Un petit exercice de lucidité, avec un cartoon de Leon Kuhn, sur le nouveau modèle de santé mis en œuvre par la caste politique européenne. Droite et gauche confondues, dans la même complicité. La France, y compris, bien sûr…
Leon Kuhn, avec son humour british, met en scène Gordon Brown, qui était alors le Ministre des finances du gouvernement Blair. Ajoutons qu’il fut le successeur désigné de Blair à la tête du parti travailliste (Labour Party) : le PS britannique …
Il reprend les propos de ce politicien qui déclarait devant son parti : "We must drive reform deeper". En français : "Nous devons mener une réforme encore plus drastique". A propos du système de santé britannique, ou du moins le peu qu’il en reste, l’un des plus délabrés parmi ceux des pays riches…
On le voit ainsi planter un couteau, sur lequel est inscrit "Le Marché", dans le dos d’un médecin (avec son stéthoscope autour du cou) dont l’épaule porte le sigle NHS (National Health Service), que l’on peut traduire par Santé Publique.
C’est une évidence : les politiciens, en Europe, veulent le démantèlement de la Santé Publique. Car, ils sont inféodés à deux lobbies extrêmement puissants :
1. Le lobby des multinationales pharmaceutiques
La protection du lobby des multinationales pharmaceutiques est solidement installé et fonctionne à la perfection. Leurs « hyper profits » permanents ne sont jamais contrôlés par les responsables gouvernementaux. Leurs marges sur les médicaments sont, en effet, pharaoniques. Tout le monde s’extasie et trouve cela normal. Bizarrement, personne ne se pose de questions…
Les prix de vente sont sans commune mesure avec les coûts de revient réels, contribuant ainsi à la surcharge des frais de santé au détriment de la collectivité (1). On se limite au contrôle de la soi-disant qualité médicale ou thérapeutique. Quant aux coûts réels : c’est la cécité ou la surdité totales…
Attention ! Il faut financer « les frais de recherche » ! Nous dit-on pour paralyser toute investigation ou esprit critique…
En fait, l’argument du prix "élevé" des médicaments pour financer les "frais de recherche" est un pur mensonge, comme l’a parfaitement démontré l’équipe de chercheurs de Froud (2). Une analyse, surmontant cette intimidation intellectuelle, montre clairement que l’essentiel est gaspillé, englouti, dans des frais de marketing et de publicité (au bénéfice des copains des copains, avec retours d’ascenseur…) sans rapport avec une gestion saine et suffisante de cette activité.
Vous remarquerez que dans "la recherche d’économies" ou "la recherche d'une bonne gestion" sur la santé, aucun politicien (quels que soient sa nationalité et son parti…) n’a proposé, ou ne proposera, un contrat d’obligation de résultat, avec les multinationales pharmaceutiques suivant le principe de l’ « open books » ("livres comptables ouverts"…), obligeant ces groupes à être soumis à un contrôle sur les coûts de revient et les prix de vente "imposés" ou "infligés" à la collectivité...
Ce vol organisé, à grande échelle, au détriment de la Santé Publique chargée d’être au service de la collectivité, reste impuni. Alors qu’il s’agit d’un gisement d’économies considérable, immédiat et facile à exploiter. Mais, il est plus facile de ponctionner le malade et d’en faire un suspect, que de s’attaquer aux requins. Ou, de rouer de coups un jeune qui n’a pas payé son ticket de métro…
2. Le lobby des compagnies d’assurances et des banques
Le marché de la santé est un marché qui est un des objectifs stratégiques majeurs des compagnies d’assurances, pour les années à venir, avec la participation active (y compris les jeux de participations financières croisées) du secteur bancaire.
Deux objectifs :
i) Pomper directement dans leurs caisses les cotisations, au lieu d’aller dans celles de l’Etat. Gérés par leurs filiales spécialisées, ces capitaux deviendraient mobiles, faisant tourner les placements spéculatifs qui eux, ne sont jamais taxés. Mais, c’est une autre histoire…
ii) Gérer la partie "hôtelière" du système hospitalier propice à la spéculation immobilière. Terrains ou bâtiments, remis gracieusement, en pleine propriété, par des régions ou municipalités au profit de ces compagnies. Arrondissant ainsi leur patrimoine immobilier qui permet d’accroître leurs actifs financiers et leurs capacités d’intervention dans la finance spéculative. Celle où on gagne beaucoup d’argent, sans beaucoup travailler…
C’est vrai, pour un politicien, fermer les yeux : c’est facile et cela peut rapporter gros…
Dans ce livre, de loin un des meilleurs livres de gestion de ces dix dernières années, lire la partie sur l’industrie pharmaceutique (Glaxo, Smith Kline, etc.). Un remarquable, et trop rare, exemple de recherche et d’analyse d’un travail d’équipe à partir de chiffres, de rapports financiers et de campagnes de communication, sur une vingtaine d’années.
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