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Liberté ...

   
 

 

 

 


 
Le Québécois
chante la lutte des Peuples
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Horizon...


Du conseil international en gestion stratégique et en développement d'économies émergentes...
Au regard sur la régression du respect de la dignité humaine, des libertés et du partage.
Une espérance solidaire avec ceux qui ne l'acceptent pas.
A contre-courant...

 

 

 

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Tous commentaires et propos contribuant à enrichir échanges et débats, même contradictoires, sont amicalement reçus. Ne sont pas acceptées les pollutions organisées, en particulier :

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.  Injures

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.  Incitations à la haine religieuse

 

Avertissement

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Devant la multiplication actuelle des atteintes à la liberté d’expression, sous forme d’intimidations et de menaces à l’égard de blogs et de sites, de la part d’officines spécialisées dans la désinformation et la propagande relatives aux évènements passés, présents et à venir au Moyen-Orient, tout particulièrement, il est rappelé que la Loi du 21 juin 2004 (LCEN),

modifiée par la Loi n°2009-1311 du 28 octobre – art.12, s’appliquant à des « abus » éventuels,

spécifie

dans son alinéa 4 :

« Le fait, pour toute personne, de présenter aux personnes mentionnées au 2

un contenu ou une activité

comme étant illicite

dans le but d'en obtenir le retrait ou d'en faire cesser la diffusion,

alors qu'elle sait cette information inexacte,

est puni

d'une peine d'un an d'emprisonnement

et

de 15 000 Euros d'amende»

 

 

11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 00:30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau de Soraya Touat : La Naissance


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4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 00:10

 

 

Ce billet reprend l’essentiel de mes commentaires publiés dans le précédent, intitulé Racisme : La Terre est Plate…

 

Des amis lecteurs m’ont demandé de les réunir pour les rendre plus faciles à lire qu’éclatés en différents morceaux. Je les ai donc repris, ajoutant des liens pour ceux qui souhaiteraient approfondir leur information, complétant certaines phrases, corrigeant des coquilles au passage...

 

Ils traitaient d’un point soulevé (1) sur le rôle désastreux, cette "collaboration" servile avec l'occupant, de l’Autorité Palestinienne, autrement dit de Mahmoud Abbas et de son équipe, dans la représentation de la Nation Palestinienne.

 

Il pose effectivement un problème capital dans la conduite des collectivités : celui du rôle moteur du “responsable”, du “chef”, du “leader". Qu’on me pardonne cet anglicisme, mais j’adopte le concept de Leadership plus proche du coeur de l’analyse que celui d’ “Elites”.

 

Une lucrative discipline prospère, avec des kilomètres d’ouvrages académiques, dans les écoles de gestion et les Business Schools, de Stanford à Fontainebleau, sur le Leadership et son importance dans les organisations humaines.

 

La plupart sont du niveau d’un roman de gare. Consistant à démultiplier des clichés-recettes : comment licencier, sous couvert de l'excellence en productivité, ou comment délocaliser sous habillage de “culture de la mondialisation”. Car un Leader, sa culture, sa personnalité, son expertise, ne peuvent être qu’un vecteur de la mondialisation. Sans peur et sans culpabilité. Certains charlatans en coaching ne vont-ils pas jusqu'à décréter que le meilleur leader est celui qui saute à l'élastique plus haut que les autres...

 

On voit où cette profondeur conceptuelle a conduit l’économie, la finance, la gestion des entreprises, des groupes industriels et bancaires, dans leur ensemble…

 

A ma connaissance, les recherches sur le leadership d’une “nation occupée militairement” et “asservie” par une puissance coloniale sont inexistantes. Car, le cas de la Palestine s’inscrit dans ce cadre extrêmement précis.

 

 

Pour reprendre le cas dramatique que vit la Nation Palestinienne, il convient d’avoir présent à l’esprit des paramètres fondamentaux, dans la relation “puissance occupante-nation asservie” :

 

 

1. L’assassinat systématique des “leaders”

 

Depuis une soixantaine d’années, les sionistes ont appliqué une politique d’élimination systématique des leaders Palestiniens refusant le fait accompli de la Nakba, du vol de leurs terres et de leur identité.

 

A l’exemple de toutes les entreprises coloniales dans l’Histoire. Le meurtre, par exemple, des chefs Amérindiens en Amérique latine, en Amérique du nord a découlé de ces mêmes priorités. De nos jours, moyens décuplés par la technologie. En Afghanistan, c’est actuellement la "politique des drones" avec pour objectif de tuer tout responsable s’opposant à l’Occident, quels qu'en soient les dommages collatéraux.

 

Qu’on se souvienne des assassinats des responsables ou leaders Palestiniens dans les capitales européennes, y compris à Paris. Qu’on se souvienne des assassinats à Beyrouth, qui mettaient les médias occidentaux en extase, où des responsables Palestiniens étaient tués dans leur sommeil. Ou encore, dans des camps Palestiniens au Liban, ou même à Damas, récemment, et ailleurs. Assassinats pour lesquels on attend à ce jour une mobilisation de l’ONU…

 

Ajoutons que, dans "leaders", sont visés par les puissances coloniales : artistes, écrivains et poètes. Qui, très souvent représentent l’âme de la nation victime de l’oppression et du massacre. La plupart n’ayant jamais tenu une arme entre leurs mains, mais simplement un stylo, ou un pinceau, pour défendre leur nation.

 

Pour les sionistes, ces “leaders d’opinion” ont été, et sont, une cible tout aussi prioritaire qu'un "leader politique". On n’imagine pas en Occident, l’ampleur, le degré de cruauté, de cynisme, de sauvagerie, de cette chasse à l’homme.

 

Un témoignage émouvant : Le grand poète Mahmoud Darwich, lors d’un colloque de poésie à Tunis, peu de temps avant sa mort, ne pouvait s’empêcher de fondre en larmes à l’évocation de tous ces poètes sacrifiés, tués, par la barbarie sioniste (2).

 

 

2. L’installation des marionnettes et le règne de la terreur

 

Suite à un tel régime de tuerie industrielle, il ne reste que la médiocrité sur laquelle s’appuie l’occupant. Une fois éliminé les meilleurs, il ne reste plus qu’à acheter les plus faibles, ceux qui ont renoncé, et installer des “marionnettes” dont on tire les ficelles. Les exemples abondent.

 

La famille d’Abbas est milliardaire, puisque toute l’aide et les autorisations, licences d'importation et autres, passent par lui et son clan : depuis les matériaux de construction jusqu’à l’aide alimentaire.

 

Dans l’écrasement de Gaza, une des priorités est de ne faire transiter l’aide alimentaire et les fonds de la reconstruction qu’à des membres de ces clans de “collabos”, pour neutraliser l’important rôle social et humanitaire du Hamas.

 

Le plus terrible est de voir l’occupant promouvoir d’authentiques bandits pour continuer leur travail. A l’exemple des allemands pendant l’Occupation en France. Et, l’Occupation n’a duré que 4 ans. Imaginons 60 ans d’occupation allemande en France, où la moitié des français seraient chassés de leurs terres et de leurs maisons, pour être remplacés progressivement par des colons allemands…

 

Paris se souvient encore d’Henri Lafont et de sa bande de la rue Lauriston, un des rouages essentiels de la Gestapo allemande. Spécialisé dans les enlèvements, les assassinats, les tortures pour le bénéfice de l’occupant.

 

Le sinistre Dhalan avec sa milice privée, bras droit d’Abbas, est dans la ligne de ces criminels “collabos”. Bénéficiant du soutien armé et financier de tous les services spéciaux occidentaux, pas simplement celui des sionistes.

 

N’oublions pas la panoplie des différentes pressions, destinée à inscrire la terreur au quotidien et annihiler toute émergence de leadership. On menace vos parents, les gens que vous aimez, etc. On vous “convie” à des séances de torture. Souvenons-nous des témoignages sur la sinistre SAVAK, la police secrète du Shah d’Iran, qui torturait des parents devant leurs enfants, ou des enfants devant leurs parents…

 

 

3. Environnement et soutiens extérieurs

 

Si de Gaulle n’avait pas été basé à Londres, il n’aurait jamais pu animer et coordonner la résistance et représenter la France. En France, il aurait été assassiné, ou pris et mort sous la torture, comme Jean Moulin.

 

C’est un des points faibles de la résistance Palestinienne. Il aurait fallu constituer un gouvernement fort et soudé “en exil”, protégé par un Etat “puissant”. La petite et courageuse Tunisie, qui a accueilli, un moment, le gouvernement Arafat en exil ne pouvait pas grand-chose. Jusqu’au fauteuil d’Arafat qui était truffé de micros…

 

Pour le moment tous les voisins de la Palestine sont à la botte de l’occupant occidental, en particulier l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie Séoudite, et les pays du Golfe. La Syrie, dont on ne soulignera jamais assez l'extraordinaire courage, est mise sous pression constante, sur la défensive, subissant même des bombardements aériens auxquels elle n’a pas les moyens militaires de répondre…

 

Castro, dont on ne peut nier l’exceptionnel charisme lors du renversement de la dictature Batista, a bénéficié de la protection du relief de l’île de Cuba, de la "guerre froide" et du fait que le pays n’était pas occupé militairement par une puissance coloniale. Ho Chi Mhin aurait-il survécu sans la protection de la jungle du Vietnam et du soutien militaire russe, du fait aussi de la "guerre froide" ?...

 

Les Palestiniens sont pour le moment dans le dénuement extrême, sans réel appui extérieur et dans un pays totalement quadrillé. Oui. Abbas, malgré son passé, est totalement discrédité auprès de son peuple. Oui, lui et son clan sont vomis par les Palestiniens.

 

Que faire ?...

 

Le sort de la Palestine et de la région, dit-on, ne pourra être réglé que si du côté de la Palestine surgit un Mandela, et un De Klerk du côté sioniste, comme en Afrique du sud. Mais le conflit a atteint une telle proportion qu’il en faudrait autant chez les pays voisins, que chez les occidentaux.

 

Les conditions, pour que de tels leaders émergent, ne sont pas réunies, tant que l’Occident soutiendra aveuglément l’extrémisme sioniste, comme on vient de le constater à Durban II…

 

 

4. “Vide politique” et radicalisme

 

Au meurtre des leaders, s'ajoute, aussi, un “double effet” : le soin particulier, cynique et constant du colonisateur de freiner au maximum l’accès à l’éducation, notamment au niveau universitaire, des colonisés. On veut bien des “petites mains”, capables d’occuper des fonctions subalternes et de comprendre ordres et consignes, mais pas davantage.

 

A la grande époque de la colonisation, l’Algérie (Maroc et Tunisie étant des “protectorats”), l’Afrique, l'Asie, l'Amérique latine, colonisées par les anglais, français, portugais, hollandais, espagnols, sont un exemple historique de cette pratique. Rappelons qu’en Palestine, les écoles sont des cibles prioritaires. Déscolariser les Palestiniens étant un objectif fondamental…

 

Nous retrouvons l’impact de ce phénomène dans un domaine connexe. Si tant est que nous puissions dresser, dans notre monde contemporain, une typologie des différents régimes d’oppression instaurés par des nations conquérantes, coloniales ou impériales, sur des nations asservies.

 

Nous ne sommes plus dans le cadre d’une occupation militaire (à part des bases discrètement positionnées) type Palestine, Irak ou Afghanistan, qu'on ramène à "l'âge de pierre" pour reprendre un terme qu'affectionnent les "ziocons". Il s’agit d’un autre cas de figure : celui des dictatures relais-nations asservies. On a parlé de néocolonialisme, mais le mot est galvaudé.

 

Dans ce cas, l’Occident exerce son emprise, et contrôle des pays, sans les occuper militairement, via des dictatures installées, tout en maîtrisant leur appareil militaire, de renseignement, de police et bien sûr leur économie. Par des “experts” détachés, ou formés par l’Occident.

 

Là encore, est rigoureusement appliqué le schéma d’action évoqué : éradiquer tout leadership s’opposant à cette mainmise.

 

Au plus fort de la “guerre froide”, l’Amérique latine a subi le choc de ces atrocités. On parle des goulags de Staline et de ses épurations, mais jamais de ce que l’Occident a perpétré dans de multiples pays sur plusieurs continents pendant cette même période.

 

Nous connaissons l’Opération Condor, en Amérique du sud, dans laquelle se sont particulièrement illustrés les spécialistes français réputés, en ces années-là, pour leur expertise forgée pendant la guerre d’Algérie : manœuvres de contre-insurrections, désinformations et propagandes, emploi systématique de la torture contrôlée médicalement, assassinats et disparitions des corps et traces.

 

Ils étaient envoyés auprès des gouvernements sud-américains, en supplétifs des USA, dans le cadre d’accords secrets remontant à 1959. Coopération atteignant son régime de croisière entre 1971 et 1984. Tout cela, sous la présidence des “humanistes distingués” : Giscard et Mitterrand…

 

Des milliers de leaders, d’opposants, sous prétexte de lutte anticommuniste, enlevés, torturés, tués, dont on ne retrouva même pas les corps. Dans tous les secteurs de la société (y compris des religieux et religieuses), des gens éduqués, formés, constituant une classe moyenne active et à fort potentiel de développement pour tous ces pays.

 

Même schéma, en Amérique centrale, notamment au Nicaragua, magistralement évoqué dans le discours du Nobel par Harold Pinter qui s’était fortement mobilisé pour défendre ce petit pays. On pourrait évoquer aussi les 500.000 morts et disparus en Indonésie (3), etc. Cela n’en finirait pas.

 

Le point fondamental évoqué comme conséquence de ces tueries de masse, le “vide politique”, du fait de la disparition de cadres et leaders, s’est parfaitement vérifié en Iran. La SAVAK du Shah, formée et encadrée par les occidentaux, a fait disparaître des milliers de cadres, sous prétexte encore de "lutte anticommuniste" : médecins, ingénieurs, architectes, techniciens, écrivains, journalistes, enseignants, etc. Ne restent alors, quand le “réservoir” de cadres est insuffisant, que les éléments radicaux, corrompus, noyautés souvent par des gangsters…

 

In Iran cela durait depuis 1953 : le renversement par la CIA de Mossadegh, régulièrement élu mais ayant eu le tort de vouloir que les richesses de son pays soient exploitées au bénéfice de ses habitants, et non pas exclusivement pour celui des compagnies pétrolières étrangères. Tout ce qui aurait pu provoquer un début de contestation a été anéanti, dans ce qui restera dans l’Histoire comme un des plus atroces régimes conçus par l’Homme. 

 

Tant et si bien que lorsque la révolution est arrivée, le régime lâché par l’armée, la rénovation sociale n’avait plus, comme structure apte à assurer un leadership, que la hiérarchie religieuse qui avait été à peu près épargnée…

 

Rappelons qu’à la même époque, lorsque Saddam a réussi son coup d’Etat en Irak, soutenu par les occidentaux dans le cadre de la "lutte anticommuniste", j’ai eu l’occasion de le mentionner, les historiens ont démontré que la CIA lui avait remis une liste de 9000 personnes à faire disparaître. Tous des cadres et des gens extrêmement bien formés.

 

Il est vrai que décapiter cette "matière grise" entraîne des retards dans le développement de ces pays, de plusieurs générations... N'est-ce pas aussi le but non avoué, mais recherché ?... Notamment, pour les pays musulmans ?...

 

Comment s’étonner que l’acharnement occidental, son fanatisme, rappelant les années noires de l’Inquisition, son aveuglement, aient provoqué une radicalisation des populations et un rejet des “fausses valeurs” promues par des régimes détestés…

 

Pas surprenant, non plus, que dans ces pays, lorsque nous, occidentaux, prononçons, invoquons, les mots “droits de l’homme” ou “démocratie”, on nous (dans le meilleur des cas…) rit au nez…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  Merci à Aline-Mariali et Hédi d’avoir suscité et animé ce débat, ainsi qu’aux autres amis lecteurs pour m’avoir incité à rédiger ce billet, notamment emcee du blog Des Bassines et du Zèle.

(2)  http://www.elaph.com/Web/Video/2008/8/355806.htm

(3)  Pour les cinéphiles, je recommande un film qui a pour cadre le début de l'organisation de ce qui fut un gigantesque massacre au nom de la "lutte anticommuniste" en Indonésie, sous la présidence de Sokarno : "L'année de tous les dangers". Film de Peter Weir sorti en 1982, aux multiples récompenses, avec Mel Gibson, Segourney Weaver et, surtout, la bouleversante Linda Hunt qui obtint l'Oscar du meilleur second rôle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Illustration : La reddition de Vercingétorix, héros de la résistance gauloise, à Alésia, face à Jules César. Tableau de Lionel Royer (1899).
Vercingétorix fut étranglé dans sa prison, à Rome, après avoir été exhibé comme trophée lors de la parade triomphale de César à son retour de Gaule. Au préalable, ce guerrier magnifique avait été réduit à l'état de loque humaine...

 

 

 

 

 

 

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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 15:11

 


Quel fou rire !...

 

Quel spectacle, ce sommet de l’ONU à Genève sur le racisme !...

 

Voir les représentants de la glorieuse Europe sortir en procession, dans un défilé impeccablement réglé !... Vingt trois !...

 

Ils avaient dû répéter avec le maître de ballet du Lido ou des Folies Bergères. Il ne leur manquait que les plumes et le strass, comme les danseurs.

 

Seule différence : l’air outré, au lieu du sourire des “boys” professionnels. C’était obligé. La mine était de circonstance. Il convenait d’avoir l’air grave. En tant que chorégraphe, pour ma part, j’aurais souligné la solennité de l’instant en accentuant le contraste : conserver le regard furibard des sortants, mais en les faisant danser sur un rythme de claquettes…

 

A part cette remarque mineure, c’était un Show de bon niveau. Parfaitement organisé sur le plan logistique. La salle remplie d’agitateurs expérimentés, soigneusement filtrés et encadrés. Jusqu'à des clowns, perruques et nez rouges !

 

Les médias de la propagande, le doigt sur la couture du pantalon, prêts à démarrer au quart de tour. Dans une coordination éditoriale superbement huilée…

 

De la grande mise en scène. L’ONU dans sa splendeur : “le plus grand Cabaret du monde” !

 


Je les revois. A la queue leu leu, passant devant la tribune de l’orateur. Accompagnés du chœur des vociférations diabolisantes. Tordant !...

 

Il est vrai que l’orateur en question n’était autre que Lucifer en personne : Ahmadinejad. Un négationniste de la pire espèce : il ne cesse de nier que la Palestine est un immense village de vacances. Spécialement organisé et géré par l’Occident pour Palestiniens en quête d’identité.

 

C’est vrai, on les met un peu au rémige en ce moment, surtout à Gaza. Qu’est-ce qu’il veut l’Ahmadinejad, qu’on leur envoie des camions de langoustes et de foie gras ?...

 

Pas moyen de lui faire entendre et de lui faire dire le contraire. Une vraie tête de mule. Il persiste et il signe.

 

Ile ne veut pas comprendre : voler la terre des Palestiniens, les tuer, les bombarder, les torturer, les emprisonner, les affamer, amputer leurs champs et leurs villages par un mur de 10 mètres de haut, ce ne peut être qu’au nom de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme.

 

Il prétend que c’est du racisme. Et, on le dit intelligent, même très intelligent… Mais comment l’humanité engendre-t-elle des monstres pareils ?...

 

Si les européens, les nazis et leurs “collabos”, ont envoyé des juifs dans des camps d’extermination, pendant la seconde guerre mondiale, c’est la faute aux Arabes et, en particulier, aux Palestiniens.

 

Que voulez-vous : ils ont la violence chevillée au corps. Normal : ce sont des musulmans. C’est eux qui doivent payer la facture. Surtout pas, les européens ou les occidentaux. Parce qu’eux, ils ne sont pas racistes. Ils ont le sens des “valeurs”.

 

Lui prétend que c’est de l’injustice… Comment arrive-t-il à se regarder dans la glace tous les matins ?... Il est vrai qu’il ne se rase pas…

 

Gaza ?... Trois semaines de massacres, de bombes aux phosphores et autres feux d’artifice ?... Mais, non ! Ce n’étaient pas des massacres. Juste de la formation, de la pédagogie, pour apprendre aux Palestiniens à bien voter. Ils veulent que la quarantaine de décisions de l’ONU non appliquées à ce jour, le soient enfin. Et, vivre dans un pays où la citoyenneté ne soit pas fondée sur la religion.

 

Ils n’ont rien compris et Ahmadinejad, non plus.

 


Il est tellement entêté qu’il n’a même pas remarqué l’essentiel : tous les pays fondés sur le génocide et le racisme, à l’encontre des peuples d’origine, ne s’étaient même pas déplacés. Ils avaient “boycotté” le sommet :

=>  USA, génocidaires des Amérindiens dits “peaux-rouges”, sans parler des lois raciales et d’apartheid contre la communauté noire en vigueur jusqu’en 1964

=>  Canada, génocidaire des Amérindiens dits “peaux-rouges”

=>  Australie, génocidaire des Aborigènes

=>  Nouvelle-Zélande, génocidaire des Maoris

 

Une buse, cet Ahmadinejad.

 

Réputé pour son “intégrité” et son “courage”. Il ne manquait plus que cela… Traumatisé dans sa jeunesse, nous dit-on, quand son pays a subi pendant huit ans le choc des armées irakiennes soutenues, armées, par l’Occident.

 

Il a vécu aux premières loges les immenses massacres et destructions d’une guerre destinée à punir son pays pour avoir renversé une dictature sanguinaire. Et son souverain, le Shah. Marionnette à la solde des groupes pétroliers qui laissait piller les richesses énergétiques du pays, depuis le renversement d’un gouvernement régulièrement élu en 1953.

 

Il aurait dû comprendre pourtant : le “courage”, ce n’est pas de décrire ce que tu vois sous ton balcon. C’est de dire ce qu’on te dicte.

 

Cet Ahmadinejad… Incapable, pendant que défilaient les délégués occidentaux, d’en saluer symboliquement les éminentes puissances impériales, esclavagistes, racistes, même si elles ont perdu un peu de leur lustre après quelques siècles de domination : Grande-Bretagne, France, Espagne. Auteurs des plus grands massacres, atrocités, sur tous les continents, dans les pires guerres coloniales et d’indépendance, de l’histoire de l’humanité.

 

Il ne comprend rien à la situation et rien à son époque.

 

C’est évident : il se trompe de siècle, Ahmadinejad.

 

On est exactement comme au début du 17° siècle, quand l’Eglise brûlait ceux qui assuraient que la Terre était ronde, et non pas plate.

 

Au sommet de sa puissance économique, financière, diplomatique, l’Eglise a obligé le plus grand savant de son temps, Galilée, à abandonner son constat scientifique. En 1633. De se rétracter. Affirmer que la terre était ronde était une hérésie, passible du bûcher. Brûlé vif…

 

Alors, devant l’organisation internationale de l’époque, chargée de dicter les normes et usages, le Saint-Office, Galilée a renié ses découvertes et a dû admettre s’être trompé. D'admettre que l’Eglise avait raison : la Terre est plate.

 

Au fil des siècles, le nom des institutions change, mais les mécanismes restent. Du moins, ceux contrôlés par les adeptes de la Loi du Plus Fort.

 

Eh, bien en 2009 : le Saint-Office, c’est l’ONU ! Ou encore, la Communauté Internationale, c’est-à-dire les castes au pouvoir en Occident. L’équivalent des cardinaux et des évêques de la grande époque de la puissance de l’Eglise.

 

Aujourd’hui, prétendre que la Palestine n’est pas un club de vacances pour Palestiniens désoeuvrés, que le monde arabo-musulman n’est pas écrabouillé militairement, étranglé par des embargos pour le bien de la démocratie, c’est pareil. Une hérésie.

 

Alors, qu’on se le dise, Lucifer et les autres : l’Occident raciste, cela n’existe pas !

 

La Terre est plate !

 

Et, fermez-la !


 

 

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15 avril 2009 3 15 /04 /avril /2009 12:12


 

La tuerie du Tanit, avec la mort de Florent Lemaçon, a provoqué une multitude de commentaires dans les médias et sur le Web.

 

Mourir à 28 ans, sous les yeux de sa femme et de son enfant, est plus qu’une tragédie. Son fils, pour qui il a dû éprouver plus de peur que pour lui-même… A 3 ans, souhaitons lui la résilience nécessaire au dépassement d’un traumatisme aussi dévastateur.

 

Quant à Florent, ses derniers instants sont les siens. Qu’il repose en Paix.

 

Il n’est pas mort pour rien, toutefois.

 

L’émotion ressentie, refoulée, exprimée, par nous, vivants, est porteuse de “sens”. Manière, au-delà de l’évènement, de nous interroger sur notre destin collectif, nos responsabilités, nos choix de vie, nos choix citoyens, et nos choix politiques aussi.

 

Car, il y a eu “choc” entre un choix de vie, fondé sur l’empathie à l’égard du monde et des hommes, et la froide Raison d’Etat, articulée sur un gain à long terme, quand elle se veut intelligente, ou sur la posture immédiate, quant elle confond stratégie et manipulation électorale. Imposant un modèle sociétal où les problèmes à résoudre doivent l’être dans l’épreuve de force, la répression, la violence.

 

Mourir, devant ou au milieu de ses proches, est le lot de beaucoup, de tout un chacun, dira-t-on. Récemment, tous les jours, du tremblement de terre au bombardement de sa maison. Cela n’en finit jamais. Tout ce que la Nature peut provoquer pour se rappeler à notre bon souvenir, et la folie de l’Homme imaginer pour assouvir sa perversité.

 

Beaucoup ont estimé que c’était “la faute à pas de chance” : Florent Lemaçon était là où il ne fallait pas, au moment où il ne fallait pas. “La Fatalité”. C’est leur droit de le penser. Position officielle, relayée par les médias. Sous-entendu : “on” est les meilleurs, “on” a été parfait, pas de contestation possible. Pourquoi pas ?...

 

D’autres, plus soucieux des deniers publics, sont allés jusqu’à s’offusquer qu’on puisse “dépenser l’argent des contribuables” pour se porter au secours d’un “aventurier écervelé”. Louable attitude, par les temps qui courent. C’est leur droit.

 

Certains considèrent que tout aurait dû être mis en œuvre pour ne pas mettre en danger la vie des passagers, et que cela n’a pas été fait. Par aventurisme, incurie, incompétence. Trouvant cela inadmissible. C’est leur droit, aussi.

 

Estimant que l’Humanité ne “progresse”, non pas dans le sens d’un illusoire progrès matériel, mais dans celui de l’harmonie d’une vie collective, que si le respect de la vie et de la dignité humaines sont prioritaires à toute autre considération.

 

Que “La Fatalité” sert trop souvent d’échappatoire à la bêtise, à l’irresponsabilité et à la sauvagerie. Tant est si bien que dans nos sociétés occidentales, dites “civilisées”, on en vient à admettre comme normal, au 21° siècle, les “dégâts collatéraux”, les massacres ou la torture.

 

Des milliers d’êtres humains sont ainsi réduits en bouillie, par “Fatalité” : “… ils n’avaient pas à voter pour X”, ou, “… ils n’avaient pas à subir la dictature de Y”, ou encore, “… ils n’avaient pas à être adeptes de la religion Z”… Tant pis pour eux. La casuistique de la bonne conscience.

 

Eh, bien : Non ! La “Fatalité” n’est pas une norme, surtout lorsque l’Homme l’instrumentalise par ses décisions et ses actions.

 

A l’occasion du désastre du Tanit, l’important n’est pas de savoir qui, de ces différents groupes d’opinion, ou courants de pensée, a raison ou tort. Mais, d’exercer notre esprit critique et de déconstruire les différentes manipulations qui nous sont imposées.

 



 

Robocop sauveur de l’Humanité

 

Partons du Tanit et des évidences.

 

Il n’était pas question de prendre d’assaut une ambassade, un Boeing ou un cargo occupés par des terroristes, de type kamikaze, bardés d’explosifs, prêts à se faire sauter avec leurs otages, défendant une cause sublimée, fanatisée ou perdue.

 

Il s’agissait de pirates, occupant un petit voilier familial. Pêcheurs somaliens, pour la plupart, ce qui n’exclut pas d’authentiques gangsters. Animés par le simple but de négocier un deal, désireux de faire uniquement du Business. Rien à voir avec les pirates du 16° siècle sur fond de guerres de religion et de pillages des galions d’or et d’argent espagnols, avec ses orgies de sévices et d’horreurs.

 

Aussi condamnables soient-ils, ces pirates et la situation n’avaient pas à être “traités” comme une entreprise terroriste. L’amalgame, en termes de méthodologie opératoire, est totalement stupide. A moins de vouloir plastronner, à bon compte, dans une opération de communication-intimidation…

 

A partir de ce contexte, s’énoncent des certitudes :

 

1. Prendre d’assaut des locaux aussi réduits qu’un petit voilier où étaient entassée une dizaine de personnes, était courir un risque élevé de carnage :

=> contrairement aux commandos, les cinq passagers (faisons abstraction des pirates en T-shirt…) n’avaient aucune protection (gilets et lunettes pare-balles, casque en kevlar, etc.) lors des échanges de tirs prévisibles dans un espace clos

=> du fait de l’espace clos, tous les tirs devaient, à l’intérieur du voilier, s’opérer quasiment à bout portant. Nous ne sommes pas au cinéma, avec le calibre 9 mm, des armes de poing utilisées dans ce genre d’opérations, une balle à bout portant dans une tête, le résultat est simple : il n’y a plus de tête…

 

2. Compte tenu de ces paramètres, aucun d’entre nous, ayant un tant soit peu le sens des responsabilités, n’aurait donné l’ordre de prendre d’assaut pareils locaux. A plus forte raison, si nous avions eu notre enfant ou un membre de notre famille à bord. Les bureaucrates, emplumés ou galonnés, coiffant ce type d’opérations, tout comme nous.

Jamais.

Nous aurions, ils auraient, tous, sans exception, évité une opération armée.

 

3. S’agissant d’une opération de Business, il suffisait de négocier une rançon. Il n’y avait de la part des pirates “aucun” autre objectif. Et, pour ceux soucieux, et comptables, des deniers publics, deux remarques :

=> une rançon peut toujours se récupérer. Une vie : impossible.

=> pour les “banquiers et financiers pirates” qui ont détruit tout un système financier et économique par leur rapacité, en s’en mettant plein les poches, sans parler de ces “multinationales pirates”, assistées de ces mêmes banquiers, responsables de milliers de délocalisations et de chômeurs, les deniers publics coulent à flot… Sans compter.

 

4.  A ce jour, il n’y a eu aucun assaut de ce type sur des navires à haute valeur marchande : cargo chargé d’armes, pétrolier, porte-conteneurs, etc. (1) Les négociations prennent le temps nécessaire, les rançons sont payées sans problème.

Aucune hésitation, par contre, pour un petit voilier avec une famille à bord. Soudain, “Nation en danger” : l’extrême urgence. A l’abordage !

 

Robocop entre en scène…

 

 

Fascination et fascisation

 

Nous sommes pétris, bombardés, asphyxiés, drogués, de ces multiples documentaires, films, livres, articles chantant louanges et exploits des “forces spéciales” et autres brigades “spéciales” : GIGN, GIPN, SWAT, SAS, SEALS, etc. Déclinés dans de multiples séries TV et jeux vidéos. Même les Douanes s’y mettent…

 

Des centaines d’heures toutes les semaines. Des milliers d’heures par mois. Des millions d’heures par an. L’inconscient collectif est formaté dès l’enfance, cerveau lavé, relavé, délavé, par la représentation du preux chevalier, héros sans peur et sans reproche. Représentant le Bien, luttant contre le Mal. Chargé de résoudre tous les problèmes de la société, résumés à des problèmes de sécurité ou de délinquance.

 

Harold Pinter n’a cessé de lutter, dans son œuvre et sa vie, contre cette pensée moyenâgeuse, cette fascination mortifère nourrissant un régime fascisant, un régime policier qui ne dit pas son nom. Peut-être en ai-je pris conscience avec lui, avec d’autres aussi, pour être allergique au romantisme guerrier de ces Rambo d’opérettes, qu’on tient à nous faire ingurgiter à intervalles réguliers ?

 

Quand je vois ces cagoulés en démonstration à Carcassonne, ou en opération à Tarnac, présentés comme les sauveurs de l’humanité, je pense immanquablement à la chanson de Francis Cabrel, La Corrida, sur ces acrobates en costume de papier…

 

Le mythe du surhomme, doué de toutes les capacités, doté de toutes les technologies, caparaçonné de toutes les impunités : Robocop “sauveur de l’humanité” !…

 

C’est nous prendre pour des grille-pain à manivelle…

 

Confrontée à la réalité, la “mythologie Robocop”, malgré ses milliards financés par les contribuables, a le souffle court, incapable dans le cas de la piraterie somalienne de :

=> localiser les bateaux de ces pirates, dans leurs ports ou au large, et les neutraliser, malgré ses navires de guerre, ses satellites d’observation (capables de lire la marque d’une balle de golf…), ses colossales bases aéronavales (Djibouti, entre autres), ses drones, ses avions d’observation, et de détection de sous-marins, et tutti quanti…

=>  mettre sous les verrous les “gros bonnets” vivant confortablement à terre et sur des places financières internationales : ils sont connus, ou alors les services de renseignements sont nuls

=> geler les circuits de financement : il n’y a pas de système bancaire en Somalie, actuellement en pleine anarchie, les rançons (à partir d’un montant consistant) sont versées sur des places financières internationales. Avec le partenariat des compagnies d’assurances concernées qui assurent les navires et, au passage, font flamber les primes d’assurance sur cette zone maritime.

 

Et, autres bizarreries à la liste inépuisable (2) …

 

Similaires à la culture du pavot en Afghanistan qui a décuplé depuis l’occupation occidentale et, bien sûr, qu’on n’arrive pas à éradiquer…

 

 

Piraterie et pillage

 

En fait, sous couvert de cette “mythologie Robocop”, ou de ce Robocop Show, se dissimulent une nomenklatura, un appareil d’Etat, soucieux d’avoir un outil répressif qui impressionne le peuple, inhibe toute contestation, et assure le calme. Se mettant à l’abri de tout questionnement, de toute contestation, dès qu’il s’agit de “Sécurité”, intérieure ou extérieure.

 

Les castes au pouvoir estimant, à l’égal de n’importe quelle dictature, qu’il s’agit d’un “domaine réservé” où le débat et le contrôle démocratiques n’ont pas à s’exercer. Justifiant les régimes d’exception. Brandissant le “Secret Défense”, lui assurant l’impunité, bloquant toute critique possible : “… taisez-vous et dormez tranquilles, on s’occupe de votre sécurité, à défaut de votre emploi…”

 

Le Robocop Show présente aussi l’avantage de détourner l’attention des véritables problèmes de fond. La piraterie n’est que l’épiphénomène ou le symptôme d’une pathologie beaucoup plus grave que les apparences présentées par les médias de la propagande. 

 

Dans le cas du Golfe d’Aden et de la Somalie, on évacue ainsi la responsabilité collective de l’Occident dans les ravages exercés dans cette partie du monde par une politique démentielle (3). Cette région est mise à feu et à sang, entretenant les chefs de guerres, finançant les guerres civiles. Diviser pour mieux piller. Responsabilité collective : écrasante (4).

 

La Somalie, après avoir enduré l’occupation britannique et italienne, n’a pu vivre librement son indépendance depuis 1960. Subissant de continuelles ingérences étrangères. Accentuées depuis les années 1990. Dernièrement, en 2006, toutes les pressions ont été effectuées sur l’Ethiopie pour envahir la Somalie. Ce qu’elle a fait dans un premier temps, pour arrêter ensuite ce rôle de mercenaires au service d’intérêts qui allaient à l’encontre de ses propres urgences.

 

Sur fond d’opposition entre chrétiens et musulmans. N’oublions pas, aussi, cette dimension géostratégique qui s’applique depuis des décennies, dans le cadre de l'idéologie toujours prégnante du "Choc des Civilisations", même si on en édulcore, à présent, le discours : empêcher à tout prix le développement des pays musulmans, en les divisant, les opposant, les morcelant, les asservissant par des dictatures.

 

La Somalie est un pays riche, très riche : fer, étain, cuivre, bauxite (aluminium). Surtout : pétrole et, enjeu déterminant, uranium. La Somalie appartient à l’Uranium Belt. Cette ceinture de pays richement dotés, dans l’hémisphère nord de l’Afrique, de ce combustible très recherché : Darfour, Centrafrique, Tchad, Niger.

 

Tout est mis en œuvre pour piller ce pays, et faire en sorte qu’il ne puisse exploiter et valoriser lui-même ses immenses richesses. Jusqu’à ses eaux territoriales, riches en poissons, tellement pillées par les bateaux-usines occidentaux qu’il ne reste plus rien, à part des poissons intoxiqués.

 

Car, une autre dimension s’est rajoutée : le désastre écologique. Du fait de l’anarchie, les pays occidentaux en profitent pour se délester de leurs produits toxiques, y compris nucléaires, sommairement enfouis à terre, ou simplement jetés le long de ses côtes maritimes.


Il est vrai que les coûts de revient sont avantageux. Suivant la nature des déchets : de 200 à 300 euros (5) jusqu'à 1000 $, la tonne, en Occident, on obtient des coûts d’enfouissement, ou de déversement, de 30 euros la tonne, pouvant descendre à $ 2,50 (6).

 

Curieux d’entendre des politiciens dire qu’il ne fallait pas que les voiliers se rendent dans cette zone. Représenteraient-ils des témoins gênants ?... En ce cas, cette vision prospective a un train de retard…

 

Même le responsable de la Défense Nationale des USA, Robert Gates, ancien patron de la CIA,  vient de lâcher le morceau. A propos des pirates, il parle d’adolescents, entre 17 et 19 ans, et les qualifie de gamins inexpérimentés (... untrained teens… those kids...). Convenant que la seule répression, ou solution armée, ne suffira pas pour mettre un terme à la piraterie. Qu’il faudra bien passer par la mise en place d’un “développement à terre” (7).

 

En clair : il faudra mettre un bémol au pillage du pays et de la région…

 

En fait, le Robocop Show n’est que de la poudre aux yeux. La sécurité nationale ou internationale s’obtient non par des surhommes, demi-dieux assurés de l’impunité. Mais, tout simplement par la Justice.

 

En ce qui concerne le cas des pays dits “à risque”, tels la Somalie, on se doit de considérer la Justice au sens du respect des peuples, de leur autonomie, de leurs croyances, et de leurs richesses nationales.

 

Robocop n’est pas le sauveur de l’Humanité.

 

Il en est son geôlier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  La libération du capitaine américain du porte-conteneurs (Maersk Alabama), intervenue le week-end dernier, s’est faite à l’extérieur du navire. Il était, avec trois pirates, dans un canot de sauvetage qui le suivait pendant les négociations. Ils ont été tués au fusil à lunette depuis le bateau de guerre US, en escorte, à une distance d’une trentaine de mètres.

(2)  Cf. commentaire n° 5 de “Truth”, sur le post précédent : http://stanechy.over-blog.com/article-30121018-6.html#comment40412604

(3)  Hari, Johann, La piraterie en Somalie est née pour protéger le pays du pillage occidental, 13 avril 2009, http://socio13.wordpress.com/2009/04/13/la-piraterie-en-somalie-est-nee-pour-proteger-le-pays-du-pillage-occidental-par-johann-hari/

(4)  Vadrot, Claude-Marie, Piratages en Somalie : les coupables sont au Nord et en Occident, 12 avril 2009, http://horreurecologique.blogspot.com/2009/04/piratages-en-somalie-les-coupables-sont.html

(5)  Vadrot, Claude-Marie, Op. Cit.

(6)   Parmi ces déchets : radioactifs (uranium), métaux lourds (cadmium et mercure), plomb, industriels et chimiques, et en provenance d'hôpitaux. http://english.aljazeera.net/news/africa/2008/10/2008109174223218644.html

(7)   Pentagon’s Gates : Somali Pirates in Siege “Untrained” Teens, EasyBourse, 13 avril 2009, http://www.easybourse.com/bourse-actualite/marches/pentagon-s-gates-somali-pirates-in-siege-untrained-teens-650036



 


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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 10:46

 

 

Tu devais rejoindre Zanzibar…

 

Après avoir croisé au large de la Somalie et longé les côtes du Kenya, avant d’aborder les eaux de Tanzanie.

 

Tu y étais attendu. Avec admiration et affection. Toi et les tiens.

 

 

 

 

Mais, “Elle” a trouvé le moyen de te tuer avant d’y parvenir.

 

Elle ?...

 

Oui. La “Connerie Humaine”.

 

Sur ton voilier, le Tanit, devant ta femme et ton enfant.

 

Sous forme d’une bande de connards se mitraillant.

 

Les uns jouant aux pirates et les autres aux cow-boys. Ou aux Terminator. Comme dans un jeu vidéo…

 

Quand on connaît l’extrême exiguïté des lieux de vie d’un voilier de 12 mètres, avec 10 personnes à bord, cinq passagers et cinq “pirates”…

 

Donner l’ordre de prendre d’assaut pareils locaux, il faut que les bureaucrates concernés aient les neurones enrobés d’une couche abyssale d’imbécillité.

 

De “vive force”, disent-ils. Il est vrai que s’il s’était agi de membres de leurs familles, ils auraient pris le temps. Ils auraient même trouvé du temps au temps…

 

Devant l’étendue de leur irresponsabilité, ils prétendent se couvrir, via leurs relais médiatiques, en salissant ta mémoire. Se donnant l’air martial, “banane” au vent, bravache, cravache et cravate…

 

Pauvres mecs…

 

Tu portais un nom magnifique : “Lemaçon”.

 

C’est avec des gens de ta trempe que l’Humanité avance, se construit. Tu croyais en la Paix entre les hommes et souhaitais un monde de compréhension, de dignité et de fraternité.

 

Tu vois, la Connerie Humaine ne supporte pas des gens comme toi. Elle ne parle que le langage des armes. Ta seule vue, ta seule existence, déclenchent son prurit irrépressible : tirer dans le tas.

 

Les Hommes de la Mer saluent le Grand Marin que tu étais. Les Hommes de Bonne Volonté te pleurent.

 

A Zanzibar, pour la Paix de ton Ame, on a déposé des fleurs sur l’écume de l’Océan…

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : The Guardian – 10 avril 2009

 

 

 

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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 00:30

















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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 15:03

 

 

Suite des articles :

 

Récession (1) :
1.   Les caisses sont vides
2.   C'est la faute aux pauvres

 

Récession (2) :
3.     Le système bancaire français est excellent
3.1.  Le cimetière des catastrophes bancaires

 

Récession (3) :
3.2.  Les tares cachées du système bancaire - Le virus IPRIS

 

Récession (4) :
3.3.  L’Etat au service du Lobby Bancaire

 

 

 

4.  Reconstruire ou ravaler

 

 

Brioches…

 

Ils ont osé…

 

Politiciens, de tous poils, de tous bords, encadrés par la cohorte des dinosaures du grand patronat et des fossiles de la ploutocratie (1).

 

En France, à l’exemple de ses partenaires occidentaux, USA, UK et autres (2).

 

Tous, croulant sous la catastrophe du système bancaire et financier, d’une économie délabrée sous le choc de théories économiques destructrices, supprimant plus d’emplois qu’il n’en est créé, sur fond d’accroissement exponentiel du chômage et de la pauvreté (3). Jusqu’à des morts de froid dans les rues et les parcs de leurs capitales, cet hiver. Dans l’inaction du luxe fleuri des bureaux ministériels (4).

 

France, un des pays les plus riches du monde…

 

Le quatrième ou le cinquième, suivant les classements officiels. Où les riches ne cessent de s’enrichir. Les exemples multiples s’étalant sous les yeux :

Selon le classement de « Challenge », la fortune des Mulliez (Grande Distribution Auchan) a grossi de 3 milliards d’euros entre 2006 et 2007 soit 21,43 %, passant de 14 à 17 milliards d’euros…” (5).

 

Dire, qu’en ce cataclysme économique et financier, provoqué par l’irresponsabilité et la rapacité de l’oligarchie au pouvoir, le maximum avait été atteint, aucun effort de solidarité n’étant possible. En conséquence, qu’il était illusoire d’attendre des ressources complémentaires pour alléger précarité, misère, détresse et souffrance.

 

Au contraire, poursuivant le démantèlement systématique des aides sociales et médicales. En écho de celui de nos industries. En écho de celui de l’éducation nationale. A commencer par l’enseignement supérieur. Dans la contemplation imperturbable des universités tombant en ruines.

 

Même Louis XIV n’aurait pas osé.

 

 

 

 

Lui, monarque absolu, “Roi-Soleil”…

 

Qui, à la fin de son règne, à la suite des guerres incessantes, face à la crise économique frappant le pays au bord de la famine, à “la détresse profonde du royaume” (6), n’avait pas hésité à faire fondre les chefs-d’oeuvre d’argenterie accumulés, lors des années fastes, en  son château de Versailles.

 

Les transformant en lingots d’argent pour payer les dépenses du pays et les achats de blé à l’étranger imposés par les mauvaises récoltes dues aux intempéries. Ses successeurs, moins avisés, sciant la branche porteuse de leurs privilèges, estimèrent comme nos politiciens du jour, dans l’arrogance de leur aveuglement :

Si le peuple n’a pas de pain, qu’il mange donc des brioches…”.

 

Cette mentalité du 18° siècle constitue la charte politique gérant notre collectivité. Férocement soutenue par nos castes au pouvoir. Bravaches, “banane” au vent, convaincues de son extrême modernité.

 

En prédateurs, imposant La Loi Du Plus Fort, celle de leur écrasante propagande, de la légitimité de leur violence enrubannée de lois taillées sur mesure, implacablement exercée dans l’impunité par une police dont la "conscience citoyenne" est celle de milices privées, ils n’ont pas l'intention de lâcher les morceaux qu’ils tiennent entre leurs crocs.

 

A les écouter, gorgés du mépris marginalisant les pauvres (7), il me semble lire du Benjamin Franklin, ce milliardaire membre du club des oligarques fondateurs des USA :

Plus on organise des secours publics pour prendre soin des pauvres, moins ils prennent soin d’eux-mêmes et, naturellement, plus ils deviennent misérables.

Au contraire, moins on fait pour eux, et mieux ils se tirent d’affaire.” (8)

 

Face à l’effondrement d’un système économique fondé sur la spoliation d’une majorité par une minorité, ne cessant de répéter : les solutions sont là !...

 

Concrètement ?... Mesures proposées ?...

 

Reconstruire”, “remettre à plat”, “refonder”, “rénover” le Capitalisme, “réguler” le Libéralisme, assurent-ils. Folkloriques dirigeants du FMI ou de la Banque Mondiale, en tête. Certains, plus prudents, ou plus timides dans l’expression du cynisme, se limitant à parler de “rénover la régulation”… Même si cela n’a jamais existé.

 

En économie politique, le culot est un “must”.

 

Que des “Re…” !… Ronronnement, logorrhée, bouillie, anesthésiant, étouffant, esprit critique et colère de l’opinion publique.

 

Dans ce sillage, la propagande médiatique, cultivant son autosatisfaction coutumière de la redécouverte du fil à couper le beurre, se met à promouvoir le “système D”.

 

Déballant, dans la frénésie, son bric-à-brac : faire du troc, pratiquer le “low cost”, se chauffer au bois, s’équiper en double vitrage, souscrire à l’obligation d’achat du DVD ou de la dernière chanson pondus par le Charity Business. Et, autres fariboles.

 

Diffusant à tout vent, authentiques promotions et publicités camouflées en “sujets” et “documentaires”. Multipliant, à défaut de pains, les brioches virtuelles.

 

 

… et Boucs émissaires

 

Les oracles se chamaillant doctement dans des discussions byzantines sur le sexe des anges : “relance par l’investissement” ou “relance par la consommation” ?... Ah !... Tragique dilemme !...

 

Ecran de fumée, au travers duquel ils agitent une poignée de verroterie. Polie par les “experts économistes” de service, sélectionnés pour leur aptitude au charlatanisme. Miroir aux alouettes… “Investir”, ânonnent-ils… Tout y passe. Même Gaston Lagaffe ne s’y reconnaîtrait pas dans ce fouillis…

 

Sauver l’industrie automobile ou les banques, qui ont distribué pendant des décennies dividendes et bonus à ne plus savoir où les loger. Incapables de gérer, de prévoir, d’anticiper l’évolution de leur activité. Sauvées de la faillite par les contribuables, par milliards, sans contrepartie

 

D’autres, trompettent le mythe fédérateur, que personne ne maîtrise, du “développement durable” : des éoliennes aux panneaux solaires. Tel serait l’avenir de nos emplois…

 

Les vieux routiers de l’arnaque politicienne, et du remplissage des caisses électorales, se focalisent sur du “plus consistant” : les “grands travaux” !  Ça, ils adorent. Se gardant d’expliquer ce que recouvre le terme… Habitude innée de prendre le citoyen pour un canard sauvage.

 

J’entendais le maire “d’une grande ville française”, confit de satisfaction, se présenter en exemple. Il allait, avec sa municipalité, financer “la construction d’un pont” dans sa ville, pour “créer des emplois”. Il doit “savoir”. A moins d’être stupide. Mais, il fait comme si… Dans le cynisme, souriant jusqu’aux oreilles…

 

La construction d’un pont est le type même d’investissement à faible intensité de main-d’œuvre. Une des plus faibles par rapport au montant des capitaux investis. Capitaux bien souvent faramineux, et toujours en dépassement du budget initialement adopté. Pour le plus grand profit du groupe de TP et des redistributions occultes…

 

Main-d’œuvre qui, la plupart du temps et pour l’essentiel, ne provient pas de la localité où s’effectuent ces grands travaux. Activités foraines, assurées par des engins hautement spécialisés qui, une fois terminées, disparaissent dans la nature.

 

En fait de mesures concrètes, la nomenklatura aux commandes ne propose que ravalement de façade… G 20… Jet d’encre… Paroles creuses moulinées dans le vent… Poudre de perlimpinpin…

 

L’essentiel : ne pas toucher aux privilèges de l’oligarchie ! Privatiser les profits et nationaliser les pertes. Protéger spéculations, rentes et monopoles. Sans oublier les gaspillages, au bénéfice des sponsors électoraux. Dans le murmure apaisant de la cascade des distributions de dividendes, bonus, stocks options et enveloppes ventrues déposées dans le silence des paradis fiscaux …

 

Bien sûr, ne pas oublier les manœuvres de diversion…

 

Sacrifier, pour calmer frustration de l’opinion publique tournant à la fureur, des “boucs émissaires”. Exposer au pilori quelques dirigeants, pas trop toutefois, qui se sont attribués des bonus, alors que les caisses de leurs entreprises, en cessation de paiement, étaient remplies par la collectivité. Prouver qu’il y a justice et volonté, dans la sphère politique.

 

Les actionnaires, les membres des conseils d’administration, qui ont pompé les dividendes à tour de bras, dans l’hémorragie des délocalisations et des plans sociaux, eux, ne seront jamais inquiétés. Même pas évoqués.

 

Du cirque…

 

Je ne me fais pas de souci pour ces dirigeants et leurs bonus. L’ingénierie fiscale et financière, adossée à des paradis fiscaux, est sans limite. Ils les récupèreront sans problèmes. Via filiales à l’étranger, sociétés écrans et jeux d’écriture.

 

Autre bruyante esbroufe. S'attaquer à grands coups de hache à l’arbre qui cache la forêt : le bouclier fiscal !

 

Bouclier ?... Gigantesque passoire aux trous “extra larges”, pudiquement désignés sous le nom de “niches fiscales”. Des centaines. Permettant d’échapper à l’impôt sur les bénéfices et les revenus qui, de plus, ne seront jamais inclus dans l’assiette fiscale de l’impôt sur la fortune (ISF).

 

Tout le monde le sait, mais les médias s’étouffent : les plus grosses fortunes de France ne paient pas d’ISF. Leur patrimoine étant déclaré sous forme “d’outil professionnel” ou “de travail”.

 

Je vous propose une recette, parmi mille et une astuces faisant le délice des fiscalistes. Recette aussi simple que la tarte aux pommes :

Si vous achetez un château, entouré de vastes terres, plantez-y quelques vignes pour produire du vin, même de la piquette dont on fera du vinaigre. Et, le tour est joué.

 

Devenus producteur de vin, vous serez riches sans payer d’impôt sur la fortune, s’agissant d’un “outil de travail”. De plus, si le vin ne se vend pas, avec un peu de patience, vous pourrez obtenir des dédommagements d’un Etat débordant de sollicitude et de tendresse, depuis des lustres, pour les grands propriétaires terriens.

 

Boule de glace sur la tarte : faites enregistrer les bâtiments en “monument historique”. Vous obtiendrez des subventions pour en refaire la toiture ou consolider les douves garnies de carpes. Cela financera votre chasse aux perdreaux ou aux faisans, procurant des joies ineffables à vos invités…

 

Dans sa monumentale étude, remarquablement bien documentée (9), Les hauts revenus en France au XX° siècle, Thomas Piketty démontre que tous les partis au pouvoir n’ont cessé, pendant des décennies, de camoufler, entraver, l’identification de la source, tout particulièrement des “revenus du capital”, énonçant les :

“… difficultés encore aggravées par l’évolution de la législation fiscale : la multiplication des régimes d’imposition dérogatoires en faveur des revenus du capital implique qu’il est de plus en plus malaisé de prendre en compte tous les revenus annexes des personnes en question (certains de ces revenus n’ont même plus à être déclarés).”

 

Le problème est moins le niveau des hauts revenus, hauts salaires, bonus ou pas, malgré leur caractère choquant par leur disproportion en comparaison de la moyenne des revenus dans notre pays. Facilement "traçables", car provenant en principe du “travail”, du moins ceux officiellement déclarés, leur visibilité fiscale est effective.

 

Plus urgent à traiter, est celui des immenses revenus du “capital”. Et, dans capital, il y a aussi “spéculation” et “corruption”. Soigneusement occultés, dissimulés. Expliquant que dans un pays riche, les caisses soient vides au moment de la redistribution des richesses produites par la collectivité.

 

Qu’il y ait des riches, rien de plus normal. Voire de plus rassurant sur la santé économique d’une collectivité. A condition que cette “richesse” récompense le créateur, l’innovateur, le créateur d’emplois et de valeur ajoutée pour la collectivité. Non pas une richesse fondée sur la spéculation, le délit d’initié, la corruption et la rente.

 

Qu’il y ait des pauvres dans une société riche, enfermés dans la précarité, l’humiliation et la souffrance, est inadmissible Le capitalisme ou le libéralisme économique dévoyés sont une rupture du contrat social.

 

Combattre les inégalités (10) ?... Tant que les castes politiques actuelles tiendront le pouvoir, rien ne changera. Ils ne remettront jamais en cause un système fiscal aussi inique qu’archaïque. Jusqu’à l’explosion.

 

Les plus faibles revenus seront accablés d’une fiscalité confiscatoire, s’apparentant au racket du gangstérisme. Proportionnellement à leurs revenus, ce sont les plus faibles qui payent le maximum d’impôts, via la TVA. Ecrasés de taxes comme du temps de La Gabelle, sous l’Ancien Régime. Au moindre achat, systématiquement, qu’ils le veuillent ou non, ils versent 20% aux caisses de l’Etat.

 

A cette pression constante, s’ajoute leur broyage par un système financier spoliateur, versant intérêts et agios usuraires aux banques. Qui, avec ces confortables marges, inonderont de bonus leurs dirigeants, en jouant l’argent arraché aux plus modestes dans la spéculation. Au lieu de l’investir dans la création et la consolidation d’entreprises.

 

Nous vivons, nous le savons, non pas une crise économique, mais une profonde crise de “contrat social”, de valeurs, de redistribution de la richesse collective. Les dérives mégalomaniaques et cyniques de ce “capitalisme sauvage”, auquel nous assistons, au bénéfice d’une seule minorité, à l’encontre du principe fondateur de solidarité, est inacceptable. La collectivité ne l’admettra pas.

 

« Le capitalisme ne triomphe que lorsqu’il s’identifie à l’Etat, qu’il est l’Etat » (11).

 

Objectif atteint. "Kleptocratie" assumée. Sans complexe. Il l’affirme, haut et fort : L’Etat, c’est moi !

 

Prenant soin, à la différence de Louis XIV, de conserver précieusement son argenterie…

 

Thierry Pelletier a raison :

“ De toute façon,

seuls les imbéciles et les porcs

peuvent encore croire

en la pérennité d’un tel monde…”.

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Cf. : Cotta, Jacques, Riches et presque décomplexés, Fayard, 2008.

(2)   Cf. : Les Dépossédés, Robert Mcliam Wilson et Donovan Wylie, Editions Christian Bourgeois, 2005.

Traduction d’une remarquable et émouvante étude britannique (titre original : The Dispossessed) sur les ravages de la pauvreté au Royaume Uni dans les villes de Londres (Angleterre), Glasgow (Ecosse) et Belfast (Irlande du nord).

(3)   Cf. : Cotta, Jacques, 7 millions de travailleurs pauvres – la face cachée des temps modernes, Fayard, 2006.

(4)   Illustration fleurie britannique. Le ministre du commerce dépense, chaque semaine, £ 500 pour fleurir son bureau. Le ministre de l’éducation a phosphoré dans une ambiance florale pour une facturation, en quatre ans, de : £ 174.000. L’ensemble du gouvernement, pour la même durée a été facturé, en fleurs, pour un montant de : £ 780.000… Money Week, 25 mars 2009.

(5)   In Riches et presque décomplexés, Op. Cit., p. 285.

(6)   Goubert, Pierre, Louis XIV et vingt millions de français, Fayard 1966, p. 245.

(7)   Wacquant, Loïc, Punir les pauvres, Agone, 2004.

       Cf. : “La « réforme » de l’aide sociale comme instrument de discipline”, p. 93 – 119.

       Ou encore : “La prison comme aspirateur de scories sociales”, p. 298.

(8)   Benjamin Franklin – Prix du blé et secours aux pauvres – 1766.

(9)   Piketty, Thomas, Les hauts revenus en France – Inégalités et Redistribution – 1901-1998, Grasset, 2001, 807 p.

(10)  Lagrange, Hugues, L’épreuve des inégalités, ouvrage collectif, PUF, 2006.

       Cf. : “Combattre les inégalités dans une société fragmentée”, p. 351.

(11)  Braudel, Fernand, La Dynamique du Capitalisme, p. 68.

 

 

Crédit photo : http://www.linternaute.com/savoir/magazine/photo/le-versailles-d-argent-du-roi-soleil/le-versailles-d-argent-du-roi-soleil.shtml

 

 

 

 

 

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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 08:51

 

 

 

 

 

 



Cartoon : Steve BellThe Guardian – 12 mars 2009

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 mars 2009 2 03 /03 /mars /2009 14:56

 

 

“Nulle mystification pseudo-nationale ne trouve grâce devant l’exigence de la pensée”

Frantz Fanon (1)

 

 

 

 

 

La “France d’Outre-Mer” s’enflamme. Une traînée de poudre…

 

Partie de Guyane, la révolte s’est propagée en Martinique et en Guadeloupe. Pour y atteindre son paroxysme. Plusieurs semaines de grèves. Dans les clameurs de ces luttes, dont le “pouvoir” veut nier la signification profonde, apparaissent les métastases de ce qui ronge nos sociétés.

 

Surgit la répression policière. Répression excessivement brutale comme en Kanaky, en Polynésie, par les forces de police sous ses différents uniformes, gendarmerie, RAID ou CRS. Cette force de maintien de l’ordre, vécue comme une milice au service d’une caste privilégiée, surnommée par la population : “La Jaune”.

 

Pratiquant, assistée des médias officiels, un mixage d’intimidation, de violence et de provocation pour inciter à une radicalisation permettant de diaboliser les mouvements de protestation.

 

Inévitablement, survient le premier mort syndicaliste. En Guadeloupe, ce fut Jacques Bino. Selon l’habitude dans ce genre de situation, on ne connaîtra jamais les circonstances exactes de l’assassinat. Quels qu’en soient les “suspects”.

 

Pendant que les “négociations”, entre les révoltés et les pouvoirs en place, se perdent, se diluent dans les sables du temps… Tactique habituelle des manœuvres politiciennes à courte vue, souhaitant le “pourrissement”… L’essentiel étant que rien ne change.

 

Depuis des siècles.

 

Royauté, Empire ou République…

 

Droite ou gauche…

 

 

 

 

Nèg Mawon

 

Les Caraïbes, ce chapelet d’îles en arc de cercle du Venezuela à la Floride, depuis l’irruption de la colonisation européenne, n’en finissent pas de lutter contre le sort qui leur est imposé.

 

Les autochtones, les indiens caraïbes qui ont donné leur nom à cette partie du monde, ont tous été massacrés lors de l’arrivée des espagnols. Bartolomé de Las Casas, un des témoins de l’époque, avait avancé une première estimation de ces massacres, englobant les îles Caraïbes et le continent sud-américain (2) :

“… les chrétiens causèrent par leurs tyrannies et œuvres infernales la mort de plus de 12 millions d’âmes, hommes, femmes et enfants…”.

 

A ces massacres ont succédé les importations massives d’esclaves, depuis l’Afrique. Recomposant le peuplement au seul bénéfice d’une oligarchie européenne :

“… c’est par millions qu’on importa les esclaves africains pour coloniser le pays en vue de remplacer des millions d’indigènes caraïbes massacrés. En ce qui concerne l’introduction des Noirs, quelques auteurs ont parlé de 10 ou 15 millions d’individus.

Mais tous les Noirs importés dans les premiers temps de l’esclavage périrent sans descendance comme les indiens caraïbes…” (3)

 

Dans leurs conquêtes prédatrices les puissances européennes, depuis le 15° siècle, n’ont cessé de se disputer, s’arracher, s’échanger, se répartir les îles de ce qui aurait dû être un paradis terrestre : Espagne, France, Grande-Bretagne, Hollande, Danemark, Suède… Bagarres d’Etats voyous, esclavagistes, entrecoupées de traités, conventions ou accords, auxquelles se sont joints, plus tard, les puissants voisins US.

 

Hors la caste coloniale, un “enfer” jonché, pavé, de massacres et d’horreurs tout au long des siècles, les esclaves luttant pour leur libération. De toutes ces îles, La Guadeloupe a été une des terres où la résistance fut la plus systématique, acharnée :

“… Depuis leur arrivée en Guadeloupe (et même sur le bateau), ils se sont toujours révoltés même si la répression s'abattait avec férocité et cruauté (jarrets coupés, oreilles enlevées, estampage au fer pour mettre le nom du maître, pendaison, écartèlement…).

Ceux qui s’échappaient étaient appelés "nèg mawon "(lire nègre marron). Ils organisaient régulièrement des attaques des habitations, incendiaient les plantations, empoisonnaient les maîtres, entraînaient dans le "mawonaj " d'autres esclaves.

L'un des exemples de cette résistance fut la lutte héroïque de 1802…” (4)

 

Ces îles ont subi tous les travestissements institutionnels. Fausses intégrations nationales sous forme de vice-royautés, de provinces ou de départements. Suivies, pour certaines d’entre elles, de fausses indépendances. Sans jamais pouvoir se défaire de la tutelle coloniale. Jusqu’à aujourd’hui…

 

Même Cuba voulant s’affranchir du colon espagnol, puis de la tutelle américaine, s’est trouvée isolée, agressée, étouffée sous embargo, politiquement et économiquement, par le club des puissances coloniales dirigé par les USA. Au motif que ses choix ne correspondaient pas à ce qui était “politiquement correct”. (5) Comme pour l’île de Grenade envahie militairement par les USA, sous un faux prétexte, en octobre 1983…

 

Leur seule vocation admise par La Communauté Internationale : être des chasses gardées, servant de rente de situation à quelques richissimes familles, alimentant les comptes secrets des politiciens dans les “paradis fiscaux”.

 

N’est-ce pas dans les Caraïbes où se trouve la plus grande concentration de ces paradis fiscaux, de ces niches fiscales et autres astuces, permettant à une poignée de privilégiés internationaux d’échapper à l’impôt, dont on veut nous faire croire que ces mêmes politiciens envisageraient de “réguler” ?… Tout en ne cessant d’affirmer que les caisses de leurs Etats sont vides. Anglais, espagnol, français…

 

La poursuite des pratiques coloniales se dissimulant à l’abri du développement de luxueux centres de villégiatures destinés à la ploutocratie mondiale, avec “pavillons de complaisance” pour leurs yachts. Suivie par une bourgeoisie occidentale souhaitant s’identifier aux VIP et autres People, dont ils ne feront jamais partie. Certains s’encanaillant dans le tourisme sexuel, masculin et, à présent, féminin… (6)

 

En France, Nelly Schmidt, directrice de recherche au CNRS dont les travaux font autorité, est une des rares spécialistes à travailler sur cet aspect rigoureusement occulté par les médias et les livres d’histoire de nos enseignements scolaires : l'esclavage, les abolitions et les politiques coloniales de notre pays aux Caraïbes-Amériques.

 

Son dernier livre, édité en ce début d’année, aide à comprendre les fondements de la révolte actuelle : La France a-t-elle aboli l’esclavage ? Guadeloupe – Martinique – Guyane – 1830-1935 (7).

 

Dans un entretien avec un hebdomadaire, elle rappelle les origines de cette pathologie politique d’un autre âge (8) :

Dans les colonies françaises des Caraïbes, l'ensemble des importations et des exportations est géré, encore aujourd'hui, par un très petit nombre de sociétés. C'est l'héritage de « l'Exclusif colonial » des XVIIe et XVIIIe siècles.

La conséquence de cette situation de quasi-monopole, c'est que ces sociétés fixent les prix qu'elles veulent. Des prix bien souvent excessifs.

Mais au-delà des questions liées au prix des différentes marchandises, c'est à la fois les paradoxes du développement social de ces territoires, les incuries successives dont ils ont souffert et le lourd héritage de leur histoire qui apparaissent sous les projecteurs”.

 

Monocultures, ou cultures “d’exportation”, au bénéfice des grands planteurs et des armateurs, fondées sur l’exploitation d’une main-d’œuvre ayant pour seule perspective : la survie. Sucre, coton, café, indigo. Depuis les années 60, la banane.

 

Avec importation de tout le nécessaire au fonctionnement économique et à la vie quotidienne. Tous produits alimentaires ou manufacturés : outils, meubles, toiles habillements, etc. (9). Depuis des siècles.

 

A ce jour, rien n’a changé. Aucune autosuffisance alimentaire. Tout est importé. Jusqu’à des yaourts. Rien n’est fabriqué sur place, si ce n’est une petite industrie de conditionnement et d’emballage. Les “entreprises locales”, n’étant que des importateurs, type concessionnaires de voitures ou vendeurs de jacuzzi…  Importations, pour le seul bénéfice des grands distributeurs, et des armateurs.

 

Autrement dit : la même caste de privilégiés prospérant dans l’impunité, dans l’opacité des circuits gérés par des initiés. Au nom de “la liberté d’entreprendre” et du “Libéralisme économique”. Au mépris de ses propres principes affichés de “libre concurrence”…

 

S’engraissant comme champignons sur fumier, sur la spéculation immobilière, les monopoles, ententes, cartels, “représentations exclusives”, subventions et autres gabegies de l’Etat, via ses élus ou sa haute fonction publique...

 

 

 

République bananière

 

Ne rien changer. Ne pas bouger. Congeler…

 

Pour cela : noyer cette révolte, comme toujours, dans de “fausses négociations”, sous la menace d’une répression armée et brutale. Par l’usure, contraindre à l’abandon d’un maximum de revendications. Circonscrire, réduire, le puissant mouvement de contestation à un problème “d’augmentation des salaires” ou de “pouvoir d’achat”.

 

Pas plus.

 

Surtout : ne rien toucher aux privilèges, à l’injustice économique, à la misère sociale.

 

A ses rouages, ses mécanismes d’enrichissement personnel. Et ceux, qui lui sont inextricablement liés : de corruption. On le sait : l’aberration, l’injustice, économiques et sociales, ne peuvent perdurer pendant des décennies, voire des siècles, sans des systèmes de corruption aussi invisibles du citoyen lambda que “huilés” en permanence…

 

Un documentaire "Les Derniers Maîtres de la Martinique" diffusé sur la TV “Canal +” a fait grand bruit (10). On y entrevoyait la caste raciste des békés, ces descendants des grands propriétaires esclavagistes qui sont les maîtres des Antilles françaises. Vivant de leur rente de situation, après avoir été indemnisés par l’Etat français lors de la suppression de l’esclavage en 1848.

 

Oui. On indemnisa les esclavagistes, pas ceux qui avaient été contraints à l’esclavage…

 

Ce documentaire met en lumière le puissant lobby des producteurs de bananes. Comme toujours dans les négociations agricoles, ce sont les gros producteurs qui font pleurer les gouvernements successifs pour obtenir protection et subventions. Invoquant les “milliers d’emplois”, sous payés, qu’ils génèrent, ou les quelques petits propriétaires qu’ils tolèrent pour leur servir de “couverture”.

 

Dans ce film on apprend, d’ailleurs, qu’un prêt de 50 millions d’euros, consenti par l’Etat à ces producteurs milliardaires, est finalement “abandonné”, reconverti en “subvention”…

 

Enfermer les Antilles dans une monoculture d’exportation, avec des emplois payés une misère, c’est les contraindre au sous-développement. La France dépense des milliards non pas pour la mise en valeur de ce qui est en théorie un “département français”, mais pour entretenir à grands frais une richissime caste locale.

 

Alors que pourraient y être implantés des industries et services à haute valeur ajoutée dans ce qui constituerait une plateforme de partenariat avec les voisins sud-américains, s’intégrant dans les immenses perspectives de développement des marchés de ce continent.

 

Mais, les békés ne sont plus les seuls représentants de la caste privilégiée. D’autres “minorités” se sont rajoutées au système colonial, le renforçant : métropolitains, libanais, indiens, et autres membres de puissantes communautés. En plus de la monopolisation du secteur privé, s’ajoute celui de tous les services publics locaux et travaux publics détenus par des entreprises métropolitaines et leur représentants : de la gestion de l’eau, et des mirobolants contrats de travaux publics, à la téléphonie mobile.

 

Point commun de cette caste monopolisant pouvoir économique et politique : aucun “Noir”, descendant des esclaves, représentant la majorité de la population. Vieux et inusable système colonial : se défiant de la “majorité colonisée”, par un système de cooptation rigoureux, il sous-traite son exploitation à une “minorité” composée de groupes complémentaires et complices.

 

Les revendications du collectif LKP, de Guadeloupe, posent les vrais problèmes de fond dans ses communiqués, loin des simples préoccupations de pouvoir d’achat :

“Depuis le 16 décembre, LIYANNNAJ KONT PWOFITASYON, véritable fédération de 48 organisations d’origines diverses, syndicats, associations, organisations politiques, culturelles, de consommateurs a décidé de fédérer les mécontentements et les revendications de tout un peuple et de les porter au plus haut.

LKP et le Peuple de Guadeloupe continuent de réclamer la transformation des rapports sociaux, le respect de toutes les libertés fondamentales, le droit de vivre et de travailler dignement au pays…”

 

Ce ne sont pas, en effet, des miettes se rajoutant à d’autres miettes qui résoudront les distorsions et l’incapacité du modèle économique à répondre aux exigences de justice sociale et de cohésion d’une collectivité, dans le respect du contrat social.

 

Le cœur du problème se situe au-delà de la domination de la caste des privilégiés, dans son aspect racial : békés, métropolitains et autres minorités, au détriment d’une majorité de “noirs”.

 

C’est le système économique dans ses monopoles, rentes de situation et son incapacité à redistribuer les richesses qui est à revoir. Dans la perversion de sa structure : une minorité confisquant à son seul avantage la richesse et les revenus de la collectivité.

 

Aux Antilles et en Guyane, éclatent les faillites des systèmes économiques et politiques dont on ressent les premières manifestations en Occident, et en France tout particulièrement :

 

=> Faillite de la République dans la défense des valeurs, qu’elle prétend promouvoir, de liberté, égalité fraternité

Comment ne pas être choqué en assistant à des réunions “patronales”, dans une région à “majorité noire”, composées uniquement de “blancs” ?...

Est-il acceptable de constater qu’aucun haut fonctionnaire sur place ne soit “noir” : préfet, sous-préfet, responsable de la sécurité ?...

Ignorer, marginaliser la majorité noire, à ce point, dans une région, c’est pratiquer un “apartheid” qui ne dit pas son nom.

 

=> Faillite de l’Etat, dans ses fonctions de régulateur, de gestionnaire des équilibres et de l’avenir de la collectivité

Commet justifier des monopoles, des rentes de situation, des spéculations, des gaspillages de subventions, des pratiques de prix sans commune mesure avec les coûts de revient et les marges “normales” : des prix alimentaires, aux prix de l’immobilier, des transports, etc.

Sans aucun contrôle ?...

Le soutien d’une région, d’un secteur économique, par l’Etat, par l’argent des contribuables, exige en retour le respect d'un cahier des charges, d’obligations de résultats. Non pas la perpétuation de la protection de castes privilégiées.

 

=> Faillite du monde politique : droite et gauche

Depuis des décennies. Ils savent. Ils ont, à la fois, informations et capacité d’analyse. Mais ne disent rien. Ils n’ont rien fait et ne feront rien.

“L’opposition” a beau jeu de dénoncer l’incurie du gouvernement actuel, alors qu’elle-même, au pouvoir pendant 14 ans, n’a strictement rien conçu, proposé, appliqué, pour améliorer la gestion de la collectivité des Antilles.

La complicité des politiciens à l’égard d’un système profondément injuste et spoliateur aux dépens d’une majorité est un aveu, en soi, de corruption. Morale, dans un premier temps. Pour ne pas aborder le volet financier…

 

=> Faillite des médias : désinformation et propagande

Ces médias prêts à envoyer des équipes de reportage au  bout du monde, dès qu’il s’agit de pratiquer « la dénonciation vertueuse » à l’encontre des Autres. Appliquant le principe : Ne jamais  balayer devant sa porte, évitant avec soin d’exercer leur “journalisme d’investigation” sur les injustices sociales et économiques de leur propre pays.

Ils ont mis plusieurs semaines avant de se saisir du problème. Mais au lieu d’informer, de rappeler le contexte historique, économique et social, ils ont sombré dans leurs pratiques habituelles de la propagande, leur seul souci : diaboliser les contestataires, les caricaturant en émeutiers irresponsables.

 

Il est vrai que l’exploitation d’une majorité par une minorité repose sur un équilibre fragile et explosif. Uniquement maîtrisable par la peur et la propagande. Y toucher, par une remise en cause, même la plus pacifique, est plus que dangereux. Suicidaire pour un politicien sans vision, ni conviction. Courage et honnêteté sont introuvables dans une caste politique corrompue.

 

Il faudra attendre plusieurs générations avant que les Antilles françaises ne forgent leur avenir en dehors d’une métropole prise en otage par une nomenklatura, à la mentalité coloniale. Leur communauté de destin n’est pas avec l’Europe, mais dans une union avec les autres îles des Caraïbes. Arrimées au continent latino-américain voisin, à la veille d’entamer une période de fabuleux développement économique et une renaissance historique.

 

Guadeloupe, Guyane, Martinique : microcosme de ce qui se vit, se trame, se subit, à plus grande échelle, en “métropole”, pour nous limiter au cas français. Car, dans tous les pays occidentaux, la configuration est exactement la même.

 

Une dizaine de clans familiaux, principautés financières phagocytant la République, pompant la quasi-totalité de la richesse nationale, avec leurs courtisans et seconds couteaux, monopolisant les secteurs majeurs de l’économie, publics et privés : distribution et crédit, travaux publics et construction, armements et médias. Demain : énergie, éducation et santé. Minorité immensément fortunée, à l’enrichissement incessant, exponentiel, vampirisant un marché captif…

 

Ce marché captif, cet enclos de moutons apeurés, hébétés, anesthésiés, se laissant tondre dans la soumission…

 

Jusqu’à quand ?...

 

Comme beaucoup, je pense à Frantz Fanon, le Martiniquais devenu militant, héros, de l’indépendance algérienne (11). A son analyse fulgurante de lucidité et d’anticipation, peu de temps avant de mourir de leucémie en 1961, dans son livre-testament politique Les Damnés de la Terre.

 

Synthétisant ce à quoi nous sommes confrontés, des crises financières mondiales aux révoltes sociales et mouvements d’indépendance (12) :

“Ce qui compte aujourd’hui, le problème qui barre l’horizon, c’est la nécessité d’une redistribution des richesses.

L’humanité, sous peine d’en être ébranlée, devra répondre à cette question.”

 

 

°°°°°°°°°°°

 

 

 

 

 

 

(1)  In Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, écrits politiques (Maspero, 1964)

(2)  Rayond-Marin Lemesle, Le Commerce Colonial Triangulaire (18°-19° siècle), PUF, 1998, p. 111.

(3)  Elisée Reclus, Nouvelle Géographie Universelle, t. XVII : Indes occidentales, Paris, Hachette, 1891. In Raymond-Marin Lemesle, Op. Cit., p. 111.

(4)  http://planetantilles.com/index.php5?IdPage=1134061592

(5)  On l’occulte, mais la révolte conduite par Castro était une violente réaction du peuple cubain face à la dictature sanguinaire de Batista, protégée des américains. Cuba étant une néocolonie administrée par de richissimes familles, telles celle des Bacardi (sucre – rhum - immobilier, etc.), et la mafia des casinos américains de las Vegas et de Miami.

(6)  Voir le film de Laurent Cantet, "Vers le Sud", sorti en 2006, avec Charlotte Rampling et pour cadre Haïti. Adaptation d’une nouvelle de Dany Laferrière, qui est un des rares auteurs des Caraïbes à avoir abordé le tourisme sexuel des femmes européennes et nord-américaines.

(7)  Nelly Schmidt, La France a-t-elle aboli l’esclavage ? Guadeloupe – Martinique – Guyane – 1830-1935, Editions Perrin, 2009.

(8)  Entretien avec Baptiste Touverey, Antilles : La France en a-t-elle fini avec l’esclavage ?, Nouvel Observateur, 20 février 2009.

(9)  Cf. “Produits européens pour les colonies”, Raymond-Marin Lemesle, Op. Cit., p. 53.

(10)  http://www.megavideo.com/?v=1q1m01nvidéo

(11) Cf. Gharbi Fethi, “Frantz Fanon, chantre de la désaliénation”, 25 février 2009, http://www.legrandsoir.info/spip.php?article8113

(12) Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre, Editions La Découverte – Essais, 2002, première publication 1961, p. 96.

 

 

Photo Frédéric Gircour : Visage tuméfié d’un étudiant, Patrice, après avoir été tabassé lors de son arrestation, alors qu’il dormait. Il était “suspecté” de l’assassinat du syndicaliste Jacques Bino. Relâché deux jours plus tard. La police a reconnu s’être trompée…

 

 

 

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12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 11:46

 

 

 

 

 

J’ai appris sa mort le jour de Noël.

 

Nous le savions très affaibli, épuisé, par sa lutte quotidienne contre cette “longue et douloureuse maladie”. Le cancer, pudiquement surnommé ainsi. Lucide et courageux, jusqu’au bout.

 

Il savait son départ imminent. Consacrant ses derniers mois à organiser, inventorier, répartir, archives, manuscrits, livres, correspondances, articles, conférences, photos, prix ou récompenses internationales.

 

Strates successives du passage du temps, d’une œuvre foisonnante. Inestimable témoignage de la création littéraire, théâtrale, cinématographique, du dernier demi-siècle. Dont la British Library recueillera l’essentiel.

 

Nous espérions le voir, l’entendre, le sentir à nos côtés, quelques années encore. Un des derniers intellectuels de stature internationale, dont la vie, l’oeuvre et le combat politique, sont la fusion d’un talent et d’une générosité hors du commun.

 

 

 

 

Je voulais saluer son départ.

 

Au moment de prendre la plume, les atrocités de Gaza m’ont sauté à la gorge. Comme si, au lendemain de son envol, tout ce contre quoi il avait lutté, tirait une salve de défoulement sadique dans un déluge de feu, de mensonges et d’horreurs.

 

Après la disparition, cet été, de Mahmoud Darwich, celle d’Harold Pinter est un rude coup porté à la communauté des “citoyens du monde”. Celle du refus de l’extrémisme d’une idéologie, dite “libérale”. Religion, intégrisme, du culte de l’argent, sous ses formes les plus honorées : la spéculation et la prédation. Se nourrissant de l’exclusion, du fanatisme et de la violence. Violence du Fort contre le Faible. Au seul profit d’une ploutocratie insatiable.

 

Ce n’est pas à un résumé de sa vie, ni de sa production artistique, que je veux me livrer.

 

Vous trouverez tout cela, finement analysé, dans la magistrale biographie écrite par Michael Billington. Critique de théâtre, spécialiste mondialement reconnu de Pinter. Ne sachant pas si elle a été publiée en français, ce sont les coordonnées de l’édition britannique que j’indique. (1)

 

Juste une poignée de pétales, jetés au vent. Affection, reconnaissance, admiration, tristesse, regret, pour un homme, ses forces, ses fêlures, et son œuvre immense…

 

 

Le Dramaturge …

 

Je suis entré dans la création et l’art de ce génie du théâtre, par hasard. Par le cinéma…

 

Un film : The Go-Between. Traduit en français par Le Messager (2). Avec Alan Bates, qui restera un de ses interprètes favoris, au cinéma et dans plusieurs de ses pièces. Julie Christie, tenant le rôle féminin principal.

 

Pinter en était le scénariste, avec l’adaptation d’un roman de L.P. Hartley. Superbe “recréation” à l’écran d’une œuvre littéraire, d’une densité exceptionnelle. Tous les thèmes du théâtre de Pinter, que je retrouverai plus tard, y sont évoqués.

 

Au cœur de l’action, un jeune adolescent propulsé dans le monde des adultes. Découvrant la stratification sociale d’une société britannique, divisée en castes. Dans l’hypocrisie. Manipulé en “messager” par deux adultes pris de passion, que les conventions sociales interdisaient.

 

De messager, il devint observateur, puis impliqué, malgré lui, dans ce qui le dépassait. L’innocence de l’enfance déchirée, en lambeaux, sous le choc de ce qu’il ne connaissait pas : trahison, mensonge, injustice, violence. L’impossibilité de communiquer, d’exprimer. La cruauté de la fatalité. Mais, aussi, découverte de la sensualité, de l’amour, floraison de cette pulsion vitale qui nous lie à notre destinée humaine…

 

On l’oublie parfois, mais Pinter restera un des meilleurs adaptateurs à l’écran de grands romans. Exercice plus que difficile, que peu d’écrivains, d’auteurs de scénarios, réussissent. Travaillant avec les plus grands metteurs en scène de cinéma. Leur collaboration donnant des chefs-d’œuvre, devenus des “classiques”.

 

Parmi ces metteurs en scène, le magnifique Joseph Losey que certains pensent britannique. Alors qu’il était un réfugié politique, un dissident américain, obligé de s’exiler en Grande-Bretagne, lors de la “chasse aux sorcières” organisée par les fanatiques anticommunistes de l’ère McCarthy des années 1950. On lui reprochait ses idées. Le délit d’opinion existe, aussi, dans nos “démocraties”…

 

Les piliers de cinémathèque connaissent The Servant, inspiré d’un roman de Robin Maugham (3). Ou encore, Accident, adaptation d’un roman de Nicholas Mosley (4). Ou encore, fruit de sa collaboration avec le metteur en scène Karel Reisz, “La Maîtresse du Lieutenant français”,  splendide transposition du roman de John Fowles, The French Lieutenant’s Woman, où Meryl Streep interprète un de ses plus beaux rôles (5). Et, tant d’autres…

 

De là, j’ai remonté l’œuvre, comme je l’aurais fait d’une rivière, jusqu’à sa source : théâtre et poésie. Découvrant quelques uns des joyaux de son écriture, que sont les pièces écrites d’abord pour la radio, avant d’être mises en scène au théâtre ou à la télévision (6).

 

Du temps où la radio et la TV (7) étaient autre chose que du matraquage publicitaire, entrecoupé de discussions de café de commerce monopolisées par les Dupont Lajoie (8), ou de la “propagande gouvernementale”.

 

Traduites dans le monde entier, ses  29 pièces de théâtre l’ont hissé, aux yeux des amateurs de théâtre contemporain britannique, à la hauteur de ce qu’est Shakespeare pour le théâtre classique.

 

Ses talents, d’acteur, de metteur en scène, d’auteur, se sont forgés à l’exemple de Molière ou de Shakespeare. En parcourant les routes, au sein d’une petite troupe ambulante, avec des artistes méconnus, mais remarquables. La formation initiale de Pinter se fit dans les salles enfumées, aux effluves de bière brune, des petites villes et villages d’Irlande. Cette Irlande, pour laquelle il gardera tendresse.

 

Pratiquant le théâtre de Shakespeare, évidemment. Et, autres classiques. Aux confins de l’enthousiasme, de la fièvre créatrice et de la misère. Lorsque son fils est né, à Londres, il n’avait pratiquement pas d’argent pour le nourrir, lui et sa mère, dans un entresol où les murs ruisselaient d’humidité.

 

Loin de se dissoudre dans le misérabilisme, ses débuts de carrière sont un exemple d’énergie débordante : travail d’interprétation, de mise en scène, d’écriture, d’idées, de projets. Sportif, il était d’un excellent niveau dans une “discipline” qui le passionnait, le passionnera toujours : le cricket… Dont il tirera une scène d’anthologie, sous forme d’une percutante métaphore sociale, dans The Go-Between.

 

Avant de connaître succès et reconnaissance internationale, il a tout enduré. Aucune aigreur ou frustration. Son intelligence et sa générosité ne pouvaient que les sublimer. Dureté, vacheries d’une société fondée sur des rapports de domination, ont été son laboratoire d’observations de “la comédie humaine”.

 

 

… de La Dignité Humaine

 

Il n’était pas un “produit” des salons londoniens, lustré dans la servilité à l’égard de la nomenklatura. Son œuvre est charpentée par une lucidité, une sérénité, inébranlables.

 

Dans un démontage implacable des relations humaines, des pressions d’une société capable d’écraser l’individu, au point de s’interdire la communication, l’échange, l’expression des sentiments. Entre parents et enfants. Hommes et femmes. Puissants et faibles. Pouvoir et dignité humaine. Ville et solitude.

 

Jusqu’à les débusquer dans le langage et ses silences.

 

Langage, dont il ne cessera de dénoncer la manipulation par les castes au pouvoir et leurs médias, dans le mensonge et le cynisme :

“ Les mots, dans le monde où nous vivons, sont souvent employés pour déformer, dissimuler, ou manipuler, le sens qu’ils sont censés véhiculer… C’est devenu un langage de mensonges.

Ces mensonges peuvent atteindre une telle force persuasive, envahissante, que le menteur lui-même est convaincu de dire la vérité.

Comme cela a été prouvé à maintes reprises, quand les mots sont utilisés avec courage, dans le respect rigoureux de leur sens réel, les utilisateurs de ces mots sont récompensés par les persécutions, les tortures et la mort.” (9)

 

Il ne supportait pas l’hypocrisie, l’abus, la confiscation des mots qui n’ont plus de sens : démocratie, droits de l’homme, droit de vote, liberté d’expression… Si ce n’est de semer ravage et terreur, dans le monde, avec le fanatisme de “la bonne conscience”.

 

Auteur “engagé” ?... Certainement. Mais, il ne défendait aucun système politique. La politique et les politiciens ne l’intéressaient pas. Seules les souffrances, les injustices, les violences, dont ils sont responsables, le préoccupaient. Les totalitarismes ont le même comportement, la même idéologie, les mêmes techniques, quelle que soit leur époque, leur teinture politique…

 

Il aimait rappeler que Kafka, dans Le Procès, n’avait pas écrit contre le stalinisme. Ce régime n’existait pas encore, au moment de la rédaction de son chef-d’œuvre. Mais, contre l’Empire Austro-Hongrois, sa bureaucratie, son oppression policières. Prague vivait sous la botte d’une dictature et d’une occupation militaire “étrangères”. Comme Bagdad, Kaboul ou La Palestine, aujourd’hui. La sauvagerie des immenses ravages en moins...

 

Pinter était inquiet de l’extension constante d’un totalitarisme au sein même des sociétés occidentales, dont la Grande-Bretagne, constatant que :

“… les privilèges de la grande bourgeoisie coexistent avec un développement croissant du pouvoir répressif de l’Etat et nos vies sont de plus en plus régentées par un matérialisme narcissique dans lequel il est mal vu de se dresser contre l’injustice et la corruption.” (10)

 

Ou encore, l’érosion des libertés, dans nos sociétés, avec son mécanisme subtil et pervers :

“… une des préconditions du fascisme – une élite richissime, égoïste et myope, totalement indifférente aux décisions prises en son nom, se forme dangereusement en Grande-Bretagne.” (11)

 

Son intense travail de dramaturge, de création, ne l’empêchait pas de participer à toutes les luttes, sur plusieurs décennies et continents, pour le respect de La Dignité Humaine, contre les guerres, les dictatures militaires, les oppressions, les tortures et les massacres, imposés par l’Occident :

Apartheid en Afrique du sud, dictature militaire en Turquie, Asie (Cambodge, Indonésie, Laos, Philippines, Timor oriental, Vietnam), Amérique Latine (El Salvador, Chili, Guatemala, Nicaragua, Panama), Caraïbes (Haïti, République Dominicaine), Somalie...

 

Bien sûr, la destruction de l’Irak, fondée sur des mensonges. Il fut un adversaire très virulent du gouvernement britannique qui participa à ce crime collectif. Puis, l’Afghanistan…

 

Ses combats sont innombrables…

 

Encore inconnu, il s’était retrouvé dans un commissariat londonien, pour avoir échangé des coups avec un raciste qui l’avait traité  de “sale juif”, dans un bar.

 

Pinter était juif. La branche paternelle, en provenance de Pologne. Celle de sa mère, venant d’Odessa en Crimée. Cette province dont on ne sait plus si c’est l’Ukraine ou la Russie, depuis la chute du Mur de Berlin. La population souhaitant son rattachement à la fédération russe.

 

La défense de son identité juive, lui rendait détestable le fanatisme sioniste. Refusant d’admettre les atrocités, injustices et tueries récurrentes commises à l’encontre du peuple Palestinien.

 

Eprouvant le plus complet mépris pour les différents gouvernements israéliens qu’il considérait comme un ramassis de racistes, belliqueux, corrompus, marionnettes du complexe militaro-industriel, faisant régner la terreur armée occidentale au Moyen-Orient. L’hystérie raciste, anti-arabe, antipalestinienne, qui a imprégné les dernières “élections” en Israël lui donne raison…

 

Condamnant les destructions colossales infligées régulièrement par Israël aux peuples et pays voisins, dans des déclarations et écrits signés aux côtés de Noam Chomsky et d’autres intellectuels juifs courageux. Il n’avait pas hésité, lors des bombardements démentiels du Liban en juillet 2006, à persister et à signer : “C’est Israël le vrai responsable”. (12)

 

On le retrouvera au comité de soutien de Mordechaï Vanunu, cet ingénieur israélien qui a fait connaître au monde l’ampleur du programme nucléaire de son pays. Non signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire (TNP). Enlevé à Rome où il s’était réfugié, par le Mossad, il a été condamné à 18 ans de prison pour s’être “exprimé”. Sa peine purgée, il est maintenu en résidence surveillée, dans l’impossibilité de communiquer librement.

 

Autrement dit, Pinter avait tout pour se faire détester des médias…

 

Couvert de prix, de distinctions littéraires, dans le monde entier, il s’est vu décerner le prix Nobel de Littérature en 2005. Présent à Londres, lors de la cérémonie de remise de son prix Nobel, j’ai été impressionné par le “silence médiatique”, dans son pays, sur cet évènement. Ces mêmes médias prêts à célébrer la dernière paire de chaussures de la plus ringarde des princesses chevalines, qui abondent dans ce pays…

 

Il n’avait pas pu se déplacer en Suède pour prononcer son discours et recevoir son prix, immobilisé sur un fauteuil roulant par la maladie. Il avait été enregistré et diffusé sur grand écran. Un modèle du genre, que je vous invite à lire. Limpide et fort. En deux parties. La première sur l’art et la vérité. La deuxième, sur le mensonge et le pouvoir.

 

Il en riait, avec son ironie incisive et son formidable humour :

“Ce fut totalement ignoré par la BBC. Cela n’était jamais arrivé. Certains assurent que la BBC a ignoré le discours (de remise du Prix Nobel) par complicité avec le gouvernement. Je ne le crois pas…” (13)

 

Plongez dans son œuvre.

 

Un exemple de ce qu’est un artiste, un créateur : un messager, un passeur, entre “l’Art” et le “Sens”…

 

Un Go-Between.

 

Car, nos sociétés humaines doivent avoir un “Sens”, une éthique collective, une expression qui ne soit pas celle du seul cynisme. Le “sens de la dignité de l’homme”. Sinon, “l’Art” en est réduit à ces “productions”, similaires aux cadavres d’animaux dans des aquariums de formol, se vendant, avant la crise, à des dizaines de millions d’euros pièce… L’expression du néant.

 

Retenons son testament intellectuel, les dernières lignes de son discours de la remise du Nobel. Il nous rappelle ce que tout “citoyen du monde”, conscient de ses responsabilités, refusant d’être réduit à un "robot-consommateur", se doit de respecter (14) :

 

“ … Je crois que malgré les énormes obstacles qui existent, être intellectuellement résolus, avec une détermination farouche, stoïque et inébranlable, à définir, en tant que citoyens, la réelle vérité de nos vies et de nos sociétés est une obligation cruciale qui nous incombe à tous.

 

 Elle est même impérative.

 

Si une telle détermination ne s'incarne pas dans notre vision politique, nous n'avons aucun espoir de restaurer ce que nous sommes si près de perdre : notre dignité d'homme”.

 

 

 

Gaza - Le Massacre des Innocents...

 

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(1)   Billington, Michael, The Life and Work of Harold Pinter, Faber & Faber, London, 1997. 418 p.

(2)   The Go-Between, film de Joseph Losey de 1970, avec Julie Christie et Alan Bates. Palme d’or au Festival de Cannes 1971, entre autres distinctions internationales.

(3)   The Servant, film de Joseph Losey de 1963

(4)   Accident, film de Joseph Losey de 1967, avec Dirk Bogarde, Jacqueline Sassard, Delphine Seyrig. Couvert de prix internationaux, dont celui du grand prix du Jury du Festival de Cannes – 1967.

(5)   La Maîtresse du Lieutenant français, film de Karel Reisz de 1981, avec Meryl Streep et Jeremy Irons.

(6)   Voir un “document historique” sur Youtube : l’adaptation télévisée de sa pièce The Collection. En 1976 : http://www.youtube.com/watch?v=bPxLEAfjdIY&feature=related. Avec les grands acteurs du moment : Laurence Ollivier, Helen Mirren, Alan Bates et Malcolm McDowell.

(7)   La BBC était à l’époque des débuts de Pinter, dans les années 60-70, un extraordinaire foyer de créativité et de liberté d’expression. Aujourd’hui, complètement disparu…

(8)   Dupont Lajoie, Film d’Yves Boisset de 1974. Avec Jean Carmet et Jean-Pierre Marielle comme acteurs principaux. Mettant en scène les archétypes du racisme et du fanatisme imbéciles de nos sociétés.

(9)   The Life and Work of Harold Pinter, p. 372, Op. Cit.

(10) The Life and Work of Harold Pinter, p. 330, Op. Cit.

(11) The Life and Work of Harold Pinter, p. 331, Op. Cit.

(12)  John Berger, Noam Chomsky, Harold Pinter, José Saramago, C’est Israël le vrai responsable, Le Monde, 27 juillet 2006.

(13)  “It was totally ignored by the BBC. It never happened. There are those who argue that the BBC's ignoring the speech was to do with its complicity with government. I don't believe that.” http://www.guardian.co.uk/stage/2006/mar/14/theatre.stage

(14)  http://nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2005/pinter-lecture-f.html

 

Photo Harold Pinter : Eamonn McCabe

Photo de la main d’un enfant Palestinien, sous les décombres de Gaza

 N.B. La traduction des citations de l’ouvrage de Michael Billington est “garantie maison”…

 

 

 

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