« La liberté de la presse n’existe jamais, dans aucun pays. »
Alberto Moravia (1)
« Moche et minable ! »…
Exclamation de la journaliste Michèle Cotta, à la fin de la conférence de presse du 14 janvier dernier du président Hollande, qu’elle commentait sur une de nos chaînes TV publiques. Croyant le son coupé. Une "gaffe", a-t-on dit (2)…
Faut-il donc une gaffe pour entendre un commentaire "objectif" d’un journaliste politique, tant la liberté de la presse est inexistante dans notre pays ?... Certains journalistes anglophones, allant jusqu’à traiter nos dignitaires des médias, devant leur obséquieuse servilité, de : « … bouffeurs d’huîtres poudrés […] menteurs et faiseurs d’opinion » (3). Oubliant qu’eux-mêmes ne valent pas davantage face à leur propre caste politique…
Car, dès la fin de cette représentation théâtrale, ce n’étaient que chants de louange à l’annonce du nouveau "programme politique" d’un président "de gauche". En réalité, soumission totale à la prédation de la finance et de la spéculation internationales. Sur fond de prétendues réformes, véhiculées et promues, en France, par le "grand patronat", dont le MEDEF est une des vitrines. Par sa rapacité, un des plus archaïques et "barbares" du monde occidental. Pour reprendre le terme de Jean-Pierre Le Goff de "barbarie douce" infligée au pays, via "la modernisation aveugle des entreprises et de l’école". (5)
Signe évident, la bénédiction fut rendue publique via les diffuseurs de leurs encycliques : The Wall Street Journal à New York (4), et The Economist à Londres. "Tournant libéral", célébré inévitablement par les tuteurs de la France que sont Berlin et Bruxelles… (6)
Notre président se révélant "social-démocrate" après avoir été élu pour juguler la mafia bancaire, et marquer un coup d'arrêt au pillage du pays par nos oligarques et leurs seconds couteaux. En clair : trahissant son électorat pour passer à l’ennemi. Illustration du conte d’Andersen "Les habits neufs de l’Empereur" : le Roi est nu !
Le masque tombe. Plutôt, modernité oblige : le casque tombe…
Notre monarque élu se faisant "surprendre", en effet, coursant la courtisane, non plus à cheval comme dans l’Ancien Régime mais, à scooter. Son garde du corps chargé de porter les croissants… Dans l’hilarité générale, répercutée par les médias internationaux.
Rien que la scène de ménage au palais de l’Elysée, la veille de la publication des photos de la chevauchée en scooter, coûterait au patrimoine du Mobilier National en termes de dégâts par une Pompadour enragée ( vases de Sèvres en mille morceaux, horloges, fauteuils et guéridons détruits, etc.) un montant évalué, selon des "sources bien informées", ou des "rumeurs infondées", à environ 3 millions d’euros… (7)
Information démentie par le Mobilier National, évidemment. Avec des circonvolutions dignes des plus éminents spécialistes de la casuistique : "Le Mobilier National dément tout vandalisme du bureau présidentiel". Des "vandales" pourraient-ils s’introduire dans le palais présidentiel ?... "Quand même ! ", aboierait notre furibard ministre de l'Intérieur, confondant à son habitude vocifération et autorité... Les contribuables, en ces temps de restrictions budgétaires, n’en attendaient pas moins pour se rassurer. (8)
Steve Bell, un des talentueux caricaturistes britanniques, s’inspirant du tableau Olympia de Manet, a parfaitement croqué dans The Guardian le ridicule de la pantalonnade présidentielle. Et, la crudité de l’imposture de celui qui se voulait un "Président Exemplaire". Portraituré, jeu de miroirs, en "courtisane" offerte au plus offrant ... (9)
Car, à défaut « d’exemplaire », le voilà flamberge au vent : « social-démocrate » !…
Ce qui ne veut absolument rien dire, si ce n’est de rendre béats d’admiration les porte-paroles de ses sponsors. Impressionnés par le culot d’un président capable de prendre publiquement ses concitoyens pour des imbéciles, en les enfumant avec des slogans de camelot. Où est le "social" ?... Où est le "démocrate" ?...
Anonnant son discours, copié-collé des diktats de l’oligarchie dont il n’est en fin de compte que l’attaché de presse. Avec autant de conviction qu’un lutteur de sumo dansant Le Lac des Cygnes en tutu et entrechats…
« Le pacte de responsabilité »…
Sous cet emballage publicitaire, se dissimule grossièrement l’acte d’allégeance d’un gouvernement à des intérêts qui ne sont pas ceux voulus par la Nation. Ni ceux, bien au contraire, indispensables à son devenir. Uniquement un formatage imposé par une ploutocratie mondialisée qui accapare à son seul profit l’essentiel de la richesse et du patrimoine de nos sociétés.
L’ONG Oxfam emploie le qualificatif « obscène » dans un rapport publié en janvier 2014, “Working for the Few” [Travailler pour une Poignée], sur la concentration vertigineuse de cette spoliation : Les 85 personnes les plus riches de la planète possèdent l’équivalent des ressources de 3,5 milliards des plus pauvres. Autrement dit : la moitié de la population mondiale… (10) En Europe même, La Croix Rouge s’alarme dans un rapport d’octobre 2013, de constater que 43 millions de personnes souffrent de malnutrition…
Sans entrer dans le détail des mesures économiques et sociales annoncées par le bonimenteur « social-démocrate », relevons deux évidences :
i) Les orientations économiques et sociales de notre pays ne donnent lieu à aucun débat public. Rien qu’un matraquage de propagande sur des « réformes » présentées comme « incontournables » et « sans alternatives ». Slogan récurrent des oligarchies financières, appliqué avec sauvagerie par Thatcher en Grande-Bretagne : « TINA », "There Is No Alternatives"…
Seuls des anathèmes contre "L'Etat", avec ses services publics, transformé en ennemi et donc à "démanteler", servent de bruits de fond alimentés par des propagandistes patentés sur l’impérieuse nécessité "d’aller vite"… (11)
Sont systématiquement occultés par l’appareil de désinformation, et donc de censure : études, rapports, colloques, compétences de nombreux chercheurs et acteurs de la vie économique, forts de leurs investigations et de leur expérience, qui contestent et alertent sur le caractère suicidaire pour notre pays du "modèle" économique et social qui l'accable.
ii) D’une présidence à l’autre, d’un gouvernement à l’autre, dans l’illusion fugitive d’une alternance, nous assistons à l’instauration continue et implacable du même projet politique : la casse du "Contrat Social" qui, nous liant les uns aux autres dans la solidarité, constituait le socle de notre collectivité. (12)
Quels que soient partis au pouvoir, s’affichent volontés identiques de dislocation du fragile système de redistribution de la "richesse nationale", sous forme de services publics dits de base (santé, éducation, énergie, transport, etc.) et d’actions sociales de solidarité collective (retraites, logements, lutte contre la précarité et la pauvreté, etc.).
La paupérisation voulue, planifiée, à l’échelon de la sphère dite occidentale pour le bénéfice d’une poignée. Pour la voracité d’une caste. Avec dans son sillage, courtisanes et courtisans, pour se régaler de ses miettes… Ce qu’en termes savants, on appelle : « la déflation ». (13)
Rappelons qu’à l’échelon de la Chine, la France n’est qu’une petite sous-préfecture de, même pas, 70 millions d’habitants. Figurant néanmoins parmi les 8 pays les plus riches de la planète, avec 300 000 millionnaires en euros et la femme la plus riche du monde…
Que « libéraux » ou « sociaux-démocrates » veulent nous faire croire en faillite, incapable d’assurer son "endettement". Qui, en réalité, n’en est pas un du fait qu’il ne représente que les contributions fiscales dues, et jamais payées, à la collectivité par les grandes fortunes, et les grands groupes industriels et financiers !...
Obstinément, notre nomenklatura se refuse d’aborder les véritables réformes pouvant relancer notre économie, mettre un terme à l’appauvrissement continu de la population, créer des emplois et "partager la prospérité". Par cupidité, suivant une politique concertée à l’échelon de l’Europe et des castes dirigeantes des pays "développés" (notamment : Amérique du nord, Japon, Corée du sud, Australie, Nouvelle-Zélande).
Oligarchies, aveuglément inconscientes de la réalité économique et sociale de la planète, ainsi qu’en a témoigné le "World Economic Forum" de Davos qui s’est achevé ce week-end. De l’avis même d’analystes économiques un tant soit peu lucides. Patrick L. Young, expert en "global financial markets" n’hésite pas à les considérer comme « dangereusement déconnectées »… (14)
En fait, les non-dits du discours présidentiel les rappellent. En dépit du silence imposé par la propagande, ces réformes essentielles sont connues, recensées, étudiées, depuis longtemps. Nous renvoyons aux travaux des spécialistes et praticiens qui ont abondamment travaillé sur les dysfonctionnements et distorsions du « capitalisme sauvage » actuel, sous prétexte de « mondialisation ».
Elaborant des modèles substitutifs aux modèles fiscaux et économiques moribonds, ou définissant des priorités économiques "rationnelles" et non pas "suicidaires" pour nos collectivités. Parmi d’autres, en France : Maurice Allais, Prix Nobel d’économie 1988, qui a été ostracisé, bâillonné, par le monde de la finance et de l’affairisme, et notre caste politique corrompue.
La hausse vertigineuse du chômage "officiel" ("réel" = minimum le double) en Europe depuis 2008
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Très succinctement nous citerons quatre "réformes oubliées", inextricablement liées par leur interaction et dans leur synergie, parmi les plus urgentes à mettre en place si nous avions des "responsables politiques", aussi honnêtes que courageux, au service de la Nation :
1. La relance du pouvoir d’achat
« L’offre crée la demande » est le mot-clé du discours présidentiel.
D’une totale malhonnêteté, sachant que "la demande" en France, autrement dit "le pouvoir d’achat", s’effondre (à l’exemple de la Grèce, de l’Espagne, etc.) du fait qu’elle est délibérément sacrifiée par l’oligarchie : augmentation du chômage par la désindustrialisation-délocalisation en augmentation quasi-exponentielle depuis 2008, blocage des salaires et des retraites, diminution des prestations sociales, etc.
Sans compter la spoliation de l’épargne de ceux, la majorité de la population, qui n’ont pas accès aux astuces et mécanismes de la lucrative spéculation. Spécialement la spéculation boursière, unanimement condamnée par tout économiste sérieux (Maurice Allais préconisait, dès 1991, l’interdiction de la "cotation boursière continue" qu’il traitait d’aberration économique).
Spoliation symbolisée par les taux ridicules du Livret A et autres épargnes populaires, phagocytés par le système bancaire qui y pompe des "ressources" à bas prix, et écrase en retour cette même majorité aux revenus modestes de taux usuraires inconnus des grandes entreprises et fortunes (cf. : taux des découverts, frais bancaires et agios mirobolants, etc.). C’est la tonte systématique du troupeau de moutons enfermé dans son enclos…
Cynisme assumé avec pour objectif non avoué d’arriver rapidement à une baisse des salaires, comme en Grèce et ailleurs. Goldman Sachs, qui dirige d’une main de fer les économies européennes, conseille au gouvernement français de programmer une baisse des salaires de 30% (oui : "trente"…). (15)
« L’offre » en trompe-l’œil n’a donc pas pour objectif de « créer » ou de « stimuler » la demande intérieure, mais de servir de paravent aux « cadeaux fiscaux » à destination des grands groupes exportateurs, principalement pour accroître leurs gains sur les marchés à l’exportation, et aux spéculateurs fortunés. Il ne s’agit donc que « d’offre à l’exportation ».
D’autant que la baisse des charges sociales par exemple, nécessaire en priorité pour les PME-PMI (de loin, les plus grands créateurs d'emplois), va inévitablement être compensée par une augmentation de la TVA, sabrant davantage le pouvoir d'achat. Au lieu d’une évidente contrepartie dans une augmentation des rentrées fiscales en provenance des grandes fortunes et des grands groupes, soigneusement préservés jusqu’à présent du devoir de solidarité fiscale et d’égalité devant l’impôt par le pouvoir politique…
Alors que, si nous étions maîtres de notre monnaie et non pas enserrés dans l’Euro, une simple dévaluation (l’horreur pour les grandes fortunes !) aurait suffit à provoquer une relance de « l’offre à l’exportation », tout en sauvegardant le bon fonctionnement du marché intérieur, en préservant le pouvoir d’achat.
Ajoutons que ces grands groupes exportateurs et spéculateurs-rentiers sont ceux qui créent le moins d’emplois en France, tout en payant le moins d’impôts et taxes par rapport à leurs chiffres d’affaires et leurs bénéfices ou revenus réels. L’essentiel de leurs marges et profits étant dissimulés dans les paradis fiscaux.
Cas d’école : je vends mon "fil à couper le beurre électronique", dont le coût de revient est de 100 €, à une filiale de commercialisation à 102 € dans un paradis fiscal ou assimilé [zones offshores défiscalisées, etc.]. Me permettant de larmoyer sur la faiblesse des marges en France (2 %, sniff…) et supplier les gouvernements successifs d’alléger la fiscalité qui m’étouffe…
En occultant le fait que je revends ce produit, à partir de cette plateforme internationale, à 250 € sur le marché Indien, à 300 € sur le marché Brésilien, etc. La marge réelle étant stockée dans le paradis fiscal dont les comptes bancaires effectifs sont, généralement, en Suisse ou aux Pays-Bas…
Précisons : sans avoir l’obligation de faire transiter mon produit par cet écran fiscal. A l’exemple de la banane grassement subventionnée par l’UE, dont la minuscule île de Jersey est le plus grand importateur et réexportateur du monde. Sans voir jamais transiter un seul containeur de ce fruit exotique. Le monde merveilleux des jeux d’écritures…
En résumé, le déterminant économique à protéger, stimuler, n’est pas « l’offre », argument fallacieux, mais : « la demande intérieure ». Dans un système équitable de "partage de la prospérité".
2. La réforme fiscale
"Partager la prospérité" constitue le mécanisme fondamental d’une économie saine et compétitive. La récession s’incrustant dès lors que la richesse nationale est confisquée par une minorité, rouage dévastateur de la spirale du « sous-développement ».
L’Europe se "tiers-mondise" lentement mais sûrement, avec l'extension de la pauvreté, de la malnutrition ; la réapparition de maladies liées à la misère dues à l’impossibilité pour les plus démunis, souvent ravagés par l’alcoolisme ou la drogue "béquilles du désespoir", d’accéder aux soins gratuits et à des logements décents. Ainsi la progression actuelle de la tuberculose dans les quartiers pauvres des villes en Grande-Bretagne.
"Partager" ?... Inacceptable ! Cela exigerait de remettre en cause un sujet tabou : « l’injustice fiscale », qui ronge et tue notre pays. Le "Travail" est écrasé d’impôts et de taxes, jusqu’au stade ultime de la consommation où il est laminé par une TVA confiscatoire pour les faibles revenus : 20 % en moyenne, avec des projets avancés pour la porter, comme en Grèce qui sert de laboratoire, à 30 %, voire 35 %...
Considéré comme une matière première ou un "intrant" quelconques, reprenant le concept des anglophones : "commodity". Commodity s’assimilant à "calamity" dans la mentalité des oligarques : « Comment se passer du "Travail" ?... Ah ! Si tout pouvait être robotisé !… ».
Alors que" l’économie-casino", la "rente-spéculation", la concentration accélérée des grands patrimoines, sont, en comparaison des revenus du "Travail" quasiment exemptés de solidarité fiscale. Si ce n’est à titre symbolique. Les "barons-affairistes" allant jusqu’à faire entretenir leurs chateaux et demeures seigneuriales par la collectivité, en tant des que « patrimoine historique ». Tout en rackettant les services publics privatisés : eau, électricité, télécoms, infrastructures autoroutières, portuaires, etc. Grâce aux politiciens intronisés, avec leur soutien financier, et cornaqués pour protéger et élargir leurs intérêts.
Thomas Piketty, un de nos plus actifs chercheurs en "économie-fiscalité", lance un avertissement. Totalement inaudible pour notre "parti unique à deux casquettes" :
« Cette tendance est tout simplement incompatible avec nos sociétés démocratiques. Car cette concentration du pouvoir économique équivaut à une concentration de la capacité d’influence sur les processus de lobbying politique et cela remet en cause les valeurs des sociétés démocratiques. » (16)
La "réforme fiscale", toujours bloquée mais inévitable à terme (certains pessimistes assurent qu’il faudra une "guerre mondiale" pour remettre les compteurs à zéro….), doit rétablir la "justice fiscale". Dont les incitations et avantages serviraient de moteur à l’investissement productif et non pas spéculatif. Depuis la remise à plat des droits de succession sur les grands patrimoines jusqu’à la restructuration de l’impôt sur les bénéfices des grands groupes (ajusté sur la création d’emplois) et sur les revenus de la spéculation.
Incitation fiscale à la création d’emplois à "valeur ajoutée", est-il nécessaire de préciser. Et non pas à la multiplication d’emplois précaires à faibles revenus, les "working poors", [les travailleurs pauvres], permettant aux statistiques officielles et aux analystes boursiers véreux de claironner des "amorces de reprise", comme aux Etats-Unis, qui assurent en fait les marges des "annexes du chômage" ou du servage : fast-foods, grande distribution, sociétés de nettoyage, etc.
Ceux qui sont intéressés par ce domaine quasiment jamais traité en profondeur, ou sérieusement, dans nos médias et débats peuvent consulter quelques uns des passionnants travaux de Thomas Piketty et son équipe :
=> Le capital au 21e siècle (Seuil, 2013)
=> A Theory of Optimal Inheritance Taxation (Econometrica, 2013)
=> Pour une révolution fiscale (Seuil/La République des idées)
=> Les Hauts revenus en France au XXe siècle (Grasset, 2001)
La confortable idéologie oligarchique : l'esclavage - Dessin de Pawel Kuczynski
3. La sortie de l’Euro
L’Union Européenne, avec sa monnaie unique, ravage l’industrie et l’emploi dans notre pays. Le fait de ne pas être maître de notre monnaie dans une "union" où les règlementations fiscales, économiques et sociales, ne sont pas normalisées d’un pays à l’autre, c’est la substance de notre Contrat Social qui est détruite. Tout en bénéficiant à notre ploutocratie et au commerce extérieur allemand.
Dans l’impossibilité de procéder à une dévaluation de notre monnaie, mesure classique de relance d’un commerce extérieur, nous sommes contraints de procéder à une « dévaluation interne ».
Sous ce terme, les scribes du FMI, chargés de mettre en forme théorique la rapacité des oligarchies, imposent la « dynamique d’ajustement ». Ne pouvant, en effet, procéder à une "dévaluation monétaire", il ne reste à nos pays que la « dévaluation interne ». Avec pour instruments premiers recommandés par le FMI : le licenciement et la baisse des salaires.
La « dévaluation interne » ainsi préconisée se révèle un véritable "déchiqueteur" d'emplois, de diffuseur de misère et de désespoir pour nos populations. Pour mesurer l’étendue de la perversité de ce système, son coût humain intolérable et stupide, dans la glaciale indifférence des bonnes consciences, je recommande la lecture du rapport du FMI d’octobre 2013, téléchargeable en français, intitulé :
"Perspectives de l’économie mondiale : Transitions et tensions"
Tout particulièrement le chapitre 1, "Perspectives et enjeux mondiaux", à partir de la page 46 et l’encadré 1.3. :
"Rééquilibrages extérieurs dans la zone euro"
Florilège :
=> « Les coûts unitaires de main-d’œuvre ont considérablement diminué dans les pays déficitaires ayant entamé un processus d’ajustement, avec des ajustements plus poussés observés dans des pays comme la Grèce et l’Irlande et obtenus grâce à des gains de productivité (les licenciements ayant été généralement supérieurs à la perte de production) et des baisses de salaires (graphique 1.3.2). », p. 48
=> « En Grèce, à défaut de reprise de la production, les ajustements prennent la forme de baisses de salaires et de licenciements (graphique 1.3.2, plages 7 et 8). Globalement, aucun gain de production n’a été mesuré, sauf en Irlande, ce qui témoigne notamment d’un effondrement généralisé de la demande intérieure dans la zone euro, et les niveaux de l’emploi sont plus bas qu’avant la crise, dans le secteur des biens échangeables comme dans celui des biens non échangeables. », pp. 48-49
=> « … les marges des exportateurs (prix à l’exportation rapportés aux coûts unitaires de main-d’œuvre) ont augmenté depuis la crise. », p. 49
Ainsi les tontons-flingueurs du FMI, tout en se félicitant de la féroce réalisation de la « dévaluation interne » sous forme de licenciements et de baisses des salaires, « supérieurs à la perte de production », admettent que malgré « l’augmentation des marges des exportateurs », les pays qui se livrent à ce massacre ne voient pas pour autant la crise s’estomper : effondrement continu du marché intérieur, niveaux d’emplois encore plus faibles qu’avant la crise.
Effectivement déflation, récession, et autres concepts de « destruction créatrice » (très en vogue cette année à Davos) à la Schumpeter, mènent droit dans le mur. Se pose en conséquence, tant que les pays européens ne sont pas en mesure de s’aligner sur un système de gouvernance identique, avec des règlementations fiscales, sociales et économiques, similaires, l’urgente nécessité de sortir de l’Euro.
Pour ne pas faire long sur un sujet aussi déformé, diabolisé même, par l’appareil de propagande européiste dominant dans notre pays, je conseille la lecture d’une des meilleurs études, des plus claires, sur l’impact désastreux de l’Euro pour notre pays et les bienfaits quasi immédiats qu’il obtiendrait en recouvrant sa souveraineté monétaire. Remarquable synthèse (88 pages) avec trois scenarii, réalisée par la Fondation Res Publica, sous la direction de l’économiste Jacques Sapir (17) :
"Les scenarii de dissolution de l’Euro"
Soulignons que cette approche positive ne représente pas pour notre pays un repli sur soi, dans un protectionnisme paranoïaque. Mais, en concertation avec les autres pays européens, la préparation d’un nouveau modèle d’union fondée sur l’harmonisation de nos sociétés et de leurs économies. Au service des populations, et non pas au seul bénéfice des lobbies et groupements d’intérêts privés plus ou moins occultes, par une bureaucratie se croyant au-dessus des peuples et de leurs suffrages.
Cette refondation de l’Union Européenne suppose, en préalable, de réfléchir sur un Contrat Social Européen : vers quel modèle de société voulons-nous évoluer ?... Voulons-nous régresser, comme actuellement vers un modèle oligarchique s’apparentant à la jungle du chacun pour soi, et gloire au plus fort, dans l’abrutissement collectif ?...
Ou, vers une société solidaire, où santé, éducation, culture et "bien vivre" seraient des objectifs matériels à partager entre tous, dans le respect de chacun ?... Quitte à chacun à gérer individuellement, librement, son destin ou son accomplissement spirituels…
4. Lutte contre la gabegie et la corruption des marchés publics
Brièvement, mais autre réforme tout aussi indispensable : le contrôle effectif, précis, transparent, des marchés publics, concessions de services publics et privatisations des biens collectifs à des intérêts privés.
La « diminution des dépenses publiques » passe en priorité par cette étape. Avant de sabrer dans des postes de fonctionnement ou d’investissement publics. Ce sont des milliards d’euros que l’Etat est en mesure d’économiser chaque année sur ce plan. Ou, dans l’autre sens, des milliards d’euros d'amélioration des recettes publiques.
Vaste domaine de réflexion et d’action que l’oligarchie évite soigneusement d’aborder, encore plus de mettre en chantier. Pourtant, exemples, faits, sont multiples. Une vraie galaxie.
Beaucoup sont accessibles. Dans un billet, j’ai évoqué l’incapacité de l’Etat à évaluer le coût réel de construction des centrales nucléaires, de leur entretien et de leur démantèlement programmé. Des dizaines de milliards d’euros, avec leurs colossaux travaux de génie civil ou de chaudronnerie, qui échappent au contrôle citoyen. Dans la plus épaisse des opacités… (18)
Que dire, autre exemple, de nos « fournitures aux armées » qui sont depuis des siècles la source d’enrichissement individuel la plus rapide et faramineuse, outre les ventes d’armement à l’exportation, incrustée dans nos institutions ?... Pas simplement sous Louis XIV ou Napoléon. Il en est de même aujourd’hui. Au point que nous payons appareils et engins de combat, à performances équivalentes deux ou trois fois leur prix du marché international. Et, la "différence" n’a rien à voir avec les coûts salariaux…
Mais, il y a aussi la myriade des "petits" contrats de la "république des copains" au niveau local, régional. C’est l’intégralité des mécanismes et procédures de contrôle de l’Etat sur la bonne utilisation des finances publiques qui doit être rénovée. Certainement par une réactivation, un élargissement, un renforcement, des Cours Régionales des Comptes, ou organismes semblables, qui ont été vidées, à dessein, de leur contenu et de leurs moyens matériels et disciplinaires.
Pour le moment, les faits sont là : la France, par l’absence de contrôle réel et efficace de ses marchés publics (le rapport annuel de la Cour des Comptes étant une caricature de contrôle), demeure un des pays les plus corrompus du monde.
Il est vrai que dans notre pays, il est plus facile d’organiser la chasse collective à l’humoriste qu’au corrupteur et au corrompu.
Toutefois, malgré slogans, propagandes, censures et faux-semblants, que cette "Noblesse d’Etat" (19) et clans d’oligarques, horde de menteurs et prévaricateurs aussi irresponsables que cupides, sous casquette de "droite" ou de "gauche", sachent que leurs concitoyens ne sont pas dupes de leur cynique prédation.
Et, qu’en signe de lucide considération, en mémoire de l’éradication des Libertés Publiques qu’ils imposent avec leurs tribunaux et leurs médias, en dérision de l’obscurantisme qu’ils rêvent d’instaurer dès l’école ou le biberon, mais aussi en prémonition du retour de bâton qui les attend immanquablement au détour du long cheminement de l’Histoire, ils leur offrent comme support de méditation : une pharaonique "Quenelle" !...
Celle proposée, avec élégance et raffinement, par la Princesse Neferetiabet de la V° Dynastie d’Egypte, 2560 - 2590 ans avant notre ère… (20)
Neferetiabet - V° Dynastie - 2.560 - 2.590 avant notre ère
(1) in "Vita Di Moravia", Alain Elkann, Christian Bourgeois Editeur, 1991.
(2) Vidéo. "Moche et minable", la gaffe de la journaliste Michèle Cotta après la conférence de presse de François Hollande, Le HuffPost, 15 juin 2014, http://www.huffingtonpost.fr/2014/01/15/michele-cotta-gaffe-francois-hollande-moche-et-minable_n_4599929.html
(3) Les journalistes politiques français sont-ils des « bouffeurs d’huîtres poudrés, Libération, 16 janvier 2014, http://www.liberation.fr/politiques/2014/01/16/les-journalistes-politiques-francais-sont-ils-des-bouffeurs-d-huitres-poudres_973306
(4) Hollande Courts Business With Economic Revival Plan – French president Pitches Tax and Spending Cuts While Sidestepping Focus on Private Life, Stacy Meichtry & William Horobin, 14 janvier 2014,
http://online.wsj.com/news/articles/SB10001424052702304049704579320463225234676
(5) Jean-Pierre Le Goff, "La Barbarie Douce – La Modernisation aveugle des entreprises et de l’école", La Découverte, 1999.
(6) Conférence de presse de Hollande : Berlin, Bruxelles et The Economist plébiscitent le tournant libéral de la France, Gregory Raymond Publication, Le HuffPost, 15 janvier 2014,
http://www.huffingtonpost.fr/2014/01/15/conference-hollande-social-liberal-france-allemande-the-economist_n_4601545.html
(7) A voir, entre autres, avant qu’ils ne soient emportés par les bourrasques de la censure :
=> lintern@ute.com, 21 janvier 2014, http://www.linternaute.com/actualite/personnalites/dispute-trierweiler-hollande-les-murs-ont-tremble-a-l-elysee-0114.shtml
Ou encore :
=> media libre, 22 janvier 2014,
http://www.medialibre.eu/france/rixe-a-lelysee-censure-mediatique-degats-considerables-et-hospitalisation-forcee/14467
Ainsi que :
=> économie matin.fr, 22 janvier 2014 :
http://www.economiematin.fr/ecoquick/item/8232-hollande-trierweiler-elysee-dispute-degats-mobilier-national
Et, un site au nom savoureux :
=> je suis stupide j’ai voté Hollande, 21 janvier 2014,
http://www.je-suis-stupide-j-ai-vote-hollande.fr/blog/rixe-a-lelysee-une-victime-a-lhopital-et-3-millions-e-de-degats/
(8) Trierweiler : Le Mobilier National dément tout vandalisme du bureau présidentiel, Claire Bommelaer, Le Figaro, 22 janvier 2014,
http://www.lefigaro.fr/culture/2014/01/22/03004-20140122ARTFIG00216-trierweiler-le-mobilier-national-dement-tout-vandalisme-du-bureau-presidentiel.php
(9) Steve Bell, The Guardian, 15 janvier 2014,
http://www.theguardian.com/commentisfree/cartoon/2014/jan/15/francois-hollande-france-privacy-cartoon-bell
(10) Obscene wealth : World’s 85 richest have same wealth as 3.5 billion poorest – Oxfam, RT, 20 janvier 2014,
http://rt.com/news/wealthy-rich-85-billion-879/
Et :
http://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/bp-working-for-few-political-capture-economic-inequality-200114-summ-en.pdf
(11) En France, un des exemples les plus hallucinants de ce pilonnage de désinformation, prônant le « capitalisme sauvage » jusqu’à l’hébétude, peut-être vérifié tous les matins sur la chaîne radio-TV "BFM Business". Clonage des "Crazy Business Evangelists" sur les TV américaines à la Fox News, Bloomberg, NBC, CNN, etc.
(12) Crise : De La Dette Publique ou du Contra Social ?..., Georges Stanechy, 9 juin 2010,
http://stanechy.over-blog.com/article-crise-de-la-dette-publique-ou-du-contrat-51967860.html
(13) Jacques Sapir, Le Pésident - Le "contrat de responsabilité" - Et la déflation, 15 janvier 2014,
http://russeurope.hypotheses.org/1914
(14) Patrick L. Young, Davos Groupthink Dangerously Out of Touch, RT, 27 janvier 2014,
http://rt.com/op-edge/davos-forum-out-of-touch-237/
(15) Goldman Sachs conseille à la France de baisser les salaries de 30%, Le Parisien, 30 janvier 2013,
http://www.leparisien.fr/economie/goldman-sachs-conseille-a-la-france-de-baisser-les-salaires-de-30-30-01-2013-2525317.php
(16) http://blogs.mediapart.fr/blog/journal-cesar/201113/le-capital-au-xxie-siecle-selon-thomas-piketty
(17) Les scenarii de dissolution de l’Euro, Fondation Res Publica, Jacques Sapir – Philippe Murer – Cédric Durand, septembre 2013, 88 pages, téléchargeable pdf,
http://www.fondation-res-publica.org/etude-euro/#.UuGEy_tKHDc
(18) EPR : En Pleurer de Rage ou En Pouffer de Rire ?..., Georges Stanechy, 2 décembre 2011,
http://stanechy.over-blog.com/article-epr-en-pleurer-de-rage-ou-en-pouffer-de-91000716.html
(19) Pierre Bourdieu, La Noblesse d’Etat, Collection « Le sens commun », Editions de Minuit, 1989.
(20) Merci à Truth pour le lien :
http://blogradiofranceirib.wordpress.com/2013/12/29/dieudonne-nicolas-anelka-un-homme-un-vrai-et-le-terrorisme-intellectuel/,
et l’identification de ce personnage historique dans son commentaire du 18 janvier 2014 :
http://stanechy.over-blog.com/2014/01/dieudonn%C3%A9-en-5-minutes.html