Il en est de la politique étrangère française comme de la mode : il y a des tendances. Mais le fond reste le même : vendre n’importe quoi aux gogos, qui achèteront avec béatitude… Comme dans ces étables ultramodernes où on trait les vaches sur fond de musique. Pour inhiber leur stress, pendant la traite, nous dit-on. Oui : du Mozart. Elles adorent...
Car, il y a longtemps que la France n’a plus de politique étrangère indépendante. Depuis de Gaulle. Autrement dit : une éternité.
De temps en temps, un commentaire se voulant une analyse géopolitique, à la Védrine, ou un petit coup de gueule empanaché, à la de Villepin. Pour montrer qu’on peut dire ce qu’on veut, qu’on a une marge de manœuvre. Tout en sachant qu’on ne peut rien faire. Mais, on fait comme si...
Normal, on doit s’aligner sur la politique étrangère européenne. C’est-à-dire obéir aux diktats des "néocons", de l’extrême droite américano-israélienne. Soutenue par les pétroliers et les marchands d’armes…
La France est devenue une colonie aux ordres. Allons, soyons charitables : un "auxiliaire" des "néocons". Comme ces peuplades considérées barbares mais néanmoins soumises à Rome, à sa politique impériale. Les fameux "auxiliaires" : gaulois ou germains, combattant aux côtés des légions.
Douste-Blazy était une erreur de casting. Tartarin de Tarascon... Il le savait. Médecin de formation, il était perdu dans les dossiers de politique étrangère. Il n’y comprenait rien. On ne lui demandait que de faire le coursier. Répéter les rodomontades qu’on lui dictait. Il le faisait, de son mieux. Essayant d’hausser la voix, mais le regard apeuré.
Quelque part, il devait ne pas y croire. Il devait même en avoir honte. Cautionner des tortures, des massacres… Serrer la main de criminels de guerre, auteurs, commanditaires ou commandités des pires horreurs au Liban… Le serment d’Hippocrate, cela vous marque toute une vie. Mais, il faisait comme si… De son mieux. Pathétique.
Kouchner c’est autre chose. Le verbe haut et fort. La vision humanitaire à géométrie variable. Déversant sa logorrhée de clichés humanitaires, droits de l’homme, droit d’ingérence, à tous vents.
Je l’ai entendu de mes propres oreilles, vu de mes propres yeux, soutenir avec acharnement la guerre contre l’Irak, son invasion. Alors qu’un Le Pen, lui le pilier de la droite française, condamnait cette aventure construite sur des mensonges. Tout le monde l’avait compris.
Renverser une dictature et apporter la démocratie en Irak, nous martelait Kouchner. Il savait que cela allait provoquer des centaines de milliers de morts (1) et des destructions incalculables. Pareil, pour la destruction du Liban ou de la Palestine.
Mais, géométrie variable de l’humanitaire oblige : il y a des causes légitimes et d’autres pas. Ou, en termes de communicants : il y a des causes "vendables" et d’autres pas…
Il y a du tribun chez lui. Bien introduit dans les médias. Belle gueule, très télévisuel. Un véritable showman. Les médias adorent. Capable d'ignorer sans sourciller des massacres ou des horreurs permanentes qui crèvent les yeux et les tympans et, en même temps, de faire pleurer les chaumières sur des causes soigneusement balisées par le marketing politique.
C'est un vrai "pro" : chez lui, le "produit" à vendre est soigneusement sélectionné. Uniquement la ligne "Bush". Diaboliser la Chine et la Russie, pour détourner l’attention afin de fermer les yeux de l’opinion publique sur les massacres et les pillages occidentaux. Afrique et ses dictatures comprises. Telle est la ligne qu’il défend. Impossible de trouver plus "Bushiste" que lui.
Le cynisme dans sa plus belle expression médiatique. Certains disent qu’il aurait trahi le parti socialiste. Mais, grattant le vernis de l’emballage de ses postures, on trouve les positions les plus extrêmes de l’extrême droite. Même Le Pen (2), n’allait pas jusque là…
Que faisait un extrémiste pareil au sein d’un parti dit de gauche ?...
Oui, je sais il n’est, ou n’était, pas le seul "néocon" à avoir noyauté ce parti. Finalement, la crise actuelle que traverse le PS va être l’occasion de faire un peu de nettoyage. Espérons le pour ce parti, actuellement, d’opposition.
Kouchner : spécialiste du "droit d’ingérence". En fait, "spécialiste de la vente" du droit d'ingérence. Nuance capitale pour les médias et leurs propriétaires...
Droit d’ingérence ? Ce n’est que le "droit colonial". Le droit du plus fort. Le droit de la canonnière, comme on disait au XIX° siècle. On "s’ingérait" pour apporter le progrès, la civilisation. En fait pour piller, au mépris de centaines de milliers de morts. A présent, on "s'ingère" pour apporter la démocratie ou l'action humanitaire...
Ingérer ne veut-il pas dire aussi "avaler", ou par extension "ingurgiter" ?... Rien n’a changé. Seul l’emballage change. Tout n’est que "packaging" et communication.
Alors, tout va continuer comme avant. On va juste rajouter une couche supplémentaire de discours "humanitaire", sur une politique étrangère occidentale qui est une des plus violentes que l’histoire humaine ait connue. En plus dominateur, accusateur. En plus, flamboyant...
Politique étrangère française ? Ingérence humanitaire ? Kouchner ?
Même uniforme. Colonial. Seul le casque change…
Plus seyant… Tout dans le style, vous dis-je !
« People »…
(1) Plus de 700.000 morts, daprès le dernier recensement des ONG spécialisées (Lancet).
(2) Le Pen soutient une association pour les orphelins irakiens…