Paix et Justice… Devise du Paraguay. Petit pays (1), enclavé entre des géants. Frontalier de la Bolivie, de l’Argentine et de l’immense Brésil.
Passer de la Bolivie au Paraguay, est un saisissant contraste. Ici, l’altitude maximale ne dépasse pas les 900 mètres. Pays davantage métissé : pratiquement 90% de la population. Croisement d’indiens, Guaranis essentiellement, et d’européens, espagnols en majorité. On y parle aussi bien l’espagnol que le guarani, ou même le jopara, dialecte né de la fusion des deux.
Son "activité" assurerait les 2/3 du PNB du pays. En fait, la contrebande, avec ses sous-produits, la contrefaçon notamment, génèrerait cinq fois le PNB du Paraguay. Bien sûr, face à ce pactole, la caste politique et mafieuse, des trois pays, embellit ses comptes dans les paradis fiscaux. Les yeux se ferment, les poches se remplissent, les pauvres crèvent. Car, là encore, nous sommes dans un pays où la majeure partie de la population vit dans la misère et le désespoir.
Un pont sur le fleuve Parana, relie Ciudad del Este au Brésil et à l’Argentine mitoyenne : le "pont de l’amitié". Les anciens ennemis du Paraguay qui, à la suite d’une des guerres (4) les plus sanglantes qu’ait connu ce continent, lui ont arraché d’énormes morceaux de territoires.
Mais, la grande richesse du Paraguay c’est l’eau descendue du massif andin voisin. Rivières, fleuves, impressionnants de force, par la masse et la violence du courant. Parmi les plus extraordinaires spectacles de chutes d’eau. Comme celles d’Iguazu ou Iguasssu, suivant l’appellation en portugais ou en espagnol, encore plus visibles du côté argentin. Nos fleuves français font figure de ruisseaux en comparaison. Deux des plus grands barrages hydro-électriques (5) du monde classent ce petit pays comme premier exportateur d’énergie hydraulique.
L’eau permet une agriculture prospère. Considérée comme une activité essentielle pour les exportations : soja, coton, café, canne à sucre, blé, maïs, pommes de terre et orange, avec un élevage bovin de qualité. L’exploitation des forêts représente une production moyenne de 10 millions de m³ de bois par an.
Seul problème : cette agriculture est monopolisée par quelques richissimes familles et des multinationales. Brésiliennes, en façade, pour la plupart. Des centaines de milliers d’hectares détenues par une poignée d’oligarques, vivant dans leurs espaces protégés de "countries club" et autres résidences fortifiées. La féodalité dans sa plus belle expression. Face à eux : des millions de paysans sans terre.
Mais, que font les politiques dans tout cela ? Ils s’enrichissent, en cautionnant les dictatures, les simulacres d’élections et la prédation des richesses nationales. Le Paraguay n’a connu pratiquement que cela, depuis son "indépendance"… Il en a subi une des plus longues et des plus féroces de l’histoire humaine, celle d’Alfredo Stroessner : 35 ans de dictature (7). Pendant la "Guerre Froide". Protégé par les occidentaux sous le prétexte qu’il valait mieux un dictateur qu’un "rouge", à la présidence d’un pays. L’année de la chute du Mur de Berlin, ils lui ont dit de partir. Le maintenir au pouvoir aurait fait désordre...
Depuis, le Paraguay est en "transition démocratique"… On ne sait pas trop ce que cela veut dire. "Elu" en 2003, le président Duarte (8) se consacre à un problème "urgent" : la "lutte contre le terrorisme"… Archétype du Polichinelle, aux mains des intérêts étrangers. L’armée devient ainsi une milice, aux côtés des milices financées par les grands propriétaires. Cette militarisation de la société est destinée à réprimer tous les mouvements sociaux remettant en cause le modèle de prédation en place.
Pour la population, un "président" est et restera toujours un "japu", en guarani : un menteur.
Paix et Justice…
(4) Guerre de la "Triple Alliance" de 1865 à 1870, qui a opposé le Paraguay à une alliance de trois voisins : Brésil, Argentine et Uruguay. Il y perdit 60% de sa population, 140 mille km². Accessoirement, le pillage de son économie.
(5) Sur le fleuve Paraná, barrage Itaipu, partie frontalière du Brésil et barrage Yacyretá, sur la partie frontalière de l’Argentine.