fiscales, de prêts bancaires à jets continus et à taux bonifiés (à faire rêver des millions de petites entreprises…), et autres mirobolants traitements de faveur, “tous” sans exception ponctionnés sur les contribuables, tant français qu’européens, décide d’investir aux USA ?...
Alors que notre pays, avec ses voisins, ne cesse-t-on de nous marteler, subit les ravages d’une crise économique permanente, d’un chômage exponentiel (touchant aussi bien ouvriers, cadres ou ingénieurs) et de balances commerciales déficitaires... D’autant que l’Etat français est actionnaire, à hauteur de 15 %, d’EADS, maison-mère d’Airbus !
Le secret ne pouvait être éternellement gardé. A partir de fin juin - début juillet 2012, la nouvelle commençait à filtrer. Non pas à partir de l’Europe, encore moins de la France…
Tout simplement, sous la pression des élections présidentielles américaines : le gouverneur de l’Etat de l’Alabama, le républicain Robert Bentley, en bon politicien voulant avec son équipe faire mousser son rôle d’apporteur d’investissements, pour encourager le vote Mitt Romney, a lâché l’information lors d’un entretien avec la télévision locale (Mobile TV station WPMI-TV)… (8)
La nouvelle s’enflammant dans la presse américaine, locale puis nationale, il fallait bien y faire mention en France, dans la discrétion (9). Sans cela, les médias français, détenus en majeure partie par le groupe Lagardère, ne s’en seraient jamais fait l’écho. Même pas lors de l’inauguration de l’usine. Demeurant « invisible ». Parfaite illustration de « la main invisible du Marché »...
Aucun grand titre. Encore moins, de débats. Alors que l’investissement dans la construction d’une usine de camembert aux USA aurait fait l’ouverture des journaux du 20h, de toutes nos radios et TV, avec nos "ministraclaques" en rang d’oignons : Agriculture, Industrie, Economie, Transport, Culture (camembert = patrimoine national…) et tutti quanti.
Contraste… A l’annonce de la nouvelle, la joie des habitants de Mobile était difficile à contenir : 2000 personnes se sont réunies au Centre de Conférences pour fêter l’évènement, avec drapeaux “américains” et fanfares (… many of them waving American flags as music played…) ! (10)
Comment ne pas les comprendre ?...
Airbus va construire une usine d’assemblage de ses avions civils : A319, A320 et A321. Le coût initial de la première tranche de cette “première” usine aux USA est estimé à US$ 600 millions. Car, d’autres extensions ou créations d’usines sont prévues aux USA. C’est le successeur de Louis Gallois, l’allemand Tom Enders, qui le clame à tout vents, et les communiqués de presse dans les médias américains sont sans ambigüités : il s’agit bien d’une “première” usine… (11)
Investissement et capitulation économique
Les US$ 600 millions de frais de construction vont faire vivre de multiples entreprises de la ville et de la région. Entrainant en plus, d’après les estimations des autorités locales, la création de 2500 emplois directs. L’usine de montage, en elle-même, emploiera dans un premier temps 1000 personnes de haute qualification, dans les technologies les plus pointues du secteur industriel et de la recherche appliquée.
L’effet d’essaimage d’un investissement d’une telle envergure et de sa suite annoncée, par son montant et son niveau technique, est considérable.
Chaque emploi direct engendre la création moyenne de dix autres : sous-traitants de premier, deuxième rang, etc. ; intervenant dans la fabrication de composants et pièces détachées, ou prestations de maintenance et de conseil. Jusqu’aux activités de services les plus en aval, de support ou d’environnement économique et social, tel que celui de la blanchisserie du coin qui créé un emploi supplémentaire pour faire face à l’augmentation de la demande…
Cette opération de délocalisation, à partir des efforts consentis par notre pays accablé par la récession, où des ingénieurs et cadres de plus en plus nombreux pointent au chômage, dans un processus irréversible de désertification industrielle (fermeture en cascade des hauts fourneaux, aciéries, chantiers navals, fabrications de véhicules [camions, utilitaires, tourisme], etc.), traduit le gigantesque degré d’irresponsabilité et d’inconscience criminelles, par son implacable cruauté tant à l’égard des générations actuelles que futures, de notre caste au pouvoir.
Nos grands timoniers vus par Luo Jie du China Daily - Octobre 2012
L’Europe, la France, ont acheté au cours des dernières décennies des centaines d’avions, civils et militaires (y compris transport, ravitailleurs en vol, avions radars, etc.). Sans compter les hélicoptères. Vous avez entendu parler d’usines Boeing en France, ou autre avionneur américain ? Ne cherchez pas. Vous n’en trouverez pas.
Jamais les américains ne le feront. Une technologie concurrente à la leur doit être mise à leur disposition exclusive. Car, ils appliquent
dans leurs relations internationales, notamment économiques et commerciales, surtout à l’encontre de leurs propres « alliés » considérés comme de vulgaires vassaux (il faut entendre
leurs commentaires “backstage”…), le principe froidement implacable, dit de Lord
Palmerston, premier ministre sous le règne de la reine Victoria à l’apogée de l’Empire britannique :
« L'Angleterre n'a pas d'amis ou d'ennemis permanents, elle n'a que des intérêts permanents. »
Exemples ?... J’en ai treize à la douzaine, et me limiterai à deux.
i) Concorde
S’acharnant à torpiller une des plus grandes avancées technologiques de la France, associée à la Grande-Bretagne, dans le projet de l’avion supersonique Concorde.
Ne tolérant d’être dépassés, incapables de rattraper leur retard, dans cette formidable innovation aéronautique, ils ont interdit le survol de leur territoire par Concorde, pour des raisons écologiques (motif : “nuisance sonore”, pouvant troubler le calme champêtre et aseptisé des métropoles américaines…). Via une injonction de leur Administration Fédérale Aéronautique (FAA).
Provoquant de ce fait l’annulation d’achats des compagnies aériennes US et étrangères, ne pouvant desservir les principaux aéroports du pays et courbant l’échine devant les pressions. En conséquence, condamnant à l’extinction progressive de leur exploitation les quelques appareils construits. Perte d’un marché prometteur de plusieurs milliards de dollars pour la France et d’une place de leader dans ce segment de haute technologie. (13)
ii)
TGV
S’acharnant à torpiller la vente du TGV sur leur territoire. Et, même ailleurs… Alors que les compagnies de transport ferroviaire américaines sont à la recherche de cette technologie qui n’existe
pas dans leur pays. Marché évalué entre 8 et 10 US$ milliards, dans une première phase. Trois Etats étaient particulièrement intéressés par les propositions françaises : Californie, Floride
et Texas. (14)
Dans chaque Etat, ce sont d’intenses campagnes diffamatoires organisées par les lobbies sionistes accusant la SNCF et la France d’avoir pactisé avec les nazis pour organiser nuit et jour des convois vers les camps de la mort… Obligeant nos représentants à ramper devant tous les médias et politiciens locaux aussi ignares qu’arrogants d’imbécilité, à lécher pratiquement les semelles de leurs bottes texanes ; dans une humiliation dégradante face à la mauvaise foi, aussi haineuse que perverse, de leurs interlocuteurs.
Même notre ancien premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, voulant défendre courageusement les ventes du TGV, a dû se plier dans les antichambres et couloirs du Congrès à Washington, à ces cérémonies expiatoires rappelant les temps de l’Inquisition. (15) Sans succès, évidemment, puisque l’objet de cette manœuvre était de bloquer la vente du TGV sur fond d’avilissement de notre pays.
En Californie, jusqu’à faire voter une loi sur mesure :
« … sur l'incitative du démocrate Bob Blumenfield, [cette loi] impose à tout candidat à un gros contrat dans la future ligne à grande vitesse entre Los Angeles et San Francisco d'expliquer son rôle éventuel dans le transport des prisonniers vers les camps de travail, de concentration ou d'extermination entre 1942 et 1944. La loi exige également que les compagnies présentent les mesures de réparation qu'elles ont prises pour les survivants ou leurs familles. » (16)
Pire, en Floride :
« Un élu de Floride à la Chambre des représentants américaine a récemment annoncé qu'il allait déposer un projet de loi pour empêcher la SNCF de participer à des appels d'offres pour les projets de train à grande vitesse aux Etats-Unis, en raison de son rôle dans l'Holocauste. » (17)
Allant jusqu’à torpiller la vente du TGV de la France en Arabie Saoudite, leurs investissements d’infrastructure et d’armement étant supervisés (« la main invisible du Marché »...) par les USA, dans le projet de ligne à grande vitesse Médine-La Mecque, pour un
budget estimé à 7 milliards d’euros. Préférant l’offre des espagnols. Motif, à mourir de rire :
« … le train proposé par les Français n'avait pas assez de capacité par rapport au train espagnol pour le transport massif des pèlerins… »
(18)
Interdisant de le vendre de l’autre côté du Golfe Persique. L’Iran était disposé à acheter à la France une demi-douzaine de TGV pour assurer les liaisons à grande vitesse entre ses principales villes sur un territoire trois fois plus grand. Motif : sanctions économiques.
Totalement illégales, car les seules "sanctions" recevables sont celles émanant de l’ONU, qui ne s’appliquent qu’à du matériel militaire « offensif ». Les sanctions économiques concoctées par le Congrès des USA, un parlement comme un autre, ne devraient pas être appliquées par notre pays dans le cadre du respect de sa souveraineté nationale. Résultat : la Chine est en train de prendre ce marché…
La croissance
américaine vue par le caricaturiste chinois Liu Rui
(Global Times – 8 novembre 2012)
Délocalisation & Dumping Fiscal
Alors, l’investissement d’Airbus aux Etats-Unis…
Il représente, en fait, un véritable acte de sabotage, de "trahison économique". Inconscient pour les nuls, ou délibéré pour les cyniques et
les vendus. Conçu, planifié, exécuté, par notre “Oligarchie des Incapables” pour reprendre le titre du livre de Sophie Coignard & Romain Guibert. (19)
Infamie structurée sur 3 vecteurs :
i) Sabordage de notre balance commerciale
On ne pouvait imaginer mieux pour creuser encore le déficit de notre commerce extérieur puisque la vente des avions, très souvent adossée au montage financier lease-back ou cession-bail, apportera des devises aux USA, ou en économisera, dans les deux cas au détriment de la nôtre. Même si l’essentiel de la marge, comme il est d’usage dans ce type de transactions, se retrouve dans les paradis fiscaux par des jeux de cascades de sociétés écrans...
Bien sûr, pour enjoliver l’entourloupe les sociétés de “communication”, qui n’est en l’occurrence que de la propagande sur papier glacé, par communiqués de presse et articles complaisants, feront croire que cet investissement représente une “offensive” sur “le marché américain”. Le travestissant en astuce de génie, marketing et stratégique, pour facturer en dollars sur le “principal” marché mondial. (20)
Double mensonge :
=> “Le marché américain” est un marché rapidement déclinant, par rapport au reste du monde. S’agissant uniquement d’un marché de renouvellement des appareils existants. Souvent pour des contraintes de changement de moteurs moins consommateurs en énergie. Moteurs, dont les USA s’assurent du monopole sur leur propre marché.
Les grands marchés aéronautiques d’avenir, dits “d’extension” ou de “création”, se trouvent en Asie (Proche-Orient & Asie Centrale inclus), en Amérique latine, en Afrique. Rien que le parc aérien civil de la Chine et de l’Inde, d’après les estimations les plus prudentes, devrait enregistrer un triplement sur les 20 prochaines années…
=> Les meilleurs analystes du marché mondial de l’aéronautique considèrent qu’il s’agit d’un investissement qui ne se justifiait absolument pas pour
le “marché civil” : les compagnies aériennes étant avant tout sensibles à la qualité et au prix de l’appareil. Selon la boutade de Joseph Campbell
(groupe Barclays) :
« United Airlines se fiche de savoir si l’avion provient de l’Alabama ou de Toulouse »
(" United Airlines doesn't care if the airplane comes from Alabama or Toulouse "). (21)
De plus, l’euro ayant baissé par rapport au dollar, la pertinence de l’argument, quant à l'avantage dollar, est nulle. Un des plus renommés,
Richard Aboulafia, du cabinet d’’études aéronautiques et spatiales basé en Virginie - Teal
Group Corporation / Aerospace & Defense Consulting - estime qu’il s’agit
tout simplement d’une coûteuse opération qui présente même des risques de non rentabilité à long terme :
" … it's merely an expensive move which may or may not pay off in the long run…". (22)
ii) Délocalisation de nos emplois de haute technologie
L’effet dévastateur pour notre pays, en cette période de récession, de la délocalisation d’emplois de haute qualification et d’une technologie aéronautique de pointe, a des conséquences à long terme extrêmement néfastes.
Rien de comparable avec la délocalisation d’une fabrication de pantalons ou de chemises. Ou, avec un investissement dans des hôtels ou villages de vacances. De faible valeur ajoutée en termes de recherche et développement et d’essaimage dans la création ou l’implantation de fournisseurs de haute technologie. Il s’agit d’un appauvrissement délibéré de notre parc industriel au moment où nous avons pour objectif de « réindustrialiser » notre pays…
L’usine Airbus est le type même "d'industrie-industrialisante" très recherchée par son effet générateur de créations d’entreprises annexes de haut niveau, et donc de transactions à coûts élevés, d’emplois très qualifiés et bien rémunérés. Les autorités locales de l’Etat de l'Alabama le claironnent avec satisfaction mais, aussi, discernement :
« Sur le long terme, la création d’une telle
usine attirera l’installation de fournisseurs clés, y compris des fabricants de moteurs d’avions et d’entreprises qui produisent les composants essentiels pour l’aviation exigeant le contrôle de
qualité sur site de production »,
“Over the longer term, the facility is also expected to attract a number of key suppliers to the region, including jet engine makers and companies that
produce key aircraft components that require on-site quality control.” (23)
Mais, ce n’est que la partie visible de l’iceberg de la politique de délocalisation d’Airbus…
Airbus a déjà des installations de fabrication aux USA, employant 1000 personnes, pour l’équipement intérieur de ses avions : sièges, etc. Auxquelles s’ajoutent 250 personnes sur place à Mobile. Sans compter les deux usines de sa filiale d’hélicoptères civils et militaires, Eurocopter : Colombus dans l’Etat du Mississipi et Grand (sans e) Prairie, dans l’Etat du Texas.
Encore plus fort : le montant des achats délocalisés d’Airbus aux USA dépasse les 40% de
la somme globale de ses approvisionnements. L’effet d’entrainement positif, auprès de ces sous-traitants américains, représente un bassin d’emplois de 120.000 personnes :
“… more than 40% of its procurement budget on US-based suppliers, supporting an estimated 120,000 jobs.” (24)
Millions d’euros par centaines, chaque année, qui pourraient entretenir l’activité de multiples entreprises françaises et contribuer à la “réindustrialisation” de notre pays. Mais, non : Airbus programme de doubler ses achats aux USA…
iii) Dumping fiscal & social
L’implantation de l’usine Airbus dans l’Alabama est l’exemple de la pratique détestable et à courte vue de nos dirigeants : le dumping fiscal et social. Paradoxe de leur stupidité. Eux, les champions du soi-disant « Libéralisme économique » l’oublient, l’occultent, comme le rappelle l’économiste Jacques Généreux (25) :
« … le père fondateur de l’économie libérale – Adam Smith – fait l’éloge des dépenses publiques et de l’impôt. »
Adam Smith l’avait compris : la redistribution équitable de la richesse nationale est fondamentale à la cohésion sociale et au développement équilibré de nos collectivités.
Mais pour la ploutocratie au pouvoir, l’objectif premier, obsessionnel, notamment dans ces grands groupes, est de moins payer d’impôts et de salaires. Ce seront donc des rentrées fiscales en moins pour le budget de notre pays, qui en a plus que besoin.
Rappelons que les grands groupes industriels, commerciaux (Grande Distribution) et financiers, en France, ne payent pratiquement pas d’impôts sur leurs bénéfices “réels”. Grâce à de multiples exonérations, dégrèvements et astuces comptables. Le rendement de l’Impôt sur les Sociétés étant assuré, essentiellement, par les PME-PMI et commerces.
Pas étonnant qu’à la lecture du “Budget de l’Etat voté pour 2011”, l’Impôt sur les Sociétés (IS = 44,837 Md€) ne représente que 17,59% des recettes fiscales nettes. Montant et pourcentage encore plus ridicules que l’Impôt sur le Revenu (IR = 52,184 Md€), auquel échappe la plupart des grandes fortunes du pays, avec un 20,47% ! Les recettes nettes de TVA (= 130,859 Md€) fournissant 51,34% du budget de l’Etat. (26)
En clair : ce sont les français aux revenus les plus modestes qui paient le plus d’impôts, remplissant les caisses de l’Etat avec une TVA à 20%, par la masse de leurs achats quotidiens, y compris les SDF et les immigrés clandestins !…
Fantasme, jouissance, but ultime de la Ploutocratie : faire travailler les gens gratuitement, voire leur faire payer un ticket d’entrée pour obtenir un emploi, exigeant de célébrer la gloire
de la Libre Entreprise… Alors, gérant le dossier Airbus, technocrates publics et privés, sous les yeux de leurs maîtres, courant avec zèle à la
recherche de ce Saint Graal, déclarent que l’économie fiscale réalisée en Alabama sera d’environ US$ 100 millions par an.
Raison pour laquelle ils ont minutieusement choisi un Etat de la fédération des USA connu pour sa farouche opposition à tout ce qui aurait l’allure ou l’intention de ressembler à un syndicat.
J’aime bien l’euphémisme utilisé par les “communicants” : les “lois y sont moins accueillantes” aux unions syndicales, y trouvant une “structure légale plus favorable” pour “tenir en main” [handling] leur forces de travail (…laws that are less friendly to labor unions… a more favorable legal structure for handling their workforces…). (27) En conséquence, “l’écrasement” des charges salariales, cotisations retraites, et régimes de santé, représenterait un gain de 30% par rapport à l’Europe.
Pourtant, simple goutte d’eau dans le compte d’exploitation d’Airbus. Illustration supplémentaire, jouant du pipeau en charmeurs de serpent folkloriques, sur “l’éthique, la gouvernance et le développement durable”, pour mieux dissimuler la réalité : “voracité et cynisme”, dans une interaction mortifère, imbibent notre nomenklatura et mènent le pays droit dans le mur…
Le Parasite du Homard
L’analyse des 22 articles du “Pacte” a été faite, et bien, par différents observateurs indépendants des organes de propagande. Clichés cuits et recuits dans les officines, organisations, et lobbies du “grand patronat”, depuis des décennies. Je recommande tout particulièrement la lecture du rapport de la Fondation Copernic, qui tord le cou avec clarté à toutes ces couleuvres qu’on veut nous faire avaler. Notamment, l’inusable serpent de mer en caoutchouc : “la faiblesse de la compétitivité de la France et bla-bla”… (28)
Nous vivons, nous le savons, non pas une Crise de l’Endettement, mais de Contrat Social. Une caste s’accaparant la richesse nationale. Assurée de l’impunité, avec son bouclier qu’est la propagande et son épée, l’appareil répressif. L’axe majeur de sa désinformation est d’intoxiquer l’opinion, afin de détourner les regards et interrogations sur ses gigantesques exactions, faisant croire qu’une armée de pauvres fraudeurs ruinent le pays.
« Punir les pauvres », comme le dit Loïc Wacquant en titre d'un de ses ouvrages, dans :
« … l’avilissement irréversible des idéaux de Liberté et d’Egalité qu’implique la criminalisation de l’insécurité sociale. » (29)
Dans un prochain billet, je reviendrai peut-être, sur les "non-dits" du sermon Gallois, révélateurs de la stratégie d’affaiblissement et de pillage de notre pays.
Oui, la France est victime de parasites qui la rongent de l'intérieur comme ceux qui lentement vident le homard pour n’en laisser que la carapace. Ce ne sont pas les pauvres, mais tous les oligarques, souvent au service de puissances étrangères. Face à une Allemagne qui prend bien soin de préserver son industrie automobile, son industrie lourde, ses chantiers navals, sa haute technologie, la France sera réduite à n’être qu’un parc d’attractions pour touristes consommateurs de monuments historiques et de produits du terroir…
Même schéma, contexte à part, qu’en Russie sous le gouvernement corrompu et vendu à l’étranger d’Eltsine, elle verra ses sous-marins nucléaires rouiller dans le port de Brest ou de Toulon. Peut-être nos "stratèges", toujours en retard d’une guerre, se
rendront-ils compte ce jour-là qu’avec "la lutte contre le terrorisme" ils se sont faits berner comme des ganaches analphabètes. La défense de notre souveraineté commence, avant tout, par la
protection de nos emplois et la prospérité partagée…
Mais amusons-nous de la propagande… Il paraît que la personnalité politique préférée des français est Madame Lagarde, patronne du FMI, d’après un
récent sondage IFOP (actionnaire majoritaire, depuis 1990, Laurence
Parisot…), publié complaisamment dans tous les médias du groupe Lagardère (Paris Match, Elle, etc.). Avec 69% d’opinions favorables ! Devançant Manuel
Valls notre ministre de l’intérieur, au charisme de porte de réfrigérateur, qui n’obtient que 67%...
Libre à notre nomenklatura de prendre ses concitoyens pour des ballots. Sous la menace des chiens de garde et de la précarité organisée, troupeau de moutons apeurés et dociles que l’on tond à loisir, dans le surendettement à taux usuraires, à coût de TVA à 20%, bientôt 25%, puis 30%, puis …
Mais, qu’elle ne s’étonne pas d’entendre gronder, se répandre, et inévitablement un jour sous ses fenêtres pulvérisées par l’onde de “Choc”, la clameur :
« Tous, nuls et pourris ! »
(1) John Kenneth Galbraith, Economie Hétérodoxe, [sur
les théories de l’économiste iconoclaste Thorstein
Veblen], éditions Seuil, 2007, p. 397.
(2) Le rapport Gallois, sous le titre “Pacte Pour la Compétitivité de l’Industrie Française”, est téléchargeable
au format pdf (74 pages) :
http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/fichiers_joints/rapport_de_louis_gallois_sur_la_competitivite_0.pdf
(3) Directeur de Cabinet du Directeur Général de la Compétitivité, de l'Industrie et des Services - Ministère de
l'Industrie
(5) 6 juin 2012
Pour l’anecdote, figurent par les membres du Conseil d'administration : Lakshmi Mittal (PDG d’Arcelor Mittal), Michel Pébereau (Président d’honneur de BNP PARIBAS), ou encore Jean-Claude Trichet (ex-patron du Trésor/Banque de France/Banque Centrale Européenne).
Le monde est petit…
(7) Les négociations avec l’Etat de l’Alabama ont duré 9 mois, avec pour nom de code dans l’équipe américaine de l’Etat : "The Project". Et, dans l’équipe Airbus : "Falabama" ((Final Assembly Line + Alabama).
ii) Airbus lands first US plant in Alabama (Airbus implante sa première usine aux USA en Alabama), Reuters, 2 juillet 2012,
http://www.businessweek.com/ap/2012-07-01/officials-ala-dot-airbus-plant-will-employ-1-000
iii) Melissa Nelson Gabriel, Airbus to build 1st US assembly plant in Alabama (Airbus va construire sa premier usine d’assemblage aux USA en Alabama), 2 juillet 2012,
http://www.businessweek.com/ap/2012-07-01/officials-ala-dot-airbus-plant-will-employ-1-000
(10) Melissa Nelson Gabriel, Op. Cit.
(11) Airbus
lands first US plant in Alabama, Op. Cit.
(12) Airbus to double spending, RT, 19 octobre 2012,
http://rt.com/business/news/airbus-us-plant-spending-779/
(13) Cf. l’excellent article en français (pour une fois…) sur le Concorde et ses avancées technologiques révolutionnaires,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Concorde_%28avion%29
(14) La SNCF rêve d’implanter ses TGV aux Etats-Unis, L’Expansion, 20 mars 2009,
http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/la-sncf-reve-d-implanter-ses-tgv-aux-etats-unis_177427.html
(15) Contrats TGV aux USA : la France explique le rôle de la SNCF dans l’Holocauste, 30 septembre 2010,
(16) Rôle controversé dans la Shoah : La SNCF prête à ouvrir ses archives aux Etats-Unis, Le Point, 29 août 2010, http://www.lepoint.fr/monde/role-controverse-dans-la-shoah-la-sncf-prete-a-ouvrir-ses-archives-aux-etats-unis-29-08-2010-1229894_24.php
(17) Contrats TGV aux USA, Op. Cit.
(18) Camouflet pour le TGV français en Arabie
Saoudite, L'Expansion, 26 octobre 2011, http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/camouflet-pour-le-tgv-francais-en-arabie-saoudite_267635.html
(19) Sophie Coignard & Romain Guibert, L’Oligarchie des Incapables, Albin Michel, 2012.
(20) Yann Le Galès, Airbus lance une offensive sur le marché américain, 3 juillet 2012,
(21) Melissa Nelson Gabriel, Op. Cit.
(22) Airbus lands first US
plant in Alabama, Op. Cit.
(23) Andrea Shalal-Esa, Op. Cit.
(24) Airbus to double spending, Op. Cit.
(25) Jacques Généreux, Les Vraies Lois de l’Economie, Seuil, 2005, p. 192.
(26) Budget de l’Etat voté pour 2011,
http://www.performance-publique.budget.gouv.fr/fileadmin/medias/documents/ressources/LFI2011/depliant_budget2011.pdf
(27)
Andrea Shalal-Esa, Op. Cit.
(28) En Finir avec La Compétitivité, ouvrage collectif, Fondation Copernic – Attac, octobre 2012, téléchargeable :
http://www.france.attac.org/sites/default/files/en_finir_avec_la_competitivite.pdf
(29) Loïc Wacquant, Punir les Pauvres - Le Nouveau Gouvernement de l’Insécurité Sociale, éditions Agone, 2004, p. 19.
(30) Christine Lagarde : femme politique préférée des français, 16 novembre 2012,
http://www.elle.fr/Societe/News/Christine-Lagarde-femme-politique-preferee-des-Francais-2249910