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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
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Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
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Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 12:52

 

 

« Vous n’avez pas été conçus pour vivre comme des bêtes
Mais pour faire preuve de courage et de savoir. »

Ulysse (1)

 

 

 

 

 

 

La "claque" !...

 

Expression jubilatoire de nos plus acharnés chroniqueurs russophobes dans nos médias. Trépignant d’excitation vengeresse en célébrant la réussite du coup d’Etat, renversant président et gouvernement élus de l’Ukraine.

 

"Poutine" venait, d’après ces analystes euphoriques, de recevoir une monumentale "claque". Poutine "avait perdu la main", "s’était endormi" pendant les jeux de Sotchi, "surpris" par les évènements… Et autres sarcasmes et ricanements.

 

Sous-entendu, grâce à l’ingénieux stratagème organisé par les services spéciaux des pays de l’OTAN. Car, dans le fond, ces commentateurs ou "analystes" ne sont pas dupes. Ils mettent, tout simplement, en œuvre leur inépuisable servilité.

 

Tout le monde le sait, l’a compris : sur fond d’un incontestable mécontentement populaire face à la corruption du pouvoir politique, tous partis confondus, les violentes manifestations sur la place principale de Kiev n’étaient qu’une méthodique mise en scène. Animée, encadrée, par des commandos formés et équipés aux combats de rue, en cheville avec les médias de la propagande occidentale.

 

Avec pour objectif premier de bloquer toute évolution normale en cas de crise politique dans un pays à prétention "démocratique" : dissolution des institutions parlementaires ou représentatives défaillantes, et recours aux élections pour désigner de nouveaux responsables.

 

Pas de quoi s’étonner. Depuis des semaines le "Russia Bashing" battait son plein dans notre sphère médiatique. Ce mélange de désinformation paranoïaque : mensonge, mépris, calomnie, procès d’intention. Avec pour cible principale, la bête noire, le cauchemar des dirigeants occidentaux : Poutine.

 

Comment ne pas rire, là encore, si le contexte n’était aussi dangereux et dramatique, d’un tel niveau de cynique imbécilité ?...

 

En fait, nous venons d’assister à  la vieille recette des coups d’Etat organisés par les occidentaux. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, des décennies durant. Sur tous les continents. Se spécialisant par régions, dans leurs zones d’administration coloniale ou néocoloniale : Afrique dite "francophone" pour la France, "anglophone" pour le Royaume Uni. Amérique latine, Moyen-Orient ou Asie (Indonésie, Philippines, etc.), pour les Etats-Unis.

 

En évitant, à présent, de laisser les militaires au premier plan. Dans le meilleur des cas, sous couvert d’élections truquées.

 

Sauf, que l’Ukraine n’est pas la Côte d’Ivoire, le Nigéria, la Colombie ou le Nicaragua.

 

Ce fut, donc, le réveil... Style : lendemain de réveillon... S'il y eut "claque", le "retour de claque" fut fulgurant... Nos propagandistes, de fureur, en avalent leurs micros et prompteurs...

 

L’oligarchie occidentale titubant dans l’ivresse de sa mégalomanie se retrouve, en Ukraine, soudainement confrontée dans son "hubris", cette démesure dans l’orgueil et le mépris de l’Autre, face à une implacable détermination architecturée sur une remarquable stratégie.

 

Choc d’autant plus démesuré, ou déséquilibré, que cette oligarchie, profondément corrompue, ne peut faire le poids devant un homme d’Etat, son gouvernement et ses collaborateurs, incarnant la souveraineté et les valeurs d’une Nation, au sens large, en pleine Renaissance.

Ukraine : Le Passing-Shot…

L’Hubris de l’oligarchie occidentale

 

Trois tares accablent cette oligarchie, sclérosée dans sa mégalomanie :

 

i)  L’analphabétisme géopolitique

 

Habituée à dominer, massacrer, piller, pays et populations sans défenses ou quasiment, elle en vient à oublier l’état du monde, sa rapide évolution, les nations et leurs origines. Prétendre provoquer la Russie dans ce qui constitue un de ses hauts lieux d’identité nationale, par ses racines historiques et culturelles, représente une totale méconnaissance des enjeux géopolitiques actuels.

 

C’est oublier que la fondation de la Russie  remonte au IX° siècle à Kiev. La Russie Kiévienne fondée par Oleg le Sage, la Rus’ de Kiev, en 882, y déplaçant la capitale de son  royaume depuis Novgorod.

 

Puissant Etat qui se permit d’attaquer Constantinople en 907 avec 80.000 guerriers, et 2000 embarcations. A défaut de prendre la ville, ils en repartirent les fourgons débordant d’or payé par Byzance, avec un traité de paix signé en 911 les autorisant à ouvrir un comptoir dans la cité et y commercer librement. Ce fut le premier traité international de la Russie avec un Etat étranger.

 

En 988, lors du règne de Vladimir le Grand, un missionnaire, Cyrille, réussit à convertir au christianisme ces rudes descendants de Vikings, les Varègues. La cathédrale Sainte-Sophie de Kiev a été construite par un des plus grands rois de cette dynastie, Iaroslav le Sage. Cette succession de monarques exceptionnels par leur courage et leurs compétences d’administrateurs avisés, sur les immenses territoires des grands fleuves de la Baltique à la Mer Noire, incarne, symbolise, le socle de la Russie.

 

Non, Monsieur Obama, "Mille ans d’Histoire" ne se balayent pas d’un effet de manche !... Il est vrai, qu’il y a 1000 ans, les Etats-Unis n’existaient pas…

 

L’Occident était pourtant prévenu.

Souvenons-nous en 2008, lors des JO de Pékin, les occidentaux avaient fomenté une attaque-surprise lancée depuis leur protectorat de Géorgie, armé et encadré par l’OTAN. Violente et traitreuse agression contre des membres de la Fédération Russe, Ossétie et Abkhazie, sur ses frontières du Caucase. (2)

 

Ce fut la raclée immédiate.

 

C’est oublier, aussi, deux principes fondamentaux de la stratégie, connus depuis des millénaires. Depuis Sun Tzu (3) :

=>   On n’agresse jamais une nation, qui ne vous souhaite aucun mal, sur son territoire. C’est l’échec assuré. Sun Tzu emploie le terme : « mortel ». (XI-10-225)

=>   Encore plus important : sous-estimer son adversaire est la certitude d’une défaite. (IX-46-212)

 

 

ii)  L’illusion de la condescendance

Ce mépris, cette condescendance, attitude permanente des oligarques occidentaux et de leurs médias à l’égard de la Russie, illustrent l’expression récurrente de leur hystérie :
« Prendre ses désirs pour la réalité ».

 

Comment pouvait-on penser, une seule seconde, que les Russes "s’endormaient" dans la préparation ou la célébration des jeux de Sotchi et autres fadaises de la propagande ?... Depuis 2008, les Russes savaient qu’après le fiasco de leur aventure militaire, via la Géorgie, l'oligarchie occidentale organiserait une manœuvre de déstabilisation de l’Ukraine.

 

Eux aussi, ils ont leurs "War Room", "Data Room", moyens d’écoute et de repérage. Avec des dizaines de spécialistes, surveillant les opérations sur le terrain. Minute après minute. Avec organigrammes, photos, profils de tous les protagonistes, groupuscules et commandos. Agitations de tous les diplomates, intellectuels, ONG et journalistes, vrais et faux, des pays de l’OTAN. Venant déverser leur huile sur les feux du mécontentement, de la colère ou de la rue.

 

Relevés méticuleux des circuits de tous les mouvements d’argent. Corruptions des politiciens de tous les partis, responsables des services de police, officiers généraux de l’armée. Paiements "cash", lors des combats de rue, des mercenaires-agitateurs (30 € la journée, 35 € avec leur équipement personnel : casque, bouclier, barre de fer ; 5 € la bouteille incendiaire, etc.) : Business as usual… Identification, aussi, de ceux qui refusaient de se mettre à la solde des occidentaux pour encourager, répandre, le chaos.

 

C’est oublier que leurs services de renseignement sont parmi les plus performants. En Ukraine plus qu’ailleurs. N’oublions pas qu’ils étaient comme chez eux à la NSA, et qu’ils décortiquent semaine après semaine les "2 millions" de  documents ramenés pas Snowden avec sa brosse à dent…

 

Alors, le tissage de la toile, par les services spéciaux (action psychologique et action militaire) des membres de l’OTAN ne pouvait échapper à leur vigilance. Surtout le théâtre d’ombres animé par les services américains, britanniques, et allemands. Et, tout aussi actifs en Ukraine : polonais. La Pologne étant frontalière, et puissance occupante pendant deux siècles (XV° - XVII° siècles) avec une importante influence dans la partie "Ouest" comme il est dit actuellement, par opposition à l'Est de l'Ukraine et à la Crimée.

 

Cette maîtrise du renseignement leur a permis de préparer un large éventail de ripostes en fonction du degré d’implication de l’OTAN, avec ses ramifications dans "l'économie-casino" : spéculations boursières, manipulations du marché des devises, etc. Dans une stratégie parfaitement planifiée. Au-delà d’une simple riposte, il convient en effet de maximiser les gains au détriment d’un agresseur imprévoyant, pris au piège de ses propres mésaventures et de son incurable mégalomanie.

 

Dérisoire illusion de l’arrogance occidentale…

 

iii)  Le fanatisme idéologique
 

Arrogance nourrie par une idéologie coloniale forgée au cours des siècles qui atteint, de nos jours, des dimensions délirantes. Sans contrepoids, du fait que les puissances régionales (Russie et Chine, principalement) évitent, pour le moment, toute confrontation déclarée. Les occidentaux assimilant, évidemment, cette attitude de retenue et de prudence à de la faiblesse.

 

En Ukraine, ils se sont crus ainsi tout permis pour renverser le gouvernement et installer leurs marionnettes. Utilisant pour cela tous les moyens.

 

Jusqu’aux groupes néonazis, très nombreux et bien organisés en Ukraine de l’Ouest. Violemment antirusses. Héritiers des 250.000 d’entre eux qui se sont engagés, lors de la deuxième guerre mondiale, dans les troupes allemandes. Dont certaines se sont férocement illustrées dans l’occupation de la Yougoslavie, défendue par les résistants de Tito.

 

Ce sont eux qui ont pris d’assaut le parlement, armes à la main, pour faire « voter  la destitution » du président...

 

En termes d’organisation et de montage opérationnel, ce coup d’Etat m’a renvoyé à celui de 1953 qui a renversé Mossadegh et son gouvernement, régulièrement élus. Sanctionnés par les anglo-américains pour avoir refusé la spoliation des ressources énergétiques de l'Iran. Même racaille de félons, repris de justice, gangsters et tueurs, pour abattre des institutions démocratiques. Bien sûr, la personnalité magnifique d’intégrité de Mossadegh n’a rien à voir avec celle, pitoyable, de l’incompétent Yanoukovich.

 

Natalia Vitrenko, blessée dans un attentat à la grenade lors de sa campagne à l’élection présidentielle de 1999, responsable d’un des partis politiques du pays (Parti Socialiste Progressiste d’Ukraine - PSPU), a dénoncé ce coup d’Etat :
« Washington et Bruxelles… ont organisé un coup de type Nazi, effectué par des insurgés, des terroristes et des politiciens… pour servir les intérêts de l’Occident »

[Washington and Brussels … used a Nazi coup, carried out by insurgents, terrorists and politicians … to serve the geopolitical interests of the West.]

 

L’américain Mike Whitney qualifie ce coup d’Etat de « plan le plus stupide d’Obama à ce jour » [Obama’s Dumbest Plan Yet] (4) :

« Obama & Co ont renversé le président démocratiquement élu, Viktor Yanoukovich, avec l’aide de l’ultra-droite, de groupes paramilitaires, de gangs néo-nazis, qui se sont emparés et ont brûlé des bâtiments du gouvernement, tué des policiers antiémeutes, et répandu le chaos et la terreur à travers le pays. »

[Obama and Co. have ousted Ukraine’s democratically-elected president, Viktor Yanukovych, with the help of ultra-right, paramilitary, neo-Nazi gangs who seized and burned government offices, killed riot police, and spread mayhem and terror across the country.]

 

Jean-Bernard Pinatel, ancien général de l’armée française, dans une analyse, rappelle les faits qu’omettent systématiquement les médias de la propagande en France (5):
« Un président démocratiquement élu en 2012, chassé de sa capitale par les manifestants de la place de Maïdan où l’on a vu se côtoyer des groupes paramilitaires ultranationalistes affichant des signes nazis et qui refusent l’Europe. »

 

Notre pays, inévitablement, suivant dans son habituel réflexe moutonnier, docile, le troupeau des bellicistes et de l’extrême-droite américaine. "Gauche" en tête, en rang par deux...

 

Au lieu de recommander l'apaisement et le respect des règles démocratiques, de rappeler qu’un "gouvernement de transition" n’a pas à légiférer ni procéder à des nominations  de responsables d'administration, mais se doit de préparer le plus rapidement possible des élections fiables, cette "gauche" se précipite dans la diabolisation de la Russie et de son président. Même José Bové : pathétique…

 

Quant à Bernard-Henri Lévy, du fond des abysses du ridicule, il provoque l’ironie d’Eric Zemmour s’étonnant de le voir soutenir des groupes néo-nazis et des coupeurs de gorge. Mais, à force de répéter : « Ce qui est bon pour Israël… ». N’en perd-il pas la boussole ?...

 

En fait, tous ces zélés propagandistes appliquent à la lettre les directives du plan élaboré dans les années 1990 par Zbigniew Brzezinski et ses acolytes, suite à la disparition de l’Union Soviétique. Programmant la déstabilisation et l’éclatement de la Russie. Dont les grandes lignes, dans une provocante impudence, ont été publiées fin 1997 (6) :
 “A Geostrategy for Eurasia”.

 

Il y est stipulé, avec précision, que la Russie doit être divisée en trois entités : Russie Européenne (European Russia), République Sibérienne (Siberian Republic), et République d’Extrême-Orient (Far Eastern Republic)… L’avantage de cette partition serait une Russie « moins susceptible d’une mobilisation impériale » […“ a decentralized Russia would be less susceptible to imperial mobilization”].

 

Ce projet géopolitique à long terme structure, en conséquence, la russophobie médiatique et les manœuvres incessantes de déstabilisation de ce pays. D’autant que son opposition, exprimée dans ses votes au Conseil de Sécurité, aux récentes aventures guerrières de l'OTAN à l’encontre de la Syrie et de l’Iran, tout particulièrement, ont enragé les grands timoniers de cette géopolitique de la soumission et de la prédation de la planète à leur seul profit.

 

On comprend mieux l’acharnement de la coordinatrice des opérations du coup d’Etat en Ukraine, Victoria Nuland, contre la Russie. Son activisme effréné, caricatural, hystérique, l’avait même amenée à distribuer des cookies aux manifestants, complaisamment photographiée, sur la principale place de Kiev, en décembre dernier. Jusqu’à reconnaître officiellement que le budget de déstabilisation de l’Ukraine, qualifié de "promotion de la démocratie", s’élevait à 5 milliards de dollars (oui : milliards…), sur deux décennies (7).  

 

Elaborant, tel un chef cuisinier choisissant avec soin ses ingrédients, le futur gouvernement et ses titulaires dans un échange avec l’ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt.  Insultant, au passage, l’Union Européenne, témoignant du mépris du gouvernement américain, dans la plus extrême des vulgarités : « Fuck the EU » (8).

 

Véritable pièce d’anthologie sur la préparation des coups d’Etat, cette conversation téléphonique a été piratée et mise en ligne sur internet. Figurant dans une vidéo téléchargeable (avant censure…), intitulée  ‘Maidan Puppets’ [Les Marionnettes de Maidan (la place centrale de Kiev)]. (9)
 

Depuis, elle s’est excusée auprès de ses collègues européens. Mais, pas auprès du peuple Ukrainien.

 

Ajoutons, pour la petite histoire, qu’elle est mariée à Robert Kagan. Pour ceux qui s’en souviennent, hôte permanent des grands débats sur nos chaînes de TV "publiques", notamment sous la houlette de la "directrice de l’information" de l'époque Arlette Chabot, lors de l’invasion de l’Irak. Islamophobe halluciné, chargé de vendre, à l’opinion publique française, la nécessité de réduire l’Irak en poussière pour la défense de "Notre Civilisation"…

 

En fin de compte, ce coup d’Etat, cette provocation, représentent, pour la Russie, l’occasion rêvée, sur un plateau, de marquer un coup d’arrêt à cette pathologie des oligarques occidentaux. De donner une réelle leçon de géopolitique à cette bande de voyous, fanatiques, hyperviolents, prédateurs sanguinaires et cruels, multipliant destruction, souffrance, désespoir, de tant de peuples et nations.

"An-225 - Plus gros avion de transport du monde (32 roues) de l'avionneur Ukrainien Antonov"

"An-225 - Plus gros avion de transport du monde (32 roues) de l'avionneur Ukrainien Antonov"

Coup pour coup

 

Nos "chroniqueurs-analystes" n’ont rien compris… Loin d’administrer une "claque", les dirigeants occidentaux, infatués, trop sûrs d’eux-mêmes, se sont retrouvés dans un contexte qui les dépassait par ses enjeux mal évalués.

 

En résumé, la métaphore d’une partie de tennis aidant, ils se sont précipités au filet, frappant de toute leur énergie, certains de marquer le point. Sauf que Poutine, maîtrisant parfaitement la vision du jeu, reprenant la balle au bond, a répliqué par un magistral passing-shot, hors de leur portée. Brillant gagnant. Sans effort…

 

 

i)  Présomptueuse montée au filet

 

L’Ukraine traverse le même état de décomposition que la Russie sous Eltsine. Pourrie de corruption, largement alimentée par l’Occident, entretenue par des oligarques locaux. Noyautée, manipulée, par une multitude d’ONG "bidons", dont la vocation est de déstabiliser, fragiliser, fracturer, la société civile exaspérée par l’incurie de sa classe dirigeante.

 

La Russie, tout en connaissant ces mécanismes, ne pouvait intervenir : elle serait immédiatement accusée de vouloir reconstruire l’Empire Soviétique ou, dans le meilleur des cas, l’Empire Russe. Pour reprendre les clichés de la propagande russophobe… Dans l’attente d’une réforme constitutionnelle et l’arrivée d’une nouvelle génération de dirigeants, ne lui restait donc qu’une solution : attendre l’écroulement du système politique actuel, préalable à une mutation, tout en sauvegardant au mieux ses intérêts et ceux de la population Russe dans le pays.

 

A la faveur de cette situation, avec la complicité des responsables politiques soudoyés, cet important marché, de 45 à 50 millions d’habitants selon les recensements, était progressivement pénétré, pour ne pas dire gangréné par les intérêts étrangers.

 

Notamment les meilleures terres agricoles, accaparées par des sociétés occidentales, transformées en monoculture intensive, hyper-mécanisée, dont la production est uniquement destinée aux marchés internationaux spéculatifs (le blé, tout particulièrement). Avec les métastases habituelles : aucune création d’emplois, marges bénéficiaires encaissées à l’étranger, et dissimulées dans les paradis fiscaux.

 

Cette spoliation devait être accélérée, beaucoup d’entreprises et de services publics restant à privatiser. Les requins de la "mondialisation" se délectant, à l’avance, du plantureux festin.

 

A la perspective, mirobolante, de se saisir à bon compte, c’est-à-dire pour une poignée de cacahuètes, du pôle industriel des villes de l’Ukraine de l’Est (Kharkov, Donetsk, etc.). Un des premiers d'Europe centrale : métallurgie (une aciérie est déjà intégrée dans le groupe Mittal) et alliages, mécanique et transformation (matériel de transport, agricole), agroalimentaire, etc. Très lié, pour ses débouchés, au marché Russe fortement demandeur.

 

Signe évident : le "gouvernement désigné par les gangs de la rue", a immédiatement nommé 18 nouveaux gouverneurs dans les provinces. Dont deux "oligarques- milliardaires" (en euros), œuvrant dans les coulisses du pouvoir depuis la "révolution orange". Spécialement affectés à la préparation des "privatisations" dans les régions industrielles de l’Est, en tant que fondés de pouvoir des groupes occidentaux (10) :

   Igor Kolomoysky pour la région de Dnepropetrovsk

   Sergey Taruta pour la région de Donetsk

 

 

ii)  Fatale erreur d’appréciation

 

Toutefois l’Occident, emporté par la voracité de ses affairistes et le fanatisme de ses idéologues, a franchi deux "lignes rouges". Ce qu’il n’aurait jamais dû faire. Provocation, prétention, action, projet, inacceptables pour la Russie : véritable "Casus Belli" ! Fatale erreur d’appréciation :

 

=>  Remettre en cause la base navale de Sébastopol
Son gouvernement fantoche sous le bras, l’Occident allait rapidement faire dénoncer le contrat de bail (il avait fait "voter" une loi pour supprimer l’usage et l’enseignement de la langue Russe !…) liant l’Ukraine et la Russie pour la location de la base navale de Sébastopol. Célèbre, vénérée par les Russes, pour sa résistance héroïque face aux troupes allemandes pendant la seconde guerre mondiale.
 

D’où sont partis, ne l’oublions pas, les bâtiments de la marine Russe venus s’interposer entre les forces de l’OTAN et la Syrie. L’objectif étant de fermer ces imposantes installations militaires pour affaiblir le dispositif de défense et de dissuasion de la Russie.

 

=>  S’emparer du pôle aéronautique et spatial Russo-Ukrainien

Situé en Ukraine de l’Est (Kharkov, principalement), enjeu stratégique majeur : les occidentaux s'apprêtaient à faire main basse, à partir de rapides opérations "privatisation-escroquerie", sur un des plus importants pôles de haute technologie de la planète dans le domaine aéronautique et spatial. Indissolublement fusionné, depuis des décennies, avec l’industrie de la défense et de l'armement de la Russie.

 

Exemple : à la pointe de l’innovation et de la prouesse technique, le constructeur d’avions Antonov qui vient de lancer le plus gros avion de transport existant sur le marché avec l’impressionnant An-225.

 

Prétention occidentale aussi stupide que le serait celle des Russes voulant s’emparer d’une partie des bureaux d’études et des installations de fabrication de Boeing ou de Lockheed Martin… 

 

 

iii)  Imparable passing-shot

 

Face à ce coup d’Etat, ce coup de force, les Russes bénéficient du soutien de la totalité de l’opinion publique internationale, hors formatage de celles des pays de l’OTAN asphyxiées de propagande. Unanimement détestés pour leurs incessantes manifestations d’arrogance et campagnes de violence armée, sous les prétextes les plus mensongers.

 

Plus important, ils ont le support actif des chancelleries des principaux pays du monde. A commencer par la Chine qui a officiellement déclaré le 3 mars 2014 sa solidarité.

 

Endettés jusqu’au cou, croulant sous le chômage exponentiel, brandissant leurs ineptes menaces de "sanctions économiques", sans foi, ni loi, habitués à ne pas respecter le droit international, les occidentaux ont beau multiplier postures et grands airs, s’agiter et aboyer : ils sont coincés. Pris au piège, comme des rats.

 

Ou, ils acceptent la légalité en Ukraine, élections fiables et non pas "dictature des gangs de rue" agissant pour le compte de l’oligarchie occidentale, reconnaissent les intérêts civils et militaires de la Russie.

 

Ou, Poutine double la mise. Emportant immédiatement deux superbes lots, sous le nez des oligarques de l’OTAN :

 

=>   La Crimée. Donnée en cadeau par Khrouchtchev à l’Ukraine en 1954, retournant à la mère-patrie. D’abord par une autonomie renforcée, évoluant vers l’indépendance, s’achevant par l’intégration à la Fédération Russe. Ce que souhaitent les habitants Russes de Crimée. La Russie sécurisant ainsi sa base navale de Sébastopol, sans avoir à renouveler de bail.

 

=>   L’Ukraine de l’Est. Peuplée majoritairement de Russes souhaitant, eux aussi, rejoindre la Fédération Russe. Rejetant en masse le "gouvernement des casseurs" de Kiev. Surtout, depuis les velléités du "nouveau gouvernement" de vouloir interdire la langue Russe.

Par une sécession en réactivant, sous une forme actualisée, l’éphémère République de Donetsk-Krivoï-Rog proclamée le 11 février 1918. Elle avait eu pour capitales successives : Kharkov et Louhansk. Avant d’être fondue dans l’Union Soviétique.

Elle suivrait la même évolution que la Crimée dans son rattachement à la Fédération Russe. Laissant, la partie Ouest de l’Ukraine à sa russophobie, et aux délices des "plans d’austérité" du paradis de l’UE…

 

Ainsi l’arrogance, l’inculture, l’obscurantisme, la stupidité, des castes au pouvoir en Occident ont fait de Poutine et de la Russie les vainqueurs, toutes catégories, de l’imbécile confrontation qu’ils ont organisée en Ukraine…

 

Ukraine : Le Passing-Shot…

Pour se rassurer, les incrédules sous perfusion de la propagande OTANesque, persuadés de l’invasion par la méchante Russie d’un pays au gouvernement démocratiquement désigné par les "gangs de la rue", vertueusement défendu par les pays occidentaux, considèreront que tout ce que j'énonce n’est que "politique-fiction".

 

Avec raison, peut-être ?...

Sauf sur un point, en dépit de leur déni forcené, grotesque d'obstination : Vladimir Poutine est indubitablement un "Homme d’Etat". D’une exceptionnelle envergure par sa vision politique, sa pondération, sa ténacité et son courage.

 

Son pays et le présent siècle lui devront beaucoup…

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Ulysse à ses compagnons, Chant XXVI de L’Enfer de Dante, cité par Primo Levi dans "Il canto di Ulisse", éditions italiennes Einaudi, traduction française Julliard 1987, p. 142, note 1, René de Ceccatty, Op. Cit., p. 270.

(2)  Voir :
=> Georgie : La Chasse à l’Ours (1° partie), 27 septembre 2008,
http://stanechy.over-blog.com/article-23178862.html
=> Georgie : La Chasse à l’Ours (2° partie), 27 septembre 2008,
http://stanechy.over-blog.com/article-23178912.html
(3)  Sun Tzu, “L’Art de la Guerre”, préface et introduction par Samuel Griffith, éditions Flammarion, Collection Champs-essais, 2008. 

(4)  Mike Whitney, "Obama’s Dumbest Plan Yet" [Le plan le plus stupide d’Obama à ce jour], CounterPunch, 28 février 2014,

http://www.counterpunch.org/2014/02/28/obamas-dumbest-plan-yet/

(5)  Jean-Bernard Pinatel, Crise Ukrainienne : les 4 scénarios entre lesquelsl’avenir du pays se joue, Atlantico, 1er mars 2014,
http://www.atlantico.fr/decryptage/crise-ukrainienne-4-scenarios-entre-lesquels-avenir-pays-se-joue-jean-bernard-pinatel-997179.html

(6)  Zbigniew Brzezinski, “A Geostrategy for Eurasia”, Foreign Affairs, septembre-octobre 1997,
http://www.foreignaffairs.com/articles/53392/zbigniew-brzezinski/a-geostrategy-for-eurasia
(7)  Finian Cunningham, "Putin faces down Obama over Ukraine" [Poutine défie Obama sur l’Ukraine], Press TV, 1er mars 2014,
http://www.presstv.ir/detail/2014/03/01/352833/putin-faces-down-obama-over-ukraine/

(8) “‘F**k the EU’ : Snr US State Dept. official caught in alleged phone chat on Ukraine”, RT, 7 février 2014,
http://rt.com/news/nuland-phone-chat-ukraine-927/

(9)  img.rt.com/files/news/22/29/70
/00/english_international_2014-02-07_01_01_10_480p.mp4?event=download
(10)  "Rule by oligarchs : Kiev appoints billionaires to govern east", RT, 4 mars 2014,
http://rt.com/news/ukraine-oligarch-rule-governors-512/


 

Caricature de l'artiste Chinoise Li Min du China Daily

 

 


 

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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 15:25

 

 

"Se déclarer l'ennemi des peuples, c'est une faute qui ne se réparera jamais".
Talleyrand   (*)

 

 

 

 

 

Les négociations sur le nucléaire de l’Iran se poursuivent…

 

Tout le monde sachant que l’Iran n’est nullement intéressé par la fabrication d’une bombe nucléaire. Prétexte à diabolisation et au démantèlement de ses réalisations scientifiques, avec ses considérables potentiels, dans une multitude de domaines.

 

D’autant que l’Iran la considère comme un arsenal aussi stupide dans son utilisation stratégique que dépassée techniquement. La "bombe atomique" relève de la "bombarde" moyenâgeuse qui explosait deux fois sur trois au nez de ses propres artilleurs…

 

Travaillant, investissant, au contraire, sur d’autres projets de renforcement de sa défense nationale, avec ses excellentes équipes de recherche et développement. Où, paradoxe amusant aux antipodes des clichés  de nos propagandistes amphétaminés, "les femmes" ingénieurs figurent en majorité. Dans la mise au point d'armements fondés sur les technologies électromagnétiques ou laser. Ou encore sur l’intégration des nanotechnologies, domaine dans lequel l'Iran est classé au 8° rang mondial par le nombre de dépôts de brevets…

 

Face à cette négociation délirante, où les enjeux ne sont pas ceux énoncés, le plus intéressant est de relever l’évolution des strates du "front atlantiste" dans les coulisses : lobbies, sponsors, marchands de canons, financiers, industriels, pétroliers et chimistes, paniers de crabes des corporations de "renseignements & mercenaires" associées aux cartels internationaux de la drogue qui alimentent en continu leurs "trésors de guerre", et autres vautours de tous plumages...

 

De la "fusion" initiale, laissant croire à un bloc occidental immuable, apparait lentement,  une "fissure". S’élargissant inexorablement, pour former deux clans dont l’antagonisme ne peut que se renforcer, se radicaliser.

 

L’un, crispé sur une vision idéologique d’un pouvoir prédateur, colonial, sans partage, des richesses de la planète, défiant aussi bien le droit international que la Charte de l’ONU, ou même celle de l’OMC.

 

Obsédé, dans une fureur paranoïaque, par la destruction de l’Iran. Multipliant pour "chauffer", conditionner, son opinion publique, d’incessantes provocations : campagnes de propagande hallucinantes, sanctions, menaces...

 

Aussi bien contre ce pays que contre ceux qui souhaiteraient, Etats, entreprises, particuliers, commercer de bonne foi avec lui.

 

Le "fanatisme suicidaire"…

 

Négociation Nucléaire : Fusion ou Fissure ?...

L’autre, dans un contexte de nécessité de compenser l’effondrement des balances commerciales, désireux de s’ouvrir au marché Iranien. Eminente, incontournable, puissance régionale pacifique mais, aussi, clé du développement de l'ensemble de la région, notamment de l’Asie centrale.

 

Frustré de voir les Iraniens, avec leurs partenaires, Russes, Chinois et Indiens, bénéficier durablement, en petit comité, de l'interminable liste des projets de grands travaux et équipements d’infrastructure, colossaux investissements industriels, agricoles, touristiques, et gigantesques marchés de grande consommation.

 

Le "pragmatisme émergent"…

 

Négociation Nucléaire : Fusion ou Fissure ?...

 

Quel clan va l’emporter ?...

 

Un grille-pain écologique à manivelle, à tout gagnant pour avoir indiqué la bonne réponse !...

 

 

 

 

 

 

(*)  Jean Orieux, "Talleyrand", Flammarion, 1970, p. 508.

Caricatures du talentueux  Li Feng du China Daily

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 19:00

 

 

 

" Notre but suprême, bien faire la guerre pour qu'on nous donne le droit de participer aux conférences de paix..."

Gilles Deleuze (*)

 

 

 

 

 

Passionnant de complexité !...

 

L’accord provisoire sur le "Nucléaire Iranien", conclu à Genève le 24 novembre dernier, pour une durée de six mois dans l’attente d’une négociation pouvant mener à un accord définitif, en présente toutes les composantes.

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Signé, après les inévitables gesticulations et psychodrames pour entretenir la tension, entre les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l'Allemagne (pourquoi ce pays, et pas les puissances nucléaires que sont l'Inde ou le Pakistan, par exemple ?...), d’un côté, et l'Iran de l'autre, pose en fait plus de questions, ou révèle plus d’ambiguïtés, qu’il n’apporte de solutions au "problème". Vrai ou faux problème…

Rituel théâtral et mécanismes interactifs, habituels des négociations. Plus particulièrement internationales. Avec leurs variations pouvant conduire à des résultats diamétralement opposés, selon un curseur évoluant entre deux bornes :

i)  « Gagnant-gagnant » : "je gagne si tu gagnes aussi". Le "Win-Win" des anglophones. Impliquant un strict pied d'égalité entre les partenaires, dans un respect mutuel, partageant un objectif commun. C’est le contexte idéal pour parvenir à un accord durable, pas simplement fondé sur de bonnes intentions, mais sur des éléments tangibles d’intérêts convergents.

ii)  « Gagnant-perdant » : "je gagne si tu perds". Qui est le propre des accords « imposés », dont la durabilité est aléatoire, ou provisoire, du fait qu'il s'inscrit dans un rapport de force. Donc, de domination. Fondée sur l’illusion que ce rapport de force ne changera pas. Ce qui, dans un contexte historique ou de longue durée, n’existe jamais.

 

A Genève, où se situe le curseur ?...

 

L'hérétique

 

Que valent un accord, un contrat, une convention, un traité ?...

 

« Ce que valent ses signataires », répond la sagesse des nations ....

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

L’évolution des partenaires dans le temps introduit, toutefois, un facteur d’incertitude ou de dysfonctionnement. Classique exemple : celui considéré comme de "bonne foi" peut subitement, ou progressivement, changer selon ses intérêts du moment, ou à long terme.

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Un des exemples historiques les plus frappants est celui de l’Allemagne signataire avec les "grandes puissances" de l’époque, du Traité de Londres, dit des XXIV articles, le 19 avril 1839, garantissant la neutralité de la Belgique : Empire Autrichien, Empire Russe, Royaume-Uni, Royaume des Pays-Bas, Prusse et France.

L’état-major allemand, dans sa minutieuse préparation de l’attaque contre la France de ce qui allait devenir la Première Guerre Mondiale, considérait ce traité international comme un « chiffon de papier ». Voulant prendre ses troupes à revers et par surprise, formidablement aidé par l'incurie des services de renseignement français incapables de voir et recenser l'édification des lignes de chemin de fer et entrepôts de matériel vers et le long de la frontière de la Belgique. Ce sont les termes employés par le chancelier Bethmann Hollweg dans son entretien avec l’ambassadeur du Royaume-Uni, Edward Goschen, la veille de la déclaration de guerre, le 4 juillet 1914…

 

Ou encore, les traités avec les peuples soumis aux invasions coloniales : rompus dès le lendemain de leur signature par les colonisateurs. Les amérindiens, en Amérique du sud ou du nord. Ou, la nation Kanak, dans le Pacifique. Parmi des milliers d’autres, tout au long des siècles.

 

L’Histoire se construit, en grande partie, sur cet amas de "chiffons de papier". En ce cas, l’accord de Genève entre-t-il dans cette catégorie ?...

 

A partir du moment où l’Iran est comparé à un "dangereux hérétique" par ses interlocuteurs, cette "négociation" ne s’apparente-t-elle pas davantage à un Tribunal Inquisitorial qu’à une réunion de partenaires se concertant sur un projet constructif ?...

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Dans tous les cas, il ne pouvait échapper à cette "confrontation". Les uns le disant "épuisé" par les sanctions, et même avec délectation : "à genoux". D’autres, qu’en cas de refus de "négocier", il encourrait d’autres sanctions encore plus féroces, y compris militaires. Puisqu’on ne cesse de répéter que « toutes les options sont sur la table »…

 

Se renforcent, à ce stade de la négociation, deux éléments d’analyse :

=>  Une posture : nous sommes bien dans un contexte de "rapport de force", sanctions et menaces ; de "procès d’intention" sans commencement de preuve. A aucun moment dans un rapport de confiance : l’Iran étant diabolisé en permanence en menteur et de mauvaise foi. Le curseur désigne clairement la borne « gagnant-perdant » : l’Iran a tort et doit perdre.

=>  Une fissure : le bloc des interlocuteurs de l’Iran tend à se lézarder. Apparaissent ainsi deux "sous-blocs" : les membres du Conseil de Sécurité affiliés à l’OTAN d’un côté. Et les autres : Chine et Russie, foncièrement hostiles à toute mesure de nature militaire.

 

Dans ces conditions, l’Iran avait-il une "marge de manœuvre" ?... Apparemment limitée. Sans issue, "désespérée", affirmaient des commentateurs. D’où une multitude d’interprétations divergentes quant aux résultats, ou aux conséquences, de cet accord.

 

Certains affirmant que l’Iran avait abdiqué de sa souveraineté, se livrant pieds et poing liés à ceux qui vont le dépecer, comme ils l’ont fait de l’Irak ou de la Libye (1). D’autres célébrant une victoire pour l’Iran, identifiant jusqu’à 12 retombées bénéfiques pour le pays (2).

 

La majorité des commentateurs se montrant plus sceptiques, ou prudents. S’interrogeant sur la réalité du changement diplomatique du gouvernement des Etats-Unis, prisonnier des lobbies bellicistes (3). Ou, s’inquiétant de la fragilité de cet accord intérimaire (4).

 

En fait, le texte actuel, dans sa formulation, son interprétation, n’a aucune importance. Le thème de cette conférence n’est qu’un "trompe-l’œil". L’essentiel, comme souvent dans une négociation aux centaines de ramifications apparentes et dissimulées, résidant dans le « jeu des acteurs »

 

Le trompe-l’œil

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Les négociateurs Iraniens, soutenus par la remarquable équipe diplomatique de la Russie, ont su exploiter avec habileté le cadre d’expression qui leur était offert. Prenant soin de ne pas se focaliser sur une apparente absence de "liberté" ou "marge de manœuvre" de négociation, mise en scène dans une agressive campagne de propagande, ils ont efficacement travaillé dans une autre direction.

Instruits par plus de 30 ans d’hostilité à leur encontre, ils savent que ce n’est pas de la "non prolifération nucléaire militaire", dont souhaitent s’assurer les membres de l’OTAN. Pas plus que de "la sécurité" dans la région qu’ils transforment en champs de ruines depuis des décennies, Les armes nucléaires sont inexistantes en Iran, mais omniprésentes au Moyen-Orient.

 

Tout le monde le sait : arsenaux israéliens, bases turques et jordaniennes, bâtiments et sous-marins de l’OTAN dans le Golfe Persique, la Mer Rouge, le long des côtes méditerranéennes.

 

Aucun élément concret dans l’amorce de fabrication d’une bombe atomique n’a pu être produit au Conseil de Sécurité, par l'IAEA. Même dans les rapports tendancieux signés du responsable de cette organisation, le japonais Yukiya Amano, comme l’ont souligné maintes fois les représentants de la Russie et de la Chine.

 

Derrière ce prétexte, l’objectif ultime est clair : le renoncement de l’Iran à sa souveraineté. La fin de son indépendance : de sa diplomatie, de ses forces armées, de ses avancées scientifiques et technologiques, de ses choix de développement et de croissance. De sa culture, aussi, aux multiples composantes ethniques, philosophiques, artistiques ; un des plus somptueux et anciens creusets de civilisations de l’Humanité. (5)

 

Sa reddition. (6)

 

Le retour au "statu quo ante", celui de l’âge d’or du pillage du pays par les occidentaux sous le règne de leurs polichinelles : le Shah, son atroce régime policier, et son entourage ultra-corrompu, civil et militaire. Prédation de ses immenses ressources en gaz, pétrole et uranium. "Privatisation-spoliation" de ses services publics transformés en rentes de situation pour les "milieux" financiers internationaux.

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Plonger l’Iran dans le sous-développement économique, social et technologique. Le réduire en simple "bassin de consommateurs captifs". Comme l’Egypte, l’Irak, la Libye et tant d’autres pays.

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En conséquence, quoi qu’il fasse, dise, promette, accepte, souscrive, il sera toujours considéré comme "coupable". Si, pour reprendre l’expression de certains sociologues des systèmes d'organisation, il ne bénéficie dans cette "négociation" que d’une "liberté limitée", ses accusateurs occidentaux ne fonctionnent que sur une "rationalité limitée". (7)

La "rationalité limitée"

 

Structurée par une idéologie prédatrice, néocoloniale, d’une férocité proportionnelle à la résilience de l’Iran, la "rationalité" des négociateurs occidentaux dans cette négociation, s’en trouve plus que "limitée". Chine et Russie souhaitant, pour leur part, un terme à ce blocage de la part des membres de l’OTAN, tout en sachant que leur aveuglement rend cette sortie de "crise artificielle" quasiment impossible.

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Le fait d’accepter ce dialogue de sourds, cette démonstration du "deux poids-deux mesures", est-il pour l’Iran une démonstration de faiblesse, un abandon de sa stratégie d’indépendance ?... Les commentateurs qui en ont véhiculé le cliché ont eu tort, ou ont sciemment induit en erreur leurs paroissiens. Ce fut, au contraire : un coup de maître !

Pratiquer "la politique de la chaise vide" aurait constitué une erreur grossière que les talentueux diplomates Iraniens ont, évidemment, évité. Mieux : ils se sont investis à fond dans l'occupation de la scène !

 

Car, une négociation même dans une apparente "liberté limitée", loin d’être un affaiblissement stratégique permet, en entrant dans le « système d’acteurs », d’identifier les « logiques d’action », de contourner la "rationalité limitée" des opposants. Pour reprendre les termes des chercheurs sur ces mécanismes et leurs dérivés relevant de la "sociologie de la traduction". (8)

 

Et, en fin de compte, de retourner la situation à son avantage.

 

Talleyrand avait, bien avant ces sociologues de la négociation, découvert ces principes, portant leur application au plus haut point. Il a sauvé la France anéantie, au Congrès de Vienne (septembre 1814 – juin 1815), à la suite des désastres Napoléoniens. Les alliés voulant l’exclure du Congrès selon l’adage : « Malheur aux vaincus ! ». Il s’y est imposé, incrusté, et a renversé la tendance violemment antifrançaise œuvrant à sa partition et son écrasement. Face à une "rationalité limitée", il a su admirablement manœuvrer malgré une "liberté limitée"…

 

Dans une négociation de type « gagnant-perdant », les "réseaux d’acteurs" se trouvent engagés dans une remise en cause du « vrai ». Sachant que le « vrai » est défini par le plus fort ou le vainqueur, suivant les contextes. Les enjeux se situent dans ce système de régulation, de normes et de règles, imposées. Dans ce cadre d’analyse, la « vérité », proclamée par le plus fort, est relative à l’importance du nombre de ceux qui affichent leur croyance en cette "révélation", ou "théorie"…

 

Les Iraniens ont éminemment réussi à modifier cet équilibre, élargissant lézardes, fissures et fossés dans ce groupe. Non seulement à l’intérieur du bloc des négociateurs, mais même entre membres de l’OTAN. Et, encore plus déterminant : aux yeux des gouvernements du reste de la planète…

 

La bonne foi de l’Iran ne fait plus de doute. Apparaît ainsi, en plein en lumière, l’aventurisme belliciste des membres de l’OTAN, sans foi ni loi.

 

Alors, qu’importe de savoir si les Iraniens ont échangé des "perles pour des bonbons" (pearls vs candies), comme le prétendent les Cassandre !... La réussite de cette "négociation" n'est pas fondée sur des "pourcentages", des "milliards" en US $ ou en € bloqués, en ou calculs d’arrière-boutique, d’autant plus pour une durée de six mois :
« ... tu n’enrichis pas ton uranium au-delà de 5%, je te restitue 7 milliards de dollars d’avoirs gelés dans mes banques, etc. ».

 

Mais, sur des "logiques d’action" parfaitement maîtrisées. Sur ce qui ne se voit pas, mais se révèle performant à terme.

 

L’aveuglement

 

Paradoxe : dès la signature de l’accord, les membres de l’OTAN multiplient les menaces de sanctions économiques et de bombardements, alors que l’Iran en respecte les termes, ouvrant toutes les portes de ses installations nucléaires aux inspections de l’IAEA, et à présent de ses mines d’uranium.

 

Les déclarations publiques des représentants élus des Etats-Unis, récusant la validité de cette négociation, hystérisant sur la nécessité de bombarder l’Iran, se sont multipliées. Parmi les plus notables, celle de Michele Bachmann, du parti républicain.

 

Ou encore, celle d’un autre parlementaire républicain, Duncan Hunter, membre de la Commission des Forces Armées, recommandant le bombardement nucléaire des installations de l’Iran au nom de "la non prolifération nucléaire préventive" !… Allant jusqu’à souhaiter une opération sous forme de campagne de bombardement aérien massif [massive aerial bombing campaign]. (9)

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

L’oligarchie de la France n’échappe pas à ce conditionnement : sa diplomatie est inexistante. Jusqu’à ses services de renseignement entièrement formatés par les idéologues de l’OTAN. Un très récent éclairage de ce délire collectif nous est donné par une émission de la chaîne gouvernementale Public Sénat, intitulée Bibliothèque Médicis, en date du 29 novembre 2013, sur le thème : "Le renseignement et l’espionnage". (10)

Réunissant des "spécialistes" du renseignement et de l'action clandestine, professionnels, et aussi parlementaires chargés d’en assurer "le suivi" au nom de notre Parlement, il est amusant de voir tout ce beau monde se lamenter sur les insuffisances de nos moyens par rapport à la NSA… Nullement inquiets de l’atteinte aux libertés publiques, mais désolés de n’avoir, pour reprendre leurs expressions, qu’un "tuyau d’arrosage au lieu d’un pipeline"…

 

Bien sûr, ces "génies du renseignement" chargés d’éclairer nos gouvernants sur nos intérêts géopolitiques ne voient comme principaux dangers pour notre pays que le "terrorisme islamique", notamment "l’islam du radicalisme chiite" (minute 17, seconde 14) et, inévitablement : "l’Iran", nommément désigné comme "ennemi" (minute 41, seconde 22).

 

Quant aux agressions, ravages, actions terroristes, carnages et chaos répandus de concert avec nos "alliés" par nos armes, nos armées, nos "services spéciaux", nos mercenaires, dans les pays musulmans qui ne demandent qu’à vivre en paix, visiblement ces "tontons flingueurs" ne sont au courant de rien !... Le "Trou Noir"...

 

Un tel concentré de fanatisme "tranquille", d’imbécillité grotesque, d'analphabétisme culturel comparable aux Croisades du X° siècle, est devenu la norme dans notre nomenklatura, reproduisant en copié-collé les diktats obsessionnels des néoconservateurs américains. Autrement dit "l’extrême-droite" des Etats-Unis, délirante d’islamophobie et d’hyperviolence. Relayés, en France comme chez les autres membres de l’OTAN, par une puissante mécanique souterraine de bielles et pistons ; de nos médias à nos appareils politiques, de nos sociétés d’édition à nos ministères...

 

 

L’apocalypse

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

Face à cet aveuglement des membres de l’OTAN, et au regard de la bonne foi de l’Iran, les gouvernements du reste de la planète, qui représentent qu’on le veuille ou non la véritable "Communauté Internationale" commencent de plus en plus à être excédés par cette attitude obstinément belliqueuse.

En fait :

i)   Ce sont eux, membres de l'OTAN et supplétifs, et non pas l’Iran, qui menacent la sécurité de la région en refusant la "dénucléarisation" du Moyen-Orient
ii)   Ce sont eux, et non l’Iran, qui ne respectent pas le droit international. Edictant, unilatéralement des sanctions économiques, illégales, en infraction de la charte de l’ONU et de l’OMC

iii)   Ce sont eux, et non l’Iran, qui s’opposent à la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux. Se réjouissant de lui avoir occasionné par ces sanctions économiques un "manque à gagner" évalué à 120 milliards de dollars, non compris le gel de ses avoirs dans divers pays. Oubliant stupidement, que l’impact de ce manque à gagner se répercute, avec autant de force, dans les propres économies des autres pays. A commencer par ceux de l'OTAN...

 

Mais ces gouvernements pourront-ils résister aux pressions de l’OTAN ?... Oui, dès lors que leurs entrepreneurs et hommes d’affaires, du moins ceux plus préoccupés par des perspectives saines et sûres d’investissement à long terme que par l’affairisme aléatoire, vont taper du poing sur la table.

 

Ils ont commencé à le faire, britanniques et allemands en tête. Entraînant du même coup une partie des milieux d’affaires américains. Les lignes bougent. Autre béante fissure dans le bloc de l’OTAN ouverte par l’accord sur le nucléaire, s’élargissant tous les jours…

 

Il est vrai que l’Iran, un des rares pays dans le monde à n’avoir aucune dette mais de multiples avoirs dans de multiples pays, négocie actuellement un programme d’échanges "avoirs contre biens, services, et projets d’investissements" estimé à 30 milliards de dollars (évidemment, sans dollars…) : avec la Chine… De quoi susciter des envies.

 

La diplomatie et le rayonnement de l’Iran sont, à l’issue de cette négociation : à leur zénith. Même dans les pétromonarchies du Qatar, des Emirats Arabes Unis, d’Oman, peu désireux de lier leur sort à celui de l’Arabie Saoudite. Où les visites de ces derniers jours, au plus haut niveau gouvernemental, ont révélé dans les déclarations officielles que tous souhaitaient un Iran "fort et prospère". Autre brèche, dont les craquements sont retentissants dans le Golfe…

 

Inexorablement, charnière entre Proche-Orient et Asie-Centrale, l’Iran avec ses élites scientifiques, ses immenses ressources naturelles, son marché de 80 millions de personnes, représente une des locomotives du futur "marché commun" en cours d’édification au cœur d’une des régions les plus prometteuses en terme de développement dans le monde.

 

La 21° réunion de l’ECO (Economic Cooperation Organization) tenue à Téhéran, du 24 au 26 novembre dernier, en est l’illustration. Regroupant, autour de l’Iran, les responsables des économies des pays allant de la Turquie au Pakistan : Azerbaïdjan, Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Afghanistan. Ce sont de gigantesques marchés d’infrastructures ferroviaires, routières, d’échanges en énergie, en recherches et technologies, en agriculture et tourisme, en enseignement et santé, qui s’ouvrent pour ces pays et leurs partenaires…

 

Bénéficiant du statut d’observateur auprès du BRICS et, surtout, du SCO (The Shanghai Cooperation Organisation), l’Iran, partenaire respecté, est appelé à intégrer inéluctablement ces deux puissantes organisations interétatiques…

 

L’Histoire poursuit sa marche…

 

Iran : "grande puissance régionale".

 

N’en déplaise aux "va-t-en-guerre". Face à l’évidence, s’ils s’obstinent dans le déni, ne leur reste plus "sur la table" qu’une option :

 

L’Apocalypse

Accord Nucléaire : "Chiffon de Papier"  ?...

 

 

1.  Cf. : Ismael Hossein-Zadeh, Did Iran Have to Give Up So Much To Get So Little ?, CounterPunch, 6-8 décembre 2013,
http://www.counterpunch.org/2013/12/06/did-iran-have-to-give-up-so-much-to-get-so-little/

Ou encore :
Thierry Meyssan, "L’abdication de l’Iran", Réseau Voltaire, 2 décembre 2013,
http://www.voltairenet.org/article181267.html

2.  Mahmoud Reza Golshanpazhooh, "12 Positive Outcomes of Geneva Nuclear Deal for Iran", FNA, 30 novembre 2013,
http://english.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13920909000126

3.  Sasan Fayazmanesh, "Is Obama’s Policy of Tough Diplomacy Really Withering Away ? ", CounterPunch, 29 novembre 2013,
http://www.counterpunch.org/2013/11/29/is-obamas-policy-of-tough-diplomacy-withering-away/

4.  Gareth Porter, "Tehran accord design to fail ? ", Asia Times, 26 novembre 2013,
http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MID-02-261113.html

5.  Parmi quelques sites sur le patrimoine historique et culturel de l’Iran :
=>  http://guidecultureldeliran.over-blog.com/
=>  http://www.achemenet.com/
=>  http://www.sasanika.org/
=>  http://archnet.org/library/images/
Avec l’incontournable ouvrage, véritable encyclopédie de 512 pages et plus de 1300 photographies, cartes, et dessins, de Patrick Ringgenberg : Guide Culturel de l’Iran, édition 2006, distribué par la Librairie Bernard Letu, 2, rue Calvin, 1204, Genève (arts@letubooks.com).
6.  Nucléaire Iranien : Prétexte et Préméditation, 12 août 2012,
http://stanechy.over-blog.com/article-nucleaire-iranien-pretexte-premeditation-109034509.html
7.  Cf. sur ce thème les travaux de :
=>  Herreros G., Les nouvelles approches sociologiques des organisations, Seuil, 1996

=>  Latour B., La science en action, La Découverte, 1989
8.  Herreros et Latour, Op. Cit.
9.  Congressman : US should nuke Iran nuclear facilities if needed, PressTV, 4 décembre 2013,
http://www.presstv.ir/detail/2013/12/04/338255/congressman-us-should-nuke-iran/

10.  http://www.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/le-renseignement-et-l-espionnage/jean-louis-carrere,bernard-squarcini,jean-jacques-urvoas,mohamed-m/142304

 

(*)  Gille Deleuze, Préface de l’édition italienne (1987) de Mille PlateauxCapitalisme et Schizophrénie, coécrit avec Félix Guattari

(**)  Caricatures du Brésilien Carlos Latuff
La désopilante caricature du japonais Yukiya Amano (responsable de l'IAEA) en forme de crayon est une réalisation de l'artiste Iranien Sajjad Jafari

(***)  Image du porte-avions extraite du rapport du capitaine de l’US Navy Henry J. Hendrix : At What Cost a Carrier ? ["A quel coût un porte-avions ?"], Disruptive Defense Paper, Center for A New American Security, Mars 2013.
Imparable et brillante démonstration par un spécialiste de l’aéronavale qu’à l’ère des missiles, en cas de conflit régional ou mondial, un porte-avions n’est qu’un tas de ferraille flottant…

 

 

 

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 12:56

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Coup d’arrêt.

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Reflux ?

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Plus que certain.

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Obama et Hollande, avec leur bande de fanatisés et de vendus, ont dû battre en retraite. Une vraie Bérézina !...

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Pourtant, ils en rêvaient de jouer les « libérateurs-démocrates », drapés dans leur habitus colonial. "Socialistes" et "écolos" français vociférant en tête de meute (1), comme au bon vieux temps, chevauchant mensonges et cyniques combinaisons préparées depuis des décennies.

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Il est vrai qu’il y avait urgence pour voler au secours de leurs mercenaires, réduits dans leur déroute à pratiquer la tactique de la terre brûlée et des massacres aveugles (même les hôpitaux, reconnaît l’ONU dans un rapport...), sous la raclée des troupes syriennes, hommes du contingent et volontaires toutes ethnies et religions confondues, défendant leur nation. Dans un même élan patriotique.

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Nos "va-t-en-guerre" avaient cru pouvoir contourner le veto de la Russie et de la Chine au Conseil de Sécurité, en attaquant de leur propre initiative la Syrie dans une orgie de bombardements.

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Bien que contraints au fil du temps, face à la détermination russo-chinoise, à rétrécir leurs ambitions guerrières comme peau de chagrin. D’une invasion avec débarquement de régiments, ils en étaient passés aux bombardements des infrastructures civiles et militaires sans envoi de troupes, puis au pilonnage de palais officiels et autres édifices publics symboles de l’Etat Syrien sans envoi d’avions… Pour finir par s’abriter prudemment derrière un rideau de "missiles de croisière"…

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Le bâtiment Russe CCB-201 - Station d'écoute et de repérage

Le bâtiment Russe CCB-201 - Station d'écoute et de repérage

Le "Front du Refus de l’Agression"

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Toutefois, nos « dispensateurs de la démocratie et des droits de l’homme » répétant sans cesse que "toutes les options sont sur la table", en avaient oublié une. Majeure : les 2/3 de la planète en ont plus qu’assez de leur arrogance mégalomaniaque et dévastatrice !... Inhumaine. Après avoir écrasé et spolié la Palestine, rasé l’Irak, l’Afghanistan, la Libye ; éclaté le Soudan ; plongé Pakistan et Somalie dans l’anarchie, l’Egypte dans la guerre civile ; prétendre, à présent, s’emparer de la Syrie pour la "rayer de la carte" dans une poussière de micro-Etats…

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Tout cela pour renforcer leur hégémonie de la prédation ?... A cette cadence ravageuse, où vont-ils s’arrêter ?...

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Trop c’est trop. "Inacceptable".

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Ce qui leur fut patiemment et diplomatiquement notifié par un solide "Front du Refus de l’Agression" regroupant tous les pays hostiles aux visées hégémoniques de l’OTAN, et animé par Russie, Chine et Iran.

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Se refusant à l’entendre, malgré vetos et mises en garde. Pourquoi s’en étonner : les prédateurs, qu’ils soient traîneurs de sabre, marchands de canons, pétrochimistes ou banksters, partagent la même surdité. Ne comprenant, comme tout voyou, que le langage de la détermination. Celui qui est l’expression de l’absence de peur.

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Alors, les points furent mis sur les "i"…

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En cas d’attaque des occidentaux, la Syrie serait non seulement "soutenue", mais encore plus : "défendue". L’accent étant mis sur la défense d’un Etat souverain agressé par d’autres. Quatre volets à remarquer, dans ce "plan dissuasif" :

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1. Mise à disposition de la Syrie de l’ensemble de l’appareil de renseignement de la Russie et des pays du « Front » dans la région, à la milliseconde près : satellites, stations d’écoute, radars de repérage, de suivi et d’évaluation des moyens militaires adverses. Jusqu’au départ des tirs occidentaux. Comme la Russie l’a récemment démontré lors du tir de deux missiles d’essai de l’OTAN à partir d’un sous-marin au centre de la méditerranée, aussitôt repéré, aussitôt annoncé. (2)

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Notons que le bâtiment Russe qui inquiète le plus les occidentaux est le CCB-201. Puissant navire, bourré de systèmes d’écoute et de décryptage filtrant toutes les communications de l’OTAN, (navales, aériennes et terrestres). Repérant, depuis le 15 juin dernier, le positionnement de tous les avions (combat et transport), navires et sous-marins occidentaux en méditerranée. Disposant aussi, cerise sur le gâteau, d’une autonome et impressionnante défense antiaérienne. (3)

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Le tout, complété par l’exceptionnelle qualité des services de renseignement Iraniens, électroniques et humains, dans le Golfe Persique. Les occidentaux ne peuvent y déplacer un tournevis sans qu’ils n’en soient instantanément informés.

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2. Mise à disposition de la Syrie de l’arsenal (non nucléaire) de la Russie et des pays du « Front » sous forme de remplacement pièce par pièce de tout armement ou matériel militaire détruit, avec accélération des livraisons des systèmes de lutte antiaérienne tout particulièrement.
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3. Tout débarquement de troupes de l’OTAN, ou de franchissement des frontières de la Syrie (à partir de la Jordanie et de la Turquie), serait systématiquement contré par un débarquement ou expédition, en nombre équivalent, de troupes membres du « Front ». Dans un premier temps, du fait de leur proximité dans la région : Russes (présence des plus importants navires de débarquement de la flotte Russe au large de la Syrie) et troupes d’élite Iraniennes.

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4. Mise en place d’un "bouclier anti-missiles" pour protéger le territoire Syrien, dans une sorte de "no-fly zone" anti-OTAN. La marine Russe a concentré, au large des côtes syriennes, une dizaine de ses bâtiments les plus puissants, non compris ses sous-marins face au dispositif de l’OTAN. Dont le redoutable Moskva, surnommé le "tueur de porte-avions", pouvant lancer à lui seul, en moins de 30 secondes, une rafale de 16 missiles anti-navires de longue portée...

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Ces bâtiments, tous équipés des systèmes de défense antiaérienne les plus performants au monde (version navale du S-400, par exemple) seraient chargés d’intercepter le maximum de missiles en tous genres. Les occidentaux dans leurs premières estimations, d’une généreuse humanité, envisageant un déluge de près de 700 missiles de croisière dans une salve initiale…

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Deux points particuliers traités dans ce "plan de défense" :

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=> Les menaces des USA d’expédier des missiles de croisière à partir de leur flotte dans la Mer Rouge.

Nécessitant le survol de l’Arabie saoudite et Jordanie, cette hypothèse équivaudrait de la part de ces deux voisins de la Syrie, à une déclaration de guerre. Ouvrant, en ce cas, la possibilité de ripostes balistiques.

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Exemple : les Saoudiens verraient, leur grand port pétrolier de Yanbu (30 km de long sur 10 km de large) à 300 km au nord de Djeddah sur la Mer Rouge, avec ses gigantesques terminaux et complexes pétrochimiques, poumon économique de l’Arabie saoudite, inscrit en tête de liste des "dégâts collatéraux" pour missiles égarés… Occasion, pour les émirs féodaux saoudiens, de goûter la saveur de la destruction qu’ils financent dans d’autres pays, cette fois-ci sur leur propre territoire...

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=> Les mêmes menaces d’envoi de missiles par la flotte occidentale à partir du Golfe Persique impliqueraient le survol de l’Irak qui, malgré son état de faiblesse actuel, a notifié son refus de servir de "transit" à toute agression contre la Syrie. "Renversement d'un dictateur", "intervention pour secourir une population opprimée", "instauration de la démocratie et des droits de l'Homme", par les occidentaux, ils connaissent la chanson : leur pays est en ruine... Alors, s'associer à une horde de salopards pour en détruire un autre : ça suffit.

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De plus, les excellentes forces antiaériennes Iraniennes se feraient un plaisir de tester en temps réel leur remarquable niveau opérationnel en abattant le maximum de missiles survolant les eaux internationales du Golfe Persique…

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Changement d’ambiance…

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Fini les "ballades de démolition" à la libyenne, sans riposte antiaérienne du fait de sa neutralisation préalable par des officiers "achetés" ou par commande à distance (4)… Fini les massacres aériens du conducteur de mobylette ou du chef de village Pakistanais, Afghan, Irakien, Somalien… Ou encore, la carbonisation au phosphore blanc du Palestinien affamé et sans défense de Gaza…

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Il était annoncé, aux occidentaux, un festival de tir au pigeon d’argile…

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Le "Moskva" - surnommé "Le Tueur de Porte-Avions"

Le "Moskva" - surnommé "Le Tueur de Porte-Avions"

Le Sommet de Bichkek

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Ce changement de dimension dans le rapport de force, entre une majorité de pays dans le monde, parmi les plus puissants, partisans de la négociation et de La Paix, et la minorité ultra-belliqueuse du bloc occidental, s’est trouvé confirmé lors du sommet l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui vient de s’achever vendredi dernier à Bichkek (Kirghizstan).

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Chine et Russie ont renouvelé la condamnation ferme, unanime et définitive de l’agression occidentale à l’encontre de la Syrie, insistant sur le caractère « inadmissible » d'une intervention militaire sans l'aval de l'ONU.

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Prenant soin toutefois, comme l’exige toute bonne diplomatie, que leurs adversaires ne perdent pas "la face". D’où l’habile montage de la mise sous contrôle de l’ONU des armes chimiques de la Syrie. Coupant, du même coup, l’herbe sous les pieds des services spéciaux des pays de l'OTAN qui pensaient renouveler l’opération de "diabolisation" anti-Syrienne par épandage de gaz toxique, en particulier vers Israël…

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A cet important sommet (occulté évidemment par nos médias analphabètes du monde…), était invité l’Iran qui bénéficie, depuis 2005, du statut « d’observateur » auprès de cette organisation. Représenté par son nouveau président, Rohani. Ce dernier a été cordialement accueilli par les présidents de la Russie et de la Chine, qui se sont individuellement, et longuement, entretenus avec lui.

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Ici, s’annonce un spectaculaire tournant dans l’équilibre planétaire. Si le coup d’arrêt à l’expansionnisme militaire vient d’être signifié aux occidentaux, c’est pour bien faire comprendre que l’invasion, l’agression de l’Iran, avec la prédation de ses ressources et richesses, qui est l’objectif caché derrière la destruction de la Syrie sera implacablement bloqué. Par les armes, si nécessaire.

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Parmi les déclarations, retenons-en deux, prononcées par le président Poutine. Sur des points clés, en termes de prospective :

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=> La coopération économique va être renforcée avec l’Iran. Sous-entendu, les sanctions unilatérales édictées par le Congrès des USA, relayées par leurs supplétifs européens, sont considérées non acceptables, et de ce fait : nulles.

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=> L’Iran a tous les droits, notamment internationaux, de procéder à l’enrichissement de l’uranium pour ses besoins pacifiques. Ses termes repris en anglais sont limpides de clarté :

« Nous considérons que l’Iran, comme tout autre Etat, a le droit d’accéder à l’énergie atomique dans un but pacifique, y compris celui d’enrichir l’uranium… » (5)

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Restons lucides, les "va-t-en-guerre" ne vont pas renoncer à leur paranoïa sanguinaire et spoliatrice. Obama, en ce samedi, le rappelle (6) :

« Nous continuerons à menacer la Syrie et à maintenir notre dispositif militaire dans la région ».

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Accessoirement, ces voyous persévèreront dans le mensonge à leurs peuples et le mépris face à leur volonté de paix…

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1. Pathétique Noël Mamère… Voir son intervention à l’Assemblée Nationale, dans sa question au premier ministre concernant la Syrie, sur la chaîne LCP ou sur Youtube…
Ou encore, celle de la pitoyable Elizabeth Guigou, présidente de la Commission des Affaires Etrangères à l’Assemblée Nationale, lors de l’émission de Taddeï “Ce Soir ou Jamais” du 6/9/2013…
Anonnant l’un et l’autre, mot à mot, l’argumentaire belliciste de l’extrême-droite américaine !

2. Israel claims joint US missile launch in Mediterranean for « target practice », RT, 3 septembre 2013, http://rt.com/news/ballistic-launch-eastern-mediterranean-343/

3. Syrie : Les Russes envoient leur navire espion pour connaître les intentions des Occidentaux, Israël-Flash, 23 juin 2013,

http://www.israel-flash.com/2013/06/syrie-les-russes-envoient-leur-navire-espion-pour-connaitre-les-intentions-des-occidentaux/#axzz2eln5fPKm

4. La défense antiaérienne de la Libye, organisée autour des plateformes de missiles de fabrication française Crotale, n’a pas été en mesure d’abattre un seul avion, hélicoptère ou missile ennemi…

5. “We presume that Iran, the same as any other state, has right to peaceful use of atomic energy, including enrichment operations…”

http://www.presstv.ir/detail/2013/09/13/323643/putin-stresses-iran-enrichment-right/

6. Obama : US will continue threatening Syria, samedi 14 septembre 2013, Press TV,

http://www.presstv.ir/detail/2013/09/14/323903/obama-us-to-continue-threatening-syria/
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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 13:54

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« Il n’y a pas d’instauration de la vérité sans une position essentielle de l’altérité ; la vérité ce n’est jamais le même ; il ne peut y avoir de vérité que dans la forme de l’autre monde et de la vie autre. »

Michel Foucault (1)

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“Emirentielles” au Qatar

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On nous l'assure : c'est la clé de notre avenir…

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La France vit à l’heure du Qatar. Du moins son oligarchie. Se précipitant, en concurrence avec ses homologues européennes, au portillon de la commission, de la prébende, et autres bouts de gras jetés par l’émir de cet Etat de pacotille. Comblé de colossaux avantages fiscaux dans notre pays, pourtant aux « caisses vides » d’après notre propagande officielle…

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Amusante comédie humaine, en “Crésus-Land”…

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Nos voraces nomenklaturas n’ont même pas la reconnaissance du ventre. L’émir qui n’avait cessé de donner ou “mettre à disposition” de ses maîtres toutes les ressources de son pays, quasiment tout, jusqu’à sa TV internationale Al Jazeera dont il était si fier, pour garder sa rente familiale, s’est vu congédié. Du jour au lendemain. Conservant, il est vrai, son immense fortune personnelle.

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Avec un préavis, toutefois : les occidentaux lui ont accordé un mois pour abdiquer et disparaître avec son cousin qui officiait, dans cette farce burlesque, en “premier ministre”. Ce qu’il vient d’exécuter cette semaine, en faveur d’un de ses nombreux fils. Sélectionné par l’Empire…

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Riche du gaz naturel de son pays à la population microscopique, il avait commis l’erreur de se croire indispensable. (2) Après avoir investi l’essentiel de son argent en Occident : multiples participations dans les plus grandes multinationales, les plus délirants programmes, "placements" immobiliers de luxe ou du “business sportif”, et autres extravagantes “pompes à fric” dont politiciens, intermédiaires et affairistes raffolent. Signant les ordres de virement en faveur de ce qui lui était désigné. Appliquant à la lettre les instructions reçues : surtout quasiment rien dans la région !... A part, la spéculation immobilière chez lui, évidemment.

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Développement de l’Egypte, du Soudan ?... Reconstruction de l’Irak, de l’Afghanistan, du Pakistan ?...

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Connaît pas”.

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Développement, reconstruction ?... Au contraire : finançant, au seul profit de ses suzerains ou donneurs d'ordre, des guerres de destruction, aussi dévastatrices que meurtrières pour des dizaines de milliers d’innocentes victimes de cette dernière décennie : après la réduction en cendres de la Libye, ce fut, c’est encore, celle de la Syrie.

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Etape suivante, il lui était demandé de financer celle en préparation contre l’Iran. Mais, là subitement, il traînait des pieds, objectait, doutait…

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C’était aller trop loin, d’après lui. D’autant que le Qatar, dans l’Histoire, ce "comptoir" ou "point d’eau" pour ravitailler en eau potable les bateaux à voiles, était intégré pendant des siècles dans une province méridionale de l’Empire Perse. Jusqu’à sa prise de contrôle par les portugais en 1517, suivis par les Ottomans, et pour finir par les Anglais.

 

Actuellement, il est le partenaire d’inextricables conventions juridiques et techniques avec l’Iran du fait que les deux pays partagent un même champ gazier sous-marin. Véritable casse-tête opérationnel : comment se répartir une bulle de gaz sous-marine qui ne connaît pas les frontières ?... (3) Facteur aggravant : mitoyen en eaux territoriales de l’Iran, leurs rivages sont plus que proches, presque fusionnels, en termes “balistiques”…

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Evidence pour lui et son "premier ministre" : le Qatar, ne disposant d’aucune “profondeur stratégique”, constituerait le premier dégât collatéral d’une guerre dans le Golfe Persique. Siège du quartier général avancé du CENTCOM (Unified Combatant Command) américain (4) situé sur l’immense base aérienne d’Al Udeid, dans la minute même du déclenchement d’un conflit, considéré en “cible prioritaire” par l’Iran, il serait pulvérisé. Retournant à sa condition initiale : un tas de sable. Boum-Pschitt !...

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Furieux de sa lucidité, ses maîtres n’ont pas apprécié ce manque de docilité. Sanction immédiate : son remplacement par un membre de sa progéniture choisi pour sa supposée indéfectible servilité : le prince Tamim, 33 ans. Formé, spécialisé, sous le règne antérieur, dans les évènements mondains et sportifs. Encore plus positif : on le dit inféodé aux saoudiens, contrairement à son père qui prétendait rivaliser avec eux dans l’influence à l’égard des “grands” de la planète.

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Nous venons ainsi d’assister à une "Emirentielle" !…

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La succession d’un émir par un autre. L’émir, en bon autocrate, composant son “gouvernement” avec les membres de sa famille, Al Thani. Tout cela sans vote, bien entendu. Au Qatar, les partis politiques sont interdits. A l’identique de toutes les pétromonarchies du Golfe : même pas un parti unique !

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Toutefois, pour faire bonne figure en tant qu’Etat apporteur de « démocratie » en Libye, en Syrie et ailleurs, sa nouvelle constitution prévoit, depuis 2004, un "conseil consultatif" ("Majlis Al-Choura") de 45 membres : 15 nommés par l’émir, et 30 “élus” on ne sait pas trop comment…

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D’autant que ce "conseil consultatif" ne participe pas à la désignation du gouvernement, encore moins à celle de l’émir imposé par l’Empire. Lui reste l’organisation des chasses aux faucons, très prisées dans la région…

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Ce qui s’appelle : le respect des traditions ! Rien n’a changé depuis que les britanniques ont érigé cette minuscule péninsule du Golfe Persique en émirat, en 1867. Désignant comme "émir" le plus gros commerçant de la bourgade de l’époque, Doha, qui achetait leur verroterie et quincaillerie estampillées “Manchester”. Il s’appelait Al Thani

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Couper "La Bulle" en deux ...

Couper "La Bulle" en deux ...

Présidentielles en Iran

En face, sur l’autre rivage du Golfe : autre ambiance. L’Iran venait d’achever les élections présidentielles.

Le président Ahmadinejad, bouclant ses deux mandatures, ne pouvait constitutionnellement se représenter pour une troisième fois. Se sont donc affrontés 8 candidats au cours d’une campagne très active, avec les ingrédients habituels de tous les systèmes électoraux sous tous les horizons : réunions publiques dans toutes les villes, débats télévisés, campagnes d’affichages et de tracts, désistements de certains candidats en faveur d’autres (seuls 6 candidats restèrent jusqu’au terme de la présidentielle). Dans le calme, ce qui n’empêchait nullement les discussions animées, souvent avec beaucoup de vigueur.

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Nos médias ne s’en sont pas fait l’écho, ou infiniment peu. Dommage, pour eux et l’information de leurs concitoyens. Ils auraient pu transmettre des aperçus, analyses, sur les différents courants, tendances, partis politiques, qui animent la société iranienne et sortir, enfin, de l’analphabétisme géopolitique dans lequel ils se sclérosent.

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Pour ne pas changer les quelques « papiers » ou « sujets », pondus de-ci de-là par nos éminents dispensateurs d’informations, fulminaient contre le choix imposé des candidats. Car, à les croire, dans nos contrées n’importe qui peut se présenter à une élection présidentielle ou parlementaire… Aucun de ces maîtres de l’information n’ayant pris la peine, évidemment, de les rencontrer et discuter de leurs programmes politiques.

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Encore moins de souligner, au-delà des fulgurants progrès économiques, le colossal changement positif dans la démocratisation du système politique, depuis la sanguinaire autocratie du Shah imposée par les pays occidentaux, dans le pillage des richesses du pays, de 1953 à 1979. Ou, autre exemple, de mentionner l’enregistrement sur les listes électorales, pour cette présidentielle, de 1,6 million de jeunes ayant atteint cette année l’âge de la majorité légale de 18 ans…

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C’est cela « décrypter l’information » : idéaliser chez soi, ou entre soi, et diaboliser les Autres, les Barbares…

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Nous fut martelée, inévitablement, la vision d’un Iran accablé par le chômage et la misère. Du fait de la "crise" mythique rongeant nos sociétés ?... Non, en raison de la réussite des "sanctions économiques" imposées par les Etats-Unis et l'Europe. Illégales, notons-le, puisque ces mesures d’embargos n’émanent pas de l’ONU mais du gouvernement des USA ou, suivant la formule banalisée, du « gendarme du monde ».

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Là encore, informations corroborées par aucun documentaire, reportage, aucune photo, sur les marchés, les galeries commerciales, les cinémas, la sortie des écoles, universités, usines, et autres lieux publics.

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Normal : surtout ne pas montrer que dans ce pays grand comme trois fois la France, malgré toutes les entraves imaginées par l’Occident pour bloquer son développement économique, la vie est beaucoup plus agréable et moins chère pour ses 80 millions d'habitants qu’en Grèce, au Portugal, en Espagne. Bientôt en France, ou dans d’autres pays si imbus d’eux-mêmes. En tous cas, les étals des marchés sont pleins, les plus beaux étant ceux des fleuristes.

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Mais… Chut ! Pas de vague ! Vieille devise des trois singes : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire !

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Jusqu’à couper la retransmission des émissions TV iraniennes à destination de l’Europe, de l’Amérique du nord et du sud, en anglais, en espagnol et en arabe, transitant par les satellites de télécommunications contrôlés par les occidentaux : Eutelsat, Intelsat, Hispasat, etc. Depuis janvier 2012, dans une vague sans cesse renouvelée de décisions arbitraires, unilatérales. En infraction flagrante du droit et des conventions internationales. Prétextant les sanctions contre l’Iran... (5)

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En fait, authentique et secrète censure de l’information en provenance de ce pays par nos gouvernements "démocratiques". Dans la négation de l’article 19 de la Déclaration des Droits de l’Homme relative à la protection de la liberté d’information. ­

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Pourquoi s’en étonner ?...

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Depuis qu’il nous est dicté, en France même, ce dont nous devons rire, caricatures agréées et comiques officiels, rien de plus logique de nous imposer ce que nous devons croire.

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Hassan Rohani

Hassan Rohani devient donc le nouveau président de l’Iran pour 4 ans. Elu le 14 juin 2013, dès le premier tour, avec près de 51 % des voix, et une participation électorale de 77 % suivie par de très nombreux journalistes et observateurs étrangers, hormis ceux de la sphère OTANesque boudant dans leurs coins.

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Les occidentaux englués dans le bourbier syrien n’ont pas eu disponibilités et moyens suffisants pour fomenter les troubles de l’élection présidentielle de 2009, avec sa campagne médiatique hystérique dont on se souvient encore. D’autant que tous les gouvernements polichinelles qu’ils instrumentalisent autour de l’Iran sont plus que fragilisés.

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Certains ravagés par de violentes manifestations et révoltes populaires, bien souvent occultées par notre appareil de désinformation : Afghanistan, Arabie saoudite (toute la côte du Golfe Persique), Azerbaïdjan, Bahreïn (base de la flotte américaine dans le Golfe), Egypte, Jordanie, Libye, Tunisie, Turquie. Trop d’incendies à éteindre en même temps sur leurs arrières…

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Contraints et forcés, ils se sont piteusement limités à exprimer la satisfaction de voir un nouveau président « modéré », « prêt à s’entendre » avec l’Occident. Précisons que dans leur imaginaire et phraséologie, un chef d’Etat non occidental dit « modéré » est un politicien acceptant de souscrire, d’exécuter, à la lettre et dans la seconde, toutes leurs volontés : prédations, violences, occupations. Et, autres manifestations de puissance à l’encontre de leurs vassaux ou possessions coloniales.

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En résumé : l’Iran abandonnerait ses « postures agressives ». Rhétorique, « storytelling » comme disent les anglophones, ou art de prendre ses désirs pour la réalité. Que nos médias, véhicules habituels de la propagande iranophobe, déclinèrent les yeux fermés. (6)

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Art, aussi, du renversement des situations, ou artifice du travestissement des faits que l’on se doit de nier, par nos consciencieux "désinformateurs".

L’évidence est à l’opposé de cette représentation, nous le savons. L’Iran ne bombarde, ni ne drone personne, ne spolie aucun territoire, n’interdit les relations commerciales de quiconque. Les symboles de l’abjection sadique de Guantanamo ou Gaza ne sont pas administrés par son armée. La déconstruction des slogans de la propagande serait interminable, tant la liste est longue.

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C’est l’Iran qui, en permanence, est diabolisé, menacé de destruction ; ses scientifiques assassinés, ses territoires survolés par des satellites espions, son économie enserrée dans une véritable guerre illégale au regard du droit international. Il n’agresse personne, souhaitant tout simplement le respect, dans son droit à l’autodétermination, de sa souveraineté, politique, économique, scientifique.

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Ainsi que celui de la paix dans la région avec une totale "dénucléarisation" du Moyen-Orient impliquant le retrait de toutes les forces d’occupation, et bases militaires, occidentales dans la région.

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Ceux qui pensent avec nos propagandistes qu’Hassan Rohani va courber l’échine, devant les prétentions mégalomaniaques de l’Occident, commettent quatre erreurs d’analyse majeures :

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i) Signe fort envoyé par le peuple Iranien. Les bellicistes occidentaux, enivrés de leurs "sanctions économiques", fantasment un Iran venant à genoux implorer leur miséricorde…

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Administrant une magistrale paire de claques à ces stratèges-voyous, les électeurs dans leur majorité ont choisi le candidat-président qui a le moins mis l’accent dans son programme sur le volet économique !... Donnant leur préférence à celui qui affichait comme priorité la cohésion et la solidarité nationales. Celui aussi dont la longue expérience, au plus haut niveau, dans la stratégie militaire, la recherche scientifique et nucléaire, les relations internationales avec leurs coups tordus, est la plus probante.

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ii) Hassan Rohani est un “résistant” prestigieux, au cœur de la révolution qui a abattu la sauvage dictature du Shah installée et gérée par les occidentaux et un des artisans de l’héroïque résistance à la guerre de l’Irak planifiée et armée par l’Occident pour venger le renversement du Shah et de leur système de pillage (les Iraniens la surnomment la « guerre imposée »…). Endurant avec son peuple, 8 très longues et douloureuses années de massacres (estimation d’un million d’Iraniens tués), la destruction systématique de toute l’infrastructure pétrolière, gazière, portuaire, etc.

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Aucun chef d’Etat des pays de l’OTAN n’arrive à la cheville de sa stature d’homme d’Etat, tout particulièrement de son expérience militaire et stratégique forgée lors d’une guerre implacable. En temps que membre du Conseil suprême de la défense de 1982 à 1988, commandant des forces aériennes de 1986 à 1991. Depuis 1992, il est responsable du Centre pour la Recherche Stratégique (Center for Strategic Research). Il a animé aussi, de 2003 à 2005, l’équipe de négociateurs spécialisés dans la défense des droits et de la souveraineté de l’Iran dans le cadre du Traité de Non Prolifération Nucléaire.

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Pour les avoir affrontés, côtoyés, pratiqués, il sait que ses interlocuteurs occidentaux sont sans foi, ni loi. Aussi irresponsables dans leurs décisions que criminels dans leurs actes. Capables de raser des pays entiers, tuant des centaines de milliers d’innocents. Dans l’indifférence ou la Bonne Conscience. Prêts à tous les mensonges, toutes les manœuvres de gangsters pour s’emparer de son pays et de ses richesses.

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iii) Hassan Rohani succède à un grand président, Ahmadinejad, qui lui a préparé le terrain sur le plan diplomatique en ne cessant de rappeler aux occidentaux, au plus fort du climat d’agression à l’encontre de son pays, que l’Iran n’était pas un ramassis de voleurs de poulets, mais les héritiers et représentants d’une des plus anciennes, brillantes, civilisations. Sur tous les plans.

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Aussi courageux qu’incorruptible, d’une extrême gentillesse mais d’une ténacité d’acier lorsque les intérêts et l’honneur de son pays sont en jeu, il leur a parlé d’égal à égal, sans peur. Du tac au tac. Ce que ne supportaient pas les oligarques coloniaux qui n’acceptent que la soumission, l’obséquiosité, de ceux qu’ils estiment plus faibles qu’eux. Incapables de soutenir son regard et d’entendre ses discours de paix. Vivant cela comme une « agression », ils perturbaient les réunions de l’ONU à grands fracas d’histrions, pour qu’il ne soit pas entendu.

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Diabolisé dans une propagande permanente, éhontée, d’un cynisme mensonger abyssal, déformant ses propos pour le transformer en monstre. (7) Jusqu’à bloquer le système de traduction simultanée de ses discours à l’ONU sous prétexte d’une “panne technique” !… Se croyant au temps de l’Inquisition, l’accusant de blasphème et d’hérésie. Probablement, dans leur fanatisme, bon pour le bûcher après passage en salle de tortures...

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Censure, diabolisation, encore et toujours…

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Mais le message a été délivré : l’Iran, préparé à toutes les éventualités, n’éprouve aucune peur face à des fous de guerres et de violences qui ne savent que détruire des pays sans défense et assassiner des civils non armés. En conséquence, menaces et sanctions resteront sans effet, n’étant que l’expression de la mauvaise foi. Car, rien de plus facile que négocier sur un problème ou un désaccord, dans un esprit constructif : il suffit de prendre un café ensemble, en se respectant et en s’écoutant mutuellement.

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« Don’t make a mistake ! », comme disait Bush à répétition. Oui : "ne vous y trompez pas". Le nouveau président maintiendra la ligne diplomatique fondamentale de sa Nation : la préservation de son inaliénable souveraineté. Sans crainte. Inflexiblement.

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iv) L’Iran est une puissance régionale, militaire et économique, incontournable. Indispensable. D’autant plus forte que tous les Etats qui l’entourent sont en feu, les quelques pétromonarchies encore “calmes” n’étant que du carton-pâte en instance de volatilisation. Face à ces turbulences, son importance ne fera que croître.

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Pays charnière entre deux sous-continents, il représente ce qu’est l’Allemagne pour l’espace Européen et Russe. L’Occident ne l’accepte pas, souhaitant sa destruction en tant qu’Etat et s’approprier ses richesses. Accomplir en Iran ce qu’ils ont commis en Irak. La remise en cause perpétuelle ou le continuel procès d’intention de son industrie nucléaire n’étant qu’un prétexte.

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Les bellicistes ne s’en cachent pas. Parmi de multiples exemples récents, Sima Shine haut responsable au ministère israélien des affaires stratégiques, préconisant publiquement de mettre Al Qaïda au pouvoir en Syrie. L’essentiel étant de faire "tout pour nuire à l’Iran"… (8)

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Hassan Rohani sait qu’il n’a rien à espérer d'un Occident hyperviolent. S'arrogeant dans sa folie mégalomaniaque le droit de vie ou de mort, décrétant qui "mérite de vivre sur Terre". Rongé par l’injustice sociale et économique, avec 20 millions de chômeurs rien que dans l’Eurozone… (9) Les loups, prétendument "alliés" ou de la même meute, se déchiquetant entre eux, au point de s’espionner nuit et jour dans une paranoïa suicidaire.

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Dès son entrée en fonction, il a déjà baissé le rideau sur ce monde en perdition. Répondant aux félicitations du président de la Chine pour son élection, il a annoncé que "la priorité de sa présidence" serait le renforcement des relations avec son pays…

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Sima Shine - Apothéose du fanatisme destructeur

Sima Shine - Apothéose du fanatisme destructeur

Ritournelles en France

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Roland Dumas dans son dernier livre paru en mai dernier se désole, en tant qu’ancien ministre des affaires étrangères de la France, de voir notre pays prendre ses ordres à Washington et à Tel Aviv. Renonçant à sa souveraineté, dans une servitude assumée et célébrée par sa nomenklatura. (10)

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On comprend mieux, en le lisant, que la vision stratégique et délirante, sous forme d’anathème ou d’excommunication, exprimée par une Sima Shine soit, en conséquence, strictement, servilement, appliquée tant par notre “diplomatie” que par notre “défense nationale”. Religieusement ânonnée…

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D’où ces sempiternelles “ritournelles” que politiciens et médias se doivent d’entonner sans arrêt. Telles des mantras bouddhistes. “Ritournelle” au sens où l’entendaient Deleuze et Guattari afin de mobiliser le troupeau, le rassembler en l’endormant :

« La ritournelle a aussi une fonction catalytique : non seulement augmenter la vitesse des échanges et réactions dans ce qui l’entoure, mais assurer des interactions indirectes entre éléments dénués d’affinité dite naturelle, et former par là des masses organisées. » (11)

Ce processus de fanatisation, d’obscurantisme et de conditionnement pulsionnel, est nourri, entretenu depuis les soutes ou les cuisines de la propagande iranophobe déversant leurs bouillies hallucinogènes, à grandes louches de « n’importe quoi ». Ne reculant devant aucune falsification, diffamation, mise scène, et faux témoignages. (12) Aux étages supérieurs plastronnent les "islamologues officiels" de la propagande, après avoir servi le plat à présent refroidi du "choc des civilisations", chargés de nous enfumer sur la soi-disant confrontation entre "l’arc chiite" et "l’arc sunnite"...

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Sous-entendu : entre le diabolique Iran chiite et les vertueuses pétromonarchies sunnites… Alors que la plupart d’entre elles sont constituées d’une majorité de population chiite gouvernée par des autocrates sunnites installés par la colonisation, selon le principe du "diviser pour régner". Comme Bahreïn nous le rappelle tous les matins par les atrocités répétées de l'émir contre son peuple.

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S’il y a conflit entre deux "arcs", c’est bien celui de "l’arc de l’imposture" d’entités artificielles érigées en Etats par les occidentaux, telles que les pétromonarchies et autres (exemple : Jordanie), à la suite du partage de l’Empire Ottoman ; et, "l’arc de la légitimité" représentant des Etats authentiques dont l’identité nationale plonge ses racines au plus profond de l’Histoire.

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Pour ceux qui voudraient sortir de ce conditionnement, lavage de cerveau instillé par ces propagateurs de clichés, comprendre l’Iran, je conseille de feuilleter l’œuvre magistrale d’Henri Corbin qui a passé toute sa vie à étudier le chiisme. Exposant, démontrant, sa contribution inestimable à la spiritualité de l’Islam et de l’humanité dans son ensemble. Notamment :

=> En Islam iranien : aspects spirituels et philosophiques (Gallimard – 1978 – 4 volumes) et,

=> Temple et contemplation, essai sur l'Islam iranien (Flammarion – 1981).

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Mais, "ritournelle" oblige : notre ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, vient de déclarer que le principal problème de la paix dans le monde est le nucléaire iranien, le "futur" risque que l’Iran obtienne l’arme nucléaire. Nous voilà repartis pour un nouveau tour de procès en sorcellerie… (13)

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Metternich, le ministre des affaires étrangères de l’empire d’Autriche au moment des conquêtes napoléoniennes, disait que ce n’était pas la France qui faisait la guerre à l’Europe mais Napoléon "avec des moyens français". Deux siècles plus tard, ce n’est pas la France qui se livre à des actes de guerre au Moyen-Orient et ailleurs contre des peuples qui ne lui ont rien fait, mais une caste "avec des moyens français" pour servir des intérêts qui ne sont pas ceux de notre pays.

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Car, comment en arrive-t-on, au-delà de ces gesticulations diplomatiques et guerrières, à sacrifier notre économie ?... En nous interdisant de commercer, d’investir, sous prétexte d’appliquer des « sanctions économiques » qui ne sont même pas imposées par l’ONU. Mais, unilatéralement par le gouvernement d’un pays étranger qui, de plus, nous espionne en permanence.

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Exemples qui font rire le reste du monde... Peugeot s’est vu sommé de renoncer à son plus important marché à l’exportation avec usine de montage, jusqu’aux pièces détachées qui lui est interdit d’expédier… Ou, Total qui a dû verser une pénalité de 400 millions de dollars aux USA avec interdiction d’investir en Iran… La fermeture illégale de ce marché en pleine croissance coûte à la France une moyenne annuelle de 2 à 5 milliards d’euros. (13)

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Ne serait-ce que sur 10 ans, on peut estimer la perte pour la balance commerciale française, actuellement en déficit, à une trentaine de milliards d’euros. Nous démantelons nos industries et nous nous interdisons des marchés à l’exportation…

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En vertu de quoi et au bénéfice de qui ?...

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Pendant ce temps les contrats de l’Iran se multiplient avec l’Inde, la Chine, le Brésil ou l’Argentine, et autres. Depuis l’agroalimentaire jusqu’aux colossaux marchés des infrastructures : constructions et équipements de ports, lignes de trains à grande vitesse, prospection et exploitation énergétiques, transport et manutention, etc.

 

Car, l’Iran est en pleine croissance avec un gigantesque potentiel, détenant les plus grandes réserves de gaz dans le monde (1er rang), parmi les plus grandes réserves pétrolières (2° rang), d’immenses réserves minières, de l’uranium aux catégories de métaux ferreux et non ferreux les plus recherchés. Avec une population remarquablement bien formée dans des universités scientifiques et technologiques parmi les meilleures du monde.

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L’Iran figure au 5° rang mondial au niveau de la recherche dans les nanotechnologies. Se couvrant d’industries et d’usines ultramodernes, de chantiers navals, et de ports. Actuellement, pratiquement autonome dans l’édification de son industrie de l’armement, construisant ses frégates, sous-marins, avions, drones, chars d’assaut, et devenu l’un des plus performants "missiliers" du monde…

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Le World Investment Report 2013 publié par l’UNCTAD (CNUCED en français), organisation de l’ONU, n’a pu dissimuler le fait qu’en Iran les FDI (Foreign Direct Investments) ou Investissements Directs Etrangers, ne cessent de progresser. Sanctions ou pas… (14)

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Classant l’Iran (page 49) dans la catégorie des pays dits "South Asia", pour ne pas faire de l’ombre aux pays du Moyen-Orient, à la seconde place derrière l’Inde en termes d’échanges d’investissements (l’Iran reçoit des investissements mais investit aussi dans d’autres pays). Encore mieux, l’Iran se classe en volume à la seconde place derrière l’Inde, mais à la première pour ce qui est de la croissance du volume des investissements directs !... (15)

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Par contre, ironie de l’Histoire, le rapport constate dans sa page 54, le déclin des FDI dans la région pour la Turquie, l’Arabie saoudite et la Jordanie…

 

Dernier hommage du pays au Président Mahmoud Ahmadinejad avant son départ : il a présidé à l’inauguration de la nouvelle aciérie ultramoderne de Pasargad dans la province méridionale de Fars. A environ 1000 kilomètres de Téhéran, dans la ville de Kovar.

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Symbole de la fantastique progression du pays, édifiée sous sa présidence sur une superficie de 300 hectares, elle représente un investissement de 5, 5 milliards de dollars, et la création dans un premier temps de 800 emplois. La troisième du pays. Classant l’Iran au premier rang des producteurs d’acier pour les pays du MENA (Middle East - North Africa).

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L’Iran édifie ainsi une économie fondée non pas sur la spéculation, ou la rente, mais sur l’industrie et la recherche. En France, nous fermons nos aciéries et n’arrêtons pas de licencier, accordant toutes les faveurs aux "banksters" et à "l'économie-casino"…

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Et dernière satisfaction, couronnement d’une action implacable de son mandat pour lutter contre ce fléau, l’Iran a procédé à l’incinération publique de 115 tonnes de drogue saisie en 3 mois (l’an dernier l’Iran en a saisi 500 tonnes), en provenance d’Afghanistan.

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Dont on sait que depuis l’occupation de l’OTAN la production a plus que décuplé. Répandue à présent au Caire, entre autres destinations prioritaires dans la région gérées par les services spéciaux occidentaux, à bas prix. Provoquant une explosion de la consommation de drogue dans une partie de la jeunesse sur fond de musique "techno"…

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Le danger de l’Iran pour la planète…

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Dénis, délires, fureurs, de notre caste au pouvoir. Les chiens aboient.

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En écho, au triomphe du “Vilain Canard”…

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1.  Michel Foucault, Le Courage de La Vérité – Le gouvernement de soi-même et des autres II – Cours au Collège de France – 1984, Hautes Etudes – Gallimard Seuil, 2009, p. 311. (Dernière phrase de son dernier cours, 28 mars 1984 ; trois mois avant sa mort. Oui : « … la vérité ce n’est jamais “le” même… »).

2.  Sur une population de 2 millions d’habitants, seulement 400.000 sont qataris. Le reste, à l’exception des expatriés européens occupant la plupart des postes de direction et d’encadrement, est composé en majorité d’immigrés venant essentiellement d’Asie (Philippines, Bengladesh, Inde, Pakistan, etc.), traités en "esclaves modernes" : sous-payés, sans aucun « droit » si ce n’est de se taire, vivant dans des conditions de travail inacceptables au regard des principes édictés par l’OIT…

3.  Cette réserve sous-marine est répartie entre le Qatar, le North Dome (60%) et l’Iran, le South Pars (40%).

4. En clair : du corps expéditionnaire américain dans la région, dont le centre de commandement est situé à Tampa en Floride. C’est à partir du Qatar qu’ont été, et sont encore, “gérées” l’invasion et la destruction méthodique de l’Irak, de l’Afghanistan, et d’une grande partie du Pakistan.

5.  West bans on Iranian channels appalling violation of free speech: Expert, Press TV,

29 juin 2013, http://www.presstv.ir/detail/2013/06/27/311089/west-bans-on-iranian-media-appalling/

6.  Archétype : Georges Malbrunot, Hassan Rohani : un religieux modéré partisan d’une détente avec l’Occident, Le Figaro, 15 juin 2013, http://www.lefigaro.fr/international/2013/06/15/01003-20130615ARTFIG00385-hassan-rohani-un-religieux-modere-partisan-d-une-detente-avec-l-occident.php

7.  Jonathan Steele, Lost in translation – Experts confirm that Iran’s president did not call for Israel to be ‘wiped off the map’. Reports that he did serve to strengthen western hawks, The Guardian, 4 juin 2006, http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2006/jun/14/post155

8.  Israel Prefers Al-Qaeda Ruling Syria just to Harm Iran [Israël préfère Al Qaïda au pouvoir en Syrie afin de nuire à l’Iran], 25 juin 2013, Fars News, http://english.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13920404000773

9.  Over 19 million jobless as Eurozone unemployment hits record high, RT, 1er juillet 2013, http://rt.com/business/eurozone-unemployment-record-high-479/

10.  Roland Dumas, Dans l’œil du Minotaure, Editions Le Cherche-Midi, mai 2013.

11.  Gilles Deleuze & Félix Guattari, Mille Plateaux – Capitalisme et Schizophrénie, Les Editions de Minuit, 1980, p. 430.

12.  Un mot sur l’évolution inquiétante dans nos démocraties de ces officines proliférantes. Pour la plupart agissant en interaction, quant aux pratiques rhétoriques et incitations à la haine, avec les milices « AntiFas » ou assimilées.

Même “style”, ou “copié-collé” (jusqu’aux fautes d’orthographe…), dans la logorrhée et la diffusion obsessionnelle de listes de personnes à empêcher de prendre la parole, d’écrire, de témoigner.

Ces groupes de nervis, adeptes de la cagoule et de la violence, instrumentalisés par les services spéciaux de plusieurs pays et protégés par les polices nationales, ont pour mission d’entraver la liberté d’expression. Dès lors que les critiques ou la dénonciation des prédations coloniales de l’Occident (tout particulièrement au Moyen-Orient et en Palestine), dans une perspective de paix et de développement partagé entre tous les peuples, ont pour support des analyses, des informations, des faits, irréfutables et gênants pour les oligarchies.

A l’opposé de ce qu’ils prétendent représenter : « la lutte contre le fascisme ». Ils agissent, en fait, suivant le même mode opératoire et la même idéologie « fascistes » que les sinistres milices “SA (constituées à Munich en 1921) qui, tout en se déguisant en « militants de gauche », ont assuré la prise du pouvoir par les nazis en Allemagne…

13.  Iran says French minister’s remarks on nuclear program unrealistic, Press TV, 22 juin 2013, http://www.presstv.ir/detail/2013/06/22/310345/iran-rejects-french-ministers-remarks/

14.  Kaveh L Afrasiabi, New dynamic in Iran's European ties, Asia Times 27 juin 2013, http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MID-01-270613.html

15. World Investment Report 2013 – Global Values Chains : Investment and Trade for Development, UNCTAD ( United Nations Conference on Trade and Development), http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/wir2013_en.pdf, page 49,

=> Tableau A. Distribution of FDI flows among economies, by range, 2012

=> Figure A. FDI flows, top 5 host and home economies, 2011–2012 (Billions of dollars)

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Caricatures de Carlos Latuff

 

Des Amis-lecteurs m'ont signalé qu'ils ne recevaient plus les alertes d'édition des billets. Pour ceux qui le souhaitent, il convient donc de se réinscrire dans les espaces prévus à cet effet : bas de page ou colonne de gauche.
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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 18:19

 

 

 

« J’atteste que le système qui tend à porter la liberté à force ouverte chez les nations voisines est le plus propre à la faire haïr et à empêcher son triomphe. »

Talleyrand (1)

 

 

 

 

Soo Ae

 

Pause dans une carrière trépidante, elle est venue passer une quinzaine de jours en France. Arrivée le 5 avril dernier, certains ont eu la chance de l’apercevoir, à Paris, quartier de l’Opéra.

 

Ah !... Soo Ae...

 

Mon actrice Coréenne préférée. Chatoiement de féminité et de grâce. Braises sous la neige, qui abonde en hiver dans son pays…

 

Corée : Lecture d’une “Crise”…

Dans son impressionnante filmographie, le rôle que je préfère est celui de l’impératrice coréenne Myeongseong, qu’elle incarne dans le film, sorti en 2009, sous-titré en anglais : The Sword with No Name. (2)

 

A ma connaissance, mais je souhaite me tromper, ce film n’est pas distribué en France. Tout comme l’essentiel des productions asiatiques, non seulement coréennes, mais aussi, chinoises et japonaises. (3) Malgré l’étourdissante diversité et qualité de leurs chefs-d’œuvre, du policier au film historique en passant par la comédie. (4) Le « Festival du Film Asiatique de Deauville », créé il y a une quinzaine d’années par des cinéphiles entreprenants, ne bénéficie pas encore de la visibilité qu’il mérite. Car, à en croire l’analphabétisme médiatique, n’existerait que le cinéma Indien, avec le caricatural Bollywood. Ou encore, le Kung Fu de Hong Kong…

 

Pour en saisir le contexte, une brève digression sur cet analphabétisme soigneusement entretenu, au double engrenage :

 

=>   Un circuit de distribution “francophone”, dit “grand public” par opposition aux rares “salles d’art et d’essais”, inféodé aux monopoles américains privilégiant leurs films doublés ou sous-titrés, occultant ainsi les autres productions nationales et internationales. Le summum, révélateur de cette pathologie, étant la cérémonie des Oscars d’Hollywood. Dont on nous gave jusqu’à la nausée, alors que d’autres vitrines cinématographiques, aussi importantes, en qualité et en notoriété dans le monde, notamment en Asie ou en Amérique latine, ne sont jamais évoquées ou montrées. (5)

 

=>   Un filtrage des thèmes qui entreraient en conflit avec l’axe de la propagande occidentale, provoquant l’exclusion systématique de productions de qualité, sur le plan du savoir et de la culture.

 

Ainsi la propagande antichinoise élimine d’excellents films, qui contribueraient à une meilleure connaissance de l'Histoire de ce grand pays et à une compréhension de ses préoccupations actuelles. En cause, les thèmes tabous :

. Occupation et pillage de la Chine par les occidentaux, terrible invasion par le Japon avec son sillage de massacres, extraordinaire résistance incarnée par Mao dans l’exploit de La Longue Marche, interminables conflits civils et chaos imposés par les anciennes puissances coloniales dans le soutien aux chefs de guerre corrompus (prémonitoires de ceux organisés plus tard dans les pays arabo-musulmans et qui durent encore…) dont Tchang Kaï-chek qui se réfugiera après sa défaite à Taïwan…

 

Toutes ces œuvres, remarquables, resteront invisibles sur nos écrans : jamais doublées, rarement sous-titrées si ce n’est en anglais ou parfois en espagnol (Amérique latine), encore moins diffusées y compris sur les chaînes TV…

 

Le silence, sous nos latitudes, qui entoure le film The Sword with No Name relève de cette volonté de taire ce qui fait tâche dans la mythologie de l’Occident et de ses alliés ou satellites, praticiens rigoureux des « Droits de l’Homme et de la Démocratie »...

 

Car, ce film romantique a pour toile de fond la résistance, aux visées colonialistes du Japon sur la Corée, personnifiée par l’impératrice Myeongseong. Considérée comme une héroïne de l’indépendance et de la grandeur de la Corée, cette femme aussi belle qu’intelligente, réformatrice au grand courage, fut assassinée par les Japonais qui ne toléraient pas sa politique de coopération équilibrée avec d’autres pays étrangers, particulièrement avec la Chine et la Russie, encore moins son refus de soumission.

 

Le Japon à l’exemple des puissances occidentales de l’époque, en pleine expansion coloniale, avait décidé de s’emparer de la Corée et réussir, enfin, là où il avait toujours échoué depuis le XVI° siècle. Les mises en scène actuelles pour s’emparer d’un pays, "révolutions colorées" ou "pseudos rebelles à protéger du massacre de leurs dictateurs par l'OTAN", n’étaient pas encore à la mode ou au point. Les moyens étaient plus expéditifs…

 

Le 8 octobre 1895, l’ambassadeur, Miura Goro, à la tête d’un commando d’une cinquantaine de tueurs japonais (qu’on qualifierait aujourd’hui de "forces spéciales") s'introduisant par surprise dans la partie privée du palais impérial, grâce à la complicité de collabos dont le général U Beom-seon, massacrèrent la garde et les dames de compagnies de l’impératrice qu’ils tuèrent à coups de sabre. La traînant par les cheveux dans la cour de la résidence pour brûler son corps.

 

Elle avait 44 ans.

 

Assassinat de l’impératrice Myeongseong

Assassinat de l’impératrice Myeongseong

La grossièreté du procédé (Fi donc !) secoua quelque peu les chancelleries empanachées (un coopérant-architecte russe présent, par hasard, fut témoin de la tuerie…). Le Japon rapatria l’ambassadeur et le commando, organisa même un procès pour les juger, devant un tribunal d’Hiroshima. Qui prononça un "non lieu" au bénéfice des uns et des autres, 56 personnes, au motif classique dans ce genre de sauvageries impériales : « manque de preuves »…

 

A ce jour, les Coréens n’ont pas pardonné aux Japonais.

 

D’autant que le Japon, bénéficiant de la complicité des occidentaux qui pillaient la Chine avec lui, imposa un traité de Protectorat en 1905, promulgué sans même le soumettre au sceau impérial de l’époux survivant de l’impératrice, l’empereur Gojong. Qui avait trouvé refuge, avec le prince héritier, à l'ambassade de Russie.

 

Puis, sur sa lancée, annexant la Corée en 1910 par le traité unilatéral promulgué et connu sous le nom de Japan–Korea Annexation Treaty. Sa dynastie supprimée, transformée en simple province de son "empire" qu’il géra par un “gouverneur général” jusqu’à sa capitulation, le 15 août 1945. Oubliant que la Corée était un pays à la longue et riche histoire, se mesurant pendant des siècles, avec courage et diplomatie, à toutes les convoitises, se positionnant en grande puissance régionale entre Chine, Japon, invasions Mongoles et Mandchoues. Jamais, elle n’avait été annexée.

 

Avant ce féroce coup de force du Japon, notons que la France avait tenté une expédition coloniale contre la Corée, en octobre-novembre 1866, avec une dizaine de navires aux ordres de l’amiral Roze. Piteusement contrainte à la retraite pour avoir sous-estimé la farouche opposition armée. Obligée aussi de renoncer à toute nouvelle tentative du fait des désastres militaires des armées de Napoléon III au Mexique, peu de temps avant celui qui balaya le second Empire face à l’armée prussienne…

 

Rêver d’annexer la Corée était donc un délire historique. Le Japon préféra nier l’Histoire. S’en suivit une atroce odyssée pour la nation Coréenne.

 

De l’Annexion Japonaise au Protectorat Américain

 

Comment prétendre “rayer de la carte” une nation à l’identité aussi forte, profondément enracinée, que celle de la Corée ?... Dont l’unité nationale remonte à 918 sous la dynastie Goryeo, qui donna son nom au pays, régnant sans interruption jusqu’à la fin du XIV° siècle (1392). Maintenue avec constance par les dynasties ultérieures.

 

Ses responsables politiques destitués, son administration, son armée, sa police démantelées, ses lois abrogées : la résistance du peuple Coréen fut immédiate. Au mépris de la violente répression de l’occupation japonaise et des habituelles méthodes de la terreur coloniale : assassinats de suspects qualifiés de meneurs ou de terroristes, massacres et tortures par dizaines de milliers, humiliations permanentes et mesures d’appauvrissement systématiques de la population.

 

Un "Gouvernement Provisoire de la République de Corée" s’installa à Shanghai pour coordonner les différentes initiatives civiles et miliaires face à l’inacceptable. Des résistants se livrèrent à des actions héroïques. An Jung-geun assassina le Résident-général de Corée, Itō Hirobumi, en 1909. La mort de l’empereur Gojong déchu, en janvier 1919, probablement empoisonné par les services spéciaux japonais, provoqua d’immenses manifestations noyées dans le sang : 7000 morts d’agrès les autorités d’occupation. Provoquant la création de la première coordination de la résistance : le « Mouvement du 1er mars ».

 

La guérilla obtint même des succès importants dans les montagnes et denses forêts du nord de la péninsule, notamment lors de la bataille de Chingshanli en 1920. Obligeant les armées japonaises à abandonner certaines régions limitrophes de la Chine. En avril 1932, la résistance coréenne décapita à Shanghai l’état-major de l’armée japonaise en Chine, dans une audacieuse opération commando où s’illustra celui qui devint un des héros célèbres de la Corée : Yun Bong-gil.

 

i)  Pillage et esclavage d'une Annexion

 

Confrontée à un écrasant rapport de forces, malgré son abnégation la résistance ne pouvait avoir qu’un impact limité, le Japon intensifiant son annexion par un pillage méthodique du pays, sur fond de répression et de mise en place de « collaboration » plus ou moins forcée. Cette spoliation s’accentuant parallèlement à l’élargissement des opérations de la 2° guerre mondiale sur le continent asiatique (Mandchourie-Chine-Birmanie-Indochine, etc.) et dans le Pacifique.

 

Les meilleures terres agricoles de la Corée furent accaparées par des colons japonais, au point que, d’après les statistiques des autorités d’occupation, le ratio des propriétés détenues par les japonais atteignait en 1932 : 53%. En 1939, les capitaux enregistrés dans les industries étaient à 94% la propriété des japonais. En 1942, le capital "indigène" investi dans l’ensemble du parc industriel ne représentait plus que 1,5%. La curée, afin de ravitailler en priorité le Japon, atteignait de telles proportions que la consommation alimentaire en céréales pour les Coréens, riz principalement, était inférieure de 35% au niveau des années 1912-1916… (6)

 

Pour consolider l’annexion, les japonais planifièrent la destruction de l’identité de la nation. Seule la langue japonaise fut autorisée dans le pays.

=>   En 1937 : interdiction aux élèves et étudiants d’étudier et de parler la langue coréenne dans les établissements d’enseignement et à l’extérieur.

=>   Suppression de tous les journaux en langue coréenne.

=>   Accès à l’éducation de la majorité de la population limité à l’enseignement primaire, sauf pour une minorité issue des familles de « collabos ».

=>   Suppression des lieux de cultes traditionnels et imposition du culte japonais rendu obligatoire, le Shinto, dans des établissements construits à cet effet.

=>   Destructions des vestiges historiques et du patrimoine culturel, enlèvements des œuvres d’art expédiées au Japon. Un minimum de 75.311 pièces de grande valeur, spoliées par l'occupant, ont pu être recensées… (7)

 

L’effort de guerre obligea les autorités japonaises à réquisitionner, dans des conditions assimilables à de l’esclavage, plus de 6 millions de Coréens répartis dans toutes leurs nouvelles conquêtes (certains sous uniforme japonais), exploités jusqu'à l'épuisement dans les travaux d’infrastructure et les usines d’armement essentiellement. Jusqu'en Papouasie...

 

Rien qu’au Japon : deux millions de Coréens expédiés et usés dans l’industrie de l’armement. Lors des bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki environ 100.000 Coréens, pris en otages dans les usines locales, moururent de leurs effets. (8)

 

Et, pour assurer les loisirs de leurs officiers et soldats, les stratèges japonais planifièrent l’enlèvement de plus de 200.000 femmes et jeunes filles Coréennes (le chiffre définitif établi par certains historiens serait proche des 300.000), certaines à peine pubères, pour les exploiter en tant qu’esclaves sexuelles, dans leurs bordels militaires sous l’appellation de « femmes de confort » ["comfort women"].

 

Certaines sont encore vivantes et traitées avec le plus grand respect par la nation Coréenne, qui a intenté plusieurs actions en justice pour demander réparations à leur égard. (9)

 

Yun Bong-gil - Héros de la résistance contre le Japon

Yun Bong-gil - Héros de la résistance contre le Japon

Ce rappel des faits n’a pas pour objectif de contribuer au procès du Japon. Ce serait prétendre instruire celui des autres puissances coloniales qui, la France en bonne place, en termes d’atrocités commises dans leurs opérations d’annexion et de spoliation n’ont aucune leçon à donner…

 

Mais, de comprendre la profonde, viscérale, “détestation” des Coréens à l’encontre du Japon. Du moins de son oligarchie, conquérante et sanguinaire, même s’ils éprouvent de l’empathie à l’égard du peuple lui-même (beaucoup de couples mixtes nés des épreuves de la guerre en témoignent). (10)

 

De comprendre, la crainte rétrospective du Japon face à une Corée devenant de plus en plus forte, retrouvant son prestige et son rayonnement historiques, en mesure d’exiger compensations et respect de son indépendance nationale, y compris économique…

 

Oublier ces faits et leurs conséquences, a pour finalité de fausser toute analyse géopolitique de ce que l’esbroufe médiatique, académique ou politicienne, résume sous le cliché facile : « Crise Coréenne ». Occultant un des ressorts fondamentaux, et méticuleusement dissimulé, de la mise en scène imposée à l’opinion publique internationale.

 

ii)  La dictature du Protectorat

 

La libération de la Corée se concrétisa par le nord avec l’entrée des blindés soviétiques escortant les résistants Coréens venant de Chine, et par le débarquement américain venant du sud. Les deux "alliés" se rejoignant au 38° parallèle, coupant en deux la péninsule coréenne, le 8 septembre 1945.

 

Le gouvernement provisoire Coréen constitué en exil depuis de nombreuses années fut immédiatement refusé par les américains, car jugé aligné sur les communistes. Ce qui était considéré comme l'horreur absolue, par l’appareil militaro-industriel et financier qui préparait déjà l’affrontement avec l’ennemi éternel : "le communisme". Imaginons le gouvernement provisoire organisé par de Gaulle nié sous le même prétexte, au moment de la libération de la France…

 

Refusant même des élections nationales, contrevenant ainsi aux accords de Yalta (4-11 février 1945), de peur de voir arriver une majorité communiste ou socialo-communiste. Ce qui probablement, avec des élections libres, se serait produit du fait du prestige des résistants et de leur niveau d’organisation dont des milliers combattirent avec héroïsme, aux côtés des troupes chinoises, les armées japonaises.

 

La "négation démocratique" a bel et bien pour origine, en Corée, ce qu’on ne dit jamais : la position inflexible et idéologique de l'occupant américain imposant son protectorat sans aucun mandat de l’ONU. Suivi à la virgule, par leurs satellites et vassaux. C’est l’époque où américains et affiliés refusaient de reconnaître la Chine de Mao, affirmant que la seule Chine admissible à l’ONU était celle de l’île de Taïwan et de son dictateur Tchang Kaï-chek

 

Le clivage devenait irréversible, se sclérosant en partition, entre ce qu’on appela "Corée du nord" et "Corée du sud". La République de Corée (du sud) [Republic of Korea - ROK] fut proclamée le 15 août 1948. Les Coréens du nord répondirent par la création de leur propre république, le 9 septembre 1949.

 

Cet aveuglement idéologique, confinant au fanatisme, conditionne encore toute approche de la « Crise Coréenne » : la Corée du nord étant devenue le chaudron du diable dans la propagande occidentale.

 

Notons au passage que la France se distingue, à l’heure actuelle, en étant un des deux pays de l’UE avec l’Estonie à ne pas reconnaître la Corée du nord (même Mitterrand n’osa pas…) !... (11) Alors que le principal partenaire économique européen de la Corée du nord est l’Allemagne. Et, que la Grande-Bretagne y entretient une de ses plus grandes ambassades à l’étranger. Dégât collatéral : l’enseignement du français, autrefois très prisé, a complètement disparu.

 

Il est vrai que le naufrage de notre diplomatie atteint un niveau de servilité d’une abjection sans pareille…

 

Pour lutter contre le péril communiste, l’occupant américain instaura une dictature militaro-policière en confiant les commandes de l’Etat à tous les « collabos » pro-japonais, tout particulièrement aux adeptes de l’anticommunisme endoctrinés et encadrés par les spécialistes américains.

 

Le premier "président" de la Corée du Sud fut expédié des USA “clefs en main” (recette reprise dans les récents "printemps arabes" …) dès octobre 1948, dans l’avion personnel du proconsul américain au Japon le général MacArthur. Le sinistre et féroce Syngman Rhee...

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Loin d’être un paradis des "droits de l’homme" et de la "démocratie", ou autres stéréotypes de la propagande occidentale, ce furent pour la Corée du Sud des années d’un atroce despotisme aux ingrédients classiques : régime policier, corruption effrénée, élections truquées, chasse hystérique aux "communistes" (tout opposant étant assimilé à un "communiste" ou à un "agent" de Corée du Nord), campagnes de fanatisation, tortures et massacres de masse.

 

D’un niveau de sauvagerie inimaginable. Rappelons le tragique martyre de l’île de Jeju. En avril 1948, entre 15.000 et 60.000 victimes dans des conditions de barbarie extrême pour provoquer la terreur, 230 villages et 39.000 habitations entièrement rasés. La Corée du Sud éprouva ce que durent endurer, avec les “escadrons de la mort”, tous les pays d’Amérique latine et sur d’autres continents, dont l’Iran du Shah…

 

Il fallut de massives mobilisations nationales du peuple Coréen du sud, à mains nues, pour provoquer le départ précipité de Syngman Rhee dans un avion de la CIA, le 28 avril 1960. Cet autocrate sanguinaire ne connut pas le sort de ses congénères : pendaison de Saddam, ou viol à la baïonnette suivi de sa mise en bouillie de Kadhafi. Il coula les jours tranquilles d’un exil doré, sous les cocotiers de l’île d’Hawaï et la protection de ses maîtres…

 

Mais d’autres, lui succédèrent. D’une trempe similaire, sous couvert d’un abord plus “civilisé”.

 

Entretemps intervint, ce qu’on appelle la « Guerre de Corée »…

Vestiges des massacres de la dictature Syngman Rhee dans la Grotte de Darangshi sur l'île de Jeju

Vestiges des massacres de la dictature Syngman Rhee dans la Grotte de Darangshi sur l'île de Jeju

De la guerre au refus de la réunification par le Japon et l’Occident

 

La propagande occidentale présente une Corée du nord, son arsenal nucléaire entre les dents d’irresponsables, en proie à une folie furieuse, défiant l’humanité. Véritable danger, urgent, angoissant, terrifiant. Mettant en péril notre planète.

 

Une analyse des faits et du contexte, historiques ou actuels, provoque une déconstruction instantanée de cette désinformation délirante. D’un simple coup d’épingle, pour reprendre l’expression d’un de nos présidents de la république, cela fait :

Pschitt !...

 

Rapide survol :

 

i) Guerre de Corée : première manipulation de l’ONU par les occidentaux

Il convient de suivre la stratégie du lobby militaro-industriel américain à partir de son protectorat en Corée du sud, adossé à son colossal arsenal entièrement opérationnel, y compris nucléaire (2 bombardements atomiques à son actif…), accumulé lors de la 2° guerre mondiale. Plus particulièrement, à la suite de ses opérations amphibies et aériennes dans le Pacifique. Fruit d’une remarquable logistique au service d’une puissance navale et aérienne exceptionnelle. Sans rivale à l’époque.

 

Face à lui : des rivaux, ou adversaires potentiels, quasi-inexistants. Incapables d’initier toute guerre ou entretenir des engagements militaires de longue durée.

 

L’URSS se retrouvait en vainqueur épuisé de sa lutte contre l’Allemagne : 30 millions de morts, son parc industriel et ses infrastructures dévastés, tout était à reconstruire. Son potentiel militaire plus que limité comparé à celui de l’Occident, malgré son premier essai atomique du 29 août 1949.

Sortant en 1949 de décennies de conflits, la Chine se trouvait dans un état de délabrement encore pire. Après le pillage occidental qui avait duré un siècle, les ravages sur son sol des armées japonaises, une longue guerre civile mettant difficilement hors d’état de nuire Tchang Kaï-chek et ses protecteurs américains : exsangue, moribonde, en ruine, plus de 50 millions de morts. Aucun potentiel nucléaire, son premier essai n’aura lieu que le 16 octobre 1964.

 

Occasion rêvée pour les Etats-Unis d’attaquer, de s’emparer de la Corée du Nord, et d'élargir son "protectorat" !

 

Et, même un peu au-delà, en Mandchourie… Au sous-sol d'une infinie richesse... Les plans existaient. En projetant les forces armées sud-coréennes équipées du matériel le plus moderne, prélevé sur les arsenaux US, soutenues par une logistique aérienne et navale hors pair, contre la Corée du Nord. Bien sûr, en prenant soin de maîtriser la propagande pour faire croire à une attaque surprise du “Nord” belliqueux, contre un “Sud” pacifique et bucolique, havre de paix démocratique, justifiant une intervention des armées occidentales.

 

Vieille ficelle qui servira lors de l’attaque du Nord-Vietnam, et autres aventures coloniales. "Va-t-en guerre" et "traîneurs de sabre" sont indécrottables de cynisme stupide, malgré les déculottés qu’ils prennent régulièrement… L’essentiel étant, il est vrai, de complaire aux généreux marchands de canons.

 

Pendant des mois, des harcèlements et incursions de grande envergure se multiplièrent, à l’échelon de plusieurs milliers d’hommes, le long de la frontière entre les deux Corées. Mao et Staline adjuraient les Coréens du Nord de tout faire, malgré les agressions permanentes, pour éviter la guerre. La propagande occidentale assure du contraire, évidemment, mais les documents sont là.

 

Exemples (12) :

=>   Le 3 février 1949 : l’ambassadeur d’URSS en Corée du nord, Shtykov, alertait le Kremlin du nombre croissant des violations de frontière par les forces armées de Corée du sud, encadrées par les américains, du manque d’entraînement et d’équipement des troupes nord-coréennes, du manque d’armement moderne et même de munitions…

=>   Le 5 mars 1949, recevant le président de Corée du nord, Kim II Sung, inquiet de la préparation de l’invasion par la Corée du sud, Staline inflexible, sachant qu’il était incapable de l’aider, lui martela l'injonction :

« Le 38° parallèle doit rester en paix. C'est de la plus haute importance », [Dans les documents en anglais : "The 38th parallel must be peaceful. It is very important."].

 

Les occidentaux lancèrent la guerre en 1950, provoquant une contre-attaque des nord-coréens. Invoquant une attaque surprise de la Corée du Nord, ils manipulèrent le Conseil de Sécurité où ne figurait pas la Chine continentale, mais en lieu et place : l’île de Taïwan sous la dictature de Tchang Kaï-chek !... L’URSS boycottant, par la tactique de "la chaise vide", le Conseil de Sécurité du fait de l’attitude occidentale bloquant l’admission de la Chine “réelle”…

 

Les occidentaux eurent donc les mains libres pour formater les résolutions de leur choix et justifier l’invasion de la Corée du nord :

=>   Résolution 83, du 27 juin 1950, condamnant l’agression nord-coréenne

=>   Résolution 84, du 7 juillet 1950, organisant une force de l’ONU (16 pays, dont la France), sous commandement américain. Ce fut la première instrumentalisation de l’ONU pour légitimer les guerres coloniales, "nouvelle manière". Inaugurant, ainsi, une longue liste…

 

Sauf que les troupes de Corée du sud, n’ayant aucune envie d’envahir leurs compatriotes du nord, craquèrent devant la réaction hyper-motivée des troupes nord-coréennes, même mal équipées, au point que les américains se retrouvèrent devant le désastre militaire, malgré leurs prévisions initiales, en première ligne (comme plus tard au Vietnam...). Avec toute leur puissance militaire.

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L’intervention de la Chine fut décisive pour sauver une Corée du nord en cours d’écrasement par les Etats-Unis et leurs affiliés. Elle envoya plus de 300.000 hommes alors qu'elle n'avait ni aviation, ni marine, ni artillerie lourde, pour soutenir les Coréens du nord et casser les prétentions hégémoniques du "Tigre de papier", parvenu à sa frontière. La menaçant même de bombardements atomiques (cause du limogeage du Général MacArthur par le président Truman)…

 

Après trois années de guerre, la Corée du Nord fut entièrement rasée, recevant plus de bombes que l’Allemagne ou le Japon pendant la deuxième guerre mondiale, mais ses envahisseurs ramenés d’où ils étaient partis. (13)

 

Retour à la case départ : au 38° parallèle… Avec plus de quatre millions de morts… (14)

 

ii)  Une vitrine en trompe-l’œil

La guerre de Corée plaçait le protectorat américain devant un double échec :

=> La Corée du nord n’avait pu être vaincue et annexée, malgré l’immensité des destructions et du coût en vie humaine.

=> Le mécontentement populaire en Corée du sud ne cessait de s’amplifier face au régime policier imposé par une occupation étrangère despotique, aux aventures militaires catastrophiques pour la péninsule coréenne.

 

Une nouvelle politique s’imposait dans les meilleurs délais, afin de regagner une crédibilité perdue. Internationalement et localement. Les Think Tanks, avec leurs fourmilières d’experts et communicants, se mirent au travail.

 

Et, le lapin sortit du chapeau : la légende des “Quatre Dragons Asiatiques” était née !

 

Créer quatre vitrines pour exposer les merveilles du miraculeux "Libéralisme Economique" sous le balcon de la Corée du nord et de la Chine : Corée du sud, Taïwan, Hong-Kong (avant d’être restitué à la Chine en tant que province administrative autonome en 1997) et Singapour. Prouver que grâce à la libre concurrence, la libre entreprise, la perfection de “l’autorégulation du Marché” animé par des génies de l’art d’entreprendre, le paradis était possible sur terre !...

 

Ce conte de fée étant relayé par une intense propagande qui a servi de grain à moudre, pendant des années, à tous les économistes et professeurs de management de pacotille vecteurs de l’enfumage idéologique en Occident. Avant que le concept courant d’air « mondialisation » n’apparaisse, comme dans les “défilés de mode”, nouvel emballage marketing de la même idéologie, et paralyse d’hébétude les esprits critiques les plus vigilants…

 

L’entourloupe, ou vitrine en trompe-l’œil, reposait sur trois systèmes interactifs, dont certains sont encore opérationnels :

 

=> Une économie dirigée et assistée

 

Sous la forme d’investissements massifs, à des taux de financement de faveur, dans des entreprises créées de toute pièce. Souvent étatiques ou semi-étatiques au départ (revendues bradées aux copains et prête-noms, dès les bénéfices durables…), certaines gérées en sous-main par l’armée comme les "chaebols" en Corée du sud. Auxquelles étaient allouées des parts de marchés internationaux dans des secteurs les plus avancés, ou sous-traitances aux marges avantageuses : depuis la construction navale ou automobile jusqu’aux produits de grande consommation fondé sur le développement de l’électronique et des nouvelles technologies.

 

Les géants sud-coréens actuels, tels que Samsung, LG ou Hyundai, n’auraient jamais pu naître sans ces interventions étatiques, planifiées, dirigistes, de type “Keynésien” comme disent les théoriciens…

 

Evidemment, dans l’arrière-cour de ces vitrines, dans des pays où le Libéralisme Economique dans son expression la plus flamboyante, Le Capitalisme Sauvage, est établi depuis le XV° siècle : le « miracle du Marché » porteur de prospérité, animé par le génie d’entreprendre, ne fonctionne pas. Les gens y sont pourtant aussi travailleurs et intelligents qu’ailleurs. Le cas des Philippines étant le plus emblématique. La Mythologie des économistes rencontre vite ses limites…

 

=> Le développement d’une société de consommation sans liberté d’expression

 

Création d’une société de grande consommation où une “liberté des mœurs” est imposée comme substitution à une authentique “liberté de pensée et d’expression”. S’assumer “consommateur”, jouisseur-individualiste : Oui ! Se revendiquer "citoyen”, solidaire de sa collectivité : Non !

 

Ainsi en Corée du sud, peut-on se livrer aux addictions en tous genres, pour peu qu’elles ne débordent pas trop sur l’espace public… La contrepartie étant l’interdiction absolue de toute critique à l’encontre du régime pseudo démocratique en place. Articulé sur une fausse alternance, avec des politiciens cooptés pour leur parfaite discipline à l’égard de la ligne idéologique du capitalisme le plus sauvage.

 

Rappelons que la Corée du sud est, jusqu'à présent, toujours administrée par les "collabos" (civils et militaires) pro-japonais et leurs descendants. La présidente actuelle Park Geun-hye est la fille de l'ancien dictateur Park Chung-hee (1962-1979), lui-même ancien officier supérieur des armées japonaises... (15)

 

Imaginons, les Laval et consorts, ou officiers français de la division allemande Charlemagne, actuellement au pouvoir en France, sans interruption depuis la deuxième guerre mondiale… Même si certains de ces « collabos » pro-allemands ont prospéré dans notre pays, à lire l’ouvrage de Frédéric Charpier récemment publié : Les Valets de la Guerre Froide – Comment la République a recyclé les collabos. (16)

 

Encore plus grave : critiquer le régime de protectorat et la présence des 40.000 soldats américains sur le sol de la Corée du sud, avec une estimation de 1.000 ogives nucléaires sous toutes formes (obus, bombes et missiles) !

 

En 2002, un soldat sud-coréen a été condamné à deux ans de prison pour avoir soutenu, devant des camarades de régiment, que la partition de la Corée était due aux seuls américains. Ce qui est l’opinion de la majorité des Coréens du sud qui n’osent pas le dire publiquement. Pas plus qu’ils n’osent dénoncer, actuellement, la politique agressive des Etats-Unis contre leurs frères du nord… (17)

 

Ajoutons que la législation anticommuniste datant de 1948 est toujours en vigueur en Corée du sud. Elargie depuis, par une série de lois “antiterroristes”… Toute sympathie exprimée à l’égard de la Corée du nord est passible de prison. Et, les services spéciaux sud-coréens surveillent avec vigilance tous les réseaux sociaux, jusqu’aux "tweets", qui exprimeraient des sentiments de cet ordre. De même, détenir un livre publié en Corée du nord est considéré comme un crime, etc.

 

=>  Etrangler économiquement la Corée du Nord

 

Pour que la vitrine du "Libéralisme Economique" apparaisse encore plus mirifique, il convenait d’entraver au maximum les progrès économiques de la Corée du nord par toute une série de mesures d’embargos (y compris sur les produits alimentaires et médicaments). D’où les sanctions en cascade, sous tous les prétextes.

 

Le pays qui a connu des inondations catastrophiques, en 1997 et 2000, s’est vu interdire par "La Communauté Internationale", toute aide alimentaire internationale afin de : « ne pas aider le régime au pouvoir ». Avec, pour amplificateur, une propagande ne cessant de se lamenter sur "la famine" qui contraindrait les Coréens du nord à se nourrir de feuilles d’arbres et de racines. Par la faute de dirigeants aussi cruels qu’imbéciles.

 

En termes de régimes politiques autocratiques, celui du Nord n’a rien à envier à celui du Sud. Et, vice-versa. Le problème n’est pas dans la diabolisation des uns et la béatification des autres. Mais, dans une évolution apaisée des relations entre tous en encourageant, par la dédramatisation des contextes et la tenue en laisse des idéologies, les avancées réellement démocratiques.

 

Ce que l’américain James Dresnok installé, avec d’autres militaires américains avant lui (Charles Jenkins, etc.), en 1962 en Corée du nord ne cesse de souhaiter.

 

Issu d’un milieu pauvre aux Etats-Unis, il avait dû quitter l’école à l’âge de 15 ans et, sans travail, s’était ensuite engagé dans l’armée américaine. Quasi-analphabète, excédé des mauvais traitements et du mépris de ses chefs, un jour il planta son fusil et posant son casque sur la crosse, il avança droit devant lui pour demander l’asile politique à la Corée du nord.

 

Après un intense effort d’adaptation à une langue et une culture nouvelles pour lui, il devint professeur d’université, se maria et eut des enfants. Son visage épanoui montre qu’il ne s’est pas nourri que de racines.

 

Et, que « l’enfer » n’est pas toujours là où les propagandistes le fantasment… (18)

L'américain James Dresnok - Installé en Corée du nord depuis 1962

L'américain James Dresnok - Installé en Corée du nord depuis 1962

iii)  “Crise” ?... Quelle “Crise” ?

 

Les dirigeants de Corée du Nord ne sont pas des fous descendus des arbres, contrairement aux clichés de la désinformation occidentale, mais des gens aussi rationnels, que les autres. Formés dans les meilleures universités du monde et parlant trois ou quatre langues étrangères. Son élite a, peut-être, tous les défauts sauf celui de ne pas être enracinée dans la « résistance », et d’être issue de la « collaboration » avec le Japon et ses successeurs. (19)

 

Les Coréens du nord veulent la paix et la réunification de leur pays, avec des élections libres. La dénucléarisation totale de la péninsule coréenne, avec le départ de toutes les troupes d’occupation. Bien sûr : l’arrêt des manœuvres permanentes le long de leurs frontières terrestres, maritimes et aériennes. Exigence élémentaire de tout pays souverain.

 

La "Crise Coréenne" n’est donc qu’une opération de propagande et de manipulation, par l’Occident, aux causes simples :

 

1. Déclencher une course aux armements pour satisfaire les industriels de l’armement et les politiciens. Occasion pour leur rapacité, d’édifier leurs fortunes via les mirobolantes commissions qu’ils s’octroient.

 

2. Permettre au Japon de se remilitariser, en supprimant les traités internationaux de l’après deuxième guerre mondiale qui en limitaient la capacité.

 

3. Bloquer toute réunification entre les deux Corée :

=>  Priorité du Japon ne souhaitant pas voir face à lui un pays de 75 millions d’habitants (Sud = 50M + Nord = 25 M) qui, dès sa réunification, présenterait une formidable puissance industrielle, technologique, militaire. Puissance sûre d’elle-même, au ressentiment à son égard difficilement gérable…

=>  Priorité des USA, sachant que le départ de leurs troupes et arsenaux serait une des premières mesures d’une Corée réellement indépendante. Mouvement auquel s’ajouterait certainement, en se libérant du « protectorat », de s’orienter vers un espace multipolaire proche de la position chinoise par rejet des prétentions impériales, passées et présentes, du Japon et des Etats-Unis sur leur pays.

 

Sans oublier l’effet collatéral pour notre pays…

 

Cette "tension internationale", artificiellement entretenue par nos propres, et prétendus, « alliés », est un révélateur supplémentaire de « crise » pour la France. Démontrant le profond délabrement de notre diplomatie et, en conséquence, de notre souveraineté nationale. Comment la France, en est-elle réduite à la remorque d’une extrême-droite américaine paranoïaque et corrompue ? Enfonçons le clou, d’une poigne ferme : une extrême-droite fanatique, belliciste, et sanguinaire.

 

Une France incapable de se démarquer d’une politique fondée sur le mensonge et la violence. Répétant, en perroquet, déclarations et autres gesticulations agressives dictées par des capitales étrangères.

 

Alors que notre planète a tant besoin de solidarité, de confiance partagée, entre chacune de ses nations pour résoudre, ensemble, tous les problèmes d’alimentation, de santé, d’éducation, d'emplois, qui se posent aussi bien pour nos générations actuelles que futures.

 

Cette disparition, annihilation, de notre capacité de compréhension et de libre arbitre, en tant qu’Etat souverain, est la voie ouverte à la disparition de notre identité nationale. Non pas pour cause de foulard ou de voile épouvantail, dont on nous intoxique, mais par acceptation d’une obséquieuse servilité de notre nomenklatura…

 

 

 

 

Corée : Lecture d’une “Crise”…

 

1. Jean Orieux, Talleyrand, Flammarion, 1970, p. 293.

2. Le titre en anglais ["L’épée sans nom"] est très éloigné de l’original plus poétique, 불꽃처럼 나비처럼, qui donnerait en anglais littéral : "Like Fireworks, Like Butterflies". Que je me hasarderais à traduire, tout aussi littéralement en français : « Feux d’Artifice et Papillons ». Métaphores représentant la personnalité des deux personnages principaux.

3. Bien qu’inférieure encore en qualité, d’autres productions asiatiques sont en train d’émerger et vont progressivement rejoindre le niveau de leurs prédécesseurs de la région : Vietnamien, Philippin, Thaïlandais et Indonésien, notamment.

4. Un exemple, dans le genre comédie satirique, le film coréen intitulé en anglais Perfect Partner sur le milieu des émissions de TV "gastronomiques" (en Corée aussi, devenues omniprésentes…). Ravages de l’ambition et du cynisme, avec coups tordus et rebondissements inattendus. Jeux d’acteurs impeccables. Un régal !

5. Vient de se terminer le prestigieux film international du cinéma à Pékin [Beijing International Film Festival]: http://www.bjiff.com/en/. Pas un seul compte rendu dans les médias occidentaux…

6. Savada, Andrea Matles, Shaw, William, "Korea Under Japanese Rule", Federal Research Division, Library of Congress, eds. (1990),
http://countrystudies.us/south-korea/7.htm

7. Cf.: http://en.wikipedia.org/wiki/History_of_Korea#Japanese_rule

8. Cf.: http://dartcenter.org/content/hiroshimas-survivors-0#.UXqcbEptOgs

9. Cf.: http://en.wikipedia.org/wiki/Comfort_women

10. Comme beaucoup de peuples, les Japonais ont subi, dans la souffrance et les humiliations, une oligarchie imprégnée d’un hallucinant esprit de caste, d’une extrême violence et rapacité. Que même les samouraïs d’extraction modeste devaient endurer.
Sur ce sujet, pour les cinéphiles je recommande la série japonaise culte Zatoichi de 26 films interprétés par le légendaire Shintaro Katsu, qui décrit à la perfection le Japon rural des années 1840, des petites villes et villages, soumis à une implacable féodalité doublée d’une cruelle mafia.
Ou encore, la magnifique trilogie du réalisateur Japonais Yoji Yamada avec trois inoubliables chefs d’œuvre sous-titrés en anglais : The Twilight Samurai – The Hidden Blade – Love and Honor.

11. Cf.: http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_relations_franco_-_nord-cor%C3%A9ennes

12.  Alternativeinsight, juin 2000, http://www.alternativeinsight.com/Korean_War.html

13.  La Corée du Nord a été bombardée plus de 3,7 fois que le Japon lors de la seconde guerre mondiale avec 600.000 tonnes de bombes. Dont la plupart étaient du napalm pur déversé sur les populations civiles. Exemple de statistiques : de juin à fin octobre 1950, les bombardiers américains déversèrent 3,2 millions de litres de napalm… http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cor%C3%A9e#Utilisation_massive_du_napalm

14.  Stansfield Smith, North Korea’s Justifiable Anger, [La juste colère de la Corée du nord], CounterPunch, 10 avril 2013, http://www.counterpunch.org/2013/04/10/north-koreas-justifiable-anger/

15.  A l’exemple des tyrans de l’Empire romain, assassiné par le chef de sa garde prétorienne et son meilleur ami, Kim Jae-kyu, responsable de la KCIA (Korean Central Intelligence Agency).

16.  Frédéric Charpier, Les Valets de la Guerre Froide – Comment la République a recyclé les collabos, François Bourin Editeur, 2013.

17.  Ramin Mazaheri, Is there Freedom of Speech in South Korea ? [La liberté d’expression existe-t-elle en Corée du Sud ?], 25 avril 2013, Press TV, Seoul, http://www.presstv.ir/detail/2013/04/25/300179/is-there-freedom-of-speech-in-south-korea/

18.  Nicholas Bonner et Daniel Gordon, réalisateurs britanniques, ont filmé un documentaire Crossing The Line, sorti en 2006, sur l’odyssée extraordinaire de James Dresnok qui a connu un grand succès, en 2007, au Festival du Cinéma de Berlin et a été "nominé" au Festival du Film de Sundance. Jamais diffusé en France…

19. Cf. sur le thème « de quel côté se trouvent les fous ?... » :
=>  Jerry Krtoh, The Korean Crisis : Just Who is the Mental Case ?, CounterPunch, 15 avril 2013, http://www.counterpunch.org/2013/04/15/the-korean-crisis-just-who-is-the-mental-case/
=>  Stansfield Smith, What North Koreans Think, Counterpunch, 8 avril 2013, http://www.counterpunch.org/2013/04/08/what-north-koreans-think/
=>  John Feffer, Infantalizing North Korea, Asia Times, 13 mai 2013, http://www.atimes.com/atimes/Korea/KOR-02-130513.html

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Les caricatures sont, vous les avez certainement reconnues, de notre génial ami Brésilien : Carlos Latuff !

 

 

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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 20:32

 

 

«  Il est tout à fait impossible aux hommes d’Etat de prévoir, sauf à très court terme, les résultats de n’importe quelle action politique à grande échelle. »

Aldous Huxley (1)                                                                                                                                                                                                                                                               

 

 

Le Roi Shaka

 

Durban

 

Aéroport international King Shaka. Embouteillage aérien, sympathiques bousculades et files d’attente.

 

Le monde entier semble s’être donné rendez-vous. Avions déversant de tous horizons et continents : délégations officielles, observateurs avec, dans leur sillage, inévitables “hommes d’affaires” ou affairistes… Amplifiant le flot des touristes habituels. Les plus euphoriques, ceux en provenance des pays de l’hémisphère nord, couverts de neige ou noyés sous les eaux.

 

Douceur idéale : 24° / 26 °. Immenses plages bordées d'hôtels aux gigantesques animations aquatiques, sous le soleil d’un climat subtropical alternant avec des averses rafraîchissantes. De mi-novembre à fin avril, c’est la saison des pluies (rainy season). La saison dite “sèche” n’intervenant que de juin à août.

 

DURBAN-SA.jpg

 

Agitation avec pour toile de fond la tenue, pour la première fois en Afrique du sud, du sommet annuel des chefs d’Etat du BRICS, 26 & 27 mars 2013. Elle y avait été cooptée lors du sommet tenu en Chine, à Sanya dans l’île de Hainan, en 2011.

 

Evidemment, grand silence dans les médias d’Occident et de ses colonies.

 

Normal : le BRICS y est détesté par les oligarchies (2). Nos “spécialistes du décryptage de l’information” ont donc consigne de ne pas en parler. Si ce n’est dans la condescendance, la dérision, voire le mépris.

 

King Shaka ?... Non, ce n’est pas la marque d’un hamburger local comme ironisent certains visiteurs à leur arrivée. Nous sommes au cœur de la nation Zouloue. Shaka, contemporain de Napoléon, fut son chef le plus prestigieux, son plus grand roi.

 

Guerrier exceptionnel d'endurance et d’audace, chef de guerre et tacticien hors du commun, il avait forgé, dans une discipline de fer, une armée permanente de 100.000 guerriers, d’une mobilité et d’une combativité sidérantes. Unifiant les différents clans Zoulous dans une puissante fédération sur un territoire équivalent à celui de la France.

 

Il sera assassiné, en 1828, par ses proches, dans une révolution de palais, à l’âge de 41 ans. Diabolisé, caricaturé, après sa mort, par les historiens de l’Empire britannique, et dans les guides touristiques édités de nos jours en Europe…

 

Les Zoulous, groupe ethnique le plus important et le mieux organisé du pays, ont longtemps, courageusement, héroïquement, résisté à la colonisation hollandaise puis britannique. Schéma habituel des conquêtes coloniales de l’époque : fusils à tir rapide, artillerie, cavalerie, destructions systématiques des villages, troupeaux et récoltes, avec massacres des civils, feront la différence. Les britanniques et leurs supplétifs réussirent à briser leur résistance.

 

Parmi eux des Français… Dont le plus connu est Louis Napoléon, fils de Napoléon III exilé en Grande-Bretagne. Engagé volontaire dans les troupes britanniques, il fut tué au cours d’une patrouille à cheval, le 1er Juin 1879. Surpris avec son groupe, il reçut 17 coups de lance, après avoir vidé son pistolet sur les guerriers du commando Zoulou. Il avait 23 ans.

 

Nation Zouloue, qui sera à la pointe du combat contre le régime raciste d’apartheid imposé par les colons européens, avec la complicité des grandes puissances coloniales. Jusqu’en 1994 !...

 

Lutte acharnée, sanglante, atroce, si bien chantée, accompagnée, partagée, par le “Zoulou Blanc” Johnny Clegg, ou d’autres grands artistes et intellectuels. (3) Notamment, la chanteuse, Miriam Makeba, personnifiant la magnifique résistance des femmes sud-africaines. Contrainte de passer la plus grande partie de sa vie en exil, errant de pays en pays d’accueil avec sa famille, sous les constantes menaces de mort des colons et de leurs alliés…

 

 

Durban ou notre planète en devenir

 

Durban… Emblématique de l’histoire du pays…

 

A l’origine, la localité fut baptisée en 1835 : D’Urban. Par les 35 citoyens britanniques habitant la baie, en l’honneur du gouverneur du Cap, Benjamin d’Urban. Général très populaire auprès des colons dont il encourageait les prédations par ses excès de violence et d’humiliations infligés aux africains.

 

Un missionnaire protestant, John Philip, remarquable militant anticolonialiste pour l’époque, à force de ténacité, réussira à mobiliser l’opinion publique et provoquer la création d’une commission parlementaire pour enquêter sur ces comportements criminels. Obligeant le ministère britannique des Colonies à le destituer de son poste civil, le 1er mai 1837. Lui conservant, toutefois, ses fonctions militaires afin de ménager la haute hiérarchie de l’armée.

 

Lent, trop lent, mais inexorable cheminement de l’Histoire… En 1999, même si l’appellation Durban est conservée, la municipalité a adopté officiellement le nom de : eThekwini Metropolitan Municipality. Formé à partir de la racine du mot Zoulou désignant la “baie” ou le “lagon” : itheku. (4)

 

A présent, capitale économique de la province du KwaZulu-Natal, la troisième ville du pays regroupe 3, 5 millions d’habitants. (5) Si 60% de ses concitoyens parlent anglais, la langue Zouloue, avec ses propres médias, est pratiquée au quotidien par 30% d’entre eux. S’ajoute à cette mixité linguistique, la plus grande communauté indienne hors d’Inde ; elle-même, mosaïque de pratiques religieuses et dialectes régionaux indiens.

 

Particularité de leur système colonial et de leur puissance navale, les britanniques procédaient à des transferts massifs de populations entre colonies pour empêcher l’accès à l’emploi, rémunéré et surtout qualifié, en conséquence au développement des “nations autochtones”, difficiles à exterminer du fait de leur nombre, considérées comme “réfractaires” ou “rebelles” à leurs spoliations.

 

Le cas le plus extrême est celui de la Malaisie, où les Malais furent systématiquement écartés de l’exploitation de leurs principales richesses de l’époque : caoutchouc et mines d’étain. Les britanniques leur substituèrent, par convois maritimes, des travailleurs Chinois en majorité, mais aussi Indiens. Tant et si bien, que le pays recense actuellement 25 % de sa population d’origine chinoise et 10 % d’origine indienne. (6)

                                                                      

En Afrique du sud, décidant de lancer à grande échelle la culture du sucre à partir de 1860, ils “importèrent” les ouvriers agricoles nécessaires depuis l’Inde. Aujourd’hui, Durban est classé premier “port sucrier” mondial et la communauté indienne représente 10% de la population de l’Afrique du sud.

 

Rappelons que Gandhi séjourna de 1893 à 1915 en Afrique du sud en tant qu’avocat au service de cette communauté. Il y forgea son militantisme, confronté aux humiliations et violences du racisme. (7) Malgré le statut supérieur des Indiens par rapport aux populations noires quasiment considérées, à l’exemple des peaux-rouges d’Amérique du nord, comme “animaux doués d’intelligence humaine”.

 

De ces mixages de populations, migrations volontaires ou forcées, l’Afrique du sud se retrouve avec 11 langues officielles…

 

Mais, en ce XXI° siècle, n’est-ce pas une illustration du devenir de notre planète ?... Une mixité de populations, quelles que soient origines ancestrales, couleurs de peau, croyances religieuses ou philosophiques, dans le respect réciproque, le partage de valeurs de solidarité et de paix ?...

 

Miriam Makeba avec sa petite-fille Zenzi venue danser sur scène…

 

eThekwini Declaration and Action Plan

 

Monde de demain se télescopant avec la réalité d’aujourd’hui : la prospérité apparente de Durban ne doit pas faire illusion avec ses 10 millions de visiteurs annuels, ses paysages et plages, parcs naturels et sites historiques, hôtels, casinos et discothèques. Ecarts, gouffres, ne cessant de croître, séparant riches et pauvres, et même groupes ethniques, érodent l’Afrique du sud.

 

Eprouvant malgré son indépendance politique, comme de nombreux pays sortant d’une longue colonisation, les pires difficultés pour s’affranchir du despotisme économique de la "mondialisation". Qui n’est, nous le savons, que la dictature d’une poignée de groupes internationaux, avec leurs seconds couteaux et leur domesticité politicienne corrompue : finance, mines et hydrocarbures, marchands de canons, chimie-pharmacie, agro-industrie, alcooliers-cigarettiers, grande distribution.

 

Les meilleures terres agricoles appartiennent pour 80% à des "blancs", représentant moins de 10% de la population, à titre personnel ou dans le cadre de sociétés d’exploitation et de commercialisation. Son patrimoine minier d’une richesse inouïe par ses colossaux gisements de diamants, d’or, de charbon, d’uranium, de fer, de cuivre, de nickel, de platine et autres métaux rares, détenu en majorité par des sociétés étrangères, rend d’autant plus choquant l’extrême pauvreté du ¼ de sa population, provoquant une situation de violente délinquance.

 

Malgré l’émergence d’une "classe moyenne", l’Afrique du sud, considérée comme la première économie du continent, est à l’image des autres Etats du BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine. Mais aussi, du reste du monde. Y compris, mais dans une évolution inverse, les pays dits "développés" où la paupérisation des populations s’accentue au fil des jours, en Amérique du nord ou en Europe.

 

Que peut apporter le BRICS dans la réflexion et l’action, face à l’urgence des solutions à trouver aux problèmes d’organisation et de développement, de survie même, de l’Humanité ?...

 

Le scepticisme des commentateurs à l’égard du BRICS s’exprime dans des termes dévalorisants. Le moins négatif étant celui de "disparate". (8) Comme si les autres "sommets" étaient des modèles de cohésion, d’harmonie, d’efficacité… Le mépris, toujours… Dès lors qu’une initiative d’ampleur mondiale n’a pas pour origine les "penseurs", "Think Tanks" et "stratèges" d’Occident.

 

Rares sont les témoignages positifs. Ils n’en sont que plus surprenants. Tel celui de l’analyste financier Jim O’Neill. (9) Responsable de  la gestion d’actifs [placements & investissements pour le compte de tiers : environ US$ 800 milliards] de Goldman Sachs, créateur de l’acronyme BRIC, en 2001, avant l’inclusion de l’Afrique du sud.

 

S’exprimant dans la presse allemande, une semaine avant la tenue du sommet de Durban, Jim O’Neill estime que le BRICS, non seulement progresse rapidement, mais qu’il dépasse toutes les attentes !... Une communauté de près de 3 milliards d’habitants, quadruplant en 10 ans son PIB, sortant de la misère des dizaines de millions de personnes. La Chine, d’après les statistiques de la Banque Mondiale, réussissant en 20 ans à en extraire plus de 450 millions. Le BRICS détenant, point le plus fondamental :

« … le potentiel de prévenir une récession globale, de croître plus vite que le reste du monde et de devenir un moteur de la croissance mondiale ». (10)

Recoupant ainsi toutes les études prospectives des organismes internationaux, même ceux les moins bien disposés à l’égard du BRICS. A l’exemple du PNUD, qui dans son « Rapport sur le Développement Humain 2013 – L’Essor du Sud : Le Progrès Humain dans un Monde Diversifié », pages 15-16 illustrées d’un graphique [figure 3], section intitulée « Rééquilibrage Mondial », ne peut que constater (11) :
« … en 2050, selon les prévisions du présent Rapport, la Chine, l’Inde et le Brésil, représenteront ensemble près de 40 % de la production mondiale…
[…] le Brésil, la Chine et l’Inde, ont réduit de manière drastique la proportion des personnes à faibles revenus – le Brésil de 17,2 % en 1990 à 6,9 % en 2009, la Chine de 60,2 % en 1990 à 13, 1 % en 2008 et l’Inde de 49,4 % en 1983 à 32,7 % en 2010.
 »

 

Traiter le BRICS dans l’indifférence, ou la condescendance, n’est effectivement qu’une dérisoire posture de déni. Ce qu’ont compris les plus lucides. (12)

 

S’affirmant progressivement comme un pôle moteur de développement et de rénovation des transactions internationales, économiques et financières, le BRICS, il convient de le souligner, représente surtout un ancrage de stabilité, de pondération, dans les relations entre pays et continents. Devenus si volatils, agressifs, tant les pulsions paranoïaques ont supplanté le traitement logique et apaisé des inévitables conflits d’intérêts.

 

Un sommet "productif", ou "réussi", repose sur l’interaction de quatre rouages :

=> En amont, l’aboutissement d’un intense travail préparatoire, accompli par de multiples commissions spécialisées

=> A l’issue du sommet, un consensus sur l’architecture des accords et décisions liés au thème proclamé. En l’occurrence :

"BRICS and Africa: Partnership for Development, Integration and Industrialisation”.

=> Les discussions, négociations et accords bilatéraux entre partenaires en dehors, ou en accompagnement, des décisions collectives

=> Les rencontres formelles et informelles entre responsables des délégations. Dans le cas du BRICS, les chefs d’Etat respectifs.

 

Cette dynamique a étonnamment bien fonctionné au cours de ce sommet. Eclatant succès, marquant une avancée spectaculaire de l’importance géopolitique du BRICS.  Majeure, actuellement. Dont le poids, l’impact, dans la rénovation inéluctable des systèmes de gestion économique et politique, vont se révéler déterminants dans les prochaines décennies.

 

Ainsi qu’en témoigne sa Déclaration finale : “eThekwini Declaration and Action Plan”, reprenant dans son titre le nom de la ville hôte. Celui en langue Zouloue de Durban : eThekwini. Ses 47 articles, suivis du Plan d’Action, méritent une lecture attentive pour qui souhaite percevoir, mesurer, le basculement irréversible du centre de gravité des enjeux, forces et pouvoirs de la planète. (13)

 

Loin d’être une révolution, une rupture brutale par rapport au "libéralisme sauvage", une confrontation téméraire avec l’hystérie belliciste d’un Empire agonisant (14), ils traduisent, dans un contournement ou un enveloppement analogues à ceux de la stratégie du jeu de GO, la patiente, méthodique, solide, mise au point d’un nouveau mécanisme de gestion et de relations, dans et entre nos différentes collectivités et continents.

 

L’Amérique latine apporte à ce mouvement une vigoureuse réflexion novatrice, confortée par l’expérience, avec ses réussites et ses immanquables blocages ou sabotages. Une des plus stimulantes étant celle de l’intellectuel Alvaro Garcia Linera, vice-président actuel de la Bolivie. Car, changer un système finissant, construire une renaissance sur les décombres d’un “capitalisme mû par la pulsion de mort” (15), exige pour préalable, ou concomitance, la libération des esprits du carcan de l’idéologie coloniale ou impériale…

 

Cette « bouffée d’air frais oxygène le monde stagnant de l’impérialisme néolibéral » ["breath of fresh air to oxygenate the stagnant world of neoliberal imperialism"], pour reprendre l’expression de Vijay Prashad. (16)

 

Et, les 47 articles de la Déclaration du sommet du BRICS…


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Le Jeu de GO

 

Le rouleau compresseur et la gifle

 

Les médias, traitant quelque peu de ce sommet, se sont focalisés sur la création imminente, par le BRICS, d’une Banque de Développement aux compétences élargies qui concurrencerait le FMI. Ce n’était, même si l’idée a été retenue dans une perspective à moyen-long terme (article 11 de la Déclaration), ni le sujet du sommet, ni sa priorité !

 

Chinois et Russes, particulièrement, se méfiant des "zinzins institutionnels", aussi coûteux qu’inefficaces, générant trop souvent une caste de technocrates, échappant à tout contrôle, en cheville avec des lobbies corrupteurs. La bureaucratie bruxelloise de l’UE représentant un pathétique et permanent exemple, multipliant désastres économiques, sociaux et politiques… Préférant privilégier une approche pragmatique fondée sur un maillage étroit, resserré, entre membres du BRICS (17), laissant à chacun libre choix des moyens d’intervention dès lors qu’ils s’alignent sur un cap identique fixé d’un commun accord.

 

C’était surtout perdre de vue le thème de ce sommet, plus qu’important et novateur :

« Le BRICS et l’Afrique : Partenariat pour le Développement, l’Intégration et l’Industrialisation »

["BRICS and Africa: Partnership for Development, Integration and Industrialisation”]

 

S’il y a deux points à retenir à la lecture de la Déclaration finale du sommet, ce sont deux affirmations, interactives, impressionnantes de lucidité et de calme détermination :

=> L’affirmation du décollage de l’Afrique
=> L’affirmation du cadre des relations internationales

 

 

i)  L’Afrique

 

L’Afrique est considérée par le BRICS comme le continent promis aux plus spectaculaires développements, dans une “relation sud-sud” à privilégier. Du fait de ses immenses richesses naturelles, de ses titanesques besoins en équipements et infrastructures, et du stupéfiant dynamisme de son marché intérieur. Le retard infligé par les anciennes puissances européennes, dans un féroce pillage néocolonial tant de son sous-sol que de ses privatisations-spoliations, va fatalement se terminer par la reprise en mains progressive des Africains de leur propre destin.

 

Le terme "Intégration" s’entend au sens "régional" par l’édification graduelle de regroupement d’Etats Africains, mais aussi par le tissage de liens spécifiques intercontinentaux "sud-sud" (18) :

« Le BRICS et l’Afrique devraient étroitement s’intégrer afin de promouvoir l’Afrique en tant que nouvelle locomotive de l’économie de la planète. »

["The BRICS and Africa should be closely integrated and promote Africa as the new highlight in the global economy."]

 

En écho au dernier rapport du PNUD (19) :

« L’une des réussites les plus frappantes a été celle de l’Afrique subsaharienne. De 2003 à 2008 (les cinq années antérieures à la crise financière mondiale), le revenu par habitant dans la région a augmenté de 5 % par an, plus du double qu’au cours des années 1990 […] grâce à la forte demande provenant des pays du Sud, la Chine en tête. »

 

Ou encore, dans le même document du PNUD, cocasse démenti des clichés médiatiques de la propagande antichinoise (20) :

« La Chine a encouragé ses industries plus développées telles que le cuir à se délocaliser de façon à se rapprocher de la chaîne d’approvisionnement en Afrique, et ses sociétés modernes spécialisées dans les télécommunications, les produits pharmaceutiques, l’électronique et la construction à former des coentreprises avec des entreprises africaines. »

 

La Chine, donnant effectivement l’exemple, accueille actuellement des milliers d’Africains, majoritairement entrepreneurs et commerçants. Mais aussi des milliers d’étudiants, dans ses universités d’excellent niveau. Ce mouvement en marche, véritable rouleau compresseur libérateur des anciens clivages et blocages, est amplifié par l’Inde, la Russie et le Brésil qui multiplient les accords de partenariats avec de nombreux Etats Africains. A commencer par l’Afrique du sud, avec qui la Russie vient, ainsi, de signer, d’importants accords dans le domaine spatial, aéronautique, nucléaire et militaire. (21)

 

Le sommet était d’ailleurs suivi d’un séminaire auquel participaient de nombreux chefs d’Etat et responsables, non membres du BRICS, tout particulièrement de l’Afrique dite "anglophone", intitulé (Art. 3) :

« Débloquer le potentiel de l’Afrique : Le BRICS et la Coopération Africaine sur l’Infrastructure »

["Unlocking Africa’s potential: BRICS and Africa Cooperation on Infrastructure”]

 

Occasion de réaffirmer le soutien du BRICS au développement durable de l’Afrique dans une vision d’intégration régionale, tout en finançant une économie respectueuse de l’environnement (green economy), afin d’éradiquer la pauvreté et l’injustice sociale du Continent (Art. 4 & 38).

 

D’où le rappel à la "communauté internationale" de reconnaître et respecter le rôle éminent de l’organisation de l’Union Africaine, regroupant l'ensemble des Etats Africains, pour résoudre les conflits sur le continent afin d’assurer la Paix (Art 24) :
« We commend the efforts of the international community and acknowledge the central role of the African Union (AU) and its Peace and Security Council in conflict resolution in Africa. »

Cet article est une allusion directe à l’accord auquel était parvenu l’Union Africaine, organisant une transition pacifique pour un nouveau modèle de gouvernement, entre Kadhafi et les différentes factions en conflit, en Libye. Les occidentaux avaient refusé cette médiation réussie, préférant détruire le pays par leurs forces armées sous bannière de l’OTAN…

Le BRICS est conscient de la crispation des anciennes puissances coloniales, britannique et française en premier lieu, sur leurs chasses gardées rongées jusqu’à l’os. Enfermées dans leur doctrine belliciste, fondée sur l’intervention ou l’occupation armées suivant les vieux schémas coloniaux, afin d’empêcher toute émancipation non seulement politique, mais encore plus économique. Protégeant des dictatures corrompues, avec des contingents détachés d’Europe pour servir de garde prétorienne.

 

D’où trois articles de la Déclaration à prendre au sérieux :

=> Art. 30, sur le Mali : demandant de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays afin qu’il puisse assurer son développement économique et social dans la paix…

=> Art. 31, sur la République Centre Africaine : condamnant les interventions armées dans le pays, où bizarrement des “rebelles”, après avoir fomenté un coup d’Etat, se sont précipités pour tuer des assistants techniques sud-africains (13 morts et 27 blessés graves) ainsi que des ressortissants indiens. Mais, aucun des coopérants français pourtant fort nombreux…

=> Art. 32, sur la République Démocratique du Congo (Kinshasa), le BRICS employant les mêmes termes que dans l’article précédant, diplomatiquement très forts : « gravely concerned ». Les membres du BRICS sont "gravement", extrêmement, "préoccupés", par le pillage armé du pays à partir d’Etats frontaliers pour le compte de multinationales étrangères…

 

 

 ii)  Les relations internationales

 

L’Empire, pris dans la spirale d’une entropie immaîtrisable, plonge le monde dans des conflits et actes de violence permanents : guerres, civiles, de conquête, de destruction, de massacres quotidiens, d’assassinats et tortures à l’échelle industrielle… Comment mettre un terme aux incessants discours, provocations, sanctions, embargos, menaces de conflits armés, exacerbés par une propagande délirante ?...

 

Comment brider « la pulsion du mort » ?...

 

Le BRICS exprime dans toute une série d’articles (Art. 1 & 21, notamment) sa vision d’un monde à édifier, consolider, perfectionner, dans le respect mutuel, la coopération, le partage des problèmes et des solutions. Le plus explicite étant l’article 22, dont l’introduction :

« Nous sommes déterminés à construire un monde harmonieux de paix durable et de prospérité partagée, et réaffirmons que le 21° siècle doit être marqué par la paix, la sécurité, le développement et la coopération. »

 

L’effet majeur de cette volonté se produit au sein même du BRICS : désamorcer les tentatives permanentes des USA pour dresser l’Inde contre la Chine !... Les relations ne cessant, au contraire, de se renforcer entre ces deux géants, avec la médiation permanente de la Russie qui entretient des liens de confiance avec chacun d’entre eux, sur le plan diplomatique, économique et militaire.

 

Cette réaffirmation de la multipolarité, avec référence à la nécessité de réformer les grandes instances internationales (du Conseil de Sécurité au mode de fonctionnement du FMI), et de la primauté de la diplomatie, du dialogue, pour la résolution des conflits d’intérêts, est illustrée par les références répétées dans la Déclaration finale du sommet au respect des souverainetés nationales et au refus des propagations des luttes armées et des guerres civiles.

 

Son soutien à la paix, au dialogue, à la condamnation des interventions militaires, à la nécessité de penser d'urgence aux souffrances actuelles et à la préservation des générations futures, à la reconstruction, s’affichent dans les articles soutenant la Syrie (Art. 26) et l’Afghanistan (Art. 29). Se préoccupant du blocage permanent de toute négociation de paix en Palestine, dénonçant les implantations illégales de colonies sur son territoire et souhaitant l’admission de cette nation à l’ONU (Art. 27).

 

Quant à l’Iran, et la crise artificiellement entretenue par les pays occidentaux, la position du BRICS est sans équivoque et sans appel (Art. 28) :

« Nous estimons qu’il n’y a aucune alternative à une solution négociée au problème du nucléaire Iranien.

Nous reconnaissons à l’Iran le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques en conformité avec ses engagements internationaux, et soutenons la résolution des problèmes en cours par des moyens politiques et diplomatiques, et par le dialogue…»

 

Encore plus important, dans cet article, l’alinéa :

« Nous condamnons les menaces militaires aussi bien que les sanctions unilatérales… »
En anglais :

“We are concerned about threats of military action as well as unilateral sanctions.”
Précisons qu’en langage diplomatique, la litote "we are concerned" (littéralement : "nous sommes préoccupés") veut dire en clair :

« Nous condamnons »…

 

La gifle, pour ceux qui rêvent de « guerre préventive », et autres options du même calibre « sur la table »…

 

Elargissement du BRICS à d’autres partenariats ?... 

 

Depuis 2011, aucun nouvel adhérent n’a été coopté. Un des critères d’admission étant de démontrer un minimum de stabilité politique, de développement économique. Mais, avant tout : de souveraineté nationale.

 

Le BRICS aurait souhaité intégrer un pays du Moyen-Orient en mesure de représenter préoccupations et intérêts spécifiques de la région et du monde musulman. Ses membres comptent, parmi leurs populations, de fortes communautés de cette religion. La Turquie était bien placée, jusqu’à son "naufrage syrien" : diplomatiquement, elle n’existe plus. (22) Régressant vers son statut de colonie de l’OTAN des longues années de la Guerre Froide.

 

L’Indonésie est, à présent, le pays le mieux placé sur la liste des futurs membres, avec ses 245 millions d'habitants, ses 86% de musulmans (recensement 2011), ses richesses énergétiques et minières, sa rapide progression économique (+ 6 % annuel du PIB)... Encore faut-il, qu’elle s’affranchisse davantage de la tutelle impériale…

 

A l’an prochain au Brésil, pour le prochain sommet, nous verrons bien !...

 

 

 

 

1.  Aldous Huxley, L’éminence grise – Essai biographique sur les rapports de la politique et de la religion, La Table Ronde, 2001, p. 308.

2.  BRICS & Bombes, 22 avril 2011,
http://stanechy.over-blog.com/article-brics-bombes-72281017.html

3.  Johnny Clegg : le « Zoulou Blanc », 1er juin 2007,

http://stanechy.over-blog.com/article-10675405.html

4.  D’où le titre de la déclaration finale du 5° sommet du BRICS, du 27 mars 2013 : “eThekwini Declaration and Action Plan”, http://pib.nic.in/newsite/erelease.aspx?relid=94317

5.  Sur 12 millions d’habitants de cette province la plus peuplée, avec celle de Gauteng (Johannesbourg), des 9 que compte l’Afrique du sud. La capitale administrative du KwaZulu-Natal se situe à 60 km à l’intérieur : Pietermaritzburg.

6.  A Singapour (après sécession avec la fédération de Malaisie en 1965, organisée par Londres), longtemps principale base navale, commerciale et financière britannique en Asie, à l’extrémité de la péninsule Malaise, les Chinois représentent 77% des 5 millions d’habitants de cette “Cité-Etat”. Les Indiens : 8% ; les Malais n’étant plus que 14%.

7.  Il existe une passionnante correspondance échangée durant ce séjour entre Gandhi et Tolstoï sur la violence de la colonisation et les moyens de la combattre : élaboration du concept de “désobéissance civile”.
8.  Pierre-Olivier Rouaud, BRICS : quand 5 géants se rencontrent à Durban, Usine Nouvelle, 26 mars 2013,
http://www.usinenouvelle.com/article/brics-quand-5-geants-se-rencontrent-a-durban.N193956

9.  Fonction actuelle (il est sur le départ) : Chairman of Goldman Sachs Assets Management.

10.  Erich Follath, Goldman Sachs’ Jim O’Neill : BRICS ‘Have Exceeded all Expectations’, Spiegel, 21 mars 2013,
http://www.spiegel.de/international/business/departing-goldman-sachs-exec-still-sees-bright-future-for-bric-nations-a-890194.html 
11.  PNUD, Rapport sur le Développement Humain 2013 – L’Essor du Sud : Le Progrès Humain dans un Monde Diversifié, pp. 15 – 16,
http://hdr.undp.org/fr/rapports/mondial/rdh2013/telecharger/
12.  Pepe Escobar, BRICS go over the wall, Asia Times, 26 mars 2013,
http://www.atimes.com/atimes/World/WOR-01-260313.html 

13.  Op. Cit., http://pib.nic.in/newsite/erelease.aspx?relid=94317

14.  Sam Sacks, Condemned to Endless War : The Sisyphean US terror policy [Condamnés à une Guerre Sans Fin : Le Rocher de Sisyphe de la politique de terreur des USA] , RT, 27 mars 2013,

http://rt.com/op-edge/war-sisyphean-us-terror-931/ 

15.  Gilles Dostaler & Bernard Maris, Capitalisme et Pulsion de Mort, Albin Michel, 2009. 

16.  Pepe Escobar, The South also rises [Le Sud émerge aussi], à propos du livre de Vijay Prashad - The Poorer Nations : A possible History of the Global South, Asia Times, 5 avril 2013,
http://www.atimes.com/atimes/World/WOR-01-050413.html

17.  Les important accords monétaires entre Chine et Brésil (accord de 30 milliards de dollars de swap de devises) sont une éclatante démonstration de ce type de démarche :
"China and Brazil sign $30 bn currency swap deal", RT, 27 mars 2013,
http://rt.com/business/china-brazil-currency-swap-deal-brics-918/ 

18.  BRICS ‘set to be global force’, China Daily, 27 mars 2013, http://europe.chinadaily.com.cn/china/2013-03/27/content_16351114.htm

19.  PNUD, section : Revenu et Développement Humain, Op. Cit., p. 28.

20.  PNUD, section : Aider les autres pays à rattraper leur retard, Op. Cit., p. 55.

21.  Exemples d’accords :
i) Maxim Bogodvid, GLONASS: un système optique sera installé en Afrique du Sud, RIA Novosti, 26 mars 2013, http://fr.rian.ru/science/20130326/197909285.html

ii) Grigoriy Sisoev, Russie-Afrique du sud : coopérer dans l’aéronautique, 26 mars 2013, RIA Novosti, http://fr.rian.ru/world/20130326/197909068.html

22. Deux articles résument parfaitement l’abandon de la souveraineté de la Turquie, suite à la trahison de ses dirigeants actuels :
i) Hédi Dhoukar, La Turquie c’est fini, 27 décembre 2012, http://hedidh.blogspot.fr/2012/12/la-turquie-cest-fini.html

ii)  Ramzy Baroud, How Turkey’s regional ambitions crumbled, Asia Times, 4 avril 2013,

http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MID-01-040413.html

 

 

 


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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 06:30

 

 

"Partout, dès les quais du port jusqu'au village le plus reculé, dans les rues et au prétoire, l'offense régnait impunie, la misère, la délation, l'humiliation, le mensonge arrogant, le sadisme à peine déguisé. Un peuple et sa culture, objets des pires manœuvres ."

Jean-François Lyotard  (*)

    

 

 

Dix ans…

 

Le 20 mars 2003 débutait la destruction et l’invasion de l’Irak.

 

Il n’y aura pas de commémoration. Encore moins : débats et remises en cause.

 

Nos médias, politiciens, si friands d’anniversaires, s’efforceront à la discrétion. Eux dont l’obsession du culte des "souvenirs", encensant autosatisfaction, mégalomanie, ou abrutissement, n’a d’égale que celle de l’oubli des faits pouvant ternir leur "Bonne Conscience".

 

C’est ainsi que l’on forge des sociétés amnésiques, analphabètes de l’Histoire, de l’évolution de notre planète. De ses peuples, nations, rapports de force, déclins et renaissances. Qui, un jour, inévitablement, se trouvent, hébétées, tétanisées, écrasées, face à l’irruption impitoyable de ce qu’elles souhaitaient oublier, cacher, nier.

 

Silence. Dans les rangs des oligarques occidentaux. Alignés sur les injonctions de leur suzerain.

 

Le plus éclatant exemple venant de Grande-Bretagne. Par instruction écrite adressée aux membres du gouvernement, le ministre des affaires étrangères britannique, William Hague, modèle de cynisme contemporain, vient d’imposer l’obligation de ne pas mentionner la guerre d’Irak, à l’occasion de ces dix ans (1) :

« Don’t mention the Iraq War…»

 

Ce fut, il est vrai, une des plus abjectes folies de violence collectives commises par les nomenklaturas occidentales. Car, malgré une colossale propagande, les opinions publiques étaient contre ce délire sanguinaire et colonial. Le peuple britannique, un de ceux qui se sont le plus mobilisés contre cette guerre, dont il savait les prétextes non fondés, illégaux et mensongers, dans des manifestations groupant des millions de personnes.

 

Illustrant, ainsi, le complet mépris des castes au pouvoir, sous couvert du soutien de parlements fantoches, à l’égard de la majorité de leurs concitoyens exprimant la volonté d’œuvrer pour un monde de paix.

 

Steve Bell rappelle cette hystérie criminelle et impunie dans une cinglante caricature, tournant en dérision posture et propos de Tony Blair, premier ministre de l’époque. Chef de la majorité « Travailliste », similaire aux PS français, espagnol, italien, belge, etc.  Artisan zélé, vibrionnant, obsédé, de l’engagement des armes britanniques aux ordres du clan Bush.

 

Il y représente le lion britannique, symbole du Royaume Uni, avec le visage de Blair, la crinière carbonisée, sa superbe cabossée, au point d’être réduit en rat. Dans un paysage de désolation où s’accumulent, à l’infini, linceuls et pierres tombales. Affirmant, obstiné et fier de lui, la conviction inébranlable de son génie incompris (2) :

« Cela fait longtemps que j’ai renoncé à convaincre l’opinion qu’envahir l’Irak était la bonne décision »

 

Steve-Bell-28.02.2013-002.jpg

 

Nous ne devons pas l’oublier, même si les médias de la désinformation nous y forcent : ce furent des centaines de milliers de morts, de blessés, de traumatisés, sous des prétextes délirants. Nous le savions. Dès le commencement. A présent, nous en reconnaissons publiquement la réalité, objectivement, placidement, froidement. Tout n’était que tromperie, fabulation : armes de destruction massives inexistantes, armes chimiques introuvables.

 

Dernier artifice rhétorique, avant l’oubli, restait à prétendre qu’il s’agissait de renverser « un affreux dictateur qui tirait sur son peuple ». Fumeuse, abyssale hypocrisie tendant à imposer comme “norme” l’écrasement d’un peuple sous les bombes de l’Occident pour le délivrer de la dictature, en interaction avec la pulvérisation de toutes les infrastructures civiles. Exceptées, pétrolières et gazières, évidemment...

 

Tout en chérissant, protégeant, soutenant, les pires despotismes qui nourrissent ses insatiables spoliations, corruptions, superprofits mirifiques, enrichissements personnels météoriques : moyenâgeuses pétromonarchies du Golfe ou d’Arabie, « régimes parlementaires » mafieux aux élections truquées d’Afrique, d’Amérique ou d’Asie.

 

Toutefois, l’Irak réduit en cendres, occupé, pillé, la saignée fut jugée insuffisante. Dès la fin de l’invasion, les occupants lui inoculèrent la "guerre civile". Méticuleusement organisée, financée, armée, pour en prolonger l’égorgement, l’épuisement, la mise à mort, l’agonie. Une moyenne de 3000 morts par mois (3).

 

Des milliers de torturés pour laminer toute velléité de révolte devant l’horreur de l’occupation, l’immensité des destructions et des pillages. L’information sur la pratique à grande échelle de la torture en Irak, son organisation et sa gestion quasi-"industrielle" par les envahisseurs, commence à émerger malgré la censure. Du côté américain, planificateur de l’horrible. (4)

 

Mais, aussi, chez les britanniques dont beaucoup n’admettent pas, qu’au XXI° siècle, leurs soldats se livrent à des actes d’une telle barbarie. Ici ou là, apparaissent des « commissions d’enquête » officielles ou parlementaires, dont on sait qu’elles sont trop souvent destinées à enterrer les affaires compromettantes pour les gouvernants.

 

A l’exemple d’un autre courageux et lucide caricaturiste, Leon Kuhn, qui détourne, rétablit ou décode, le sens de la médaille accordée aux militaires de son pays revenant de leur séjour en Irak : « War on Terrorism – Expeditionary Medal – Iraq ». La gravure en relief montrant un militaire frappant à coups redoublés avec son poing ganté (gant généralement plombé) un prisonnier Irakien immobilisé dans un filet.

 

Leon-Kuhn-iraq_medal.jpg

 

Avec en légende, une citation de Phil Shiner dénonçant la torture « systématique » des prisonniers Irakiens par l’armée britannique. N’hésitant pas à employer l’expression « pratiques d’Etat » [State practices] !... Combien redoutable pour nos nomenklaturas qui, un jour inéluctablement, auront à rendre compte : gouvernants, parlements et médias.

 

Rappelons que ce juriste londonien se consacre à la défense, qu’il estime n’être qu’à ses débuts, des droits des victimes de « la politique étrangère et de l’armée britanniques » [Britsh foreign policy and military action] (5).

 

Irak… Société détruite, Etat détruit : le Chaos.

 

But ultime. « Mission accomplie ».

 

Effroyable décennie pour une nation, un peuple, à qui étaient promis les bienfaits paradisiaques de « La Démocratie »… C’est devant les morts, les êtres brisés, les générations saccagées, de l’Irak, qu’en ce jour nous nous devons de nous incliner.

 

Dernier hommage, que je souhaite rendre en cette sinistre et silencieuse commémoration.

 

À un homme, intègre, généreux, déterminé, qui a voulu laisser parler sa conscience, prévenir que tout n’était que mensonge dans le déclenchement de cette guerre. Dire la vérité lui a coûté la vie, quatre mois après le début de l’invasion, le 17 juillet 2003 : David Christopher Kelly. Il avait 59 ans.

 

Incroyable, mais vrai. Les oligarques de l’Occident n’honorent pas leurs « dissidents » ! Ni Prix Nobel, ni généreuses récompenses, ni luxueuses sinécures, ni distinctions cinématographiques, littéraires, académiques, médiatiques ou autres. S’ils ne peuvent les réduire au silence …

 

Ils les exécutent.

 

Avec une "discrétion", ou une mise en scène, plus ou moins réussies…

 

David-Kelly.jpg

 

Membre éminent du Ministère de la Défense britannique, c’était un des experts internationaux les plus qualifiés en guerre biologique et en armes de destruction massive. Il avait été détaché comme inspecteur de l'ONU en Irak, où il avait participé à 37 missions.

 

Ses constats, analyses, recherches, avaient forgé une évidence : il n’y avait en Irak aucune arme de destruction massive, nucléaire, chimique ou bactériologique.

 

Il l’avait écrit, l’avait exposé, auprès des organismes et départements spécialisés. Ne pouvant admettre que les "politiques" exigent, des responsables du renseignement et des experts en armement non conventionnel, des contrevérités, ordonnent de procéder à des falsifications de documents. Pour justifier une guerre qui allait entraîner morts et dévastations, aussi atroces qu’incalculables. Non seulement lors de l’invasion, mais encore davantage lors de l’occupation de l’Irak.

 

David Kelly commençait à faire circuler l’information, face au matraquage de la propagande étatique. La partager et la soutenir en dehors du « secret défense ». Auprès de certains journalistes spécialisés, notamment. La Commission des affaires étrangères de la Chambre des Communes (équivalent  de l’Assemblée Nationale) l’avait convoqué (cf. photo), cherchant plus à le mettre en difficulté qu’à écouter ses arguments. Il s’était engagé à donner le détail de ses certitudes et informations, lors des séances ultérieures.

 

Ses prochaines auditions, du fait de son niveau d’expertise et de connaissance sur ce dossier, allaient être “dévastatrices” pour les thèses officielles…

 

Trop.

 

Il a été retrouvé « suicidé ».

 

Près de chez lui, sur un chemin de promenade où il avait l’habitude de marcher pour se détendre. Version officielle : il se serait tailladé le poignet gauche, mais les secouristes n’ont trouvé aucun signe d’hémorragie, ni traces de sang sur le sol ; et, aurait avalé des barbituriques, mais aucune dose mortelle ne fut prouvée…

 

Contradictions et bousculades habituelles du cirque de la désinformation, avec en tête de liste : investigation policière bâclée, simulacre de commission d’enquête (la guignolesque “Commission Hutton”) pour disculper au plus vite le gouvernement Blair. Tout a été fait pour conclure, dans la précipitation, à un « suicide » auquel personne n’a cru : famille, proches, collègues et collaborateurs.

 

David Kelly, considéré comme une solide et brillante personnalité, au parcours professionnel irréprochable, plein d’humour, était tout à la joie de la préparation du mariage de sa fille. Débordant de projets, rien ne prédisposait à une telle « sortie »… Au-delà de son entourage, de nombreux spécialistes du monde médical et des milieux proches du dossier avaient compris qu’il s’agissait d’une élimination.

 

Une avalanche de témoignages, difficilement étouffée par les médias : experts médicaux (6) contredisant les conclusions de l’enquête officielle, députés (7) évoquant ouvertement son assassinat, membres des services de renseignement britanniques (8) confirmant cette « exécution » pour marquer colère et indignation face à une telle imposture politicienne.

 

L’assassinat de David Kelly, victime “collatérale” de l’invasion de l’Irak, est emblématique de la profonde décomposition et de l’hyperviolence du système politique dans nos pays dits « démocratiques ». Dès lors que les intérêts des oligarchies bellicistes et coloniales sont en jeu. “Raison d’Etat”, invoquera-t-on…

 

Fortes de leur impunité, imperturbables, nos nomenklaturas n’en poursuivent pas moins leur obsession criminelle, fanatique, hallucinée, corruptrice, de la destruction et du pillage des peuples et nations. Les uns après les autres. Au gré de leurs délires prédateurs et impératifs du moment…

Mensonges, contrevérités, intoxications, désinformations, affabulations, continuent de plus belle. Diaboliser, susciter les peurs dans les pulsions paranoïaques, enflammer la détestation pour la transformer en haine, afin de justifier guerres, atrocités et prédations.
Tels des cafards, insensibles avec leurs cousins scorpions aux radiations atomiques dit-on, les officines chargés de véhiculer cette propagande mortifère, travesties en agences de presse “fiables” par nos médias qui en font leurs “sources” (9), se multipliant, pullulant, grouillant…

 

 

 

 

 

 

 

 

1.  Nick Hopkins, Don’t mention the Iraq War – William Hague tells cabinet (William Hague demande au gouvernement de ne pas mentionner la guerre d’Irak), vendredi 1er mars 2013, The Guardian,

http://www.guardian.co.uk/politics/2013/feb/28/dont-discuss-iraq-war-william-hague

2.  Steve Bell on the 10th anniversary of the Iraq war – cartoon, The Guardian, 27 février 2013,

http://www.guardian.co.uk/commentisfree/cartoon/2013/feb/27/iraq-war-anniversary-tony-blair-cartoon

3.  Patrick Cockburn, How the World Forgot About Iraq, CounterPunch, 4 mars 2013,
http://www.counterpunch.org/2013/03/04/how-the-world-forgot-about-iraq/

4.  Mahmood, O’Kane, Madlena, T. Smith, Revealed : Pentagon’s link to Iraqi torture centres – General David Petraeus et ‘dirty wars’ veteran behind commando units implicated in detainee abuse,
[Révélation : les centres de torture en Irak  sont une émanation du Pentagone – Le général David Petraeus et un vétéran des ‘sales guerres’ seraient les commanditaires des unités de commando impliquées dans les tortures de prisonniers]

5.  Phil Shiner : ‘We torture people, yet no one admits it’, James Hanning meets Phil Shiner, The Independent, dimanche 2 août 2009,
http://www.independent.co.uk/news/people/profiles/phil-shiner-we-torture-people-yet-no-one-admits-it-1766263.html

6.  David Halpin, Stephen Frost & Searle Sennett, Our doubts about Dr Kelly's suicide, The Guardian, mardi 27 janvier 2004,

http://www.guardian.co.uk/theguardian/2004/jan/27/guardianletters4

7.  Fiona Barton, Iraq whistleblower Dr Kelly WAS murdered to silence him - says MP (Un Député affirme que le Dr Kelly a été assassiné pour avoir dénoncé les mensonges du dossier irakien), 29 octobre 2007, Daily Mail,

http://www.dailymail.co.uk/news/article-488662/Iraq-whistleblower-Dr-Kelly-WAS-murdered-silence-says-MP.html

8.  Simon Aronowitz, Kelly was Murdered' Says UK Intelligence Insider, 23 février 2004,
http://www.prisonplanet.com/022304kellywasmurdered.html

9.  Le plus comique dans ce genre d’arnaque de la désinformation, si le contexte n’était pas aussi cruel, est le fameux Observatoire des Droits de l’Homme en Syrie (OSDH), domicilié à Londres, référence absolue des médias occidentaux. Voici l’évaluation du ministère des affaires étrangères Russe (RIA Novosti - 25 février  2012) :

« Selon les informations dont nous disposons, le personnel de l'Observatoire ne comprend que deux personnes: le directeur et son secrétaire-interprète. L'établissement est dirigé par un certain Rami Abdel Rahmane qui ne possède ni de formation journalistique ou juridique ni même d'instruction secondaire. Dans une interview accordée aux médias en novembre dernier, il a fait savoir qu'il résidait en permanence à Londres, était citoyen britannique et exerçait un métier d'entrepreneur (propriétaire d'un snack-bar) [en fait : un Kebab…] »

Ou encore, celle d’Alain Chouet, ancien responsable de la DGSE et spécialiste du Moyen-Orient :

« … L’OSDH fonctionne sur fonds saoudiens et qataris… » (Marianne – 20 juillet 2012).

Etc.

 

 

(*)  Jean-François Lyotard, Signé Malraux - Biographie, Grasset, 1996, p. 154.

 

 


 

 

 


 

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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 20:42

 

 

« Ainsi les conquérants en venaient-ils à avoir peur des conquis ; ils perdaient leur sang-froid, tiraient sur des ombres dans la nuit. Le silence glacial, hostile, planait sans cesse sur eux. »

John Steinbeck (1) 

 

 

La transe de Jules Ferry

 

Le soufflé est retombé, à peine levé…

 

La page est tournée. Dans l’héroïsme et le panache, s’époumone la chorale médiatique !…

 

Nos “armées” viennent de se couvrir de gloire au Mali, volant d’Austerlitz en Stalingrad, écrasant victorieusement divisions, brigades, régiments et bataillons de nos barbares ennemis !

 

Certains célébrant cette magnifique épopée dans de surprenants rapprochements : « Le Blitzkrieg à la française » ! Comparable à la « guerre éclair » du général Heinz Guderian, spécialiste de l’arme blindée, qui avait pulvérisé en quelques jours l’armée française en 1940 et l’armée russe lors de la phase initiale de l’opération Barbarossa un an plus tard. (2)

 

Rien de moins…

 

Notre “propagande” flanquée de ses instituts de “sondages-bidons”, d’un zèle énergique, démontrant son efficace tour de main dans l’art de concocter quotidiennement ses pilules anesthésiantes ou euphorisantes, dans un astucieux dosage ! Des JT aux émissions documentaires et articles de presse. Entrelardés d’enquêtes d’opinion aux pourcentages staliniens. Approbateurs, évidemment.

 

Fière de son scénario et de sa mise en scène…

 

Alternant, suivant les menus imposés, les qualificatifs d’usage : « terroristes », « islamistes », ou, dans une touche folklorique, « djiahdistes ». Lors de nos dernières conquêtes coloniales, on envoyait des troupes pour préserver La Civilisation des « cannibales », l’évangélisation étant passée de mode : comme aux Iles Marquises ou en Nouvelle-Calédonie.

 

La diabolisation évolue, mais la réalité reste immuable : nous sommes encore plus féroces que les cannibales des contes coloniaux dès qu’il s’agit d’étriper plus faible que soi.

 

La “modernité” remplit ses fonctions. Ces "nouveaux cannibales" sont membres d’organisations logées, en autant de boutiques au marketing soigneusement segmenté, dans les cavernes de la région. Probablement architecturées sous air conditionné d'après les films de James Bond : multiples écrans, ordinateurs, clignotants, sirènes et portes blindées.

 

Aux appellations aussi variées que leurs origines « contrôlées » ou téléguidées : AQ, AQMI, MNLA, MUJAO, DA ou DEA, et Bla-Bla. Telle la mosaïque des marques de lessives, sorties de la même usine, de nos supérettes…

 

Nos « experts », “militaires” et “géopoliticiens” de tous poils, virevoltant d’une TV à l’une, courant d’une radio à l’autre… « Pom-pom girls » chargées d’exciter l’enthousiasme de leurs concitoyens assommés de précarité et de chômage. Oui : la France, plus forte que jamais, est gouvernée par des hommes pénétrés de sagesse, de discernement, de courage et de générosité !

 

Notre “président”, ébahi par le succès foudroyant de sa « guerre contre le terrorisme », revivant dans la redingote de Jules Ferry les expéditions coloniales de nos aïeux. A présent, chef de guerre ou de conquête, dont l’allure martiale assure la montée des sondages flageolants. Lui permettant d’hausser le ton face à la Corée du Nord :

« … condamnée avec la plus grande fermeté… ».

 

Ou se voyant déjà, tel Alexandre, aux portes de Téhéran à la tête de sa vaillante armée… A en croire son discours menaçant prononcé le 6 février 2013 lors de la réception, dans le palais présidentiel de la “République laïque”, d’une délégation de la « Conférence des organisations juives américaines » regroupant 51 responsables d’associations de cette obédience religieuse… (3)

 

Gardien de la Souveraineté Nationale. Rempart de la Laïcité. Glorieux défenseur des valeurs de La Civilisation…

 

L’étoffe des héros.  

 

Humain, toutefois…

 

Emu aux larmes en recevant, au Mali, allégeance des notables et vivats des populations. Chœurs ou claques, comme dans toute bonne dictature, transbahutés en camions avec distribution de petits drapeaux à agiter et slogans à clamer. Sinon, pas de « bons » pour retirer la ration quotidienne de l’aide alimentaire d’une population maintenue dans la quasi-famine. Jusqu’à les habiller de neuf, après “casting”, pour une impeccable représentation télévisuelle…

 

Moteur parfaitement huilé, le cynisme ronronne.

 

Personne n’est dupe. S’agissant d’une énième nouvelle guerre coloniale montée de toutes pièces, depuis des mois. Consistant moins à s’emparer de territoires que de s’approprier, ou renforcer la spoliation, des richesses énergétiques ou minières de la région. Ces « resource wars », guerres pour les ressources, qui vont ravager le siècle, comme le rappelle le chef d’état-major des armées russes Valery Gerasimov. (4)

 

Ressources du Mali ?... Argent, or, cuivre, bauxite, etc. Potentiel gazier et pétrolier. Surtout, fondamental : uranium (trois zones uranifères actuellement recensées : Falea, Iforas, Gao). (5)

 

Coulisses, machineries et machinations, de ce théâtre de marionnettes ont été parfaitement, lucidement, mises à plat par de nombreuses personnes, militants de La Dignité Humaine, associations citoyennes, exerçant avec courage leur esprit critique. (6)

 

Citons, entre autres, le dossier de l’association "Survie", fondée par le regretté François-Xavier Verschave (qui veut entrevoir les enjeux en Afrique doit lire ses ouvrages), méritoire travail d’information :
"Les zones d’ombres de l’intervention française au Mali – Eléments de contexte et d’explication" (7).

 

Ou encore, les décapantes et indispensables analyses de Michel Collon (diffamé en permanence par les relais de l’extrême-droite américaine en France et en Belgique) qui démonte, rouage par rouage, l’intoxication de la propagande via les médias, les intitulant les « médiamensonges » (8) :

 

La révolte de Django

 

L’essentiel de l’arnaque est montré, démontré, démonté.

 

Ne reste, en forme de conclusion, qu’à élargir la perspective géopolitique et historique au continent dans son ensemble.

 

Le Mali, symbolise la prédation de l’Afrique par l’Occident. (9) Son indépendance politique par rapport aux anciennes puissances coloniales, commencée dans les années soixante, n’était que de façade. Proie des groupes miniers, pétroliers, “privatiseurs”, impitoyablement rongée jusqu’à l’os, l’Afrique est toujours en attente de sa véritable indépendance.

 

Pour faire court, j’ai choisi une métaphore. Sous forme d’un film récent, à l’énorme retentissement international. Celui de Quentin Tarantino : “Django Unchained.

Aux antipodes des clichés complaisants d’Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell, abordant la même époque. Loin de n’être qu’une charge contre l’esclavagisme des noirs par les grands propriétaires Blancs dans la fédération nord-américaine de la fin du XIX° siècle, mythique paradis de La Liberté, il illustre avec force et lucidité les ravages de la colonisation. L’exploitation de l’Homme, ses forces et ses faiblesses, dans l’hyperviolence et le racisme.

 

Jusqu’au jour de la prise de conscience, du refus, de la révolte…

 

Tous les acteurs du drame de l’Afrique, de toute colonisation, y sont symboliquement campés, en interaction dantesque. L’humour venant souvent tempérer la violence des situations. Sur fond d’une rigoureuse documentation historique, dans son implacable, féroce, vérité...

 

Le "Blanc Richissime" jouissant, grâce à l’accumulation de sa fortune, d’acheter tout ce qui peut l’être sur Terre dans l’application sans limite de La loi  du Plus Fort : Bonne Conscience, violence impunie, exploitation et humiliation des faibles ou des sans défense, jusqu’à ce qu’ils en crèvent… Diabolique incarnation, très réussie, de Leonardo Di Caprio qu’on n’imaginerait pas, à priori, dans un rôle de “méchant”.

 

Convaincu de la supériorité de la race blanche. La justifiant, dans une hallucinante démonstration, en sciant le crâne d’un ancien esclave mort de son père, prouvant qu’il manquait "une case" aux Noirs, et autres races inférieures aux Blancs… Thèses racistes qui ont, effectivement, perduré dans les milieux scientifiques et colonialistes jusqu’au milieu du XX° siècle.

 

En France, relisons le combat (en 1953 !) de l’inoubliable Frantz Fanon (complètement occulté dans notre pays…), contre les thèses du grand ponte de la psychiatrie et de ses disciples de « l’Ecole psychiatrique d’Alger », Antoine Porot (1876-1965) qui ne cessait d’affirmer :

« L’indigène nord-africain, dont le cortex cérébral est peu évolué, est un être primitif dont la vie essentiellement végétative et instinctive est surtout réglée par le diencéphale […] 

L’Algérien n’a pas de cortex, ou, pour être plus précis, il est dominé, comme chez les vertébrés inférieurs, par l’activité du diencéphale … »  (10)

 

Ou encore en 1952 son disciple, Henri Aubin, soutenant au sujet des Noirs, dans le “Manuel alphabétique de psychiatrie” :

« Les indigènes de l’Afrique noire se rapprochent dans une large mesure de la mentalité primitive. Chez eux les besoins physiques (nutrition, sexualité) prennent une place de tout premier plan ; la vivacité de leurs émotions et leur courte durée, l’indigence de leur activité intellectuelle, leur font vivre surtout le présent comme des enfants

[…] La mentalité du primitif est surtout le reflet de son diencéphale alors que la civilisation se mesure à l’affranchissement de ce domaine et à l’utilisation croissante du cerveau antérieur. » (11)

 

Notons que ces articles, à prétention scientifique, demeurent inchangés dans la quatrième édition du “Manuel” parue en 1969… Et, qu’en toute impunité au regard de nos lois contre le racisme, Antoine Porot est encore célébré, adulé, dans les cercles nostalgiques de la colonisation française en Algérie. Exemple de "l’Association du cercle algérianiste" (12) :

« La notoriété de cette École d'Alger légitime assurément l'attention et la fierté de nos lecteurs »...

 

Les propos condescendants, pétris d’arrogance, de mépris, des “Pom-pom girls” infestant les plateaux de TV et radios, cascades de logorrhée sur « l’inexistence de l’Etat du Mali », « l’incapacité » du pays à s’organiser, se défendre et, bien entendu, se développer, participent de ce racisme imbibant l’inconscient collectif des milieux colonialistes :
« … on leur donne l’indépendance et ils sont incapables d’évoluer, d’entrer dans la modernité… ».

 

Et, autre fadaises pour masquer les massacres de tous ceux, modèles de courage et d’intégrité, qui se sont dressés pour défendre l’autonomie de leurs pays, économique et diplomatique, en valoriser les ressources pour le compte de la population. Renversés dans des coups d’Etat, tués souvent dans d’atroces conditions, avec leurs partisans par les armées ou services spéciaux occidentaux.

 

Parmi une cohorte de valeureux leaders, Thomas SankaraPatrice Lumumba, resteront dans toutes les mémoires, malgré le méticuleux travail d’oblitération de la propagande occidentale, les héros de la libération « post-indépendance » de l’Afrique.

 

Le personnage de DiCaprio, tout en raffinement apparent, est emblématique de ces castes, groupes multinationaux, Etats, d’une cruauté, d’une perversité, sans borne. Exploitant ceux qu’ils asservissent sans aucune pitié. Pillant, rasant pays, populations, générations, dans d’incalculables souffrances, avec sourires, cigares et vins fins…

 

Une scène terrifiante du film a pour décor le salon privé d’un luxueux bordel de la Nouvelle-Orléans. S'y déroule un combat à mort entre deux lutteurs africains, esclaves, pour le plus grand plaisir de son richissime sponsor. Parabole de ces guerres civiles, fratricides, organisées par les Etats occidentaux, dans les salons des organisations et sommets internationaux, pour entretenir le chaos sur le continent Africain.

 

On y voit DiCaprio, à la fin du combat, tendre un marteau au vainqueur, l’obligeant à faire éclater la tête de son adversaire déjà terrassé. Je n’ai pu m’empêcher de penser aux "organisateurs" de l’atroce mise en scène de la fin de Kadhafi

 

On le sait, mais on se tait. Complices.

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L’Afrique est un continent colossalement riche. Le plus riche de la planète.

 

Chaque Etat devrait avoir un niveau de vie supérieur à celui de la Suède… Ce  n’est pas l’Afrique qui a besoin de l’Occident, mais le contraire. C’est pourquoi, tout sera planifié, exécuté, pour maintenir l’Afrique dans le sous-développement : guerres civiles, chaos, spoliations. Car, ce n’est pas de « guerre au terrorisme » qu’il s’agit en Afrique. Mais de  « guerre au développement », comme l’écrit dans un excellent article Dan Glazebrook (13) :
The West’s War Against African Development Continues”

 

Tout sera fait pour qu’il n’y ait aucune union économique, monétaire, encore moins scientifique, technologique, ou militaire, entre Etats Africains, pouvant constituer progressivement de grands ensembles aux synergies complémentaires.

 

Tout comme pour l’Union du Grand Maghreb, torpillée en permanence, dont le commerce ne représente même pas 2% entre Etats voisins et frères. Il en sera de même pour le Sahel et autres grands bassins de développement. Le Sahel gigantesque, grandiose, mer intérieure à sec, de l’Atlantique à la mer Rouge, aux immenses ressources, qui devraient être exploitées, mises en valeur sur place, par tous les pays riverains, dans une coopération constructive.  Ce ne seront que guerres, chaos et drones…

 

La Femme” de Django, jouée par la ravissante Kerry Washington, symbolise cette Afrique, magnifique, pleine de vie et de promesses de bonheur, au destin provisoirement brisé. Qui lui a été enlevée, et dont la recherche sert de fil conducteur au récit. Portrait de femme rebelle, luttant pour sa survie, le respect de sa dignité. Et, qui le paye cher dans tous les traitements sadiques et humiliations que lui infligent ses despotes.

 

Face à ce magnifique portrait de femme, Tarantino, esquisse celui de son antithèse : “La Pute et la Soumise”. Qui bénéficie de toutes les faveurs de ses maîtres : argent à profusion, privilèges de toutes natures, fastueuse garde-robe, bijoux et statut social. Insensible au sort de son peuple, de sa nation, témoin de son exploitation sous les coups, avilissements, privations, horreurs. Assistant impassible, sirotant son champagne, à la lutte à mort des deux lutteurs et autres sauvageries.

 

De la même espèce, pour me limiter à un exemple français, que celles qui ne cessent de parader, déversant leurs bouillies nauséeuses, sur les plateaux de TV et radio. Où elles sont reçues, évidemment, avec tous les égards dus à leurs protecteurs. Affirmant, pitoyables rouages d’une propagande, qu’elles ne doivent leur “statut” qu’à l’école républicaine, la laïcité, la "méritocratie" d’une république imaginaire. Comme si les 6,5 millions de chômeurs, en France, n’étaient pas passés par l’école de la république et n’avaient aucun mérite…

 

Silencieuses face aux souffrances, et spoliations, de leurs peuples ou nations, dont elles prétendent être originaires. Se prosternant même devant leurs oppresseurs. Leur incessante référence à la "méritocratie", dont elles seraient les héroïnes, n’est, en fait, qu’un aveu : celui de leur servilité putassière.

 

Ce lamentable personnage, fait écho à un groupe essentiel dans toute colonisation, les : “Petits Blancs”. Portraits ravageurs de cette catégorie d’individus : minables, miteux, lâches, stupides (l’un d’eux est joué par Tarantino lui-même !).

 

Tous, aussi exploités et méprisés par leurs richissimes patrons que les esclaves qu’ils sont chargés de dominer et d’exploiter au quotidien. Seule différence, celle de trouver leur identité dans le mépris des colonisés, et donner libre cours à leurs pulsions sadiques en toute impunité. Image du racisme colonial ordinaire, parfaitement mise en scène. Impact explosif !

 

Et, personnage central du film, magistralement interprété par Samuel Jackson méconnaissable, l’auxiliaire indispensable de tout esclavagisme, de toute colonisation, spoliation, occupation : “Le Collabo”.

 

Démoniaque, cauchemardesque d’intelligence perverse, supérieure à celle de son maître ! Méprisant, insultant, bafouant, terrorisant, ses frères Africains. Il personnifie tous ces dictateurs civils ou militaires, tortionnaires zélés, bourgeois achetés, intellectuels vendus, qui participent à l’abaissement et au pillage de leurs propres pays.

 

Y-a-t-­il au moins un Blanc dans le film qui ne soit pas un salopard fini ?...

 

Oui. C’est le personnage de King Schultz, sympathique fripouille, joué avec un humour inépuisable par Christoph Waltz. Il fera équipe avec Django, l’acteur Jamie Foxx. Symbolisant la fraternité, entre Blanc et Noir. Et au-delà, quelles que soient couleurs, ethnies et croyances.

 

Face à l’inacceptable…

 

Mais, je me garde de vous raconter les détails de l’intrigue et la fin…

 

Allez voir ce film, dans une haletante métaphore, vous y vivrez un moment d’Afrique, ses drames et ses espoirs.

 

A la sortie, pour relâcher la pression avec une bonne rasade de rire, en guise de pop-corn, je vous offre une tranche de “bien-pensance” concoctée sur un site spécialisé dans la "Bonne Conscience raciste" (14) :

« … Nous avons su élever notre esprit et le débarrasser de toutes les scories de toute idéologie ou religion, en plaçant l’homme et son humanité [le soulignement est de l’auteur du texte] au centre de la société. En ce qui concerne l’adage connais-toi, toi-même, et fais de la raison ton art de vivre, pour certains, ce n’est pas encore gagné ! ».

 

 

 

 

 

 

 

 

1.  John Steinbeck, Lune Noire (The Moon is Down), J.-C. Lattès, 1994, p. 86.

2.  Dominique Merchet, Le Blitzkrieg à la française, RIANovosti, 4 février 2013,http://fr.rian.ru/tribune/20130204/197419798.html
3.  F. Hollande reçoit les associations juives américaines, JCALL, European Jewish Call for Reason,
http://fr.jcall.eu/actualites/declarations/francois-hollande-recoit-les-representants-des-juifs-americains
4. 
 Russia may be drawn into resource wars in future – army chief, 14 février 2013, RT,http://rt.com/politics/military-conflict-gerasimov-threat-196/ 

5.  Gilbert Mercier, Mali : France’s Neo-Colonial War for Uranium ?, News Junkie Post, 14 janvier 2013,http://newsjunkiepost.com/2013/01/14/mali-frances-neo-colonial-war-for-uranium/

6.  Juliette Poirson, Falea ou la colonisation minière au Mali, 9 mai 2012,http://survie.org/francafrique/mali/article/falea-ou-la-colonisation-miniere 

7.  Les zones d’ombres de l’intervention française au Mali – Eléments de contexte et d’explication(dossier d’information de 25 pages - téléchargeable), Association Survie, www.survie.org, 23 janvier 2013.

8. Source vidéos :
i)  La France au Mali : repérer les “médiamensonges”  (1/2)

http://www.youtube.com/watch?v=LoSRTo330TM&feature=player_embedded

ii)  La France au Mali : repérer les “médiamensonges”  (2/2)

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=jMa2fxvES4w

9.  Cf. article : Et, Un Tonneau d’Oreilles !... Un !..., 6 septembre 2007, http://stanechy.over-blog.com/article-12203963.html

10.  Le regard colonial de l’Ecole Psychiatrique d’Alger, LDH-Toulon, 24 février 2005,
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article450
11.  LDH-Toulon, Op. Cit.

12.  http://www.cerclealgerianiste.asso.fr/contenu/sante3204.htm
13.  Dan Glazebrook, The West’s War Against African Development Continues (La guerre de l’Occident contre le développement de l’Afrique se perpétue), CounterPunch, 15-17 février 2013,
http://www.counterpunch.org/2013/02/15/the-wests-war-against-african-development-continues/

14. 10 février 2013, http://www.gerard-brazon.com/article-houria-bouteldja-le-pir-est-a-venir-par-maximilien-115195272.html

 

 

Illustration du Brésilien Carlos Latuff

 

 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 20:45

 

 

 

Réélection de Netanyahu, le « Yes We Can » local.

 

Et, futur « Prix Nobel de la Paix »...

 

Son nouveau programme de gouvernement :

 

 

i)   Politique "extérieure"...

 

 

 

hakbari20130121133318323.jpg

 

 

 

 

ii)   Politique "intérieure"...

 

israel-gaza-oppressor-oppressed.gif

 

Analyses du Brésilien Carlos Latuff

 

 

 

 

 


 


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