Ce jeune homme a 19 ans…
Il va représenter la France à l’Eurovision 2019, pour y interpréter une chanson avec pour titre : « Roi ».
Déguisé en femme.
Il adore, nous dit-on, perruques multicolores, jupes et maquillage. (2)
Loin de moi, l’idée d’évaluer son talent.
Dans le même genre, en termes de niveau, d’après un de nos très rares critiques musicaux indépendants, Philippe Manœuvre, il se positionne à des années-lumière d’un Freddy Mercury ; artiste exceptionnel par sa voix, sa formation musicale (maitrisant plusieurs instruments, aussi bien que la composition), et son charisme (3) :
«Tu te demandes si le mec est très beau parce qu’avec une chanson comme ça, il n’y a que sur le physique qu’il peut les avoir. Clairement, ça va être le chanteur et pas la chanson.»
Ou d’un Lou Reed, interprète-compositeur de la galaxie Andy Warhol mondialement connu pour ce bijou d’orchestration et de poésie nostalgique, avec son inoubliable chœur féminin au solo de saxo : Walk on the Wild Side…
Créé en 1956, le "Concours Eurovision de la Chanson" (en anglais : "Eurovision Song Contest"), son appellation officielle, est une compétition musicale annuelle organisée par l'Union Européenne de Radio-Télévision, l'UER. En même temps, émission de divertissement diffusée dans des dizaines de pays. Lors de ses premières années d’existence ce concours, avec ses rencontres entre artistes européens, révéla d’authentiques talents. Y émergèrent, entre autres, le groupe suédois ABBA, ou Céline Dion (elle y représentait la Suisse…).
Depuis, à l’évidence, l’Eurovision est en plein naufrage.
Philippe Manœuvre est sans appel sur sa pitoyable dérive (4) :
« C’est la fête à neuneu l’Eurovision, il faut y aller avec des transsexuels barbus ou des bonnes femmes qui ont de l’abattage. […] En même temps, n’allez pas chercher la créativité à l’Eurovision. C’est comme si vous alliez chercher la créativité chez McDonald’s.»
Loin de moi, respectueux des tabous, de discuter des "orientations sexuelles" de notre représentant à l’Eurovision, à la gloire aussi soudaine que précaire. Dans nos sociétés occidentales "déboussolées", à chacun sa boussole pour "s’orienter"…
Plus intéressant est d’observer, avec compassion, les opérations de manipulation autour de ce qui n’est qu’une pathétique marionnette.
Notre "chanteur perruqué" bénéficia, en effet, d’une campagne publicitaire aussi massive que celle d’une nouvelle savonnette pour nos peaux à hydrater dans la mousse odorante… Heureux, de célébrer "l’amour et la tolérance" à Tel-Aviv-Jaffa ; où doit se dérouler la finale du concours de cette année, au mois de mai. Avec Madonna, en vedette, pour y interpréter deux chansons…
Bizarre…
Je ne savais pas que la Palestine occupée se trouvait en Europe. Mais, on en apprend tous les jours : concepts et aires géographiques sont ainsi à géométrie variable… Quoi de plus naturel, dans une époque chaotique ?...
Encore plus bizarre…
« Bilal Hassani délivre un message de tolérance… ». Ce n’est pas moi qui le dit, mais le journaliste du Figaro, pétrifié d’admiration… (5)
Délivrer un message de Tolérance et d’Amour dans une entité coloniale à la sauvagerie abjecte ; qui, à ce jour, n’a pas respecté une soixantaine de décisions de l’ONU : quel courage !... Les Palestiniens de Gaza et autres territoires spoliés, survivant aux opérations de terreur, massacres, assassinats quotidiens vont, enfin, se sentir réconfortés…
A propos de la situation en Palestine et en Syrie, dans deux "tweets", n’avait-il pas écrit en 2014 sur son compte personnel :
« Etes-vous stupide ? Le crime contre l’humanité vient d’ISRAEL ».
Mais non !
Dans d’énergiques répétitions, ponctuées de ses petits poings délicats, il vient de le démentir, le 1er février (6) :
« Même si c'était quelque chose qui était vraiment arrivé, je dirais que j'avais 14 ans et qu'on peut tous faire des grosses grosses grosses grosses bêtises.
La réalité dans tout ça, c'est que je n'ai même pas à vous dire ça parce que c'est faux.
Je n'ai jamais jamais jamais dit ou pensé ça. »
Na !...
De quoi perdre le nord… Même en termes « d’orientations intellectuelles »…
Mais, la rédemption existe. J'y crois.
Entre deux répétitions en préparation de la finale, j’espère qu’il aura le temps de se recueillir sur la tombe d’une des héroïnes Palestiniennes abattues, froidement assassinées, l’année dernière, par un sniper des forces d’occupation : Razan Ashraf al-Najjar.
Elle avait son âge. Ou presque : 21 ans.
Infirmière bénévole, elle soignait les manifestants Palestiniens victimes des tirs de l’armée coloniale dans la localité de Khan Yunis, à 25 km au sud de Gaza.