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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
chante la lutte des Peuples
contre la Prédation
 
 

Horizon...


Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes...
Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas.
A contre-courant...

 

 

 

Modération


Tous commentaires et propos contribuant à enrichir échanges et débats, même contradictoires, sont amicalement reçus. Ne sont pas acceptées les pollutions organisées, en particulier :

a)  Hors sujets et trolls

b)  Attentatoires à la Dignité Humaine :

.  Injures

.  Propos racistes

.  Incitations à la haine religieuse

 

Avertissement

Liberté d’expression et abus de procédure

 

Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 14:14

 

 

« … Nous vivons sur la foi d’autrui… C’est là qu’il faut la plus grande attention pour percer l’intention de l’intermédiaire, et pour savoir d’avance sur quel pied danser. Corrigez par la réflexion le défaut ou le faux de l’information. »

Baltazar Gracián  [1601 – 1658] (1)

 

 

 

« On ne s’improvise pas diplomate »…

 

Tel était le titre d’un manifeste signé par des diplomates français, sous le nom collectif de “Marly”, dans Le Monde du 22 février 2011. (2)

 

“ Intéressant ! ”, me suis-je dit face aux décombres fumants de notre diplomatie, d’entendre enfin une réaction de ses propres membres. Le journal précisant :

« Un groupe de diplomates français de générations différentes, certains actifs, d'autres à la retraite, et d'obédiences politiques variées… ». 

 

Label de “neutralité”, en prime ! Le titre, toutefois, me paraissait suspect par son ambiguïté. Une diplomatie ne s’improvise pas : oui. On ne s’improvise pas diplomate : il y a du réflexe corporatiste dans l’air…  

 

Les réactions accompagnant ce genre de papier n’ont pas manqué. Il convient toujours de ne pas les négliger : confortant la crédibilité, ou le contraire. Même venant de l’étranger. Nos amis britanniques, toujours aussi fins que leurs petits pois en béton assaisonnés à la gelée de menthe dès qu’il s’agit de se payer notre tête, en pavoisent de satisfaction. (3)

 

Souvent, plus qu’on ne pourrait l’imaginer, ce n’est que faux débat organisé pour mettre en valeur une campagne de communication, ou plus près de la vérité, de désinformation. Jusqu’aux soi-disant avis divergents de deux apparatchiks, membres éminents du même clan de la nomenklatura au pouvoir. Préparant le sauvetage ou le ravalement de façade d’une “politique” en difficulté, par exemple.

 

Ainsi, Henri Guaino, le conseiller spécial de notre président, parle d’un “tract politique”, posant la question : « Qui sont-ils ? De jeunes ambitieux qui cherchent des places, des diplomates retraités aigris ?... ».
Alors que  pour Jean-François Copé, le patron du parti majoritaire, cette tribune aurait été rédigée : «…
par des diplomates du plus haut niveau ». (4)
Michèle Alliot-Marie, alors ministre des affaires étrangères, préférant la formulation poétique dans sa critique de “Marly” : « 
La diplomatie française n’est pas une nostalgie ». (5) 

 

Texte complexe, riche en perspectives audacieuses, porteur d’une profonde remise en cause, ouvrant des pistes nouvelles, proposant une rénovation, une réflexion géopolitique adaptée au siècle dans lequel nous vivons et préparant le prochain, une renaissance de notre politique étrangère et de son « corps diplomatique » ?... 

 

Sa simple lecture donne la réponse : une grossière opération d’enfumage…

 

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“Domaine réservé”… De qui ?  Pour qui ?

 

La France s'enorgueillit du plus grand réseau diplomatique mondial après celui des USA : 160 ambassades, une centaine de consulats, avec centres culturels et autres vitrines, répartis sur 5 continents.  Davantage que ceux des géants : Chine, Inde, Brésil, Russie !... Ou, d’anciennes nations au passé impérial : Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Allemagne…

 

Un des premiers budgets de la planète qui ne connaît ni restriction, ni exigence de recettes pour en justifier les dépenses. Elus de nos assemblées, politiciens de tous bords, médias, “experts politico-radio-télévisuels”, si vigilants d’ordinaire dès qu’il s’agit d’investissements ou de dépenses dans le social, l’éducation, la recherche, les services à la collectivité, évitant de se pencher sur ces sommes pharaoniques.

 

Apparemment, dépenses de fonctionnement ou d’investissement des représentations diplomatiques, calculs de rentabilité entre un budget et ses “obligations de résultat”, efficiences des contributions colossales octroyées sans contrôles, ni exigences de diminution, à une multitude d’organisations internationales, n’attisent pas leur curiosité, ni leur sens aigu de la préservation des deniers publics.

 

Pourtant il y a de quoi s’inquiéter quand Michèle Alliot-Marie elle-même, qui a été récemment responsable des affaires étrangères, reconnaît la totale inefficacité de ce dispendieux appareil d’information et de représentation :

« Non, en janvier [2011] il n'y avait pas dans les notes et télégrammes [diplomatiques révélés par le site WikiLeaks] de quoi anticiper ce qui se passe aujourd'hui dans le monde arabe. La France n'a pas su comprendre ce qui était en train de se produire. Pas plus qu'aucun autre pays d'ailleurs. » (6)

 

Pourquoi un tel éléphant n’est-il même pas capable d’accoucher d’une souris ? Qui gère cet énorme « machin » aussi coûteux qu’obsolète, au 21° siècle ? Pour nous limiter à ce seul exemple : sourd, aveugle, devant révoltes, répressions, massacres, bombardements qui ravagent le monde arabe depuis des décennies.

 

En fait, se refusant d’entendre, reconnaître, admettre, ce qui mobilise de multiples sites et blogs du Web, livrant toutes les informations avec des faits, des dates, des noms. Depuis les hurlements des salles de tortures connus de tous, jusqu’aux soulèvements et rebellions agitant des régions entières, comme en Tunisie depuis plus de deux ans à Gafsa…

 

Qui ?

 

Un homme entouré de son clan et de sa cour, ayant carte blanche avec ses “conseillers” ? Henri Guaino l’affirme :

« La politique étrangère de la France, c'est le domaine réservé du président de la République depuis le début de la Ve République ». (7)

Michèle Alliot-Marie le confirme, dans un émouvant culte de la personnalité, très vintage Stalinien, par ses références incessantes au “Guide Suprême” (cette cascade de flagorneries n’ayant pas réussi à lui conserver sa fonction de ministre) :

« Oui la diplomatie française a une feuille de route : celle fixée par le président de la République. Elle est lucide, elle est claire. Elle s'inscrit dans une vision cohérente et globale du monde...

C'est bien l'action du président de la République qui a permis que notre vision devienne la feuille de route de l'Europe

Aujourd'hui, par la volonté déterminée du président de la République…

C'est ce que fait le président de la République

Aujourd'hui grâce à l'action de Nicolas Sarkozy, la France… etc. etc. » (8)

 

Ou, une caste ?

 

Si “on ne s’improvise pas diplomate”, comme le prétend “Marly” dans l’arrogance, c’est qu’on le devient après un processus de cooptation semblable à celui des castes de grands prêtres ou de mandarins. Seule une “élite”, autoproclamée au-dessus du commun des mortels, serait en mesure de maîtriser la complexité des relations internationales.

 

Entre ces deux dogmes, prise entre marteau et enclume, l’expression de la volonté nationale ou de la collectivité, n’a aucune place ni existence. C’est tout ce qui est à retenir : le Peuple, dans ce modèle politique, est un “non-être”. L’autocratie dans sa splendeur !...

 

En fait, rien n’est plus simple que les relations internationales lorsqu’elles sont fondées sur la volonté de coopérer entre nations, dans le respect  mutuel, le droit à l’autodétermination, dans la paix et la solidarité pour améliorer le sort des populations sur une terre, sans cesse fragilisée par les ravages des catastrophes naturelles, la surexploitation industrielle et les guerres incessantes.

 

 

Géopolitique “Marlynesque””

 

Cette simple et claire préoccupation serait-elle la priorité de "Marly" ? Car nos aristocrates de la diplomatie s’agitent, tapent du point sur la table :

« Il n'est que temps de réagir. Nous devons retrouver une politique étrangère fondée sur la cohérence, l'efficacité et la discrétion ».

 

Mais leur manifeste ne véhicule que les clichés géopolitiques les plus recuits d’incohérence, d’inefficacité et d’indiscrétion, des néoconservateurs américains analphabètes en géopolitique, du fanatisme sioniste, tartinés des vieux réflexes coloniaux de la "Françafrique" ou "France-à-fric".

 

Trois exemples :

 

i) Moyen-Orient  

 

"Marly" s’inquiète sur la situation au Moyen-Orient :

« Notre politique au Moyen-Orient est devenue illisible, s'enferre dans des impasses et renforce les cartes de la Syrie »…

 

Dans tout son manifeste un seul pays du Moyen-Orient est cité, pour le diaboliser : la Syrie…

 

Pays de 25 millions d’habitants présenté comme une “menace”, alors qu’une partie de son territoire est sous occupation occidentale, non rétrocédé malgré les résolutions de l’ONU, soumis à des embargos illégaux, régulièrement bombardé ou survolé par Israël.

 

Diffamé dans une campagne de propagande pour l’assassinant du représentant des saoudiens et des sionistes au Liban, Rafiq Hariri, dans le cadre d’une commission d’enquête organisée par l’ONU et La Communauté Internationale… Qui a reconnu ensuite s’être trompée... Pays, qui cette année est soumis à une terrible sécheresse, alors qu’il accueille généreusement des centaines de milliers de réfugiés Irakiens sur son sol.

 

« … Renforce les cartes de la Syrie… », "Marly" regrette probablement le temps où la France, "pays des Lumières et de La Liberté", administrait la Syrie à la suite de la chute de l’Empire Ottoman, dans une féroce occupation où toute velléité d’indépendance, après lui avoir arraché la province du Liban, était noyée dans le sang par les troupes françaises :

« Le 29 mai 1945, après dix jours de manifestations ininterrompues, les Français, sous l'ordre du général Oliva-Roget bombardent Damas pendant 36 heures d'affilée. Les morts et les blessés se comptent par centaines. Une partie de la ville est détruite par ce bombardement dont le parlement syrien. » (9)

 

Palestine ? Gaza ? Plus de 60 ans de massacres et de génocides, dans le cynisme et la négation des résolutions de l’ONU, du droit international, des Conventions de Genève : aucune mention. Alors qu’il s’agit du point fondamental, et plus qu’urgent, de l’édification de la Paix dans la région et au-delà.

 

Les désastres de l’Occident en Irak et, plus loin, en Afghanistan ? Tabou. Un regard sur tous les mouvements de révolte actuels, annonçant la Renaissance du Monde Arabe et Musulman dans le monde ? Même pas. Impensable pour cette fine fleur de la diplomatie.

 

La préoccupation essentielle de "Marly" : la Syrie !...

 

 

ii) Asie 

 

Autre diabolisation tout aussi caricaturale et inévitable : la Chine !... "Marly" se lamentant : « la Chine nous a domptés ».

 

Pourquoi ?

 

Parce qu’elle s’est libérée du pillage, dans la violence et l’humiliation, que nous lui avions imposé avec les autres puissances occidentales pendant un siècle (1840 – 1940) ? Suivi, après la deuxième guerre mondiale, d’une exclusion de l’ONU (seule l’île de Taiwan étant considérée comme la véritable Chine…), d’un embargo. Aberrations illégales, iniques, stupides, auxquelles le général de Gaulle a mis courageusement fin, le 27 janvier 1964, par la reconnaissance de la Chine.

 

Parce qu’elle sort chaque année des millions de Chinois de la pauvreté ? Alors que les démocraties occidentales y plongent progressivement leurs propres peuples dans une politique économique et sociale, aussi injuste que suicidaire, pour le seul bénéfice des nomenklaturas au pouvoir ?

 

Parce qu’elle ne se laisse pas intimider par les escadres de l’Empire croisant en permanence à la limite de ses eaux territoriales, avec porte-avions nucléaires, sous-marins nucléaires, multiples bases installées à ses frontières, portant atteinte à son indépendance et son intégrité nationale ?

 

Oubliant la militarisation accélérée des pays vassalisés par l’Empire en Asie : surarmement de la Corée du sud, du Japon, de Taïwan, de l’Inde, dans une politique agressive sous-tendue par de multiples provocations, à l’encontre la Chine qui ne menace personne...

 

 

iii) Afrique

 

« … L'Afrique nous échappe… ».  Quel aveu !

 

L’Afrique, formatée dans l’inconscient collectif de cette caste comme étant en servage, au service, la propriété exclusive, la chasse-gardée, de la France… Partis de "droite" ou de "gauche", cultivant la Françafrique, allant régulièrement au "remplissage de leurs caisses électorales", et autres ficelles d’enrichissement personnel. Le fameux procès Elf, vite étouffé, a donné un bref éclairage de ces pratiques admises et cultivées par tous les politiciens de notre pays. Là encore, depuis des décennies…

 

Souvenons-nous : Jean-Christophe Mitterrand, affublé du sobriquet de « Papamadi » par les dirigeants africains, labourant à longueur d’année ce continent, de la Mauritanie à Madagascar en passant par la Côte d’Ivoire. Ridiculisant par son affairisme non seulement la France, mais aussi la fonction présidentielle dont son propre père avait la charge…

 

Autre aveu, tout aussi pathétique : « … l'Afrique francophone, négligée politiquement et désormais sevrée de toute aide bilatérale ». Ah ! « L’aide bilatérale » ! La diplomatie adore ces pratiques qui lient les pays à ce qui fut souvent « l’ancienne métropole ».

 

Par des financements dans de multiples projets, souvent "bidons", ne créant ni emplois qualifiés, ni valeur ajouté, ni transfert de technologie, pour le pays prétendument « bénéficiaire ». Mais, la plupart du temps, des rentes de situation pour les groupes français spécialisés dans la privatisation des services publics et la prédation des ressources naturelles, avec au passage de confortables “enveloppes” à ceux qui les initient, les gèrent, ou ferment les yeux.

 

Voir “Marly” trimbaler encore ce vieux mythe comme étant une exigence morale : « l’aide à l’Afrique ». Alors qu’elle n’est qu’une arnaque de propagande destinée à perpétuer son pillage. L’Afrique, immensément riche, n’a nul besoin d’aide. Elle n’est qu’immensément pillée. Aussi riche, par ses ressources, que le Brésil et le continent latino-américain, ou l’espace de la Russie et de l’Asie centrale.

 

Car le prochain siècle sera celui de l’Afrique, sa révolte et la réappropriation de sa richesse et de sa culture. Et, non pas de vivre, sous des dictatures, complices de la spoliation et la prédation de l’Empire. Le niveau et la qualité de vie de ce continent du fait de l’immensité de ses ressources naturelles devrait être celui de la Norvège. Non pas de voir ses hommes et femmes fuir dans une immigration faite d’esclavage et d’humiliation.

 

“Marly” anticipant sur cette inéluctable évolution, proposerait-il de nouveaux schémas de développement fondés sur l'intégration des économies des pays africains entre elles, dans des projets de développement régionaux valorisant leurs richesses naturelles, minières ou pétrolières, au lieu de les exporter sous forme de produit bruts ?...

 

Non : scotché sur « l’aide bilatérale »…

 

 

Caste sclérosée dans son formatage colonial

 

Mais rassurons-nous, “Marly” et ses potes :

« … souhaitent aussi que notre diplomatie puisse à nouveau s'appuyer sur certaines valeurs (solidarité, démocratie, respect des cultures) bien souvent délaissées au profit d'un coup par coup sans vision ».

 

C’est beau, ces bons sentiments : solidarité, démocratie, respect des cultures…

 

Démocratie ?...

 

Soyons brefs sur ce point, tellement la connivence de nos diplomates avec les dictatures les plus sanguinaires, abandonnant leur pays à la prédation des occidentaux, crève les yeux. Ostracisant les nations qui essaient d’avoir une politique sociale et économique fondée sur la justice, dans le refus du pillage de leur pays, comme Cuba, Venezuela, Bolivie, Equateur, et d’autres encore.

 

Respect des cultures ?...

 

Pourtant la diplomatie française n’a cessé depuis des années de soutenir l'idéologie du "Choc des Civilisations". Des faits ? Un seul suffit à comprendre : Prenez sur les 20 dernières années la liste des conférenciers que la France ballade luxueusement d’un centre culturel à l’autre à l’étranger, aux frais du contribuable français. Vous y relèverez le nom de toutes les stars, même les plus grotesques dans l’inculture, du circuit médiatique de l’islamophobie et du racisme d’Etat. Pas un nom ne manque…

 

Solidarité ?... Même pas avec leurs propres concitoyens…

 

Les diplomates ignorent totalement ces français vivant à l’étranger qui se retrouvent pratiquement sans retraite, ni soins médicaux. Les compléments d’aides n’étant accordés que si vous vivez en France. Alors, âgés, sans famille en “métropole”, ils restent sur place. Survivant comme ils peuvent, dans la quasi-misère. Après avoir travaillé pendant des années pour le compte « d’entreprises métropolitaines » qui s’en sont mis plein les poches, n’ayant jamais cotisé pour leurs modestes employés français. J’en connais à Madagascar, à Diégo-Suarez. Et, ailleurs.

 

Vous croyez que les diplomates s’en préoccupent ?...

 

Non. Ce qui les préoccupe, ils l’écrivent en toutes lettres, se désolant :

« Dans le même temps, nos avions Rafale et notre industrie nucléaire, loin des triomphes annoncés, restent sur l'étagère. »

 

Vendre des armes, des avions, du nucléaire ! Reconnaissons-le, c’est plus valorisant que du camembert ou du saucisson. Les contrats, commissions, rétrocommissions, dans les paradis fiscaux et paradis tout court, procurant de plantureuses retombées…

 

Dans leur vocation, l’exercice de leur fonction, nos diplomates se voient, se vivent  ainsi, représentants VRP de luxe de Dassault et autres groupes privés, à la chasse aux privatisations de l’eau, de l’énergie, des transports, dans les pays étrangers. Ce sont, encore, les contribuables qui paient ces commerciaux de luxe pour le compte de ces intérêts privés. Pendant que ces groupes engrangent les profits. La "Libre Concurrence" est un magnifique concept pour les contorsionnistes de la logique…

 

“Marly”, par son texte, personnalise la pire dérive de notre politique étrangère. Qui ne représente en aucun cas la préservation de notre souveraineté nationale, la défense des intérêts de notre collectivité dans la paix et la coopération, mais l’allégeance, confite d’obséquiosité dans une double servitude : à l’égard de l’argent-prédateur d’une poignée de groupes privés, et des puissances étrangères nous forçant à la vassalité.

 

Loin de vouloir la réformer, cette opération de désinformation n’est que l’expression d’une volonté de la renforcer.

 

“Marly” ?... Des diplomates ?...

 

Des “têtes à claques”.

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Baltazar Gracián, Traités politiques – esthétiques – éthiques, Seuil, édition 2005.

(2)  Marly, On ne s’improvise pas diplomate, Le Monde, 22 février 2011, http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/22/on-ne-s-improvise-pas-diplomate_1483517_3232.html#ens_id=1245377

(3)  Angelique Chrisafis, Nicolas Sarkozy’s foreign policies denounced by rebel diplomats – Anonymous letter accuses president of diminishing France’s role on the international stage, The Guardian, mercredi 23 février 2011, http://www.guardian.co.uk/world/2011/feb/23/nicolas-sarkozy-foreign-policies-denounced

(4)  Pour Guaino, la tribune des diplomates est un « tract politique », Le Monde, du 23 février 2011, http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/02/23/pour-guaino-la-tribune-des-diplomates-est-un-tract-politique_1483933_823448.html

(5)  Michèle Alliot-Marie, La diplomatie française n’est pas une nostalgie, Le Monde, 25 février 2011, http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/25/la-diplomatie-francaise-n-est-pas-une-nostalgie-par-michele-alliot-marie_1484911_3232.html

(6)  Michèle Alliot-Marie, Op. Cit., Le Monde, 25 février 2011.

(7)  Op. Cit. Le Monde, 23 février 2011.

(8)  Michèle Alliot-Marie, Op. Cit., Le Monde, 25 février 2011.

(9)  http://fr.wikipedia.org/wiki/Syrie_mandataire. Au moment où les troupes françaises, sortant de la deuxième guerre mondiale, s’illustraient dans de nombreux massacres pour “reprendre en mains” les “colonies”. Notamment, les atrocités de Sétif en Algérie en 1945, et de Madagascar en 1947 (100.000 personnes assassinées)…

 

 

 

 

 

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 14:17

 

 

Beaucoup de nos amis de Tunisie, du Maghreb et d'ailleurs ont été profondément choqués de l'attitude du nouvel ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon. Certains me l'ont écrit.

 

Je les comprends et j'en ai honte.

 

Cet incroyable numéro de goujaterie, qui grâce à Internet s'est diffusé dans le monde entier, est sidérant.

 

Les radios et TV de la propagande du gouvernement français (cf. Antenne 2, le journal de 13h présenté par Laurent Delahousse du dimanche 20 février), se sont rapidement mis en oeuvre pour gommer l'évènement en présentant ce voyou comme étant :

"... la nouvelle génération des ambassadeurs de France au parler franc et direct "...

 

Car, nous sommes face à un authentique voyou. (*)

 

 

. 
Déplorable illustration de ce que j'ai dénoncé à plusieurs reprises dans ce blog, du "délabrement complet" de la diplomatie française...

 

Cet "ambassadeur" est l'archétype du jeune freluquet, aussi arrogant que stupide. Son attitude relève du comportement du colon raciste, inculte quant aux règles élémentaires non seulement de la courtoisie, mais encore plus important, de l'hospitalité quand on est "reçu" dans un pays "hôte"...

 

Ce comportement de "racaille" n'est que l'écho de la "voix de son maître"...

 

Echo d'une diplomatie en ruines. Qui ne sait même plus, comme le rappellent les Tunisiens eux mêmes, qu'un ambassadeur, avant d'ouvrir "le bec", doit être "agréé" par le pays, reçu par le chef de l'Etat pour présenter ses "lettres de créances". Et, non pas envoyé comme un "préfet" dans un "département" ou une colonie... (**)

 

Mais, les désastres diplomatiques français ne se comptent plus. Qu'on se souvienne avec la Chine au moment des Jeux Olympîques, ou récemment avec le Mexique...

 

Ignorance, bêtise, inculture, arrogance : tout y est.

 

La France décadente sombre, pire que dans l'indignité : dans le "ridicule" !...

 

 

 

 

 

 

 

 

(*)  Estampillé par l'appareil de désinformation médiatique : "... parle l'arabe couramment". Comme pour légitimer les dérapages du personnage...

Parmi les racistes les plus fanatiques, anti-arabes et islamophobes, que je connaisse, tant francophones qu'anglophones, figurent des "spécialistes de l'Afrique du nord et du Moyen-Orient", parlant couramment l'arabe. Certains viscéralement nostalgiques de "l'Algérie française" ou de "l'Egypte britannique"...

La figure tutélaire de ce type d'orientalistes est le célèbre agent secret britannique Laurence d'Arabie (de son vrai nom : Thomas Edward Lawrence), maîtrisant l'arabe, le turc et plusieurs dialectes bédouins. Qui fut un des principaux organisateurs et meneurs de la "révolte arabe" contre l'Empire Ottoman, lors de la première guerre mondiale. Le but étant de créer des monarchies de marionnettes pour les inféoder à l'Empire britannique, afin de s'emparer de leurs richesses pétrolières et gazières.

Au-delà du cliché romantique de la propagande de son pays, imbu de la "supériorité de sa race", fervent admirateur des Croisades, il n'était qu'un idéologue forcené de l'impérialisme britannique. Et, malgré sa foncière francophobie, du colonialisme occidental.

Lire sa biographie, la moins "fantasmée", par Lawrence James : The Golden Warrior - The Life and Legend of Lawrence of Arabia, Abacus, Londres, édition 2005, 523 pages. 

(**) Cf. mon commentaire, en réponse à mon ami Chahid, n° 13.

 

 

 


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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 00:00

 

 

 

« Les USA, à présent, se transforment en un Etat théocratique dirigé par des fanatiques, politiciens extrémistes et intégristes hypocrites. »

J.G. Ballard (1)

 

 

 

A la queue leu leu...

 

Au moment des migrations estivales.

 

Ils sont partis, la fleur au fusil… La fleur au missile, devrait-on dire…

 

 

allanmcdonald-tank


 

Curée criminelle

 

Porte-avions, sous-marins, frégates et corvettes. Nucléaires ou pas. Franchissant le canal de Suez et le détroit d’Ormuz. Rejoindre les flottes de l’Empire, déjà sur place. (2)

 

Sous les ordres d’un Prix Nobel de La Paix 

 

Une armada d’une puissance de feu inimaginable dans l’histoire de l’humanité. Pourtant gorgée de génocides et destructions. « … Deux sous-marins (nucléaires) en patrouille ont une puissance de frappe équivalente à mille Hiroshima… » s’extasiait, bravache, Pierre Messmer, un des promoteurs de la bombe atomique française. (3)

 

De quoi réduire en cendres la Chine, l’intégralité de ses infrastructures et ses 1,4 milliard d’habitants. En quelques minutes.

 

Sauf que la Chine n’est plus celle du XIX° siècle, pillée pendant un siècle par l’Occident à la suite des  terribles invasions intitulées cyniquement “guerres de l’opium” par ses agresseurs. Aujourd’hui, en mesure de riposter par une volée de missiles sur les principales villes des pays qui auraient la prétention de récidiver.

 

Alors, l’Empire réfléchit à deux fois. Se disant qu’il vaut mieux, en priorité, se faire la main sur l’Iran.

 

Détruire l’Iran…

 

La France va donc se joindre à la curée…

 

Envoyer son porte-avions, le Charles de Gaulle, avec ses navires d’accompagnement, dans le Golfe Persique, rejoindre le secteur qui lui a été assigné par son suzerain. Joignant l’étendard de la nation française à ceux des “nations civilisées” pour écraser, dans cette glorieuse croisade : “le barbare”.

 

De Gaulle en avalerait son képi : voir son nom associé à une stupidité géopolitique, aventure aussi criminelle qu’illégale, et la France réduite en sous-fifre d’un Empire déglingué, délirant de bellicisme. Sa diplomatie réduite à un hoquet : “sanctions !”, “sanctions !”, “sanctions !”…

 

En Septembre ou Octobre, toutefois, on ne sait pas trop.

 

De toute façon, il est exclu que « les frappes » soient lancées avant mi-septembre. Normal : réduire en champ de ruines un pays musulman demande d’attendre que le mois du Ramadan, débutant mi-août, se termine.

 

Non par humanité ou respect des convenances, sentiments inconnus des prédateurs. Simplement, réduire le niveau d’intensité de provocation à l’égard des opinions publiques musulmanes. Un milliard et demi de personnes, tout de même…

 

Deux “écoles” s’opposent.

 

Ceux qui conseillent d’attendre que la grande fête musulmane de l’Aïd Kébir soit passée. Soit une quarantaine de jours après la fin du Ramadan. Novembre représenterait une “bonne fenêtre”.

 

D’autres, plus soucieux de l’opinion publique occidentale, préconisant comme « fenêtre » : les fêtes de fin d’année. Quand les opinions publiques occidentales sont anesthésiées entre galeries marchandes, vapeurs de réveillons et arbres de Noël. A l’exemple des bombardements et massacres de Gaza par l’aviation sioniste, fin 2008-début 2009…

 

En attendant, déclarations bellicistes, matraquage de la propagande, harcèlements et provocations vont monter en puissance.

 

 

Les sanctions du « Machin »

 

Dans une guerre, on sait comme on y entre. Mais, on ne sait jamais comment on en sort.

 

L’essentiel est d’y entrer avec des « principes », insistent les va-t-en-guerres. Il faut bien justifier carnages, destructions gigantesques et morts par centaines de milliers… 

 

D’autant plus que l’Iran n’envahit aucun pays, ne bombarde aucune population, n’occupe aucun territoire, ne menace personne. Son tort : exprimer un ras-le-bol des prédations et violences de l’Occident dans cette région, depuis des décennies. Cette nation souhaite exploiter ses ressources dans l’indépendance, en faire profiter sa population et se développer dans les sciences et les techniques, au même titre que les pays les plus développés.

 

Inadmissible. Alors, on l’accuse d’avoir un programme de fabrication de bombes nucléaires.

 

Pourtant, l’Iran est signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire (TNP), ne veut pas la bombe, et ne possède aucune bombe. (4)

 

Il enrichit son réacteur nucléaire de recherche à hauteur de 20 %, pour les interventions médicales et traitements contre le cancer, comme l’y autorise le traité. Et, va lancer la mise en route de sa centrale nucléaire de production d’énergie électrique de Bushehr, construite par les Russes, dans quelques jours.

 

Il s’est soumis jusqu’à présent à plus de 4500 heures d’inspections de l’AIEA, l’organe international de contrôle des installations et politiques nucléaires. Plus que tous les membres du TNP dans leur ensemble, depuis la signature du traité le 1er juillet 1968 !...

 

Dans la même région, Israël, tout le monde le sait, n’est pas signataire du TNP et possède au minimum 200 bombes nucléaires (John Pilger parle de 500) avec leurs lanceurs, y compris à partir de ses propres sous-marins. La “Communauté Internationale”, et les médias de sa propagande, ne le mentionnent, ni ne l’évoquent : jamais. Ne se montrant ni « préoccupés », ni « inquiets »…

 

Par contre, l’Iran est le Diable. Ainsi en a décidé l’Empire. Même s’il n’a pas la bombe nucléaire, et n’en veut pas : on le soupçonne d’avoir « l’intention » d’en fabriquer.

 

Rien de plus implacable que le “soupçon”. Rien de plus dévastateur que “l’intention” supposée...

 

Ces “délits”, ces “crimes”, n’ont nullement besoin de preuve. En fait, ce sont des preuves en soi. Dont on connaît les mécanismes depuis des siècles. Justifiant tous les comportements, jusqu’à la violence. Structures mentales, instruments rhétoriques favoris des fanatiques, totalitaires, tortionnaires, sadiques et autres pervers.

 

Shakespeare en a finement démonté le mécanisme, allant du harcèlement jusqu’au meurtre dans Othello. Se nourrissant indéfiniment de la projection imaginaire, attisée par un Iago, dans l’ombre, artisan de la fausse rumeur, de la calomnie, de la manipulation, pour servir ses intérêts ou délires personnels.

 

L’opinion publique commence à être un peu sceptique sur les campagnes médiatiques ?... Raison de plus d’enfoncer le clou sous plusieurs angles. A part le soupçon du “délit d’intention”, quel meilleur produit de lavage de cerveaux dans l’arrière boutique de l’Empire ?...

 

Le mensonge.

 

Affirmer, par exemple, que le président Iranien a déclaré, dans un discours prononcé en 2006, vouloir “rayer Israël de la carte”. Pur mensonge de la propagande : il n’a jamais prononcé ces mots. Tous les spécialistes en Farsi, langue officielle de l’Iran, qui ont examiné à la loupe ses discours n’en ont trouvé la moindre trace.

 

Quelques journalistes soucieux d’honnêteté tel Jonathan Steele dans The Guardian, malgré le soutien de la politique étrangère britannique par direction et actionnaires des médias, se sont fait l’écho, à plusieurs reprises, de cette désinformation. (5)

 

Désinformation d’autant plus grotesque que les 25.000 Iraniens juifs sont parfaitement intégrés et traités avec respect. Libres de voyager à l’étranger et d’aller où bon leur semble. Avec une totale liberté de culte. Rien qu’à Téhéran, il y a 11 synagogues et plusieurs écoles juives. Récemment, l’hôpital juif de Téhéran a même reçu une subvention de la présidence de l'Etat. Lors des élections, ils sont connus pour être les plus fervents soutiens de la "candidature Ahmadinejad", tant à celle de la présidence du pays, qu’à la mairie de Téhéran, dont il fut un maire réputé pour son acharnement au travail, son incorruptibilité et son humanisme.

 

Qu’importe ! Le slogan de cette propagande est martelé en continu, depuis quatre ans, par politiciens et médias dans une hystérie que même les services de propagande de Staline n’auraient pu atteindre par son niveau de paroxysme. Dans les pays occidentaux, à l’unisson, tout le monde répète cette “incantation diabolisante” pour en convaincre l’opinion publique.

 

A l’exemple de l’arnaque médiatique du ministre de la défense US, Colin Powell, la veille de l’invasion de l’Irak. Agitant une éprouvette remplie de bicarbonate à la tribune de l’ONU, affirmant qu’il s’agissait d’un échantillon des armes chimiques de l’Irak. Sur fond d’hystéries collectives mises en scène par les médias sur des attaques à l’anthrax dans des enveloppes, via la poste américaine, dont on n’a plus entendu parler dès l’achèvement de la destruction de l’Irak…

 

L’Iran aura donc droit au même traitement ONUesque que l’Irak. L’ONU n’étant pas destiné, contrairement à sa vocation initiale, à “prévenir” les conflits mais à les “justifier”… Au fil du temps, devenu une organisation fantoche, chambre d’enregistrement de ce que l’Occident a décidé. Une machine à pondre des “sanctions”.

 

L’ONU, « Le Machin », comme le désignait, avec une souverain mépris, le Général de Gaulle. (6) Incapable de faire appliquer ses propres “résolutions” en Palestine : une quarantaine en instance depuis 1967…  Même pas capable de faire appliquer les Conventions de Genève pour la protection des civils, ou les droits de l’homme élémentaires, comme Gaza en est une preuve quotidienne.

 

Même pas au Liban, où depuis la guerre de Juillet 2006, près de 8000 violations des résolutions de l’ONU par Israël ont été recensées : survols par ses avions, drones, tirs, bombardements, raids de commandos, enlèvements de ressortissants, espionnages, assassinats, blocus illégaux, destructions de maisons et propriétés, etc.

 

L’ONU vient, donc, de voter des sanctions contre l’Iran dans une nouvelle “résolution” : la 1929 (7). Confirmant ainsi son avilissement complet, son discrédit, devant l’opinion internationale, hormis les occidentaux et les castes au pouvoir dans ses néocolonies. (8)

 

Le Liban s’est abstenu, courageusement, de voter. Son représentant, M. Salam, rappelant un principe évident que le Conseil de Sécurité se refuse d’appliquer : émettre une telle résolution…

« … impose qu’Israël, seul État de notre région à posséder des armes nucléaires, adhère au TNP en tant qu’État non doté d’armes nucléaires et soumette toutes ses installations nucléaires au système de garanties généralisées de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique.

Le Liban tient à réaffirmer que le règlement des questions liées à la non-prolifération nucléaire doit être global et non discriminatoire. »

 

La réponse du représentant de l’Iran, M. Kazaee, fut remarquable de dignité. Par sa sérénité, sa mise en perspective historique, elle a fait apparaître d’autant plus minables, par leur mauvaise foi, les prétextes invoqués à tour de rôle par les porte-paroles des USA, de la Grande-Bretagne et de la France.

 

Se souvenant que pour justifier leur coup d’Etat, contre le gouvernement régulièrement élu de Mossadegh qui avait nationalisé les compagnies pétrolières pillant la principale richesse du pays, en 1953, conduisant à l’instauration de la sanguinaire dictature du Shah, américains et britanniques employaient les mêmes arguments qu’aujourd’hui. Quasiment les mêmes mots, malgré un demi-siècle d’écart :

« … la nationalisation de l’industrie pétrolière iranienne met[tait] en péril la paix et la sécurité de la région et du monde entier … ».

Il suffit de remplacer “industrie pétrolière” par : “industrie nucléaire”.

 

Tournant en dérision la légitimité morale, politique, ou même géopolitique, de la résolution 1929 votée contre son pays, du fait de la foncière hypocrisie du Conseil de Sécurité :

« … Une réponse doit également être apportée pour dire pourquoi ce Conseil ne s’est pas vu accorder la moindre chance de traiter de la question de l’arsenal nucléaire du régime israélien, en dépit de sa propension irrésistible à l’agression et au carnage. »

 

Mais, tout le monde l’a compris.

 

Comme pour l’Irak, il a été décidé de raser un pays, dont la volonté d’indépendance ne convient pas à l’Empire. Le découper en morceaux après avoir réduit en miettes ses infrastructures, ses industries, ses universités et centres de recherche. S’emparer de ses richesses énergétiques : gaz, pétrole, évidemment. De son uranium, puisqu’il en détient parmi les plus grandes réserves mondiales.

 

Avec en prime, lors de sa reconstruction, la privatisation de son système financier, de ses services publics, de son commerce et de son industrie, au profit des groupes occidentaux. Tout en annihilant son potentiel de recherche et de maîtrise technologiques.

 

Le réduire en servage, avec un gouvernement de marionnettes choisies par l’Occident…


 

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Zigzag ou Jeu de Go ?

 

Mais, que font Chine et Russie dans cette farce, nations qui ont eu à souffrir de ces embargos et autres diktats occidentaux ?... Pourquoi voter la résolution 1929 ?...

 

Je ne partage pas les analyses des commentateurs s’étonnant, se moquant, ou s’indignant, de leur apparent “zigzag” stratégique et diplomatique.  Ne nous laissons pas prendre au jeu d’ombres sur le fond de la caverne, en proie à l’émotion. Les déclarations publiques ne sont souvent qu’un enchevêtrement de manœuvres dans une guerre d’intox.

 

Au contraire, à l’ONU, Chine et Russie ont réalisé un très beau coup de jeu de Go (9). En liaison étroite, permanente, avec le gouvernement de l’Iran.

 

A ce stade des enjeux géopolitiques, Chine et Russie se devaient, d’adhérer au “système de sanctions” réclamé, obsessionnellement par l’Occident, avec tout le poids de son appareil de guerre. En tenant compte des paramètres essentiels “du moment” :

 

i) Refuser d’y souscrire s'était tomber dans le piège tendu par les bellicistes occidentaux : dans un remake de la Guerre Froide, présenter la reconstruction d’un bloc antagoniste de l’Occident. Justifiant ainsi la propagande diffamatoire, récurrente, à l’encontre de ces pays ex-communistes ou ex-maoïstes. Ce dont rêve l’extrême-droite US au pouvoir (Républicains et Démocrates), financée par les lobbies de l’armement, de l’énergie et des mines.

 

ii) Une opposition frontale ne peut s’exercer que si d’autres pays puissants, économiquement et militairement, forment un ensemble crédible. Non limité à la Chine et la Russie, encore en phase de modernisation de leurs propres forces armées et de leur économie. (10) Sachant qu’au milieu de ce siècle la balance, économique et militaire, sera définitivement en défaveur de l’Empire. Les positions du Brésil et de la Turquie sont le signe annonciateur de cette inéluctable évolution.

 

iii) Chine et Russie ont parfaitement intégré le double langage que l’Empire entretient dans un cynisme absolu. Déclaration d’amitié d’un côté, et de l’autre : diabolisation incessante avec encerclement militaire. Son objectif ultime étant l’éclatement de ces deux nations en plusieurs entités afin de contrôler, intégralement, leurs ressources naturelles, exportations et marchés intérieurs. 

 

=>  La Russie est soumise en permanence à des manœuvres de déstabilisation intérieure et à ses frontières : Caucase avec le surarmement actuel de la Géorgie, Tchétchénie via armes et argent transitant par la Géorgie, Pologne et Roumanie avec l’installation de fusées, Asie centrale par de multiples infiltrations et interférences au Kirghizistan, Ouzbékistan, etc. 

 

=>  La Chine vit sous la pression, depuis plusieurs semaines, de provocations et de tensions extrêmes. Face à ses frontières maritimes. Malgré ses protestations répétées. 

A l’Est, au large de la Corée, immenses manœuvres aéronavales US avec présence de porte-avions nucléaire, s’ajoutant aux flottes de la Corée du sud, du Japon, de l’Australie, etc.

Cette semaine présence d’un autre porte-avions nucléaire, avec manœuvres aéronavales au large du Vietnam (les USA s’activent depuis plusieurs mois à constituer un front commun contre la Chine regroupant - outre les traditionnels Corée du sud et Japon - les Philippines, l’Indonésie, la Thaïlande et le Cambodge) et des côtes sud-ouest de la Chine.

 

Que diraient les USA si la Chine procédait de même, au large à la limite de leurs eaux territoriales, à portée de son aviation et d’un arsenal nucléaire embarqués, effectuant des manœuvres conjointes avec des pays voisins ?...

 

A cela, s’ajoutent les rodomontades des dirigeants de certains pays occidentaux. Le mois dernier, c’était le nouveau ministre des affaires étrangères de Grande-Bretagne, William Hague, qui a stupéfié les Chinois, lors de sa première visite officielle chez eux, par sa morgue, son arrogance, ses sous-entendus menaçants. A la limite de l’attitude insultante à leur égard. (11) Se croyant, probablement, en 1840… (12)

 

Dans les discussions préparatoires aux “sanctions”, au Conseil de Sécurité, l’action de la Chine et de la Russie, adeptes de la Soft Touch selon le jargon diplomatique, a été finement menée. En maintenant le cap sur deux balises :

=  en diminuer l’impact

=  en neutraliser l’extension

 

Ce que la délégation russe dirigée par M. Churkin, suivie à l’identique par celle de la Chine, a rappelé à la suite du vote :

« … Lors des négociations sur la résolution, la délégation russe a ciblé ses efforts de manière à garantir que la décision du Conseil de sécurité vise uniquement le renforcement du régime de non-prolifération et qu’elle ne contienne aucune disposition qui nuirait au bien-être du peuple iranien.

Nous sommes fermement convaincus qu’il n’y a aucune option autre qu’un règlement pacifique et diplomatique de la question du nucléaire iranien. Ce postulat a été inclus dans le texte de la résolution. »

 

Il convenait en effet d’éviter les comportements agressifs à l’encontre des populations, véritables crimes contre l’humanité, “légalisés” par l’ONU dans le cadre des opérations d’embargo préalables à l’invasion de l’Irak, intitulées « pétrole contre nourriture ». Où le sadisme des bureaucrates allaient jusqu’à interdire médicaments et instruments nécessaires aux interventions obstétriques et pédiatriques… Jusqu’à interdire l’importation de papier, de crayon, et autres fournitures scolaires. Tandis que des fortunes occidentales, colossales, comme dans tout embargo, s’édifiaient dans le secret des paradis fiscaux.

 

Il est vrai qu’enfants et jeunes générations étaient particulièrement visés dans un génocide, physique, intellectuel, qui se dissimulait derrière ces « contrôles » ONUesques… Ramener l’Irak à “l’âge de pierre” était alors l’objectif premier, pour reprendre l’expression employée par plusieurs “stratèges” US.

 

Dans le cas de l’Iran, les occidentaux ciblent, tout particulièrement, l’importation du carburant : 40% des besoins internes du pays sont achetés, pour le moment (il travaille à combler ce retard) à des raffineries étrangères. Rappelons que les raffineries du pays avaient été détruites, ou gravement endommagées, pendant la guerre avec l’Irak (certaines avec des appareils français armés de missiles exocet). Difficiles, et longues, à reconstruire du fait de l’embargo existant depuis la révolution de 1979, sur les pièces détachées très spécialisées.

 

Exigence, que Chine et Russie ont bloquée.

 

Sous leur pression, ont été mentionnées dans chaque article relatif aux sanctions, limitées uniquement à du matériel nécessaire à la production d’armes atomiques, des clauses excluant “l’arbitraire et la provocation” en soumettant toute opération d’embargo éventuelle à l’obligation de disposer :

« … d’informations donnant des motifs raisonnables de penser que tel chargement contient des articles dont la fourniture, la vente, le transfert ou l’exportation sont interdits. »

 

Renforçant ces dispositions dans l’article 15 de la résolution, relatif à l’inspection des navires en haute mer. Non seulement, il convient d’avoir des informations sérieusement fondées pour en formuler la demande mais, « … dans le respect du droit international, en particulier du droit de la mer… », ces inspections ne peuvent être effectuées qu’ « … avec le consentement de l’Etat du pavillon ». Autrement dit, s’il y a refus : il n’y a rien à dire … Qu’à laisser le bateau poursuivre sa route…

 

Restent deux articles sur lesquels les occidentaux se sont focalisés, dans l’ironie discrète des délégations russes et chinoises (so stupid !...), interdisant à l’Iran ce qui est autorisé sans aucune restriction à Israël :

 

=> Article 8 : l’importation de matériel de guerre, car les occidentaux  veulent un Iran sans défense nationale.

Il se trouve que depuis la guerre avec l’Irak et la mise en place des premières mesures d’embargo, cette nation réputée pour le niveau et la qualité de ses chercheurs (dont beaucoup de femmes…), s’inspirant de l’exemple de la Suède, a développé une industrie de l’armement totalement autonome.

Construisant ses propres chars, navires de guerre, sous-marins côtiers (4 viennent d’être livrés à la marine ce mois-ci), hélicoptères, radars et missiles, simulateurs de vols, et faisant voler son premier avion de combat, en production, cette année. L’intégralité de sa flotte aérienne a été, dans le même temps, remise à niveau avec tous les appareillages électroniques pour les missions de nuit.

Le 22 août, l’Iran présente deux types de ses propres drones à long rayon d’action pour les missions de surveillance et de bombardement, ainsi que la nouvelle génération de deux de ses missiles (Qiam et Fateh)…

Il s’agit donc d’une mesure : “coup d’épée dans l’eau”… 

 

=> Article 9 : interdiction de production de missiles balistiques (pouvant aller jusqu’à 10.000 km et au-delà). L’Iran en possède la technologie, ayant placé déjà des satellites en orbite. Programmant le lancement d’un autre (satellite d'observation) en mars 2011. 

Un missile balistique n’est en fait que l’assemblage de missiles non balistiques. L’essentiel étant d’en maîtriser la composition du carburant, solide ou liquide, pour assurer les performances en vitesse, et l’électronique embarquée pour en assurer la précision.

Ce qui est le cas de l’Iran.

 

Chine et Russie, rompus à la mauvaise foi des occidentaux, sachant qu’ils allaient prendre des sanctions unilatérales en dehors des instances de l’ONU, ont astucieusement imposé  le verrouillage de leur extension. Avec une poison pill (pilule toxique), un modèle du genre, qui “délégitime” les actions unilatérales décidées par les occidentaux pour étendre le champ des sanctions.

Il est, en effet, expressément stipulé dans le Préambule de la résolution 1929 :

« … Soulignant qu’aucune disposition de la présente résolution n’oblige les États à prendre des mesures ou à entreprendre des actions débordant le cadre de ladite résolution, notamment l’emploi ou la menace de la force… ».

 

Retenir les termes, ils sont déterminants pour l’avenir :

« … notamment l’emploi ou la menace de la force… ».

 

Préambule permettant à Chine et Russie de dénoncer les mesures arbitraires qu’USA et Europe, dès la publication de la résolution, ont prises en élargissant, en dehors de l’ONU, les « sanctions ». Autorisant ainsi, en fait et en droit, de commercer librement avec l’Iran sans contrevenir  aux dispositions de la résolution 1929. Ce que, d’autres pays en dehors de Chine et Russie, tels que l’Inde, viennent de confirmer … (13)

 

D'ailleurs, après plus de 30 ans d’embargo (depuis 1979…), l’économie de l’Iran progresse vite, et bien. De mieux en mieux, même.

 

D’après le propre rapport du FMI sur l’Iran, l’inflation qui était de 25, 4% en 2008, tombe à 10,3% en 2009, pour chuter à 8,5% en 2010. La descente se poursuivant. Quant à ses réserves de change, elles vont progresser de 5 Milliards de dollars en 2010, atteignant ainsi un total de 88,5 milliards de dollars. Montant plus que confortable, envié par beaucoup, en ces temps de crise… (14)

 

Multipliant réalisations industrielles, contrats et accords commerciaux non plus dans le sens nord-sud sous la dépendance de l’Occident mais dans le sens sud-sud. Les investissements étrangers en Iran ont progressé de 900 millions de dollars en 2007 pour s’élever à 3 milliards de dollars en 2009. Investissant à son tour à l’étranger, jusqu’en Chine !

 

L’Iran, effectivement, n’a rien à voir avec ces monarchies pétrolières gaspillant les revenus de leurs pays dans des projets de spéculation immobilière pharaoniques, dans "l'économie-casino" des bourses occidentales, et dans des achats d’armes démesurés pour le plus grand profit du conglomérat militariste de l’Empire.

 

Intolérable : comme l’Irak,  l’Iran doit retourner à “l’âge de pierre” !…

 

 

War Games et politique-fiction

 

Détruire l’Iran ?...

 

Oui, sous prétexte de détruire ses installations nucléaires… Le pays sera entièrement rasé. Des centaines de milliers de morts. Du moins, telle est l’intention des bellicistes. Les mêmes qui se voient, dans la foulée, détruire le Liban et la Syrie, envahir la Corée ou le Venezuela. Opération “Grand Nettoyage”… (15)

 

Les War Games sont au point, à écouter les roulements de tambour de la propagande et les ricanements de ces fous furieux… (16)

 

Ce qui m’amuse le plus, dans les moulinets de ces matamores, c’est la référence permanente au bombardement de la centrale nucléaire irakienne Osirak, du temps de Saddam Hussein, par les israéliens. Sous-entendu : “ce que nous avons réussi avec les Irakiens, nous allons le démultiplier avec les Iraniens”.

 

Ce triomphalisme boursouflé cache en fait une désinformation en forme de baudruche. Au premier coup d’épingle, dégonflement instantané :

 

i)  Osirak n’était qu’un petit réacteur de recherche d’une puissance de 70 MW. Inapte à produire de l’énergie électrique pour un réseau d’alimentation public, encore moins une bombe, même pas une bombinette. Par comparaison, le site nucléaire français de Tricastin, près d’Avignon au milieu des champs de melons, a une puissance nominale de 3600 MW…

Une des unités de mesure courante, pour un réacteur nucléaire non dédié à la recherche, est : 900 MW. Tricastin est une centrale 4x900 MW, Bushehr (construite par les Russes en Iran pour démarrer dans quelques jours) une 2x900 MW qui sera portée à 4x900 MW. Osirak en était très, très loin…

 

ii)  L’opération aérienne s’est réalisée, avec ravitaillement en vol, en survolant l’Arabie saoudite, pays frontalier de l’Irak. Mais quelle que soit la virtuosité des pilotes israéliens, réelle ou supposée car plus habitués à bombarder des civils sans défense que mener des opérations d’une haute complexité, cette opération n’a pu être accomplie qu’avec la totale contribution des français qui construisaient le site de ce réacteur. Peu protégé, car n’ayant, de fait, aucune valeur stratégique.

Outre les plans détaillés intégralement communiqués, le cœur du petit réacteur a pu être atteint par missile arrivant pratiquement à l’horizontale grâce à la mise en place, dans l’axe de l’entrée bétonnée, d’une caravane bourrée d’électronique de guidage. Par une équipe française camouflée parmi le personnel de l’entreprise de TP qui effectuait les travaux.

Le guidage était si précis, que le véhicule a été traversé de part en part…

 

Osirak n’était donc, contrairement à la mayonnaise médiatique, qu’une petite promenade. La soldatesque avec son appareil de propagande, s'autocongratulant dans l'extase, en a fait un symbole d’expertise guerrière. Bien. Mais, en Iran, il risque d’y avoir des surprises, comme en 2006 au Liban…

 

Les Iraniens ne vont pas laisser partir en poussière leurs différents sites nucléaires, leurs infrastructures industrielles, civiles, militaires, dont leurs aérodromes et bases navales, sans réagir.

 

Tous les dirigeants actuels ont vécu en première ligne, Guide Suprême et Président compris, les destructions et massacres de la terrible guerre Irak-Iran entretenue par les occidentaux. Ils ont souffert sous la dictature du Shah et le pillage colonial des anglo-américains. Ce sont “l’indépendance nationale”, la “souveraineté nationale”, chevillées au corps qu’ils ont décortiqué les modes opératoires des dernières invasions de l’Irak et de l’Afghanistan, jusqu’au plus petit détail.

 

Une “guerre éclair” se félicite à l’avance la nomenklatura de l’Empire. Croyant revivre l’invasion de l’île de La Grenade, en 1983. Confiant dans le pari de leurs états-majors : aveugler les défenses de l’Iran par le miracle de l’électronique. Pour empêcher toute riposte. L’écrasement immédiat.

 

Limiter sa vision de la réaction de l’Iran au seul minage du détroit d’Ormuz, rapidement réglé par les dragueurs de mines, le temps de permettre aux copains spéculateurs d’empocher les faramineux profits avec un baril à 200 US $ et au-delà, au lieu des 76 US $ actuels… C’est se montrer un peu léger.

 

C’est oublier deux paramètres géopolitiques fondamentaux :

 

=>  L’Iran n’est pas la dictature irakienne épuisée par la mégalomanie de son maître, Saddam Hussein, fonçant tête baissée dans tous les pièges : guerre contre l’Iran, invasion du Koweït. Isolant, appauvrissant un pays, qui était pourtant en train de devenir prospère, avec un haut niveau d’organisation et sur la voie de la réforme progressive de ses institutions politiques. Appauvri, par ses aventures guerrières. Asphyxié par un embargo total.

L’Iran, au contraire, entretient d’excellentes relations diplomatiques et commerciales, dans le monde, à part l’enclos occidental et ses dépendances. Son arsenal défensif ultramoderne, notamment anti-aérien, est considéré comme un des meilleurs actuellement opérationnel.

 

=> Le contexte politique international est radicalement différent. L’Occident, symbolisé par la puissance militaire des USA et Israël, s’est totalement déconsidéré dans l’hyperviolence de ses invasions et massacres de civils en Irak, Liban, Afghanistan, Palestine et Gaza, Pakistan. Détesté dans le monde, malgré son autosatisfaction permanente célébrée par sa propagande : les horreurs d’Abu Ghaïb, illustrant le naufrage moral du donneur de leçons, sont présentes dans les esprits et pas seulement au Moyen-Orient.

 

A cet oubli, dans le mépris de l’adversaire, s’ajoute comme dans tout délire guerrier, un déni de la réalité : les autres scénarios des War Games. Jamais évoqués par les “responsables” politiques.

 

Fidel Castro est un des très rares, malgré la fragilité de sa convalescence, à s’être mobilisé pour prévenir l’opinion internationale. Multipliant écrits et interventions publiques. Avec ténacité, courage et émotion. Lucidité, surtout.

 

Rappelant que les conséquences seront catastrophiques pour l’Iran, pour la région, mais aussi pour les agresseurs et le reste du monde. Les médias de la propagande occidentale en dissimulent les aspects les plus évidents, pour empêcher l’opinion publique d’avoir un sursaut de bon sens et faire pression sur ses élus. Car, comme dans un jeu de dominos, dégâts collatéraux, destructions, et milliers de morts, ne se limiteront pas à ce pays. Un bref aperçu de quelques points :

 

1. La défense anti-aérienne de l’Iran est équipée des missiles de dernière génération, insensibles aux contre-mesures électroniques, en particulier les missiles à longue portée, de fabrication russe : les  S 300. Malgré les manœuvres des pays occidentaux pour entraver la livraison de ce matériel purement défensif. (17)

Conséquence : les ¾ des forces aériennes d’invasion vont être détruits. A commencer par les avions radars, avions de ravitaillement et de brouillage électroniques à haute altitude.

Le quart restant sera détruit au retour vers leurs bases par les avions saoudiens, jordaniens, émiratis, à la suite des coups d’Etat militaires qui vont immédiatement se déclencher.

 

2. Les ¾ des forces navales d’invasion présentes dans le Golfe Persique seront coulés. En premier lieu, l’intégralité des porte-avions. Le Charles de Gaulle, malgré sa taille réduite (la moitié de ses cousins US), n’y échappera pas. Moins par des attaques aériennes iraniennes que par des missiles tirés depuis des positions terrestres, fixes et mobiles. En particulier, par des missiles indétectables, à la trajectoire aléatoire de très basse altitude jusqu’à leur objectif, de la catégorie des DF 21D chinois. Les navires survivants seront neutralisés par les opérations de sauvetage des débris de la flotte impériale. 

 

3. En dehors de l’Iran : destruction des raffineries, terminaux pétroliers, et installations pétrochimiques, du Golfe Persique et de la Mer Rouge (port pétrolier saoudien de Yambu). Ni pétrole, ni gaz, ne sortiront du Moyen-Orient pendant une longue période. Au passage, quelques tours et immeubles pharaoniques en forme de palmier ou de voilier s’écrouleront avec les rêves des spéculateurs...

 

4. Afghanistan, ce dont l’Iran s’est toujours abstenu : livraison immédiate à la Résistance Afghane des missiles sol-air portables de dernière génération (durcis contre les contre-mesures d’évitement), antichars, et mortiers lourds. Les troupes de la Coalition, incapables d’effectuer la moindre sortie, seraient ainsi prisonnières de leurs propres bases… 

 

5. Seul point positif dans cette sanglante tragédie, peut-être, succession de coups d’Etat dans les néocolonies de l’Empire de la région : Jordanie, Arabie Saoudite, Bahreïn, et autres émirats du Golfe. Renversement de leurs régimes ploutocratiques, policiers, corrompus, soutenus par l’Occident, et détestés par leurs peuples. 

 

Mais, ce qui inquiète Fidel Castro au plus haut point, jusqu’à prononcer un discours devant le parlement cubain : l’usage de l’arme atomique par l'Empire, avec mensonges et "suppositions d'intention" pour prétexte, contre un pays qui n’attaque personne et ne possède pas lui-même cette arme. Geste fatal, initiant une guerre nucléaire qui ne serait plus maîtrisable.

 

Employer l’arme nucléaire à titre préventif, serait commettre un acte fou, suicidaire. Cette folie serait remettre en cause un tabou, depuis la fin de la dernière guerre mondiale. Ce serait, de la part de l’Empire, s’arroger le pouvoir sans limite de vie ou de mort sur le reste de la planète, selon son bon vouloir.

 

Inacceptable.

 

Surgiront alors d’un océan, lancées d’un sous-marin inconnu, des fusées aux têtes nucléaires multiples, pour en saupoudrer quelques villes des agresseurs. Non pas par solidarité avec l’Iran, ou le venger, mais pour mettre un terme au délire mégalomaniaque d’un Empire livré aux mains de fanatiques et de sanguinaires. Vitrifiant leurs prétentions hallucinatoires.

                                                                                             

Apocalypse Now…

 

 

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Qui gouverne la France ? 

 

Mais, tout cela n’est que politique-fiction, dirons-nous. Pour nous rassurer… Nous sommes en “démocratie”, et nos élus veillent à préserver notre nation des aventures guerrières fondées sur le mensonge, l’injustice et l’irrationnel !

 

Quoique…

 

« … La diplomatie française a été souvent au service des armées, en dépit des règles habituelles qui veulent que les armes soient au service de la politique… », a reconnu publiquement Pierre Messmer (18).

 

Il sait de quoi il parle pour avoir été, l’essentiel de sa carrière, un administrateur ou gouverneur dans différentes “colonies” de la République française avant leur indépendance (19), dans la sanguinaire tradition du général Bugeaud, puis ministre de la Défense (1960-1969) et, enfin, un de ses Premiers Ministres (1972-1974).

 

Par “armées”, il convient d’entendre ce mix de la haute hiérarchie militaire en cheville avec les industries de l’armement dont, bien souvent, ils occupent les postes de direction à la cessation de leur activité sous l’uniforme. Contrairement à toute déontologie et réglementation s’appliquant à cette pratique, dite du “pantouflage”…

 

Ce constat est d’actualité : toutes les opinions publiques occidentales sont contre la guerre en Irak, en Afghanistan et, la prochaine, en Iran. Tous les sondages soigneusement étouffés et censurés font apparaître des oppositions à ces aventures guerrières de 70 % en moyenne (plus de 80 % en Grande-Bretagne). Depuis des années. Mais, rien à faire : invasions, occupations, atrocités continuent.

 

Si une “diplomatie”, autrement dit un “gouvernement”, est au service des “armées”, c’est admettre que les élus du Peuple, du suffrage universel, censés gérer et défendre les intérêts de la collectivité nationale, ne sont plus que la représentation d’un simulacre d’expression démocratique.

 

Simulacre, camouflant une dictature de fait.

 

Soft”, soignant son image, à l’intérieur de nos pays avec un minimum de respect pour la personne et les apparences : les postes de “responsabilité théorique” étant occupés par des civils. “Hard”, implacable, sanguinaire, en dehors de nos frontières, soutenant dictatures, oppressions et tueries.

 

En ce cas, les armées sont “au service”, pour reprendre la formule de Messmer, de qui ?... Aux ordres de qui ?...

 

Qui définit les intérêts de la France ?...

 

L’industrie de l'armement mondialisée, associée aux groupes miniers et énergétiques internationaux, dans une mafia occulte ?...

 

Une caste au pouvoir dans un Empire, imposant une idéologie ploutocratique, raciste et conquérante, inféodant nos propres nomenklaturas, dans une allégeance somptuairement rémunérée, récompensée, gavée de privilèges ?...

 

Instaurant ainsi, avec leur complicité, notre propre servitude de citoyens anesthésiés par la propagande et la peur ?…

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  J.G. Ballard, An Autobiography, Harper Perennial, London, 2008, p. 243.

“The US, now fast becoming a theocratic state run by right-wing political fanatics and religious moralisers”.

(2)  Jean-Michel Vernochet, La guerre d’Iran aura-t-elle lieu ?,  17 juillet 2010, http://www.voltairenet.org/article166329.html#nh14

(3)   Pierre Messmer, La Dissuasion Nucléaire française : Genèse et Actualité, discours prononcé lors du colloque organisé à Oxford, le 15 février 2002, sur le thème : « La France, la Grande-Bretagne et les politiques de défense de Nassau à Nice : continuité et développement », www. Asmp.fr-Académie des Sciences morales et politiques, (p. 5 du discours).

(4)  Le texte du traité sur la Non Prolifération des Armes Nucléaires (TNP - en anglais NPT), du 1er juillet 1968, peut-être téléchargé en français : http://www.cehp.free.fr/matos/Conference/TNP1.pdf

(5) Jonathan Steele, Lost In Translation, Experts confirm that Iran's president did not call for Israel to be 'wiped off the map', The Guardian, 14 juin 2006,

http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2006/jun/14/post155

Notons qu’en France, aucun média n’a eu le réflexe déontologique de vérifier l’information (en fait, cette « désinformation ») en procédant à une traduction du, ou des, discours en cause par, au moins, trois traducteurs indépendants (Farsi-Français). Docilement, on se contente de reprendre les slogans de la propagande iranophobe.

(6)  “Le machin qu’on appelle l’ONU”, mots prononcés par le général de Gaulle le 10 septembre 1960, à Nantes, dénonçant les manœuvres de l’ONU pour provoquer la sécession de la province du Katanga du Congo (ex-belge, ex-Zaïre, actuellement RDC). Sous la pression des milieux miniers occidentaux voulant s’emparer des colossales richesses de ce territoire (cuivre, cobalt, diamant, fer, uranium, coltan, etc.), sur fond de guerres civiles et de campagnes de propagande, entretenues par la « Communauté Internationale ».

Constatons que ces mêmes manœuvres, de l’Empire, se déroulent actuellement dans le cadre de l’opération Darfour, essayant d’en obtenir, et d’en légitimer, la sécession du Soudan. Afin de contrôler les plus grandes réserves d’uranium du monde et d’en barrer l’accès aux pays non occidentaux…

(7)  Lire le texte intégral de cette “résolution” (1929), suivi des commentaires des votants au Conseil de Sécurité, ainsi que la magistrale réponse du représentant de l’Iran : http://www.voltairenet.org/article165789.html

(8)  Massoud Parsi, Iran sanctions cripple the UN, http://english.aljazeera.net/focus/2010/06/2010612175820455952.html

(9)  Rappelons qu’à l’origine, le jeu de Go est un jeu chinois, et non pas japonais, le : wéiqí. Voir : http://jeudego.org/

(10)  Rappelons que le budget militaire de la Chine, en 2010, est d’environ 80 milliards de dollars (77,9 Md US $). L’équivalent de celui cumulé de la France et de la Grande-Bretagne représentant 10 % de la population chinoise (environ 140 millions contre, 1,4 milliard d’habitants).

Il représente 8 % du budget militaire des USA qui est, de 1000 MdUS$ (minimum), pour une population de 304 millions d’habitants. Pour arriver à un budget équivalent à celui des USA, par rapport à la population, la Chine “devrait avoir” un budget de 4605 MdUS$ au lieu de 80 MdUS$. En fait, comparativement en termes de population "à protéger" suivant les critères du Pentagone, le budget militaire chinois ne représente que 1,737 % de celui des USA. Même pas 2 %...

(11)  Wang Hui, Britain will lose by criticizing China on Tibet, 15 juillet 2010, http://www.chinadaily.com.cn/opinion/2010-07/15/content_10112691.htm

(12)  William Hague est l’auteur d’une biographie (excellente) de William Pitt (dit Le Jeune par opposition à son père), longtemps premier ministre et artisan infatigable de l’édification de l’Empire Colonial britannique, fin du XVIII° et début du XIX° siècle, fondé sur la puissance de sa marine. Symptomatique d’une caste vivant sur la nostalgie conquérante et impériale… 

(13)  Voir : 

- China rejects U.S. pressure on Iran trade ties, http://www.tehrantimes.com/index_View.asp?code=224317 

- China disagrees with EU's unilateral sanctions on Iran, http://china.globaltimes.cn/diplomacy/2010-07/558115.html 

- Harsh V. Pant, India ignoring Washington as it woos Iran, 24 juillet 2010, Japan Times.

(14)   Ismael Hossein-Zadeh (Professeur d’Economie à Drake University – Des Moines – Iowa), Why the Greens Failed – Iran’s Presidential Election One Year Later, CounterPunch, 14 juin 2010.

(15)  Nil Nikandrov, The US is Synchronously Preparing to Launch Aggression Against Iran and Venezuela, RIA Novosti, 29 July 2010, http://en.rian.ru/international_affairs/20100729/159994768.html

(16)  Jim Lobe, Hawks sharpen claws for Iran strike, 13 July 2010, http://www.ips.org/blog/jimlobe/.

(17)  Toutes les installations mobiles au sol des batteries S 300 ont été livrées avant les "sanctions" (véhicules radars, de conduite de tirs, de commandement, de maintenance, etc.). Restait la livraison intégrale des missiles (48 par batteries), et leur remplacement qui, depuis, ont été intégralement positionnés. Les spéculations et déclarations dans certains médias, sur livraison ou pas, ne sont qu’un rideau de fumée servant à semer habilement le doute, chez les uns et les autres…

(18)  Pierre Messmer, La Dissuasion Nucléaire française : Genèse et Actualité, Op. Cit., p. 4.

(19)  Tristement célèbre en Afrique pour l’horreur de ses campagnes répressives et ses massacres organisés, sous forme de chasse à l’homme, notamment au Cameroun. Méticuleusement occultés par les médias, et les travaux des “historiens”, en France…

 

 

 

 

Illustrations : dessins d’Allan Macdonald.

Non, il n’est pas Ecossais. Mais, un talentueux caricaturiste du Honduras dont le combat, pour la justice dans son pays et la paix dans le monde, mérite d’être encouragé. Son site est à visiter : http://www.allanmcdonald.com/index2.html

 

 

 


 

 


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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 10:35

 


Je parle Hébreu et ma patrie c’est la Palestine. Contrairement à Israël, une organisation politique raciste et nationaliste, la Palestine est une entité géographique. La Palestine est authentique et vraie ; Israël est artificiel et imposé.”

Gilad Atzmon


 

 


 

Non.

 

Ce n’est ni une bavure, ni une erreur d’appréciation du risque. Encore moins, une opération commando ayant mal tourné.

 

Au contraire.

 

Prendre d’assaut des bateaux civils, avec à leur bord des militants pacifistes, évidemment non armés, chargés d’aide humanitaire, se dirigeant vers une enclave érigée en immense camp de concentration, depuis plusieurs années dans l’indifférence de la Communauté Internationale : Gaza…

 

Assaut donné dans les eaux internationales, avec pour conséquence des dizaines de morts et de blessés : un tel niveau de violence démontre l’assurance de l’impunité.

 

Entendre nos gouvernements, dans l’hypocrisie, le cynisme les plus délirants, se déclarer « choqués », et « demander » des explications en est la confirmation.

 

Oui : nos politiciens,  même nos vaillants parlementaires et têtes pensantes de l’UE, toujours prêts à fustiger les pays inscrits sur la liste rouge dictée par les néoconservateurs US, ne condamnent pas un crime de guerre ou contre l’humanité.

 

Ils se limitent à exprimer, timidement, leur « émotion », devant une « disproportion ». Quêtant une « enquête », la main tremblante. Même pas internationale. Surtout pas. Au gouvernement auteur du forfait…

 

Se donner bonne figure, bien sûr, pour calmer les naïfs. Leur faire croire qu’Occident est synonyme de Droits de l’Homme. Le temps que les fourneaux de la propagande chauffent à plein régime. Ils sont déjà au travail :

« … les activistes avaient été prévenus, ils ont agressé, avec des couteaux et des haches, les commandos armés jusqu’aux oreilles alors qu’ils montaient gentiment à bord, etc. »

 

 

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Au-delà de la barbarie de l’acte, et de l’insupportable comédie diplomatique des gouvernements occidentaux, on se doit de lire le message clair qui est envoyé à l’ensemble du monde.

 

Il ne s’agit pas d’un acte de piraterie, exercé par un pays sur les navires d’autres pays, mais bien d’une opération d’hyperviolence, délibérée, soigneusement planifiée, méticuleusement préparée (jusqu’à l’organisation du camp d’internement des passagers - avec bloc opératoire - dans le port israélien d’Ashdod), et médiatiquement orchestrée, avec l’accord, la complicité, des Etats occidentaux.

 

Un crime de guerre, sanguinairement exécuté, pleinement assumé, chargé de délivrer le rappel d’une réalité que l’opinion internationale avait tendance à oublier, au nom de la nomenklatura de l’Occident, dans un accès de fureur mégalomaniaque :

 

i) Les Maîtres du Monde, c’est Nous : l’Occident.

Rien ne peut se faire, se décider ou s’organiser sans notre autorisation, Notre Bon Vouloir. Le Droit International, l’ONU, La Loi du Monde, Les Droits de l’Homme, c’est Nous qui en dictons les normes et l’opportunité.

 

ii) Israël, c’est l’Occident.

En conséquence, l’impunité de l’Etat d’Israël quoiqu’il décide et exécute est un fait acquis. Une norme internationale. Rien ne la remettra en cause. Imposée depuis une soixantaine d’années, elle durera tant que nous le voudrons. Selon Notre Bon Plaisir.

Israël doit être perçu comme notre pitbull dans la région et au-delà, aussi imprévisible dans le déchaînement de sa violence, que jusqu’au-boutiste dans sa férocité. C’est la démonstration de notre force et de notre détermination.

 

iii) Une leçon pour la Turquie et ceux qui  voudraient suivre sa voie, croire, espérer, en un monde « multipolaire »…

L’acharnement des commandos-tueurs sur le bateau de tête de la flottille, de nationalité turque, où figurent la quasi totalité des morts et des blessés, est un ultime avertissement adressé à la Turquie et aux autres pays souhaitant s’ériger en contrepouvoir de l’Empire et de ses vassaux :

« Retenez-le bien : si vous ne courbez pas l’échine à notre injonction, nous le ferons par la force. »

 

L’émergence de la Turquie en puissance régionale, n’est pas admissible par l’Occident. L’attitude de mépris extrême du ministre des affaires étrangères US Hillary Clinton, au lendemain même de la médiation turco-brésilienne pour le nucléaire Iranien, était déjà une sommation :

« Ecrasez-vous et fermez-là ».

Les Turcs ne l’avaient pas compris, le massacre de leurs ressortissants est là pour rappeler le sérieux de la menace.

 

iv) Il n’y aura de paix en Palestine et au Moyen-Orient, qu’aux conditions dictées par l’Occident, suivant le temps qui lui conviendra.

En conséquence, Gaza et son blocus inhumain, cette punition collective condamnée par les Conventions de Genève, sont un exemple pour tous ceux, pays, mouvements de résistance, qui n’accepteraient pas la domination de l’Occident.

La tuerie justifie, à présent, l’interdiction internationale de toute flottille ou intervention humanitaires de ce genre, non décidées par l'Empire.

 

v) L’Iran doit être détruit et soumis.

L’Iran, et ceux qui traînent des pieds pour participer à sa condamnation, doivent comprendre que la détermination et la force employées par l’Occident n’ont que faire de l’opinion publique européenne, arabe, musulmane, internationale, humanitaire ou autre.

Le jour même du massacre, la marine Israélienne faisait savoir par le Sunday Times, que trois sous-marins de fabrication allemande porteurs de missiles de croisière équipés des dernières ogives nucléaires, patrouillaient le long des côtes Iraniennes.

 

L’Iran, sous le prétexte du nucléaire, est sommé de se soumettre à l’Occident, de donner les clés de ses gisements de pétrole et de gaz, et de livrer son marché intérieur à nos « privatisations ». Pour être, dans le même temps, démantelé en plusieurs Etats vassalisés. 

 

La conclusion de ce message :

La communauté des Nations n’est pas une mythique assemblée, collectivité, débattant du droit ou d’une idyllique humanité. Elle nous est soumise, car nous sommes des gangsters, des assassins, des pillards, des prédateurs,

 

Où est le problème ?...

 

Nous l’assumons et en sommes fiers. Car, nous ne connaissons qu’une Loi, dont nous sommes les détenteurs :

 

La Loi du Plus Fort

 

 

 

 

 


 

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 15:26

 


« Le temps vient toujours dans une nation où il faut se soumettre ou bien se battre. Ce temps est arrivé en Afrique du Sud. Nous ne pouvons pas nous soumettre et nous n’avons pas d’autre choix que de frapper à la mesure de nos moyens pour défendre notre peuple, notre avenir et notre liberté. »

Nelson Mandela (1)

 

 


 

Le “Terrorisme” est un mythe.

 

Une fable, une illusion, une légende. Construction de l’esprit sans rapport avec la réalité.

 

Un Totem.

 

Maléfique. Rassembleur du clan des crédules. Dans la ferveur guerrière et la danse du scalp.

 

Ronde mortifère, rythmée, scandée, par les tambourins et hululements des sorciers-charlatans : “experts en terrorisme”, “hyperterrorisme”, et autres hallucinations…

 

Totem qui n’explique rien et ne fait que déplacer la difficulté. Mais qui, en la déplaçant, parait en atténuer « le scandale logique ». Comme disait Durkheim, repris par Claude Levi-Strauss dans Le Cru et le Cuit (2).

 

« Scandale logique ». Oui.

 

 

slim pickens 2


 

Janus

 

En fait, nous le savons, scandale de la « Logique du Prédateur » : La Loi du Plus Fort. La loi du Deux poids - Deux mesures. Ou, comme disent nos amis anglophones, du : Double Standard. En plus imagé : Pile, je gagne – Face, tu perds…

 

La violence guerrière, c’est Janus. Le Dieu aux deux visages. Visages de l’Enfer. Nul besoin d’être expert en Polémologie, pour en identifier les contours.

 

Qu’elle soit financière, commerciale, culturelle, intellectuelle, ou armée, le plus souvent le tout à la fois, elle comporte deux visages, deux habillages. Deux “travestissements rhétoriques”.

 

Celle exercée par Le Fort contre Le Faible, qu’il spolie, opprime, méprise : violence déclarée “Légitime”. Car, civilisatrice, bienfaisante, “démocratisante”. Même au prix de millions de morts et de destructions incommensurables.

 

Dans l’autosatisfaction de la bonne conscience du Fort, évidemment.

 

Celle employée par Le Faible contre Le Fort qui le pille, l’occupe, l’humilie, le massacre. Résistance dont la violence est inacceptable pour Le Fort qui la déclare Illégitime. La diabolisant, sous le vocable sacralisé de “Terrorisme”. Par glissement sémantique, le résistant devient un insurgé. Lequel ne peut être que terroriste.

 

Le Fort s’arroge l’usage « légitime » de la violence. De la terreur. Qu’il s’estime seul en droit de détenir et d’exercer. Y compris dans ses configurations de destruction massive : chimique, bactériologique ou atomique.

 

Car rationnel et civilisé, face aux sauvages.

 

Avec ses moyens “étatiques”, par ses armées officielles et ses services secrets. Ou “privatisés”, par l’entremise de ses colons, mercenaires, “miliciens-politiciens-collabos”, et autres vecteurs.

 

Dictant ses normes, anathèmes et excommunications. Juge et partie. Traités internationaux, Conventions de Genève n’étant que des chiffons de papier, pour reprendre l’expression de Bismarck. Le Fort impose la violence sous toutes ses formes.

 

Même la plus abjecte : la torture.

 

Tous les prétextes étant recevables pour “intervenir militairement”, selon son bon vouloir : guerres déclarées ou non déclarées, officielles ou secrètes.

 

Au motif de la défense de ses “intérêts vitaux”, de ses “valeurs”, de sa civilisation, du devoir de mémoire. Voire, du péché originel. Lequel varie suivant les époques et les propagandes. Sans oublier le droit autoproclamé d’ingérence, pour raison humanitaire et “démocratique”.

 

A titre défensif ou offensif. Et, même, à titre “préventif”. Car le Fort, dans sa mégalomanie, s’assimile aux divinités mythologiques : il possède la préscience. Il connaît et maîtrise l’avenir. Ou, aux Héros de science-fiction, maîtrisant l’espace-temps. Dune, Matrix, Stars Wars, il se trouve déjà dans leur monde, leur dimension, par son génie.

 

En conséquence, le Fort dénie l’usage de la violence au Faible qui n’accepterait pas sa domination.

 

Comment ne pas comprendre ?...

 

Pour lui, bombarder des mariages avec ses femmes et ses enfants, ce n’est que “neutraliser” des rassemblements terroristes. Raser par ses drones les maisons des chefs de village de toute une vallée, avec femmes et enfants, ce n’est que supprimer des “commandants” de l’insurrection. Mitrailler des civils dans les rues avec ses hélicoptères, c’est maintenir l’ordre. Gérer des centres de torture de par le monde, c’est assurer la sécurité.

 

Les mercenaires qu’il paye grassement, en complément de ses propres troupes, pullulant en Irak ou en Afghanistan ne peuvent être que des « agents de sécurité ». Leur violence de soudards, s’ajoutant à celle de sa soldatesque, dans un pays conquis, martyrisé, rappelle celle des guerres du Moyen-Age. Mais non, ce n’est que de l’autodéfense. Justement, dans la lutte contre le terrorisme, afin d'aider les autorités du pays occupé...

 

Le Fort, grâce à ses “valeurs”, ne peut accomplir que Le Bien.

 

Lors de la seconde guerre mondiale, l’occupant allemand en France considérait les actes de résistance à ses pillages et à son oppression comme des actes terroristes. Réservant aux insurgés et aux populations civiles prises en otage, tortures et exécutions. A l’exemple des troupes françaises occupant l’Espagne, sous Napoléon, tombées dans la spirale de la férocité des représailles face à la lutte farouche du peuple espagnol.

 

Souvent pour conforter des politiques d’occupation, de spoliation, de répression, et les justifier auprès de l’opinion publique, le Fort fomente des attentats. Nourrissant des guerres civiles, sur fond de pauvreté planifiée. Faisant sauter des édifices religieux, églises, mosquées, et autres, des bombes dans des lieux publics, multipliant les assassinats de responsables politiques et syndicaux.

 

Allant, suivant la conjoncture médiatique, jusqu’à organiser l’enlèvement de ses propres ressortissants. Avec de fausses “organisations terroristes”, dont les sigles apparaissent et disparaissent comme autant de pâquerettes au printemps.

 

Sur son propre territoire, le Fort affirme que des dizaines d’attentats sont déjoués chaque année grâce à la vigilance de ses services spécialisés. Mais, étrange : dans une démocratie, ces “présumés terroristes” devraient être jugés publiquement, pour tentative d’attentat. Avec débats publics et contradictoires permettant de comprendre : qui sont-ils, que veulent-ils ?... La nation, constituée de citoyens adultes et instruits, doit savoir. Mais, non. Impossible.

 

Les observateurs savent que la quasi-totalité des attentats commis dans le monde à l’encontre de populations civiles sont l’œuvre de services spéciaux étatiques. “Démocraties” et dictatures, pour des raisons différentes mais souvent convergentes, étant des adeptes de ces méthodes.

 

Car les dictatures se sont ruées au portillon, profitant de l’hystérie collective, pour mieux museler et déconsidérer leur opposition. A un échelon réduit, appliquant à leur tour, la relation du Fort, l’oligarchie au pouvoir, au Faible, leur peuple écrasé de répression.

 

Un des exemples les plus tristement célèbres de ces manipulations est celui des nazis, qui avaient incendié le parlement allemand, le Reichstag. Présenté comme un attentat effectué par des communistes. Permettant la rafle de plus de 4000 cadres du parti communiste allemand, envoyés dans les premiers camps de concentration. Pour les inaugurer. Au grand soulagement des milieux financiers et industriels allemands, et même européens, de l’époque… (3)

 

Folamour-3

 

Popeye

 

Obama, les 12-13 avril derniers, a réuni les représentants de 47 Etats pour un “sommet sur la sécurité nucléaire”. Tout spécialement focalisé sur les risques du “terrorisme nucléaire”. Le plus grand sommet sur la sécurité depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, ne cessaient de répéter, avec zèle et obséquiosité, les médias de la propagande,

 

Mais, en écoutant son discours et ceux des autres “dirigeants nucléaires”, je pensais à Popeye avalant ses épinards pour montrer ses muscles, se rassurant sur sa force tout en voulant intimider ses adversaires…

 

Ce n’étaient que postures et mensonges. Dans la paranoïa et le cynisme, les plus ridicules dans l’outrance.

 

Comme toujours dans ce genre de manifestations, les non-dits sont plus importants que les belles phrases de la bonne conscience. Dans cette mélasse de bla-bla-bla, de ces non-dits, je retiens les “non”.

 

J’en ai recensé six :

                         

 

i)  Non à la Paix


Dès l’énoncé de ce sommet, les “grandes puissances” occidentales confirmaient qu’elles n’étaient pas intéressées par La Paix dans le Monde. Entre assurer La Paix et assurer La Sécurité, le choix est clair.

 

Assurer La Sécurité : c’est Surveiller et Punir (4). La répression, la stigmatisation.

 

La Sanction”.

 

Punir, cogner, frapper, isoler, marginaliser, étouffer… La régression de l’intelligence et de la Civilisation Humaine.

 

Tenir un sommet sur “comment instaurer la Paix dans le Monde”, ce serait rappeler le respect du droit à l’autodétermination des peuples et nations. En conséquence :

=> Interdire toute occupation militaire d’un pays par un autre. Et, donc programmer le démantèlement de toutes bases aériennes, terrestres, navales d’un Etat chez un autre.

=>  Interdire, dans une vigoureuse réactivation des Conventions de Genève, toute prise en otage des populations civiles : punitions collectives, embargos, incarcérations arbitraires, entraves à la libre circulation des personnes dans leur propre pays, famines imposées, destructions de maisons et de villages, destructions d’infrastructures civiles (notamment les stations d’épuration d’eau, de puits et de pompages), destructions d’écoles et d’hôpitaux, tueries et massacres.

=> Interdire les rapports de forces dans les relations internationales. En instaurant une authentique diplomatie, fondée sur le respect de son interlocuteur. Même de celui avec qui on n’est pas d’accord. Privilégiant la négociation, l’échange, l'empathie. Excluant menaces, chantages, déclaration méprisantes et belliqueuses.

 

 

ii)  Non au Désarmement

 

Toute référence à un désarmement était exclue du sommet.

 

Tout autant les discussions, réflexions et décisions, sur la maîtrise et diminution des budgets militaires. Par une limitation indexée sur un pourcentage des PIB, donnant lieu à des contrôles internationaux. Afin de :

=> limiter l’impact des lobbies militaro-industriels, devenus ingérables pour les gouvernements civils du fait de leur poids financier, corrupteur, dans un contexte d’opacité n’ayant plus rien à voir avec le "Secret Défense". Présentant à l’heure actuelle un des plus graves dangers pour la survie des « démocraties ».

=> donner la priorité aux besoins urgents et colossaux de notre planète que sont : alimentation, santé, éducation, emplois et retraites.

 

 

iii)  Non à l’identification et au contrôle des arsenaux nucléaires existants

 

Le sommet a mis en lumière deux tabous, quant à la conception des occidentaux dans la “hiérarchisation” des puissances nucléaires :

=> Le refus des occidentaux de livrer la connaissance précise de leurs arsenaux nucléaires, dont le cumul est en mesure de faire sauter la planète. Constituant un danger autrement plus grave que la fonte des glaciers ou la disparition de l’hippopotame.

Refus d’un inventaire actualisé chaque année, contrôlé par des organismes indépendants, et publié afin d’informer les citoyens du monde qui ont le “droit” de connaître les dangers que court La Terre des Hommes.

=> L’identification et le contrôle de l’arsenal, actuellement tenu secret, d’Israël, qui est estimé à 400 bombes nucléaires. Pays non signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire, qui avait dans les années 1970 fourni 6 bombes nucléaires à l’Afrique du Sud… (5)

 

 

iv)  Non à la résolution des conflits actuels

 

Résoudre les conflits actuels, est la dernière des préoccupations des puissances occidentales. Notamment, celui de la Palestine.

 

Il s’agit pourtant d’un des fondements de la sécurité internationale, notamment par l’imposition de la quarantaine de résolutions de l’ONU non appliquées à ce jour. Certaines, datant de 1967…

 

Comment assurer la sécurité internationale, en laissant des pays en envahir d’autres, les détruire, les occuper, les piller ?... Y compris par dictatures et gouvernements fantoches interposés, via des élections truquées.

 

Alors qu’on sait qu’aucun peuple, aucune nation, ne se livreraient à des actes de résistance, sous forme d’attentats à l’encontre des intérêts de pays étrangers, s’ils vivaient dans la liberté.

 

 

v)  Non à l’abandon de la politique de la  canonnière

 

Ce sommet a pour finalité le renforcement de la politique traditionnelle de l’Occident : maintenir son avance technologique sur le plan militaire. Fondement de sa richesse, depuis le XV° siècle, par la création des grands empires coloniaux, puis néocoloniaux, portugais, espagnol, hollandais, britannique, français, US, etc. : la politique de la canonnière.

 

L’Occident entend monopoliser toutes les sources d’approvisionnements miniers et énergétiques de la planète. Pétrole et gaz, tout particulièrement. Et, à présent : uranium.

 

Son but n’est pas la “sureté nucléaire”, car il sait très bien qu’aucun Etat ne vendra une arme nucléaire à un groupe armé non contrôlé par ses services spéciaux.

 

Sa volonté, sous couvert de ses déclarations pacifistes, est de conserver sa prééminence nucléaire, dans une politique de terreur pour imposer son Empire.

 

Si les occidentaux ont pu, par exemple, occuper et piller un pays aussi immense et peuplé que la Chine pendant un siècle (1840-1940), c’est grâce à leur supériorité en armement. Les Chinois qui n’avaient aucune intention de conquête et donc une armée aux armements limités, n’avaient pu s’opposer à leur flotte, leur artillerie à longue portée et leurs fusils à tir rapide. Mais, ils ont retenu la leçon…

 

 

vi)  Non à la Justice Internationale

 

Le comble du cynisme, ou du ridicule, a été atteint par le président français, suggérant la création d’un tribunal international qui jugerait et condamnerait ceux qui se livreraient au “terrorisme nucléaire” : vente, formation, transfert de technologie.

 

Autrement dit, les "crimes contre l'humanité" commis lors de la destruction de l'Irak, sur fondement de mensonges, avec plus de 1,5 millions de morts et d’immenses destructions, peuvent rester impunis. Ceux récents, des massacres de civils, au Liban, à Gaza ou en Afghanistan, tout autant.

 

Comment être pris au sérieux avec un tel niveau d’inconscience et de mégalomanie, quant à la conception de la Justice Internationale ?...

 

En fait, camouflé sous cette manœuvre, il s’agit de criminaliser tous les chercheurs en énergie nucléaire dont les travaux, le niveau de compétence, l’indépendance d’esprit ou le patriotisme, ne conviendraient pas à l’Occident. Il suffira, en bon magicien de cirque, de sortir de son chapeau une inscription sur une “liste terroriste”, même sans preuve, Etats, instituts de recherche, organismes industriels, pour que toute collaboration, de ce fait, devienne “criminelle”.

 

Comme cela a été effectué pour l’usine de produits pharmaceutiques de Khartoum au Soudan, spécialisée dans la production de médicaments génériques. Rasée avec tout son personnel dont de nombreuses femmes, par des missiles de croisière, sur ordre du président Clinton. Motif : elle fabriquait des armes chimiques. Ce qui était faux, tout le monde le savait, ainsi que l’ont reconnu les américains par la suite. Simplement, sa production gênait les lobbies pharmaceutiques en Afrique…

 

Comme les occidentaux l’ont fait, pour le grand chercheur et “père” de la bombe atomique pakistanaise Abdul Qadeer Khan. Face aux menaces de l’Inde, il avait contribué à édifier une force de dissuasion nucléaire pour assurer la souveraineté et l’indépendance de son pays. A l’exemple de la Grande-Bretagne ou de la France.

 

Toutes les calomnies à son égard ont été employées par les occidentaux, notamment les USA. Prétendant se faire livrer cet éminent scientifique comme un vulgaire criminel… Au prétexte qu’il aurait communiqué des secrets nucléaires aux Libyens et aux Iraniens. Même l’aurait-il fait, ce qui n’est pas le cas, les occidentaux n’ont jamais criminalisé leurs savants et techniciens qui ont collaboré avec les israéliens, sud-africains, australiens et autres, pour leurs recherches sur l’arme nucléaire.

 

Les Pakistanais ont eu le courage de ne pas céder, en dépit d'énormes pressions. Abdul Qadeer Khan, retiré de la vie active, vit protégé dans sa villa. Mais, par crainte d’un enlèvement ou d’un assassinat des services spéciaux occidentaux, il est pratiquement en résidence surveillée.

 

 

Ce sommet n’était qu’une Danse du Scalp des occidentaux. Souhaitant associer, à leur délire impérial, leurs vassaux avec les nomenklaturas et ploutocraties d’un certain nombre de pays.

 

Tout le monde l’a compris, c’est l’Iran qui est visé. Son pétrole et son gaz. Et, au-delà de l’Iran, le contrôle de l’accès de l’Asie, spécialement de la Chine, aux fournisseurs d’énergie.

 

Toutefois, personne n’est dupe. Comme le rappelle Anthony Payne :

“… La politique mondiale du “développement inégalitaire” est liée et contingente des “hiérarchies de puissance” …

Les pays désavantagés ne trouveront un développement plus égalitaire, n’obtiendront des concessions ou des changements dans les politiques actuelles du secteur des finances, du commerce, ou de l’environnement, qu’en opérant des changements d’alliances,

dans un contexte de rapports de forces,

en maîtrisant ou déployant les ressources de la puissance, même limitée, dont ils disposent.” (6)

 

Telle est la voie étroite, mais inévitable, des puissances émergentes soucieuses de préserver leur souveraineté, dont fait partie l’Iran.

 

Popeye, malgré ses boîtes d’épinard, ses moulinets de gonflettes musculaires, n’y peut et n’y pourra rien…

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Nelson Mandela, The Struggle is My Life, IDAF, 1978, cité par Sophie Pons dans Apartheid – L’aveu et le pardon, Bayard éditions, 2000.

(2)  Claude Lévi-Strauss, Mythologiques, t. I : Le Cru et le cuit, Paris, Plon, 1964.

(3)  Consultez les remarquables travaux sur cette époque de l’historienne française (actuellement boycottée et censurée par les medias) Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 7. Notamment ses livres sur les liens entre la finance, la grande industrie (comme toujours, milieux violemment opposés à toute politique sociale) avec l’extrême-droite européenne et nazie.

(4)  Michel Foucault, Surveiller et Punir, Gallimard, 1991.

(5)  Shibil Siddiqi, Terrorism : The nuclear summit’s “straw man”, Asia Times, 16 avril 2010, http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/LD16Ak02.html

“Israel presently possesses an estimated 400 nuclear weapons, from powerful thermonuclear devices to tactical or "battlefield" nukes.

Its nuclear doctrine embraces not only a "first strike" posture but also one of "preemptive strike" against a conventional or unconventional attack on any of its weapons of mass destruction (nuclear, chemical or biological).

It is also committed to maintaining nuclear superiority by preventing any other Middle Eastern country from obtaining nuclear weapons.

It has already employed conventional attacks and assassinations to prevent such an outcome.”

(6)  Payne, Anthony, The Global Politics of Unequal Development, Palgrave Macmillan, New York, 2005, p. 246 & 247. Cité dans mon billet du lundi 16 juin 2008, Crise Alimentaire Mondiale : Le Boulanger, La Boulangère et Le Petit Mitron …

 

 

Photos du film de Stanley Kubrick, à voir et revoir (les TV le censurent…) : Docteur Folamour ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe (Dr. Strangelove or How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb).

Monument d’humour noir sur les délires bellicistes des nomenklaturas.

La scène où le pilote (joué par Slim Pickens) du bombardier américain chevauche avec son chapeau texan, fou de joie, la bombe nucléaire qu’il vient de lâcher sur la Russie (l’URSS dans le contexte de la Guerre Froide) est un moment “culte” de ce film…

 

 


 

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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 20:16

 

 

« Ceux qui perdent leur temps à dénoncer le « péril oriental », alors que les Orientaux ne menacent personne, ne font aucun prosélytisme et demandent simplement qu’on les laisse tranquilles chez eux, ce qui est assez légitime, ceux-là, dis-je, devraient bien se rendre compte que le vrai péril, pour l’Occident moderne, est celui qui vient de ses propres défauts. »

René Guénon (1)

 

 

 

 

Coup de sang…

 

 « Il entra dans le Temple, et il se mit à chasser ceux qui vendaient, leur disant : Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. » (2)

 

Jésus, multipliant les coups de cordes de chanvre sur le dos des « marchands » qu’il chassait du Temple, les traitant de voleurs.

 

Lui… Non-violence, douceur, tendresse…

 

Dès que prière et spiritualité en sont infestées. Tièdes, hypocrites, voleurs, trafiquants, il ne peut s’empêcher de les “vomir”. Expressions, qualificatifs, repris par les Evangiles, dans leur crudité, leur dureté.

 

Moment fort, explosion d’indignation, qui m’a le plus marqué à leur lecture.

 

Comment ne pas y penser, devant le grouillement des manipulations engluant les Eglises d’Orient, mosaïque fascinante de communautés chrétiennes souvent férocement antagonistes entre elles, au cours des siècles, dans la préservation de leurs identités schismatiques ?...

 

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Coups tordus…

 

Oui, je sais. Des politiciens affirment que “la religion n’a rien à voir avec la politique”. Mais, l’aveuglement doctrinaire n’est-il pas, actuellement, la pathologie intellectuelle la mieux partagée ?…

 

L’instrumentalisation des religions est aussi ancienne que leur apparition dans nos sociétés. Trafiquer n’est pas limité aux biens matériels, mais s’applique tout autant aux informations, aux faits. Religieux ou pas. L’art de duper étant le même.

 

Quand hiérarchie, dignitaires, prélats et autres notables des Eglises d’Orient, souscrivent, “les yeux fermés” aux pires campagnes de propagande islamophobes. Pas tous, mais presque… Ils dupent ceux qui leur font confiance. Sur leur sincérité, leur honnêteté, leur sens des responsabilités.

 

Car, s’effectue un travail, intense, méthodique, alimenté par des moyens financiers considérables, pour dresser les chrétiens d’Orient contre leurs compatriotes musulmans, leurs « frères », devrait-on dire… Et, via leurs relais en Occident, les chrétiens, tout particulièrement, d’Europe, d’Amérique du nord, et même d’Australie, contre le monde musulman dans son ensemble. Opinion publique occidentale méticuleusement désinformée par les médias, publics ou privés, laïcs ou pas, de la propagande officielle.

 

Je cite à dessein l’Australie, ouvrant une parenthèse, nos “journalistes d’investigation”, “décrypteurs” autoproclamés de l’information, n’en parlent jamais. Sauf pour nous enfumer dans l’opium des peuples, les rituels : JO, rugby, surf et tournois de tennis.

 

Ce pays joue pourtant un rôle, en Asie - Pacifique sud, équivalent à celui d’Israël au Moyen Orient. En plus discret, moins “sanguinairement explosif”. Ses troupes se sont retrouvées à guerroyer au Vietnam aux côtés des USA ; sont en Irak et, inévitablement, en Afghanistan et au Pakistan. Sa marine, aux marges des eaux territoriales chinoises, en posture permanente de provocation OTANesque. En échange, la nomenklatura australienne reçoit son bout de gras…

 

Menant une politique étrangère agressive et conquérante, totalement alignée sur l’extrême-droite US, elle s’est emparée de la moitié de l’île de Timor en 1999, le Timor Oriental. Partie de l’Indonésie arrachée à sa souveraineté, avec la complicité de la Communauté Internationale qui, à son habitude, installa un gouvernement “indépendant” fantoche. Imposant sa force, elle en pille les ressources minières : pétrole, gaz, manganèse, marbre, or…

 

Tout comme en Papouasie-Nouvelle Guinée. En principe, Etat “indépendant”, équivalent en superficie à la France, membre du Commonwealth, qu’elle pille tout aussi systématiquement. Laissant, pour soulager leur misère, coquillages et tatouages aux “indigènes”. On y trouve, il est vrai, parmi les plus grandes mines d’or et de cuivre du monde, avec du pétrole en prime…

 

N’oublions pas, dans notre réflexion de “géopolitique religieuse”, que les principaux grands groupes miniers mondialisés sont “domiciliés fiscalement” en Australie. Dans un souci de rationalisation de la prédation entre ses membres, Big Business procède, en effet, à une répartition des zones ou des spécialisations d’intervention : militaires, minières, financières, etc.

 

A charge pour les services spéciaux australiens, de propagande, de guerres psychologiques, de diaboliser l’Islam dans sa zone géographique où les communautés musulmanes sont majoritaires.

 

Deux pays sont très “travaillés” dans cet exercice de déstabilisation, avec même une accentuation des opérations spéciales (psyops, dans le jargon du métier…), depuis une bonne décennie : Indonésie et Malaisie.  

 

L’objectif étant, à terme, de démanteler, éclater, ces pays ; comme l’Irak en ce moment, le Pakistan ou l’Afghanistan dans un futur immédiat, et l’Iran dans une perspective proche. Facteur aggravant, Indonésie et Malaisie se permettent de critiquer le comportement occidental dans les pays musulmans, de la Palestine au Pakistan. Impardonnable crime de lèse-Empire…

 

Là, la thématique de la désinformation n’est plus celle de la jupe, des minarets, de la burqa, ou de l’hamburger halal. Du musulman “incapable de s’intégrer dans une société occidentale”, dite “moderne”, à moins qu’il ne se décide, de gré ou de force, à abandonner sa religion.

 

L’angle d’attaque est différent. Nous sommes dans la manipulation des religions sur le plan de leur coexistence. En l’occurrence, prouver, démontrer, l’incapacité de l’Islam à “cohabiter” avec d’autres religions. Les tolérer. Au Moyen-Orient, comme en Asie…

 

Induisant, dans des campagnes de propagande parfaitement coordonnées entre plusieurs continents, le réflexe pavlovien, ou subliminal, du vieux slogan colonial :

 “Cogner pour civiliser”.

 

 

La presse rugit…

 

« La presse rugit, intoxiquée par l’argent pétrolier… », écrivait Louis Massignon (3) à son ami Vincent Monteil, (4) qui, ajoutait-il en parlant de certains médias, « … rivalisent d’injures contre l’Islam… ».

 

Comprendre les relations Islam et Eglises d’Orient ?... Facile, il suffit de prendre pour “passeur” : Louis Massignon. Personnalité exceptionnelle. (5) Et, de bien s’accrocher. Car c’est évoluer, avec lui, à un haut niveau de culture, de connaissance, de réflexion et de spiritualité.

 

Diplomate de métier, connaissant tous les rouages géopolitiques du Moyen-Orient pour avoir été membre de l’équipe française chargée de mettre au point le plan de partage de l’Empire Ottoman avec la création d’un foyer juif en Palestine, entre la Grande-Bretagne et la France à l’issue de la première guerre mondiale.

 

Les tristement célèbres “accords secrets Sykes-Picot” de 1916, liant les deux superpuissances de l’époque. Dont il mesurera et dénoncera, bien plus tard, l’absurdité, l’irréalisme du cynisme colonial, semant les germes des sanguinaires conflits actuels dans la région.

 

Spécialiste de l’Islam, dans toutes ses composantes, et des Eglises d’Orient, l’intensité, la générosité de sa spiritualité, lui font respecter et aimer ces religions. Sur un même plan. A tel point que certains le considèrent, affectueusement, comme un “catholique musulman”. Ses travaux de recherche sont un exemple de rigueur intellectuelle et d’ouverture à l’Autre. Sa thèse monumentale, ses recherches, sur le célèbre mystique musulman Al-Hajjaj, en quatre volumes, restent, à ce jour, inégalées.

 

Marié, il fut ordonné prêtre de l’Eglise d’Orient dite melkite, dont la liturgie est en langue arabe, rattachée à Rome depuis 1724. Eglise qui présente la particularité d’autoriser le mariage de ses prêtres. Comme quoi, la hiérarchie catholique peut s’accommoder de “la modernité”, quand elle le veut.

 

Il était atterré par le niveau d'ignorance d’une grande partie du clergé des Eglises d’Orient sur la religion musulmane, son islamophobie primaire, son racisme soigneusement dissimulé, profondément influencé par l’expansionnisme occidental dans cette région.

 

L’esprit des Croisades, dans sa survivance primitive. Louis Massignon, en excellent géopoliticien qu’il était, dénonçait le mythe et l’imposture, déjà, le 2 novembre 1949 :

"Toute croisade coloniale des judéo-chrétiens contre le « fanatisme » islamique est vouée tôt ou tard à l’échec. »

 

Trop tard, l’inconscient collectif occidental en est profondément gangréné.

 

Le dilemme des communautés chrétiennes d’Orient est pourtant clair :

=> soit, en tant qu’orientaux eux-mêmes, partager le présent et l’avenir de leurs frères musulmans, leurs luttes pour l’indépendance et la souveraineté de leurs nations, constituant “un pont” entre l'Occident et l’Orient aux racines spirituelles communes. A l’exemple des Palestiniens chrétiens ;

=> soit, être instrumentalisées en “tête de pont” d’un Empire conquérant dont elles seraient la cinquième colonne, les auxiliaires, les fondés de pouvoir, dans l’administration, la gestion des conquêtes occidentales.

 

Par irresponsabilité, pour ne pas dire par intérêt personnel, une grande partie des leaders des Eglises d’Orient ont choisi depuis l’époque des Croisades, entraînant avec eux les fidèles qui leur font confiance, d’agir en supplétifs d’un Occident prédateur à chaque période de faiblesse traversée par les nations de confession musulmane. Partager les moments de gloire et de prospérité des périodes fastes du monde musulman, et se désolidariser dès qu’il y a agression ou envahissement de l’Occident.

 

Choix impardonnable, car malhonnête et funeste pour le devenir des communautés chrétiennes d’Orient, leur faisant assumer le rôle du “traitre” dans l’épreuve subie par l’ensemble de la collectivité.

 

 Ce que rappelait Louis Massignon (6) :

« Déjà, il y a mille ans, la chrétienté occidentale avait trahi. Mobilisée par la croisade pour libérer les Lieux Saints de l'occupation musulmane, qui y tolérait, elle, des chrétiens arabes, parce que l'Islam honore la sainteté de Jésus, et vénère la pureté de sa Mère, elle avait vite cédé, à cette époque de sentimentalité naïve et barbare, au machiavélisme des politiciens annexionnistes, avides d'exploiter et d'asservir leurs frères chrétiens d'Orient. »

 

Aujourd’hui, le martèlement permanent, systématique, d’une désinformation atteignant les dérives extrêmes d’une propagande stalinienne, n’est que la suite ou la conséquence de cette attitude irresponsable. Avec pour slogan :

Les communautés chrétiennes d’Orient en péril”.

 

La propagande “rugit” donc, y compris les médias s’affichant chrétiens. Multipliant articles, conférences, documentaires à sensation, le tout savamment orchestré par des campagnes de presse simultanées dans plusieurs pays occidentaux. Nourrissant ses rugissements dans des évènements dramatiques, aussi violents que suspects.

 

Un exemple. Gros titre du journal La Croix du 8 janvier 2010, soutenu par un dossier de trois pages (7) :

« En Egypte les coptes se sentent menacés. »

 

Le mois dernier, à Nagaa-Hammadi près de Louxor, à la sortie de la messe de Noël qui est fêtée par les coptes le 6 janvier, une voiture passant à vive allure mitraille la foule. On relève six chrétiens et un policier tués, plus une  dizaine de blessés. Dans une ville, composée à 70% de coptes, tout le monde a compris. A commencer par la communauté musulmane. La provocation va permettre tous les amalgames, et toutes les répressions.

 

Comme par hasard, autre attentat deux jours plus tard, plus artisanal, moins meurtrier, mais tout aussi bruyant. Le 8 janvier, en Malaisie, des bouteilles incendiaires jetées par des individus, depuis une motocyclette, sur deux églises. Quelques dégâts mineurs sur les portes d’entrée. Le genre de non-évènement, lorsqu’en France cela se produit sur une mosquée. Mais là, inflation de titres dans la presse occidentale : églises “incendiés”, “bombardées”, etc. (8)

 

Deux cas de figure intéressants en termes de techniques de désinformation. Même si l’œil le plus endormi décèle immédiatement, dans ces pseudos attentats, la barbouzerie la plus ringarde, les réactions sont typiques. Aucune analyse : Pourquoi ? Comment ? A qui profite le crime ?...

 

Ce ne sont que grands moulinets démagogiques : victimisations, émotions, condamnations. Pour, bien sûr, ouvrir la voie à des revendications sur fond de stigmatisation.

 

Sans nuance.

 

Mgr Philippe Brizard, directeur général de l’Œuvre d’Orient, parlant de l’attentat d’Egypte :

« … Il y a un foyer de Frères musulmans qui profite de la mollesse des autorités publiques… Une montée des intégrismes dans les pays musulmans, on va vers l’explosion…

C’est tout l’enjeu aujourd’hui du rapport entre foi et raison, comme l’a si bien compris Benoît XVI, afin que l’Occident traditionnellement chrétien puisse aider l’islam à approfondir et à développer une démarche religieuse compatible avec la raison. » (9)

 

Propos de ces curés de campagne des XVIII° ou XIX° siècles, quasi-analphabètes qu’on envoyait “évangéliser les sauvages” de nos colonies… La référence au discours islamophobe de Benoit XVI témoigne du niveau de pertinence et d’honnêteté dans la réflexion. (10)

 

Comme si 1,5 milliard de musulmans attendaient de l’Occident une aide quant à une « démarche religieuse compatible avec la raison »…  Denise Masson, Henri Corbin, Louis Massignon, Edward Saïd, d’autres encore, authentiques chrétiens s’il en est, ont déjà ridiculisé ces inusables clichés de caniveaux, traduisant un obscurantisme sidérant sur tous les trésors de logique, de philosophie, de spiritualité de l’Islam. (11)

 

Mais, dans le fanatisme l’important est d’enfoncer le clou de la peur et de l’ignorance.

 

Ainsi, un synode des évêques pour les “églises catholiques orientales” va se réunir du 10 au 24 octobre 2010, sous le titre fédérateur : « L’Eglise catholique au Moyen-Orient, communion et témoignage ». Avec pour vecteur de méditation :

« L’occasion pour les communautés chrétiennes … d’exprimer leurs inquiétudes face à la montée de l’intolérance et des fondamentalismes musulmans. »

 

 

Groupes de pression, lobbies et officines

 

Outre les médias, on retrouve cette propagande relayée, amplifiée, par un réseau de groupes de pression, de lobbies et d’officines spécialisées, notamment auprès des instances européennes.

 

Un des lobbies les plus puissants est la COMECE (Commission des Episcopats de la Communauté Européenne). Ses exigences sont claires : “Violences contre les Chrétiens dans le monde : L'UE doit mettre en place une action diplomatique ferme et efficace”. Du religieux, on passe à une diplomatie. “Ferme et efficace”. Autrement dit : La Loi du Bâton.

Animant réunions, interventions, pressions, pour ne pas dire harcèlements, auprès des députés européens. Un des grands passe-temps du parlement européen étant, non pas de résoudre crises économiques et catastrophes sociales mais d’émettre, à répétition, des résolutions pour complaire à tous les groupes de pression qui pullulent dans les couloirs de la Bureaucratie Européenne, pourquoi se gêner ?...

« … Des résolutions dénonçant les persécutions religieuses, notamment de chrétiens, sont souvent adoptées à l’initiative de quelques députés européens », écrivent benoîtement les journalistes de La Croix. (12) Sauf que la brochette, des quelques députés européens qu’ils nous présentent, est constituée de gens au cursus plutôt bizarre…

 

Charles Tannock, britannique, dirige la délégation des conservateurs britanniques chargée des “affaires étrangères et des libertés”… Plus Blair ou Bush que lui, tu meurs comme dit le comique. Il est vrai que ces chefs d’Etat sont de bons chrétiens, ils ne manqueraient aucun office le dimanche, après avoir ordonné massacres, destructions et tortures, sur fond de mensonges. Certainement, un exemple de démarche religieuse compatible avec la raison, comme diraient Benoit XVI et ses disciples…

 

Il s’est fait remarquer comme un des membres du parlement européen les plus actifs dans le soutien de “la révolution orange” en Ukraine, du parti antirusse et pro-OTAN. Créateur, ou membre zélé, d’une multitude d’amicales de députés européens pour soutenir causes ou pays. Parmi les plus notables :

Créateur de l’amicale des parlementaires européens de l’Inde, président de celle de Taïwan, vice-président de celle des amis européens d’Israël, membre du comité directeur d’autres amicales du Tibet, d’Arménie, du Bengladesh. Cette lourde charge l’empêche probablement d’être membre des amicales de Russie, Chine, Turquie, Palestine, Pakistan. Il convient d’être indulgent. Les amicales ça use…

 

Mario Mauro, italien, représentant personnel du président en exercice de l'OSCE “contre le racisme, la xénophobie et les discriminations, avec mention spéciale de la discrimination des chrétiens” (2009). Il se dit et se veut : “catholique radical à la droite de Berlusconi”… Nos amis italiens le surnomment le porte-flingue de Berlusconi. La fine fleur de l’extrême droite italienne.

 

On le retrouve avec Bastiann Belder, protestant hollandais, non seulement, dans la défense des minorités chrétiennes, mais encore dans toutes les manifestations et manœuvres politiques anti-avortement (antichoice, dans le jargon des lobbies…).

 

Pourquoi pas ?... Défendre le droit à la vie, au respect de l’innocence, c’est méritoire. Mais ce militantisme devient suspect, au niveau de sa dimension chrétienne et charitable, lorsqu’il s’arrête à l’embryon. Qu’en est-il des milliers d’enfants, tués, infirmes, traumatisés, affamés, dans des bombardements aveugles et des conflits coloniaux aux motivations mensongères ?... Chaque jour. Silence… Des “non-être” : ils ne sont pas chrétiens.

 

Vitore Bonsignore, italien proche du Vatican dit-on, un de mes eurodéputés préférés, tant il m’amuse. Il me fait penser à ces canards qui traversent tous les orages, en secouant leurs plumes, poursuivant leur trottinement, impassibles. En France aussi, nous avons ce type de canards… Certains s’autorisent même à recommander au gouvernement les ministres “à virer”. En dehors de la défense des minorités chrétiennes, spécialiste des budgets et des affaires financières.

 

Impliqué, à plusieurs reprises, par la justice italienne dans des affaires de corruption de marchés publics. Notamment, au cours de l’opération anticorruption Mains Propres (Mani pulite) pour avoir encaissé plus de 100 millions de lires en tant que secrétaire d’Etat au Budget. Puis, condamné pour deux ans de prison, encore en Italie, dans une affaire de détournement de fonds lors de la construction d’un hôpital à Asti. (13)

 

Dans ce chœur de pleureuses des “minorités chrétiennes en péril”, on trouve même, à ma grande surprise, un “expert en liberté religieuse” auprès des évêques catholiques européens à Bruxelles (Comece) : Vincent Legrand !... Du coup, j’ai cherché un “expert en tolérance religieuse”. En vain, cette expertise n’existe pas encore…

 

Grâce à la réunion de ces talents, à la grandeur d’âme incommensurable, on aboutit à des résolutions votées par le parlement européen. Quand elles ne condamnent pas nommément des pays, en général musulmans tenant compagnie à la Chine et à la Corée du nord, elles batifolent dans l’hypocrisie onctueuse. Dans le genre de celle du 16 novembre 2009, inspirées par le Quai d’Orsay nous souffle-t-on, à la suite de la réunion des ministres des affaires étrangères :

 « … Les Etats ont le devoir de protéger chaque individu, y compris les personnes qui appartiennent à des minorités, de la discrimination, de la violence et d’autres formes de violation ».

 

Autre variante, il existe des Index des persécutions antichrétiennes, avec des cartes en couleurs, publiés par des officines aux financements occultes. On y apprend ainsi, sans surprise, que “… sur les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés, 35 sont des pays où l'islam est majoritaire…”.

 

Inévitablement, on y retrouve par superposition la carte des pays considérés avec hostilité par l’extrême-droite occidentale. L’opposition, la résistance des populations ou des gouvernements à l’hégémonie et à la prédation occidentales étant, en fait, le critère déterminant de la stigmatisation.

 

Car, dans ces cartes et dénonciations, beaucoup de “trous noirs” apparaissent. Les minorités chrétiennes qui, en Amérique latine, sont marginalisées, exploitées, dépouillées de leurs terres, de leurs langues et de leurs cultures à partir du moment où elles sont amérindiennes ou indigènes. Spoliées par les colons européens et leurs descendants, qui se revendiquent “chrétiens”, mais présentent la particularité d’être au service des multinationales…

 

Sans parler, évidemment, des minorités musulmanes martyrisées à Gaza, au Liban. Ou encore, en Inde, celles du Gujarat ou du Cachemire. Sans compter les horreurs, massacres et destructions accomplies par les armées occidentales à l’encontre des populations musulmanes, en Palestine, Irak, Afghanistan, Pakistan, sud des Philippines.

 

Là, la vigilance des valeurs chrétiennes ne peut s’y exercer, nous sommes en Terra Incognita de la Conscience

 

 

Mensonge par omission

 

Comment ne pas éprouver compassion pour ces défenseurs des Eglises d’Orient “en péril”, ces preux chevaliers sans peur et sans reproche, adeptes de la démarche religieuse compatible avec la raison ?... Ils souffrent.  Leur mémoire, d’amnésie. Leur vision, d’angle mort. A un degré tel, qu’on peut parler du culte de l’oubli, du refus de voir. Du déni constant.

 

Syndrome d’une maladie qui les ronge en permanence, à mon avis, incurable : l’omission.

 

Ils omettent de dire, que la plus grande église catholique construite dans le monde depuis ces vingt dernières années, avec un budget dépassant 20 millions de dollars, a été édifiée dans la capitale d’un Etat musulman.

 

Oui. Notre Dame du Rosaire, inaugurée lors des fêtes de Pâques, le samedi 15 mars 2008. Pouvant accueillir 5000 fidèles. A Doha, au Qatar. (14) Lors de son inauguration, il y en avait 15000 venus de toute la région.

 

D’autres centres de prière vont être créés autour de cette splendide réalisation architecturale, pour les orthodoxes, hindous, bouddhistes, shintoïstes, protestants. Constituant un exemple exceptionnel de rapprochements spirituels entre “hommes de bonne volonté”.

 

Imaginez le même budget pour une mosquée édifiée dans la capitale d’un Etat occidental… De quoi provoquer des apoplexies chez les pourfendeurs du hamburger halal ou de l’arrachage libérateur du voile !...

 

Ils omettent de dire, que les chrétiens ont toujours connu la liberté de culte en terre d’Islam, dès lors qu’ils respectaient les musulmans, et le pays dont ils partageaient la nationalité.

 

Ils omettent de rappeler que la terre d’Islam a toujours été une terre d’hospitalité, un refuge pour les fidèles des religions persécutées dans d’autres contrées. Qu’ils soient Juifs ou Chrétiens.

 

Comme les Nestoriens, persécutés par Byzance, qui y ont trouvé le meilleur accueil. Beaucoup occupant des fonctions importantes, auprès des chefs d’Etat musulmans, conseillers, banquiers, médecins, traducteurs. Notamment sous la dynastie abbasside, et même à la cour de Gengis Khan. Communauté prospère et respectée, certains de ses membres devenant richissimes.

 

Ils omettent de citer l’exemple le plus récent : Tarik Aziz. Le puissant ministre des Affaires Etrangères de l’Irak, sous Saddam Hussein. Chrétien de rite chaldéen, église composée de nestoriens ralliés à Rome en 1551. Sa communauté était une des plus prospères d’Irak et du Moyen-Orient avant la destruction du pays, sur fondement de mensonges, par l’Occident judéo-chrétien.

 

Se sentant profondément Irakien, modèle de courage et de probité, Tarik Aziz n’a jamais plié devant l’humiliation que lui infligeaient les occidentaux. Qui ne lui ont jamais pardonné son refus de devenir un « collabo ». On vient d’apprendre, le 17 janvier dernier, qu’il vient, suite aux mauvais traitements infligés par ses geôliers américains (soins médicaux réduits au minimum), d’être victime d’un accident vasculaire cérébral le privant de l’usage de la parole.

 

Ils omettent de reconnaître que, dans tout l’Empire Ottoman, les chrétiens ont bénéficié d’avantages exorbitants. Allant, progressivement, jusqu’à monopoliser l’intégralité de son commerce extérieur, son système bancaire, son transport maritime et ferroviaire, son réseau portuaire. Ces activités cumulées, en liaison avec des sociétés et intérêts occidentaux, ont donné lieu à un colossal enrichissement des communautés chrétiennes, dans le libre exercice de leurs religions et rites, aux cotés des juifs et des musulmans.

 

Ils omettent de relever qu’à Istanbul, aux XVII° et XVIII° siècles, on recense parmi les principaux édifices religieux, 23 mosquées ; et, implantés dans les quartiers où se regroupent les communautés, notamment arméniennes, grecques et juives : 18 églises et 6 synagogues. (15)

 

Ils omettent de souligner que tout au long de l’histoire ottomane «  Les non musulmans peuvent pratiquer leur religion sous l’autorité de leurs patriarches (grec-orthodoxe, arménien) ou de leur grand rabbin qui sont leurs représentants et leurs responsables auprès du gouvernement ottoman. Chrétiens et juifs vivent en symbiose avec des musulmans… Dans une ville comme Istanbul, la cohabitation est un fait patent et les mesures d’intolérance ou les manifestations antiminoritaires sont exceptionnelles. » (16)

 

Ils omettent de témoigner qu’ « En 1700, la ville de Smyrne (Izmir) comptait dix-neuf mosquées, trois églises catholiques latines, deux églises grecques orthodoxes, deux églises arméniennes et huit synagogues. Dans la rue Franque, on pouvait se croire dans une ville chrétienne. Certains marchands européens, qui n’avaient jamais appris le turc, opéraient leurs échanges en italien, exclusivement grâce à des intermédiaires juifs. » (17)

 

Ils omettent de dire qu’ « En 1871, la communauté arménienne dispose à Istanbul de 48 écoles et la communauté grecque par l’intermédiaire de l’Association Littéraire Hellénique, d’au moins autant ; les juifs n’ont alors qu’une demi-douzaine d’établissements mais l’Alliance Israélite Universelle permet la création de plus de cinquante écoles avant 1900. A cela, il faut ajouter les écoles fondées par des congrégations religieuses catholiques – françaises, italiennes, puis autrichiennes – ou par les missions protestantes, en particulier les missions américaines qui ont ouvert en 1863, à Belbek, le Robert College. » (18)

 

Ils omettent de dénoncer, le calvaire actuel des musulmans pratiquants d’Egypte, de son peuple, dans une des pires dictatures, par son niveau de corruption et de terreur, qu’a connue la région et le monde. Depuis celle du Shah d’Iran et de sa terrible police secrète la SAVAK, réputée pour son art de torturer les enfants devant leurs parents, ou les parents devant leurs enfants. Suivant l’humeur changeante des tortionnaires formés par les occidentaux…

 

La violence des répressions, infligées par le régime du général Moubarak, est tout aussi horrible : enlèvements, tortures, viols, rafles, internements arbitraires. Tout musulman pratiquant “suspect d’opposition” sera considéré comme islamiste, terroriste ou sympathisant. L’enlèvement des mères, épouses, femmes, sœurs ou filles des “opposants” est pratique courante. Les “déshonorant” dans des tortures sexuelles, pour pétrifier toute résistance à l’oppression.

 

En Haute Egypte, les fidèles qui refusent d’aller dans les mosquées pour écouter les prêches du clergé “formaté” par le régime sont interdits de prière en public. Les services de police allant jusqu’à répandre des eaux d’égouts dans les rues et sur les places, où ils souhaiteraient se réunir pour prier. (19)

 

Pratiques que certains prélats chrétiens assimilent, dans leur élan fraternel et caritatif, à “… de la mollesse des autorités publiques…”.

 

Ils omettent d’écouter et de diffuser les déclarations des responsables de la communauté musulmane d’Egypte, et des observateurs appliquant un minimum d’honnêteté dans le traitement de l’information :

« Nous considérons que ce qui se passe entre chrétiens et musulmans en Egypte relève la plupart du temps de la provocation, dénonce aujourd’hui un leader de la Gemaa islamyya (20).

Le régime les provoque pour y trouver un prétexte devant l’opinion publique mondiale pour frapper les musulmans : il a besoin de pouvoir dire qu’ils attaquent la minorité chrétienne. » (21)

« … Force est de constater que chacune des occurrences de violence confessionnelle “intercommunautaire” aboutit avant tout à conforter localement et internationalement l’option répressive du régime et donc sa seule chance de survie ». (22)

 

 « Tous rejettent généralement la responsabilité sur des “services secrets étrangers qui souhaiteraient aggraver les difficultés économiques et politiques de l’Egypte”, ou plus vraisemblablement encore les services égyptiens qui –tout en légitimant ainsi l’option répressive-  auraient tenté de prévenir une possible connivence entre la population et les « justiciers islamistes ». (23)

 

Ces Bonnes Ames omettent de reconnaître, d’admettre, que « Les éclats de voix de la “lutte contre le terrorisme” n’ont pour objectif que de masquer le blocage du système politique tout entier. » (24)

 

Comment ne pas comprendre frustration et colère de beaucoup de chrétiens de Palestine, du Liban, d’Irak, de Syrie, d’Egypte, de Turquie, de se voir manipulés par une nomenklatura ecclésiastique au service non pas de l’intérêt de leurs communautés, fondé sur la Paix et la Justice, mais de celui de la prédation cynique et hyperviolente de l’Occident ?...

 

Ils n’ont nul besoin de traîneurs de sabre en costume d’évêque ou de patriarche, adeptes de la “diplomatie ferme et efficace”, mais d'hommes porteurs de paroles de compassion, de charité et de respect.

 

Tels ces magnifiques chrétiens arabes, Makram Ebeid affirmant « ma patrie est l’Islam, ma religion le christianisme » (25), ou encore le père Khodr qui se sentait « … peut-être pas musulman, mais néanmoins islamique » (26) dans le sens noble du terme.

 

Eux ont compris, que l’avenir des communautés chrétiennes en Orient … « dépend … de leur capacité à ne pas entrer dans le jeu pervers des régimes ou de l’environnement occidental…» (27)

 

Voir ces ecclésiastiques, prélats, hiérarques, politiciens, se prétendre “chrétiens”, instrumentaliser les Eglises d’Orient, incapables de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César.

 

“Trafiquants” de la désinformation, insensibles, sourds et muets, devant les plus grands crimes contre l’humanité endurés par leurs frères et sœurs. Autour d’eux, devant eux, populations musulmanes accablées de guerres, d’occupations militaires et de dictatures, par l’Occident Judéo-Chrétien.

 

Depuis des décennies, bientôt un siècle, et même plus dans certaines régions. Au mépris du droit international, des Conventions de Genève, des résolutions de l’ONU, du droit à l’autodétermination des peuples et nations. Des simples « valeurs » humaines.

 

Devant ces faux dévots sortant leurs mouchoirs sur “le péril des Eglises d’Orient”, confits d’hypocrisie et de fanatisme…

 

Je pense à Jésus…

 

Rêvant de Le voir, de toutes Ses forces, chasser de Ses Eglises, d’Orient ou d’ailleurs, ces « marchands » de mensonges et d’obscurantisme…

 

Dans une volée de cordes de chanvre.

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Les Appels de l’Orient, Les Cahiers du Mois, 9/10, Paris, 1925, pp. 277-280 (Guénon) et pp. 297-298 (Massignon)  http://www.moncelon.com/appels.htm

(2)  Evangile selon Luc 19, 45-46 ; ou, encore, Evangile selon Matthieu 21, 12-17 et Jean 2, 13-22.

(3)  Louis Massignon, lettre du 25 août 1959 à Vincent Monteil, http://www.moncelon.com/louismassignon.htm

(4)  Vincent Monteil, personnage hors du commun par sa culture et sa générosité, est un ancien militaire, grand spécialiste de l’Afrique et du Moyen-0rient. Il fut observateur de l’ONU en Palestine. Il se convertit à l’Islam et adopta le prénom de Mansour. Ses ouvrages passionnants sont à lire.

(5)  Christian Destremau et Jean Moncelon, Biographie de Louis Massignon, rééditée aux Éditions Le Capucin - Lagarde - Fimarcon - B.P. 8 - 32700 Lectoure.

(6) Louis Massignon, Article paru dans la Vie franciscaine, 1948, http://www.moncelon.com/nazareth.htm

(7)  En Egypte, les coptes se sentent menacés, La Croix, 8 janvier 2010 ; avec les contributions de Nina Hubinet, Sébastien Maillard et Claire Lesegretain, pp. 1, 2, 3.

(8)  Two Malaysian churches bombed ahead of Muslim protest, 8 janvier 2010, http://www.earthtimes.org/articles/show/302630,two-malaysian-churches-bombed-ahead-of-muslim-protest.html#

(9)   Claire Lesegretain, Entretien avec Mgr Philippe Brizard, La Croix, Op. Cit., p. 3.

(10)  Discours islamophobe du pape Benoit XVI à Ratisbonne (Allemagne), du mardi 12 septembre 2006. Lire l’article de Henri Tincq, Islam : un faux pas de Benoît XVI, Le Monde, 20 septembre 2006.

(11)  Suggérons à cet ecclésiastique de feuilleter le splendide volume édité par L’Institut du Monde Arabe de Paris (octobre 2009) sur l’exposition Arts de l’Islamchefs d’œuvre de la collection Khalili  (6 octobre 2009 - 14 mars 2010). Il lui reste encore 15 jours pour se rendre à cette exposition et y méditer, dans l’humilité…

(12)  Sébastien Maillard, Des élus veillent à la défense de la liberté religieuse, La Croix, Op. Cit., p. 2.

(13)  Marco Travaglio, La scomparsa dei fatti, il Saggiatore tascabili, 2006, p.80-81.

(14)  Paroisse Notre-dame du Rosaire : http://www.vivreauqatar.com/paroisse.html

(15)  Histoire de l’Empire Ottoman, ouvrage collectif sous la direction de Robert Mantran, Fayard, 1989. carte d’Istanbul p. 260.

(16)  Histoire de l’Empire Ottoman, Op. Cit., p. 261.

(17)  Philip Mansel, Smyrne, deux mille sept cents ans d’une histoire tourmentée, http://www.monde-diplomatique.fr/2008/03/MANSEL/15723

(18)  Robert Mantran, Histoire d’Istanbul, Fayard, 1996, p. 109.

(19)  Quelques échantillons de ces persécutions, tortures et humiliations, individuelles et collectives, à l’encontre des musulmans égyptiens opposés à la dictature, sont présentés dans François Burgat, L’islamisme en face, La Découverte, 1996, p. 150 & 151.

(20)  Un des plus actifs mouvements d’opposition au régime dictatorial du général Moubarak.

(21)  François Burgat, L’islamisme en face, La Découverte, 1996, note 6, p. 126.

(22)  François Burgat, Op. Cit., p. 132.

(23)  François Burgat, Op. Cit., p. 154.

(24)  François Burgat, Op. Cit., p. 156.

(25)  François Burgat, Op. Cit., p. 135.

(26)  François Burgat, Op. Cit., p. 136.

(27)  François Burgat, Op. Cit., p. 138.

 

 

 

 

Illustration : Leandro Bassano, Jésus chassant les marchands du temple, huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Lille.

 

 

 

 

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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 16:00



« Les puissants en mal de pensée appellent à la rescousse les penseurs en mal de pouvoir qui s’empressent de leur offrir les propos justificateurs qu’ils attendent. Et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes médiatico-politiques… »

Pierre Bourdieu (1)

 

 

 

Fin août 2009, du 26 au 28, s’est tenue, à Paris, comme chaque année, la Conférence des Ambassadeurs réunissant le gouvernement et l’ensemble du corps diplomatique. La 17° du genre. L’intérêt est d’y découvrir les orientations diplomatiques du pays.

 

La présentation officielle précise :

« La Conférence des ambassadeurs est un événement majeur de la diplomatie française qui rassemble chaque année, depuis 1993, autour du ministre et des secrétaires d’Etat du pôle « affaires étrangères », l’ensemble des quelque 180 chefs de mission diplomatique français et les responsables de l’administration centrale du ministère des Affaires étrangères et européennes ». (2)



Vassal et fier de l’être


Orientations qui, dans nos démocraties, ne sont jamais débattues publiquement, lors de débats contradictoires dans nos médias, encore moins dans notre parlement : assemblée nationale et sénat. Nos députés et sénateurs se contentant de voter, suivant les instructions reçues de leurs partis, les quelques textes éventuellement soumis au vote ; comme l'envoi de troupes à l'étranger.


"Domaine réservé" d’une nomenklatura, politiciens en cheville avec les lobbies de l’armement, s’entourant "d’experts" en relations internationales et "géopoliticiens". La préparation du Livre Blanc de la Défense Nationale ou les réunions de l’OTAN, ont donné un aperçu de ces pratiques.

 

En conséquence, rien de neuf dans les discours, déclarations et travaux de cette conférence. Inévitablement, on y retrouve la rhétorique des néoconservateurs US et des extrémistes sionistes qui s’est imposée comme l’unique doctrine des affaires étrangères et de la vision du monde à nos gouvernements. Copié-collé des argumentaires cuits et recuits par les officines de propagande US, style American Enterprise Institute, véhiculés par les ministres des affaires étrangères US, Condolezza Rice avec Bush, ou Hillary Clinton avec Obama.

 

Entre silences sur des évènements majeurs et diatribes bellicistes, on ne peut qu’être inquiet devant la conduite de notre diplomatie : vassalité aveugle à l’égard d’un Empire déclinant, immaturité confite d’arrogance et de mensonge…

 

Dans le discours inaugural de cette Conférence, le président de la république prononce la traditionnelle incantation :

« …C’est une période passionnante que ce début de XXI° siècle : il faut réinventer la pensée, il faut réinventer l’action, ne pas se contenter des schémas idéologiques commodes… »

 

Pourtant, la suite de ses propos ne reflète que cela : « se contenter des schémas idéologiques commodes », dans la plus pure tradition de la diplomatie de la canonnière en usage au 19° siècle. La loi du plus fort. Paranoïa, doublée d’un colossale arrogance, d’un Occident s’estimant menacé, envié, attaqué pour ses valeurs et sa richesse par des barbares. 

 

Enivré de sa puissance, avec son gigantesque complexe militaro-industriel, ses centaines de bases militaires dans des pays mis sous tutelle, l’Occident ne se rend même plus compte de ses propres limites et du basculement du rapport de forces en cours.

 

Evidement, tous ceux qui souhaitent être indépendants de l’emprise et de la spoliation d’un Empire conquérant, sont considérés comme ennemis. Cette idéologie de la force, au service du pillage créateur de la richesse occidentale, du moins d'une richissime minorité, structure notre diplomatie.

 

A l’exemple d’un Jacques Guillermaz, longtemps considéré comme un spécialiste de la Chine, qualifiant ce grand pays dans ses mémoires, portant le titre Une vie pour la Chine, de :

« … nation vouée… à la destruction finale de nos valeurs morales, de notre système politique et social fondé sur le droit. » (3)

 

Pour lui, la Chine devait rester celle du 19° siècle, soumise à l’exploitation de l’Occident. Vision primaire d’un attaché militaire de formation, fanatisé par la doxa anticommuniste. Admirateur de Tchiang Kaïchek, le dirigeant sanguinaire et corrompu célèbre pour ses massacres de communistes (4), son soutien au Japon et aux occidentaux dans le dépeçage de son propre pays…

 

Cette sclérose de la pensée, dans la compréhension de l’évolution du monde, transparaît dans cette diplomatie énoncée à chacun des paragraphes du discours du président de la république :

 


L’Europe

 

Normalisation des systèmes fiscaux, redistribution des richesses d’une Europe concentrant des pays prospères : « … Voir la France repasser au cinquième rang des économies du monde, c’est une satisfaction… » ? Développement des mécanismes de solidarité entre peuples et citoyens du même espace ?… Amélioration des systèmes d’éducation, santé, retraites, emplois ?…

 

Non.

 

La vocation de l’Europe se résume, encore et toujours, aux aventures coloniales :

« … L’Europe doit renforcer ses capacités militaires parce que l’Europe n’est pas une immense Croix Rouge ! … L’Europe doit défendre ses intérêts comme elle le fait dans les Balkans, en Géorgie, au Tchad ou au large des côtes somaliennes. »

 

Quels intérêts de l’Europe en Georgie ? Les gazoducs et oléoducs de Total, BP, Shell ?… Quels intérêts de l’Europe au Tchad ? Le pillage de l’uranium, avec celui du Darfour limitrophe, alors que les tchadiens crèvent de misère ?… 

 

Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes, se lamente, dans son propre discours lors de cette même conférence des ambassadeurs, de voir le budget militaire de l’UE n’être qu’à hauteur de 40 % de celui des USA… Il est vrai qu'il a été un des plus efficaces promoteurs du Livre Blanc pour la Défense Nationale.


Le budget cumulé de l’Union Européenne en dépenses de Défense Nationale, exprimé en dollars, est déjà de 600 milliards. Soit 13 fois supérieur à celui de la Chine, pour une population trois fois inférieure. Mais, la grenouille voulant devenir plus grosse que le boeuf, ce n'est pas assez...


Ah!... Cette infinie tendresse de nos gouvernants pour le lobby militaro-industriel...

 

Rien pour le social. Tout pour l’armement et les conquêtes impériales.

 

 

L’Afrique

 

« Ne pas laisser tomber l’Afrique… », serait la préoccupation condescendante de Nicolas Sarkozy :

« … A ma demande, l’Agence Française de Développement a créé un fonds de soutien à l’initiative privée à hauteur de 2,5 milliards d’euros sur cinq ans… Et ce sera la meilleure réponse aux soupçons injustes mais trop répandus d’exploitation à leur seul profit des ressources africaines. Ce n’est pas si simple de rénover nos relations avec l’Afrique… ».

 

Sur cinq ans : 2,5 milliards d’euros. Ce montant représente, tout juste, la petite moyenne des bonus que s’attribuent "annuellement" les banquiers véreux d’une seule de nos banques…

 

Dans la droite ligne du discours de Dakar, c’est se payer la tête de nos frères africains, dont on comprend la colère face à l’impudence et au cynisme du pillage auquel ils sont soumis.

 

L’Afrique est le continent le plus riche de notre planète en ressources naturelles : minières et énergétiques, notamment. Un « scandale géologique », disent de lui géographes et économistes, tellement les ressources naturelles y sont concentrées. Immensément pillé. Pas une de ses ressources naturelles qui ne lui soit volée, pas un de ses services publics qui ne lui soit confisqué dans des privatisations truquées.

 

L’Afrique un jour va se réveiller, comme l’a fait la Chine. Rejetant les dictatures corrompues, mises en place, protégées par les anciens colonisateurs, avec pour mission d’être une façade dissimulant la préservation féroce de leurs intérêts. N’ayant aucunement besoin de l’aumône hypocrite des occidentaux, sous forme « d’aides ». Ni de nourrir les courants d’émigration vers l’Europe.

 

Gérant elle-même ses propres ressources, colossales, gigantesques, à leur juste valeur, dans la liberté du choix de ses échanges commerciaux et de ses investissements, les valorisant en priorité sur place pour assurer son développement.

 

Les soubresauts vécus récemment, en Côte d’Ivoire ou au Gabon, sont les signes précurseurs de l’inéluctable révolte qui aura lieu dans les décennies à venir. L’Afrique se libérera, même si la diplomatie française se refuse à le comprendre et l’admettre…

 

 

 Moyen-Orient et Palestine 

 

Même silence sur le Moyen-Orient et la Palestine.

 

Rien sur la négation permanente du droit international, des droits de l’Homme, des Conventions de Genève protégeant les populations civiles, des multiples résolutions de l’ONU, non encore appliquées à ce jour par les sionistes (une quarantaine). Depuis soixante ans…

 

Rien sur Gaza. Les crimes contre l’humanité, commis en ce début d’année dans des bombardements d’une sauvagerie implacable. Avec la complicité de la Communauté Internationale.

 

Rien sur le blocus de la faim et des médicaments, de cette partie de la Palestine. Autre crime contre l’humanité, qui dure depuis 3 ans.

 

Rien.

 

Si ce n’est distiller la logorrhée habituelle sur la création d’un Etat Palestinien, dont l’Occident ne veut pas. Qui se réduira s’il voit le jour, nous le savons tous, à une parodie d’Etat. Analogue aux Bantoustans de l’Afrique du sud ou aux Réserves des nations peaux-rouges aux USA…

 

 

L’Iran

 

Point de fixation de l’hystérie belliciste occidentale. Menaces, mensonges, gesticulations et autres postures matamores, tenant lieu de réflexion. La France se signalant par son zèle, comme si l’Iran était notre ennemi héréditaire, nous ayant volé l’Alsace-Lorraine :

« … En Iran en particulier, la crise politique a fait oublier que pendant la répression, la prolifération continue : il y a toujours plus de nucléaire militaire, toujours plus de tests de missiles, et il n’y a jamais eu aussi peu de négociation…

« … Et si l’Iran ne change pas de politique, la question du renforcement très substantiel des sanctions sera clairement posée. La France soutiendra des sanctions économiques sévères, à la hauteur de l’enjeu, au Conseil de sécurité et au Conseil européen ».

 

En fait, dans les négociations avec l’Iran, les occidentaux n’ont jamais présenté la moindre proposition de « dénucléarisation » du Moyen-Orient, avec garantie d’une paix durable. S’engageant pour la suppression de tout armement nucléaire dans la région y compris en Israël, dans les bases militaires occidentales pullulant dans cette zone, à bord des navires et des sous-marins dans le Golfe persique.

 

Rien.

 

Les occidentaux veulent uniquement, dans un brutal rapport de forces, l’arrêt de tout développement de la recherche atomique, aérospatiale et technologique de l’Iran. Avec, comme unique compensation des « aides » au développement… Du courant d’air.

 

A cette arrogance de la loi du plus fort, s’ajoutant le mépris :

« … Ce sont les mêmes dirigeants, en Iran, qui nous disent que le programme nucléaire est pacifique et que les élections ont été honnêtes. Qui peut les croire ? ».

 

L’agitation cynique se voulant vision politique à long terme :

« … On n’a pas le droit de se taire devant la crise qui s’organise. »

 

Mépris renouvelé, trois jours plus tard, dans des déclarations fracassantes, lors d’une conférence de presse :

« … Le peuple iranien "mérite mieux que les dirigeants actuels" à Téhéran, a déclaré lundi à Berlin le président français Nicolas Sarkozy au cours d'une conférence de presse avec la chancelière allemande Angela Merkel» (5)

 

L'Iran a parfaitement intégré deux paramètres fondamentaux, dans ses relations conflictuelles avec l'Empire :

=> Son indépendance politique et économique, depuis sa révolution renversant la dictature du Shah, sa récupération de l'exploitation de ses ressources notamment énergétiques, n'ont pas été admises et ne seront jamais admises par l'Occident.

=>  La doctrine de la domination de l'Occident, illustrée par la théorie du Choc des Civilisations, délire raciste et islamophobe, est d'interdire à tout pays musulman, chiite ou sunnite, arabe ou non arabe, l'accès aux instruments de souveraineté et d'autodétermination que sont (malheureusement...) l'arme atomique et la technologie aérospatiale (maîtrise des lanceurs et missiles balistiques).

La destruction en cours du Pakistan, par l'Occident, en est une illustration. Avec pour objectif prioritaire la suppression de ce "potentiel de libre arbitre", que le pays avait su édifier pour faire face aux menaces de son voisin Indien.

 

La cohésion interne de l'Iran et son niveau de développement, plus solides que ceux du Pakistan, lui permettent de mieux résister à la fureur impériale... Et, éventuellement, d'exercer une capacité de riposte redoutable à l'encontre de ses agresseurs.

 

Mais, "géopoliticiens" et diplomates occidentaux, eux, n'ont pas encore perçu cette dimension. Déclarations, comportements, hostiles, irresponsables, du niveau des traîneurs de sabre, ganaches et badernes militaristes, se multiplient.


Ridicule.


Menaces et insultes sont l’expression de la faiblesse des voyous, confondant sauvagerie de la force avec compréhension d’une situation et de ses conséquences. Indignes d’un chef d’Etat, d’une diplomatie, dont maîtrise de soi et fermeté sont indissociables du respect. 

 

Et, l’Iran, peuple de grande civilisation, ses dirigeants élus, méritent notre respect. A défaut, ayant franchi un point de non retour dans leur indépendance, les Iraniens sauront se faire respecter. Que notre nomenklatura, le veuille ou non.

 

 

L’Afghanistan

 

Même zèle, même cynisme, redoublant d’intensité pour « vendre » notre engagement en Afghanistan. Allant jusqu’à soutenir la fiction d’élections non truquées :

« … En Afghanistan, je partage l’analyse de Bernard Kouchner : la campagne électorale s’est bien déroulée, en dépit des pires menaces. En votant, les Afghans ont dit non à la barbarie et au terrorisme. »

 

Agitant la vieille breloque conceptuelle de la guerre froide, "la théorie des dominos", défendre la civilisation contre le chaos, pour justifier l’envoi de nos troupes :

« … La France restera fermement engagée, avec ses Alliés, aux côtés du peuple afghan. »

 

Alors que même les néoconservateurs US n’y croient plus. Un journaliste du journal de droite US Washington Post, George Will donne le ton dans un article "Time to Get Out of Afghanistan", "Il est temps de se retirer d’Afghanistan"… Provoquant la fureur des fanatiques de l’extrême-droite US. (6)

 

S’ajoutant aux commentaires du mois de juillet dernier de Rory Stew, professeur britannique à Harvard University, qui dans la London Review of Books exprime son profond scepticisme quant à la guerre menée par les occidentaux en Afghanistan, estimant « impossible » l’édification d’une nation (nation-building) avec le modèle stratégique actuel.

 

Notre diplomatie, avec un train de retard, déploie ainsi son zèle tous azimuts pour satisfaire l’extrême-droite de l’Empire, et le lobby de l’armement qui ne veut pas voir disparaître son plantureux fromage…

 

Notre diplomatie, multipliant menaces, mensonges et fureurs mégalomaniaques, trouve sa véritable expression dans l’affairisme. Se transformant en représentant de commerce, en vendeur, pour le compte de groupes privés. Lesquels ne cessent dans les médias dont ils sont propriétaires, sans craindre l’incohérence ou le paradoxe, d’exiger la non immixtion de l’Etat dans leurs affaires…

 

Alors, la France pavoise pour avoir vendu ou pré-vendu, on ne sait trop, 36 avions Rafale au Brésil. En fait, pour avoir conclu un "accord d’échange" d’avions du groupe privé Dassault, contre des achats d’avions de transport brésiliens et des transferts de technologie en leur faveur. Avec la création d’emplois au Brésil pour le montage des avions. Bravo le Brésil ! Bien joué.

 

Habituellement dans ce genre de "troc", payé par les collectivités au détriment de leur santé et de leurs retraites, entre industries d'armement de pays différents, les marges bénéficiaires de l’opération restent dans les groupes privés ou chez des intermédiaires soigneusement choisis. Qui, en l’absence de transparence du montage financier, dont est exclue la représentation nationale, se retrouvent dans un paradis fiscal.


Mais, comme chacun sait, la rigoureuse éthique du groupe Dassault est à l'opposé de pareil contexte.

 

Se refusant à appliquer le vieil adage : Nationaliser les pertes. Privatiser les profits…

 

 

 

Illustration des « valeurs » du Libéralisme 
donnant "la priorité à l’épanouissement individuel"…:
Enfants ouvriers dans une verrerie de l’Etat d’Indiana
USA - 1908.

 


L’obscurantisme géopolitique


L’oligarchie qui nous gouverne, dite de « droite » ou de « gauche » suivant les arrivages ou les saisons, prend soin de justifier ses orientations de politique étrangère, d’alliances et de conflits armés, comme celui que nous vivons actuellement en Afghanistan, par une propagande omniprésente, obsédante, martelée par tous les médias à sa disposition.


Au cœur de ce dispositif se trouve une discipline, La Géopolitique, avec pour finalité la compréhension à l’échelon de la planète des lignes d’évolution, de confrontation et de cohabitation des grands ensembles humains, forgés par l’Histoire et la Géographie, dans des civilisations complémentaires. Sa dimension prospective, horizon portant sur plusieurs générations, est capitale en termes d’instrument de recherche et d’anticipation.


Manipulée, d’instrument de recherche elle est devenue un outil de désinformation. Sa méthodologie d’analyse, « clinique », neutre, impartiale, s’est muée en puissant vecteur de propagande d’une idéologie. Dans le simplisme d’une vulgarisation, nourrie de clichés, destinée au grand public. Animée par une coterie de chroniqueurs, journalistes. Tour à tour, géopoliticiens, spécialistes des relations internationales. Incontournables : presse radio, TV, jusqu’à la caricature.


Certains, statufiés en véritables « stars » de la géopolitique. Qui ne connaît pas Alexandre Adler ? Ses outrances apocalyptiques de va-t-en-guerre, ciblant Palestine, Irak, Iran, Afghanistan, Pakistan ; ses choucroutes d’amalgames "islamofascistes" ; ses anathèmes furibards contre qui ne partage pas son fanatisme ultraconservateur ou hypersioniste…


Mais, en amont et en aval de ce groupe médiatiquement visible, s’opère un travail de fond dévastateur en termes d’information, d’analyse, de réflexion prospective. A doses homéopathiques, plus discrètes. Effectué par des « géopoliticiens » ou spécialistes autoproclamés en relations internationales, noyautant le monde académique, l’enseignement, l’édition.


Aboutissant, par le monopole de la parole, de la stricte observance d’une doxa, jamais remises en cause, débattues, non pas à une diffusion de la connaissance, du savoir, mais au pilonnage d’une propagande. Excluant toute pensée, analyse, réflexion, vérification d’information, qui ne véhiculeraient pas l’eurocentrisme ou la glorification de l’Occident. Quitte à s’accommoder d’une mélasse d’arrogances, de manipulations et de mensonges, dans la bonne conscience.


La lecture d’ouvrages récents, dans le domaine de la géopolitique et des relations internationales, donne la mesure des ravages du délabrement de cette discipline fondamentale qu’est La Géopolitique.


Echantillon… Florilège…



Pour une poignée de chiffres et de faits


« Les faits n’existent pas, seules les interprétations », disait Nietzsche.


Encore faut-il que les uns ou les autres ne soient pas déformés, niés, manipulés. Géopoliticiens, experts, spécialistes, dont on attend une démarche scientifique, rigoureuse, n’hésitent pas à employer les procédés les plus primaires : falsifier faits et chiffres.


L’exemple le plus courant étant ceux des massacres occidentaux, dans les conflits coloniaux. Lorsqu’on ne peut les occulter, très simple : on minore sans scrupule.


Dans un livre intitulé Actualité Géopolitique, le géopoliticien Hervé Macquart estime le nombre d’Irakiens tués à la suite de l’invasion occidentale, de 2003 à janvier 2009, entre 34.000 et 38.000… (7) Alors que les études, recoupements d’information, au niveau international y compris aux USA, font état de chiffres beaucoup plus élevés et réalistes.


La revue médicale britannique, mondialement réputée pour son sérieux, The Lancet, a estimé ce nombre à juin 2006 à 655.000 au minimum. (8) D’autres études, toutes aussi sérieuses, arrivent au chiffre de 1.340.000 tués jusqu’à 2008. (9)

 

La plupart des analystes, chercheurs et observateurs, estimant que le chiffre réel et plus proche des 2 millions de morts. Non compris les blessés, amputés, traumatisés… Après six ans d’invasion, de destruction méthodique et d’occupation occidentales, le :
 « … résultat net est de plus d’un million d’orphelins, plus d’un million de veuves et plus de quatre millions de réfugiés ou sans abri ». (10)

 

Tout cela sur le fondement d’un mensonge, cyniquement assumé par l’Occident et son appareil de propagande : la possession, par l’Irak, d’armes de destruction massive…

 

Pour donner un ordre de grandeur du culot dans l’amplitude de cette désinformation, rappelons que dans un pays comme la France, ce sont en moyenne, chaque année, pas moins de 60.000 personnes tuées par le tabagisme et 60.000 personnes tuées par l’alcoolisme. Soit 120.000 morts, chaque année, rien que pour ces deux catastrophes humanitaires rigoureusement dissimulées.


Non compris, les dégâts collatéraux sous forme d’hospitalisés ou en traitements pour cancers, accidents cardiovasculaires, dépressions, suicides, et autres ravages, générés par ces pathologies. On est loin de la « grippette » à un milliard d’euros la vaccination, dans la poche du lobby pharmaceutique …


Moralité, en France : se laisser intoxiquer sous la pression des lobbies du tabac et de l’alcool, creusant frénétiquement le « trou » de la Sécu au passage, tuerait annuellement quatre fois plus qu’être bombardé et mitraillé, pendant six ans en Irak, par les armées les plus destructrices de la planète…


Qu’il y ait divergence dans une analyse statistique : rien de plus normal. L’honnêteté intellectuelle, la rigueur du chercheur, sont de mentionner au moins dans une note les différentes évaluations, avant de formuler sa propre hypothèse, la justifiant par un raisonnement fondé sur des calculs et des croisements d’information ou de sources. Autrement, il s’agit d’un « négationnisme » foncièrement malhonnête.


Occulter l’ampleur des massacres et destructions, fondés sur le culte du mensonge, afin de ménager l’Occident dans l’autosatisfaction de sa propre représentation, engendre, au-delà des considérations morales ou statistiques, l’inconvénient majeur de fausser toute analyse sur les réactions, rejets, radicalismes, et résistances des peuples, nations ou régions qui en sont les premières victimes. Victimes, évidemment, non consentantes…


Et, dire que le livre d’Hervé Macquart est présenté, recommandé même, comme un ouvrage essentiel pour la préparation des concours et examens !… Niveau d’analyse, d’approche méthodologique : affligeant. Nous sommes devant l’archétype de l’ouvrage de désinformation, de propagande. De « lavage de cerveau », digne des dictatures à trois sous…


En complément, la partie traitant du Moyen-Orient, notamment la problématique du nucléaire Iranien, ne mentionne, ni de près ni de loin, l’arsenal atomique d’Israël, dont le nombre des têtes nucléaires est évalué entre 200 et 400, avec ses fusées intercontinentales et ses sous-marins lanceurs de missiles… Pas davantage, que ce pays, non signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire, n’est l’objet d’aucune inspection, remontrance, sanction, ou contrôle de la Communauté Internationale


A la décharge de ce géopoliticien, aucun ouvrage du genre ne le mentionne non plus. Omerta, tabou, trou noir… Evoquer, pire, mettre en cause le nucléaire israélien, et ses vecteurs balistiques, constitue un sacrilège impardonnable pour les géopoliticiens. Provoquant immédiatement une excommunication nuisible à leur business


On les comprend : la régression de la liberté d’expression, en géopolitique, est un retour aux temps de l’Inquisition. Seuls les moyens d’intimidation et de répression ont changé…


 

 Le Bon, la Brute et le Truand


Un des procédés classiques de la désinformation est de diaboliser le concurrent, l’adversaire, l’ennemi, ou tout simplement L’Autre. Permettant, simultanément, d’idéaliser son propre comportement, dans la bonne conscience.


Jean-Jacques Gabas n’échappe pas à ce travers démultiplié à l’infini par les médias, dans le chapitre, d’un ouvrage collectif de géopolitique (L'Enjeu Mondial - Les Pays Emergents), intitulé Les pays émergents et la coopération internationale :

« La Chine, vis-à-vis de l’Afrique, observe une politique de non-ingérence dans les affaires intérieures et donc sur les questions de gouvernance. Cette attitude contraste avec les principes des bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale ou l’Union Européenne qui allouent leur aide selon les critères de "bonne gouvernance" ». (11)


Visiblement, prendre ses désirs pour la réalité est une des tares de trop de géopoliticiens, "experts" et fonctionnaires internationaux. Rassurer la hiérarchie, satisfaire les attentes du client, respecter "la ligne idéologique" de l’organisation à laquelle on appartient sont, il est vrai, une obligation. Si ce n’est morale, du moins "alimentaire" : ne pas perdre son "job", son contrat…


De renoncement en évitement, on en vient à ne plus prendre en compte "la réalité". Se limitant à projeter ce que souhaite le client, le prescripteur. Raisonnements et évidences en trompe-l’œil. Syndrome des "villages Potemkine". Ce favori de Catherine II qui faisait monter et démonter des villages joliment décorés, avec une troupe de figurants en paysans, adultes et enfants, joufflus et bien habillés, afin que l’impératrice de Russie, visitant son pays, soit convaincue de la prospérité de sa paysannerie à chacune de ses étapes…


Le problème n’est pas la mise en scène de contrevérités. Pourquoi ne pas faire plaisir et se faire plaisir, par les temps qui courent ?… Mais, comment gérer, arbitrer entre des orientations, des choix, prendre des décisions, ou ne pas en prendre, lorsqu’il s’agit du destin d’une collectivité ?… Quand l’anticipation en géopolitique, avec les débats qu’elle implique, doit franchir les trente ans ou cinquante ans à venir …


Opposer la bonne gouvernance entre Chine et Occident en Afrique, représenté par la Banque Mondiale, l’Union Européenne, ou l’ancienne puissance coloniale, est-ce honnête de la part de ces « spécialistes » ?…


Alors que tout le monde le sait, pour peu qu’on s’informe :

i) La Banque Mondiale n’est que le « bras économique » de l’Occident. Au rôle, bien souvent, plus prédateur que soucieux de la prospérité des pays où elle intervient. Joseph Stiglitz, lui-même ancien responsable des études économiques de cet établissement, l’a démontré dans un livre : s’emparer à bon compte des richesses énergétiques et minières de la Russie, par exemple, via des privatisations accélérées totalement « bidons ». (12)

ii) Multiplier les travaux d’infrastructures ne correspondant pas aux besoins du pays pour le plus grand profit des groupes de BTP occidentaux, creusant l’endettement de l’Afrique. Ou, imposer les cultures d’exportation en cheville avec les groupes de l’agro-industrie occidentaux au détriment des cultures vivrières, appauvrissant le continent pour le bénéfice d’une richissime minorité.

iii) Maintenir le pillage colonial, à l’abri de nouvelles formes de dictatures dynastiques, le fils succédant au père comme on l’a vu au Togo, et comme on le constate au Gabon… Bien sûr, dictatures légalisées par des élections truquées, comme la France en cautionne depuis des décennies en Afrique. Dernièrement en Mauritanie, au Niger, au Congo Brazzaville

iv) Que dire des ravages de la Françafrique ?… (13) Cette tentaculaire organisation de la corruption, authentique mafia, dans laquelle politiciens locaux et nomenklatura française (tous partis politiques confondus…) se sont colossalement enrichis, et s’enrichissent, dans l’impunité. Schéma identique à ce qui se passe dans l’Afrique dite anglophone (Nigeria, Kenya, etc.), lusophone (Angola, Mozambique)...


S’il avait voulu s’informer, au lieu de stéréotypes et clichés stupides, Jean-Jacques Gabas aurait trouvé matière à réfléchir parmi des milliers d’exemples de la « bonne gouvernance » occidentale. Sans aller bien loin :

« Ecoutons Loïc Le Floch-Prigent, PDG d’Elf (« fusionné » aujourd’hui dans Total), de 1989 à 1993 :

 " Elf n’est pas seulement une société pétrolière, c’est une diplomatie parallèle destinée à garder le contrôle d’un certain nombre d’Etats africains… Et c’est justement parce que cette société avait un objet politique et diplomatique en Afrique qu’elle a de tout temps financé les services secrets"» (14)



Béquilles de la rationalité : Islamophobie et Sinophobie


Philippe Moreau Defarges présenté dans son livre, La Géopolitique pour les Nuls -  Déchiffrez les règles du jeu planétaire, avec rang de "Ministre plénipotentiaire", comme « … un des grands spécialistes français des relations internationales, de la géopolitique, de la construction européenne et de la mondialisation », illustre une des calamités de la géopolitique française actuelle : l’islamophobie.


En fait, le vernis une fois gratté, simple porte-voix des clichés éculés depuis les Croisades, ravalés par la théorie du choc des civilisations :

« … Fondé par Mahomet, l’islam est une théocratie guerrière qui, partant de la péninsule Arabique, déferle sur la méditerranée et l’Asie… Dans un monde régi par la rationalité et qui donne priorité à l’épanouissement individuel, l’islam peut-il échapper au sort du christianisme, au refoulement dans la sphère privée ?… (15)


Comment faire comprendre à un « grand géopoliticien », à un « ministre plénipotentiaire », qu’une religion n’est jamais une « théocratie » ?… Seul un système de gouvernement d’une nation, d’un pays, d’une collectivité, au service d’une idéologie, peut l’être. En s’appropriant, instrumentalisant, imposant une religion.


Comme le furent le Christianisme en Europe dès l’empereur romain Constantin, le Catholicisme en Amérique latine par la conversion sanguinaire des amérindiens, les différentes mouvances du Protestantisme dans les premières communautés immigrantes d’Europe en Amérique du nord, le Calvinisme à Genève, ou le Bouddhisme au Tibet…


Comme le sont actuellement, le sionisme en Israël ou le wahhabisme en Arabie Saoudite…


Comme chacun sait, les collectivités, nations et pays musulmans, dans leur majorité, n’ont jamais vu « déferler » une armée arabe : Indonésie, Malaisie, Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest, etc. L’Islam y est arrivé, pacifiquement, par les commerçants…


Verrouillé dans son islamophobie viscérale, ce docte savant et spécialiste ne le comprendra jamais. N’en acceptera jamais l’évidence. Comme beaucoup, convaincus d’être des membres éminents d’une « espèce dominante », seule créatrice de « valeurs » et de la « modernité » :

« … Si le Moyen-Orient demeure la "poudrière" de la planète, ce n’est pas seulement à cause de la Palestine… [mais au] choc du déferlement des valeurs occidentales sur des sociétés tribales et modelées par l’islam, mise en cause radicale de cette foi par la modernité… » (16)


Ainsi, empires, royaumes, nations, qui ont bâti la civilisation musulmane, une des plus brillantes de l’humanité, de penseurs, d’artistes et de savants, Ottoman, Perse ou Séfévide, Omeyyade, Fatimide, Almoravide, Almohade, Moghol, dans le désordre et j’en oublie, ne sont, dans l’analyse de ce « grand spécialiste – ministre plénipotentiaire », que de vulgaires « sociétés tribales »…


Pour ces géopoliticiens, la pluralité du monde ne s’exprime que par le mépris.


Jusqu’à des "géopoliticiennes" jonglant avec contrevérités et erreurs grossières, telle Sophie Chautard dans un ouvrage d’une rare nullité. Se référant au Coran, sans en avoir lu au moins deux ou trois traductions, citant en lieu et place comme source le Quid 2004 publié par Robert Laffont : 

« Le coran condamne (IX, 29-30) en effet fermement les autres confessions religieuses… ». (17)


Ce qui est évidemment faux, comme chacun sait, les versets sur le respect des religions monothéistes, judaïsme et christianisme, étant multiples. Ce qui n’exclut pas, pour les musulmans, de se défendre en cas d’agression armée de la part de ces religions, telle que les croisades.


Accessoirement, en matière de religion, confondant la politique millénaire de la Chine en ce domaine, avec les brèves tentatives de la Révolution Culturelle des Gardes Rouges, lors des troubles des années soixante, souhaitant éradiquer le Confucianisme et les religions dans tout le pays. Véhiculant la traditionnelle désinformation antichinoise :

« Les autorités chinoises ont entrepris de siniser le Tibet, et de faire disparaître le fondement de son identité, la religion… » (18)


 

Le racisme tranquille 


Denis Lambert, dans un ouvrage au titre accrocheur, Géopolitique de la Chine – Du bronze antique au plutonium, nous explique le ressort du rapprochement, qui semble le chagriner, entre le monde arabe et la Chine : « l’humiliation par l’Occident » !


Passons sur l’aspect primaire d’une telle analyse, fondée sur l’arrogance de "la race supérieure", et relevons une des plus brillantes perles racistes trouvées dans ces ouvrages récents qui, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle…


Le sentiment prochinois du monde arabe aurait pour moteur, d’après ce « géopoliticien », la « rancune » hygiénique et médicale… :

« Le monde arabe, toujours rancunier d’une colonisation qui lui a apporté l’hygiène et la médecine tout en préparant son introduction dans le monde moderne. » (19)


Que les centaines de milliers de morts du "monde arabe" dans leurs luttes pour l’indépendance, de torturés, de massacrés, d’invalides, pour ne pas avoir accepté, et ne pas accepter, colonisation et pillage de leurs pays par l’Occident, me pardonnent. Partagé entre le rire et la stupeur, devant un tel concentré d’imbécillité et d’inculture, j’ai choisi d’en rire.


En bonne compagnie…


Celle de Saladin, ses généraux et les chroniqueurs de l’époque, lors de la conquête des châteaux forts construits par les Croisés en Palestine et en Syrie. Epouvantés qu’ils étaient, au 12° siècle, devant l’état de saleté des locaux précédemment occupés par les troupes franques et autres soudards européens. La première mesure édictée fut de construire des toilettes, des bains, des hammams, dans ces places fortes nouvellement conquises…


Celle d’Avicenne, et des 5 volumes de la monumentale encyclopédie médicale qu’il écrivit en arabe au 10° siècle : Livre des Lois Médicales (20). Ramenée par les Croisés en Europe, elle sera utilisée comme fondement des études de médecine jusqu’au 17° siècle…


L’obscurantisme intellectuel de ces « géopoliticiens », mandarins ignares, est sans limite. Leur manque de rigueur, d’honnêteté intellectuelles, consternant.


Plusieurs générations seront nécessaires pour se décrasser de notre habitus colonial, de cette lèpre de l’intelligence, nés de notre passé de prédateur raciste…


Obscurantisme dégénérant en fanatisme. Gangrenant La Géopolitique, discipline fondamentale pour les analyses prospectives et l’anticipation des évolutions de notre planète. Imbibant l’oligarchie, qui nous gouverne.


Contribuant par son aveuglement, en dépit des postures d’autosatisfaction et incantations mégalomanes, à l’affaissement complet de l’influence de la France, incapable de faire entendre sa volonté, sa personnalité. Enfermée, étouffée, manipulée, dans une vassalité qui ne répond ni à ses intérêts, ni aux valeurs fondatrices de sa République.


Réduite, gérée par une poignée de clans familiaux, en supérette d’armements et mercenariats en tous genres…



Les Peuples méritent-ils leurs dirigeants ?…


Une certitude.


La France ne mérite pas la nomenklatura qui la vampirise.








 



1)   In Bourdieu, Marie-Anne Lescourret, Flammarion, 2008, p.402.

2)   Cf. programme et discours (téléchargeables) : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/ministere_817/evenements_11561/conference-ambassadeurs_17120/xviie-conference-ambassadeurs-26-28-aout-2009_19694/xviie-conference-ambassadeurs-26-28.08.09_75980.html

3)  Jacques Guillermaz, Une vie pour la Chine – Mémoires – 1937 – 1989, Robert Laffont, 1989, p. 296.

4)  Lire ou relire le roman d’André Malraux, La Condition Humaine, avec pour toile de fond les massacres de Shanghai, en 1927, dans lesquels périrent des milliers de militants communistes avec le soutien des puissances occupantes. Entre autres pratiques, les tueurs de Tchiang Kaïchek s’amusaient à les jeter vivants dans les foyers des locomotives à charbon…

5)  Hebdomadaire Le Point, 31 août 2009, http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-08-31/sarkozy-les-iraniens-meritent-mieux-que-leurs-dirigeants-actuels/924/0/373040

6)  Daniel Luban, Washington’s Afghan Clock Ticking, 3 septembre 2009, Asia Times, http://www.atimes.com/atimes/South_Asia/KI03Df03.html

7)  Hervé Macquart, Actualité Géopolitique, Vuibert 2009, p. 18 :

"... Civils irakiens tués : selon les estimations les plus fréquentes le nombre de morts serait de 34.000 à 38.000. Certaines études avancent le chiffre de 100.000 morts sans qu'il soit possible d'apporter des preuves incontestables".

8)  http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140673606694919/abstract

9)  http://www.justforeignpolicy.org/iraq

10)   Bouthaina Shaaban, Notes From a Wrong Place – In Praise of Admiral Mullen, Counter Punch, September 7, 2009.

11)  In L’enjeu mondial – Les pays émergents, sous la direction de Christophe Jaffrelot, SciencesPo Les Presses / L’Express, p. 225.

12)  Joseph Stiglitz, Globalization and its discontents, Penguin Books, 2002.

13)  Voir l’Association Survie (http://survie.org/) héritière du formidable travail d’information, d’analyse et de combat du regretté François-Xavier Verschave.

14)  Thomas Snégaroff, Missions et illusions – La puissance française, in Les Grandes puissances du XXI° siècle – Rapport Anteios 2008, Gauchon et Huissoud ouvrage collectif, PUF, 2007, p. 184 & 185.

15)  Philippe Moreau Defarges, La géopolitique pour les nuls – Déchiffrez les règles du jeu planétaire, Editions First, 2008, p. 147.

16)  Philippe Moreau Defarges, Op. Cit., p. 278.

17)  Sophie Chautard, Comprendre la géopolitique, Studyrama, 2006, p. 170.

18)  Sophie Chautard, Op. Cit., p. 183.

19)  Denis Lambert, Géopolitique de la Chine – Du bronze au plutonium, Editions    Ellipses, 2009, p. 417.

20)  Livre des Lois Médicales, encyclopédie médicale connue aussi sous le non de Qanûn ou Canon, est la traduction de Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb, dont les cinq volumes ont été un des premier ouvrages imprimés en latin, en 1593, à Rome.




Photo de Lewis W. Hine

 

 

 

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15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 21:00

 

 

« Pauvre troupe, dont les malheurs injustes demeurent comme une ineffaçable leçon dédiée à ceux qui gouvernent et à ceux qui commandent. »

 

Général de Gaulle  (1)

 

 

 

 

 

 

 

Je m’attendais au pire…

 

Ce fut pire !…

 

Cette formule, sans paternité précise, résume mon sentiment aux propos de notre sympathique président (2), « chef des armées », devant micros et caméras au pied de la tribune officielle du 14 juillet, dès la fin du défilé.

 

L’engagement des troupes françaises en Afghanistan, nous a-t-il expliqué, a pour finalité la "défense de la démocratie", de la femme afghane et « des petites filles afghanes à qui on coupe les mains pour avoir mis du vernis à ongles… ».

 

 

Liberté de la malnutrition et du massacre

 

Eh, oui ! Les pauvres petites filles afghanes qui envient le vernis à ongles de leurs mères et de leurs grandes sœurs, à la sortie de la manucure chez leurs coiffeuses, tous les jeudis soirs. Parce que chez ces attardés, ils ne peuvent pas faire comme tout le monde, le dimanche : c’est le vendredi…

 

Petites filles, rêvant à la lecture des magazines spécialisés dans « la libération de la femme » … Marie-Claire, Elle, Cosmopolitan, sur les tables basses du salon devant les écrans TV, multipliant la vision de toutes ces belles jeunes « femmes libérées », dans les publicités des fabricants de cosmétiques ou les feuilletons… FriendsPlus belle La Vie… Dans le ronronnement des climatiseurs, en été. En hiver, dans le canapé noyé de coussins, face au feu de cheminée…

 

On se doit de les comprendre, à leur âge, elles n’ont qu’une envie. Se précipiter au supermarché du coin pour s’acheter le symbole de la liberté et de la civilisation : le vernis à ongles

 

Problème : les méchants Talibans, enturbannés de machisme, qui les attendent sournoisement au coin du parking pour leur couper les mains… Tchac ! D’un seul coup ! Sans anesthésie, en plus !… Avec leurs grands sabres, recourbés par la fourberie de leur sauvagerie ancestrale.

 

Affection, tendresse, sentiment paternels : connaissent pas. Même pas des animaux… Racisme ?… Mais, non, c’est scientifique, je l’ai lu dans les journaux et je l’ai vu à la TV : résultat des enquêtes journalistiques, diffusées uniquement sous forme de clichés et de stéréotypes par nos grands médias…

 

Comment être insensible à la souffrance du manque de vernis à ongles des petites filles afghanes ?… Tant de cruauté de ces terroristes… Pardon : « insurgés », est la nouvelle appellation. Je m’y perds. Elles qui n’ont rien pour se soigner, rien à manger (3). Leurs maisons bombardées, saccagées, les récoltes familiales détruites par les armées d’occupation.

 

Pourquoi ne leur laissent-ils pas, au moins, le vernis à ongles ?… Ne pas comprendre combien elles en ont tant besoin pour oublier cette apocalypse quotidienne infligée par la soldatesque OTANesque.

 

Si au moins, ils faisaient semblant comme pour l’organisation des élections par l’OTAN. Truquées, évidemment, jusqu’à trois chiffres après la virgule. Mais, on fait comme si… Alors que les Talibans, eux, ne simulent pas. Tchac !… Faire semblant, c’est trop sophistiqué pour ces primitifs.

 

Regardez la différence avec les glorieux soldats occidentaux défenseurs de la Civilisation, dans leurs costumes d’extra-terrestres, devant les TV du monde entier, faire semblant de « créer des écoles ». Gagner « les cœurs et les esprits » : « hearts and minds »… Chevaliers sans peur et sans reproche…

 

C’est une des marottes des spécialistes de la « guerre psychologique » : « ouvrir des écoles ». En fait et en priorité, de la « guerre psychologique » contre les opinons publiques des pays occidentaux qui n’acceptent pas les délires coloniaux.

 

Ils pondent à répétition des remakes des grands classiques des films de propagande des guerres coloniales des années 60–70 : les portugais en Angola ou au Mozambique, les britanniques au Kenya et ailleurs, les hollandais en Indonésie, les français en Algérie, les américains au Vietnam.

 

Dans ces films, on ne massacrait pas, on ne brûlait pas des villages, on ne torturait pas les résistants, on passait son temps à « ouvrir des écoles ».

 

La trouvaille n’est pas mal. Inusable, on n’arrête pas de s’en servir. Mais, je la trouve un peu intello, avec un risque de saturation à force de répétition. Il faut, de temps en temps, une formule choc : « couper les mains des petites filles pour cause de vernis à ongles »… Là, nous atteignons un palier supérieur : « Le choc des images, le poids des mots », comme dit l’autre...

 

Aghhh !…  Même si cela n’a jamais existé, ne s’est jamais produit, rien que d’y penser j’en ai la rage !…

 

Salauds de Talibans, il faut les nucléariser ! Les "droner" n’est pas suffisant. Comprennent pas. Noyer ces barbares dans le feu de l’enfer, eux, leurs ascendants, descendants et collatéraux. Jusqu’à la cinquième génération.

 

Cinq générations, déjà, qu’ils en bavent dans les invasions successives : britanniques, soviétiques, occidentales. Et, ils n’ont pas encore compris l’importance du vernis à ongles… Il leur faut cinq autres générations, pour parvenir au seuil de l’intelligence.

 

Les atomiser jusqu’au dernier, c’est tout ce qu’ils méritent. Des têtes de mules…

 

 

La loi du genre

 

Certains trouvent pathétique de voir notre « chef des armées » justifier l’envoi de nos soldats en Afghanistan sur un tel mensonge. Ils exagèrent. Ils manquent de réalisme, des romantiques égarés en politique.

 

D’autres protestent : les petites afghanes ne portent pas du vernis à ongles, mais les « stigmates de la guerre ». Quand elles survivent, avec leurs petits frères….

 

Beaucoup meurent dans les bombardements ou les tirs aveugles des troupes de l’OTAN. Périodiquement, des fillettes sont tuées par les soldats de cette coalition (4). Nombreuses sont celles qui resteront estropiées, infirmes ou aveugles.

 

Voilà ce qu’affirment des spécialistes de la santé de l’enfant. Des âmes sensibles…  Parce que même les bureaucrates de l’ONU, des multiples ONG prospérant dans le Charity Business, n’en font jamais état.

 

Voyez l’UNICEF, l’organisation de l’ONU chargée de la protection de l’enfance : vous ne trouverez aucune publication d’étude, de statistique, d’enquête, de recensement, sur les ravages des bombardements, des blessures et infirmités de guerre concernant les enfants, conséquences des opérations militaires et des bombardements des troupes occidentales. Encore moins, un inventaire précis du nombre d’orphelins dus à ces actes. (5)

 

En Afghanistan, comme en Irak. Malgré son budget en millions de dollars…

 

Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien savoir…

 

Je comprends l’UNICEF, et les « grandes » ONG, cela mettrait en difficulté leur star system. Angelina et autres People risqueraient d’en défaillir et de ne plus venir se balader en Afghanistan, devant les caméras. Il faut bien collecter des fonds. Money, money, money

 

On ne tartinera donc que sur la malnutrition ou les écoles… Enfants tués, blessés, orphelins suite à des actes de guerre ?… Par des occidentaux ?… My God !… Hors de ma vue !…

 

Normal. Les guerres coloniales sont fondées sur le mensonge. L’omission. La dissimulation. C’est la loi du genre. Considérer les peuples occidentaux, le peuple français, comme des veaux pouvant ingurgiter n’importe quelle « hormone de croyance », enrobée d’OGM médiatique (Obsession Grossièrement Manipulée).

 

Comme en Irak. Aucune des infrastructures civiles protégées par les Conventions de Genève comme les stations d’épuration d’eau, écoles, universités, hôpitaux, ministères (à part celui du pétrole), musées, administrations, n’a été épargnée de la destruction. Comment le faire admettre ?… A cela s’ajoutant 2 millions de morts, un pays entièrement détruit, sans mentir à fond ?…

 

Mentir à fond… Quoique…

 

Croire que plus l’argument est stupide et plus ça passe auprès de l’opinion publique, peut se révéler une erreur. Une fois encaissé l’effet choc émotionnel, une argumentation futile, dérisoire et grotesque peut aller à l’encontre de l’objectif souhaité. L’esprit critique insuffisamment anesthésié peut réagir à contretemps.

 

J’en conviens, on peut s’étonner devant l’image projetée « des mains de petite fille coupées pour délit de vernis à ongles ». Même ma grand-mère a pouffé de rire sous son chapeau de paille : « Qui peut avaler pareille tourte ?…», s’est-elle exclamée quand elle a entendu ça…

 

Pour elle, « tourte » est très péjoratif. Madrée, intuitive comme pas deux, elle déteste les tourtes. Jugement sans appel, ce sont les « cache-restes » des restaurants à touristes : tirer un coup de fusil avec des restes et des invendus comme cartouches…

 

Tout en essayant de la convaincre, elle m’a fait réfléchir…

 

J’ai dû, patiemment, lui expliquer qu’il ne faut pas en vouloir à un chef d'Etat qui fait son boulot. Surtout, quand il le fait bien. Celui de justifier l’injustifiable. Promouvoir l’inacceptable. Avec la conviction de la bonne conscience balayant toutes les hésitations. Ça c’est du talent ! Mais, aux claqueurs de talons qui l’entourent, incapables de formuler une propagande qui tienne la route.

 

Au fond, c’est vrai… Régresser jusqu’au « vernis à ongles », ne serait-il pas la démonstration du manque de créativité des experts en désinformation ?… N’est-on pas allé un peu trop loin dans la fantasmagorie de la caricature ?…

 

Moi, ce qui me gêne ce n’est pas le mensonge, dans une propagande. C’est la faiblesse du mensonge. Sa mauvaise articulation. Le niveau d’argumentation est en train de baisser. Admettons-le…

 

Des nuls…

 

Un moment, ils affirmaient que les Talibans jetaient de l’acide sur les visages des petites filles qui allaient à l’école. Impossible de trouver de l’acide en Afghanistan ! Le droguiste du coin n’a pas ça. Sauf dans les labos de transformation de l’opium, étroitement contrôlés par les armées d’occupation. Livré par avion. Pas sérieux, comme baratin, l’acide. Alors, ils ont changé de chanson…

 

Je le reconnais. Dans le temps, la propagande coloniale avait du souffle. Du panache. On partait massacrer, violer, piller, spolier, annexer, pour « évangéliser » les sous-hommes. Du style, de la grandeur !…

 

Plus tard, ce fut pour « apporter la civilisation » à des cannibales, des moyenâgeux, endormis dans leur passivité. Les « instruire », les « initier à la modernité ». Récemment, on s’est précipité pour démolir méthodiquement l’Irak au nom de la liberté, de la démocratie, des droits de l'homme. Argumentaire qui avait un minimum de tenue…

 

Mais, crever des gens et se faire trouer la peau pour du « vernis à ongles »…

 

L’idée est choquante à souhait, la preuve : j’ai failli perdre ma sérénité bouddhique. Mais, c’est un peu gros. Ou, léger en crédibilité. A ce rythme là, on ira se battre en Afghanistan, bombarder et mitrailler les villages, pour imposer des distributeurs automatiques dans les écoles primaires afghanes. Pour « libérer les petites filles ».

 

Non pas pour distribuer des brioches ou des barres chocolatées, elles ne pourraient pas payer, mais pour installer des distributeurs automatiques de préservatifs gratuits. Puisque les « zélateurs de la liberté », il y a même un rigolo de la TV française qui fait sa pub personnelle là-dessus, nous disent que notre propre jeunesse doit y avoir accès dès son plus jeune âge, dans les établissements du primaire. Copuler et consommer, tels des lapins en cage : voilà l’horizon radieux de « la modernité », le sens, la finalité de la Destinée Humaine.

 

Après le vernis à ongles, le préservatif dans les cours de récréation du primaire…

 

Ma grand-mère a raison.

 

Trop facile tout ça. Vraiment, notre propagande doit se recycler. Il y a du laisser-aller. Aucune créativité. Nous ne sommes pas dans une émission de télé-réalité. C’est du sérieux. Notre « chef des armées » doit reprendre en main les "services d'action psychologique". Un effort d’imagination, d’originalité, que Diable !… Mettre tout le monde au travail, virer les incapables et renouveler son staff…

 

D’autant que les choses sont en train de tourner au vinaigre, en Afghanistan…

 

 

 

Petite fille afghane blessée.
Non, elle ne demande pas du vernis à ongles.
Elle réclame ses parents tués avec le reste de sa famille, dans leur maison écrasée sous les bombes de l’OTAN.

 

 

Putain de guerre

 

On vient de rapatrier le corps d’un de nos soldats tué, avec deux de ses camarades gravement blessés…

 

J’éprouve compassion à leur « malheur injuste », pour reprendre la citation du général de Gaulle. Leur jeunesse fracassée, physiquement, moralement.

 

Dans une guerre coloniale dont la cruauté, la stupidité, n’ont d’égales que celles des irresponsables qui « gouvernent » et qui « commandent » pareilles aventures, sur fond de crimes contre l’humanité.

 

Je leur dédie un extrait du livre, Putain de Guerre (6), écrit pas un marine américain Joshua Key. Réfugié au Canada, avec sa femme et ses enfants, il a refusé de retourner en Irak.

 

Il témoigne de ce qu’il a vu, ce à quoi il a participé en Irak, ce qu’il a été obligé de pratiquer, contre sa conscience. Il restitue ce qui est méticuleusement censuré tous les jours, en Occident, dans les médias, les moteurs de recherche, occulté par le matraquage de la propagande : photos, cris, informations, récits de l’horreur.

 

L’horreur coloniale, qui se perpétue en Afghanistan :

 

« … J’avais participé à près de deux cents perquisitions, mais je n’y croyais plus depuis longtemps. La plupart de mes camarade ressentaient la même chose.

Ces raids n’étaient qu’un prétexte pour insulter, intimider et appréhender les Irakiens.

 

Ils nous offraient une cible pratique, un moyen de relâcher nos frustrations, puisque nous n’avions pas de vrais ennemis à combattre. Pendant un certain temps, ces descentes nous ont permis de frapper des civils, de voler leurs biens et de détruire tout ce qu’on ne pouvait pas embarquer.

 

Je ne suis pas le seul à avoir renoncé aux passages à tabac et au pillage, tandis que ma conscience se réveillait. Pour nombre d’entre nous, poser des pains de C-4 (7), saccager des maisons, menotter des adolescents et des hommes nous a stimulés, voire excités, pendant un mois ou deux, mais pas davantage.

 

Le temps s'étirait et nous n’avons pas trouvé d’armes de destruction massive. Nous n’avons pas trouvé de signes d’activité terroriste. Nous n’avons découvert que des civils dont nous avons ruiné la vie ou que nous avons tués, simplement parce qu’ils avaient croisé notre chemin.

 

Certains d’entre nous ne les ont même pas respecté dans la mort… »

 

 

La guerre coloniale, c’est ça.

 

L’occupation occidentale en Afghanistan, c’est ça.

 

Ce n’est pas la distribution gratuite de vernis à ongles aux petites filles Afghanes.

 

Une bouillie, que le cynisme et le sadisme du plus pervers des serial killers aurait du mal à porter au point d’ébullition atteint à présent : sauvagerie, souffrance, avilissement, terreur.

 

Dans le Chaudron du Malheur, où nous immergeons…

 

… Le Peuple Afghan.

 

 

 

 

 

 

(1)  A propos du désastre militaire de 1870 provoqué par la stupide incurie de Napoléon III, son gouvernement et son état-major, face à l’Allemagne de Bismarck.

(2)  Un récent sondage fait état de 63 % de français trouvant Sarkozy « sympathique » …

(3)  « … L'Afghanistan occupe la quatrième place dans le monde en termes de malnutrition. Un enfant afghan sur 10 est sévèrement mal nourri, plus de la moitié des enfants souffrent d'un retard de croissance et un enfant sur quatre meurt avant l'âge de 5 ans. La diarrhée et les infections aiguës des voies respiratoires - des états encore aggravés par la malnutrition - représentent environ 41 % de la totalité des décès infantiles et un enfant afghan sur trois souffre de carence en iode… 
La mortalité maternelle représente une large proportion des décès en Afghanistan… », UNICEF, Août 2009, http://www.unicef.org/french/emerg/afghanistan/index_action.html

(4)  Des soldats canadiens tuent une fillette, Le Devoir Montréal, 29 juillet 2009.

(5)  La dernière « vague » étude du genre, en Afghanistan, remonte à 1997 (il y a 12 ans !…) : http://www.unicef.org/french/emerg/afghanistan/index_9028.html

(6)  Joshua Key, Putain de Guerre, Albin Michel, 2007, pp. 208-209.

(7)  Puissant explosif, présentant l’avantage d’être malléable comme de la pâte à modeler avant sa mise à feu au moyen d’un détonateur.

 

Photo : The Cleveland

 

 

 

 

 

 

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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 19:33



Les Iraniens viennent d’élire leur président. Malheureusement, ils ont mal voté…

 

Mais, qu’est-ce qu’ils ont dans la région ?… A moins de leur taper dessus, ils votent tous mal !... Pourtant, nous n’avons pas arrêté de les inciter à voter pour les candidats qui représentent nos intérêts chez eux. Pas moyen. Ils n’écoutent pas.

 

Vérification, encore une fois, de ce que nous n’arrêtons pas d’affirmer : “ils ne comprennent que la force”. Cogner est la seule solution pour leur faire entendre ce qu’est une véritable démocratie : voter pour ceux que nous souhaitons, nous, les occidentaux.

 

A l’exemple de l’Irak, de l’Afghanistan, ou de Gaza, et d’ailleurs. Du Mexique à Taïwan, du Nicaragua au Gabon, de l’Argentine à l’Egypte. Bref, partout, où nous utilisons drones, obus au phosphore, à l’uranium “appauvri”, ou nos escadrons de la mort, “experts es-tortures”, “chasseurs d’opposants”, formés dans nos écoles des “forces spéciales”.

 

Le droit des peuples à décider de leur destin ?... Bien sûr. C’est exécuter d’abord ce que nous dictons. Parce que “nous”, nous sommes porteurs de civilisation, les autres peuples doivent nous écouter. Les Iraniens, tout comme les Vénézuéliens ou les Palestiniens, doivent obéir à nos consignes de vote.

 

Tant pis pour eux, ils ont été prévenus.

 

La main tendue ou le bâton. En clair : “tu t’écrases, ou tu as mon poing dans la gueule”. On va être obligé de leur faire le coup de Gaza. Quelques bonnes séances de bombardement. Cela va crier un peu dans les chaumières, chez nous (chez eux, on s’en fiche…), mais ils verront ce que parler veut dire. Si nous ne nous faisons pas respecter, où va-t-on ?...

 

A moins qu’entre-temps, ils n’arrivent à renverser leur président…

 

 

Prendre ses désirs pour la réalité

 

Chez nous, quand Sarkozy a été élu, les voitures ont brûlé dans les “quartiers défavorisés”, ce qu’on appelle “les banlieues”. Plusieurs nuits durant. Nous étions la risée de nos amis anglo-saxons, se payant notre tête avec notre démocratie policière sur fond d’inégalités sociales. Oubliant que chez eux, c’était pareil…

 


 

Finalement en Iran, à l’annonce des résultats, ceux qui ont perdu les élections ont fait comme chez nous.

 

Sauf que…

 

En Iran, en fait à Téhéran, c’est dans les quartiers nord où il y a eu des incendies. Ce sont les quartiers chics. Certes, les riches quartiers d’une capitale ne représentent pas tout un pays. De plus de 75 millions de personnes. Toutefois c’est un symbole, et les médias ont raison de ne se focaliser que sur ça. Car, les beaux quartiers c’est l’avenir de l’Iran. Comme chez nous, en France.

 

Les beaux gosses des quartiers riches se sont défoulés, sous les encouragements des SMS des Lolitas peinturlurées en Gucci, brûlant de descendre dans les rues avec leurs minijupes (1). Comprenons-les, elles n’en peuvent plus de ne les porter que dans les “boom-disco-techno-boum-boum”, chez les parents, les tantes ou les oncles.

 

Toutefois, les gentils casseurs ont courageusement évité de brûler les voitures des quartiers huppés. Prenant soin d’épargner la limousine Toyota de papa, et le 4x4 Mitsubishi de maman. Et, surtout, leurs coupés Hyundai. Importés d’Abu Dhabi, via les cousins installés sur place. Des milliardaires du business. Ils n’ont brûlé que des poubelles, ou quelques pneus traînant dans les garages de la maisonnée.

 

Se réunir en criant : “Halte à la dictature”, “Où est mon vote ?”, “Ahmadinejad va te laver” !... Quel frisson ! Avec un peu plus de poils au menton, ils pourraient être pris pour le Che, sur les photos de leurs portables. Envoyées illico aux Lolitas, s’extasiant sur les exploits de leurs preux chevaliers.

 

Certains, se sont quand même posé des questions existentielles, pour manifester leur mécontentement face aux résultats. Fallait-il jeter l’écran plasma familial par la fenêtre sur les policiers, avec les consoles de jeu, ou pas ?... To be or not to be, “plasma” ?...

 

Finalement, ils ont renoncé. Cela aurait fait “enfant gâté”. Se limiter à quelques poubelles, c’est plus écolo.

 

La jeunesse des beaux quartiers s’ennuie...

 

C’est vrai comme le disait un "étudiant-ingénieur" sur une vidéo que les chaînes TV françaises passaient en boucle. En train de jouer à la Box, bardé de PC, portables, IPhone, Blakberry, devant l’écran géant de son salon climatisé. On s’ennuie, en Iran.

 

Bien sûr, dans les campagnes beaucoup de “jeunes” font une dizaine de kilomètres à pied pour rejoindre leur école, souvent sans chauffage en hiver. Tous les jours. Ceux-là n’ont pas le temps de s’ennuyer. Ils ont de la chance.

 

Cette jeunesse issue de la bourgeoisie qui n’a connu ni la dictature sanguinaire du Shah, ni la guerre de 8 ans avec l’Irak (2), a envie de s’éclater. Normal. A sa place, j’éprouverais le même spleen

 

Des intellectuels et des artistes, aussi, qui ont envie de vendre à une riche clientèle leur production avec les prix qu’atteignent les moindres croûtes en Occident. En Iran, on est très loin des cotes des galeries d’art moderne occidentales. C’est vrai, il y a de quoi souhaiter tout casser.

 

Mettez-vous à leur place. Voir des ballons gonflés à l’hélium au château de Versailles, ou dans le musée-palais de Pinault à Venise, atteindre des millions d’euros… Produire n’importe quoi et ramasser des millions dans l’extase des gogos ! Qui ne voudrait pas gagner des millions, dans ces conditions ?...

 

Moi, je les comprends. Attendre encore une génération, voire deux, pour pouvoir jouir des mêmes spectacles qu’à New York, Londres ou Amsterdam, j’en conviens, c’est trop long. Horrible attente, comme pour ce spectacle en ce moment à Paris (3) :

«… Pâquerette ne se contente pas d'effeuiller la marguerite mais de "faire danser tous les orifices, dont l'anus", selon ses auteurs. "On a envie de trouver des intensités nouvelles, loin des normes et des codes, raconte François Chaignaud.

… La question de la morale est rejetée par les artistes. La fameuse formule, bien commode aussi, "l'art est au-delà de la morale" fleurit un peu partout. "Mais il y a des limites à la représentation de l'acte sexuel sur un plateau, nuance Alain Buffard, dont la nouvelle pièce, Self & Others, est en tournée en France… »

 

Chez nous, en Europe, nous n’avons pas le droit de contester le résultat des élections, même si vous comme moi, nous n’avons pas la possibilité de nous présenter à la présidence de la république. Pour être candidat, on doit être "coopté"... On n’a même pas le droit de contester la Constitution européenne par référendum. Refusé. Mais, par contre, nous avons le droit, sur des scènes de théâtre subventionnées, de “voir danser tous les orifices, dont l’anus”…

 

Ils ont du chemin les Iraniens, avant d'arriver à notre niveau de liberté !…

 

Il est évident que ce n’est pas avec ces amateurs qu’on va provoquer la chute d’un régime. C’est notre vitrine qui permet de modeler l’opinion publique dans nos pays. Pas plus. Faire croire que quelques quartiers représentent l’ensemble des Iraniens, passant leurs journées à activer leurs PC et leurs GSM.

 

Pour passer aux choses sérieuses et accentuer la tension, nous avons nos provocateurs, nos tueurs, capables de tirer dans la foule. Nos valises de dollars. Comme lorsque nous avons renversé Mossadegh, en 1953, qui avait eu la prétention de restituer les revenus du pétrole et du gaz aux Iraniens. Une opération de déstabilisation qui est un chef-d’œuvre du genre. Modèle étudié, de nos jours, dans toutes les officines des services spéciaux dans le monde…

 

 

En “vert” et contre tout

 

Nous savions qu’Ahmadinejad allait l’emporter. Depuis trois semaines, c’était l’évidence. Tous les sondages “sérieux” que nous avions commandés donnaient, avant les élections, la victoire d’Ahmadinejad par au minimum 2 voix contre 1 à Moussavi.

 

Notamment, celui financé par le Rockefeller Brothers Fund, organisation qu’on ne peut accuser de “pro-Ahmadinejadisme”… Ce n’est un secret pour personne, un article du Washington Post en donne le détail (4).

 

Vainqueur de loin. Dans les 30 provinces. Pire : Ahmadinejad est le plus populaire des candidats, notamment parmi les 18-24 ans. L’horreur !...

 

Ken Ballen et Patrick Doherty, analystes des sondages et observateurs des élections, estiment qu’il n’y a pas eu fraude. Du moins à grande échelle. Les résultats correspondant aux sondages.

 

Les commentaires, occultés en Occident, de Pavel Zarifoulline, rédacteur en chef du portail analytique Geopolitika (Russie), qui a suivi parmi les observateurs russes la dernière élection présidentielle en Iran, estimant les résultats corrects, ont fait beaucoup de bruit dans les médias internationaux non-occidentaux et la blogosphère. Il a été clair (5) :

" A titre d'observateur, j'ai participé à bien des élections, notamment en Biélorussie et en Moldavie, mais je n'ai vu nulle part d'élections aussi démocratiques qu'en Iran".

 

Et, alors ?

 

Si la popularité d’Ahmadinejad est un obstacle dans l’opération de putsch en cours, elle n’en est pas insurmontable. Une popularité se dynamite encore plus facilement qu’un bloc de rochers. Il suffit de lui tailler un costume sur mesure à la Chavez.

 

Regardez Chavez, c’est un des rares chefs d’Etat élu dans des conditions de régularité parfaites, dans le monde, mais notre propagande le fait passer pour dictateur. Et ça marche !

 

L’opération actuelle est préparée de longue date. Suivant les techniques rodées dans plusieurs pays, nous avions adopté le “vert” comme couleur emblématique du mouvement de contestation du résultat des élections. Couleur symbolique en pays d’Islam. Ces mouvements "colorés" ont beaucoup de succès et se véhiculent très bien dans les médias occidentaux. On se souvient du plus réussi : la révolution “orange” en Ukraine.

 

Cela fait des mois que nos experts de la désinformation bossent sur cette opération, avec un budget “no limit. Notamment israéliens, qui sont parmi les plus forts pour mettre au point les argumentaires de "décrédibilisation" (6). Très implantés dans les médias, ils sont chargés de l’encadrement des rédactions.

 

Un solide argumentaire, auquel s'ajoutent de confortables enveloppes dans des paradis fiscaux, font des merveilles dans le réseau médiatique. Comparé à notre appareil de propagande en Occident, par sa sophistication et son efficacité, celui de Staline paraît, à posteriori, dérisoire…

 

Quand on a franchi les bornes, il n’y a plus de limites… Suivant le mot bien connu. Autant y aller à fond ! Objectif : Arriver à persuader le chaland que la lune est carrée. Et, décliner à l’infini. Inverser la réalité. Nous avons été royalement servi. Un régal, jusqu’à présent. Comment ne pas admirer le niveau de désinformation atteint par nos médias ?... Nous évoluons au sommet de l’art, en la matière.

 

Parmi les summums de la virtuosité médiatique, admirez dans le genre :

« Les conservateurs euphoriques, les réformateurs en colère. » (7)

En fait, c’est le contraire. Ce sont les conservateurs qui sont en colère et les réformateurs qui sont euphoriques. Formidable renversement de perspective !

 

Ou encore, parler d’un score électoral stalinien pour Ahmadinejad, élu avec 62,3% des voix sur un pourcentage de votes exprimés de 80%. Alors que son prédécesseur, Khatami (le patron de son concurrent Moussavi) avait été élu avec une moyenne de 70% des voix sur un pourcentage de votes exprimés de 84%.

 

Pendant les élections, les médias occidentaux n’ont montré que les manifestations des partisans de Moussavi. La plus importante a réuni 100.000 personnes dans le centre de Téhéran. Le maximum qu’ils peuvent atteindre. Alors que la veille ceux d’Ahmadinejad en avaient rassemblé environ un million. Cela, ils n’en ont pas parlé. A chaque manif, c’est la même chose. Voilà du bon travail.

 

Ne montrer que des jeunes, au visage lisse et sympathique, pour la contestation. Face à des partisans d’Ahmadinejad qui ne peuvent être que des vieux ou des gueules patibulaires. Excellent !

 

Pour le reste, il suffit de jeter de l’huile sur le feu de l’imaginaire émotionnel...

 

La jeunesse iranienne est frappée par le chômage. Comment ne pas partager son inquiétude, et en profiter pour la présenter en martyre du régime ?…

 

Quand on analyse les statistiques du chômage des jeunes en Iran, ce sont les mêmes qu’en Europe avec des taux moyens supérieurs à 10% et des zones où il dépasse les 20 à 40%. A l’identique de certains de nos quartiers ou de nos pays. Surtout chez les diplômés de l’enseignement supérieur. (8)

 

Une différence, toutefois : les pays européens, parmi les plus riches du monde, peuvent commercer librement alors que l’Iran est soumis à un embargo drastique. Qui fait la fortune des contrebandiers, de leurs couvertures, et bien sûr de leurs partenaires occidentaux. Mais, ça, il ne faut pas le dire… Chut !

 

Mettez-vous dans la peau d’un libéral de l’import-export, d’un conseiller financier, d’un avocat d’affaires, d’un architecte, d’un chirurgien, de tous ces traders et brokers, ces businessmen, ils étouffent avec cet embargo qui les empêche de démultiplier un business aux multiples ramifications, depuis le pétrole jusqu’à la privatisation des services publics. En liaison avec la diaspora iranienne, celle qu’on voit manifester devant les ambassades dans les pays occidentaux.

 

Ces exilés qui avaient pu partir avec une partie du magot familial amassé pendant les années de la terrible dictature du Shah, compromis dans la corruption  et les exactions du régime. Ce sont leurs rejetons qu’on fait passer, à présent, pour des “experts” sur l’Iran. Nos meilleurs auxiliaires, pour nos campagnes de propagande.

 

Tous ces gens ont le sentiment de bricoler, alors que le jackpot est à portée de main : pétrole et privatisations !... De quoi enrager.

 

 


 

L’entropie

 

Problème : la révolte gronde dans les beaux quartiers de la capitale, le reste du pays est calme. Même à Téhéran, il y a des points de blocage. Dans l’opération de déstabilisation actuelle : le “Bazar” ne bouge pas.

 

Rien à voir avec le folklore orientaliste. En Iran, c’est ainsi qu’on désigne le grand commerce qui a son siège à Téhéran. Articulé sur les grossistes, demi-grossistes. Ils tiennent l’économie du pays. Ce sont eux qui vivent du commerce intérieur, qui assurent la banque de détail, par des prêts aux particuliers, aux détaillants, aux petits commerçants, aux transporteurs, jusque dans les provinces les plus éloignées. 

 

Ils savent qu’avec la libéralisation à outrance, rêvée par les spéculateurs de la mondialisation en cheville avec les milieux financiers internationaux, ils vont être balayés avec autant de considération que pour des feuilles mortes.

 

Le “Bazar” est la mémoire du pays. Il a vécu le “libéralisme économique” du Shah avec les richesses du pays confisquées par l’Occident et une oligarchie pourrie jusqu'à la moelle vivant dans un luxe inimaginable. Laissant le pays à l’abandon. Ils ont efficacement contribué au renversement du Shah.

 

Normal que Le Bazar traîne des pieds. Il va falloir augmenter la pression de l’insécurité pour l’assouplir, le bousculer, le convaincre. L’insécurité, ce n’est pas bon pour le commerce. Ils devront choisir…

 

La situation est complexe, plus que les clichés médiatiques. Mais la grille d’analyse est simple. Nous sommes face au principe de l'entropie qui veut que tout système d’organisation, fut-il "révolutionnaire", génère son propre éclatement ou son propre chaos.

 

Cela me rappelle l’évolution de la révolution de Sun Yat-sen, le fondateur de la république Chinoise, qui a vu progressivement deux clans se former : celui autour de Mao et sa volonté de réforme d’une société féodale, et celui de Tchang Kai-Chek corrompu et désireux, en satellisant la Chine à l’Occident, d’y retourner.

 

Pour nous, ceux qui acceptent de passer sous la coupe de l’Occident ce sont les réformistes. Les autres, ce sont nos adversaires : les conservateurs.

 

En Iran, abstraction faite de la religion, on assiste au même phénomène, à l’affrontement de deux clans :

 

=> Les “Pro-West”, les réformistes, qui comptent deux anciens présidents : Rafsandjani et Khatami. Ceux sont eux qui “drivent” leur poulain ou leur marionnette : Moussavi, ancien collaborateur des deux.

 

Ils sont modernes, pour nous ce sont des pragmatiques. Ils se sont considérablement enrichis depuis la révolution. Eux, ils ont compris l’évolution du monde et de sa loi fondamentale : La Loi du Plus Fort. Ce sont nos alliés dans la place.  Des alliés de poids.

 

Rafsandjani, président élu de l’Iran de 1989 à 1997, est l’homme le plus riche d’Iran. Une des plus grandes fortunes mondiales d’après le périodique américain Forbes. Fortune bâtie à une vitesse exponentielle, dès la fin de la guerre avec l’Irak : pétrole, gaz, immobilier, immenses propriétés agricoles, commerces, industries. Une colossale puissance financière.

 

A l'origine son père était un producteur prospère de pistaches. Nous savons qu’il est méprisé par le peuple iranien pour avoir sombré dans l’affairisme et la corruption. Il a su acheter et corrompre une partie du haut clergé. Il est surnommé par l’homme de la rue : Le Requin... Avec son clan, ses fils et ses filles. Tous richissimes.

 

Il est d’ailleurs amusant de voir les médias occidentaux montrer une de ses filles, milliardaire elle aussi, haranguer dans une mise en scène un groupe de femmes (100 $ pour chaque participante…), comme si elle souhaitait défendre les libertés publiques !... A se tordre de rire. Encore un bon coup de notre appareil de propagande.

 

Khatami, président de 1997 à 2005. Même évolution, en plus discret dans l’ostentation de la richesse et de l’influence. C’est la vitrine “intello” du clan. Le cachet  et la patine de la respectabilité.

 

C’est avec des gens de cette étoffe, que nous nous entendons à merveille. Pour faire du bon busines il nous faut, en Iran, des hommes de la trempe d’un Eltsine.

 

 

=> Face à eux, un clan représenté par Khamenei, qu’on appelle “le guide spirituel” et Ahmadinejad. Des demeurés. Ils n’ont rien compris : ils sont “incorruptibles”. Se prenant pour Eliot Ness face à Al Capone. Ou, dans un autre genre, pour Mao face à Tchang Kai-Chek. Des rêveurs, des idéalistes. Ceux qui croient que demain on rasera gratis. Il y en a encore de ces bouseux. Les plus faibles.

 

Pour le peuple Iranien les partisans de Moussavi sont les conservateurs, l’extrême-droite. Ceux qui veulent rétablir un régime analogue à celui du Shah, avec ou sans son héritier en exil, approuver tout ce que veut l’Occident, surtout privatiser à tour de bras, casser le peu d’aide sociale et laisser crever le reste du pays. Pendant la campagne électorale à la TV iranienne, Ahmadinejad a mis en cause la corruption de ce groupe. Il faut inverser cette perception.

 

Imaginez : Ahmadinejad a mis en place une couverture sociale pour toutes ces femmes qui travaillent dans une des principales industries du pays, celle de la fabrication des tapis ! Exploitées par les riches propriétaires qui ne rêvent que de casser cela aussi vite que possible. Exemple dévastateur pour le reste de la région.

 

Khamenei et Ahmadinejad : des hommes dangereux pour notre stratégie coloniale en Iran.

 

En trente ans, l’Iran, malgré l’embargo s’est beaucoup développé, avec des réalisations spectaculaires. C’est au Moyen-Orient le pays, avec la Turquie, où la société civile évolue le plus rapidement. Dans les universités plus de 60% des étudiants sont des femmes. Avec un taux atteignant 70% en médecine. (9) Le meilleur taux mondial, actuellement. La plus grande partie de ces femmes, issue de milieux modestes, soutient Ahmadinejad. Nous arriverons à les convaincre du contraire.

 

Deux visions différentes. Des conservateurs qui rêvent de prospérer au sein d’une confortable nouvelle féodalité, arrimée au Big Business US et occidental. Face à des réformateurs qui rêvent d’une société fondée sur la solidarité.

 

Le choc : d’un côté les nantis et de l’autre les ouvriers, paysans, petite bourgeoisie qui ne supportent pas la corruption en train de  se développer, avec la spéculation, à grande vitesse. Individualisme, face au vivre en communauté. La “loi du plus fort”, face à la solidarité.

 

Symbolisé par l’opposition entre l’architecte Moussavi, fils de riches commerçants, et l’ingénieur Ahmadinejad, fils d’un modeste forgeron. Situation dangereuse pour nos intérêts : les néo-conservateurs iraniens, alias les réformistes dans notre propagande, doivent impérativement gagner. Tout doit être fait pour les appuyer. Le putsch doit réussir.

 

Après avoir écrabouillé consciencieusement Gaza, nous démolissons avec application le Pakistan, dans l’impunité. Nous avons réussi à casser brillamment l’Irak, l’Afghanistan. Pris en étau, l’Iran va être démembré, éclaté. Comme les autres.

 

En fait, la véritable arnaque ce n’est pas le comptage des votes ou l’identification des fraudes électorales, c’est de faire croire qu’on se préoccupe de la démocratie en Iran. C'est notre force.

 

Notre seule préoccupation, ce n’est même pas “la bombe”, c’est tout simplement comme en Irak : le Pétrole, le Gaz. Avec, au passage, la privatisation à notre profit des services publics (de véritables rentes de situation !) et la main mise sur le système bancaire et financier. Le reste on s’en contrefiche !...

 

L’Iran, ce n’est qu’une question de temps. L’Empire aura sa peau.

 

Que le reste du monde, la Russie ou la Chine estiment que cela commence à faire beaucoup ou pas… Même eux ne perdent rien pour attendre. Plus tard, leur tour viendra. On s’occupe déjà, méthodiquement, de leur cas.

 

L’Empire a l’éternité devant lui !

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  En référence au titre du roman de Azar Nafisi : Lire Lolita à Téhéran

(2)  1980-1988. Plus d’un million de morts du côté iranien et toute l’infrastructure de raffinage de pétrole et de gaz détruite (par des avions français Super-Etendard armés de missiles exocet).

Avec l’embargo qui a suivi, notamment sur les pièces détachées et composants spécifiques aux installations, les Iraniens ont éprouvé les plus grandes difficultés à les reconstruire. Ce qui explique que ce producteur de pétrole soit obligé d’importer une grande partie de l’essence nécessaire à sa consommation intérieure.

(3)  Journal Le Monde du 13 juin 2009 : http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/06/13/erotisme-sexe-et-strip-tease-s-invitent-sur-les-scenes-actuelles_1206508_3246.html

(4)  Ken Ballen et Patrick Doherty, http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/06/14/AR2009061401757.html, traduction en français : http://www.legrandsoir.info/Le-peuple-iranien-s-exprime-Washington-Post.html

(5)  http://fr.rian.ru/world/20090617/122018642.html RIA Novosti 17/06/09

(6) Trans-Atlantic Con Man, Guest Post by Marsha B. Cohen, http://www.ips.org/blog/jimlobe/?p=258 :

“… Two weeks ago, the head of the Israeli Foreign Ministry’s “Task Force on Isolating Iran” sent a classified telegram to all Israeli embassies and consulates titled “Activities in the Run-up to Iran’s Presidential Election.” It detailed a variety of ways that Israeli representatives could “blacken Iran’s international reputation” and delegitimize the Iranian elections, before, during and after they took place on June 12…”

(7)  “Les conservateurs euphoriques, les réformateurs en colère”, Le Monde, 13 juin 2009.

(8)  Lire l’excellent dossier économique sur l’Iran, de Thierry Coville, dans Alternatives Internationales -  n°43 - Juin 2009

(9)  Thierry Coville, Op. Cit.

 

 

Caricature : Intronisation de Sarkozy vue par Steve Bell – The Guardian - 8 mai 2007

Photo : Mirdamad Street-Téhéran-dejkam-com


 

 

 

 

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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 13:30


En attendant les résultats des élections iraniennes, les écorcheurs professionnels de la désinformation se font les dents sur une de leurs proies préférées : la Chine...

Oui,
en Occident, depuis quelques temps nous avons droit à une nouvelle campagne de “Casse-Chinois” !...

 

Tous les médias.


Une cascade de livres, documentaires, articles et cahiers spéciaux (1). S'étalant sur des mètres de linéaires et des heures audiovisuelles. "Célébrant" les 20 ans de Tian'anmen pour relancer, réactiver, les bûchers de la diabolisation.


Dans le ravissement, de partager sainteté et vertu de la "race supérieure".

 

Rien de neuf...

 

 

 

L’humoriste Pierre Desproges avait parfaitement mis en boîte l’essence, l’intelligence et la pertinence de cette propagande. En quelques lignes (2) :

 

« J’allais oublier de vous dire qu’il y a deux sortes de Chinois…

 

…. Les deux sortes de Chinois sont les Chinois communistes qui mangent les enfants, et les Chinois nationalistes (3) qui mangent des conserves Saupiquet, si ça se trouve.

 

Comment reconnaître un Chinois nationaliste d’un Chinois communiste ?

 

C’est impossible. On dirait des Japonais. »

 

 

 


 

 

 

(1)  Parmi ces ouvrages de propagande mis en évidence dans les linéaires, je vous conseille celui de Thierry Wolton : Le Grand Bluff Chinois : Comment la Chine nous vend sa "révolution capitaliste". Rire garanti, devant cette caricature de caricature !...

(2)  Tout Desproges, Seuil, 2008, pp. 747 – 748.

(3)  Taïwan, régime aligné sur la politique des USA.

 

 

Illustration : http://nznfr3d2.blender.free.fr

 

 

 

 

 

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