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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
chante la lutte des Peuples
contre la Prédation
 
 

Horizon...


Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes...
Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas.
A contre-courant...

 

 

 

Modération


Tous commentaires et propos contribuant à enrichir échanges et débats, même contradictoires, sont amicalement reçus. Ne sont pas acceptées les pollutions organisées, en particulier :

a)  Hors sujets et trolls

b)  Attentatoires à la Dignité Humaine :

.  Injures

.  Propos racistes

.  Incitations à la haine religieuse

 

Avertissement

Liberté d’expression et abus de procédure

 

Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 21:00

 

 

« Pauvre troupe, dont les malheurs injustes demeurent comme une ineffaçable leçon dédiée à ceux qui gouvernent et à ceux qui commandent. »

 

Général de Gaulle  (1)

 

 

 

 

 

 

 

Je m’attendais au pire…

 

Ce fut pire !…

 

Cette formule, sans paternité précise, résume mon sentiment aux propos de notre sympathique président (2), « chef des armées », devant micros et caméras au pied de la tribune officielle du 14 juillet, dès la fin du défilé.

 

L’engagement des troupes françaises en Afghanistan, nous a-t-il expliqué, a pour finalité la "défense de la démocratie", de la femme afghane et « des petites filles afghanes à qui on coupe les mains pour avoir mis du vernis à ongles… ».

 

 

Liberté de la malnutrition et du massacre

 

Eh, oui ! Les pauvres petites filles afghanes qui envient le vernis à ongles de leurs mères et de leurs grandes sœurs, à la sortie de la manucure chez leurs coiffeuses, tous les jeudis soirs. Parce que chez ces attardés, ils ne peuvent pas faire comme tout le monde, le dimanche : c’est le vendredi…

 

Petites filles, rêvant à la lecture des magazines spécialisés dans « la libération de la femme » … Marie-Claire, Elle, Cosmopolitan, sur les tables basses du salon devant les écrans TV, multipliant la vision de toutes ces belles jeunes « femmes libérées », dans les publicités des fabricants de cosmétiques ou les feuilletons… FriendsPlus belle La Vie… Dans le ronronnement des climatiseurs, en été. En hiver, dans le canapé noyé de coussins, face au feu de cheminée…

 

On se doit de les comprendre, à leur âge, elles n’ont qu’une envie. Se précipiter au supermarché du coin pour s’acheter le symbole de la liberté et de la civilisation : le vernis à ongles

 

Problème : les méchants Talibans, enturbannés de machisme, qui les attendent sournoisement au coin du parking pour leur couper les mains… Tchac ! D’un seul coup ! Sans anesthésie, en plus !… Avec leurs grands sabres, recourbés par la fourberie de leur sauvagerie ancestrale.

 

Affection, tendresse, sentiment paternels : connaissent pas. Même pas des animaux… Racisme ?… Mais, non, c’est scientifique, je l’ai lu dans les journaux et je l’ai vu à la TV : résultat des enquêtes journalistiques, diffusées uniquement sous forme de clichés et de stéréotypes par nos grands médias…

 

Comment être insensible à la souffrance du manque de vernis à ongles des petites filles afghanes ?… Tant de cruauté de ces terroristes… Pardon : « insurgés », est la nouvelle appellation. Je m’y perds. Elles qui n’ont rien pour se soigner, rien à manger (3). Leurs maisons bombardées, saccagées, les récoltes familiales détruites par les armées d’occupation.

 

Pourquoi ne leur laissent-ils pas, au moins, le vernis à ongles ?… Ne pas comprendre combien elles en ont tant besoin pour oublier cette apocalypse quotidienne infligée par la soldatesque OTANesque.

 

Si au moins, ils faisaient semblant comme pour l’organisation des élections par l’OTAN. Truquées, évidemment, jusqu’à trois chiffres après la virgule. Mais, on fait comme si… Alors que les Talibans, eux, ne simulent pas. Tchac !… Faire semblant, c’est trop sophistiqué pour ces primitifs.

 

Regardez la différence avec les glorieux soldats occidentaux défenseurs de la Civilisation, dans leurs costumes d’extra-terrestres, devant les TV du monde entier, faire semblant de « créer des écoles ». Gagner « les cœurs et les esprits » : « hearts and minds »… Chevaliers sans peur et sans reproche…

 

C’est une des marottes des spécialistes de la « guerre psychologique » : « ouvrir des écoles ». En fait et en priorité, de la « guerre psychologique » contre les opinons publiques des pays occidentaux qui n’acceptent pas les délires coloniaux.

 

Ils pondent à répétition des remakes des grands classiques des films de propagande des guerres coloniales des années 60–70 : les portugais en Angola ou au Mozambique, les britanniques au Kenya et ailleurs, les hollandais en Indonésie, les français en Algérie, les américains au Vietnam.

 

Dans ces films, on ne massacrait pas, on ne brûlait pas des villages, on ne torturait pas les résistants, on passait son temps à « ouvrir des écoles ».

 

La trouvaille n’est pas mal. Inusable, on n’arrête pas de s’en servir. Mais, je la trouve un peu intello, avec un risque de saturation à force de répétition. Il faut, de temps en temps, une formule choc : « couper les mains des petites filles pour cause de vernis à ongles »… Là, nous atteignons un palier supérieur : « Le choc des images, le poids des mots », comme dit l’autre...

 

Aghhh !…  Même si cela n’a jamais existé, ne s’est jamais produit, rien que d’y penser j’en ai la rage !…

 

Salauds de Talibans, il faut les nucléariser ! Les "droner" n’est pas suffisant. Comprennent pas. Noyer ces barbares dans le feu de l’enfer, eux, leurs ascendants, descendants et collatéraux. Jusqu’à la cinquième génération.

 

Cinq générations, déjà, qu’ils en bavent dans les invasions successives : britanniques, soviétiques, occidentales. Et, ils n’ont pas encore compris l’importance du vernis à ongles… Il leur faut cinq autres générations, pour parvenir au seuil de l’intelligence.

 

Les atomiser jusqu’au dernier, c’est tout ce qu’ils méritent. Des têtes de mules…

 

 

La loi du genre

 

Certains trouvent pathétique de voir notre « chef des armées » justifier l’envoi de nos soldats en Afghanistan sur un tel mensonge. Ils exagèrent. Ils manquent de réalisme, des romantiques égarés en politique.

 

D’autres protestent : les petites afghanes ne portent pas du vernis à ongles, mais les « stigmates de la guerre ». Quand elles survivent, avec leurs petits frères….

 

Beaucoup meurent dans les bombardements ou les tirs aveugles des troupes de l’OTAN. Périodiquement, des fillettes sont tuées par les soldats de cette coalition (4). Nombreuses sont celles qui resteront estropiées, infirmes ou aveugles.

 

Voilà ce qu’affirment des spécialistes de la santé de l’enfant. Des âmes sensibles…  Parce que même les bureaucrates de l’ONU, des multiples ONG prospérant dans le Charity Business, n’en font jamais état.

 

Voyez l’UNICEF, l’organisation de l’ONU chargée de la protection de l’enfance : vous ne trouverez aucune publication d’étude, de statistique, d’enquête, de recensement, sur les ravages des bombardements, des blessures et infirmités de guerre concernant les enfants, conséquences des opérations militaires et des bombardements des troupes occidentales. Encore moins, un inventaire précis du nombre d’orphelins dus à ces actes. (5)

 

En Afghanistan, comme en Irak. Malgré son budget en millions de dollars…

 

Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien savoir…

 

Je comprends l’UNICEF, et les « grandes » ONG, cela mettrait en difficulté leur star system. Angelina et autres People risqueraient d’en défaillir et de ne plus venir se balader en Afghanistan, devant les caméras. Il faut bien collecter des fonds. Money, money, money

 

On ne tartinera donc que sur la malnutrition ou les écoles… Enfants tués, blessés, orphelins suite à des actes de guerre ?… Par des occidentaux ?… My God !… Hors de ma vue !…

 

Normal. Les guerres coloniales sont fondées sur le mensonge. L’omission. La dissimulation. C’est la loi du genre. Considérer les peuples occidentaux, le peuple français, comme des veaux pouvant ingurgiter n’importe quelle « hormone de croyance », enrobée d’OGM médiatique (Obsession Grossièrement Manipulée).

 

Comme en Irak. Aucune des infrastructures civiles protégées par les Conventions de Genève comme les stations d’épuration d’eau, écoles, universités, hôpitaux, ministères (à part celui du pétrole), musées, administrations, n’a été épargnée de la destruction. Comment le faire admettre ?… A cela s’ajoutant 2 millions de morts, un pays entièrement détruit, sans mentir à fond ?…

 

Mentir à fond… Quoique…

 

Croire que plus l’argument est stupide et plus ça passe auprès de l’opinion publique, peut se révéler une erreur. Une fois encaissé l’effet choc émotionnel, une argumentation futile, dérisoire et grotesque peut aller à l’encontre de l’objectif souhaité. L’esprit critique insuffisamment anesthésié peut réagir à contretemps.

 

J’en conviens, on peut s’étonner devant l’image projetée « des mains de petite fille coupées pour délit de vernis à ongles ». Même ma grand-mère a pouffé de rire sous son chapeau de paille : « Qui peut avaler pareille tourte ?…», s’est-elle exclamée quand elle a entendu ça…

 

Pour elle, « tourte » est très péjoratif. Madrée, intuitive comme pas deux, elle déteste les tourtes. Jugement sans appel, ce sont les « cache-restes » des restaurants à touristes : tirer un coup de fusil avec des restes et des invendus comme cartouches…

 

Tout en essayant de la convaincre, elle m’a fait réfléchir…

 

J’ai dû, patiemment, lui expliquer qu’il ne faut pas en vouloir à un chef d'Etat qui fait son boulot. Surtout, quand il le fait bien. Celui de justifier l’injustifiable. Promouvoir l’inacceptable. Avec la conviction de la bonne conscience balayant toutes les hésitations. Ça c’est du talent ! Mais, aux claqueurs de talons qui l’entourent, incapables de formuler une propagande qui tienne la route.

 

Au fond, c’est vrai… Régresser jusqu’au « vernis à ongles », ne serait-il pas la démonstration du manque de créativité des experts en désinformation ?… N’est-on pas allé un peu trop loin dans la fantasmagorie de la caricature ?…

 

Moi, ce qui me gêne ce n’est pas le mensonge, dans une propagande. C’est la faiblesse du mensonge. Sa mauvaise articulation. Le niveau d’argumentation est en train de baisser. Admettons-le…

 

Des nuls…

 

Un moment, ils affirmaient que les Talibans jetaient de l’acide sur les visages des petites filles qui allaient à l’école. Impossible de trouver de l’acide en Afghanistan ! Le droguiste du coin n’a pas ça. Sauf dans les labos de transformation de l’opium, étroitement contrôlés par les armées d’occupation. Livré par avion. Pas sérieux, comme baratin, l’acide. Alors, ils ont changé de chanson…

 

Je le reconnais. Dans le temps, la propagande coloniale avait du souffle. Du panache. On partait massacrer, violer, piller, spolier, annexer, pour « évangéliser » les sous-hommes. Du style, de la grandeur !…

 

Plus tard, ce fut pour « apporter la civilisation » à des cannibales, des moyenâgeux, endormis dans leur passivité. Les « instruire », les « initier à la modernité ». Récemment, on s’est précipité pour démolir méthodiquement l’Irak au nom de la liberté, de la démocratie, des droits de l'homme. Argumentaire qui avait un minimum de tenue…

 

Mais, crever des gens et se faire trouer la peau pour du « vernis à ongles »…

 

L’idée est choquante à souhait, la preuve : j’ai failli perdre ma sérénité bouddhique. Mais, c’est un peu gros. Ou, léger en crédibilité. A ce rythme là, on ira se battre en Afghanistan, bombarder et mitrailler les villages, pour imposer des distributeurs automatiques dans les écoles primaires afghanes. Pour « libérer les petites filles ».

 

Non pas pour distribuer des brioches ou des barres chocolatées, elles ne pourraient pas payer, mais pour installer des distributeurs automatiques de préservatifs gratuits. Puisque les « zélateurs de la liberté », il y a même un rigolo de la TV française qui fait sa pub personnelle là-dessus, nous disent que notre propre jeunesse doit y avoir accès dès son plus jeune âge, dans les établissements du primaire. Copuler et consommer, tels des lapins en cage : voilà l’horizon radieux de « la modernité », le sens, la finalité de la Destinée Humaine.

 

Après le vernis à ongles, le préservatif dans les cours de récréation du primaire…

 

Ma grand-mère a raison.

 

Trop facile tout ça. Vraiment, notre propagande doit se recycler. Il y a du laisser-aller. Aucune créativité. Nous ne sommes pas dans une émission de télé-réalité. C’est du sérieux. Notre « chef des armées » doit reprendre en main les "services d'action psychologique". Un effort d’imagination, d’originalité, que Diable !… Mettre tout le monde au travail, virer les incapables et renouveler son staff…

 

D’autant que les choses sont en train de tourner au vinaigre, en Afghanistan…

 

 

 

Petite fille afghane blessée.
Non, elle ne demande pas du vernis à ongles.
Elle réclame ses parents tués avec le reste de sa famille, dans leur maison écrasée sous les bombes de l’OTAN.

 

 

Putain de guerre

 

On vient de rapatrier le corps d’un de nos soldats tué, avec deux de ses camarades gravement blessés…

 

J’éprouve compassion à leur « malheur injuste », pour reprendre la citation du général de Gaulle. Leur jeunesse fracassée, physiquement, moralement.

 

Dans une guerre coloniale dont la cruauté, la stupidité, n’ont d’égales que celles des irresponsables qui « gouvernent » et qui « commandent » pareilles aventures, sur fond de crimes contre l’humanité.

 

Je leur dédie un extrait du livre, Putain de Guerre (6), écrit pas un marine américain Joshua Key. Réfugié au Canada, avec sa femme et ses enfants, il a refusé de retourner en Irak.

 

Il témoigne de ce qu’il a vu, ce à quoi il a participé en Irak, ce qu’il a été obligé de pratiquer, contre sa conscience. Il restitue ce qui est méticuleusement censuré tous les jours, en Occident, dans les médias, les moteurs de recherche, occulté par le matraquage de la propagande : photos, cris, informations, récits de l’horreur.

 

L’horreur coloniale, qui se perpétue en Afghanistan :

 

« … J’avais participé à près de deux cents perquisitions, mais je n’y croyais plus depuis longtemps. La plupart de mes camarade ressentaient la même chose.

Ces raids n’étaient qu’un prétexte pour insulter, intimider et appréhender les Irakiens.

 

Ils nous offraient une cible pratique, un moyen de relâcher nos frustrations, puisque nous n’avions pas de vrais ennemis à combattre. Pendant un certain temps, ces descentes nous ont permis de frapper des civils, de voler leurs biens et de détruire tout ce qu’on ne pouvait pas embarquer.

 

Je ne suis pas le seul à avoir renoncé aux passages à tabac et au pillage, tandis que ma conscience se réveillait. Pour nombre d’entre nous, poser des pains de C-4 (7), saccager des maisons, menotter des adolescents et des hommes nous a stimulés, voire excités, pendant un mois ou deux, mais pas davantage.

 

Le temps s'étirait et nous n’avons pas trouvé d’armes de destruction massive. Nous n’avons pas trouvé de signes d’activité terroriste. Nous n’avons découvert que des civils dont nous avons ruiné la vie ou que nous avons tués, simplement parce qu’ils avaient croisé notre chemin.

 

Certains d’entre nous ne les ont même pas respecté dans la mort… »

 

 

La guerre coloniale, c’est ça.

 

L’occupation occidentale en Afghanistan, c’est ça.

 

Ce n’est pas la distribution gratuite de vernis à ongles aux petites filles Afghanes.

 

Une bouillie, que le cynisme et le sadisme du plus pervers des serial killers aurait du mal à porter au point d’ébullition atteint à présent : sauvagerie, souffrance, avilissement, terreur.

 

Dans le Chaudron du Malheur, où nous immergeons…

 

… Le Peuple Afghan.

 

 

 

 

 

 

(1)  A propos du désastre militaire de 1870 provoqué par la stupide incurie de Napoléon III, son gouvernement et son état-major, face à l’Allemagne de Bismarck.

(2)  Un récent sondage fait état de 63 % de français trouvant Sarkozy « sympathique » …

(3)  « … L'Afghanistan occupe la quatrième place dans le monde en termes de malnutrition. Un enfant afghan sur 10 est sévèrement mal nourri, plus de la moitié des enfants souffrent d'un retard de croissance et un enfant sur quatre meurt avant l'âge de 5 ans. La diarrhée et les infections aiguës des voies respiratoires - des états encore aggravés par la malnutrition - représentent environ 41 % de la totalité des décès infantiles et un enfant afghan sur trois souffre de carence en iode… 
La mortalité maternelle représente une large proportion des décès en Afghanistan… », UNICEF, Août 2009, http://www.unicef.org/french/emerg/afghanistan/index_action.html

(4)  Des soldats canadiens tuent une fillette, Le Devoir Montréal, 29 juillet 2009.

(5)  La dernière « vague » étude du genre, en Afghanistan, remonte à 1997 (il y a 12 ans !…) : http://www.unicef.org/french/emerg/afghanistan/index_9028.html

(6)  Joshua Key, Putain de Guerre, Albin Michel, 2007, pp. 208-209.

(7)  Puissant explosif, présentant l’avantage d’être malléable comme de la pâte à modeler avant sa mise à feu au moyen d’un détonateur.

 

Photo : The Cleveland

 

 

 

 

 

 

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 00:35

 

 

N.B. Le texte étant tronqué par le serveur, il a été scindé en  deux.

Suite de la première partie :

Tahar Ben Jelloun et les Talibans : Tartarin et les Lions… (1)

 => Tartines de Tartarinades

 => Emballage au ruban de soie

 

 

 

Hamburger au hachis de porc

 

 

La cohorte des chasseurs d’islamistes et de Talibans ne cesse de s’étoffer, en France. Parmi les plus pétulants figurent des représentants de la sphère arabo-musulmane, dans sa spécificité franco-maghrébine.

 

Prenons l’exemple de l’écrivain Tahar Ben Jelloun, qui déploie une activité fébrile sur ce terrain, depuis quelques temps. Son argumentation, son niveau d’analyse, la fiabilité de sa documentation ou de ses sources, méritent l’intérêt.

 

Se proclamant Musulman, ses positions ont de l’écho auprès de ceux qui connaissent mal et l’Islam et les pays musulmans. Son influence dans les médias, notamment auprès des journaux dits “de gauche”, n’est pas négligeable. C’est devenu un notable du monde des Lettres.

 

J’admire Tahar Ben Jelloun dans son art de “la chasse aux barbus”. Il arrive, grâce à ses dons de pisteur Apache, jusqu’à débusquer des “islamistes” derrière des porcs !... Difficile de faire mieux. Oui, il s’indigne de l’abattage des porcs ordonné par le gouvernement égyptien dans le cadre de la lutte contre la grippe porcine.

 

Ses cris d’indignation sont d’autant plus impressionnants qu’il s’était révélé d’une remarquable discrétion pendant le massacre des Palestiniens de Gaza, fin décembre et courant janvier 2009 (8). Plus muet qu’une carpe…

 

Il est vrai que ses couinement déchirants, dans la défense des porcs, ont pour finalité sa solidarité avec les Coptes visés dans cette mesure prophylactique, nous explique-t-il, par les Frères Musulmans. (9)

 

Seul problème…

 

François Burgat, le meilleur spécialiste français et européen de la question (de très loin !...), le rappelle : le Mouvement des Frères Musulmans a été créé par des membres de la bourgeoisie égyptienne : commerçants, médecins, architectes, ingénieurs, enseignants, fonctionnaires, artisans. Beaucoup de femmes, aussi, instruites et occupant des postes de responsabilité, notamment dans la santé publique, la justice et l’enseignement.

 

Créé conjointement, par des Musulmans et des Coptes. (10)

 

Pour lutter contre le féroce colonialisme britannique qui rançonnait l’Egypte, dissimulé derrière le rideau de la royauté de pacotille du roi et de son entourage, débauchés et corrompus, Farouk 1er.

 

Et, tenter de subvenir aux besoins de la population oubliée, des plus démunis (au Caire, il n’y avait pas que Soeur Emmanuelle…), par des créations de dispensaires, écoles, orphelinats. Ils en ont fondé, financé, des centaines. Sur leurs propres derniers.

 

Musulmans et Coptes : à la fois “résistants” au pillage colonial exercé via une nomenklatura corrompue, et “militants” pour une société démocratique fondée sur la justice sociale et économique. Beaucoup sont morts sous la torture, dans des exécutions sommaires, ont croupi de longues années dans d’atroces conditions de détention.

 

D’abord sous les coups des tortionnaires britanniques. Puis, sous ceux des nassériens, bien qu’ils se soient alliés à eux pour renverser le régime colonial. Les généraux putschistes n’admettaient pas le refus de la dictature militaire par les Frères Musulmans. Malgré l’évidence : s’ils avaient participé au renversement d’une monarchie corrompue, ce n’était certainement pas pour accepter qu’une dictature militaire succède à un régime policier…

 

Bien sûr, depuis s’est constituée une branche “radicale”, histrionique, guignol médiatique, largement infiltrée et instrumentalisée par les services spéciaux égyptiens et occidentaux. Spécialisée dans les déclarations obscurantistes, sous couverture “fondamentaliste”, l’organisation d’attentats et la création de tensions artificielles avec la communauté Copte.

 

Intense travail de désinformation pour justifier, auprès de l’opinion internationale, le soutien occidental à la dictature militaire du général Moubarak. Diviser pour régner. Neutraliser la seule opposition organisée et puissante. Supprimer, entraver toute liberté d’expression. Avec pour finalité de caricaturer, diaboliser, l’image du Mouvement des Frères Musulmans. En Egypte et ailleurs.

 

La partie la plus éduquée de l’Egypte ployant sous la dictature du général Moubarak et ses persécutions, similaires à celles du roi Farouk, membre, sympathisante du Mouvement des Frères Musulmans, sait très bien que les attentats, aussi tragiques que stupides, avec leur mise en scène impeccablement formatée, sont contraires à ses intérêts économiques et politiques. Ils n’ont pour but que de déconsidérer toute opposition à un régime détesté pour sa corruption, et son déni des libertés au nom de la lutte contre le terrorisme. L’action violente ne fait pas partie de son credo.

 

En Egypte, hors la caste dirigeante, les cadres comme l’ensemble de la population du pays, qu’ils soient Musulmans ou Coptes, formulent exactement les mêmes souhaits. Musulmans et Coptes sont avant tout Egyptiens, fervents défenseurs de leur identité nationale. Souhaitant vivre dans un pays libre, dans la justice et la solidarité, et non pas dans une colonie américano-israélienne encadrée par une nomenklatura imposant une dictature militaire.

 

Défendre les porcs pour sauver les Coptes… Pourquoi nous présenter un tel un hachis de désinformation, aussi grossier ?...

 

Ce n’est pas par malhonnêteté intellectuelle que Tahar Ben Jelloun nous sert ce coulis de clichés. Non. Probablement, ne connaissant pas l’Egypte, encore moins le Mouvement des Frères Musulmans dans ses différentes composantes, y compris celle créée en trompe-l’œil par l’appareil répressif de la dictature militaire, s’est-il laissé emporter par son émotion. Voler au secours des Coptes !...

 

Confondant, ainsi, “marketing éditorial” avec recherche historique et sociologique. Mais, ce n’est pas voulu.

 

L’émotion, que voulez-vous…

 

 

 

Sauce “blue cheese”

 

 

Agghhh, l’émotion !...

 

On retrouve ce même emportement fatal, quant à l’exactitude des faits, la fiabilité des informations, dès que Tahar Ben Jelloun armé de son escopette et de son tromblon part, en valeureux Tartarin, chasser le Taliban. Sautant de l’Egypte en Afghanistan. Ou vice-versa. Selon la direction du vent médiatique.

 

Il s’emporte dans un article (11), suffocant de rage, sur l’obsession possessive des Talibans pour le sexe féminin. A le lire, sous son cri d’indignation, l’émotion nous étreint tout autant :

“… Les talibans, par exemple, imaginent un monde où la femme s'est retirée du monde. Elle existe, mais cloîtrée dans la maison et n'ayant aucun droit de sortir. Cela ne veut pas dire qu'ils crachent sur le plaisir sexuel, au contraire, ils aiment ça au point de vouloir le posséder et d'être les seuls à en jouir”.

 

Waouh !... Face à ces mâchoires de carnassiers baveux, il ne reste plus qu’à déclarer les Talibans anthropophages !... Prochain épisode, certainement…

 

Une pincée d’analyse politique, pour conforter le propos dans le sérieux :

“… C'est le sens du projet de loi que le président Hamid Karzaï a voulu déposer. Un projet qui souhaitait rendre légal "le viol de l'épouse" et interdire à celle-ci de sortir sans l'autorisation du mari.

“… Cette loi aurait visé les femmes chiites (10 % de la population).

“… Hamid Karzaï comptait sur ce projet de loi pour s'attirer la sympathie et les votes des chiites lors des prochaines élections”.

 

Une pointe de doute, toutefois, devant l’extrême excitation de ses transes. Notre Tartarin maîtriserait-il son sujet ou exorciserait-il ses propres obsessions ?...

“… Une femme qui jouit est une "salope" ; elle est considérée comme une prostituée (sauf que les malheureuses travailleuses du sexe ne jouissent pas, ce n'est pas un plaisir, c'est un travail, une corvée pour gagner leur vie). Il serait intéressant de faire lire aux hommes ayant peur de cette jouissance quelques-uns des témoignages de femmes qui racontent leur vie sexuelle”.

 

D’autant plus que sa conclusion est plus que bâclée, comme si l’auteur, épuisé par ses propres incantations, avait perdu le fil de sa crise d’hystérie :

“… Cette image résume la situation : la guerre en Afghanistan tourne autour du l'opium et de la femme. Il faut contrôler les deux, sinon, c'est la fin de la tragédie entamée par la barbarie au nom d'un islam totalement étranger à ces pratiques”.

 

Ainsi, faut-il "contrôler l’opium et la femme" pour en terminer avec la catastrophique situation afghane… Nous déclare Tartarin dans sa fulgurante vision géopolitique !

 

Sous la sauce “blue cheese” que nous déverse Tahar Ben Jelloun, cette fantasmagorique obsession sexuelle telle que l’Occident la projette sur les autres en l’occultant chez lui, que trouve-t-on ?...

 

Tout simplement, trois vecteurs de la propagande du lobby militaire occidental justifiant sa colonisation de l’Afghanistan et sa stratégie anti-iranienne, aisément repérables :

 

 

i)  Le mythe de l’instauration de la démocratie par l’Occident

 

Tout cela à partir d’un projet de texte de loi, destiné à satisfaire des tribus chiites, nous assure-t-on. Façon de nous dire : vous voyez, grâce à l’instauration de la démocratie que nous avons réussi à imposer, chez ces sauvages, ce texte a pu être bloqué. Heureusement que nous sommes présents sur place !

 

Tous les observateurs attentifs au contexte afghan avaient compris qu’il s’agissait d’un “hoax”, un coup monté par les “services d’action psychologique”, les “PsyOps”, relayé au quart de tour, dans une parfaite coordination, par tous les médias occidentaux. Et, leurs relais sponsorisés : les “leaders d’opinion”.

 

Les évidences crevant les yeux :

=> Il n’y a pas plus de “parlement” en Afghanistan qu’il n’y en avait sous l’occupation par les nazis ou les staliniens en Europe, au sens d’élections libres, selon des programmes de gouvernement librement débattus dans la diversité des opinions.

=> Les pseudo “parlementaires” ne sont que des chefs de guerre ou de gang, parmi les pires “collabos” ultracorrompus et complaisants, que les forces d’occupation ont pu ramasser dans les différentes provinces.

=> Les “textes de loi” qui leur sont soumis sont, uniquement, ceux concoctés par les forces d’occupation. Celui sur le “viol des femmes dans l’espace conjugal”, véritable provocation ne correspondant à aucune nécessité, n’avait pour but que de déclencher une campagne de propagande à l’intention des opinions publiques en Europe, et en Occident de façon globale, afin de renverser leur opposition à l’aventurisme de leurs gouvernements en Afghanistan.

 

L’irréalisme de ce texte, son niveau d’absurdité, d’imbécillité (appliquer une loi dans une chambre à coucher…), sous le prétexte de réunir 10% de voix chiites au bénéfice de Karzaï (contesté actuellement par les militaires américains du fait de ses condamnations répétées des bombardements aveugles...), démontrent que la propagande, confiante dans l’énormité de ses moyens, n’hésite pas à solliciter cyniquement les niveaux de crédulité les plus primaires, et les plus pervers…

 

 

ii)  La diabolisation du Chiisme

 

La population chiite en Afghanistan ne représenterait que 10% des musulmans. C’est le deuxième palier de la manœuvre : la diffamation incessante du Chiisme. En fait, c’est l’Iran, où se trouve la majorité des musulmans chiites, qui est visé.

 

Nous avons tous subi cette propagande incessante, très souvent sans nous en rendre compte, sur la diabolisation du Chiisme. En Irak a été entretenu artificiellement une guerre de religion à grand renfort d’opérations commandos, faisant sauter mosquées, lieux de pèlerinage, alternativement Chiites et Sunnites. Ou encore, luttes armées entre “milices” armées chiites et sunnites.

 

Alors que pendant la longue guerre contre l’Iran, qui a duré 8 ans, les Irakiens sunnites et chiites combattaient côte à côte… Tout le monde sait au Moyen-Orient, que ce sont les occidentaux qui sont derrière ces manœuvres de division et de propagande.

 

Qui n’a pas subi ces discours fumeux, répandus par les “experts” patentés dans nos médias, sur le spectre de “l’Arc Chiite” qui menacerait le monde musulman sunnite, et de là l’Occident ?... Par ses fusées et sa prétendue fureur nihiliste.

 

Dans la propagande, le Chiisme se résumerait à une secte de sauvages, acharnés à la destruction des “valeurs de l’Occident”. Pire, une horde de primitifs, pervers frustrés, assoiffés de sexe, acharnés dans la violence faite aux femmes.

 

Le Chiisme n’a rien à voir avec les descriptions sordides, dégradantes, que peuvent en laisser croire une poignée de radicaux ou de charlatans, bien souvent instrumentalisés, comme toute religion en période de crise, de tension et de guerre. Et, bien sûr, diabolisé par une propagande hostile aux pays où il est majoritaire, pour des raisons coloniales ou idéologiques.

 

Cette branche minoritaire de l’Islam, comme le protestantisme dans la chrétienté, représente par son apport dans les domaines de la philosophie, de la spiritualité et de la mystique un immense patrimoine universel.

 

Ceux qui en ont approché l’étude parlent d’un véritable “continent” de la connaissance humaine, pratiquement ignoré en Occident. En tout cas, systématiquement occulté par l’appareil de désinformation. Patrimoine que nous devons reconnaître avec respect comme un bien commun, un héritage incomparable de la pensée collective (12).

 

Henry Corbin, par exemple, éminente figure du protestantisme français, d’une exceptionnelle élévation morale, spécialiste de Karl Barth, Heidegger, Ibn’Arabi, a passé une grande partie de sa vie à étudier le Chiisme en Iran, la gnose Chiite.

 

Il en a rédigé, entre autres ouvrages sur le sujet, une somme impressionnante : En Islam Iranien : aspects spirituels et philosophiques (13). Quatre volumes, que je vous invite à feuilleter pour sortir des âneries véhiculées sur le Chiisme, par les bonimenteurs pullulant sous forme “d’experts”, “islamologues”, ou  “psychanalystes de l’Islam” dans la sphère médiatique. 

 

Il est certain que dans des pays apaisés et prospères, lorsqu’ils ne seront plus en état de siège, le Chiisme trouvera sa juste place de religion dans une société civile, à l’exemple des autres religions et croyances dans le monde.

 

 

 

iii)  L’islamophobie sexuée

 

Instrumentaliser le sexe de la femme musulmane, pour exciter le mépris à l’égard d’un peuple. Thème devenu traditionnel dans la propagande occidentale. Représentation du racisme dans toute sa perversité, dans son fanatisme absolu, via l’instrumentalisation du sexe de “l’Autre”, celui que l’on veut opprimer. Expression de la psychose actuelle et structurelle de l’Occident.

 

Racisme sexuel, d’abord, à l’encontre de la femme musulmane, afghane dans le cas présent. L’argumentaire restant le même.

 

Femme totalement infantilisée, déclarée, réputée, définie, sans personnalité, sans caractère. Incapable de se faire respecter à l’intérieur de son couple, de “gérer” sa relation sexuelle, sans le secours et la tutelle de l’Occident, via son “Business Féministenoyauté par les services spécialisés dans la désinformation (associations de “défense” de la femme, presse féminine et autres médias…).

 

Femme, bien sûr, encore moins en mesure de partager respect, tendresse, complicité, affection, amour, passion, avec son homme. Dans l’imaginaire, l’imagerie de la propagande, ces sentiments sont inaccessibles aux peuples et nations n’ayant pas encore été “civilisés” par l’Occident. Dans le fantasme raciste, les musulmanes, les afghanes, et leurs hommes, sont considérés encore au stade animal, inaptes à l’Amour.

 

En Afghanistan !... Dans un pays qui regorge des plus beaux poèmes, chansons, légendes d’amour de l’histoire de l’humanité… Avec des figures de femmes magnifiques de beauté et d’héroïsme comme la célèbre Malalaï de Maïwand, que j’ai eu l’occasion d’évoquer.

 

Racisme sexuel, ensuite, à l’encontre de l’homme musulman. Trouver les images les plus choquantes provoquant horreur et haine, dans l’opinion publique, pour des hommes que notre soldatesque se doit de massacrer sans états d’âme. Pour avilir le courage exceptionnel de “résistants” capables malgré des moyens dérisoires de s’opposer, avec succès, aux armées les mieux équipées et entraînées du monde.

 

La propagande actualise, ainsi, un argumentaire digne du temps des croisades et des premières aventures coloniales. Seule différence avec les siècles précédents, évolution des mœurs oblige, les références sexuelles y sont, à présent, dominantes.

 

Justifiant, ainsi, l’asservissement d’un peuple, pour l’éduquer, lui apprendre la civilisation. Le bon usage du sexe. Classique. Rallier l’opinion au mythe du sous-homme ne méritant que la violence et l’esclavage. A la Daniel Pipes, un des gourous islamophobes des gouvernements US toujours très actifs : “Les Palestiniens sont misérables et ils méritent de l’être”. (14)

 

 

 

Trous de gruyère ou de mémoire

 

Dans sa diatribe, en donneur de leçons, Tahar Ben Jelloun pointant du doigt la sauvagerie des mâles afghans, évoque la possession sexuelle, la prostitution, la confiscation du sexe de la femme à l’usage exclusif d’une obsession.

 

Pour compléter sa leçon de morale, il aurait pu prendre pour exemple les algériennes violées par des militaires français pendant la colonisation de l’Algérie, contraintes à la prostitution, enrôlées de force dans les Bordels Militaires de Campagne, les fameux BMC.

 

Certaines de ces prostituées algériennes avaient même été affectées en Indochine, à Dien Bien Phu, à 10.000 km de leur pays, pour satisfaire les besoins sexuels du corps expéditionnaire français. Dans le camp retranché, lors de sa reddition, les troupes de la résistance vietnamienne du général Giap, ébahies, ont trouvé deux BMC avec 18 filles, algériennes et vietnamiennes…

 

Pour illustrer son prêche, Tahar Ben Jelloun aurait pu parler du célèbre tortionnaire israélien portant le surnom de Kojak. Spécialisé avec son équipe dans les viols et sévices sexuels à l’encontre des femmes Palestiniennes. Les forçant dans des mises en scène pornographiques, les prenant en photo lors des séances de viols collectifs.

 

Menaçant, dans un chantage implacable, de les montrer à leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs fiancés ou maris, leurs enfants, si elles ne collaboraient pas avec les services secrets d’occupation. Pendant des années. Pour certaines, ces tortures sexuelles ont duré 9 ans…

 

Pour émouvoir ses paroissiens, Tahar Ben Jelloun aurait pu égrener quelques uns des multiples forfaits sexuels commis par les troupes d’occupation occidentales en Irak. En général, ils sont systématiquement étouffés. De temps en temps, il arrive qu’on en coince un. Alors, on fait un exemple. Uniquement lorsqu’il y a crime de sang.

 

Comme la semaine dernière, en ce 21 mai 2009, où ont été condamnés aux USA, Steve Dale Green, 24 ans, et quatre de ses collègues. Ils ont violé une jeune irakienne de 14 ans, Abeer Qassim Hamza Al-Janabi, alors qu’ils servaient en Irak en tant que soldats, chargés d’apporter civilisation, liberté et démocratie…

 

Ils l’avaient repérée lors de leurs patrouilles. Elle leur plaisait. Ils ont organisé une descente chez elle et l’ont violée, collectivement, devant sa famille. Puis, ils l’ont jetée comme un kleenex. Mais, ils ont un peu dépassé les bornes…

 

En fait, ils l’ont tuée, après usage, avec son père, sa mère, et sa jeune sœur âgée de six ans. Tous. Ces vaillants soldats sont revenus sur les lieux pour brûler le corps. Ne pas laisser de traces…

 

Comme des centaines de femmes et jeunes filles Irakiennes. Violées, il ne leur reste que la prostitution. Phénomène social, inconnu sous la dictature de Saddam, atteignant à présent des chiffres considérables, là encore, occultés par la propagande.

 

L’obsession du sexe en Occident ?... Des milliers d’exemple. Rien que nos campagnes de pub, ne serait-ce que dans la presse féminine, en sont noyées. Mais, non. Pour être un obsédé sexuel, de la possession sexuelle, d’après la propagande, il faut être “enturbanné”.

 

Tahar Ben Jelloun a raison de s’indigner. C’est bien !  C’est beau, un acte solidaire, citoyen, défendre des “valeurs”. Il suffit de ne pas s’égarer dans le manichéisme, sinon l’indignation devient posture. De Tartarin on termine en Tartufe.

 

Regardez le “courage” de nos parlementaires exprimant leur “émotion” et leur “solidarité”, dans un message de soutien officiel de l’Assemblée Nationale, à l’opposante birmane Aung San Suu Kyi qui comparait pour un procès public dans son pays. Eux, si silencieux lors des massacres du Liban, d’Irak, de Gaza, d’Afghanistan. Femmes et enfants, il est vrai, à partir du moment où ils sont musulmans, du moins ceux qui ne mangent pas de camembert et ne boivent pas du vin, n’y ont pas droit…

 

Indignation sélective ?... Racisme ?...

 

Normal en Occident, en matière des “droits de l’homme”, il ne faut jamais confondre la “tendance” et le “tabou”… Le “In”, et le “Out”…

 

Problème : où passe la frontière entre la “tendance” et le “tabou” ?... Où se situe la norme ?... Beaucoup d’intellectuels semblent y perdre le nord. Surtout, quand le gagne-pain est en jeu…

 

 

 

Intellectuels ?...

 

Julien Benda  les fustigeait sous l’appellation de “Clercs”. Du moins, ceux qui trahissaient leur engagement dans des petits calculs partisans, courtisans  ou carriéristes. Au détriment de la défense des valeurs universelles, de la Dignité Humaine.

 

En 1927, il a publié ce grand classique de l’histoire des idées : La Trahison des Clercs (15). La droite de l’époque, extrême ou bien-pensante, fulminait de rage. Juif, elle le traitait de “Rabbi Bendada”. Homme rigoureux, exceptionnel de ténacité, il avait des tripes. Peu lui souciaient injures et diffamations. Peu lui importaient Prix Littéraires et autres colifichets honorifiques. Un exemple pour tous les intellectuels.

 

Et, si Tahar Ben Jelloun, délaissant les Tartines de Tartarinades, avec son talent d’indignation, son courage, nous comblait d’un ouvrage actualisant, dans une suite, celui de Julien Benda ?...

 

Au risque, peut-être, de se fermer les portes de l’Académie française, mais quel panache avec pareil titre :

 

L’Abjection des Clercs !

 

 

 

 

 

 

 

 

(8)  Je fais partie de ceux (nombreux) qui cherchent en vain le moindre écrit de Tahar Ben Jelloun, dans un média francophone, condamnant les atrocités des bombardements de Gaza… J’offre un grille-pain à manivelle au lecteur qui m’en trouvera un.

(9)  Grippe : le massacre des porcs se poursuit en Egypte, Le Monde, 17 mai 2009.

(10) Burgat, François, L’islamisme en face, La Découverte, première publication 1995, dernière mise à jour décembre 2007. Ouvrage indispensable pour comprendre le contexte et les enjeux politiques, au Moyen-Orient en particulier. Excellentes analyses et documentation, d’un niveau introuvable dans les médias français.

(11) Tahar Ben Jelloun, Afghanistan : l'opium et l'obsession de la sexualité féminine, Le Monde, 9 avril 2009.

(12) Je recommande un excellent ouvrage d’initiation ou de vulgarisation sur les religions et spiritualités, avec une iconographie très soignée, Les Grands Maîtres de la Spiritualité, Collection « La Mémoire de l’Humanité », Larousse-Bordas, 1998.

Y sont présentés quelques grands mystiques iraniens qui ont marqué l’histoire de la spiritualité : Al-Hallaj, Ibn Sînâ (Avicenne), Ghazâli, ’Attâr, Sohrawardi, Ibn’Arabi. Ainsi que Djalâl Ad-Dîn Rûmî (admiré de Goethe et Hegel), né en Afghanistan et fondateur en Turquie de la confrérie des Derviches Tourneurs.

(13) Corbin, Henry, En Islam Iranien : aspects spirituels et philosophiques, 2e éd., Gallimard, 1978, 4 vol.

(14) Washington Report on Middle East Affairs, July 2001.

(15) Benda, Julien, La Trahison des Clercs, Les Cahiers Rouges, Grasset, 2003 (première publication 1927).

 

 

 

 

 

Photos d’un échantillon de “Femmes Musulmanes” démontrant leur épanouissement sous la botte “démocratique et droits de l’hommiste” de la soldatesque occidentale. Clichés réalisés par différents auteurs, en Palestine, dont Nayef Haslamoun.

 

 

 

 

 

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 00:30

 

"Au Rwanda, les interventions de journalistes et d'intellectuels haineux jouèrent un rôle essentiel dans la légitimation du génocide, notamment par la désignation quotidienne des Tutsis comme "cancrelats"..."

La Honte - Psychanalyse d'un lien social
Serge Tisseron - Dunod - 2007

 

 

 

Tartines de Tartarinades …

 

Non, ce n’est pas le plat du jour. Juste le “hamburger” quotidien… Junk Food, comme disent nos amis anglo-saxons. Traduisons par “nourriture industrielle”, pour rester poli…

 

Que souhaite nous voir ingurgiter la propagande.

 

De temps en temps, j’aime bien examiner, avec ma loupe et mes pincettes, le degré de “fraîcheur” de cette “nourriture intellectuelle”, servie par nos fast-foods médiatiques.

 

En ce moment, en Afghanistan et au Pakistan, se déroule un des plus atroces nettoyages ethniques de l’époque contemporaine. Plus de 3,4 millions de personnes sont chassées de la vallée de SWAT au Pakistan, frontalière de l’Afghanistan. En fait, un ensemble de vallées.

 

Plus de 3 millions, sous les bombes, dans la famine, la misère, l’exode. A peine le temps d’enterrer ses morts et de charger les blessés sur son dos.

 

Dans l’indifférence…

 

Encore s’agit-il de "statistiques" de l’ONU, dont on sait combien elles sont finement édulcorées. Un carnage et un désastre humanitaire qui vont dépasser ceux vécus, récemment, au Burundi, au Ruanda et au Congo.

 

Il est vrai que l’Occident, dans sa paranoïa musulmane, se doit de “casser” l’Afghanistan et le Pakistan. Comme pour l’Irak. En attendant de passer à l’Iran. Il convient, en conséquence, de “casser” les "résistants". Ceux qui s’opposent aux occupations militaires, aux déplacements de population, aux tueries organisées par des puissances étrangères.

 

Recette classique : les résistants sont qualifiés de terroristes. Mais, le mot s’étant banalisé, la propagande les carbonise médiatiquement dans un raccourci commode, ils sont transformés en “Talibans”. Peinturlurés, dans la fantasmagorie de l’hystérie des médias, en adjoints de Lucifer.

 

Pour raviver l'image phobique, on y rajoute une tranche de sexe. Comme autant de poivre ou de piment rouge. Les Talibans sont des obsédés du sexe, des violeurs. Rien de bien neuf.

 

On nous ressert “La Femme Esclave des Barbus”, dans un scénario assaisonné de psychanalyse de sandwicherie, à la Malek Chebel ou à la Abdelwahab Meddeb. Thème traité par Atiq Rahimi, dans le dernier prix Goncourt, encensé par l’appareil de désinformation. Comme il se doit.

 

Oui, mais le sexe fait vendre dans nos sociétés occidentales. Pour le moment, le marketing du lobby belliciste ne trouve pas mieux pour accrocher le chaland et justifier la barbarie de ses actes quotidiens.

 

Alors, la propagande active ses cuistots chargés d’emballer, de servir, cette cuisine avariée, redoublant d’efforts. Les ingrédients ne pouvant changer, on "relooke", jouant sur la présentation, l’éclairage, le décor, l’uniforme des serveurs. Jusqu’à la tête des serveurs…

 

Cette agitation, face à la réticence de l’opinion publique devant ces massacres à répétition perçus malgré censure et désinformation, me rappelle celle de Tartarin de Tarascon d’Alphonse Daudet et ses fanfaronnades pour chasser le lion en Afrique.

 

Partir à la chasse de ce monstre hybride : le “Taliban-obsédé sexuel-violeur”. Pour sauver la femme afghane, pakistanaise. Par extension : la femme iranienne. Par généralisation : la femme musulmane. A présent, défendre le sexe de la femme musulmane, menacé, maltraité, profané, par “les barbus enturbannés”…

 

Eternelle posture matamore de l’Occident.

 

On en rirait, si contexte et conséquences n’en étaient pas aussi tragiques.

   

 children-AfPakbis.jpg

 

 

Emballage au ruban de soie

 

Les serveurs de ces Tartarinades sont légions. Dans tous les segments de notre société. Je ne m’attarderai pas sur les multiples exemples. Dans ce grouillement, j’en ai retenu quelques uns. Bref rappel…

 

Kouchner, ministre des Affaires Etrangères de la France, on se doit de le citer. En France, il est le chef publicitaire des menus imposés par les officines de la propagande (1) :

“… L'avenir de la démocratie passe par les femmes. Sans les femmes en Afghanistan, il n'y aura pas de progrès. (...)", a déclaré M. Kouchner au dernier jour de sa visite, accompagné du représentant spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan Pierre Lellouche (2).

"Nous avons senti dans nos rencontres (...) un courage admirable chez les femmes afghanes", a-t-il souligné.

La situation des Afghanes est dramatique dans ce pays très conservateur. Outre les crimes d'honneur, courants dans les zones rurales, les défenseurs des droits de la femme y sont régulièrement la cible de violences.

… M. Kouchner s'est dit "très attentif" au "combat" des Afghanes, promettant que la France les "soutiendra à fond" si elles s'organisent en un quelconque rassemblement politique”.

 

Dans cette rhétorique, un point intéressant à relever :

“… Le ministre français a également rencontré le président afghan Hamid Karzaï à deux reprises, notamment pour évoquer la liberté de la presse --plusieurs journalistes afghans croupissent en prison pour offense à l'islam, religion officielle-- et l'élection présidentielle du 20 août.

… Ce scrutin sera "un moment décisif de notre présence", a-t-il jugé, car "si les élections sont souillées, apparaissent comme truquées ou incomplètes, si la sécurité n'est pas assurée, alors il sera difficile d'expliquer au peuple français, réticent à cet engagement, le maintien de notre présence" en Afghanistan”.

 

Passons sur l’inévitable relent de cuisine islamophobe :

“… pour offense à l’islam, religion officielle…”, et concentrons-nous sur le propos magique : “élections présidentielles du 20 août prochain”…

 

Ainsi, les femmes Afghanes iront voter “utile”, contrairement à leurs hommes. Ce ramassis de barbus sauvages qui n’ont rien compris à la rayonnante “démocratie occidentale”. Se dirigeant vers les bureaux de vote, lors d’une “Journée de la Jupe”, string déployé, accompagnées de la fanfare de la glorieuse association Ni Putes Ni Soumises… (3)

 

 Comment véhiculer pareilles fables, et faire semblant d’y croire ?...

 

Comment penser, un quart de seconde, que des élections libres, fiables, puissent se tenir dans un pays en guerre, occupé militairement ?...

 

Où sévit une terrible famine dans les campagnes : 8 à 10 millions de personnes souffrent de malnutrition d’après les statistiques officielles (4). Ecrasé de bombes au quotidien.

 

Où déplacements de population, massacres de civils, se succèdent, sans arrêt. Essentiellement des femmes et des enfants. Ces dégâts collatéraux pour lesquels forces d’occupation des USA et de l’OTAN simulent des excuses ou des regrets, dans leurs communiqués stéréotypés. Tout en continuant.

 

Ce ne sont, ce ne seront, qu’élections “truquées”, comme en Irak, où les chefs de tribus dans les campagnes, et les responsables de quartiers dans les villes, votent collectivement, sous la contrainte, apportant le paquet de voix dont ils sont détenteurs, d’après fiches et listings des forces d’occupation, en faveur du candidat qui leur est désigné.

 

Dans les bureaux de vote, car il en faut bien pour la mise en scène médiatique ou lors des tournées bien balisées des “observateurs indépendants”, les votants qui passent par l’isoloir doivent remettre à la sortie, au coin de la rue, les bulletins (interdiction ou impossibilité d’en prendre plus d’un par candidat…) de celui ou de ceux pour qui il ne fallait pas voter, suivant les instructions des autorités. Autres candidatures qui ne sont, dans la plupart des cas, que des figurants consentants. Dans un simulacre de choix électoral.

 

Dans le cas contraire, c’est la suppression assurée de la “carte de ravitaillement” et l’impossibilité d’obtenir le moindre papier administratif. Quand ce n’est pas le passage en salle de tortures…

 

Telle est la réalité de la parodie des “élections” en Irak et en Afghanistan. Telle est la réalité qu’on veut, à présent, imposer à Gaza. Un bulletin de vote “utile”, contre une “carte de ravitaillement”.

 

Mais, Kouchner est sûrement quelqu’un d’honnête.

 

Il n’a simplement pas le temps de vivre avec les populations occupées, terrorisées, affamées, déracinées, jetées sur les chemins sans abri, par la violence des armées occidentales. De s’informer, d’exercer son esprit critique. Il ne sait pas, ne cherche pas à savoir. Trop sollicité. Trop  occupé à diffuser la bonne parole des bienfaits de l’Occident. Pas le temps.

 

Oui. Probablement. C’est la faute à : “Pas le Temps”…

 

Autre genre. Même les snobs, retroussant les manches, rejoignent “la chasse aux barbus”.

 

Fi donc !

 

Dans une émission de TV (5), je regardais la délicate Eliette Abécassis, drapée de soie, ombrée de blush, irisée de mascara, nous recommander son choix d’ouvrages à lire. Parmi eux, celui écrit par une iranienne sur son viol en Iran. Inévitablement.

 

Je n’en ai pas retenu le titre. Simplement les non-dit. Soupirant, combien était détestable “le fanatisme religieux”. Sous-entendu susurré : on ne viole que par fanatisme religieux et cela, évidemment, ne peut se produire que dans des pays musulmans, et plus particulièrement en Iran Chiite…

 

Avec l’assurance, dans la formulation de ses commentaires, d’une double légitimité. Le sujet de sa thèse, nous précise son site officiel, porte sur “Le Mal”. Et, sa famille n’est-elle pas originaire d’un pays musulman : le Maroc ?...

 

Elle a même écrit, nous précise-t-elle, sur le “fanatisme musulman” : “… Dans « Le Trésor du Temple », j’évoque la question du fanatisme musulman à travers une secte. Cela était évidemment lié à une fraîche actualité. Je m’inspire constamment de ce qui anime mon quotidien en terme de faits, d’informations et d’actualités” (­­6).

 

Perle rare : une spécialiste du “Mal”, inspirée “constamment” par les faits, les informations, et l’actualité !…

 

Bizarre, cependant…

 

Elle adore Jérusalem (7), où elle s’est mariée. Bien. Séjournant souvent en Palestine. Formidable, pour une intellectuelle inspirée “constamment” par les faits, les informations et l’actualité. Les témoignages de première main vont fuser, se dit-on…

 

Curieusement, elle ne semble pas y constater, percevoir, sentir, “Le Mal”, lors de ses séjours. Pourtant…

 

Par delà massacres, destructions, humiliations, persécutions, les témoignages, soigneusement occultés par les médias occidentaux, de viols, de tortures sexuelles, de femmes et jeunes filles Palestiniennes dans les prisons israéliennes, abondent

 

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Ne parlons pas des viols des femmes Irakiennes, dans les prisons gérées par les occidentaux dans ce pays proche de la Palestine qu’est l’Irak. Que dire des milliers de femmes et d’enfants tués, mutilés, par les armées d’occupation occidentales, en Afghanistan, qui dure depuis plus de sept ans… Trop loin, peut-être ?...

 

Et, puis, ce serait indécent…

 

Le raffinement, la distinction, l’élégance, c’est cela : voir ce qui doit être vu, dire ce qui doit être entendu, détourner le regard de l’obscène.

 

Normal.

 

Bernard Kouchner, Eliette Abécassis, représentent les archétypes de ceux qui affirment, sur des registres d’expression différents, leur sympathie et leur activisme communautaires.

 

Libre à eux.

 

Laissons donc de côté la “Bonne Foi”, et admettons lucidement que c’est, de la part de ces “responsables” et “intellectuels”, de “Bonne Guerre”…

 

 

 

 

Photos:

i)  Norwegian Refugee Council : « 1000 enfants tués en Afghanistan en 2009 » (1000 children killed in Afghanistan) http://www.nrc.no/?did=9493701

ii) Fillettes Palestiniennes criant leur révolte au passage de la soldatesque d'occupation - AANews Services - juin 2010

 

 

 

 

N.B. Le texte étant tronqué par le serveur, il a été scindé en  deux.

Suite deuxième partie :

Tahar Ben Jelloun et les Talibans : Tartarin et les Lions… (2)

 => Hamburger au hachis de porc

 => Sauce “blue cheese”

 => Trous de gruyère ou de mémoire

 

 

 

 

 

(1)  Tournée diplomatique – Kouchner : “Sans les femmes en Afghanistan, il n’y aura pas de progrès”, Le Point, 16 mai 2009.

(2)  Cf. Pierre Lellouche in : Livre Blanc de la Défense Nationale ou Chèque en Blanc ?...

(3)  Lire le remarquable article de Mona Chollet, Ils ne comprennent que la force, du 12 avril 2009 sur le film, avec Isabelle Adjani, La Journée de la Jupe, http://blog.mondediplo.net/2009-04-12-Ils-ne-comprennent-que-la-force

(4)  Cogan, James, Millions face starvation in Afghanistan, 9 January 2009, http://wsws.org/articles/2009/jan2009/afgh-j09.shtml

(5)  France 2 – TV5 - Télématin

(6)  http://pagesperso-orange.fr/mondalire/abecassis.htm

(7)  “… Elle est attachée à cette ville comme à une personne. Elle s’y marie en 2002. Elle a rencontré son futur époux deux ans auparavant, au cours d’un vol Tel-Aviv-Paris…”. http://www.vsd.fr/contenu-editorial/en-coulisses/cv-de-stars/849-eliette-abecassis

 

 

 

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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 19:28



Les immenses manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza, partout dans le monde, commencent à inquiéter les milieux “ziocons” (1). Même à New York, se déroulent, à présent, des manifestations dénonçant les crimes sionistes en Palestine !...

 

A New York ?… Du jamais vu.

 


Pourtant, tout avait été envisagé par les “Psy Ops”. Les spécialistes de la guerre psychologique. Ceux qui conçoivent, programment et mettent en œuvre la guerre psychologique : les Psychological Operations.

 

Grands spécialistes d’intox, d’hystérie collective, de diabolisation, “demonization” comme ils disent : chefs d’Etat qui ne conviennent pas à leurs employeurs, pays, opposants politiques ou écologiques.

 

Car, ils travaillent en permanence sur deux grands axes : paralyser toute opposition aux décisions des “ziocons” et de leurs alliés : le Big Business. Celui de la prédation : industrie de l’armement, chimie, mines, énergie pétrolière et atomique. C’est le volet “défensif” de leur job.

 

Et, tout aussi important, l’autre volet qui se veut “offensif” : préparer, chauffer à blanc les opinions publiques pour soutenir les guerres choisies, les bombardements massifs, les massacres de populations, décidés par leurs maîtres.

 

Ils sont très forts, les Psy Ops. En arriver à banaliser, dans l’opinion publique occidentale, la pire des pratiques contre Les Droits de l’Homme et La Dignité Humaine : la torture !... Jusqu’à faire admettre, à cette opinion publique, la diminution de ses propres libertés, d’expression, de réunion… Au nom de la lutte contre le terrorisme, qu’est ce qu’on ne lui fait pas avaler !...  Mais, il ne faudrait pas qu'elle se réveille…

 

Conditionner l’information des opinions publiques et l’action de leurs gouvernements en politique étrangère est, donc, fondamental. En Occident d’abord, dans le monde ensuite. Ils ont de gros moyens. Financiers et techniques. S’appuyant sur des relais patiemment achetés, cumulés, noyautés, au fil des ans.

 

Tout particulièrement, les médias : radios, journaux, TV. Sans oublier d'autres relais plus camouflés : ONG, associations. Milieu de plus en plus gangrené. Qui sous des noms à belles connotations humanistes ne sont, souvent, que des instruments de propagande.

 

Tant et si bien qu’aux USA (2), par exemple, la diversité et la liberté d’information est analogue à celle de l’Union Soviétique dans les années soixante. Les TV, radios, journaux, malgré leur multitude, ne diffusent qu’une pensée unique, monolithique, dès qu’il s’agit de politique étrangère. L’Europe ne va guère mieux, sous une uniformisation moins voyante. Quelques espaces restent préservés. Internet, quelques temps encore.

 

Les Psy Ops ne sont pas arrivés à museler Internet. Mais, ils y travaillent et projettent d’y arriver. Les essais sont en cours, actuellement, en Australie.

 

 

 

Mensonges et petits pains industriels

 

C’est le traitement industriel de l’information, capable de fabriquer des mensonges à la chaîne, comme des petits pains. Dans la gêne il n’y a pas de plaisir dit-on. Alors, on ne se gêne pas. Il y avait eu le galop d’essai, cet été, dans le Caucase. Avec l’agression de l’Ossétie du sud par la Georgie. Encadrée, financée, armée par les israéliens, les USA et l’OTAN.

 

Vous vous souvenez ?... C’était pendant les J.O de Pékin…

 

La propagande occidentale, sans état d’âme, étalant cynisme et mensonges, nous bourrait le crâne. Soutenant que les méchants Russes avaient déclenché le conflit et envahi la Georgie. Alors que c’était le contraire. Chantant les louanges de la vertueuse et démocratique Georgie. Même si tout le monde savait que ce pays, protégé par l’Occident, est un des plus corrompus et violents au monde.

 

N’importe, tous les arguments concoctés par les Psy Ops étaient bons : faire croire que la lune est carrée, n’est-il pas la finalité d’une propagande ?…

 

A présent, face aux massacres des Palestiniens de Gaza, la même propagande martèle qu’Israël est agressé par le Hamas. Israël, une des armées les plus richement dotées de la planète. Forte d’un stock de plus de 200 bombes atomiques, possédant plus de missiles de toutes portées, d’avions de combat et de véhicules blindés “opérationnels” que les 27 pays européens réunis.

 

Agressé par des résistants armés de pétoires et de gros pétards, qu’ils envoient pour écorner les toits des maisons construites sur leurs terres. Pour crier qu’ils en ont marre de voir un Etat terroriste refusant d’appliquer une quarantaine de résolutions de l’ONU, voler leurs terres, les emprisonner sans jugement, les torturer, les assassiner. Pour enfermer les survivants dans un camp de concentration, et les affamer.

 

Difficile de camoufler le carnage actuel sous l’appellation de “guerre”. Comme si les habitants de Gaza  avaient des canons, des chars, des avions, des hélicoptères, une défense anti-aérienne… Beaucoup de médias n’hésitent pas, cependant, dans la surenchère. Ne cessant de parler de “guerre” opposant deux armées… Dans un bel élan de conscience professionnelle.

 

A la longue, toutefois, ces massacres, crimes de guerre, crimes contre l’Humanité, cela devient énorme à faire avaler à l’opinion occidentale, même la plus anesthésiée. Là encore, c’est un trésor, nullement amoindri par la crise, de millions de dollars et d’euros, dépensé pour nous soutenir que la lune est carrée…

 

Pour justifier l’horreur actuelle, on introduit quelques variations dans la propagande, la diabolisation. “C’est la faute du Hamas…”, nous soutient-on.

 

Comme le disait le chanteur Michel Fugain : “Que voulez-vous, ils ont voté le Hamas…”. Sous-entendu : “Bien fait pour leurs gueules, ils n’avaient pas qu’à mal voter…”. (3)

 

Il me rappelait la phrase célèbre du Chef d’état-major de l’armée de l’Air israélienne, Dan Halutz, au retour d’un bombardement sur Gaza, lors d’un massacre antérieur. Alors qu’il n’était que commandant en Chef de l’armée de l’Air.

 

Qu’avait-il ressenti ?... Lors du largage de ses bombes et missiles sur des quartiers aussi densément peuplés, lui demandait-on :

J’ai ressenti un légère secousse à l’aile droite”.

 

Oui. Que voulez-vous ?... Il faut de tout pour faire un monde.

 

 

 

La problématique de “l’importation”

 

Face au développement mondial du soutien aux Palestiniens, les spécialistes des Psy Ops passent fiévreusement au plan “B”. Bien sûr, ils vont utiliser les traditionnelles recettes : l’oubli, le dénigrement et la culpabilisation.

 

L’oubli : le mieux c’est de ne pas parler des massacres. La priorité : c’est la  neige. Ou le pédophile du coin. Faire glisser les massacres de "la une" à "la dernière" page, radiophonique, télévisuelle ou papier. Si possible, ne plus en parler du tout. Les pressions s’exercent sur les rédactions. Cela ne devrait pas poser beaucoup de résistance. Elles sont dans leurs poches depuis longtemps.

 

Le dénigrement : casser les “manifs” en infiltrant des provocateurs pour briser des vitrines et renverser des voitures. Comme on l’a vu à Paris, à Nice à Oslo, à Londres. Affoler le bourgeois et provoquer une assimilation entre protester et vandaliser. Dans certains pays, on utilise même dans ce jeu les élèves des écoles de police encadrés par des moniteurs, transformés ainsi en “casseurs” le temps des manifs. Excellents travaux pratiques…

 

L’image est ainsi forgée : un protestataire ne peut être qu’un vandale. Et, un vandale n’est pas habilité à protester contre un massacre. On s’arrange avec les médias pour qu’ils ne photographient ou ne filment, et surtout, ne diffusent, que les images sur les “casseurs”. Surtout pas d’images sur les dizaines de milliers de manifestants se côtoyant pacifiquement.

 

L’objectif étant de justifier, à terme, l’interdiction de toute manifestation de soutien. Pour trouble à l’ordre public. Il ne faut surtout pas que ces manifestations s’étendent au point d’atteindre en ampleur ce qu’on a vu, pendant de nombreux mois, lors de la guerre du Vietnam. Depuis, on sait torpiller un mouvement contestataire.

 

La culpabilisation, sous différentes formes. La plus artisanale : quelques bouteilles incendiaires sur des synagogues, envoyées par des provocateurs dûment “briefés” et “monitorés”, pour reprendre le jargon, afin de tétaniser toute velléité de critiquer Israël. Permettant, en plus, aux politiciens de jouer les outrés. Remarquez-le, on n’en trouvera jamais les auteurs…

 

Le principal dans le registre de la culpabilisation, c’est le discours véhiculé par les politiciens de service sur “l’importation”. Il ne faut pas “importer” un conflit qui se déroule sur un autre continent !...

 

Curieux de la part de politiciens qui eux, ou elles, importent une idéologie, une politique sans problème. Celle des “ziocons”. On va jusqu’à envoyer des soldats français dans des conflits en Afghanistan, suivant les instructions des “ziocons”, à des milliers de kilomètres.

 

Autrement dit : importer l'idéologie et la politique des "ziocons" : Oui ! Contester cette importation : Non !

 

Dans cette brillante logique : Protester contre des massacres, la politique d’un Etat terroriste, tout ce qui est contraire au respect élémentaire des Droits de l'Homme, est inadmissible, à partir du moment où il s’agit d’une "importation" venant des "ziocons"… (4)

 

Etrangement, les politiciens s’adressent, essentiellement, aux “banlieues”… Tellement conditionnés, qu’ils en deviennent étrangers à la réalité du pays.

 

Car, les “banlieues” savent, depuis longtemps, faire la différence entre une idéologie coloniale, le sionisme, et une religion monothéiste dont tous les fondements sont reconnus par les deux autres, chrétienne et musulmane, le judaïsme. Plus important, ils savent que de nombreux juifs et intellectuels ne se reconnaissent pas dans ces massacres et même dans l’idéologie du sionisme.

 

Pour renforcer leurs effets, les politiciens sortent de leur chapeaux les épouvantails classiques : les risques du communautarisme, risques de dérapages antisémites. En clair : solidarité et liberté d’expression, trop visiblement exprimées, font désordre…

 

Remarquons, au passage, que chez ces gens-là, l’islamophobie est inconnue. Se voulant accusateurs à l’égard d’une partie de la population seulement. Politiciens, plus hypocrites que démocrates, ils n’hésitent pas, par petites touches successives, à faire émerger le délit favori des dictatures : “le délit d’opinion”.

 

Humainement ?... Leur attitude ?... Devant ces massacres de Gaza, ces crimes contre l’Humanité ?...

 

Rien.

 

Ils ne ressentent rien.

 

Même pas, “une secousse dans les ailes”… Il suffit de les écouter. Ils ne se mobilisent pas contre les tueries, les crimes, les horreurs, la souffrance : non !... Leur priorité : soupçonner, accuser, incriminer, diffamer, ceux qui manifestent contre le crime. Se mobilisant dans la volonté de culpabiliser ceux qui protestent contre l’horreur.

 

Culpabiliser la victime et culpabiliser le témoin…

 

Les politiciens n’ont pas encore compris que le terrorisme intellectuel qui avait cours en Occident, sur la crainte d’antisémitisme dès qu’on osait critiquer la conduite irresponsable et criminelle de l’Etat d’Israël n’avait plus cours. Le Massacre des Innocents à Gaza aura permis de tourner cette page. Celle de la lâcheté intellectuelle.

 

Mais, pratiquant “l’importation” du déni du crime et de l’horreur, ils refusent aux autres l’éveil, la révolte, l’insurrection des consciences.

 

Que voulez-vous ?...

 

Il faut de tout pour faire un monde.

 

Même, d’immondes salopards.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Rappelons que le terme anglo-saxon “ziocons” est l’expression imagée résultant de la contraction entre “zionists”, désignant l’extrémisme sioniste, et “conservatives”, les membres de l’extrême-droite américaine. C’est cette coalition fanatique et belliciste qui dirige actuellement la politique étrangère américaine et européenne.

(2)  Rendons, une fois encore, hommage au rôle aux USA de sites d’information courageux, authentiques “dissidents” par rapport à la censure ambiante, tels que CounterPunch. Réunissant des plumes talentueuses, y compris dans le milieu des intellectuels juifs américains.

(3)  Le chanteur Michel Fugain a prononcé ces paroles, pétries d’humanité et de sensibilité, lors du JT de la mi-journée animée par Marie Drucker sur une TV française, le dimanche 11 janvier 2009…

(4)  Saluons le courage polltique du sénateur de l'Essone, Jean-Luc Mélenchon, qui a participé au grand défilé de soutien aux Palestiniens de Gaza, à Paris. Retenons qu'aucun des deux principaux partis politques, UMP (droite) et PS (gauche), n'avaient daigné envoyer une délégation de solidarité dans cette manifestation, pour protester contre les massacres...

 

 

 

 

 

 

Cartoon : Seyran Caferli – Azerbaïdjan






 

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 11:12

 

“… Hades ! We’re wading in death, blood and amputees. Many children. Pregnant women. I’ve never experienced anything this horrible. We’re hearing tanks now. Tell it, pass it on, shout it. DO SOMETHING ! DO MORE !...”

 

“… L’enfer ! Nous pataugeons dans la mort, le sang et les amputés. Beaucoup d’enfants. Femmes enceintes. Je n’ai jamais vécu quelque chose d’aussi horrible. Nous entendons les chars d’assaut à présent. Dites-le, faites-le circuler, criez-le. FAITES QUELQUE CHOSE ! FAITES TOUT CE QUE VOUS POUVEZ !...”

 

Extrait des messages que deux médecins norvégiens réussissaient à envoyer en Norvège depuis Gaza, enfermés dans l’hôpital de Shifa. L’anesthésiste, professeur en médecine, Mads Gilbert et le chirurgien Erik Fosse. Les deux seuls médecins européens présents, sur place, depuis le début des massacres.

 

Ils ont bouleversé la Norvège.

 


Ce sont deux médecins spécialistes des interventions médicales en zones de guerre. Expérimentés. Ayant côtoyé à plusieurs reprises l’horreur. Mais, à Gaza, ils se sont trouvés confrontés à l’horreur absolue. Devant un carnage et des conditions sanitaires innommables.

 

C’est tuer des gens enfermés dans une cage…”, d’après leurs propres termes.



Envoyés par le Norwegian Aid Committee (NORWAC), ils ont réussi à entrer dans la bande de Gaza, le 31 décembre dernier, à partir de l'Egypte, afin de renforcer l'équipe médicale palestinienne. Démentant, par leur exemple et leur courage, les prétextes invoqués par les médias occidentaux, la main sur le cœur,  assurant impossible d’être présents sur place et de pouvoir informer…

 

Confrontés à une situation qu’on ne peut imaginer, censurée, occultée par les médias occidentaux, dont la responsabilité morale est écrasante dans ce Crime contre l’Humanité.

 

Après 18 mois d’embargo, de blocus, aucune possibilité de se procurer des médicaments notamment ceux indispensables à des interventions de chirurgie lourde, telles que les nombreuses amputations auxquelles ils devaient faire face. Sans compter avec le manque d’infrastructures minimales, en particulier les groupes électrogènes permettant d’avoir de l’électricité en continu pendant les opérations…

 

La Norvège s’est solidairement mobilisée. Il y a eu des manifestations dans 28 villes.

 

Hier soir, jeudi, dans le froid, 40.000 norvégiens se sont réunis au centre d’Oslo, avec des bougies pour protester. Impressionnant. Emouvant.

 


Dans la journées tous les trains et tramways de Norvège ont marqué un arrêt de deux minutes pour observer un silence, en solidarité avec les victimes du carnage de Gaza.

 

Les 6 principaux syndicats professionnels et de nombreuses associations se sont mobilisés pour demander à l’Etat norvégien d’arrêter tous projets d’investissement ou de coopération économique avec l’Etat d’Israël.


Le principal syndicat du secteur de la distribution, The Union of Trade and Office Workers, appelle tous ses membres à se mobiliser pour demander à leurs employeurs de boycotter les produits israéliens. Un autre syndicat, The Confederation of Norwegian Trade Unions condamne l’action d’Israël et appelle ses membres à manifester.


Jusqu’à l’Eglise de Norvège, The Norwegian Church, qui condamne officiellement ces crimes !... 

 

Notons-le, encore une fois.


Comme dans tous les pays européens, ce ne sont pas les politiques qui se sont mobilisés, mais bien la société civile. Pour faire bouger ces castes au pouvoir, paralysées par les lobbies sionistes, incapables d’assumer les responsabilités qui leur sont confiées par la collectivité qui les élit.

 

Celles de travailler pour un monde de paix, de solidarité, et de respect de La Dignité Humaine.

 

La société civile de Norvège, et ses médias, ont donné un magnifique exemple de mobilisation.









Photos :

Le professeur - anesthésiste Mads Gilbert à Gaza
& l'énorme manifestation de soutien des habitants d'Oslo
aux Palestiniens de Gaza.






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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 18:18

 


Nos médias de la propagande occultent l’immense soutien, dans toutes les parties du monde, aux Palestiniens. Notamment pour ceux enfermés dans le ghetto de Gaza, population livrée à l’arbitraire d’une soldatesque ivre de violence, avec la complicité des castes politiques internationales.

 

Propagande, privatisée et publique…

 

L’une et l’autre rivalisant dans l’abjection de la désinformation et du mensonge. Celle des médias publics se distinguant par son zèle cynique. Véhiculant uniquement les déclarations des représentants du gouvernement et de l’armée de l’entité coloniale. Renforcées des commentaires serviles des “correspondants” de ces mêmes médias, à Tel Aviv…

 

Et, dire que certains s’inquiètent des menaces sur “la liberté”, “l’indépendance”, de nos “médias publics”, dès lors qu’on supprimerait tout apport de budgets publicitaires ou qu’on modifierait le mode de nomination de leurs dirigeants !...

 

N’importe quoi …

 

Partout, Europe, Asie, Amérique latine, ce n’est que condamnation des crimes de la colonisation occidentale dans cette partie de notre planète.

 

Rien qu’en Grande-Bretagne, samedi dernier, ce sont 18 manifestations dans différentes villes qui se sont tenues. Les plus importantes depuis l’invasion et la destruction de l’Irak.

 


 

A Londres, plus de 60.000 personnes se sont rassemblées au cœur de la ville.

 

Bien sûr, les  médias n’en parlent pas.

 

Devant la rue menant à la résidence du Premier Ministre, le 10 Downing Street, barrée par les forces de police, ce sont plus d’un millier de chaussures qui ont été jetées !... En souvenir du geste héroïque de Muntazir Al-Zaydi.

 

Cette manifestation a réuni des gens de toute croyances et de toutes provenances. Notamment, des juifs orthodoxes qui n’ont pas hésité à manifester un samedi, jour de sabbat, pour condamner les dérives sanguinaires du sionisme.

 

Evidemment, les médias n’en parlent pas. N’en montrent aucune image…

 

Soucieux uniquement de véhiculer la propagande guerrière, hyper violente, justifiant les pires crimes, assouvissant la mégalomanie raciste et prédatrice de la ploutocratie au pouvoir en Occident.

 

Remarquez-le : Les rares photos ou images publiées par les médias ne le sont que pour illustrer qu’il ne peut s’agir que de musulmans. Ou, des sauvages, fanatiques brûleurs de drapeaux. Quand ce ne sont pas des casseurs de vitrines ou de voitures…

 

Manœuvres, classiques, de désinformation destinées à déconsidérer ces manifestations, via des provocateurs infiltrés. Et, d’une pierre faisant deux coups, à entretenir l’islamophobie, dans cette fantasmagorie du “clash des civilisations”.

 

Mais, “l’insurrection des consciences”, qu’ils le veuillent ou non, propagande ou pas, provocation ou pas, est bien là.

 

Signe, témoignage, que rien, en ce siècle, ne pourra s’édifier contre la Justice, au mépris du respect de La Dignité Humaine.





 



Sur Gaza consultez le Blog de notre ami Chahid : http://chahids.over-blog.com/


Photo : The Guardian









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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 14:40

 

 

De Versailles …

 
« Nous ne manquerons plus de pain, nous ramenons le boulanger, la boulangère, et le petit mitron »
. Célèbre refrain chanté par les manifestants ramenant le roi Louis XVI, la reine et le prince héritier, de Versailles à Paris. Après deux journées d’échauffourées, provoquant la mort de quelques protestataires et membres de la garde royale.

 
Evènement marquant : essentiellement des femmes, environ 7.000 d’après les estimations de l’époque. Faisant le trajet à pied, depuis Paris, pour protester et exprimer leur colère au roi de France, contre l’explosion des prix et l’impossibilité de trouver de la farine pour confectionner du pain. C'était le 6 octobre 1789, en début d’après-midi.

 

 

Manifestantes parisiennes en route vers le palais royal de Versailles

 

Une mise en cause populaire des symboles du pouvoir. D’une politique économique, dans un des pays les plus riches du siècle, ne cessant d’enrichir les riches par de perpétuels cadeaux fiscaux, octrois de sinécures, prébendes et monopoles.

 
Ecrasant d’impôts le reste de la population, non sur leurs revenus déjà très faibles, mais par un système de taxation sur la consommation, aggravé d’une spéculation sur les produits de première nécessité, entretenue par les hommes de paille des privilégiés du régime. Au point d’en arriver, pour ces populations méprisées par l’aristocratie, dans la pauvreté, au seuil de la famine.

 
Disette, famine, misère, explosion des prix des denrées de base, étaient des fléaux récurrents en ce 18° siècle. Mais, trois siècles plus tard, les mêmes n'en continuent pas moins de secouer des pays, sur plusieurs continents. Avec une intensité variable suivant leur niveau de développement économique.

 

 
A Calcutta …

 
Pas aussi dramatique que la famine de 1943, avec 3 millions de morts, dans la province du Bengale, me direz-vous. Amartya Sen, avait 9 ans à l’époque. Il en a été marqué à vie. Indien, originaire du Bengladesh, il a été un des premiers chercheurs à s’interroger sur les mécanismes et origines des crises alimentaires (1).

 
Il publia en 1981, Poverty and Famines : An Essay on Entitlement and Deprivation, dans lequel il démontrait que la famine de 1943, n’était pas la conséquence d’un manque de produits alimentaires. Au contraire, cette année là, la production agricole avait été supérieure aux années précédentes et toutes les ressources alimentaires étaient sur place. C'était les inégalités sociales et économiques, dont la quintessence s’exprimait dans les mécanismes de distribution des produits alimentaires, qui l’avaient provoquée.

 
Le Bengale, province de l’Inde alors colonie britannique, était miné par une injustice sociale qui provoquait une paupérisation dans les campagnes et dans les villes. Les achats importants de produits alimentaires par l’armée britannique, en lutte contre le Japon dans cette partie du monde sur différents théâtres d’opérations (dans la Birmanie voisine, en particulier), faussaient l’équilibre du marché, provoquant des augmentations impossibles à suivre par les plus modestes.

 
S’ajoutaient d’autres phénomènes pervers suscitant une panique, démultipliant la spéculation : constitution de stocks spéculatifs par une oligarchie soucieuse de profits immédiats et élevés, en complicité avec l’administration coloniale dont les membres éminents s’enrichissaient outrageusement. Avec, en conséquence, la manipulation des prix dans des hausses vertigineuses (2), facilitée par la maîtrise du circuit de distribution lié à cette même oligarchie.

 
Preuve, terrifiante par son coût humain, que l’autorégulation d’un marché, quel qu’il soit, est un mythe créé par des “économistes”, zélotes du “capitalisme sauvage”.

 
Colères, émeutes grondent, aujourd’hui, aux portes des pays riches, comme aux portes du palais de Louis XVI en son temps.

 

 
De Rome …

 

Ils étaient donc tous là : boulangers, boulangères et petits mitrons. Les “grands” et “petits décideurs” de ce monde. Du 3 au 5 juin, à Rome, rassemblés en un sommet de l’organisation de l’ONU spécialisée dans l’agriculture  et l’alimentation : la FAO (Food and Agriculture Organization). Du moins, institution conçue pour en anticiper et résoudre les problèmes, tout en assurant un minimum de cohérence dans leur résolution. (3)

 
Une des rares interventions pertinentes a été celle du représentant de la Suisse, Manfred Boetsch, directeur de l’Office Fédéral de l’Agriculture. Lui seul a dégagé la synthèse de la situation actuelle :

L’agriculture industrielle a échoué. L’agriculture familiale est la réponse au défi alimentaire”.


Tout est dit.  


Bien sûr, les médias dominants ne s’en sont pas fait écho, préférant "retartiner" les dépêches des agences de presse, copies conformes des communiqués des instances officielles. Pour nous livrer, une fois encore, leur traditionnelle bouillie. Eric de Ruest en a clairement épinglé les travers : Les Fausses Explications de la Crise Alimentaire dans la Presse (4).

 

Il évoque le cas emblématique d’Haïti qui, à lui seul en résume bien d’autres. Ce pays connaissait l’autosuffisance alimentaire, avant l’installation par l’Occident de la dictature de la famille Duvalier (5). Sa paysannerie a été éradiquée par l’importation du riz et autres produits alimentaires des pays occidentaux, subventionnant leurs producteurs. Provoquant une misère dont il ne peut sortir. Avec, aujourd’hui, un prix du riz augmentant de 200 %.

 

En fait, les mécanismes des crises et tensions sur les produits alimentaires sont connus, mais on ne les remet pas en cause : trop d’intérêts, financiers ou géopolitiques, et de création de fortunes faciles, en jeu.

 

L’agriculture industrielle, imposée par les pays occidentaux, avec une spécialisation dans des monocultures, a profondément déséquilibré l’économie des pays en développement, tout en accentuant inégalité économique et sociale. Coton, café, cacao, fruits (ananas ou bananes), céréales, élevage, dans d’immenses propriétés aux mains d’oligarchies qui sont le plus fervent soutien de la néocolonisation de leurs pays, servant d’écran à des multinationales (6). Rendant ces pays tributaires des marchés internationaux et des importations pour les produits alimentaires de base, dont les cours sont maîtrisés par les grands groupes agroalimentaires et leurs courtiers.

 

Car le marché international est le dernier à appliquer les principes de la “libre concurrence”. Ce sont des rentes de situation qui sont entretenues et protégées, grâce aux subventions à l’exportation accordées aux producteurs occidentaux, et au monopole de la distribution réparti entre quelques multinationales. A l’opposé de l’orthodoxie du “Libéralisme Economique”, systématiquement invoquée …

 

Les projections du modèle “occidental”, agricole et alimentaire, que les lobbies tentent de promouvoir en Inde, par exemple, démontrent qu’à terme ce seront plusieurs centaines de millions de personnes qui vont être jetées dans la misère absolue. Les évaluations les plus optimistes reconnaissent que l’industrie ou les services ne pourront pas les absorber. Les estimations, dans le cas de l’Inde, citent des chiffres de plus de cinq cent millions…

 

Stabiliser les populations, en évitant l’exode rural, en assurant un minimum de revenus et des ressources élémentaires rapidement accessibles, implique l’exploitation agricole familiale comme vecteur de développement essentiel. L’objectif de vouloir ramener une population active du secteur agricole à 3% ou 5% est  pure folie, dans des pays où il faudrait la maintenir entre 20 et 50 %.

 

De même, forcer les pays en développement dans des mécanismes brutaux du libre échange, faussé par la politique de subventions à l’exportation des productions occidentales, est une erreur fondamentale. Encourager la spéculation sur les produits de première nécessité de l’humanité, une aberration. La “bombe” qui menace l’humanité est là, pas ailleurs…


 

 

Tous les chercheurs et praticiens, un tant soit peu “honnêtes”, l’admettent : les économies en développement ne peuvent être livrées brutalement à l'emprise de marchés et, surtout, de spéculateurs, dans un environnement non régulé. Même parmi les dévots du “Libéralisme”, je citerai Thomas Homer-Dixon (7) :

“… Les pays qui ont progressé le plus vite, dont la Chine et l’Inde, mais aussi La Malaisie et le Chili, sont ceux qui ont protégé avec détermination leur économie, par notamment le contrôle des mouvements de capitaux et la protection douanière…” (8)

 

Les ressources essentielles aux hommes doivent être régulées et supervisées par un organisme international, tout particulièrement : eau, produits alimentaires, énergie.  Incorruptible, transparent dans son fonctionnement et la publication de ses travaux, chargé de museler les spéculateurs, veiller à la “salubrité” des cours et des prix, prohiber le vol des ressources au détriment des populations des pays producteurs, casser les monopoles et ententes des multinationales.

 

Mais les pays riches, bénéficiant d’une rente de situation confortée par la force, s’y refusent et s’y refuseront toujours. Il faudrait une révolution copernicienne. Impossible en l’état actuel des mentalités conservatrices des castes dirigeantes, adossées aux lobbies de Big Business et de Big Bang (industriels de l’armement et théoriciens bellicistes).

 

Seul un rapport de force peut faire évoluer les choses. Malheureusement. Comme le rappelle Anthony Payne :

“… la politique mondiale du “développement inégalitaire” est liée et contingente des “hiérarchies de puissance” … les pays désavantagés ne trouveront un développement plus égalitaire, n’obtiendront des concessions ou des changements dans les politiques actuelles du secteur des finances, du commerce, ou de l’environnement, qu’en opérant des changements d’alliances, dans un contexte de rapports de forces, en maîtrisant ou déployant les ressources de la puissance, même limitée, dont ils disposent.” (9)

 

 

A Osaka …

 

Ce week-end, du 13 au 15 juin, le G8 s’est réuni, à Osaka. Notamment ses représentants financiers avec ceux, inévitables, du FMI et de la Banque Mondiale. Tout ce beau monde “s’inquiète” des tensions :

“… le prix élevé du pétrole et des produits alimentaires présentent des risques sérieux pour la croissance économique globale… (10).

 

Lors de ce sommet, Christine Lagarde, notre ministre des finances s’est, à son habitude, illustrée par ses lapalissades : “Cette flambée des prix, massive, et durable comporte des aspects qui sont inexplicables”. Quelle puissance d’analyse !... Sidérant de lucidité pour un responsable politique, non ?... (11).

 

Plus courageux et concret, le ministre des finances italien, Giulio Tremonti, a estimé qu’il était “impératif” que les pays coopèrent dans la lutte contre la spéculation (to fight speculation). Rien que sur le marché à terme (futures) des matières premières de Londres, les transactions ont augmenté de 100 % et plus, en 2008, par rapport à l’année précédente. Devant la crise des subprimes et des établissements financiers, la spéculation s’est jetée sur le riz, le blé, le colza, le maïs… Pas d’état d’âme. Les fonds spéculatifs, les fameux CTA (Commodities Trading Advisers), les plus actifs, jouent à la hausse, et s’en mettent plein les poches.

 

Entre autres mesures pertinentes, Giulio Tremonti a donc recommandé d’exiger des intervenants, sur les marchés de matières premières et de produits alimentaires, des dépôts de garantie plus importants que la pratique actuelle (12). Afin de limiter les interventions spéculatives, tant au niveau de leur montant que de leur nombre.

 

Bien sûr, ce fut le tollé, l’apoplexie, parmi ses partenaires du G8 : de même qu’on ne touche pas aux paradis fiscaux, on ne touche pas davantage à la spéculation !... Comme dirait Obélix : “Ils sont fous ces romains !...”.

 

Pour se donner bonne conscience, et rassurer l’opinion, on dénoncera le moment venu “l’inertie criminelle” des gouvernants de Corée du Nord ou de Birmanie. On trouve toujours un bouc émissaire dans un coin.

 

Bla, bla, bla …

 

La fuite en avant.

 

Ainsi font, font,

Le boulanger, la boulangère

Et le petit mitron …

 

 

 

 

1.  Trois de ses publications traitent, plus particulièrement, de ce sujet :
=> Poverty and Famines : An Essay on Entitlements and Deprivation, Oxford, Clarendon Press, 1982.
=> Food Economics and Entitlements, Helsinki, Wider Working Paper 1, 1986
=> Hunger and Public Action, en collaboration avec Jean Drèze, Oxford, Clarendon Press. 1989.
2.  Pratique dite du “Price Gouging”, en anglais.
3.  En français : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, dont le siège est à Rome. Encore une de ces organisations internationales éléphantesques dont les coûts extravagants de fonctionnement assurent des sinécures pour des privilégiés, avec une efficacité ridicule.
4.  De Ruest, Eric, Les Fausses Explications de la Crise Alimentaire dans la Presse, CADTM, 13 avril 2008, http://www.cadtm.org/spip.php?article3269.
5.  Sanguinaire dictature, du père auquel le fils succéda, de 1957 à 1986. Protégée, pendant 29 ans, par l’Occident dans le cadre de la guerre froide, redoutant l’extension de l’exemple cubain.
6.  Lamb, Harriet, Fighting the Banana Wars and Other Fairtrade Battles, Rider, Ebury Publishing, UK, 2008.
7. Thomas Homer-Dixon, canadien, est Directeur du Trudeau Center for Peace and Conflict Studies, collabore à la presse “mainstream” (New York Times, Washington Post, Financial Times), ainsi qu’aux organismes “politiquement corrects” que sont la Banque Mondiale, la CIA et le National Security Council US. Il est représentatif de cette nouvelle génération de chercheurs adeptes du “Libéralisme”, mais avec une approche plus réaliste que doctrinaire.
8. Homer-Dixon, Thomas, The Upside of Down – Catastrophe, Creativity and the Renewal of Civilisation, Souvenir Press Ltd, 2007, p. 192 :
“… some of the countries that grew the fastest – including China and India, but also Malaysia and Chile – actively protected their economies using capital controls and barriers…”
9.  Payne, Anthony, The Global Politics of Unequal Development, Palgrave Macmillan, New York, 2005, p. 246 & 247.
10.  G8 set to warn oil, food price shock endangers world economy, Asia Times, Hong Kong, samedi 14 juin 2008.
11.  In  Business du Sunday Times, 15 juin 2008.
12.  Dans le mécanisme des achats et des ventes "à terme", vous pouvez acheter pour la "revendre à terme", la cargaison de céréales d’un bateau, pour 5% ou 10 % de sa valeur totale. Entre le moment où un bateau céréalier quitte l’Argentine, par exemple, pour aller vers un autre continent, il est fréquent que la propriété “virtuelle” de sa cargaison (souvent difficilement identifiable du fait de l’intervention ou de l’écran des courtiers…) change une dizaine de fois, en plein milieu de l’Océan. Le capitaine ne sachant même pas sa destination finale, quand il quitte le port d’embarquement : Hambourg, Singapour ?...

Les profits de ces transactions se retrouvant, bien entendu, dans les paradis fiscaux.

"L’économie-casino" dans sa splendeur.

 

 

Illustration : http://www.royet.org/nea1789-1794/ihm/zone_images.htm

Crédit Photo : Voyages dans tous les sens

 

 

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29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 18:30

 

“La colonisation de la Nouvelle-Calédonie fut l’une des pires qu’il y eut au monde.”  (*)
Rosselène Dousset – Leenhardt - (Ethnologue)

 

 

 

 

Mai et Juin 1988. Vingt ans...

 
En Nouvelle-Calédonie, la Kanaky son nom réel.

 
Un archipel du bout du monde, peuplé de Mélanésiens, les Kanaks, lors de sa découverte par une expédition de l’explorateur britannique Cook, le 4 septembre 1774. Il sera annexé par la France, sous le vocable “colonie”, 79 ans plus tard : le 24 septembre 1853. Deux évènements marquaient l’histoire coloniale récente de notre pays.

 
Le 5 mai 1988, des troupes spéciales françaises (1) donnent l’assaut à une grotte, dans l’île d’Ouvéa (2), où s’étaient retranchés des indépendantistes Kanaks, avec leurs otages. Point culminant de troubles qui avaient mené le pays au bord d’une guerre civile entre des colons, avec leurs auxiliaires, et des résistants d’origine Kanak.

 
Les otages sont libérés. Mais les 19 indépendantistes sont tués, plusieurs “… après la prise de la grotte dans des circonstances déshonorantes pour l’armée française (3)”. Michel Rocard, dans une déclaration récente, parle de l’assassinat de deux indépendantistes blessés :

“… J’ai honte, aussi, quand deux militaires ont achevé à coups de crosse deux preneurs d’otage à Ouvéa.”

 
D’après des témoins, beaucoup plus : sommairement exécutés, ou achevés pour les blessés. Dont Alphonse Dianou, qu’on retrouvera le visage défoncé et les pansements arrachés.

 
Le 26 juin 1988, sont signés les accords de Matignon, mettant un terme provisoire aux déchirements que vit cette colonie. Un référendum d’autodétermination est prévu pour 2014.  Accord signé grâce à l’influence modératrice du leader indépendantiste, Jean-Marie Tjibaou (4).

 
 Méconnu en France, où la propagande coloniale ne laisse pas passer, dans ses médias, le discours et la présence d’une telle personnalité, il est considéré dans la région du Pacifique (5), comme une immense figure historique. Par son intelligence, sa sagesse, sa détermination, dans la grande lignée des Gandhi ou des Martin Luther King. De ceux qui ont su redonner la dignité à leur peuple et exiger le respect de leur identité, dans l’humanité à l’égard des autres.

 
Evidemment…

 
Un an plus tard Jean-Marie Tjibaou est assassiné, avec son adjoint à la direction du parti indépendantiste FLNKS, Yeiwéné. 

 

Il s’y attendait.

 

Plusieurs de ses lieutenants avaient été tués par des snipers de la gendarmerie, Eloi Machoro (6) et Marcel Nannoro, pour ne citer que les plus connus. Deux de ses frères avaient été assassinés, en 1984, avec huit autres Kanaks, dans une embuscade tendue par des colons. Brûlés vifs, encore blessés, dans leurs voitures, criblées de balles.

 
Le tristement célèbre, dans la région Pacifique, massacre d’Hienghène. Tous les assassins ont été acquittés pour “légitime défense”, à la suite d’un simulacre de procès, en 1987, analogue à ceux de l’Alabama, de l’Arkansas ou d’autres Etats racistes des USA, du temps de la ségrégation raciale. Tous les membres du Jury étaient des colons, les sinistres “caldoches”, qui ne dépareraient pas dans une assemblée du Ku-Klux-Klan. Il n’y a pas de juge ou d’avocat Kanaks, en Kanaky…

 
En dialecte local, Hienghène : … Pleurer en marchant

 
Son pressentiment s’est réalisé le 4 mai 1989. Une balle en pleine tête, tirée par un Kanak, à bout portant, lors d’une commémoration du massacre d’Ouvéa.

 

Comme souvent dans ce genre d’opérations, l’assassin est immédiatement abattu, sans sommation, par un policier présent. Pas d’enquête, pas de procès. Affaire classée...

 
Le référendum est ainsi repoussé en 2018, par les Accords de Nouméa du 4 mai 1998. Le temps, pour la puissance coloniale, de conserver son titre de troisième producteur mondial de nickel, dont elle pille l’île principale. Le temps, aussi, de s’assurer une majorité contre l’indépendance, par un basculement démographique. Schéma classique, que les USA ont pratiqué dans l’archipel d’Hawaii.

 
Kanaky : Morceau de paradis, tombé du Ciel, où la violence coloniale s’est imposée dans une rare sauvagerie…

 

Spoliation, violence et génocide culturel

 
En France, très peu d’informations, encore moins de recherches, de témoignages, de publications, sur ce pan de nos forfaits coloniaux en Kanaky. Il faut, souvent, recourir à des travaux d’universités australiennes ou néo-zélandaises pour avoir des documents, des analyses. Seul le folklore Kanak est, à présent, célébré par l’administration coloniale… Hors folklore : silence !

 
Kanaky, colonie de peuplement où la France a envoyé des bagnards, des exilés politiques suite à la répression de la Commune, puis de la main-d’œuvre "importée" d’Indonésie, du Vietnam les “chan dang”, des îles polynésiennes de Wallis, et, bien sûr, des “cadres” et autres métropolitains installés à prix d’or. L’essentiel étant de noyer les Kanaks dans un afflux de populations, étrangères à leur terre ancestrale. Pour les réduire à une “minorité”, exclue de l’avenir de son pays.

 
Dans la spoliation, analogue à celle des “Peaux-Rouges” d’Amérique du nord, ou des
Amérindiens d’Amérique “latine”… Avec une violence telle, que même l’Eglise et ses représentants les pères maristes, pourtant fervents de la colonisation, en étaient choqués :
“… chassés de leurs terres, de leurs villages, de leurs vallées, qu’ils ne cèderaient jamais à prix d’argent, il ne faut pas en douter. Tout en cédant à l’autorité et au mouvement qui les forcent à s’exécuter…” (7).

 
“… Dans le centre de l'île où de larges territoires ont changé de mains, les mélanésiens sont exsangues. Déportations et cantonnements ont dépeuplé le pays, rompu les réseaux, cassé les dynamiques sociales, brisé les groupes coupés de leur environnement familier.

Ponctuant une succession de révoltes menées un peu partout dans l’île entre 1856 et 1869 et toujours réprimées ou soldées par des dépossessions de terres, l’échec de la grande insurrection généralise, parmi les Kanaks, un découragement suicidaire.” (8)

 
Ces atrocités s’accompagnent de l’enrichissement d’une oligarchie locale, en cheville avec les responsables de l’administration et de l’armée :
“… une bourgeoisie d’affaires, même réduite à une poignée de collectionneurs de commerces, de professions libérales, de mines et de stations d’élevage, à travers un processus de captation et d’accumulation de biens auquel la spécificité pionnière confère une rapidité extrême ”. (9)

 

"Rapidité extrême" ?... En clair : “fabuleuse”. C’est ainsi qu’un colon, Gratien Brun, en 1880 :
“… possède plusieurs stations (fermes d’élevage, NdA) couvrant ensemble 24.000 hectares et contenant 20.000 têtes de bétail.” (10)

 
Kanaks, Taillables et corvéables à merci. Avec interdiction de pratiquer leurs langues, une vingtaine dans l’archipel, sous peine d’amendes, de brimades, de sévices…

 
Dans le mépris raciste absolu (11).

 

 

Négation de l’identité d’un peuple et des valeurs républicaines

 
Des européens courageux ont essayé de dénoncer, d’entraver, pareils comportements. Ils ont tous été la cible d’attaques et de menaces des milieux colonialistes.

 

Parmi les plus courageux, citons le missionnaire protestant Maurice Leenhardt (12), ainsi qu’un de ses élèves, Jean Guiart. Ils n’on cessé de critiquer l’administration, les milieux colons et l’idée même du colonialisme. Unanimement respectés par le peuple Kanak et dans le Pacifique. Luttant aux côtés des Kanaks, dont l’interdiction de se déplacer librement dans leur propre pays n’a été levée qu’en 1946 …

 
Deux témoignages :

 
Le premier, antérieur au soulèvement des années 1980, de Rock Pidjot, une des grandes figures de l’indépendance Kanak :
“… C’est un pays où les autochtones, qui représentent la moitié de la population, sont les seuls à ne pas être propriétaires des terres sur lesquelles ils vivent, mais où trois gros propriétaires fonciers possèdent le tiers des terres données en concession lors de la colonisation française (90.000 hectares sur 280.000)…

La Nouvelle-Calédonie attend toujours sa décolonisation.
Tous les autres pays du Pacifique sont devenus indépendants ou autonomes : Fidji, Samoa, Tonga, Nauru, Nouvelle Guinée.
Il n’y a plus que la France qui conserve, sous de nouvelles dénominations, de véritables colonies
…” (13)

 

Le second, de Marc Coulon :
“… Le 9 mai 1985… des commandos armés, menés par Henri Morini, chef du service d’ordre du RPCR (ancienne émanation de l’UMP local, NdA), ont attaqué un paisible meeting Kanak à Nouméa.
Cela n’a pas suffi.
Une chasse aux Kanaks s’est amplifiée démesurément, pendant des heures, dans plusieurs quartiers de la ville ; la droite déclenchait la guerre ethnique ou plutôt raciste. L’apartheid ne suffisait pas, il leur faut massacrer…

Les razzias des garde-mobiles (gendarmerie, NdA) dans les tribus (offensives à la grenade, attaques des femmes et des enfants, saccages des cases, destructions des matériels et mobiliers, passage à tabac…) ; les arrestations nombreuses et durables des militants politiques et leur séquestration dans des conditions sans rapport avec aucun discours sur les droits de l’homme, l’espionnage public et privé permanent des activités des leaders… ” (14)

 
La “gendarmerie”, considérée comme une armée d’occupation, une milice coloniale au service d’intérêts privés, et non pas d’un Etat démocratique. Honnie, méprisée, vomie, par le peuple Kanak…

 


Vingt ans après …

 
Certains hommes politiques français ont le courage d’avoir honte. Ils sont rares. Dans la même déclaration de Michel Rocard, qui a eu à s’occuper du “Dossier Néo-Calédonien” en tant que premier ministre, lors de la présidence Mitterrand, on peut relever cette volonté de contrition :
“… La France a fait des choses dont j’ai honte.
Quand l’armée chassait les tribus de la mer
(surnom des Mélanésiens, NdA) à coups de fusil pour faire place aux colons.
Le grand-père de Jean-Marie Tjibaou a couru comme ça, en portant un enfant de quatre ans. A côté de lui, un proche est tombé d’une balle dans le dos
…”

 
Mais, la honte ne change pas grand-chose…

 
Exemple, parmi d’autres : 16 janvier 2008. Une manifestation pacifique de militants syndicaux de l’USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités), salariés de l’entreprise de transport en commun Carsud, en conflit avec leur direction (groupe Véolia), est réprimée, avec une violence féroce, par la gendarmerie mobile.


On dénombre 20 blessés, dont cinq grièvement. A cela, s’ajoute arrestations et emprisonnements préventifs, en attente d’un jugement par le tribunal correctionnel de Nouméa.

 
Le 21 avril 2008, ce tribunal a rendu son jugement :  23 de ces syndicalistes sont condamnés à des peines de prison ferme, allant de 1 mois à 1 an, associées à une privation des droits civiques pendant 3 ans pour les responsable syndicaux…

 
Kanaky : symbole de la terreur raciste et du fanatisme colonial…

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Plenel, Edwy et Rollat, Alain, Mourir à Ouvéa – Le Tournant Calédonien, La Découverte, 1988.
(2)   Picard, Gilles, L’affaire d’Ouvéa, Editions du Rocher, 1988.
Exemple emblématique de l’ouvrage de désinformation et de propagande, destiné à discréditer l’aspiration à l’indépendance d’un peuple. La presse de l’époque reprenait, dans sa majorité, les mêmes clichés pour anesthésier l’opinion publique métropolitaine.
Avec, face à des “barbares”, “l’élite de l’élite de l’armée” représentant la défense de la civilisation : “… les muscles des maxillaires se sont contractés…” (p. 94).
(3)   Spencer, Michael & al., Nouvelle-Calédonie – Essai sur le Nationalisme et la Dépendance, Editions L’Harmattan, 1987. p. 299.
(4)   Rollat, Alain, Tjibaou le Kanak, Editions La Manufacture, 1989.
(5)   Cf. Michael Spencer (Op. Cit.). Le rôle et l’influence de Jean-Marie Tjibaou, en Kanaky et dans le Pacifique, systématiquement occultés par la propagande française (il n’est même pas cité dans l’article français de Wikipedia sur la Nouvelle-Calédonie !…), sont unanimement reconnus chez les chercheurs et responsables de la région Pacifique, notamment anglo-saxons, y compris en Australie et en Nouvelle-Zélande…
(6)    La stèle, commémorant ce crime d’Etat, porte comme mention : “ Eloi Machoro, combattant de la liberté, victime de l’ordre colonial d’Etat français, assassiné le 12 janvier 1985 ”.
(7)    Deckker, Paul & al., ouvrage collectif, Le Peuplement du Pacifique et de la Nouvelle-Calédonie au XIX° siècle – Condamnés, colons, convicts, chan dang, Actes du Colloque Universitaire International, publiés sous la direction de Paul de Deckker, Editions l’Harmattan, 1994, p. 318.
(8)    Soussol, Alain, Université de Montpellier, in Paul de Deckker, (Op. Cit.), p. 362.
(9)    In Paul de Deckker, (Op. Cit.), p. 363.
(10)  In Paul de Deckker, (Op. Cit.), p. 365.
(11)  Guiart, Jean, La Terre est le sang des Morts – La Confrontation entre Blancs et Noirs dans le pacifique sud français, Editions Anthropos, 1983.
(12)  Clifford, James, Maurice Leenhardt – Personne et Mythe en Nouvelle-Calédonie, Editions Jean-Michel Place, 1987.
(13)  Rollat Alain, Tjibaou le Kanak, (Op. Cit.), p. 149.
(14)  Coulon, Marc, L’Irruption Kanak – de Calédonie à Kanaky, Messidor Editions Sociales, 1985 p. 219.

 

 

 

NdA : Note de l’Auteur du post.
Photo de Jean-Marie Tjibaou
Drapeau de l’Indépendance Kanak
(*) In Le Dossier Calédonien, Jean-Paul Besset, Cahiers Libres, La Découverte, - 1988, p. 75.

 

 

 

 

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2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 22:19




Sami Al Hajj, journaliste – cameraman d’Al Jazeera, vient d’être libéré par les USA après une détention de 6 ans et demi, dans le centre de torture de Guantanamo.

Il n’a jamais été jugé. Il a encore moins été inculpé d’un quelconque délit ou crime. Il ne sait pas pourquoi il a été enlevé par les services spéciaux US, alors qu’il exerçait son travail au Pakistan. Pas plus, les raisons de sa libération.

 

 


 

 

Bien sûr, il n’a jamais entendu parler de Reporters Sans Frontières, ni de Bob Ménard. Cette officine est inconnue de lui. C’est grâce à la pression constante de son employeur Al Jazeera et d’une mobilisation internationale qu’il doit d'être en vie.

 

C’est un avion militaire US qui l’a ramené dans son pays, le Soudan. Sur une civière. Il a été immédiatement hospitalisé. Son frère a été choqué de voir son état. Il avait 32 ans, lors de son enlèvement, il en paraît aujourd’hui 80, a-t-il dit.

 

D’autres ont été libérés avec lui. Menottés à leurs sièges, avec un bâillon sur les yeux, pendant toute la durée du voyage. Plus d'une dizaine d’heures.

 

Conscient de sa chance, d’avoir survécu, malgré son état de santé, sur son lit d’hôpital. Les premiers mots de Sami Al Hajj ont été pour ses compagnons de souffrance et d’humiliation. Il en reste encore 275 :

 

« Je suis très heureux d’être au Soudan, mais je suis très triste quand je pense au sort de nos frères qui sont encore détenus à Guantanamo. Les conditions de vie à Guantanamo sont très, très mauvaises et empirent chaque jour.

 

Notre condition d’être humain, notre dignité humaine étaient violées, et l’administration des USA est allée au-delà des valeurs humaines, au-delà des valeurs morales, de toutes les valeurs religieuses.

 

A Guantanamo, … les rats étaient traités avec plus d’humanité. Car, il y a des gens de plus d’une cinquantaine de pays qui sont complètement privés de tout droit et de considération.

 

Et on ne leur donnera même pas les droits qu’on donne aux animaux. » (1)

 

Avant de le libérer, ses tortionnaires ont fait pression pour qu’il travaille pour les services de renseignements US, et qu’il espionne Al Jazeera

 

Vous disiez : “Droits de l’Homme” ?...

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) Source Al Jazeera – English : http://english.aljazeera.net/NR/exeres/04F88FBD-BFA5-42D9-A9C4-D8E0979C79D6.htm

 

 

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17 avril 2008 4 17 /04 /avril /2008 18:12

 


Hier, 16 avril 2008, l'armée d'occupation des USA, en Irak, vient de libérer de ses prisons "privées", le photographe Bilal Hussein de l'agence de presse internationale AP (Associated Press), détenu depuis plus de deux ans. Sans motif d'accusation, et bien sûr, sans procès.


Il a été relâché à un checkpoint, en plein Bagdad, comme un otage l'aurait été d'un quelconque groupuscule armé.


Deux ans de sa vie ...



 

Reporters Sans Frontières (RSF), n'est pour rien dans sa libération. Il n'a jamais entendu parler de cette officine, s'occuper de son cas...  Il est pourtant considéré comme un des plus talentueux et courageux reporters-photographes internationaux. Il a été récompensé, en 2005, par le prestigieux Pulitzer Prize for Photography.


Ce furent ses collègues de l'AP, et une association autrement plus sérieuse dans son éthique, qui
se sont mobilisés durant ces deux années : Committee to Protect Journalists (CPJ). Le siège de cette association est à New York.


L'armée d'occupation le "soupçonnait" d'entretenir des liens avec les résistants. Mais, n'avait jamais confirmé ces accusations, par le moindre commencement de preuve. Bilal Hussein, a toujours démenti ces allégations, ainsi que son employeur AP.


En fait, les photos qu'il prenait, au cœur des atrocités commises par les forces d'occupation, gênaient par leur impact (1). Ce sont les US Marines qui l'ont arrêté, le 12 avril 2006, malgré ses badges et ses laissez-passer en règle, alors qu'il effectuait un reportage à Ramadi, à 80 km à l'ouest de Baghdad. Une des zones martyres de l'Irak, où les tueries, et punitions collectives à l'encontre de la population civile, sont les plus horribles.


A l'annonce de la libération de Bilal Hussein, le directeur du Committee to Protect Journalists, Joel Simon, a déclaré :

« Il fait partie de cette liste, en progression constante, de journalistes détenus dans des zones de conflits par l'armée US, pour de longues périodes, et souvent relâchés sans aucun motif de crime ou délit retenu contre eux.

La lutte contre cette déplorable pratique devrait être une priorité de tous les journalistes.

Elle permet pratiquement à l'armée US d'éliminer tout journaliste du théâtre des opérations, de les détenir, sans jamais se sentir obligée d'en expliquer les motifs » (2).


Il est certain que les armées d'invasion et d'occupation occidentales, instruites de l'impact négatif des reportages des médias auprès de l'opinion publique durant la guerre du Vietnam, ne tolèrent plus la présence de journalistes. Les atrocités qu'elles commettent doivent rester : "Secret Défense"...


Rien qu'en Irak, depuis mars 2003, depuis le début de l'invasion, ce sont 127 journalistes et 50 auxiliaires de presse qui ont été tués.


Vous disiez : "Droits de l'Homme, Liberté de la Presse" ?...


Au même moment, hier, où l'on fêtait la libération de Bilal Hussein, on apprenait que les forces d'occupation sionistes en Palestine
venaient de tuer, délibérément, un caméraman de l'agence internationale Reuters, Fadel Shana, 23 ans. Blessant grièvement, le preneur de son, une jeune femme d'une vingtaine d'années aussi, Wafa Abu Mizyed. Elle est entre la vie et la mort.

 

Munis de tous leurs signes distinctifs et badges, ils filmaient un char d'assaut à l'arrêt, dans le camp de concentration de Gaza. Sans sommation, il s'est mis à les mitrailler, ainsi que leur véhicule...


Vous disiez : "Droits de l'Homme, Liberté de la Presse" ?...


Malgré la censure sur les informations en provenance d'Irak, quelques nouvelles filtrent. Ainsi, l'UNICEF, cette organisation de l'ONU chargée de la protection de l'enfance de par le monde, vient de sortir un rapport, à Dubaï : Arabic Humanitarian Action Report 2008. Le 10 avril dernier. On y apprend que 1.350 enfants croupissent dans les prisions irakiennes (3).


Ces statistiques sont, bien évidemment, édulcorées. Par le régime de marionnettes irakien, par le fait qu'elles ne prennent pas en compte les détenus dans les prisons "privées".

 

Car, la "privatisation" des lieux de torture, et d'emprisonnement, est un des principaux apports de la "civilisation occidentale" dans ce pays : prisons "privées" des armées d'occupation, essentiellement US et britanniques, des milices financées par l'occupant (shiites, sunnites ou kurdes), des sociétés de sécurité privées, en fait des mercenaires, etc.


On estime à environ 3.000 enfants et adolescents détenus, sans accusation, ni procès, dans des conditions inhumaines, en Irak. Souvent, violés et torturés, à Abu Ghraïb même, devant leurs pères ou leurs frères. Pour faits de résistance, réels ou supposés. Pour faire pression sur des proches. Ou, dans une action de torture psychologique, pour terroriser des familles connues pour leur hostilité à l'occupation étrangère...

 

Pratiques rodées, en Palestine, depuis 60 ans...


Rien qu'en Irak, le rapport rappelle que c'est environ près d'un million d'enfants qui sont déplacés (displaced) ou réfugiés. Sous cet euphémisme se dissimule une réalité épouvantable, ce sont des enfants sans toits, sans écoles, sans soins et souvent sans familles. Evidemment, sans eau potable...


Les réfugiés Irakiens en Syrie seraient environ 1 million, dont la moitié représentée par des enfants, vivant dans des conditions sanitaires et psychologiques effroyables. Leur nombre, en Jordanie, n'est pas connu par l'UNICEF, malgré ses millions de dollars de budget annuels... Mais serait tout aussi important.


L'évidence est là : la finalité de l'invasion de l'Irak n'était pas de renverser un dictateur, mais de détruire un des pays les mieux équipés du monde, sur le plan scolaire, universitaire et sanitaire. D'en casser la croissance démographique.

 

Les enfants et adolescents constituaient une des premières cibles. Les génocides commencent toujours par là.


« Nous ferons retourner l'Irak à l'âge de pierre », avaient prédit cyniquement les néocons : objectif atteint...


Tout cela, nos médias, en Occident, le censurent...


Vous disiez : "Droits de l'Homme, Liberté de la Presse" ?...




 

 

 


(1)   Quelques unes de ses photos sont visibles, bien que filtrées et choisies, sur le site américain msnbc.msn.com.
(2)   "He now joins a growing list of journalists detained in conflict zones by the U.S. military for prolonged periods and eventually released without any charges or crimes ever substantiated against them. This deplorable practice should be of concern to all journalists. It basically allows the U.S. military to remove journalists from the field, lock them up and never be compelled to say why."
(3)   Preeti Kannan, Around 1,350 children languishing in Iraq jails, Khaleej Times, Dubaï, 10 avril 2008.


 

 


 

 

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