En ce début d’année, je cherchais un roman qui me donne une
humeur pétillante et tonique. Une coupe de champagne d’encre et de papier…
Face au marécage d’ouvrages, vantés par les critiques médiatiques, où le « trash » le dispute au cynique, le glauque au dépressif, le nombrilisme aux vapeurs, je me trouvais désarmé.
En désespoir de cause, je cherchais dans ma bibliothèque…
Comme l’amateur de bon vin retournant à sa cave, cherchant une agréable bouteille oubliée dans quelque recoin, pour changer des piquettes aux belles
étiquettes des supermarchés ou des vins provenant d’hémisphères lointains, bourrés de glycérine comme un coureur du Tour de France d’anabolisants.
« Cavalcade » (*), de Bruno de Stabenrath !
J’avais trouvé !
Je l’avais lu lors de sa sortie en 2001. J’en avais gardé un excellent souvenir. Je l’ai relu et l’ai apprécié encore plus. Roman autobiographique. L’histoire d’un homme fauché en pleine fleur de l’âge par un accident de voiture.
Stupide, comme tous les accidents. Un homme gorgé de dons
et de talents, devenu tétraplégique. Quatorze mois à Garches. Sa rééducation exige du courage, de la lucidité. Il en a, mais rien de bravache, que de l’élégance et du panache dans
l’épreuve.
Et, surtout, dans cette lutte, un extraordinaire sens de l’humour et de l’observation. Veuleries et solidarités se côtoient, s’entremêlent. Des scènes d’une cocasserie hilarante. Des
rencontres émouvantes de tendresse, de drôlerie et de sensualité.
La sensualité est dans toutes les pages. Des esquisses de femmes aussi belles les unes que les autres. Le désir et ses blessures. L’érotisme et ses éblouissements. L’Amour.
La recherche de sens, la rencontre ou les retrouvailles de la foi, de la spiritualité.
Tout y est. La vie, l’appétit de la vie. Viscérale espérance.
La construction du roman, en chapitres courts, est composée de scènes vives, enlevées, entrecoupées de plages permettant de reprendre son souffle,
imbriquées les unes dans les autres en un puzzle scintillant.
Elles sont portées par un rythme que seul un "musicien-écrivain" pouvait rendre. Jazzy…
Formidable !
Merci Bruno. Et, Bonne Année !
(*) Robert Laffont, 2001.